Monsieur le Président, je dirais en commençant que mes collègues et moi étions très fébriles, cet avant-midi, de nous rendre au huis clos pour prendre connaissance de cet important énoncé économique. En tournant les premières pages, nous étions encouragés. Nous nous disions que le gouvernement reconnaissait les problèmes que nous vivons, à savoir la crise inflationniste mondiale actuelle qui a des répercussions réelles sur M. et Mme Tout-le-Monde. Les gens doivent en effet arriver à boucler leur budget avec moins de ressources, à cause de l'augmentation des prix. Les prix de l'épicerie, de l'énergie, de l'essence, sans parler du prix du logement, ont tous augmenté. La population est donc confrontée à des défis importants et le gouvernement dit qu'on est dans une crise inflationniste. Même la ministre des Finances, il y a quelques jours, nous disait qu'elle présenterait un énoncé économique aujourd'hui parce que nous visons une crise inflationniste.
C'est la même chose en ce qui concerne le risque de récession. Encore une fois, c'est à l'échelle mondiale. La plupart des économistes et des analystes disent qu'il y a de quoi s'inquiéter et qu'il se pourrait qu'on vive une récession en 2023. On sait que la Banque du Canada et les banques centrales ont décidé de mener une lutte contre l'inflation pour revenir dans la fourchette d'augmentation des prix entre 1 et 3%, d'où la cible de 2 %. Pour ce faire, elles mettent en place la politique monétaire qui consiste à hausser les taux d'intérêt. Qui dit hausse des taux d'intérêt, dit ralentissement de l'économie par ralentissement de la demande, d'où le risque de récession à l'échelle mondiale. L'économie du pays est confrontée à un risque de récession pour l’année qui vient et la ministre dans son énoncé le reconnaît. Nous saluons cela.
Or, plus on avance dans le document, plus on le retourne d'un côté puis de l'autre, plus on fait des règles de trois en regardant les tableaux, les mesures, les chiffres qui sont annoncés et en comparant avec ce qu'il y avait dans le budget du printemps dernier, plus on se rend compte que tout cela est une bien belle rhétorique. Il y a une reconnaissance des problèmes économiques auxquels nous faisons face, mais, pour ce qui est des solutions qui sont avancées, nous restons plus que sur notre faim. En fait, on ne propose pratiquement pas de nouvelles mesures dans cet énoncé économique. On rappelle ce qui a été adopté depuis le début de l'automne. On rappelle les engagements du dernier budget. On annonce qu'en 2024 il pourrait y avoir d'autres mesures, mais aujourd'hui. maintenant, il n'y a pas grand-chose de nouveau.
En fait, il y a une aide pour les prêts aux étudiants. Mes collègues du Bloc québécois et moi, en tant que député de Joliette, nous pouvons dire que cela ne nous touche pas beaucoup, étant donné que le régime de prêts et bourses est québécois. Tant mieux pour les étudiants du reste du Canada, mais c'est une mesure qui ne touche pas directement les citoyens et les citoyennes du Québec.
Ensuite, le gouvernement dit qu'il va dépenser davantage pour engager plus de fonctionnaires et s'assurer d'améliorer la prestation des services. D'accord. On a vu notamment l'été dernier la question des passeports. Les exemples se multiplient. Il y a beaucoup de problèmes relatifs aux durées d'attente. Cela reste quand même une dépense assez mineure. Il n'y a rien de majeur ici. On rappelle aussi les sommes annoncées pour les gens des Maritimes et de l'Est du Québec qui ont subi l'ouragan Fiona. Nous saluons aussi cet engagement. Toutefois, tout cela est très mineur et très marginal.
Dans le document de l'énoncé, on cite plus d'une centaine de fois le mot « inflation », mais les solutions qu'on apporte sont celles qui étaient présentées dans le budget du printemps dernier où on ne faisait à peu près pas référence à l'inflation. Il y a une crise inflationniste, mais que fait-on? On dit le mot « inflation » puis on ressert ce qui a été servi au printemps dernier, alors qu'on ne parlait pas d'inflation.
Un des mets nationaux au Québec, c'est le pâté chinois. En général, on dit que c'est meilleur quand c'est servi réchauffé. Ce n'est pas nécessairement le cas avec les mesures ici. Ce qu'on nous sert dans cette mise à jour, dans cet énoncé économique, c'est du réchauffé. L'essentiel des mesures qu'on y trouve, c'est du réchauffé.
Il ne faut pas minimiser l'importance de la crise inflationniste actuelle et des risques de récession.
