Madame la Présidente, j'ai l'honneur de prendre la parole aujourd'hui pour parler du projet de loi S‑227, Loi instituant la Journée canadienne de l’alimentation. Je remercie le député de Perth—Wellington de l'avoir parrainé à la Chambre.
Outre quelques changements mineurs, comme la date, ce projet de loi ressemble beaucoup au projet de loi C‑281, Loi instituant la Journée nationale de l’alimentation locale, qui avait été présenté au cours de la 42e législature par Wayne Stetski, ancien député et porte-parole en matière de parcs nationaux du NPD. Le projet de loi de M. Stetski était lui-même une reprise du projet de loi C‑449, Loi instituant la Journée nationale de l’alimentation locale, présenté par Malcolm Allen, ancien député et porte-parole en matière d'agriculture du NPD, au cours de la 41e législature. Je suis donc heureuse d'être ici pour débattre de ce projet de loi qui possède déjà un riche passé à la Chambre.
Il est incroyablement important de veiller à ce que les Canadiens aient accès à des aliments sains et abordables et à un système alimentaire viable. Ce sont des priorités nationales, et je conviens qu'il faut accroître considérablement le soutien et les investissements qui y sont consacrés, comme l'affirmait l'intervenant précédent. Il est important de soutenir nos marchés agricoles locaux, car ils sont essentiels pour nous permettre d'atteindre nos objectifs.
Tandis que je préparais mon intervention, j'ai beaucoup pensé à ce que nous avons vécu au début de la pandémie. Je me rappelle que beaucoup de personnes et d'organisations ont communiqué avec moi pour me parler d'alimentation et me dire à quel point elles s'inquiétaient des changements majeurs qui survenaient partout dans le monde et elles se préoccupaient de leur sécurité alimentaire.
Ma circonscription s'étend sur un peu moins de 60 000 kilomètres carrés. Bon nombre de mes concitoyens vivent sur des îles, et ils étaient fort inquiets. Je me souviens de l'éclosion de COVID à Alert Bay. Le boucher du coin est tombé très malade, et il a dû arrêter de travailler pendant 14 jours. À cause de cela, les gens ont eu beaucoup de mal à obtenir la viande et les protéines dont ils avaient désespérément besoin.
Il est donc extrêmement important que des mesures soient prises à l'échelle locale pour garantir que, en cas d'événement imprévu, il y aura suffisamment de nourriture pour subvenir à nos besoins.
Je suis également ravie d'avoir l'occasion de parler des riches marchés agricoles de ma circonscription. Ce que je trouve intéressant au sujet de tous les marchés agricoles, c'est qu'ils évoluent rapidement et qu'ils mettent à l'honneur les aliments locaux, ce que j'aime beaucoup. Je peux aller en ligne et voir toutes les ressources offertes dans ces marchés. Ils nous mettent en relation avec les personnes qui produisent différents types d'aliments dans la région. On trouve à un seul endroit les liens vers les sites des producteurs de la région, ce qui permet aux gens de découvrir directement tout ce à quoi ils ont accès, et c'est important.
Lorsque nous connaissons nos producteurs locaux, cela signifie que nous pouvons avoir accès à leurs produits. C'est bon pour l'environnement et cela permet d'appuyer les entreprises locales. Je viens d'une circonscription rurale et éloignée et il est extrêmement important de garder l'argent dans notre région. Ces gens travaillent très fort et je suis heureuse qu'il y ait un lien direct avec les producteurs locaux et que nous puissions acheter leurs produits pour protéger non seulement les entreprises locales, mais aussi la planète. Nous ne devons jamais oublier de célébrer les gens qui produisent notre nourriture et qui sont très proches de nous.
Je pense à ma visite de la coopérative agricole Blueberry Commons, qui fait un travail formidable pour aller à la rencontre des enfants dans les écoles, produire des denrées pour la population et faire croître une entreprise de proximité de façon sensée. L'entreprise étudie aussi la possibilité d'intégrer un volet logement à la coopérative. Lorsque son équipe considère la situation de la collectivité, elle constate un grand besoin de logement abordable. C'est toujours incroyable de voir un groupe de ce genre se mobiliser pour déterminer comment non seulement aider la population à s'alimenter sainement, en circuit court et à prix abordable, mais aussi ajouter un volet de logement abordable.
Je pense au jardin communautaire des Namgis. Lorsque j'y suis allée, j'ai été impressionnée par l'aménagement qu'on y avait réalisé et par le nombre de jeunes qui s'y rendaient pour apprendre à jardiner auprès de membres de la communauté plus âgés. Un tel projet resserre les liens entre les membres de la communauté. C'était très émouvant de voir le nombre de jeunes qui obtenaient un emploi parce qu'ils travaillaient avec une entreprise du coin et que quelqu'un a saisi l'occasion pour les embaucher. Comme on me l'a dit, c'était un beau problème.
Je pense à la ferme apicole Big D’s Bees. À bien des endroits dans ma circonscription, on a les abeilles très à cœur. Big D's Bees travaille fort pour que nous ayons du bon miel, mais nous montrons aussi notre solidarité avec les abeilles, qui sont de plus en plus en danger.
