Bonjour, monsieur Miller.
Monsieur le président et messieurs les membres du comité, j'aimerais tout d'abord vous remercier de l'occasion qui nous est donnée d'échanger et de partager avec vous notre compréhension de certaines réalités canadiennes et de vous exprimer, en première partie, nos besoins afin de maintenir des structures d'abattage de qualité au Canada, et au Québec en particulier.
Je parlerai rapidement du programme COOL. Je partage l'opinion de mes collègues des fédérations de producteurs de porcs et d'agneaux. La Fédération des producteurs de bovins est favorable au principe de légiférer en ce qui a trait à l'identification du pays d'origine. Ce sont les consommateurs qui le demandent. On ne peut donc pas s'y objecter. Par contre, on souhaite que le Canada puisse adopter une réglementation à cet égard. Actuellement, au Canada, il existe une réglementation sur l'identification du bétail, mais ça ne va pas jusqu'à l'identification du produit sur les tablettes. Si le consommateur étranger, à cause de notre vision canadienne des productions bovines, est intéressé au labelCanadian Beef Advantage, ne pourrait-on pas offrir cet avantage aux consommateurs canadiens ici même, sur notre territoire?
Le problème que nous pose le programme américain du COOL, c'est qu'il y a trop de catégories. Ce que le consommateur veut savoir, c'est s'il s'agit d'un produit américain vendu aux États-Unis. Donc, il pourrait y avoir une catégorie pour les produits des États-Unis, c'est-à-dire des animaux nés, engraissés et abattus aux États-Unis, et une deuxième catégorie qui inclurait tous les autres produits importés du Canada et d'autres pays.
L'autre élément que je voudrais partager avec vous a trait aux freins à la compétitivité de l'industrie bovine canadienne. Un des grands freins à notre compétitivité est notre fameuse réglementation sur les MRS. Il s'agit d'un handicap majeur pour tous nos abattoirs canadiens de boeuf. La gestion de cette réglementation est fort coûteuse pour les entreprises, dans l'Est du moins. Dans notre entreprise, il y a des frais de 30 $ à 40 $ par tête abattue, pour répondre à cette réglementation canadienne. Il faut également que, dans l'industrie bovine canadienne, les producteurs de bovins et l'industrie aient accès à des produits phytosanitaires, à une norme ISO pour la sécurité sanitaire et à des vétérinaires à des coûts compétitifs. Au Canada, des analyses démontrent qu'on a beaucoup d'efforts à faire en ce domaine.
Je parlerai maintenant des règles environnementales. Un peu partout au Canada, il y a des règles environnementales. Je pense que c'est correct d'en avoir, mais il faut s'assurer de la réciprocité des règles en ce qui concerne les produits qui entrent au Canada, afin qu'ils soient soumis à des règles apparentées — je ne dirai pas similaires —, qui apportent la même sécurité au consommateur canadien. Cette fameuse absence de réciprocité par rapport aux produits importés est, à mon avis, un aspect majeur du développement de la production bovine au Canada. On a également soumis à la Table ronde sur la chaîne de valeur de l'industrie du boeuf l'absence, au Canada, d'un guichet unique pour l'exportation des produits du boeuf. Au Canada, c'est compliqué. Il y a quelques ministères concernés. Il y a des modèles de pays qui ont du succès quant à l'exportation de leurs produits, mais ils ont tout le temps un circuit assez court à parcourir pour faire les exportations. Ils n'ont pas à s'adresser à différents ministères pour enfin atteindre l'interlocuteur principal et finaliser la vente. C'est la même chose pour les entreprises exportatrices. Les grands pays exportateurs ne vont pas se dévorer l'un l'autre dans les pays d'exportation. Ils travaillent ensemble. L'industrie a un travail à faire. Il faut se parler et découvrir comment on peut travailler ensemble.
J'aimerais maintenant vous parler du cas de Levinoff-Colbex. Levinoff-Colbex est une entreprise qui est la propriété des producteurs du Québec, depuis 2006. À la suite de la crise de l'ESB déclenchée en 2003, les producteurs ont eu beaucoup de préoccupations. Cette crise aura marqué les esprits et fragilisé considérablement l'industrie bovine québécoise et canadienne. Cette difficile épreuve pour notre sphère d'activité a surtout mis en lumière deux faiblesses structurelles de notre filière bovine canadienne: la dépendance aux abattoirs et aux marchés des États-Unis ainsi qu'un sérieux déséquilibre quant au rapport de force entre les maillons de la filière, le plus à risque étant encore aujourd'hui celui des producteurs.