Le Bloc québécois avait interpelé le gouvernement en disant de prendre cela en compte et de proposer des solutions concrètes. Par exemple, si les travailleuses et les travailleurs perdent leur emploi à cause de la récession, il faut un système de l'assurance-emploi qui fonctionne. Or, c'est connu et reconnu par le gouvernement: le système d'assurance-emploi est cassé et brisé. Il fonctionne tellement mal que, sur dix personnes qui perdent leur emploi, à peine quatre y ont accès.
Depuis 2015, le gouvernement nous dit d'attendre. On nous dit que cela s'en vient, qu'on va le réformer. Cela fait sept ans qu'on nous répète la même cassette. Nous nous attendions à ce que cela se passe en septembre dernier, étant donné que les mesures spéciales de la pandémie prenaient fin. Non, on est revenu au vieux système Axworthy qui ne fonctionne pas du tout.
Le gouvernement nous dit qu'on s'en va en récession. Le moment est donc venu de le faire. De toute urgence, il faut réparer le système de l'assurance-emploi. Plein de consultations ont été faites. On sait exactement ce qu'il faut faire pour l'améliorer, mais non. Voici encore une belle occasion manquée. Si on se fie à cet énoncé économique, le système de l'assurance-emploi ne sera pas réparé. On le laisse brisé.
On dit faire un énoncé économique parce qu'on s'en va possiblement en récession, mais on dit en même temps qu'on ne réparera pas le système de l'assurance-emploi. Cela me permet d'être en parfait accord avec les propos de ma collègue de Terrebonne, qui se demande si ce gouvernement travaille en vase clos. Est-ce que la ministre responsable de l'assurance-emploi a parlé à la ministre des Finances? Est-ce que ces gens se parlent? Ç'aurait été une bonne occasion de le faire.
On est en crise inflationniste. Les prix augmentent et les premières victimes de cette augmentation sont évidemment les personnes dont les revenus ne sont pas ajustés à l'inflation, c'est-à-dire les aînés. Comme on le sait, le gouvernement a décidé d'aider les personnes de 75 ans et plus, mais il a laissé de côté celles âgées de 65 à 75 ans. Ce gouvernement a créé deux classes d'aînés.
Aujourd'hui, face à une augmentation importante du prix des logements, de l'essence et de l'épicerie, les aînés à faible revenu âgés de 65 à 75 ans se retrouvent avec des ressources insuffisantes pour pouvoir s'alimenter correctement. Ils doivent se tourner vers des banques alimentaires, faire des choix déchirants et très humiliants.
Étant donné qu'on reconnaît le problème de l'actuelle crise inflationniste, il était temps, dans l'énoncé d'aujourd'hui, d'annoncer des mesures pour ces personnes. Le Bloc québécois dit qu'il ne faut pas créer deux classes d'aînés et qu'il faut augmenter la pension de la Sécurité de la vieillesse pour tous les aînés dès l'âge de 65 ans pour couvrir l'inflation et avoir un minimum de justice sociale. Or, ce gouvernement a volontairement refusé de le faire.
Pourquoi le gouvernement refuse-t-il d'aider les personnes âgées de 65 à 75 ans? Je crois que c'est parce que les libéraux veulent faire en sorte que les paiements ne soient plus suffisants pour que les personnes à faible revenu de la première catégorie d'aînés que le gouvernement a créée, soit ceux âgés de 65 à 75 ans, n'aient plus assez de soutien public pour se rendre à la fin du mois. Ainsi, ces aînés seront forcés de retourner travailler.
Ce gouvernement, en 2015, se pétait les bretelles d'avoir défait la loi conservatrice qui repoussait l'âge de la retraite à 67 ans. Cependant, quand on regarde ce qui se passe pour les aînés de 65 à 75 ans relativement à l'inflation, on voit un gouvernement qui tente de ramener une politique semblable par la porte d'en arrière, qui veille à ce que les aînés de 65 à 75 ans n'aient pas de ressources suffisantes provenant des fonds de pension publics pour joindre les deux bouts. Ainsi, ils vont être forcés de retourner sur le marché du travail.
Si tel est l'objectif, c'est très hypocrite. Si tel n'est pas l'objectif, je ne sais pas ce que c'est. Ce pourrait être de l'incompétence crasse, mais je m'attends davantage à de l'hypocrisie crasse de la part de ce gouvernement. Cela n'a pas de bon sens. C'est injuste. Quand les gens à faible revenu arrivent à la retraite, ils ont souvent trimé dur toute leur vie. Ce sont souvent des femmes seules. Souvent, elles ont été aidantes naturelles. Elles n'ont pas de fonds de pension, parce qu'elles sont restées à la maison pour prendre soin de leur famille. Ce gouvernement, qui se dit féministe, ne reconnaît pas cet apport et les laisse tomber.
Ce gouvernement fait un énoncé dans lequel il affirme qu'il y a une crise inflationniste. Cependant, il ne fait rien du tout pour les premières victimes de cette crise et c'est déplorable. On devait retrouver une telle mesure dans cet énoncé, mais ce n'est pas le cas et c'est déplorable.
