Monsieur le président,
[La ministre s'exprime en ojibwé, en anishinabe et en arabe ainsi qu'il suit:]
boozhoo, aaniin, salam aleykoum.
Je prends la parole à partir de ma circonscription, Peterborough—Kawartha, où la Première Nation de Curve Lake et tous les habitants de la région pleurent la perte de Cileana Taylor, qui a perdu la vie parce qu'elle a été victime d'un acte de violence commis par un homme qu'elle connaissait.
Je tiens à remercier mes collègues d'avoir accepté de tenir cet important débat. Je ne sais pas à quand remonte le dernier débat exploratoire sur la violence fondée sur le sexe à la Chambre des communes ou s'il y en a déjà eu un. C'est ce que mon équipe et moi voulions faire, et ce débat est historique. Je tiens à remercier le caucus des femmes libérales d'avoir sonné l'alarme, notre leader parlementaire de nous avoir écoutés et pris au sérieux, et tous les partis à la Chambre d'avoir accepté de tenir ce débat essentiel en ce moment crucial de notre histoire et en cette période très importante pour les femmes.
Ce genre de débats est important, et le gouvernement continuera à créer des espaces pour qu'ils aient lieu. Toutefois, il ne faut pas se contenter de prononcer de belles paroles: celles-ci doivent s'accompagner de mesures concrètes. Ce soir, quand j'ai vu mes collègues conservateurs voter contre le transfert de fonds essentiels visant à appuyer des femmes et des enfants qui fuient la violence et les mauvais traitements au Québec, j'ai dû remettre en question leur sincérité. J'espère que mes collègues conservateurs expliqueront pourquoi ils ont voté de cette façon dans le temps qui leur est imparti.
J'aimerais parler des femmes qui ont perdu la vie, de la réponse du gouvernement pendant la pandémie, de la maladie qui est à l'origine de la violence contre les femmes et de la façon dont les parlementaires peuvent apporter le changement culturel nécessaire pour mettre fin à cette pandémie invisible.
Je me permets de citer les noms des sept femmes qui ont perdu la vie au Québec en sept semaines à peine. Elisapee Angma, âgée de 44 ans, était la mère aimante de quatre enfants. Marly Édouard, âgée de 32 ans, était une Canadienne d'origine haïtienne bien connue sur la scène musicale haïtienne et une ancienne gérante, productrice et animatrice de radio. Myriam Dallaire, âgée de 28 ans, était la jeune mère d'un précieux bambin de 1 an. Sylvie Bisson, âgée de 60 ans, était la mère de Myriam Dallaire. Nadège Jolicœur, âgée de 40 ans, était la mère de cinq enfants. Rebekah Harry, âgée de 29 ans, était la mère d'un fils de 9 ans et était décrite comme une bonne amie et un membre de la famille qui vivait sa vie à fond. Nancy Roy, âgée de 44 ans, était aimée et chérie des gens de son entourage. Ces femmes étaient aimées et elles nous manqueront.
Nous pleurons avec les Québécois et les Canadiens en deuil.
Une vie perdue est une perte de trop. Nous pleurons avec elles. Nous continuerons à placer les survivantes et les êtres chers perdus au centre de notre travail.
Il y a eu plus de 160 féminicides l'an dernier. Un décès, c'est déjà un de trop. Nous les pleurons, et nous continuons de placer les survivantes et les familles au cœur de notre travail.
Quand la pandémie a été déclarée, nous avons communiqué avec des leaders de partout au pays qui nous ont tous dit la même chose, c'est-à-dire que les taux de violence allaient augmenter. Quand nous leur avons demandé ce que devrait faire le gouvernement du Canada, ils nous ont dit qu'il fallait, le plus rapidement possible, fournir des fonds aux organisations qui seraient le dernier refuge des femmes et des enfants qui fuient la violence et les mauvais traitements, et c'est ce que nous avons fait. Grâce à un modèle novateur et inédit, nous avons réussi — avec nos partenaires, les provinces et les territoires, l'équipe d'Hébergement femmes Canada, la Fondation canadienne des femmes et le gouvernement du Québec, avec qui nous avons conclu une entente distincte — à fournir des fonds à ces organismes.
Plus d'un millier d'organismes au pays ont ainsi pu payer leur personnel, rester ouverts et obtenir l'équipement de protection individuelle, les produits de nettoyage et les ordinateurs portables requis pour fournir ces services essentiels. Je tiens à les remercier pour le travail qu'ils accomplissent. Nous avons réussi, grâce à eux, à éviter beaucoup d'autres tragédies. Près d'un million de femmes, d'enfants et de Canadiens non binaires ont pu y trouver refuge et y recevoir des soins pendant la pandémie. Au nom du premier ministre et du gouvernement du Canada, je souhaite remercier tous ces leaders qui vivent dans chacune de nos circonscriptions. Il nous serait impossible d'accomplir ce travail sans eux.
