Merci beaucoup.
Monsieur le président, membres du comité, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant vous aujourd'hui.
Comme vous l'avez fait remarquer, je suis accompagnée aujourd'hui de deux excellents fonctionnaires. À ma droite, Michael Martin, sous-ministre de l'Environnement et du Changement climatique Canada. Plus loin à gauche est assis Ron Hallman, le président de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. Tout près de moi à gauche, c'est Daniel Watson, le directeur général de l'Agence Parcs Canada.
J'aimerais commencer par reconnaître que nous sommes réunis aujourd'hui sur le territoire traditionnel des peuples Algonquin et Anishinabe.
Mon engagement à travailler avec les peuples autochtones précède ma nomination au poste de ministre de l'Environnement et du Changement climatique. Comme beaucoup de mes collègues, j'ai travaillé en étroite collaboration avec des Autochtones avant de faire partie du gouvernement et cette expérience m'a aidée à mieux comprendre et à apprécier l'importance de travailler en partenariat avec les peuples autochtones. Je suis une avocate spécialisée dans les droits de la personne et j'ai cofondé, il y a plus d'une décennie, une organisation internationale agissant en faveur des droits de la personne, intitulée Avocats canadiens à l'étranger. Notre mission initiale consistait à appuyer les droits de la personne et la bonne gouvernance à l'échelle internationale. Nous avions la chance de bénéficier des conseils de l'ancien juge en chef de la Cour suprême Antonio Lamer qui était membre de notre conseil d'administration. Vous vous souviendrez qu'il était l'auteur de l'arrêt Delgamuukw, un des jugements les plus importants de l'histoire du Canada en ce qui a trait au titre ancestral.
Lorsqu'il était devenu membre de notre conseil d'administration, il nous avait demandé pourquoi nous n'accordions pas un appui plus soutenu aux peuples autochtones du Canada. Cela nous avait amenés à recentrer l'objectif de notre organisation afin de travailler en partenariat avec les peuples autochtones du Canada. Un des projets dont je suis le plus fière est le programme Oser Rêver, qui permet à des avocats autochtones et non autochtones d'offrir des services de mentorat et d'éducation juridique à des jeunes autochtones dans les diverses régions du pays.
Je vous raconte cela parce que j'ai appris, au contact des aînés, des jeunes, des femmes et des dirigeants autochtones, qu'un véritable partenariat ne se limite pas à la prestation d'un programme. Un véritable partenariat permet d'établir des relations sincères et étroites qui reposent sur le respect mutuel et la reconnaissance de la juste place des peuples autochtones au Canada.
Je suis fière du leadership dont a fait preuve le premier ministre Trudeau lorsqu'il s'est engagé à renouveler la relation de nation à nation avec les peuples autochtones, une relation fondée sur la reconnaissance des droits, le respect, la coopération et le partenariat. Notre gouvernement a concrétisé ces engagements en réservant d'importants crédits dans son récent budget afin de remédier aux lacunes dans l'infrastructure et les services offerts aux peuples autochtones au Canada.
La ministre Bennett a aussi fait preuve de leadership en s'attaquant enfin au douloureux dossier des femmes et jeunes filles autochtones disparues et assassinées.
Je suis fière du fait que les ministres Bennett et Wilson-Raybould ont confirmé cette semaine devant l'Instance permanente sur les questions autochtones des Nations unies que le Canada mettra pleinement en oeuvre la Déclaration des Nations unies sur le droit des peuples autochtones, et ce, de manière conforme avec les lois et la Constitution canadienne.
J'aimerais également signaler la présence d'une autre personne assise derrière nous. Il s'agit de Jesse McCormick. Lorsque j'ai été nommée, il m'est apparu que nous aurions besoin d'une plus grande capacité lorsque nous aurons à travailler avec les peuples autochtones. Ayant rencontré, quelques semaines auparavant, un jeune avocat autochtone du nom de Jesse McCormick, je suis parvenue à le convaincre de se joindre à mon équipe. Il nous rend de précieux services dans ses fonctions de directeur des relations autochtones et des affaires réglementaires.
J'aimerais maintenant vous indiquer comment nous mettons en oeuvre l'engagement de notre gouvernement en faveur d'une relation renouvelée avec les peuples autochtones dans les domaines clés de mon mandat: le changement climatique, les évaluations environnementales, les parcs nationaux et les réserves d'espèces sauvages. Nous savons que les peuples autochtones sont souvent les premiers et les plus touchés par les impacts du changement climatique.
Lorsque Natan Obed, président de l'Inuit Tapiriit Kanatami, l'ITK, a comparu devant votre Comité, en mars, il a fait une déclaration qui peut tous nous inspirer. Parlant du peuple inuit, il a déclaré:
Nous sommes un peuple qui vit de la terre. Nous faisons partie de l'environnement. Nous voulons participer aux discussions sur le changement climatique qui se tiennent au Canada, non pas simplement en tant que peuple, mais en tant qu'élément essentiel du travail à effectuer.