Il y a la crise de l'inflation, de la hausse des prix, et il y a le risque de récession. Il y a aussi une autre crise majeure que vivent nos sociétés au Québec et ailleurs dans les autres provinces, soit la crise de la santé. On n'a plus accès aux médecins et le système de santé est brisé. Il a été mis à rude épreuve pendant la pandémie et le personnel et les infirmières sont tous à bout de souffle, au bout du rouleau. De plus, le système est sous-financé. En fait, les problèmes ont commencé dans les années 1990 quand le gouvernement fédéral à Ottawa a décidé de réduire les transferts en santé afin de régler les problèmes de déficit et de dette. C'est à ce moment que les choses ont commencé à mal aller.
Au lendemain de la pandémie, alors que les taux de contamination commencent à diminuer, on voit tout ce qu'on a mis de côté pendant ce temps. On s'était dit que des dépistages, des soins et des chirurgies pouvaient attendre un peu, mais, maintenant, on se rend compte que cela ne fonctionne plus du tout. Les provinces et le Québec savent quoi faire, les spécialistes et l'expertise sont là. On sait quoi faire, mais on manque de ressources parce qu'Ottawa ne joue plus son rôle depuis belle lurette.
Les gouvernements des provinces et du Québec disent à Ottawa qu'il est temps qu'il joue enfin son rôle en finançant la santé à la hauteur de ses moyens. Ces chiffres sont calculés année après année par le directeur parlementaire du budget. Selon ce dernier, les transferts en santé devraient être de 28 milliards de dollars et il devrait y avoir ensuite une hausse de 6 % par année pour couvrir l'augmentation des coûts et les besoins qui sont là. Il s'agit d'un besoin criant.
Face à cette crise de santé publique, le gouvernement avait le rôle et le devoir de régler cette question aujourd'hui dans cet énoncé, d'autant plus que le gouvernement vient d'annoncer que, dans quelques jours, il convie tous les ministres de la Santé des provinces à une belle rencontre avec le fédéral pour discuter des systèmes de santé et du financement. Qu'est-ce qu'il va leur dire quelques jours à peine après avoir dit qu'il n'investirait pas un sou de plus dans le système alors que le besoin est là?
Quand il était ministre de la Santé à Québec, le très libéral et coloré ministre Gaétan Barrette avait accusé ce gouvernement de pratiquer un fédéralisme prédateur, car le gouvernement imposait des conditions sans toutefois verser les sommes qu'il devait verser. C'est un ministre de la Santé libéral qui avait accusé ce gouvernement de pratiquer un fédéralisme prédateur. Quand on se chicane ainsi entre libéraux, on envoie le message clair que cela ne va pas bien du tout.
Le gouvernement et la ministre des Finances avaient une occasion unique aujourd'hui d'annoncer qu'ils allaient régler cela et de mettre la table pour la rencontre. Je répète qu'on promet de régler cette question depuis 2015. Chaque fois que les élus du Bloc québécois se sont levés à la Chambre pour demander au gouvernement s'il allait jouer son rôle, ce dernier leur a répondu que cela s'en venait et qu'il ne fallait pas s'inquiéter. On peut croire une telle promesse une ou deux fois, mais, quand on se fait dire cela pendant sept ans, à un moment donné, cela suffit.
Quel est le message que l'on envoie aux ministres de la Santé des provinces qui essaient d'organiser cela et qui tiennent à bout de bras le système de santé qui craque de partout parce qu'il a été mis à rude épreuve durant la pandémie? Maintenant, on les invite à discuter, mais on vient de publier les chiffres et il n'y a pas un sou de plus pour eux. C'est méprisant. Ce gouvernement se lève à chaque occasion pour faire la leçon à tous les autres paliers de gouvernement. En fait, il se lève même pour faire la leçon au pape et à des personnes du monde entier. Cependant, quand vient le temps de s'occuper de ses propres dossiers, il n'est pas au rendez-vous, il n'est pas à la hauteur.
C'est ce qu'on constate relativement aux passeports et à l'immigration, entre autres. Tout ce à quoi ce gouvernement touche devient un fiasco. Il y a des dépassements de coûts et le service n'est pas là. Maintenant, il fait la leçon aux provinces et leur dicte ce qu'elles doivent faire, mais il n'investit même pas d'argent.
J'ai fait référence à l'immigration. Il y a quelques jours, le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté a annoncé de nouveaux seuils d'immigration au Canada, une hausse des cibles de 25 % d'ici 2025. On accueillera 500 000 nouveaux arrivants par année, ce qui a été réitéré dans l'énoncé aujourd'hui.
