De fait, madame la Présidente, je reconnais que c’est ma faute. Puisque les députés ont l’amabilité d’applaudir et de manifester encore autant d’enthousiasme 10 ou 11 heures après le début du débat, je crois que vous me suggérez de cesser de parler quand ils applaudissent. C’est ce que je vais faire.
M. Robert Chisholm: Merci, madame la Présidente, de ce rappel à l’ordre.
M. Peter Julian: Je remercie la Présidente qui, comme d’habitude, gère les affaires de la Chambre avec une dignité, un doigté et une rigueur remarquables. Nous la remercions du service qu’elle rend au pays dans le fauteuil de la présidence.
J’ai reçu une autre lettre très éloquente du Manitoba. Nous avons mentionné la question du travail manuel à plusieurs reprises. Elle a été évoquée précédemment, quand j’ai cité un intervenant qui travaille pour un service d’installation de couvre-sol.
Hier, un certain nombre de personnes représentant les métiers manuels nous ont fait part de leurs opinions. Des travailleurs manuels nous ont écrit parce que le budget envisage de porter l’âge de la retraite de 65 à 67 ans. Selon eux, cette mesure créera de graves difficultés à de nombreuses personnes âgées qui ont travaillé toute leur vie dans les métiers et dont le corps n’en peut tout simplement plus.
Plus tôt aujourd’hui, j’ai cité une lettre d’une grande éloquence, dans laquelle une électrice de la vallée de l’Annapolis nous disait très clairement que si le gouvernement relève l’âge de la retraite, elle prévoit qu’un bien plus grand nombre d’aînés devront continuer de cueillir des bleuets pour pouvoir se loger. C’est une honte que le gouvernement envisage ainsi de favoriser des niveaux sans précédent de pauvreté au Canada en raison de politiques gouvernementales délibérées.
Des Canadiens de tout le pays nous présentent des arguments éloquents. Ils s’expriment tout simplement et ils utilisent pour ce faire le courriel, les gazouillis et les messages sur Facebook. Ils demandent au gouvernement de les écouter parce que son projet aura de lourdes conséquences sur leurs vies. Ils disent au gouvernement qu’il les obligera à travailler deux années de plus s’ils en sont capables ou, s’ils ne le peuvent pas, à vivre dans la pauvreté. Le gouvernement leur offre le pire des choix. Ces personnes ont consacré toute leur vie à leur collectivité et à leur pays, et voilà que le gouvernement relève l’âge de la retraite et le fait passer de 65 à 67 ans.
Les députés se souviendront de l'analyse qui démontrait que le gouvernement a tout simplement tort d'affirmer que les pays membres de l'OCDE portent l'âge de départ à la retraite à 67 ans. Mes collègues néo-démocrates se rappelleront qu'il n'était question en fait que d'une poignée de pays. Oui, certains ont haussé l'âge de la retraite. Or, ils ne l'ont pas fait passer de 65 à 67 ans, mais de 62 ou 63 ans à 65. Le Canada ne suit pas la tendance des pays industrialisés de l'OCDE. Il est à côté de la plaque. Trois quarts des pays membres de l'OCDE ont fixé l'âge de la retraite à 65 ans au plus. Sous la gouverne des conservateurs, le Canada manifeste un manque de respect envers les personnes âgées quasi inégalé à l'étranger.
M. Robert Chisholm: Nous voulons faire comme la Grèce.
M. Peter Julian: Le gouvernement se plaît à dire que la Grèce a fait pire. Eh bien, lui semble faire tout en son pouvoir pour abaisser la qualité de vie au niveau peu enviable d'autres pays dont nous avons entendu parler.
Voici ce que Manning Blair a écrit à un député néo-démocrate:
Vous nous avez demandé ce que nous pensions du budget. Je n'habite pas dans votre circonscription. Je suis pris avec un député conservateur, ce qui fait que je m'en remets à d'autres députés choisis au hasard.
