Monsieur le Président, c'est toujours un privilège de prendre la parole à la Chambre au nom des résidants de Saskatoon-Ouest.
Il y a près de six mois, des élections ont été déclenchées. Le chef du Parti libéral a alors déclaré qu'il s'agissait des élections les plus importantes depuis la Deuxième Guerre mondiale. Il a mis des mois à assermenter ses ministres et à convoquer le Parlement. Soixante-neuf jours se sont écoulés depuis le discours du Trône, et les députés continuent de débattre du tout premier point à l'ordre du jour du gouvernement.
Mettons cela en contexte: il y a eu les élections, puis l'Action de grâces, le jour du Souvenir, Noël et le Nouvel An. Nous sommes maintenant en février et nous sommes encore en train d'en débattre. Ce gouvernement me semble usé. Il a du mal à accomplir quoi que ce soit. Certes, la COVID complique les choses depuis des mois, mais c'est précisément dans de telles circonstances que nos dirigeants doivent jouer leur rôle et faire preuve d'un leadership inspirant. C'est le moment de prendre les choses en main.
Cela dit, il y a trop de choses dont je souhaite discuter aujourd'hui, mais je parlerai d'abord du convoi de camionneurs, puis de la situation en Ukraine.
Il est impossible de faire fi de la manifestation à l'extérieur, aujourd'hui. On pourrait croire, à écouter les libéraux, le NPD ou les médias, qu'Ottawa est littéralement assaillie par ces manifestants. Le chef du NPD a déclaré: « Je suis préoccupé [...] par les éléments extrémistes qui diffusent de fausses informations et tentent de transformer le convoi en une version canadienne des attaques terroristes contre le Capitole américain. » Selon moi, le chef du NPD devrait être préoccupé par les fausses informations qu'il diffuse lui-même.
En réalité, les instigateurs de cette manifestation sont des camionneurs qui travaillent fort et qui sont fatigués des restrictions liées à la COVID. Si on s'y arrête, on voit que ce mouvement compte des dizaines de milliers de personnes de tous les sexes et de toutes les races, couleurs, orientations sexuelles et langues qui manifestent pacifiquement contre la vaccination obligatoire. Nous voyons également des familles avec de jeunes enfants, qui se sont joints aux manifestants ou qui les encouragent.
Évidemment, de mauvais éléments se sont greffés à la manifestation, ce qui n'est pas rare lors des rassemblements de ce genre. Prenons les rassemblements de Black Lives Matter. On y voit presque toujours quelques fauteurs de troubles. Au Canada, des vandales ont décapité la statue de la reine Victoria au Manitoba et déboulonné celle de John A. Macdonald à Montréal. Ici, des gens ont mis des drapeaux sur la statue de Terry Fox. Les députés condamnent ces gestes de façon unanime. Je condamne bien sûr tous les manifestants qui font la promotion de discours ou de symboles haineux. Par contre, j'ai vu également des manifestants ramasser les ordures, s'affairer à nettoyer et prier sur la Tombe du soldat inconnu. Ce sont des gestes qui ne sont pas rapportés dans les médias.
Bon, je ne dis pas que je suis d’accord avec toutes leurs revendications, pas du tout, mais quand un si grand nombre de Canadiens prennent congé et dépensent leur argent durement gagné pour venir à Ottawa, nous devons les écouter. Il faut écouter ce qu’ils disent. Je demande à tous les politiciens d’aller rencontrer ces gens et d’écouter ce qu’ils ont à dire, même si nous ne sommes pas d’accord avec eux. Ils méritent d’être entendus. Je demande au premier ministre de parler à ces gens. N’ayons pas peur d’eux. Ne nous cachons pas, allons plutôt leur parler. Nous pourrions être surpris de leur message. En leur parlant, nous découvrirons des gens normaux qui travaillent dur et qui n’en peuvent plus de la COVID‑19. Ils veulent la fin des confinements, des obligations vaccinales et des dérangements.
