Oui, merci, monsieur le président.
C’est pour moi un privilège de représenter Poste Canada, qui joue un rôle central pour la population et les entreprises de notre pays depuis 253 ans. Des quelques chevaux qui le composaient au début, le système postal a évolué au fil du temps pour se réinventer à mesure que changeaient les besoins et les attentes des Canadiens, et il aspire aujourd’hui à être financièrement autonome.
Tandis que l’ère numérique annonce une nouvelle période de profonde transformation, nous voulons collaborer avec vous pour que Postes Canada reste une institution forte et tienne sa promesse essentielle d’être au service de tous les Canadiens.
Notre présence ici aujourd’hui est tout à fait opportune. La semaine dernière, la ministre Foote a annoncé que Postes Canada ferait l’objet d’une étude indépendante. Ce sera l’occasion d’entendre les Canadiens exprimer leurs besoins et leurs attentes à l’égard du système postal, et nous y tenons.
La semaine dernière toujours, Postes Canada a déposé son rapport annuel sur l’année 2015, et c’est par là que je voudrais commencer aujourd’hui.
En 2015, les revenus de Postes Canada se sont élevés à 6,3 milliards de dollars, pour un bénéfice brut de 63 millions de dollars. Quoique positif, ce résultat est tout juste au seuil de la rentabilité. Le bénéfice est modeste en comparaison des revenus, et il faut rappeler qu’il est inférieur de 131 millions de dollars à l’année précédente. Le bénéfice proprement dit est attribuable à une croissance solide des envois de colis et au succès de notre service de marketing direct. Il est également dû en partie à un ajustement ponctuel des prix en 2014.
Mais ces facteurs à eux seuls ne suffisent pas à compenser les difficultés croissantes que nous affrontons de nos jours. Les preuves de cette affirmation résident dans des statistiques claires et sans équivoque.
Je ne tiens pas à vous réciter la liste fastidieuse de ces données et statistiques, mais j’aimerais en souligner quelques-unes qui sont révélatrices. À l’ère numérique, à une époque où les Canadiens préfèrent communiquer et faire leurs opérations financières en ligne, nos activités de base s’effilochent rapidement. Depuis le sommet atteint en 2006, les volumes de courrier postal ont diminué de 32 %, soit 1,6 milliard de pièces de correspondance. Cela veut dire 1,1 milliard de dollars de revenus perdus.
Les volumes de courrier postal sont en baisse, mais le nombre d’adresses que nous desservons s’est multiplié en moyenne de 169 000 points de livraison par année au cours des neuf dernières années. Cela veut dire que nous desservons de plus en plus d’adresses, mais que nous recueillons de moins en moins de revenus par adresse pour couvrir des coûts croissants.
Il s’y ajoute un problème tout à fait propre au Canada. Nous sommes un pays immense avec une des plus faibles densités démographiques au monde. Conjugué à une baisse de densité par adresse, cela fait de notre système postal une structure très coûteuse.
Nous devons aussi affronter la question fondamentale des pensions de vieillesse. À la fin de l’année dernière, le régime enregistré de pension de Postes Canada avait un déficit de solvabilité à financer de l’ordre de 6,2 milliards de dollars.
C’est la combinaison de ces facteurs à la fois nombreux et interdépendants qui définit et complique nos difficultés, mais je peux dire avec optimisme que, depuis 253 ans, Postes Canada a réussi à surmonter des problèmes difficiles et qu’il n’en ira pas autrement cette fois-ci.
Nous serons heureux d’en discuter avec vous pour déterminer la meilleure voie à suivre. Nous voulons être au service des Canadiens comme ils souhaitent être servis et à un coût raisonnable.
Les données de notre dernier rapport annuel clarifient les difficultés, mais il donne aussi une idée du nombre de résidants et d’entreprises qui continuent de faire appel à nos services. Oui, les volumes de courrier postal diminuent, mais c’est encore un service important dans le pays. Les gens et les entreprises ont fait près de 3,7 milliards d’envois postaux l’année dernière. Les petites entreprises continuent plus particulièrement de compter sur nous. Postes Canada a toujours eu des relations spéciales avec les petites entreprises, parce que nous leur offrons un moyen abordable d’envoyer et de recevoir des documents importants comme des paiements et des factures.
Nous sommes également sensibles à l’importance de relier les collectivités rurales, éloignées et nordiques. Cela a toujours été le cas, mais c’est devenu encore plus important aujourd’hui avec l’arrivée du commerce électronique. Nous permettons aux gens et aux entreprises de ces collectivités d’avoir accès à des marchandises qu’ils ne pouvaient pas obtenir auparavant, et nous sommes le seul transporteur de colis qui dessert certaines collectivités éloignées. Pour ces gens-là, ce n’est pas seulement un service, c’est un lien vital.