La première chose qui me frappe c'est qu'étant un col bleu de 47 ans qui fait de l'arthrite, je devrai travailler deux années de plus. Je suis vraiment ravi. J'ai déjà changé de métier parce que conduire un camion est moins exigeant physiquement que de travailler dans la construction et j'espère bien que mon état de santé me permettra de passer l'examen médical jusqu'à 67 ans, sinon, je suis fichu. Bien entendu, ayant traversé la période destructrice du gouvernement Mulroney et ayant dû subir les conséquences de la gouvernance de Grant Devine en Saskatchewan et de Gary Filmon au Manitoba, ma situation financière au départ était incertaine et je n'ai jamais vraiment pu économiser beaucoup. J'ai été victime de plusieurs mesures de compression et de rajustement de l'effectif. En raison de l'incompétence des gouvernements conservateurs fédéraux et provinciaux en matière financière, le Régime de pensions du Canada représentait pratiquement la seule possibilité que j'avais de prendre ma retraite à 65 ans. Pourtant, je suis en meilleure posture que bien d'autres. J'ai fini de payer ma maison et je peux toujours accepter un peu de travail ici et là en aménagement paysager ou en menuiserie. N'empêche que je souffre le martyre en raison de l'arthrite, qui m'avait amené à cesser de faire ce genre de travail à plein temps et à me tourner vers le camionnage, mais j'y arrive. En ce moment, je suis tellement contrarié que je peux le faire uniquement à l'occasion. J'ai appris très jeune à travailler et à être autonome, mais ce...
Il n'utilise pas le mot « gouvernement ». Il utilise un mot qui est non parlementaire, mais nous arrivons à comprendre sa frustration.
[...] Je ne continuerai certainement pas à payer pour leurs escroqueries et leurs pots-de-vin.
La deuxième chose qui me frappe dans ce budget, ce sont les attaques constantes contre la science. J'ignore exactement pourquoi les conservateurs détestent tant la science, mais quelque chose me dit que c'est parce qu'elle contrarie à la fois leurs convictions et leur instinct tordu de cupidité à court terme. Qui sait, peut-être bien que le gène qui fait de quelqu'un un conservateur en fait aussi...
Je ne peux pas terminer la phrase, mais cet homme dit qu'il pense que cela rend moins intelligent. Puis, il ajoute:
S'ils finançaient la science adéquatement, peut-être que nous pourrions trouver un remède contre le conservatisme...
À l'évidence, si l'on en juge par les courriels que nous recevons, de nombreux Canadiens apprécieraient cela. Il dit aussi:
La haine des conservateurs à l'égard de la science est vraiment manifeste dans ce budget. Ils suppriment le financement accordé à la science pure et ils veulent qu'elle serve plutôt à alimenter la cupidité des grandes sociétés.
Comme il le dit, nous devons veiller à investir dans la science. Puis, il ajoute:
Ce qui m'inquiète le plus, c'est le réchauffement climatique et la disparition rapide des abeilles. Il y a d'autres choses, bien entendu, mais ces deux éléments sont très importants pour moi. Ce budget ne contient rien pour l'environnement. Les attaques soutenues du premier ministre contre le climat sont très bien documentées, et les compressions des investissements dans la science ainsi que l'assouplissement de la réglementation environnementale aggraveront la situation.
Vous avez demandé que je vous fasse part de mon opinion, la voilà. Continuez de vous battre pour nous.
Nous le ferons certainement. Nous continuerons à défendre les Blair du pays. Cela ne fait aucun doute.
Je viens tout juste de recevoir un autre gazouillis: « De nombreux anciens combattants de la campagne en Afghanistan ne seront pas admissibles aux prestations de la Sécurité de la vieillesse avant d'avoir 67 ans, contrairement aux anciens combattants des guerres précédentes. Eux aussi méritent d'être traités équitablement. » Nous soutenons certainement cela.
Les Canadiens nous inondent de messages. J'aimerais vous lire les courriels de deux habitants de Victoria. Plus tôt, j'ai rendu hommage à la députée de Victoria.