Au Bloc québécois, cela nous inquiète pour plusieurs raisons et je vais d'abord parler des raisons pratico-pratiques et pragmatiques. Nous croyons que ces cibles sont irréalistes. Dans nos bureaux de circonscriptions, nous sommes submergés par les demandes d'intervention urgentes, parce que les employés du ministère n'arrivent pas à répondre aux demandes en cours. Les délais d'attente sont épouvantables, les papiers sont perdus et il y a des erreurs constantes. Avant de réviser un objectif, d'un simple point de vue concret et technique, il faudrait peut-être que le gouvernement démontre qu'il est capable de bien faire son travail, ce qui n'est pas le cas actuellement. Qu'il fasse son travail et après on pourra discuter.
Le gouvernement n'a pas mentionné une ligne au sujet de la capacité d'accueil sur le plan des logements. Nous sommes en pénurie de logements. Au Québec et partout au Canada, il manque de logements. Le gouvernement libéral à Ottawa s'est retiré du financement du logement social dans les années 1990, et rien n'a été fait depuis. Certes, quelques sommes ont été versées récemment, mais c'est bien insuffisant pour les besoins actuels. Il n'y a pas assez de logements. Dans le secteur privé, on n'a pas la capacité de bâtir des maisons, des condos, des appartements pour répondre aux besoins actuels. Or, le gouvernement va faire croître la population de façon très rapide. Où va-t-on mettre tout ce monde?
Les condos et les maisons ne sont plus abordables. Que dit-on aux jeunes? Leur rêve américain, c'est de faire partie de la classe moyenne et d'avoir un emploi syndiqué qui permet de s'acheter une maison et de la payer pendant sa vie active. Or ce rêve est brisé. Les jeunes ne peuvent plus aspirer à se payer un logement ou à devenir propriétaire au cours de leur vie. Le déséquilibre entre l'offre et la demande et le fait que la population augmente accentue le manque de logements. Les prix explosent et les logements ne sont plus abordables. On dit à ces jeunes qu'on va accroître davantage la population de façon très rapide sans faire quelconque équilibre pour ce qui est du logement. Cela n'a pas de bon sens.
J'ai donné l'exemple du logement. C'est pareil pour les écoles. Il manque de places. Il n'y a pas d'arrimage là non plus ni au chapitre de la santé. Faire cela n'est pas responsable.
La situation n'est pas évidente pour nous au Québec, étant donné que nous ne sommes pas encore un pays. Tantôt, le chef du Parti conservateur parlait de quand il sera premier ministre. Alors moi je dis: quand le Québec sera un pays. À mon avis, d'ici 10 ans, ce sera réglé, car nous allons travailler fort. À voir comment ce gouvernement et cette nation nous ignorent, nous aurons toutes les cartes pour prendre en main notre destin.
Comment bien intégrer et accueillir des chiffres aussi élevés, si on veut avoir le pourcentage des cibles annoncées au prorata de notre population? C'est impossible. Il est impossible de garantir le maintien et le respect de la langue française. Même au Québec, on voit que cela recule. Le projet de loi C‑13 est à l'étude présentement en comité, et le gouvernement veut rejeter les amendements du Bloc qui visent à mieux protéger le français au Québec. Je ne parle même pas du français hors Québec, parce que les chiffres ont complètement chuté et c'est d'une tristesse infinie. Le gouvernement avec la complicité du quatrième parti à la Chambre va continuer de faire reculer le poids de la langue française, même au Québec.
Nous n'avons pas les outils pour accueillir tous ces nouveaux arrivants convenablement dans la langue de Molière, dans la langue officielle du Québec. C'est un grave problème. C'est un dilemme cornélien, comme on dit, parce que, si nous en accueillons moins pour bien les intégrer, le poids du Québec va reculer très rapidement face à l'ensemble de la population canadienne. Donc, dans tous les cas, nous risquons de nous faire marginaliser, et c'est la survie même de notre culture qui est en jeu.
Que l'on me comprenne bien. L'immigration est une grande richesse. Accueillir les nouveaux arrivants, c'est magnifique, sauf que, dans la culture québécoise, on ne retient pas la politique du multiculturalisme. Au fond, celle-ci consiste à dire aux immigrants de venir vivre comme ils vivaient dans leur pays et de ne pas s'intégrer, car leurs petits-enfants le feront.
Pour nous, ce n'est pas cela. Nous voulons pouvoir dire bonjour au nouvel arrivant, nous voulons pouvoir échanger avec lui, nous voulons pouvoir gagner de sa richesse culturelle et nous voulons qu'il fasse partie de notre groupe et que nous puissions échanger. Avec la hausse rapide des seuils comme on l'a annoncé, cela ne fonctionne pas. C'est très inquiétant.