En ce qui concerne l’obligation vaccinale pour les camionneurs, plus particulièrement, ce qu’ils demandent est très similaire à ce que disent les conservateurs depuis l’été dernier. D’abord, nous encourageons les gens à se faire vacciner. Ensuite, nous encourageons les employeurs à faire des accommodements pour les personnes qui ne souhaitent pas se faire vacciner. Pour ce qui est des camionneurs, notre leader réclame des mesures d’accommodement depuis avant Noël. Toutefois, il y a un sentiment plus profond dans ce qu’on observe ici, et c’est celui-là qui motive des dizaines de milliers de Canadiens à klaxonner en soutien aux camionneurs: les gens n’en peuvent plus des confinements. À cet égard, je crois que les manifestants partagent l’avis de bon nombre de Canadiens.
En gros, la question est la suivante: comment revenir à la normale? J'ai toujours appuyé et encouragé la vaccination, et un grand nombre des manifestants sont vaccinés. Le fait est qu'environ 90 % des camionneurs canadiens sont vaccinés, mais les Canadiens en ont assez. Les mesures adoptées par le gouvernement jusqu'à présent ont eu des effets secondaires indésirables. Notre pays est profondément divisé. Bonne chance à quiconque est sur une liste d'attente pour une intervention chirurgicale. La solitude et des problèmes de santé mentale ont poussé bien des gens au désespoir et entraîné une hausse des suicides. En résumé, cela fait deux ans que nous avons renoncé aux plaisirs de la vie. Nous sommes aux prises avec un énième variant et, Dieu merci, les variants sont de moins en moins mortels, mais les gens veulent savoir ce que nous réserve l'avenir.
Sur le plan de la vaccination, l'objectif avoué du Canada consiste à vacciner 80 % des adultes contre des maladies comme la grippe, et la COVID en fait partie. Voici la bonne nouvelle: nous y sommes parvenus. Plus de 80 % de la population canadienne a été vaccinée, ce qui représente un des taux les plus élevés au monde. En juillet dernier, le premier ministre avait déclaré que le Canada devrait parvenir à faire vacciner plus de 80 % de la population admissible pour que nous soyons en sécurité.
Nous y sommes. Nous avons atteint notre objectif. Commençons à célébrer et à lever certaines restrictions.
Prenons le cas de la Saskatchewan. On a tenté d'y réduire le confinement autant que possible. Il n'y a eu aucune restriction pour les restaurants et aucune limite pour les rassemblements au cours des derniers mois. Au lieu que le gouvernement impose des restrictions, il a permis à la population de faire elle-même des tests rapides et de décider elle-même s'il devait y avoir rassemblement ou non. Il en a résulté que la situation de la COVID en Saskatchewan est la même, voire légèrement meilleure, que partout ailleurs au Canada. Cette expérience montre que les règles et les restrictions strictes imposées par le gouvernement n'ont pas d'incidence sur les résultats. D'ailleurs, d'autres mesures devraient être levées très bientôt en Saskatchewan. Comme le premier ministre de la Saskatchewan l'a indiqué, la province abandonnera sa politique de preuve de vaccination très prochainement. Comment cela se fait-il? C'est parce que la politique a atteint l'objectif fixé. La province a réussi à faire vacciner la population.
Pour revenir à la manifestation des camionneurs, ceux-ci veulent savoir quand tout cela se terminera. Ils veulent qu'on leur dise que tous les sacrifices ont porté leurs fruits. De nombreux scientifiques conviennent maintenant qu'il faut apprendre à vivre avec la COVID. C'est ce que les camionneurs demandent, et la plupart des Canadiens sont d'accord avec eux. Trouvons le moyen de reprendre une vie normale. Au lieu de créer de la division, nos dirigeants doivent plutôt faire preuve de leadership.
Parlons maintenant de l'Ukraine. Les relations étrangères du Canada semblent, là encore, usées. Notre pays était autrefois un allié de confiance et un partenaire fiable, mais les libéraux l'ont réduit à un petit joueur qui a peu à offrir à ses alliés. Nous sommes maintenant aux prises avec une situation inédite depuis la Seconde Guerre mondiale. À la paix se substitue la perspective d'une guerre en Europe. Nos alliés en Ukraine nous demandent de l'aide, et nous nous en tenons à des paroles creuses, à des gestes purement symboliques et à des mots-clics alors que nos amis et alliés demandent beaucoup plus.
