Monsieur le Président, c'est vraiment un honneur de rendre hommage à un grand Canadien, à un grand homme d'État, à un grand conservateur et à un grand homme. Il a vraiment consacré sa vie à servir ses concitoyens canadiens.
Quand je pense à Brian Mulroney, je pense à un homme qui a sorti le Canada d'une période très difficile. Il me serait impossible d'énumérer toutes les difficultés auxquelles Brian Mulroney faisait face quand les Canadiens lui ont accordé leur confiance dans des proportions encore jamais vues. L'énorme majorité qu'il a obtenue en 1984 témoigne de son leadership, de son charisme, de sa facilité à interagir avec les gens et de sa capacité à montrer aux Canadiens qu'il était vraiment de leur côté.
Quand on pense à ce dont il a hérité, on se rappelle l'inflation galopante. Mes parents ont eu du mal à faire leurs paiements hypothécaires au début des années 1980. Je me souviens en avoir entendu parler à la table familiale. Pendant de nombreuses années, les taux d'intérêt étaient supérieurs à 10 %, et mes parents se demandaient comment ils allaient pouvoir continuer de loger leur famille. C'était un problème que connaissaient beaucoup de familles canadiennes, d'un bout à l'autre du pays.
Il a hérité d'un déficit hors de contrôle et d'un service de la dette qui accablait les contribuables et l'État. Il a hérité d'une économie qui, au fil des ans, avait été étouffée par l'intervention du gouvernement. Il y avait plus de 60 sociétés d'État en 1984, année où Brian Mulroney est devenu premier ministre. Les Canadiens ne le savent peut-être pas, mais le gouvernement du Canada était propriétaire de Petro-Canada, y compris les stations-service. Le gouvernement libéral précédent avait nationalisé et créé des sociétés d'État pour gérer tous les différents aspects du secteur pétrolier et gazier, y compris au niveau de la vente au détail. Imaginons le gouvernement du Canada en train d'exploiter des stations-service.
Les sociétés d'État avaient tellement étouffé les secteurs productifs de notre économie que le Canada était dans une situation économique très difficile, avec une croissance minime, des déficits endémiques, une inflation galopante et des taux d'intérêt à l'avenant. Qu'a-t-il fait? Il a mis en œuvre une vision de l’économie de marché, libérant la puissance des travailleurs canadiens qui se fait jour quand le gouvernement les laisse tranquilles et ne leur met pas des bâtons dans les roues. Brian Mulroney a donné cette puissance au pays et a émancipé les gens pour qu'ils puissent faire ce qu'ils font le mieux.
Nous pouvons jeter un regard rétrospectif et constater que, à la fin de son mandat, il avait jugulé l’inflation et fait baisser les taux d’intérêt, et que le secteur privé, dynamique, connaissait la prospérité et prenait de l’expansion. Les Canadiens l'ont récompensé en lui accordant un second mandat en 1988.
Je crois sincèrement que la mesure du titulaire d'une charge assortie de pouvoirs importants, qu'il s'agisse d'un premier ministre provincial, d'un premier ministre du pays ou d'un maire, c'est si ses adversaires politiques défont ce qu'il a fait. Nous nous souvenons tous des débats à l'époque où Brian Mulroney a présenté sa vision du libre-échange. Le libre-échange est un très bel exemple de son leadership, de sa passion et de sa conviction. Durant des mois, voire des années, l'idée était terriblement impopulaire. Or, il y voyait les avantages à long terme pour le Canada. Il voyait que, une fois que les entreprises et les Canadiens seraient en mesure de faire du libre-échange avec notre allié et partenaire commercial et économique le plus important, les gains seraient massifs.
Aux élections de 1988, tous les autres partis politiques se sont farouchement élevés contre lui. Il ne s'agissait pas d'un dossier secondaire ou mineur qui suscite un peu d'ardeur. C'était le dossier principal aux élections de 1988. Tous les groupes d'intérêts qui savaient que la protection de l'État les avantageait ont fait la guerre pour embrouiller les Canadiens, miner les arguments présentés et faire suffisamment peur aux gens pour les inciter à voter contre l'accord de libre-échange et contre le Parti conservateur. Bien des politiciens auraient regardé les résultats des sondages et refusé de toucher à cette idée, convaincus que jamais on ne l'accepterait.
C'est le b-a-ba de la gestion de campagne lorsque l'on s'assoit avec son équipe, que l'on examine son programme, que l'on regarde les sondages et que l'on dit que l'on aimerait peut-être faire quelque chose un jour, mais que le peuple canadien n'est pas prêt; on ne le lui proposera pas cette chose et on ne s'engagera pas à la faire. Brian Mulroney a dit qu'il fallait oublier les sondages, que l'important était de savoir ce dont le pays avait besoin et ce qui le rendrait plus fort et plus prospère, et il s'est battu jusqu'au bout. Grâce à sa force de conviction, à son style de communication impressionnant et à sa voix de baryton douce et chaleureuse, il a réussi à convaincre les Canadiens de lui faire confiance une fois de plus.