Voici ce qu'a écrit une personne de Victoria:
Le budget de 2012 des conservateurs m'inquiète beaucoup. Je me sens particulièrement menacé par la soi-disant rationalisation du processus décisionnel législatif concernant les projets d'exploitation et par les coupes à CBC/Radio Canada. Sans parler de la quasi absence de toute mesure en matière d'éducation, de logement, d'environnement et de transport. Je crois que les décisions prises par les conservateurs dans ce budget sont antidémocratiques. Ils limitent les réunions publiques partout au pays, rendant le processus décisionnel encore plus hors de la portée des gens, et cachent les sujets qui seront traités dans le budget. Ils bradent notre pays et érodent tout ce qui est cher aux Canadiens que je connais.
M. Swinden, de Victoria, écrit ceci:
Ce qui me nuit le plus, c'est le taux d'imposition de 15 p. 100 dont le gouvernement frappe les prestations de la Sécurité de la vieillesse. En tant que bénéficiaire du Supplément de revenu garanti, et donc personne à faible revenu, je m'oppose au fait de devoir rembourser ce que je reçois. Je devrais pouvoir utiliser cet argent pour payer des choses essentielles comme un examen de la vue ou un matelas neuf pour pouvoir mieux dormir, sans parler des soins dentaires et des médicaments. Je suis aussi outré par le fait que le gouvernement ne tient pas ses promesses. Pour mieux répartir les revenus, il faudrait augmenter la Sécurité de la vieillesse des retraités à faible revenu, en particulier ceux qui reçoivent le Supplément de revenu garanti, afin de leur permettre de faire face à la hausse du coût de la vie et de vivre de façon décente et confortable dans une sécurité matérielle raisonnable.
C'était un autre commentaire sur la Sécurité de la vieillesse provenant de Victoria, en Colombie-Britannique. Passons maintenant à d'autres commentaires.
Mme Hamilton de Scarborough, en Ontario, écrit ceci:
En outre, le budget ne tient pas compte des besoins des jeunes, surtout en ce qui a trait à des possibilités accrues d'emplois et de formation et à une baisse des frais de scolarité, il fait fi de l'environnement en imposant des délais visant les études environnementales des nouveaux projets d'exploitation des ressources naturelles et en ne montrant pas une once de leadership en matière d'environnement, il se décharge de sa responsabilité de chef de file dans le domaine de la santé, il ne prévoit rien pour diminuer l'écart grandissant entre les riches et les pauvres et il réduit les fonds destinés aux arts en ciblant stratégiquement des groupes qui expriment un point de vue critique à l'égard du statu quo: CBC/Radio-Canada, l'Office national du film et Téléfilm Canada.
Une personne de la région de Toronto mentionne que le budget fédéral ne s'attaque pas au problème de la hausse des prix de l'essence, surtout à Toronto. Elle ajoute que le gouvernement: « croit que son programme d'infrastructure est adéquat. La Fédération canadienne des municipalités et l'Association canadienne du transport urbain réclament une stratégie nationale d'investissement pour étendre le réseau des transports en commun, stratégie à laquelle participeraient les administrations fédérale, provinciales et municipales, et qui disposerait d'un financement qui lui serait propre. Ce budget ne tient pas compte de cette demande. »
Le député de Dartmouth—Cole Harbour gère tous ces messages de manière admirable. Il fait un excellent travail.
Voici un autre message du Grand Toronto concernant le budget. Mme Blais, qui est propriétaire d'une petite entreprise, écrit ceci:
Je suis mécontente qu'on accorde une fois de plus des allégements fiscaux aux grandes entreprises, alors que les personnes les plus vulnérables de la société — les aînés, les enfants et les personnes à revenu faible ou moyen — sont les plus durement touchées. Le Canada a la possibilité, à l'heure actuelle, de jouer un rôle de chef de file mondial pour ce qui est du développement humain, de la tolérance et de la construction d'un monde meilleur, mais le gouvernement actuel n'en a cure, car il semble déterminé à devenir une copie conforme du Parti républicain des États-Unis.
Nous sommes accablés par ce gouvernement majoritaire. Je ne crois pas qu'on puisse faire grand chose pour le faire changer d'avis, ou pour l'amener à suivre une autre voie que celle qu'il est résolu à suivre. Je trouve cela pour le moins effrayant. Le gouvernement engage le Canada sur une voie qui profitera aux grandes entreprises, il creuse un fossé grandissant entre les classes sociales, il est en bonne voie d'éliminer la classe moyenne, et dans certains cas, nos aînés seront condamnés à la famine, tandis qu'un nombre grandissant de personnes atteintes de maladie mentale sont intégrées à un système carcéral qui ne les aidera pas à se réadapter. Il fut un temps où le Canada était meilleur que les États-Unis. Malheureusement, il est en train de devenir une piètre copie de son voisin du Sud.
