Bonjour. Je m'appelle John McKenna et je suis le président de l'Association du transport aérien du Canada. Je vous remercie de m'avoir invité à témoigner devant le Comité.
Je vais changer de langue un instant.
Pour des raisons d'ordre technique, je vais m'exprimer en anglais, mais cela me fera plaisir de répondre à vos questions dans la langue de votre choix.
L'Association du transport aérien du Canada, l'ATAC, représente l'industrie du transport aérien commercial du Canada depuis 1934. Nous avons 180 membres qui exercent l'aviation commerciale dans toutes les régions du Canada. Ces membres sont par exemple des organismes d'entraînement en vol, des taxis aériens locaux, des transporteurs régionaux qui desservent les collectivités éloignées, nordiques et autochtones, et de très grands transporteurs qui desservent le Canada, les États-Unis et les destinations internationales, pour les déplacements d'affaires ou d'agrément.
Nous sommes heureux d'avoir l'occasion de nous exprimer sur les impacts dévastateurs de cette pandémie et des mesures de confinement connexes sur notre industrie. Bien que nous appuyions le gouvernement dans ses démarches visant à ralentir la propagation de la COVID-19, les mesures de confinement et les restrictions relatives aux voyages en avion ont eu un impact économique terrible sur la plupart des secteurs de l'industrie du transport aérien, puisque le trafic et les revenus ont baissé jusqu'à moins de 10 % des taux habituels.
Bon nombre de nos membres ont complètement cessé leurs activités. Les exploitants aériens comptent sur l'aide financière du gouvernement, tandis que certains exploitants peinent à continuer de desservir les collectivités nordiques et éloignées qui ont besoin du transport aérien pour survivre.
Je crois qu'un nombre important d'exploitants aériens ne survivront pas à cette crise, malheureusement, et que la qualité des services offerts aux Canadiens en souffrira certainement.
Le Canada traîne de la patte, puisque la plupart des gouvernements étrangers ont réagi en quelques semaines pour aider l'industrie de l'aviation, notamment ceux des États-Unis, de l'Australie, du Brésil, de la Chine, du Danemark, de la Finlande, de l'Allemagne, de Hong Kong, de l'Italie, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège, de Singapour, de l'Espagne et de la Suède. Pendant ce temps, nos lettres envoyées au premier ministre, au ministre des Finances, au ministre des Transports, à la ministre du Développement économique et au ministre des Services aux Autochtones n'ont donné lieu à aucune réponse.
Notre industrie est associée à une forte intensité de capitaux et à des coûts fixes très élevés. Alors qu'ils ne génèrent que très peu ou pas de revenus, les exploitants doivent tout de même payer pour leurs aéronefs par l'entremise de prêts ou de locations, de leurs assurances, de l'entretien réglementaire aux fins de la navigabilité, de leurs hangars et de leurs frais de stationnement, en plus de tous les autres frais généraux habituels.
Jusqu'à maintenant, le gouvernement a présenté la Subvention salariale d'urgence du Canada, qui vise uniquement le paiement d'un personnel réduit, alors que les activités ont pratiquement cessé. Le Crédit d'urgence pour les grands employeurs est intéressant, mais son seuil de 300 millions de dollars élimine la vaste majorité des transporteurs aériens. Nous estimons que seuls cinq ou six transporteurs sont admissibles à ce programme, tandis que plus de 30 autres — des agents socioéconomiques clés pour leur région et essentiels pour la connectivité du Canada — sont laissés-pour-compte.
Le gouvernement canadien doit reconnaître le rôle essentiel de l'aviation au Canada. Sans une aide gouvernementale immédiate, bon nombre d'exploitants aériens canadiens ne seront plus là pour fournir ce service essentiel, un moteur de l'économie du pays, alors que nous entreprendrons un long processus de rétablissement et que nous aurons grandement besoin d'eux.
L'aide financière du gouvernement nous permettrait également d'éviter d'importants bouleversements économiques en donnant aux exploitants la possibilité d'intensifier rapidement leurs activités lorsque les restrictions aux déplacements seront levées, et de contribuer rapidement au relancement de l'économie canadienne. Toutefois, certains transporteurs aériens auront besoin d'une aide qui dépassera les simples prêts s'ils continuent de fournir un service essentiel aux collectivités canadiennes.
Notre industrie fait face à deux importants défis, le premier étant évidemment la survie à court terme. Le deuxième est l'incertitude quant à la situation du marché lorsque la crise sera terminée, qui se résume le mieux par les questions suivantes: dans combien de temps les gens voudront-ils — et pourront-ils — à nouveau voyager par avion? Quand les frontières étrangères seront-elles ouvertes pour de bon? Quelles mesures en matière de santé et de sécurité le gouvernement imposera-t-il à nos exploitants? Est-ce que ces restrictions rendront le coût des déplacements trop élevé?
Nous nous attendons à ce que les effets de la COVID-19 se fassent sentir beaucoup plus longtemps que ce qui avait été prévu, et la reprise sera très lente... et malheureusement impossible pour plusieurs d'entre nous.
Un plan d'action gouvernemental exhaustif aidera l'industrie du transport aérien à sauver plus de 55 000 emplois qualifiés directs, et beaucoup plus d'emplois indirects; à maintenir des liens essentiels; à transporter les gens qui ont besoin de traitements médicaux; à livrer du matériel qui sauve des vies; et, dans l'ensemble, sera un outil habilitant clé pour la relance de l'économie canadienne.
Je vous remercie de m'avoir écouté.