Dans ce contexte, les producteurs de bovins du Québec se sont montrés proactifs. Dès 2006, la Fédération des producteurs de bovins du Québec, qui regroupe quelque 24 300 producteurs de bovins au Québec, répartis dans plus de 14 300 entreprises, est l'actionnaire unique de l'entreprise Levinoff-Colbex S.E.C.
Je vous parlerai maintenant de l'importance stratégique de l'entreprise. Levinoff-Colbex est le seul abattoir de bovins de réforme dans l'Est canadien avec une capacité d'abattage de plus de 4 000 têtes par semaine. La présence de Levinoff-Colbex S.E.C. est essentielle tant pour sécuriser la mise en marché des bovins de réforme que pour maintenir une réelle compétition sur le marché dans l'Est du Canada. C'est d'ailleurs pour ces deux raisons que les producteurs ont décidé d'injecter, par le truchement de la fédération, une somme totale de 36 millions de dollars dans l'entreprise, dont 30 millions de dollars au mois de décembre dernier. Cet important investissement démontre l'engagement des producteurs envers l'entreprise et la volonté d'en maintenir une dans l'Est du Canada.
Levinoff-Colbex s'approvisionne dans tout l'Est canadien, 51 p. 100 des vaches abattues proviennent du Québec, cela représente 94 p. 100 des vaches disponibles au Québec. Il y a une entente d'approvisionnement stricte entre les producteurs et l'abattoir qui leur garantit un minimum de 80 p. 100 du volume d'abattage. C'est important pour un abattoir d'avoir cet approvisionnement. Il y a 5 p. 100 des approvisionnements qui proviennent des provinces de l'Atlantique, 10 p. 100 qui proviennent de l'Ouest canadien, autant du Manitoba, de la Saskatchewan que de l'Alberta.
Levinoff-Colbex a abattu en 2008 154 000 bovins de réforme. Outre Riding-Regency en Ontario, Levinoff-Colbex est en compétition avec deux abattoirs américains situés en Pennsylvanie, Taylor Packing ou Cargill, et Moyer JBS, également à Souderton en Pennsylvanie. En 2006, l'entreprise a réalisé un bénéfice d'exploitation d'un peu plus de 6 millions de dollars. En 2007 et 2008, elle a enregistré des pertes de 2,4 millions de dollars et de 5,1 millions de dollars. Toutefois, l'entreprise a généré des BAIIA positifs de 2,6 millions de dollars en 2008 et de 5 millions de dollars en 2007. Le chiffre d'affaires de la dernière année est de 139 millions de dollars. Les résultats financiers de 2007 et 2008 s'expliquent en grande partie par un approvisionnement plus faible que prévu en raison de la conjoncture du secteur laitier canadien. L'entreprise fonctionne présentement à 70 p. 100 de sa capacité.
Actuellement, deux facteurs importants réduisent la compétitivité de l'entreprise par rapport à ses concurrents: la réglementation canadienne sur les MRS, qui coûte de 30 $ à 40 $ par tête, soit de 4,5 millions de dollars à 6 millions de dollars par année, et le fait que ses principaux concurrents opèrent tous en usine intégrée, ce qui n'est pas notre cas. Afin d'assurer la rentabilité à long terme de l'entreprise dans le contexte nord-américain, Levinoff-Colbex propose de construire une salle de découpe intégrée à l'abattoir, dotée d'équipement à la fine pointe de la technologie. Les nouvelles installations seront pourvues d'équipement de deuxième transformation, ce qui permettra d'aller chercher une plus grande valeur ajoutée aux produits.
Pour l'agrandissement de l'étable, les coûts supplémentaires de construction des bâtiments et des équipements sont évalués à 18,1 millions de dollars et 1 million de dollars respectivement. La construction de la salle de découpe intégrée s'échelonnera sur une période d'un an et demi et créera 145 emplois. Une salle de découpe intégrée, en vitesse de croisière, permettra à l'entreprise d'augmenter ses marges bénéficiaires de l'ordre de 4 millions de dollars à 5 millions de dollars par année, comparativement à la situation actuelle. L'amélioration des marges bénéficiaires proviendrait d'une diminution des frais d'exploitation et de la création de valeur ajoutée par la deuxième transformation. En outre, la nouvelle salle de découpe offre la possibilité à Levinoff-Colbex de faire la découpe de bouvillons. La diversification des activités de l'entreprise lui permettrait de fonctionner à pleine capacité en complétant l'approvisionnement de bovins de réforme par des bouvillons.