Je m'excuse d'avoir pris ce détour un peu plus long que prévu sur ce sujet, mais quand même très important.
Je reviens à l'énoncé économique. En ce qui concerne la réforme de l'assurance-emploi, comme le disait ma collègue de Terrebonne, la ministre de l’Emploi, du Développement de la main-d’œuvre n'a pas parlé à la ministre des Finances vraisemblablement.
Comme elle le disait aussi, on dirait, à la lecture de cet énoncé, que le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie n'a pas parlé à la ministre des Finances. On dirait que le gouvernement libéral travaille selon la méthode d'Apple qui consiste à développer des politiques et des projets partiaux sans que les gens se parlent. On dirait que c'est ce qui arrive ici. Tout ce que le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie dit, à la Chambre et dans les médias, on ne le retrouve pas dans l'énoncé économique. On ne comprend pas. C'est problématique.
En temps d'incertitude économique, cela prend de la rigueur, mais pas de l'austérité. C'est pour cela que nous voulions qu'il y ait des mesures de soutien en cette période d'inflation pour les plus vulnérables comme les aînés de 65 à 75 ans. C'est très important. Nous ne voulons pas d'austérité. Nous avons demandé au gouvernement de se recentrer sur ses rôles fondamentaux, sur les missions premières du fédéral, d'essayer de se concentrer là-dessus et de bien les faire pour une fois. Le financement de la santé en est un exemple.
Nous avions été vraiment surpris dans le dernier budget, au printemps dernier. Le gouvernement annonçait une quinzaine de nouvelles politiques, de nouvelles façons de faire, pour la plupart en santé. C'était des intrusions dans les champs de compétence des provinces. Au lieu de se concentrer sur bien faire son travail, le gouvernement voulait aller sur le terrain du Québec et des provinces et empiéter dans leurs champs de compétence.
Ici, on a encore un nouvel exemple. Le gouvernement annonce la création d'un secrétariat à l'emploi. Or, Québec s'occupe de cela et cela va très bien. Ottawa veut s'en inspirer. Une de nos craintes est évidemment un empiétement dans quelques années. Plus tôt que tard, il va nous poser des conditions. Il va piquer notre modèle puis il va nous dire qu'il a son programme et que nous devons faire comme lui. Ensuite, nous n'aurons plus la liberté nécessaire qui nous a permis de mettre en place notre modèle inspiré du marché du travail en Allemagne. Nous avons tiré ce modèle de l'Allemagne. Encore une fois, ce sont des empiétements. Au lieu de bien faire son travail et de se concentrer sur son rôle, le gouvernement continue à déborder.
Dans les médias, on annonçait que le rachat d'actions par une entreprise serait imposé. La mesure est intéressante. Nous avons hâte de l'étudier, sauf que dans l'énoncé c'est annoncé pour 2024. Nous sommes en 2022. Aujourd'hui, soit on sert du pâté chinois réchauffé, soit on annonce des choses non pas pour après-demain ni l'année prochaine, mais pour l'autre d'après. On pourra s'en reparler à ce moment-là et voir si le gouvernement va avoir fait six fois la même annonce de la même mesure d'ici là ou s'il va avoir changé de cap.
On peut donc constater que ce n'est pas un énoncé économique qui va passer à l'histoire. Le discours de la ministre tantôt était une belle rhétorique, de beaux principes, une belle reconnaissance des problèmes dont l'économie est frappée, sauf qu’en ce qui a trait aux mesures, des prises en charge et des actions que ce gouvernement veut poser, c'est du pâté chinois réchauffé ou des trucs très lointains. Le reste demeure très marginal. Il y avait une occasion en or de régler des problèmes et de prendre en compte la gravité de la crise actuelle, mais cela n'a pas été fait. On ne peut que le déplorer.
J'incite évidemment la ministre à parler à ses collègues, à venir plus souvent au Comité permanent des finances et à être davantage en contact avec les représentants de toutes les sphères de l'économie au pays, sans jamais oublier le Québec. Cela ne pourra que lui faire le plus grand bien et peut-être même l'inspirer pour mettre en place des mesures concrètes.
Mr. Speaker, I want to start off by saying how excited my colleagues and I were this morning to get a look at this important economic statement behind closed doors. As we read through the opening pages, we felt hopeful. We thought the government understood the problems we are dealing with, the global inflationary crisis that is having a real impact on ordinary people. People are having to make do with less because prices are going up. Food, energy and gas prices, not to mention housing prices, have all gone up. People are facing major challenges, and the government says that we are in the middle of an inflationary crisis. A few days ago, even the Minister of Finance said she would be making an economic statement today because we are looking at an inflationary crisis.