Amara Farm est une autre de mes fermes préférées dans ma région. Ses propriétaires accomplissent un boulot remarquable pour produire des fruits et légumes et travaillent très fort pour assurer le succès du marché fermier.
En réalité, lorsque nous parlons de ce projet de loi, nous devons reconnaître combien de gens ont faim. Vingt pour cent des Canadiens ont dit qu’ils étaient très susceptibles ou plutôt susceptibles d’aller chercher de la nourriture auprès d'un organisme communautaire au cours des six prochains mois. Nous savons que les gens ont du mal à joindre les deux bouts, et la situation va en empirant.
L’un des plus grands défis pour les familles en difficulté financière est de trouver des aliments abordables et accessibles qui sont sains pour leurs enfants. Nous entendons trop souvent parler d’enfants qui vont à l’école le ventre vide ou qui ont des problèmes de santé parce qu’ils ne peuvent pas manger de nourriture saine.
Je sais que mon ami et collègue le député de Vancouver Kingsway a présenté le projet de loi C‑212, Loi sur le programme d’alimentation scolaire pour les enfants. C’est un texte d’une importance capitale. Nous savons que trop d’enfants vont à l’école le ventre vide. Nous devons nous assurer de soutenir ces enfants sans les embarrasser ou leur faire ressentir de la honte, afin qu’ils puissent consommer les aliments sains et nutritifs dont ils ont besoin pour bien réussir à l'école. Je suis très heureuse que l’on mette l’accent sur ce genre d’initiatives.
À ce sujet, nous savons aussi que nous surveillons certaines de nos chaînes d’alimentation au pays, en particulier Loblaws, qui réalisent des profits scandaleux en cette période où tant de Canadiens ont faim. Je me souviens lorsque notre chef a demandé à Galen Weston à quel moment les profits devenaient exagérés, et il n’a évidemment pas été en mesure de répondre à cette question. Je me demande pourquoi. Nous savons maintenant qu’il est moins important pour certaines entreprises de nourrir les gens que de veiller à assurer des profits pour leurs actionnaires.
À mesure que le coût des aliments augmente, comme nous le savons, de plus en plus de produits alimentaires sont expédiés à travers la planète. Nous devons trouver des façons d’examiner la situation et d’assurer un avenir plus durable dans lequel les gens ont accès à des aliments sains, mais aussi de veiller à ce que les aliments locaux aient priorité sur les aliments importés, surtout lorsqu'on tient compte de l’empreinte carbone et de ce que cela signifie pour nous lorsque les aliments viennent de partout dans le monde.
Il ne reste que quelques minutes à mon discours, mais je voudrais profiter de l’occasion pour saluer les grands héros de notre pays, à savoir nos banques alimentaires locales. Il n’y a pas si longtemps, j’étais à Gold River et je parlais avec une conseillère municipale. Elle m’a expliqué que le Gold River Food Network faisait tout ce qu’il pouvait, mais qu’il était de plus en plus difficile de nourrir les gens parce qu’ils étaient trop nombreux à y recourir. Elle a noté, en particulier, que beaucoup de personnes âgées ont recours aux banques alimentaires. C’est très inquiétant, car les personnes qui vivent avec un revenu fixe ont de plus en plus de mal à s’en sortir. Si elles ne mangent pas sainement, leurs résultats en matière de santé sont moins bons.
Je pense également à la banque alimentaire de Campbell River, qui fait beaucoup de travail dans cette collectivité, mais qui conserve également beaucoup de nourriture pour d’autres banques alimentaires sur certaines des îles proches de notre région. Alors qu’elle constate une augmentation dans la seule région de Campbell River, elle a de plus en plus de mal à accepter les denrées supplémentaires qu’elle entrepose pour ces autres collectivités. L’entreposage devient un problème majeur. Si elle ne peut pas entreposer la nourriture, il devient plus difficile de l’acheminer vers les autres collectivités, et cela me préoccupe vraiment.
Je pense également à la banque alimentaire de Powell River. Je suis allée la visiter. Je n’oublierai jamais l’embarras d’une femme venue chercher à manger et qui a demandé aux gens de ne pas dire à son mari qu’elle avait dû aller à la banque alimentaire, parce qu’ils n’avaient tout simplement pas assez de nourriture. Elle avait payé toutes les factures, et il ne restait plus rien.
À l’heure où l’insécurité alimentaire augmente, il est extrêmement important que chacun d’entre nous assume ses responsabilités et comprenne que nous devons soutenir une alimentation saine pour les gens. Nous devons examiner ce qui se passe dans nos collectivités locales et soutenir ces entreprises et ces exploitations agricoles afin qu’elles puissent fournir les meilleurs produits alimentaires.
Je me réjouis de soutenir ce projet de loi et j’espère que nous aurons une journée spéciale pour reconnaître et célébrer l’alimentation locale. J’espère également que chacun d’entre nous la célébrera tous les jours en achetant des produits locaux.