C'est dans le cadre du nouveau programme fédéral qui a été annoncé dans le budget du gouvernement en place — une aide de 50 millions de dollars aux industries de l'abattage du boeuf —, qu'on adresse aujourd'hui notre demande. On accueille bien ce programme, car on le voit d'un très bon oeil.
On doit avoir un programme structurant, avec l'aide fédérale, c'est-à-dire un programme qui accorde des versements en capital au lieu de prêts à l'entreprise — entreprise qui n'a plus de capacité d'emprunt. Ce programme serait d'abord réservé aux projets soutenus collectivement et directement par des groupes de producteurs. Ce serait un programme accordé prioritairement aux entreprises dont la compétitivité est la plus touchée par la réglementation sur les MRS, et un programme dont bénéficieraient en premier lieu les entreprises dont la présence stratégique est indispensable pour le secteur des viandes rouges.
Levinoff-Colbex rencontre tous les critères précédents. Le projet Levinoff-Colbex est rentable, et l'entreprise doit le réaliser pour assurer sa pérennité. Toutefois, les producteurs ont récemment investi 30 millions de dollars dans Levinoff-Colbex. Cette importante contribution doit être reconnue dans le programme fédéral à titre de contribution du secteur privé. Les producteurs n'ont pas la capacité de réinvestir pour réaliser le projet. Un apport en capital de 19 millions de dollars du gouvernement canadien est nécessaire pour assurer la réalisation de cet important projet.
Cela permettrait également d'aider à la production de bouvillons d'abattage au Québec. Il n'existe plus de structures d'abattage de bouvillons dans l'Est du Canada.
Merci.
Good morning, Mr. Miller.
Mr. Chairman and members of the committee, I would like to begin by thanking you for this opportunity to dialogue and share with you our understanding of certain Canadian realities while, at the same time, making you aware of our needs, in terms of retaining high quality slaughterhouses in Canada, and Quebec in particular.
I would like to quickly address the COOL program. I share the views of my colleagues from the other federations. The Fédération des producteurs de bovins supports the principle of legislation dealing with country-of-origin labelling. That is what consumers are demanding. So, we cannot object to that. However, we would like to see Canada pass its own regulations in that regard. At the present time, Canada has regulations dealing with cattle identification, but they do not go so far as to identify the product on the store shelves. If, because of our Canadian vision of beef production, foreign consumers are interested in the Canadian Beef Advantage label, why not offer that same benefit to Canadian consumers here in our own country?
The problem with the U.S. COOL labelling program is that there are too many categories. What the consumer wants to know is whether it is an American product sold in the United States. So, there could be one category for U.S. products—in other words, animals that are born, raised and slaughtered in the United States—and a second category which would include all other products imported from Canada and other countries.
The other point I wanted to make concerns obstacles to the Canadian beef industry's competitiveness. One of the major obstacles to our competitive position are the infamous SRM regulations. This is a major handicap for all Canadian beef slaughterhouses. Managing compliance with those regulations is extremely costly, at least in the East. In our company, it costs between $30 and $40 a head just to comply with Canadian regulations. Therefore, it is critical that cattle producers and the Canadian beef industry have access to phytosanitary products, an ISO sanitary safety standard and veterinarian services at competitive prices. In Canada, studies show that we still have a long way to go in that respect.
I would now like to address environmental rules. All across Canada, environmental rules are in effect. I see that as a positive thing. At the same time, however, we need to ensure there is reciprocity in terms of the rules that apply to products entering Canada and that the latter are subject to related—I am not saying similar—rules that provide the same safety assurances for Canadian consumers. That lack of reciprocity with respect to imported products is a major issue in terms of developing the beef industry in Canada, in my view. Furthermore, at the Round Table on the Beef Industry Value Chain, we talked about the lack of a single window approach in Canada for beef product exports. In Canada, things are complicated. Several departments are involved. There are countries who have successful models for exporting their goods, but it is always a fairly short process then in terms of export administration. They do not have to deal with several different departments in order to access the main decision maker and finalize the sale. The same applies to export firms. Major exporting countries are not about to destroy each other in the countries where they have a market. They work together. So, the industry has some work to do. There is a need for dialogue, so that we can find a way to work together.
I would now like to talk about the Levinoff-Colbex case. Levinoff-Colbex is a company that has been owned by Quebec producers since 2006. In the wake of the BSE crisis that began in 2003, producers had a lot of concerns. That crisis left its mark in the public mind and considerably weakened the beef industry in Quebec and Canada. This difficult ordeal for our sector highlighted two structural weaknesses in the Canadian beef industry: its dependency on packers and the U.S. market, as well as a serious imbalance in the relative strength of the different links in the chain, producers still being the weakest link, even as we speak.