It is the same thing with the risk of a recession. Once again, it is a global issue. Most economists and analysts are saying that there is reason for concern and that we could enter a recession in 2023. We know that the Bank of Canada and the central banks decided to fight inflation to bring price increases back into the range of 1% to 3%, thus the 2% target. In order to do that, they are implementing a monetary policy that involves increasing interest rates. Higher interest rates mean an economic slowdown because of softening demand, which is why there is a risk of a global recession. The country's economy is facing a recession in the coming year, and the minister recognizes that in the economic statement. We commend her for that.
The further we read in the document, the more we examine it from every angle, the more we do the math and compare the tables, statistics and figures in this statement with what was in last spring's budget, the more we realize that it is all very slick rhetoric. The document recognizes the economic problems that we face, but when it comes to proposing any solutions, it leaves much to be desired. There are actually very few new measures announced in this economic statement. It reiterates what has been adopted since the beginning of the fall. It reiterates the commitments made in the last budget. It announces that there could be additional measures in 2024, but there is not much new for now.
There is actually some assistance for student loans. My Bloc Québécois colleagues and I, as the member for Joliette, can say that this does not affect us very much, given that the loans and bursaries system is under the purview of Quebec. I guess it is good for students in the rest of Canada, but this measure does not directly affect Quebeckers.
Next the government says it will spend more to hire more public servants to improve service delivery. That is great. We saw what happened with passports in the summer. There are countless examples. There are many problems related to wait times. Nevertheless, this is a fairly minor expenditure. There is nothing major here. The statement also reiterates the funding announced for the people in the Maritimes and eastern Quebec who suffered through hurricane Fiona. We applaud that commitment as well. However, all of this is very minor and very marginal.
The statement uses the word “inflation” over a hundred times, but the solutions it offers are the same ones that were presented in the spring budget, which made hardly any reference to inflation. There is an inflationary crisis going on, but what is being done about it? The government uses the word “inflation”, then rehashes the same proposals it served up in the spring, when it was not talking about inflation.
One of Quebec's national dishes is shepherd's pie. People generally say that it tastes better when it is reheated. The same cannot be said of the measures we have here. What we are being served in this update, in this economic statement, is reheated leftovers. Most of the measures in the update are reheated leftovers.
The significance of the current inflationary crisis and the risks of recession should not be minimized.
The Bloc Québécois called on the government to take that into account and propose concrete solutions. For example, if workers lose their jobs because of the recession, we will need an employment insurance system that works. Everyone, including the government, knows that the EI system is broken. It is so badly broken that for every 10 people who lose their job, barely four have access to EI.
Since 2015, the government has been telling us to wait. It has been telling us that change is coming, that the system will be reformed. We have been listening to the same broken record for seven years. We expected it to happen last September, as the special measures for the pandemic were ending, but no, back we went to the old Axworthy system that does not work at all.
The government is telling us that we are headed for a recession, so the time has come to take action. It is urgent that we fix the EI system. There has been plenty of consultation. We know exactly what needs to be done to improve the system, but no. This is yet another missed opportunity. According to this economic statement, the EI system will not be fixed. The government is going to leave it broken.
The government is saying that it is presenting an economic statement because we may be headed for a recession, but at the same time, it is saying that it will not fix the EI system. I completely agree with my colleague from Terrebonne when she said that the government seems to be working in silos. Did the minister responsible for EI talk to the Minister of Finance? Do these people talk to each other? This would have been a good opportunity to do so.
We are in the midst of an inflationary crisis. Prices are going up, and the primary victims are obviously those whose incomes are not indexed to inflation. I am talking about seniors. As we know, the government decided to help people aged 75 and up, but not those aged 65 to 75. This government created two classes of seniors.
Today, faced with a significant increase in the price of housing, gas and groceries, low-income seniors aged 65 to 75 do not have enough money to eat properly. They must turn to food banks and make some agonizing and very humiliating choices.
Given that today's statement acknowledged the problem of the current inflationary crisis, now would have been the time to announce measures for these people. The Bloc Québécois believes that the government must not create two classes of seniors and that it must increase old age security for seniors 65 and up to cover inflation and deliver a modicum of social justice. This government willfully refused.
Why is the government refusing to help those aged 65 to 75? I believe it is because the Liberals want these payments to be insufficient for low-income people in the first class of seniors that it created, those aged 65 to 75, so they will no longer have enough public support to make it to the end of the month. That way, those seniors will be forced to return to work.
In 2015, this government was boasting about rescinding the Conservative law that raised the retirement age to 67. However, when we look at what is happening to seniors aged 65 to 75 as a result of inflation, we see a government that is trying to bring in a similar policy through the back door, a government that is ensuring that seniors aged 65 to 75 do not have sufficient income from public pension funds to make ends meet. As a result, they are going to be forced to return to the labour market.