En fait, les consommateurs de toutes les régions du Canada comptent sur nous pour recevoir leurs paquets, et nous livrons presque deux commandes en ligne sur trois. Les détaillants canadiens, de leur côté, comptent sur nous pour faire la livraison des commandes en ligne tous les jours.
C’est dans ce contexte que Postes Canada est devenu un partenaire important dans l’économie numérique émergente du pays. Les entreprises se servent également de nos services de marketing direct. Pourquoi? Parce que, pour eux, le courrier direct n’est pas du pourriel. C’est un moyen efficace et abordable de rejoindre directement les consommateurs. C’est particulièrement vrai des quartiers et des entreprises de quartier. Donc, oui, nous restons importants pour les Canadiens puisqu’ils font appel à nos services, de façon traditionnelle et de façon non traditionnelle, et c’est pourquoi il est impératif de trouver des solutions qui garantiront la solidité et la viabilité financière de Postes Canada.
Comme vous le savez, nous faisons de notre mieux pour trouver des solutions. Nous avons modernisé notre équipement, exploré des possibilités, réglé notre régime de pension et mis en oeuvre un plan destiné à combler notre déficit de recettes. Mais, compte tenu du désir du nouveau gouvernement de faire un examen indépendant de l’avenir de Postes Canada, nous avons mis fin à certains éléments de ce plan. Plus précisément, nous avons interrompu la conversion au système de boîtes postales communautaires et suspendu l’augmentation annuelle prévue pour 2016.
Nous voulons aujourd’hui créer de nouvelles relations. Nous voulons travailler dans la coopération et la transparence avec le groupe de travail et avec le comité parlementaire pour trouver la voie de l’avenir. Nous avons beaucoup d’expérience et d’expertise à offrir et nous pouvons participer à l’élaboration de solutions aux difficultés à la fois graves et complexes que nous devrons affronter.
J’ai un peu parlé du commerce électronique, mais, avant de conclure, j’aimerais souligner que le magasinage en ligne a beaucoup changé la façon dont les gens utilisent les services postaux.
Ce que nous avons dans nos locaux, nos dépôts et nos camions pourrait vous surprendre. Comme les Canadiens envoient moins de lettres, mais commandent plus de produits en ligne, ils nous font passer du statut d’entreprise qui livre aussi quelques colis à celui d’entreprise qui livre aussi un peu de courrier.
Une toute nouvelle génération de Canadiens est en train de créer des relations personnelles avec Postes Canada, même si elle ne le sait pas, et nous sommes devenus la colonne vertébrale du commerce de détail canadien. Ces détaillants se débattent également pour survivre dans l’économie numérique, mais nous les aidons à réussir. Nous fournissons des services d’expédition et de logistique, nous donnons accès à nos données pour qu’ils puissent offrir des renseignements directs aux consommateurs sur l’acheminement de leurs commandes.
La livraison de colis est depuis toujours l’un de nos principaux atouts. Aujourd’hui le réseau traditionnel du passé doit traduire les nouvelles réalités du commerce électronique et de l’économie numérique, qui continueront de donner lieu à encore plus de colis. Mais je dois vous avertir qu’il ne sera pas facile de surmonter nos difficultés aussi simplement que de passer de la livraison de courrier à la livraison de colis. Nos problèmes sont plus complexes que cela.
La livraison de colis et le marketing direct représentent certainement une occasion pour Postes Canada, mais leur croissance ne sera pas suffisante pour compenser le déclin de la livraison de courrier, alimenter le régime de pension et nous permettre d’investir dans notre réseau ou dans le service à la clientèle. Autrement dit, elle ne suffira pas à garantir notre viabilité financière à long terme.
J’ai beaucoup parlé de nos difficultés, mais nous ne sommes pas seuls, loin de là, dans cette situation. Les communications numériques menacent d’autres secteurs. Les médias, la télévision, le cinéma, l’édition de livres, autant de secteurs qui connaissent toutes sortes de problèmes existentiels découlant du règne du numérique. Dans le monde entier, les services postaux sont en train de chercher des solutions pour survivre en fonction des besoins uniques de leur pays, de leurs résidants et de leurs entreprises.
Autrement dit, je pense que tout le monde est d’accord pour dire qu’il y a un problème et tout le monde s’entend sur sa nature. Ce sont les solutions qu’il est difficile de trouver, mais c’est une démarche que nous voulons faire. Nous sommes heureux d’être ici aujourd’hui pour en parler et poursuivre le même objectif. Nous voulons tous un service postal vigoureux, viable, qui réponde aux besoins et aux attentes des Canadiens où qu’ils vivent.
Merci, monsieur le président.