Il y a une importante diaspora ukrainienne en Saskatchewan. Plus de 16 % des habitants de Saskatoon sont d'origine ukrainienne. Le Canada compte la troisième population ukrainienne en importance au monde. J'ai grandi à Yorkton, en Saskatchewan, où l'on trouve une très forte population ukrainienne. Quand j'étais petit, les réunions communautaires s'accompagnaient toujours de mets délicieux comme le bortsch, les pérogies et les cigares au chou. Bien entendu, en Saskatchewan, nous sommes très fiers du gouverneur général Ray Hnatyshyn, qui est d'origine ukrainienne.
Les conservateurs appuient sans réserve les Ukrainiens de partout au Canada et le gouvernement démocratiquement élu de l'Ukraine. Nous sommes solidaires de l'Ukraine.
Dans ma circonscription, Saskatoon-Ouest, des membres de la communauté ukrainienne ont communiqué avec moi. Dimanche, Martin Zip, président de l'All Saints Ukrainian Orthodox Brotherhood, m'a écrit ceci:
Je vous demande d'appuyer les mesures suivantes:
1. Accélérer l'adoption d'un plan d'action pour l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.
2. Intensifier les sanctions contre la Russie afin de la dissuader de commettre d'autres agressions contre l'Ukraine.
3. Veiller à ce que le gazoduc Nord Stream 2 ne devienne jamais opérationnel.
4. Accroître l'approvisionnement de l'Ukraine en équipement militaire et en armement défensif.
5. Élargir et prolonger l'opération Unifier, la mission d'entraînement militaire offerte par le Canada en Ukraine.
À la suite des pressions que nous avons exercées, les libéraux ont finalement consenti à prolonger la mission d'entraînement, l'opération Unifier, de trois ans. Ils ont également offert un prêt de 120 millions de dollars, ce qui est bien loin de ce qu'avaient réclamé nos amis. Qu'en est-il des autres demandes?
Les conservateurs demandent de fournir des armes défensives meurtrières à l'Ukraine. Les Ukrainiens se trouvent face à une armée russe bien plus imposante et beaucoup mieux équipée qu'eux. En cette période difficile, ils supplient leurs alliés de leur envoyer de l'aide et de l'équipement. D'autres États ont répondu à l'appel. Les États‑Unis, le Royaume‑Uni, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et la République tchèque sont tous là. Où est le Canada? Nous envoyons des messages sur Twitter.
Il faut aussi rétablir le service d'imagerie RADARSAT, qui était accessible lorsque nous étions au pouvoir. Il fournit des renseignements de sécurité essentiels de calibre mondial. C'est une mesure très simple que nous pouvons prendre pour aider nos amis qui sont dans le besoin.
Que dire des sanctions qu'ils réclament? Des sanctions sur les biens, les technologies et les services américains et européens pourraient nuire considérablement à l'économie de la Russie. Nous pourrions exclure la Russie du système bancaire SWIFT. Nous pourrions infliger des sanctions Magnitski aux personnes qui gardent les fortunes de Poutine et d'autres dirigeants russes, ce qui aurait pour effet de geler leurs avoirs à l'extérieur de la Russie.
Le gouvernement libéral, bien que fatigué, doit faire ce qui s'impose et venir en aide à nos amis en ces temps difficiles. Je m'ennuie de l'époque où le Canada était un véritable leader sur la scène mondiale. Je me rappelle lorsque le premier ministre Harper a regardé Poutine dans les yeux et qu'il lui a dit de quitter l'Ukraine.
Aujourd'hui, le Canada manque à l'appel. Qu'ont en commun l'Ukraine à l'autre bout du monde et les camionneurs ici, au pays? Un gouvernement libéral-néo-démocrate qui est à court d'idées à Ottawa. On dit dans le discours du Trône que le « Canada doit faire face aux défis urgents de notre époque ». Voilà près de six mois que nous vivons des défis urgents, qu'on pense aux camionneurs, à l'Ukraine, à l'inflation et à la crise du logement, et il y a très peu d'engagements et très peu d'action. Nous avons un gouvernement fatigué qui cherche davantage à semer la division qu'à diriger. En ce dernier chapitre de l'ère de la COVID, le moment est venu d'intervenir et de faire montre de leadership.