Merci beaucoup.
D'entrée de jeu, je tiens à préciser que la demande de voir les contrats ne constitue en aucune façon une motion de blâme envers les entreprises. Nous avons été élus par des gens qui nous ont fait confiance et nous devons travailler pour eux afin de continuer de mériter cette confiance.
Comme mon collègue l'a dit, des questions ont été posées, notamment sur les réseaux sociaux, sur des décisions qui méritent des éclaircissements. Je vois le grand potentiel de la filière batterie non seulement pour la chaîne d'approvisionnement québécoise et canadienne, mais aussi pour l'avenir de nos collectivités. On parle non seulement de la fabrication des batteries, mais aussi de leur réutilisation potentielle et de leur recyclage. Une batterie utilisée pour faire avancer une voiture sur 700, 800, 900 kilomètres, lorsqu'elle arrive en fin de vie utile pour la voiture, demeure adéquate pour d'autres utilisations, notamment l'emmagasinage d'énergie pour les maisons, pour ne donner que cet exemple.
Je vois tout le potentiel de ces usines pour un nouvel élan de l'industrie automobile qui, à cause des investissements du passé, est maintenant principalement située en Ontario, et pas ailleurs, au Canada. Je vois aussi le potentiel de ces entreprises pour soutenir la transition énergétique au Québec et au Canada. Je vois tout ce potentiel.
Les investissements sont gigantesques. Il y a du potentiel. Au bout du compte, ce potentiel se réalisera-t-il sur le plan économique? Ce sera important de s'en assurer.
Je ne suis pas en faveur de l'amendement pour différentes raisons. D'abord, cela implique que, peu importe ce que nous lirons ou entendrons, nous ne pourrons ni rassurer nos concitoyens ni les informer s'il y a quoi que ce soit qui ne va pas. Nous ne pourrons pas leur dire que c'est un bon contrat et que leur argent est bien investi. Nous ne pourrons pas l'expliquer et le prouver. Nous ne pourrons pas les rassurer. Nous ne pourrons pas non plus leur dire qu'il y a un problème dans cette entente et que nous allons essayer de le colmater. Nous ne pourrons pas le dire non plus, parce que tout se passera à huis clos. Nous serons tous tenus au secret. C'est problématique.
Si nous sommes tenus au secret alors que nos concitoyens veulent être informés et rassurés, comment les rassurerons-nous et comment mériterons-nous leur confiance?
Cela me tracasse. C'est à nos concitoyens que nous devons rendre des comptes. Oui, je veux être informée, mais mes concitoyens le veulent aussi, et je travaille pour eux.
Nous en sommes à la cinquième heure consacrée à ce sujet au Comité, et, depuis le début, on parle de la crainte de ne plus être compétitif si jamais certains détails commerciaux étaient dévoilés.
Or tout contrat signé avec un gouvernement, quel qu'il soit, comporte des dispositions de protection et des secrets commerciaux, des secrets industriels. Les quatre compagnies dont il est question actuellement, alors qu'elles ont déjà conclu des contrats avec des gouvernements, savent particulièrement bien que, partout au monde, les gouvernements tendent de plus en plus à la transparence et à la reddition de comptes envers les citoyens. Si ces compagnies n'ont pas de disposition de protection des secrets commerciaux et industriels, je me demande qui sont leurs négociateurs et pourquoi elles les ont embauchés.
Je le répète, le problème ne se trouve pas du côté des compagnies elles-mêmes. C'est la nécessité de transparence et d'information. Il ne s'agit pas de vouloir encourager une industrie plutôt qu'une autre ni de vouloir nuire à une industrie plus qu'à une autre. C'est une question de transparence, de reddition de compte et de devoir envers mes concitoyens. Il faut aussi s'assurer qu'à l'avenir, les besoins et les demandes de tous seront comblés.
Lorsqu'on me dit qu'il faudra 1 600 personnes pour venir installer de la machinerie, cela me fait réfléchir. Je pensais que le Canada avait d'excellents collèges et d'excellentes universités qui formaient des gens en mécanique industrielle, en mécanique du bâtiment, en ingénierie électrique et en ingénierie informatique. Je pensais que ces personnes étaient capables de lire des plans, qu'elles étaient capables d'appliquer les conseils d'un superviseur au besoin. Il est normal — je l'ai dit aussi, je crois, au cours des troisième et quatrième heures de discussion — que des compagnies qui viennent s'installer dans un autre pays envoient quelques employés pour superviser l'installation. Je dis bien « quelques employés », et non 1 600 employés.
Ce chiffre est-il exact ou non? Nous ne le savons pas. Nous le saurions peut-être en lisant les contrats à huis clos. Cependant, si nous lisons les contrats à huis clos, nous ne pourrons jamais assurer à nos concitoyens qu'il y aura, ou non, 1 600 employés temporaires pour assurer la mise en place de la machinerie. Nos techniciens et nos ingénieurs seraient probablement capables de faire cette installation, mais, en raison de divers choix, nous ne le savons pas.
Nous ne pourrons jamais leur assurer non plus que, si 1 600 employés sont vraiment nécessaires, ils seront adéquatement traités avec un salaire respectable. Je ne parle pas d'un salaire bon pour la Corée du Sud, mais d'un salaire qui respecte les normes canadiennes.
Un salaire canadien représente une fortune en Corée du Sud. Va-t-on leur payer le salaire qu'ils gagneraient là-bas? Allons-nous plutôt leur verser le salaire que recevrait une personne canadienne ayant la même formation pour offrir le même service?
Nous devons rassurer les gens à cet égard aussi. Personne ne veut voir le Canada devenir la plateforme d'une main-d'œuvre à bon marché ou de l'« esclavagisme 2.0 ». Personne ne veut voir cela.
Ce sont toutes des questions auxquelles nous ne pourrons pas répondre ouvertement pour rassurer ou informer nos concitoyens si nous étudions les contrats à huis clos. Sincèrement, à mes yeux, il est là, pour moi, le problème d'une étude à huis clos.
Pour toutes ces raisons, notamment, je ne pourrai pas voter en faveur de l'amendement libéral.