Monsieur le Président, c'est un véritable plaisir de prendre la parole au sujet du projet de loi S‑227, un projet de loi d'initiative parlementaire visant à instituer la Journée canadienne de l'alimentation. Je ne saurais trouver un sujet qui nous rassemble davantage à la Chambre et dans l'ensemble du Canada que celui de la nourriture que nous mangeons, surtout à cette heure de la soirée, peut-être.
Quiconque lit le projet de loi constatera qu'il est très simple, mais qu'il touche avant tout les producteurs d'aliments et les agriculteurs de nos collectivités qui travaillent à produire les aliments que nous aimons.
Lorsque je pense à cela et au Nord-Ouest de la Colombie‑Britannique, une région incroyable que j'ai l'honneur de représenter à la Chambre, je me souviens des conversations que j'ai eues et des visites que j'ai faites chez des producteurs d'aliments au cours des derniers mois et des dernières années, des gens comme Lindsay et Janik, de Robin Creek Dairy dans la vallée de la Bulkley. Il s'agit d'une famille de producteurs laitiers de deuxième génération qui trouve le moyen d'obtenir de bons résultats.
L'une des choses que j'ai remarquées dans leur exploitation agricole est un robot qui nettoie la bouse de vache dans leur étable. C'est une technologie assez spectaculaire. Il faut le voir pour le croire.
Ce n'est pas seulement eux, mais aussi Daybreak Farms à Terrace. Kieran et sa mère ont racheté une exploitation ovocole qui existe depuis longtemps dans cette collectivité. Ils ont un plan pour la moderniser. Cette exploitation est un élément important de la sécurité alimentaire de cette région qui ne compte qu'un seul producteur d'œufs commercial. Ils produisent environ un million d'œufs par an, et ils ont un plan pour augmenter considérablement leur production.
Je pense à Ken Shaw. Ken est un professeur de collège de Prince Rupert qui possède également une ferme urbaine appelée Rainbow End Farm. Prince Rupert est un endroit difficile pour pratiquer l'agriculture, mais Ken réussit à cultiver des légumes dans un coin de la ville qui jouxte la voie ferrée. Il donne chaque année plus de mille dollars de ses produits à la banque alimentaire locale.
Je pense au fermier Cam. Je ne me souviens pas de son nom de famille, car tout le monde le connaît simplement sous le nom de fermier Cam. Farmer Cam's Foods est sa petite exploitation agricole. Il cultive des légumes sur le bord de la rivière Skeena, juste à l'extérieur de Terrace.
Toutes ces personnes font partie du secteur dynamique de la production locale d'aliments, dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique. Il y a tant de cultivateurs, tant de fermes et tant de personnes qui cultivent avec passion et énergie les aliments dont nous profitons tous.
Je pense aussi aux personnes qui transforment ces aliments, ces produits, en des mets savoureux. Il y a Dai Fukasaku, à Prince Rupert, un chef que j'ai rencontré l'autre jour. Dai a créé un menu renommé en utilisant les produits de la mer pêchés dans les eaux des environs de Prince Rupert. Il prépare des mets incroyablement délicieux qui font de son restaurant un endroit incontournable pour les visiteurs.
Je pense au chef Giulio, à Daajing Giids, dans l'archipel d'Haida Gwaii. Le chef Giulio, qui a fondé le restaurant Gather, a combiné son savoir de la cuisine italienne traditionnelle avec les produits sauvages et les saveurs uniques que l'on retrouve aux environs d'Haida Gwaii.
Finalement, je tiens à mentionner Meg Roberts, de la boulangerie Rustica Woodfired Bakery, tout juste à la sortie de Smithers. Tous les habitants de la collectivité s'arrachent les produits faits à la main par Meg, surtout son pain au levain. Meg a fait un travail remarquable pour faire profiter de son talent de boulangère à ses concitoyens, mais elle collabore aussi à de nombreuses activités locales de collecte de fonds, par exemple pour financer la piste cyclable Cycle 16 entre Telkwa et Smithers.
Je pense à tous ces gens.
En passant en revue le projet de loi, on ne peut que constater qu'il vise à renforcer les liens de la ferme à la table. Dans le nord-ouest de la Colombie‑Britannique, l'alimentation locale correspond à bien plus. Les produits qui se retrouvent sur la table proviennent aussi de la forêt, de la mer et de la rivière.
Ce projet de loi m'a rappelé qu'on trouve dans le Nord-Ouest des aliments vraiment uniques et des saveurs qu'on retrouve rarement ailleurs dans le monde. Notre chef, le député de Burnaby-Sud, s'est rendu dans Skeena—Bulkley Valley il y a deux semaines seulement. Nous avons eu l'occasion de prendre part à un bat'lats traditionnel de la nation des Wet'suwet'en à Burns Lake, où 400 personnes se sont réunies pour rendre hommage à des proches qui sont décédés il y a un an.
