Madame la présidente, c'est pour moi un plaisir d'intervenir ce soir dans le débat sur le bois d'œuvre.
Comme d'autres l'ont souligné tout au long de la soirée, ce conflit revient sans cesse. L'article de Wikipédia concernant le conflit sur le bois d'œuvre témoigne de la longueur de ce conflit, puisqu'il comporte plusieurs sections sur les deuxième, troisième et quatrième rondes. On dirait des guerres mondiales ou des matchs du Super Bowl. Je pense que même Wikipédia n'arrive plus à savoir où nous en sommes, puisque l'article s'arrête à la quatrième ronde, et je crois que nous en sommes maintenant à la cinquième ou à la sixième ronde.
Nous sommes dans une impasse, et je conviens, comme la députée de Saanich—Gulf Islands, que les mesures prises par les États‑Unis se fondent sur le protectionnisme plutôt que sur la raison ou l'équité. Les États‑Unis savent que nous avons besoin d'eux pour vendre notre bois d'œuvre. Ils savent aussi que, s'ils mettent suffisamment de barrières en place, s'ils imposent des droits de douane injustes, s'ils font traîner le dossier devant les tribunaux pendant des années et s'ils bloquent le processus de nomination au sein des tribunaux d'appel de l'OMC de telle sorte que le processus de résolution des différends ne fonctionne plus, alors les scieries devront fermer leurs portes avant même qu'une décision puisse être rendue de façon équitable.
Je pense que nous devons adopter une nouvelle stratégie qui nous permettra de nous éloigner progressivement des États‑Unis. Les États‑Unis dépendent de nous et je pense que, tôt ou tard, ils se rendront compte qu'ils souffrent. Je suis allé à Washington pour le faire comprendre aux sénateurs et aux membres du Congrès, et cela a fonctionné avec certains d'entre eux.
Nos forêts sont en train de changer. Nous avons eu des incendies dévastateurs en Colombie‑Britannique. Nous avons été aux prises avec une infestation de dendroctones. Les conditions météorologiques changent elles aussi. Je viens de parler à mon épouse, et elle m'a dit qu'il faisait aujourd'hui 22,5 degrés Celsius dans ma ville, Penticton. Il s'agit là d'un nouveau record canadien pour le mois de décembre. Ce sont des conditions idéales pour le dendroctone du pin. Il adore ce type de climat hivernal. Qui sait dans quel état seront nos forêts l'année prochaine?
Je ne suis pas le premier à le dire et je ne serai pas le dernier, mais nous devons trouver des façons de tirer une plus grande valeur économique de chaque arbre que nous abattons. Nous savons tous que nous avons abattu beaucoup d'arbres et qu'il n'y aura bientôt plus de forêts anciennes. Nous l'avons entendu à maintes reprises.
Chaque fois que nous abattons un arbre, nous devons en tirer la valeur maximale. Comme la députée vient de le dire, je pense qu'une mesure que nous pouvons prendre, c'est utiliser le bois massif. Le Canada est à la fine pointe de la technologie dans ce domaine en Amérique du Nord. Il y a Structurlam dans ma ville, Penticton, les Chantiers Chibougamau, au Québec, et Kalesnikoff Lumber à Castlegar, de l'autre côté de ma circonscription. Ce sont trois usines de calibre mondial qui fabriquent du bois massif.
Des scieries de partout au Canada pourraient produire des deux par quatre et des deux par six et les vendre à des usines de bois massif afin qu'elles créent des matériaux de construction permettant de construire davantage de bâtiments en bois et davantage de grands bâtiments en bois. Voilà comment les grands bâtiments de l'avenir seront construits. Comme je l'ai déjà dit, j'ai présenté un projet de loi d'initiative parlementaire qui porte sur l'utilisation de ce type de bois ou de tout matériau qui nous aidera à lutter contre les changements climatiques et à réduire les émissions de gaz à effet de serre de nos bâtiments. Ce projet de loi a été renvoyé au Sénat, et j'espère qu'il nous reviendra au printemps et qu'il recevra un bon accueil à la Chambre.
Nous devons aussi prendre des mesures qui permettront d'élargir notre marché national. Nous avons tenté d'élargir nos marchés en Asie, et plus particulièrement en Chine, et cela a fonctionné pendant un certain temps. Toutefois, c'est le moins qu'on puisse dire, nous avons dû affronter des vents contraires. Je ne sais pas si nous pouvons en faire plus en Chine en ce moment, mais nous avons l'occasion d'élargir considérablement notre marché national et de réduire ainsi la pression qui s'exerce sur nos scieries.
Nous pourrions vendre du bois massif aux États‑Unis sans droits de douane, car ce produit n'est pas admissible aux droits douaniers sur le bois d'œuvre dont nous parlons. C'est une solution que nous devrions examiner. Nous aurions à éduquer les architectes, modifier les codes du bâtiment et former les constructeurs, mais nous devrions vraiment examiner cette solution pour tirer plus de valeur de nos forêts. Nous devrions aussi tirer profit d'autres aspects de nos forêts que la fibre ligneuse: l'eau qu'elles protègent, la protection qu'elles fournissent contre les inondations et le carbone qu'elles séquestrent.
Je vais m'en tenir à cela.