Monsieur le président, je partage ce point de vue. Nous faisons tous partie de l'environnement, nous devons tous travailler ensemble pour trouver des solutions.
Dans le cadre de mon travail sur le changement climatique, j'ai eu le privilège d'écouter des Autochtones des diverses régions du Canada s'exprimer sur les impacts du changement climatique sur les activités autochtones. L'urgence de mettre en place un ambitieux accord sur le changement climatique m'a paru évidente lorsque, pendant les négociations, le ministre de l'Environnement du Nunavut, le ministre Mike, comme il aime bien se faire appeler, m'a raconté sa propre expérience de chasseur inuit sur le terrain.
Il me racontait que, lorsqu'il était jeune, il avait chassé son premier caribou en traîneau à chien, sur la neige, au mois de juin. Aujourd'hui, c'est impossible, parce qu'il n'y a plus de neige au mois de juin. Le ministre Mike m'a fait part également de ses inquiétudes au sujet de la pêche sur glace. Avant, les gens pêchaient le turbot sur glace, du mois de janvier au mois de mai, alors que maintenant, la saison s'étale seulement de février à mars ou avril au plus tard.
Le changement climatique n'est pas un simple inconvénient, il a un impact sur la façon dont les peuples autochtones se déplacent et trouvent de la nourriture pour leurs familles. Il modifie aussi leur rapport à la terre. Depuis des décennies, les aînés nous mettent en garde au sujet de la situation météorologique et aujourd'hui, nous constatons les impacts importants des changements dont ils nous avaient prévenus.
Aux négociations sur le climat à Paris, notre gouvernement a reconnu ce fait et, en collaboration avec les dirigeants autochtones, a fermement recommandé d'inclure dans l'accord des dispositions reconnaissant les droits des Autochtones et le rôle des connaissances traditionnelles pour atténuer le changement climatique et s'y adapter.
Perry Bellegarde, le chef national de l'Assemblée des Premières Nations a félicité la délégation canadienne d'avoir pris la défense des droits autochtones. Il a dit également que, par leurs efforts conjugués, les Premières Nations et le Canada donneront l'exemple et prouveront que la meilleure façon de lutter contre le changement climatique, c'est de mettre en oeuvre les droits des peuples autochtones.
Depuis, nous avons mis en pratique ces engagements au pays, dans le cadre d'un processus pancanadien de collaboration en vue d'établir un plan d'action pour la lutte contre le changement climatique. Nous multiplions les efforts pour que les préoccupations des peuples autochtones et les solutions qu'ils proposent soient entendues et prises en compte dans le cadre pancanadien sur la croissance propre et le changement climatique.
Depuis ma nomination, j'ai participé à des rencontres avec les dirigeants autochtones. Hier encore, j'ai eu l'occasion de m'entretenir avec le comité exécutif de l'Assemblée des Premières Nations et tout juste ce matin, j'ai eu un bref entretien avec M. Dorey, chef national de l'Assemblée des Peuples autochtones du Canada.
Ces réunions, formelles ou informelles, valorisent grandement mon travail de ministre. Les Autochtones me disent souvent combien ils apprécient de pouvoir me rencontrer. J'ai l'intention de poursuivre ces rencontres tout au long de mon mandat.
La déclaration de Vancouver appuyée par le premier ministre du Canada et le premier ministre des provinces, s'appuie sur la reconnaissance des droits des peuples autochtones énoncés dans l'accord de Paris, et s'engage à renforcer la collaboration entre les gouvernements et les peuples autochtones en matière de mesures d'atténuation et d'adaptation.
Dans le cadre de la Déclaration de Vancouver, quatre groupes de travail sur les changements climatiques ont été mis sur pied. La Déclaration prévoit que ces groupes de travail pourront s'appuyer sur un processus de consultations à grande échelle des peuples autochtones. Ces groupes de travail vont rencontrer régulièrement les organisations représentant les peuples autochtones, tout comme mon équipe et moi-même avons des réunions avec eux afin d'entendre leurs préoccupations, leurs perspectives et leurs idées. Ce n'est que par une collaboration soutenue avec les provinces, les territoires et les peuples autochtones que nous arriverons à prendre des actions concrètes pour lutter contre les changements climatiques et à rencontrer nos obligations prises à Paris.
J'aimerais maintenant parler de mon rôle de ministre responsable de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale. Comme vous le savez, le premier ministre Trudeau nous a demandé, à mes collègues et moi, de revoir les processus d'évaluation environnementale du Canada afin de regagner la confiance du public et de nous aider à acheminer nos ressources énergétiques sur le marché.