If that is the goal, it is very hypocritical. If that is not the goal, then I do not know what this government's problem is. It could be gross incompetence, but I think it is more likely utter hypocrisy. This is not right. It is unfair. When low-income people retire, they have often worked hard their whole lives. They are often single women. In many cases, they were caregivers. They do not have a pension because they stayed at home to take care of their family. This government claims to be feminist, but it does not recognize their contribution, and it is failing them.
In its statement, the government acknowledged that there is an inflationary crisis, but it is not doing anything for those hit hardest by this crisis. That is deplorable. We expected to see something like that in the statement, but it is not there, and that is deplorable.
There is an inflation crisis, prices are going up, and there might be a recession. Communities in Quebec and the other provinces are also experiencing another major crisis, the health care crisis. People no longer have access to doctors. The health care system is broken. It was strained during the pandemic. Workers and nurses are all exhausted. They are burned out. Plus, the system is underfunded. The fact is, these problems started in the 1990s when the federal government in Ottawa decided to deal with deficit and debt problems by reducing health transfers. That is when things started to go wrong.
In the aftermath of the pandemic, as infection rates begin to fall, we are starting to see how much was put off during that time. We thought that screening, care and surgery could wait a little while, but now we realize that the system is no longer working at all. The provinces and Quebec know what to do, and the specialists and the expertise are there. They know what to do, but they lack resources because Ottawa has been neglecting its role for quite some time now.
The provincial and Quebec governments are telling Ottawa that it is time for the federal level to play its role by providing as much funding for health care as possible. These figures are calculated year after year by the Parliamentary Budget Officer. According to him, health transfers should amount to $28 billion, and there should be a 6% increase every year to cover the rising costs and the existing needs. There is a desperate need.
In response to this public health crisis, the government had the role and the duty to address this issue today in this statement, especially since the government just announced that in a few days it is inviting all the provincial health ministers to a nice meeting with the federal government to discuss health systems and funding. What is the government going to tell those ministers just a few days after saying that it would not invest a penny more in the system when the need is there?
When he was health minister in Quebec City, the very Liberal and very colourful Gaétan Barrette accused this government of practising predatory federalism, because the government was imposing conditions without providing the necessary funding to go with it. It was a Liberal health minister who accused this government of practising predatory federalism. That kind of infighting among the Liberals sends a clear message that things are not going well, not at all.
Today, the government and the Minister of Finance had a unique opportunity to announce that they were going to address this issue and set the stage for the ministers' meeting. Again, they have been promising to fix this situation since 2015. Every time a Bloc Québécois member stands up in the House and asks the government if it is going to do its job, the government says that something is coming down the pike and not to worry. We may have believed that promise once or twice, but after hearing it for seven years, enough is enough.
What message are we sending to the provincial health ministers who are trying to figure this out? They are the ones holding together the health care system, which is crumbling because of the considerable strain it was under during the pandemic. Now they are being invited for talks, but the numbers that have just been released show that there is not a penny more for them. It is contemptuous. This government stands up at every opportunity to lecture every other level of government. It even stands up to lecture the Pope and people around the world. However, when it comes to dealing with its own files, it is nowhere to be found, it is not up to the task.
That is what we saw with passports and immigration too. Everything this government touches turns into a fiasco. There are cost overruns and service is not up to par. Now it is trying to tell the provinces what they should do, but it is not even investing any money.
I mentioned immigration. A few days ago, the Minister of Immigration, Refugees and Citizenship announced new immigration levels. Canada will aim to bring in 25% more immigrants by 2025. That means 500,000 newcomers per year, as reiterated in today's statement.
The Bloc Québécois is concerned about that for a number of reasons. Let me start with the practical, pragmatic reasons. We believe those targets are unrealistic. Our riding offices have been inundated with requests for urgent intervention because departmental employees cannot handle applications that are already in the queue. Wait times are atrocious, documents get lost, and mistakes are constantly being made. From a purely practical, technical perspective, maybe the government should show that it is capable of doing its job properly—and it is not—before it changes the target. Then we can talk.
The government did not include one line about housing capacity. We have a housing shortage. In Quebec and across Canada, there is a shortage of housing. The Liberal government in Ottawa withdrew from funding social housing in the 1990s, and nothing has been done since. Of course, a bit of funding was announced recently, but it does not go far enough to meet the current needs. There is not enough housing. The private sector does not have the capacity to build enough homes, condos, apartments to meet the current needs. The government is planning to grow the population very quickly. Where are we going to put all these people?
Condos and houses are no longer affordable. What do we tell young people? They want the American dream, which is to be part of the middle class and have a union job that allows them to buy a house and pay for it during their working life. Now that dream is shattered. Young people can no longer hope to be able to afford a home or become a homeowner in their lifetime. The housing shortage is exacerbated by the imbalance between supply and demand and the fact that the population is growing. Prices are skyrocketing, and housing is no longer affordable. These young people are being told that we are going to increase the population very quickly without restoring any balance to the housing market. This does not make sense.