Ce sont là les propos d'une autre Canadienne.
À Victoria, en Colombie-Britannique, d'autres personnes affirment que les décisions prises par les conservateurs sont antidémocratiques. Ces gens disent que les conservateurs limitent les renseignements auxquels les médias nationaux ont accès, qu'ils écartent plus que jamais les Canadiens du processus décisionnel et qu'ils dissimulent des questions liées au budget. Beaucoup de Canadiens s'inquiètent de cette situation.
Un résidant de la région de St. John's se dit préoccupé par l'élimination du crédit d'impôt pour emploi à l'étranger. Cette personne fait valoir que cette mesure entraînerait la perte, dans l'immédiat et dans l'avenir, d'un grand nombre de travailleurs canadiens qualifiés et très bien formés. Beaucoup quitteront notre grand pays. À défaut de ce crédit d'impôt, beaucoup d'entreprises canadiennes qui ont des activités à l'étranger, et qui rapportent beaucoup de capitaux au Canada, ne seraient pas en mesure de maintenir leurs effectifs actuels. Il leur serait alors impossible de poursuivre leurs activités dans des pays du tiers monde, ce qui représenterait une perte énorme pour le Canada et les pays concernés. Cela voudrait aussi dire que les canadiens travaillant à bord de navires subiraient une double imposition. Parce que cette mesure réduirait les effets de tout plan de création d'emplois, cet homme dit que nous devons collaborer en vue de maintenir ce programme. C'est ce qu'il a dit à son député, le député de St. John's-Sud—Mount Pearl. Voilà un autre problème qui a été soulevé.
Une personne d'Edmonton, en Alberta, a écrit ce qui suit:
J'ai remarqué que le ministre fédéral des Finances, dans son budget déposé le 28 mars 2012, n'a pas prévu éliminer les échappatoires qui permettent aux Canadiens ultra-riches d'éviter de payer leur juste part d'impôt. Grâce aux paradis fiscaux et aux lois fiscales ambiguës, ces Canadiens fortunés conservent d'immenses sommes d'argent que l'on pourrait utiliser pour financer des programmes sociaux et le renouvellement des infrastructures.
Je veux revenir sur l'annonce importante qui a été faite ce matin, mais laissez-moi d'abord lire un commentaire qui provient de la circonscription d'Honoré-Mercier.
Cette dame dit ceci:
« Ayant pris connaissance du budget annoncé cette semaine, je désire porter à votre attention les points suivants. Premièrement, il ne fait aucun doute qu'en se montrant incapable de respecter les objectifs du millénaire, le gouvernement abandonne les pays en développement. Consacrer 0,7 p. 100 de son PIB à l'aide au développement est une mesure concrète pouvant permettre aux pays sous-développés d'améliorer leur sort. Je trouve regrettable de constater que le Canada n'est pas en mesure de montrer l'exemple à ce chapitre.
« Deuxièmement, le gouvernement nous prend pour des imbéciles quand il affirme qu'en supprimant 20 000 postes de fonctionnaires, il sera en mesure de ne pas couper dans les services aux citoyens.
« Troisièmement, ce gouvernement choisit très mal ses priorités en optant pour l'achat d'avions de chasse F-35.
« De qui avons-nous peur au juste pour effectuer ces achats à un moment où le gouvernement cherche à éliminer son déficit. Pour ma part, ce n'est pas l'attaque d'un autre pays dont j'ai peur, mais plutôt de ce gouvernement, une attaque contre mon propre pays. »
Je remercie cette dame de la circonscription d'Honoré-Mercier de sa lettre. Bien sûr, quand le gouvernement dit qu'en supprimant 20 000 postes de fonctionnaires cela ne mènera pas à des réductions dans les services, c'est justement ce qu'on contredit depuis un certain temps et c'est un problème majeur.
