Madame la Présidente, c'est un plaisir pour moi de prendre la parole au sujet de notre motion de l'opposition aujourd'hui. Je veux vraiment clarifier que, le sujet du jour, c'est une immigration réussie. C'est ce que nous voulons. La démarche d'aujourd'hui est loin d'être anti-immigration. Bien au contraire, elle vise à bien accueillir les nouveaux arrivants, à le faire décemment, avec classe et avec dignité.
J'ai entendu beaucoup de choses aujourd'hui, mais personne n'a parlé d'un aspect que j'aimerais rappeler. On parle de gens qui quittent leur pays d'origine. Ce n'est pas facile de quitter le lieu où on est né, cela demande des sacrifices énormes. Les gens qui le font ont des raisons de partir. Ils vont souvent quitter leur pays pour arriver ici dans des conditions qui font qu'il leur est difficile de trouver un emploi et qu'ils auront de faibles revenus. Souvent, les nouveaux arrivants de première génération font ce sacrifice pour la génération suivante. C'est noble et cela mérite le respect. Cela mérite que nous les recevions décemment. Il y a quelques minutes, quelqu'un a souligné le fait que ces gens sont des travailleurs exemplaires, des gens dévoués qui vont se donner corps et âme et qui vont travailler des heures et des heures chaque semaine pour améliorer leur sort, mais aussi celui de leurs enfants et de leurs descendants.
Je vais donc jusqu'à dire que c'est un crime que de les recevoir et de ne pas s'en occuper. J'ai honte de savoir qu'il y a dans les rues de Montréal des demandeurs d'asile. Cela n'a pas de bon sens dans un pays du G7. C'est pour cela que nous présentons à nouveau la motion aujourd'hui et que nous demandons au gouvernement, non pas de tout décider ou d'arrêter l'immigration, mais de s'asseoir avec les provinces et le Québec et de respecter la capacité d'accueil des milieux.
Il y a même un député libéral qui a eu le culot de dire tantôt que ce sont les provinces et le Québec qui sont les mieux placés pour fixer leur capacité d'accueil. J'espère bien. C'est ce que nous disons. Cependant, en quoi la collaboration pose-t-elle problème? Pourquoi le fait d'entamer une discussion pose-t-il problème? Nous posons des questions à peu près chaque jour, à la période des questions orales. On nous répond qu'on travaille main dans la main et qu'on n'a pas d'affaire à collaborer avec le Bloc québécois parce qu'on collabore avec le gouvernement du Québec. Alors, comment se fait-il que le gouvernement du Québec en soit réduit à s'en plaindre publiquement en disant qu'il n'est pas respecté et qu'il n'est pas écouté par Ottawa? J'aimerais que quelqu'un m'explique cela.
J'invite le secrétaire parlementaire à me poser une question à ce sujet. Je veux qu'il m'explique cela tantôt dans sa question. On dit qu'on collabore avec les provinces. Alors, pourquoi le premier ministre du Québec a-t-il été obligé d'écrire une lettre qui a été publiée dans les journaux? Y a-t-il quelqu'un qui rit de nous quelque part ici? Notre démarche est humaniste. Il s'agit de respect envers les personnes. Il s'agit du respect de l'intégration, de nos structures et de notre capacité en tant que pays. Cela va super bien pour le fédéral. Il fixe le seuil à 500 000 nouveaux arrivants par année et il veut atteindre 100 millions d'habitants. Or, ce n'est pas le fédéral qui assume la responsabilité.
Tantôt, quelqu'un a fait une nomenclature de toutes les centaines de millions de dollars qui sont donnés et les milliards de dollars depuis tant d'années dans le cadre de l'entente avec le Québec sur l'immigration. J'espère bien, puisque c'est une entente qu'on a conclue parce qu'on fait un travail. Comme on le sait, il y a un problème de revenu au Canada. Le fédéral perçoit la moitié des impôts, mais il n'a pas la moitié des responsabilités. Même quand il s'agit de ses responsabilités, il ne les assume pas.
Mon collègue de Pierre-Boucher—Les Patriotes—Verchères me fait penser à un très bon exemple, soit l'érosion des berges. La navigation est une responsabilité fédérale. Or, le fédéral ne s'en occupe pas depuis les années 1990 et il laisse les citoyens pris avec leurs problèmes. Il fait cela dans plusieurs secteurs.
Il n'y a pas de prévision, il n'y a pas de planification. On décide que c'est cela qu'on fait et on ouvre les vannes. Cependant, on n'a pas vérifié comment on pouvait accueillir ces gens dans nos systèmes sociaux.