La violence fondée sur le sexe ne date pas d'hier. Des féministes, des survivantes et leurs familles se battent depuis des décennies pour que les choses changent. La pandémie a amplifié et intensifié les motifs de violence, et les gens subissent de la pression, mais la violence contre les femmes est inacceptable. Il s'agit d'une violation de leur dignité et de leurs droits fondamentaux, violation qui se répercute sur nous tous.
Le gouvernement collabore avec les provinces et les territoires pour mettre en œuvre un plan d'action national contre la violence sexiste. Nos partenaires de l'organisation YWCA, dirigée par Maya Roy, et nos partenaires de la coalition Blueprint, dirigée par Lise Martin, d'Hébergement femmes Canada, travaillent sur le terrain pour veiller à ce que les voix des femmes soient intégrées au plan d'action national.
Les provinces et les territoires ont accepté d'aller de l'avant avec ce plan. Nous nous sommes entretenus avec plus de 1 500 intervenants dans l'ensemble du pays et, au cours des cinq dernières années, nous avons augmenté le financement accordé aux organisations féminines de première ligne plus que tout autre gouvernement, et cinq fois plus que le gouvernement précédent. Nous avons créé des bureaux régionaux et nous avons levé le bâillon qui empêchait de trop nombreuses organisations féministes de militer au nom de leurs clientes et des personnes qu'elles servent.
Tout le long du processus, nous continuerons de compter sur des féministes déterminées de tout le pays, notamment en ce qui concerne les mesures de développement économique sur lesquelles travaille le gouvernement. Elles savent quoi faire. C'est grâce à elle que nous sommes arrivés à ce moment précis où les parlementaires tiennent une conversation courageuse, et nous continuerons de travailler avec elles jusqu'à ce que chaque femme et chaque enfant au pays soit en sécurité et libre de réaliser ses rêves et d'atteindre tout son potentiel.
Je vois que madame la présidente a pris place au fauteuil. Je me réjouis de votre leadership et des efforts que vous déployez pour défendre cette cause dans cette enceinte et au sein du caucus des femmes. Vous êtes un roc, et votre féminisme et votre militantisme nous rendent plus forts.
Nous n'avons pas toujours eu le courage de désigner par son nom la raison de cette violence, mais la masculinité toxique crée un environnement moins sécuritaire pour les femmes et enlève aux hommes leur dignité. La Chambre compte 238 hommes honorables, et je demande à tous les hommes de se joindre à nous pour contribuer à prévenir ces actes criminels évitables. Nous avons besoin d'eux. Pendant trop longtemps, les femmes ont porté le fardeau de la violence perpétrée contre elles, contre leur famille et contre leur corps. Toutefois, de plus en plus, nous voyons des hommes se déclarer nos alliés, comme mon ancien secrétaire parlementaire, qui défend cette cause de façon incroyable, et comme le premier ministre du Canada, qui partage ses pouvoirs et son espace avec d'autres femmes et qui nous encourage à être des cheffes de file et à nous montrer fortes dans notre défense des intérêts de celles dont la voix n'est pas entendue.
L'heure des comptes a sonné. L'heure est venue pour nous, parlementaires, de saisir l'occasion qui s'offre à nous de mettre fin à cette violence une fois pour toutes et aussi désagréable que cela puisse être en raison de la pandémie.
Il n'y a pas si longtemps dans la cour d'une école près d'où j'habite, une petite fille de 11 ans a reçu un coup de pied très violent d'un garçon parce qu'elle avait fait mieux que lui dans une épreuve sportive. Le garçon lui a dit qu'elle était grosse et laide et qu'elle n'avait pas d'amis. Les amis de la petite fille ont ri et elle s'en est allée en pleurant.
Ailleurs, dans une autre école pas très loin d'ici, un garçon de 14 ans qui ne savait plus quoi répondre dans une discussion difficile a dit à une fille de 14 ans qu'elle était trop laide pour se faire violer et il lui a demandé pourquoi elle se plaignait au sujet de la sécurité des femmes.
En quelques minutes, toute l'école dénonçait les propos du garçon. Les filles de l'école ont défendu la fille de 14 ans et ont dénoncé la masculinité toxique. Les adolescents se rendent compte qu'il existe des situations problématiques et ils les dénoncent. Il faut avoir le même courage et le faire également. Ils sont...
Mr. Chair,
[Minister spoke in Ojibwe, Anishinabe and Arabic as follows:]
boozhoo, aaniin, as-salaam alaikum.
I join from my home in Peterborough—Kawartha, where Curve Lake First Nation and our entire community are grieving the loss of Cileana Taylor, who lost her life due to an act of violence perpetrated against her by a man she knew.
I would like to thank my hon. colleagues for agreeing to this important discussion. I am not sure when the last time, or if there was a first time, the House of Commons had a take-note debate on gender-based violence. My team and I have been looking for that, but this is historic. I want to thank the Liberal women's caucus for sounding the alarm, our House leader for listening to us and for taking us seriously, and every single party in the House for agreeing to have this important conversation at this very important time in our history and for women.