Lors de ce festin, on a servi, entre autres, un plat à base de niwus. Ce sont les petits fruits de la shépherdie du Canada, qui pousse dans le Nord de la Colombie‑Britannique. Les Wet'suwet'en fouettent ces fruits à la main et cela produit une mousse. La texture est difficile à décrire. Cet aliment a un goût extraordinaire. Il est assez amer. Je ne suis pas sûr que le député de Burnaby-Sud en mangera encore beaucoup dans l'avenir, mais on ne sait jamais. Cela fait partie des aliments uniques qu'on trouve dans ma région.
Cela me rappelle aussi d'autres aliments naturels que j'ai eu la chance de manger, comme de la viande d'otarie fumée. L'otarie, ou tibin, est chassée par les Nisga'a. C'est un aliment vraiment unique. Je pense à Nicole Morven, qui, cette année, m'a donné un pot de viande de tibin en conserve que j'ai pu déguster. Il y a aussi l'eulachon, ou poisson-chandelle, un poisson gras particulièrement prisé par les Nisga'a, les Tsimshian et les Haisla.
Il y a environ un an, en février, j'ai eu l'occasion de sortir sur la rivière Nass avec Gerry Robinson, Mansel et Curtis. Nous étions assis au milieu de la rivière dans ce petit bateau, sous un ciel bleu cristallin, à attendre que ces minuscules poissons remplissent un long filet qu'ils avaient sorti. C'était une expérience particulière. Bien sûr, l'eulakane est fondu pour son huile, sa graisse, qui est une denrée très précieuse parmi les Premières Nations du Nord-Ouest et tout le long de la côte de la Colombie-Britannique.
Je pourrais continuer à parler de l'oursin ou des œufs sur varech. Les aînés Tahlton ont ce qui pourrait être, à mon avis, l'un des mets les plus uniques du Nord de la Colombie-Britannique, soit les « bum guts », ou les intestins d'orignal. Le nom dit tout. C'est un mets assez intéressant que je mets au défi les députés de goûter la prochaine fois qu'ils seront dans le pays des Tahlton.
En parlant de ces aliments qui sont si importants pour les peuples autochtones du Nord-Ouest de la Colombie-Britannique, cela me fait penser à quelque chose dont mes voisins m'ont souvent parlé: la souveraineté alimentaire autochtone et l'idée que les peuples autochtones devraient avoir les outils et l'agentivité pour protéger, gérer et récolter les aliments sur lesquels ils comptent. C'est un concept enchâssé dans la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. En effet, l'article 20 parle du droit « de disposer en toute sécurité de leurs propres moyens de subsistance ».
Lorsqu'il s'agit de sécurité alimentaire, je songe à Jacob et à Jessica, de la Tea Creek Farm, à Kitwanga. Ils accomplissent un travail important sur cette exploitation, non seulement en cultivant des aliments locaux, mais aussi en apprenant aux Autochtones de nombreuses techniques de production alimentaire. Pendant leur première année d'activité complète, ils ont formé plus de 84 Autochtones de la région et ont été récompensés pour leur travail. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture les a nommés Héros de l'alimentation 2022 au Canada. L'an dernier, ils ont aussi remporté un prix Land Award de la Real Estate Foundation.
Ce sont tous des éléments très importants qu'il faut aborder en parlant des aliments locaux et des raisons d'être de la Journée canadienne de l'alimentation. Je dois dire que j'ai souvent été sceptique quant aux projets de loi qui cherchaient à proclamer des journées spéciales. Je sais qu'un grand nombre d'entre eux ont été présentés à la Chambre, et ils ont certainement soulevé des questions importantes, mais, quand on parle de la souveraineté alimentaire des Autochtones et de la production locale d'aliments, et quand j'entends ce que disent nos producteurs locaux d'aliments et les dirigeants autochtones, à mon avis, ce qu'ils aimeraient avant tout, c'est que nous adoptions des projets de loi à la Chambre qui apporteront de véritables changements pour eux, des changements qui soutiennent la production locale d'aliments avec des investissements dans les infrastructures, et des changements qui soutiennent la souveraineté alimentaire des Autochtones avec des modifications législatives qui donnent plus de contrôle aux nations autochtones sur les ressources et les aliments dont ils ont besoin.
Si le projet de loi est adopté, j'espère que, au moins une journée par année — et nous avons besoin de bien plus que cela —, nous aurons l'occasion de faire avancer ces importantes initiatives.