Je vous remercie, madame la présidente.
Je remercie également l'ensemble des membres du Comité de me donner l'occasion de m'adresser au Comité aujourd'hui. Cela me fait particulièrement plaisir de le faire en personne.
Je m'appelle Claire Launay et je suis la présidente de l'organisation Le Québec c'est nous aussi. Nous sommes un organisme à but non lucratif qui se consacre à la défense des droits et des conditions de vie des personnes immigrantes au Québec. Nous le faisons en portant, de manière non partisane, les voix de nos communautés et en valorisant la place de l'immigration dans la société québécoise.
D'abord, je voudrais vous faire part de nos idées sur les causes ayant mené à l'arriéré et aux délais de traitement. Bien sûr, la pandémie de COVID‑19 a eu un effet majeur sur le fonctionnement d'IRCC. Toutefois, d'après nous, il y a un problème beaucoup plus vaste et plus profond concernant la gestion du ministère.
Lors de la crise en Afghanistan et de la crise en Ukraine, dont on vient de parler, IRCC est devenu un ministère de gestion de crise où les ressources sont systématiquement réaffectées d'un système à un autre afin de gérer des crises, au détriment du traitement des demandes de résidence permanente, de permis de travail et de permis d'études, bref, au détriment du fonctionnement normal d'IRCC, en fait.
Nous saluons, bien sûr, la volonté du gouvernement du Canada d'accueillir ce grand nombre de réfugiés dans des situations d'urgence humanitaire. Toutefois, cela ne devrait pas se faire au détriment du fonctionnement normal d'IRCC. À notre avis, le fait que ces urgences soient comme un grain de sable dans l'engrenage à IRCC est un signal fort qui démontre qu'il y a un besoin de changement dans la gestion du ministère, parce que ces délais de traitement ont des répercussions énormes sur plus de 2 millions de personnes dont le dossier est en attente d'être traité. Je vais passer en revue quelques exemples de répercussions.
En ce qui a trait aux permis d'études, des milliers d'étudiants ont dû retarder leur entrée d'un semestre, voire d'un an pour certains programmes. Des milliers de personnes sont actuellement au Canada et ne peuvent pas travailler, malgré le contexte de la pénurie de main-d'œuvre que nous connaissons tous, parce qu'elles attendent toujours leur permis de travail. Pendant ce temps, des employeurs sont obligés de fermer temporairement leurs portes ou de refuser des contrats parce qu'ils n'arrivent pas à trouver des travailleurs.
Du côté des demandes d'asile, nous avons entendu sur le terrain que cela prenait beaucoup de temps pour avoir le papier brun qui permet de faire une demande de permis de travail, d'avoir accès à l'assurance-maladie, et même de trouver un logement. Toutes ces personnes attendent des mois, en ce moment, pour avoir leur papier brun, ce qui les empêche de commencer n'importe quelle partie de leur vie au Canada.
Concernant la réunification des familles, nous connaissons tous un peu la situation des familles séparées et des femmes qui donnent naissance à leur enfant sans leur mari à leurs côtés. C'est déchirant.
En ce qui a trait à la résidence permanente, c'est vraiment un problème qui ralentit le reste de la machine. Il y a plusieurs personnes qui, parce qu'elles attendent leur résidence permanente, se retrouvent à faire des demandes de permis de travail, ce qui ajoute des demandes dans le système.
Enfin, d'une façon un peu plus large, cela nuit aussi à la réputation du Canada à l'étranger. On a vu quelques conférences et événements internationaux, ces derniers mois, donner une image du Canada, qui n'est pas celle que nous voulons refléter à l'étranger, puisque des participants n'étaient pas capables de se rendre à l'événement, faute de visa.
En conclusion, je vais vous parler de nos recommandations. Je vous invite à lire le mémoire que nous allons soumettre au cours des prochains jours pour en avoir la liste complète, car je vais me concentrer sur quelques points.
D'abord, selon nous, il est important que le gouvernement du Canada et, en particulier, IRCC investissent dans un programme de préparation aux urgences humanitaires pour que des ressources soient consacrées de façon systématique à ces urgences et pour que l'on n'ait pas besoin de réaffecter des ressources qui sont essentielles au fonctionnement normal d'IRCC pour répondre à ces crises.
Ensuite, de façon générale, nous avons plusieurs idées pour faire en sorte qu'il y ait plus de transparence et de reddition de comptes à IRCC. S'il y a quelque chose qui ressort beaucoup des témoignages, c'est l'opacité. On a besoin d'un poste d'ombudsman à l'immigration pour s'assurer qu'IRCC remplit ses objectifs et le fait de façon juste et équitable. De plus, il faut avoir un cadre réglementaire pour déterminer, puisque l'on parle précisément des délais de traitement, quelles sont les responsabilités du Canada une fois que les délais de traitement normaux sont dépassés.
Nous avons plein d'autres idées et nous avons hâte d'en parler avec tous les membres du Comité, mais, en attendant, je vous remercie de m'avoir offert cette occasion de m'adresser à vous.