Bien entendu, tous les gouvernements successifs ont non seulement promis de maintenir cet accord de libre-échange, mais ils font désormais tout ce qu'ils peuvent pour obtenir de meilleurs accords de libre-échange. Les partis politiques doivent désormais montrer aux Canadiens ce qu'ils comptent faire pour trouver de nouveaux débouchés pour nos exportations et signer de nouveaux accords de libre-échange avec d'autres pays. Il est remarquable de comparer ce qui s'est passé lors des élections de 1988 avec ce qui se passe aujourd'hui.
Comme l'a dit mon collègue du Québec il y a quelques instants, il a dénationalisé plus de 20 sociétés d'État qui encombraient l'économie. Nous savons tous ce qui se passe lorsque les gouvernements gèrent les choses. Lorsqu'ils le font, ils ne fournissent pas d'excellents services à un coût abordable. Ils ne répondent pas aux besoins des consommateurs, mais à ce qui est le plus avantageux pour eux. C'est ce que l'on constate partout. Imaginons ce que ce serait de vivre dans un pays où il y a 63 sociétés d'État dans tous les secteurs, des sociétés ferroviaires aux compagnies aériennes, en passant par des détaillants d'essence. Brian Mulroney a contribué à désencombrer l'économie. Il s'est attelé à désherber le jardin.
C'est ainsi que j'évalue la marque laissée par un ancien premier ministre. Malgré tous les opposants qui ont promis de se battre bec et ongles contre sa vision et son programme, l'un d'entre eux a-t-il défait ce qu'il a fait? Essentiellement, la réponse est non parce qu'il avait raison. Les accords de libre-échange ont fait du Canada un meilleur pays. Le Canada a gagné à avoir un marché libre plus dynamique où les Canadiens sont libres de faire ce qu'ils font le mieux et d'être prospères. Le fait qu'une grande partie de son héritage soit intacte aujourd'hui et que les partis politiques s'affrontent pour savoir qui protégera le mieux cet héritage est un témoignage incroyable de l'homme d'État qu'était Brian Mulroney.
Je voudrais faire part à la Chambre de quelques anecdotes pour montrer quel être humain était Brian Mulroney.
Dire qu'il était magnanime serait un euphémisme, et il n'était pas seulement charmant. Lorsque nous faisons des éloges, les gens pensent parfois que nous ne faisons que flatter l'autre personne ou que nous essayons d'être gentils pour qu'elle nous rende la pareille. Avec Brian Mulroney, c'était authentique. Que ce soit lors d'un appel téléphonique, lorsqu'ils le croisaient à un événement ou lorsqu'ils avaient l'occasion de s'asseoir avec lui et de vraiment se pencher sur une question, les gens pensaient sincèrement que pendant tout le temps où ils étaient avec Brian, ils étaient la personne la plus importante au monde.
Il était si prompt à complimenter et si lent à critiquer. Ses critiques étaient toujours constructives, et il était un grand défenseur non seulement du Parti conservateur, mais aussi du Canada. Il voulait que le Canada réussisse. Nous l'avons vu à maintes reprises. Lorsque des partis politiques de différentes allégeances lui demandaient de l'aide dans un dossier, il répondait toujours présent, car il faisait toujours passer son pays en premier et savait toujours que ses principes conservateurs amélioreraient grandement son pays.
Il m'appelait souvent à l'époque où j'étais à la tête du parti. J'étais très reconnaissant de pouvoir profiter de sa sagesse et de son expérience. Tous les appels téléphoniques que j'ai eus avec Brian Mulroney ont commencé par le sujet dont il voulait parler. Il disait: « Je veux te parler de quelque chose », et il disait de quoi il s'agissait. Mais il ajoutait: « Mais avant, dis-moi comment se porte ta merveilleuse épouse. Comment va Jill? Comment vont Thomas, Grace, Madeline, Mary et Henry? » Il connaissait tous leur nom et savait quel âge ils avaient. Il savait ce que je lui avais dit lors de notre dernier entretien téléphonique. Si je lui disais que l'un de mes enfants faisait du sport, il demandait comment allait son équipe de basketball. Il a véritablement montré qu'il s'intéressait aux gens sur le plan humain, et pas seulement en raison de la fonction qu'ils occupaient.
Dans tout ce qu'il faisait, je pouvais voir que sa famille était aussi son guide. Mila était son roc, la personne à qui il attribue toute sa réussite, et ses merveilleux enfants ont tous réussi à leur tour.
Je veux simplement remercier Brian Mulroney. Je le remercie du service qu'il a rendu au pays. Je remercie Mila et leurs enfants. Je les remercie d'avoir partagé leur père et leur époux pendant tant d'années avec ce merveilleux pays, même si ce ne devait pas être facile.
Je souhaite sincèrement qu'il repose en paix et que ses amis et sa famille trouvent le réconfort en cette période difficile et pendant les cérémonies publiques et ses funérailles.
Merci beaucoup, Brian Mulroney. Reposez en paix.