I used housing as an example, but the same is true for schools. There are not enough spaces. There is no coordination in that area either, nor in the area of health care. This is irresponsible.
The situation is tough for us in Quebec, since we are not yet a country. Earlier, the leader of the Conservative Party talked about what he will do when he is prime minister. I want to talk about what Quebec will do when it is a country. I think this will happen within 10 years, because we will work hard. Seeing how this government and this nation ignore us, we will have all the cards to take control of our destiny.
If we were to accept our share of the target that has been announced, which is prorated to our population, how could we properly accommodate and integrate such large numbers? That is impossible. It is impossible to guarantee that the French language would be preserved and respected. Even in Quebec, we see that the French language is in decline. Bill C-13 is currently being studied in committee, and the government wants to reject the Bloc's amendments, which seek to better protect French in Quebec. I am not even talking about French outside Quebec, because the figures have plummeted and that is so very sad. With the complicity of the fourth party in the House, the government will continue to erode the weight of the French language even within Quebec.
We are not equipped to properly welcome all these newcomers in the language of Molière, the official language of Quebec. That is a serious problem. It is an impossible situation because if we welcome fewer immigrants in order to integrate them well, Quebec's weight as a proportion of Canada's population will quickly diminish. Either way, we could be marginalized, and it is the very survival of our culture that is at stake.
Let me be clear. Immigration is a great asset. Welcoming newcomers is wonderful, except that Quebec culture does not support the policy of multiculturalism, which basically consists of telling immigrants to come live here as though they were still living in their own country and not to integrate because their grandchildren will.
That is not what immigration is for us. We want to be able to say hello to a newcomer, to talk with them. We want to benefit from their rich cultural heritage, and we want them to be one of the gang, someone we can interact with. That is not going to work if the immigration levels are quickly increased as announced. That is very worrisome.
I am sorry that I spent a little longer than expected on that aside, but it is still very important.
Let me come back to the economic statement. With regard to EI, as my colleague from Terrebonne said, the Minister of Employment and Workforce Development likely did not talk to the Minister of Finance.
As she also said, it sounds like the Minister of Innovation, Science and Industry did not talk to the Minister of Finance either. It sounds like the Liberal government is using the Apple method of developing policies and projects piecemeal without any communication. It looks like that is what is happening here. Everything that the Minister of Innovation, Science and Industry has said, in the House and in the media, is missing from the economic statement. I do not get it. That is problematic.
In times of economic uncertainty, discipline is called for, but not austerity. That is why we want the most vulnerable, like seniors aged 65 to 75, to have support measures they can count on during this inflationary period. That is very important. We do not want austerity. We have asked the government to focus on its basic roles, on the federal government's primary functions, to try to concentrate on those and do them well for a change. Health funding is one example.
We were really surprised by the last budget, in the spring. The government announced 15 or so new policies, new ways of doing things, mostly in health. These were all encroachments on provincial jurisdictions. Instead of focusing on doing its job well, the government wanted to work on the ground in Quebec and the provinces and encroach on their jurisdictions.
Here we have another example. The government is announcing the creation of a jobs secretariat. That is something Quebec is taking care of, and it is going quite well. Ottawa wants to use us as a model. One of our fears is an encroachment in a few years' time. Sooner or later, it is going to impose conditions on us. It is going to steal our model and then tell us that it has its own program now and that we have to follow suit. Then we will no longer have the freedom to implement our model, which is based on the labour market in Germany. We drew inspiration from Germany. Again, these are encroachments. Instead of doing its job well and focusing on its role, the government continues to stray.
The media reported a new tax on share buybacks. It is an interesting measure. We look forward to studying it, but the update states it will be implemented in 2024. It is now 2022. Today, the government was either rehashing old measures or announcing measures that will not be implemented in the next little while, or next year, but the year after that. Once that time comes, we can talk about it then and see if the government has made the same announcement about the same measure six times by then or if it changed its mind.
Evidently, this is not an economic update that will go down in history. The minister's speech earlier was full of fine rhetoric, fine principles, and a fine acknowledgement of the problems affecting the economy. However, this government was either rehashing old measures, approaches and actions it wants to take or putting off new measures to the distant future. The rest is inconsequential. The government had a golden opportunity to solve problems and consider the seriousness of the current crisis, but it did not do so. That is extremely unfortunate.
Obviously, I encourage the minister to talk to her colleagues, to come to the Standing Committee on Finance more often, and to communicate more with representatives from all sectors of the country's economy, without ever forgetting Quebec. That will only do her a lot of good and may even inspire her to implement concrete measures.