These conversations are important and our government will continue to create spaces for them. However, this cannot just be about words, but has to be followed by action. When I see my Conservative colleagues vote against transferring essential funds to support women and children escaping violence and abuse in Quebec tonight, I have to question their sincerity. I hope my Conservative colleagues will account for why they voted the way they did in the time they have tonight.
I would like to talk about the women we lost, our government's response during the pandemic, the illness that causes the violence against women in the first place and how parliamentarians can lead the cultural shift necessary to put an end to this shadow pandemic.
Let me say the names of the seven women we lost in Quebec in just seven weeks. Elisapee Angma, 44 years old, was the loving mother of four children. Marly Edouard, 32 years old, was a Haitian Canadian well known in the Haitian music scene and a former manager, producer and radio host. Myriam Dallaire, 28, was the young mother of a precious one-year-old child. Sylvie Bisson, 60 years old, was Myriam Dallaire's mother. Nadège Jolicoeur, 40 years old, was the mother of five children. Rebekah Harry, 29 years old, was the mother of a nine-year-old son and was described as a good friend and family member who lived life strongly. Nancy Roy, 44 years old, was loved and cherished by those around her. These women were loved and they will be missed.
To Quebeckers and to Canadians grieving, we grieve with them.
One life lost is too many. We grieve with them. We will continue to put survivors and the loved ones we lost at the centre of what we do.
We lost more than 160 women to femicide last year, and one life lost is too many. We grieve with them and we will continue to keep survivors and families at the centre of our work.
When the pandemic was first declared, we reached out to leaders across the country, and they all said the same thing: They warned us the rates of violence would go up. We asked what the Government of Canada should do and they said we should get funds as quickly as we could into the bank accounts of organizations that would be the last stop for women and children fleeing violence and abuse, and we did that. Through an innovative model that had never been done before, we were able, with our partners, provinces and territories, the women's Shelters Canada team, the Canadian Women's Foundation and a separate agreement with the Government of Quebec, to get got money into bank accounts.
Over a thousand organizations in this country have been able to keep their staff paid, their doors open and to get the PPE, cleaning supplies and the laptops necessary to provide this critical care. I thank these organizations for their care. Because of them, we managed to prevent many, many more tragedies. Close to a million women, children and non-binary Canadians have been able to find care and refuge through these organizations during the pandemic. On behalf of the Prime Minister and the Government of Canada, I would like to thank these leaders. They are in every single one of our ridings, and we could not do this work without them.
The issue of gender-based violence is not new. For decades, feminists, survivors and their families have been advocating for change. The pandemic has magnified and intensified the reasons for the violence, and people are under pressure, but violence against women is unacceptable. It is a violation of their dignity and human rights, and it costs all of us.
Our government is working with provinces and territories to move forward on a national action plan on gender-based violence. Our partners at the YWCA, led by Maya Roy, and our partners with the Blueprint coalition, led by Women's Shelters Canada's Lise Martin, have been out there ensuring that the voices of survivors are fed into our national action plan.
Provinces and territories have agreed to move forward. We have spoken with over 1,500 stakeholders across the country, and over the past five years we have increased funding to frontline women's organizations more than any other government, and five times more than the previous government. We have opened up regional offices and have lifted the gag order that prevented too many feminist organizations from advocating for their clients and those they serve.
Every step of the way, including with the economic development measures that our government is working on, we will continue to rely on strong feminists across this country. They know the way. They have brought us to this moment in time when parliamentarians are having this courageous conversation, and every step of the way we will continue to work with them until every woman and child in this country is safe and free to achieve her dreams and reach her full potential.
I see that Madam Speaker has taken the Chair. I appreciate your leadership and advocacy in this chamber and in the women's caucus. You are a rock, and your feminism and advocacy strengthen the rest of us.
We have not always been brave enough to call the reason for this violence what it is. We have not always been brave enough to name it, but toxic masculinity is creating less safety for women, and it is robbing men of their dignity too. There are 238 honourable men in the House, and I am calling on all men to join us to help fight this preventable crime from happening in the first place. We need them. For too long, women have carried the burdens of violence against them, their families and their bodies, but more and more we are seeing guys step up as allies, like my former parliamentary secretary, who has been incredible in his advocacy, and like the Prime Minister of Canada, who shares power and space with other women and encourages us to lead and be strong in our advocacy for those who do not have a voice at the table.
There is a reckoning happening, and this reckoning requires us as parliamentarians to ensure that we seize the moment that has been offered to us, unpleasantly so because of the pandemic, to put an end to this violence once and for all.
Not too many days ago on a schoolyard not too far from where I live, an 11-year-old girl was kicked in the hips really hard by a boy because she had outperformed him on the sports field. He told her that she was fat and ugly and that she had no friends. Her friends laughed, and she left that place crying.
In another place, in another school not too far from here, a 14-year-old boy, when cornered in a difficult conversation, told another 14-year-old girl that she was too ugly to be raped and asked her why she was even debating with him the safety of women.
Within a matter of minutes, the entire school was calling him out. The girls had circled the wagons around this 14-year-old girl and they were calling out the toxic masculinity. Our teenagers are seeing this and they are calling it out. We have to be courageous enough to do just that. They are—