Given the circumstances, Quebec's beef producers have been proactive. Since 2006, the Fédération des producteurs de bovins du Québec, which represents some 24,300 beef producers in Quebec across 14,300 companies, has been the sole shareholder of Levinoff-Colbex S.E.C.
I would like to talk about its strategic importance. Levinoff-Colbex is the only cull cattle slaughterhouse in Eastern Canada with a slaughter capacity of more than 4,000 head a week. Levinoff-Colbex S.E.C. plays a critical role in ensuring the marketing of cull cattle and maintaining genuine competition in markets in Eastern Canada. Indeed, it was for those two reasons that producers, working through the Federation, decided to inject a total of $36 million in the company, including $30 million last December. That major investment demonstrates the producers' commitment to the company and their determination to keep it operating in Eastern Canada.
Levinoff-Colbex obtains its supply throughout Eastern Canada, with 51 per cent of its cattle coming from Quebec; that represents 94 per cent of available cattle in Quebec. There is a strict supply arrangement in place between producers and the slaughterhouse that guarantees them a minimum slaughter volume of 80 per cent. It is important for a slaughterhouse, to have that kind of supply. Five per cent of supply comes from the Atlantic provinces, and 10 per cent comes from Western Canada, including Manitoba, Saskatchewan and Alberta.
Levinoff-Colbex slaughtered 154,000 cull cattle in 2008. Other than Riding-Regency in Ontario, Levinoff-Colbex' competitors are two American slaughterhouses located in Pennsylvania, Taylor Packing—or Cargill—and Moyer JBS, which is also located in Souderton, Pennsylvania. In 2006, the company realized an operating profit of a little more than $6 million. In 2007 and 2008, however, it recorded losses of $2.4 million and $5.1 million, respectively. At the same time, the company generated positive earnings before interest, taxes and amortization of $2.6 million in 2008, and $5 million in 2007. It had sales last year of $139 million. Financial results for 2007 and 2008 go a long way towards explaining lower inputs than expected, due to the situation in the Canadian dairy sector. The business is currently operating at 70 per cent of its capacity.
At the present time, there are two major factors that have a negative impact on the company's competitive position in relation to its competitors: Canadian SRM regulations, which cost $30 to $40 per head, or between $4.5 and $6 million a year, and the fact that its main competitors operate integrated plants, which is not our case. In order to ensure the company's long term profitability in the North American context, Levinoff-Colbex is proposing to build a cutting room that would be integrated with the slaughterhouse, and equipped with the very latest technology. The new facilities will also have secondary processing equipment that will enable the company to add value to its products.
For the expansion of the plant, the additional building and equipment costs are estimated at $18.1 million and $1 million, respectively. Construction of the integrated cutting room will be spread over an 18-month period and will create 145 jobs. An integrated cutting room, once it is up and running, will allow the company to increase its profit margins by between $4 and $5 million per year, compared to currently. The improved profit margin will result from lower operating costs and the creation of added value through secondary meat processing. In addition, the new cutting room gives Levinoff-Colbex an opportunity to cut steers. Diversification of the company's activities will enable it to operate at full capacity, complementing the supply of cull cattle with steers.
It is in relation to the new federal program announced in the budget by the current government—assistance of $50 million for the beef slaughtering industry—that we are making our current request. We are very favourable to that program and we fully support it.
However, a program implemented with federal money could only be genuinely supportive if, for example, it provides capital payments, as opposed to business loans, given that businesses in the industry no longer have any borrowing capacity; gives preference primarily to projects supported collectively and directly by producer groups; extends support on a priority basis to companies whose competitiveness has been most affected by the SRM regulations; and, benefits, on a priority basis, those companies that play a critical strategic role in the red meat sector.
Levinoff-Colbex meets each and every one of the above criteria. The Levinoff-Colbex plan is cost-effective, and the company must go through with it in order to ensure its survival. However, producers recently invested $30 million in Levinoff-Colbex. That significant contribution must be recognized under the federal program as a private sector contribution. Producers do not have the ability to re-invest in order to carry out this project. A capital injection of $19 million from the Canadian government is therefore needed to ensure that this important project can go ahead.
This would also help the slaughter steer industry in Quebec. There is currently no slaughter steer facility operating in Eastern Canada.
Thank you.