On vient de confirmer cela. Les pertes d'emplois dans le secteur public seront ramenées au même niveau que les pertes d'emplois dans le secteur privé.
Il y a quelques heures, comme vous le savez, on a reçu une analyse de l'Association canadienne des employés professionnels. Selon cette analyse, les 19 700 pertes de postes dans la fonction publique — auxquelles a fait référence Mme Tremblay — provoqueront une perte de plus de 40 000 postes dans le secteur privé. Mis ensemble, on parle de 60 000 emplois perdus partout.
Il faut bien comprendre ce qui vient d'arriver. Durant l'automne, on a perdu des emplois à vue d'oeil, un peu partout. Il y a eu des fermetures d'usines et de toutes sortes d'entreprises. On a perdu Mabe, Electro-Motive, Aveos — même si les gens tentent de continuer leur travail — et la mine Brunswick. Dans toute une gamme d'entreprises canadiennes, on a perdu des postes, les uns après les autres.
Avec Electro-Motive, on a perdu 465 emplois; avec Aveos: 2 600 emplois; avec Ocean Choice International à Terre-Neuve — mon collègue de St. John's-Sud—Mount Pearl le sait bien —, on a perdu des centaines d'emplois. Avec Maple Leaf Foods, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et à Coquitlam, on perdra 1 550 emplois d'ici 2014. Avec AstraZeneca, on a perdu 132 emplois; avec Bick's Pickles: 150 emplois; avec XL Foods à Calgary: 500 emplois; avec Sunoco: 102 emplois.
Mme Carol Hughes: Qu'est-ce que les conservateurs ont fait avec ça?
M. Peter Julian: Absolument rien, ils n'ont fait aucun pas.
Avec Navistar, on a perdu 350 emplois; avec Ford à St. Thomas: 1 100 emplois; avec NewPage en Nouvelle-Écosse: 1 000 emplois. Avec Mabe, comme je l'ai mentionné, ce sera 700 emplois perdus d'ici 2014.
C'était donc un automne catastrophique.
Il y a eu des pertes d'emplois partout au pays, dont des emplois manufacturiers. Comment le gouvernement a-t-il réagi après toutes ces mises à pied? A-t-il dit qu'il devait maintenir les services? Non. Il va plutôt éliminer 19 700 emplois. Des familles canadiennes perdront leur gagne-pain, mais en plus, on perd ces emplois. Au NPD, nous disons très clairement que les familles canadiennes méritent mieux que les réductions de postes annoncées dans le budget. Les familles canadiennes méritent vraiment mieux que ça.
Voilà ce que les conservateurs ont fait. À la suite de toutes ces pertes d'emplois et de ces fermetures d'usines, des membres du caucus du NPD ont pris la parole ces dernières semaines pour dénoncer la situation. Nous savons que, lorsqu'une usine ferme et que le gouvernement reste les bras croisés, il y a un effet domino dans la région visée. Dans le cas d'Aveos, par exemple, 2 600 emplois ont été perdus et le gouvernement ne fait rien; il faut donc s'attendre à ce que des milliers d'autres personnes se retrouvent aussi sans travail. Voilà ce que le gouvernement semble incapable de saisir.
Vendredi dernier, j'ai parlé du bilan économique du gouvernement conservateur. Il est consternant de voir tout le tort qu'a causé le gouvernement en si peu de temps. Les députés conviendront que si nous recevons tant de commentaires négatifs au sujet des pertes d'emplois prévues dans le budget et de la direction prise par le gouvernement, c'est parce que les Canadiens comprennent que les conservateurs ne tiennent aucunement compte des principes de base de l'économie.