En janvier, le ministre Carr et moi-même avons inauguré une approche intérimaire et adopté des principes provisoires pour appuyer les décisions concernant les grands projets faisant actuellement l'objet d'une évaluation environnementale. Le gouvernement s'engage à restaurer la confiance du public dans les processus d'évaluation environnementale. Nous voulons que nos décisions s'appuient sur des études scientifiques ainsi que sur les connaissances traditionnelles.
À mon sens, il est absolument indispensable que les peuples autochtones participent plus pleinement à l'étude et à la surveillance des grands projets de développement des ressources.
Un des principes provisoires prévoit de consulter sérieusement les peuples autochtones et, le cas échéant, de prendre en compte les incidences sur leurs droits et leurs intérêts. Nous estimons que nous pouvons et devrions en faire plus pour encourager un dialogue sérieux et une consultation de nation à nation et de les intégrer dans le processus d'évaluation environnementale. C'est exactement ce que nous faisons.
À cet égard, permettez-moi de rappeler que le budget de 2016 prévoit des crédits supplémentaires de 14,2 millions de dollars étalés sur quatre ans afin d'accroître la capacité de l'Agence canadienne d'évaluation environnementale à entreprendre des consultations avec le public et les groupes autochtones dans le cadre des évaluations environnementales et d'appuyer son programme de mise en application.
L'examen des processus d'évaluation environnementale nous permettra de prendre du recul, de constater ce qui fonctionne bien et d'examiner les options possibles afin de corriger les lacunes. À la fin de cette période de consultation, notre gouvernement mettra en place un nouveau processus d'évaluation environnementale qui sera amélioré et qui respectera les droits et les intérêts des peuples autochtones. C'est ainsi que nous réussirons à exploiter nos ressources naturelles d'une manière durable et responsable et à assurer leur mise en marché, tout en permettant aux investisseurs d'avoir encore plus confiance en l'économie canadienne.
J'aimerais maintenant parler de nos parcs nationaux, une partie de mon mandat qui me tient vraiment à coeur et qui est très cher à tous les Canadiens. Le premier ministre Trudeau m'a demandé d'agrandir le réseau canadien de parcs nationaux et de gérer et d'augmenter les réserves nationales de faune et les refuges d'oiseaux migrateurs. Actuellement, plus de 50 % de la superficie du réseau patrimonial national du Canada est préservée grâce à l'initiative de peuples autochtones dans le cadre d'un processus de revendications territoriales. Par exemple, le parc national des Monts-Torngat, que j'ai l'intention de visiter cet été, est le résultat de deux revendications territoriales présentées par deux groupes inuits différents — les Inuits du Labrador et les Inuits du Nunavut — qui ont convenu de créer ce parc sur leur territoire et d'en faire don au Canada.
Il importe de se rappeler que l'aménagement de nouveaux parcs nationaux, de nouvelles réserves nationales de faune, de nouveaux refuges d'oiseaux migrateurs et de nouvelles aires marines nationales de conservation seraient impossibles sans l'engagement et la collaboration des peuples autochtones. Parcs Canada gère l'un des plus grands réseaux d'aires naturelles et culturelles protégées au monde. Celles-ci sont principalement situées dans des régions rurales et éloignées. Nous sommes souvent le plus proche voisin de communautés autochtones éloignées et leur principal employeur. Ceci est particulièrement vrai dans le Nord où les zones protégées sont cogérées par Parcs Canada et les communautés autochtones locales.
L'agence consulte plus de 300 collectivités autochtones et collabore avec elles. L'UNESCO a félicité Parcs Canada et la population autochtone du Canada pour les efforts qu'ils déploient dans la gestion du patrimoine culturel et naturel du Canada et pour les bienfaits qui découlent de leurs connaissances partagées et de leur collaboration respectueuse.
Environ 89 % des parcs nationaux du Canada et près de 300 000 kilomètres carrés de terres sont gérés en conformité des traités ou d'autres ententes constructives avec des peuples autochtones. Des groupes de travail qui mettent en valeur les connaissances traditionnelles autochtones enrichissent les recherches, la conservation et l'agrément des visiteurs, tout en rendant leur visite plus sécuritaire dans de nombreux parcs. Parcs Canada peut affirmer avec fierté que toutes les activités offertes dans nos parcs nationaux, lieux historiques et aires marines de conservation sont respectueuses des traditions et de la culture des peuples autochtones et reconnaissent leur importante contribution à notre patrimoine national et à notre histoire.
Monsieur le président, voilà quelques-uns des exemples principaux des actions que j'entreprends afin de remplir les priorités énoncées dans ma lettre de mandat concernant les affaires autochtones et du Nord. Nous nous engageons à maintenir la relation de nation à nation avec les peuples autochtones, telle que renouvelée par le premier ministre.
Monsieur le président, je vais terminer en remerciant encore une fois le Comité de m'avoir donné l'occasion de venir témoigner. En tant que ministre nouvellement nommée, j'apprécie beaucoup votre contribution et je suis ouverte aux idées, questions et suggestions du Comité.