Je vais parler des organismes communautaires. C'est de la sous-traitance au rabais faite par les gouvernements, autant d'un ordre que de l'autre, à mon avis. Ce sont des gens qui font un travail super essentiel et qui sont souvent obligés d'attribuer la moitié de leurs ressources humaines pour chercher des programmes de subventions et remplir des papiers afin de faire plaisir aux autres ordres de gouvernement. Pourtant, ces gens devraient être en train d'offrir des services directs à la population démunie qu'ils servent.
J'admire tellement ces gens. Je les admire tellement. D'ailleurs, je les salue si jamais il y en a qui m'entendent.
Quelqu'un a dit tantôt que le Bloc québécois considérait l'immigration comme un problème. Non, l'immigration n'est pas un problème. C'est même une solution pour un paquet de choses, notamment la main-d'œuvre. Ce n'est pas l'unique solution, mais c'est une des solutions. J'ai des collègues qui ont proposé d'autres solutions aussi, comme des crédits d'impôt pour les gens de 65 ans et plus.
L'immigration n'est pas un problème. Le problème, c'est sa gestion par le gouvernement libéral. C'est un méchant gros problème. On ne voit pas venir les coûts. On ne planifie pas parce que ce n'est pas sexy de dire que c'est maintenant qu'il faut investir pour pouvoir accueillir des gens dans 5 ou 10 ans. Ce n'est pas rentable politiquement, alors on se dit qu'on ouvre les vannes. Ce que nous demandons au gouvernement aujourd'hui, c'est de respecter les gens qui doivent faire le travail d'accueil. Nous demandons au gouvernement de s'asseoir avec eux et de leur parler.
J'ai commencé à parler tantôt des 470 millions de dollars pour les demandeurs d'asile. Cette semaine, nous nous sommes fait dire d'arrêter de nous plaindre, au Québec, parce que nous étions bien chanceux, qu'on allait nous donner 100 millions de dollars pour l'accueil dans des logements temporaires. C'est un autre sujet. C'est correct qu'on nous donne 100 millions de dollars. En même temps, il y a beaucoup de discussions à la Chambre. Que le gouvernement nous donne 100 millions de dollars, ça peut bien paraître. Les libéraux sont bons là-dedans. Ils se lèvent et disent qu'ils ont toujours été là, qu'ils ont donné 100 millions de dollars, et ainsi de suite. Ces 100 millions de dollars représentent à peu près 27,6 % du montant total qui a été lancé pour le logement temporaire.
Nous recevons cependant plus que la moitié des demandeurs d'asile. Il faudrait que nous soyons contents de recevoir 27 %. Non, nous ne sommes pas contents. Nous disons que c'est correct, que nous allons le prendre, mais que ça en prend plus. L'autre 470 millions de dollars, ce n'est pas réglé. Là, on parle de responsabilité fédérale. Qu'on ne vienne pas me répondre qu'on donne de l'argent chaque année au Québec pour l'entente Québec‑Canada. Je l'ai expliqué il y a quelques minutes. C'est quelque chose de séparé.
Pourquoi faut-il que nous nous époumonions ici pendant des mois pour faire juste respecter un minimum? C'est de ça que nous sommes fatigués. Après, les gens s'étonnent qu'il y ait un groupe de personnes, de plus en plus nombreux, paraît-il en plus, qui sont convaincues que le Québec se gérerait vraiment mieux tout seul parce qu'il contrôlerait toutes ses taxes et ses impôts. Nous ne serions pas tout le temps obligés de nous user les genoux dans la garnotte pour demander des contreparties de la moitié qui est envoyée à Ottawa, et d'essayer de nous satisfaire d'avoir 27 % d'un montant dont nous devrions avoir plus.
C'est ça, le problème. Ce sont les politiques, c'est la prévisibilité, ce sont nos systèmes, notamment le système éducatif. Au Québec, nous sortons de grèves très difficiles dans le milieu de l'éducation. Je suis un professeur. J'ai été enseignant pendant 25 ans. Pour que ces gens soient dans la rue pendant plus que 20 jours, ça veut dire que ça ne va pas bien. Nous avons des problèmes. Là, on leur dit que ce n'est pas grave, qu'ils doivent accueillir plus de gens.
Ce n'est pas que l'immigration soit un problème, mais il faut regarder comment nous sommes capables de recevoir ces gens. Il faut respecter les autorités locales, s'asseoir et collaborer plutôt que de nous répondre toute la journée qu'ils sont main dans la main. Je ne sais pas comment ils se tiennent la main. Ils sont main dans la main, mais le premier ministre du Québec est obligé d'écrire des lettres dans les médias. Ça n'a pas de bon sens.
C'est un appel à être raisonnable que nous lançons. Que le gouvernement s'assoie avec les provinces, les territoires et le Québec pour leur parler sérieusement et leur demander comment on s'arrange.