Nous avons énoncé un certain nombre de réalisations du gouvernement qui ne figurent pas dans les notes d'allocution qui sont préparées par le bureau du premier ministre à l'intention des députés conservateurs. Pourtant, elles devraient y figurer car elles ont bel et bien été accomplies par le gouvernement, et nous ne pouvons pas nous permettre d'avoir un gouvernement qui ne s'appuie pas sur des faits. Nous constatons que les compressions budgétaires visent les Premières nations, avec l’élimination de l'Institut de la statistique des Premières nations. On élimine également le Conseil national du bien-être social et on punit Statistique Canada par des réductions drastiques. Le gouvernement préfère adopter des politiques publiques qui ne sont pas fondées sur les faits. Notre parti, lui, estime que c’est à partir des faits qu’on doit élaborer les politiques publiques. C'est ce qui distingue nos deux partis. Je peux vous dire que les Canadiens attendent avec impatience le 20 octobre 2015, quand le premier gouvernement néo-démocrate de l'histoire de notre pays sera porté au pouvoir. Les Canadiens peuvent être sûrs que nos politiques seront fondées sur des faits et qu’elles ne seront pas le fruit de l'imagination du bureau du premier ministre.
Quels sont les faits? Quelles sont les réalisations du gouvernement?
Signalons, parmi ces réalisations, que le Canada accuse aujourd'hui le plus gros déficit en matière de marchandises de toute son histoire, à cause de l'affaiblissement du secteur manufacturier, du jamais vu chez nous. Le gouvernement a réussi à faire quelque chose qu'on n’aurait jamais pu imaginer: le pire déficit sur marchandises de toute l'histoire du Canada. Bien sûr, il va nous dire que cela n'a pas d'importance car nous nous débrouillons très bien pour exporter nos matières premières: des minerais, du bitume brut et des grumes. Mais quand on tient compte de l'ensemble de nos exportations, on constate que le déficit sur marchandises correspond à l'écart qui existe entre les produits manufacturés que nous exportons et ceux que nous importons. Nous ne fabriquons plus ces produits manufacturés.
Voyons maintenant le déficit global, ce qu'on appelle le déficit courant de la balance des paiements. Là aussi, c'est le pire qu'on ait jamais enregistré de toute l’histoire canadienne.
S'agissant du commerce des marchandises, le gouvernement n'a pas de quoi se vanter. Après une décennie de noirceur et de division, le gouvernement conservateur accuse le pire déficit sur marchandises et le pire déficit courant de la balance des paiements de toute l'histoire du Canada. Voilà les réalisations du gouvernement, mais des réalisations douteuses.
Quoi d'autre? Pour ce qui est du nombre d'emplois dans le secteur de la fabrication, il atteint aujourd'hui le chiffre le plus bas qu'on ait jamais enregistré depuis qu’on compile des statistiques. La situation de l'emploi dans ce secteur est la pire qu'on ait jamais vue, et voilà pour la troisième réalisation du gouvernement. Je récapitule: la pire situation de l'emploi dans le secteur manufacturier, le pire déficit en matière de marchandises et le pire déficit courant de la balance des paiements.
Quoi d'autre? Nous sommes en train d'atteindre des taux record en matière d'inégalité, puisque 20 p. 100 des Canadiens accaparent à eux seuls la majeure partie des revenus du pays et plus des trois quarts de ses ressources financières. Cela signifie que la quatrième réalisation du gouvernement se traduit malheureusement aujourd'hui par le pire taux d'endettement des ménages, de toute l'histoire de notre pays. Je résume: les pires résultats au chapitre des exportations, les pires résultats au chapitre de l'emploi dans le secteur manufacturier, et le pire niveau d'endettement des ménages. Voilà pour les réalisations économiques du gouvernement conservateur.
Les conservateurs nous diront qu'avec un budget qui nuit à l’emploi, à la croissance et à la prospérité, ils vont réussir à redresser la situation. C'est ce qu'ils vont prétendre, très certainement.
Voyons un peu ce qu'ils ont fait jusqu'à présent. J'ai déjà eu l'occasion de poser cette question, mais je vais la reposer à mes collègues car beaucoup sont nouveaux ici. J'aimerais simplement leur demander, vu les résultats obtenus par le Canada au cours des dernières années, ce qu'ils pensent de la croissance économique de notre pays par rapport aux autres pays industrialisés de la planète.
M. Robert Chisholm: Selon le gouvernement, nous occupons le premier ou le deuxième rang.
M. Peter Julian: Mon collègue de Dartmouth—Cole Harbour dit que le gouvernement est toujours en train de se vanter de battre des records. Le gouvernement cite le magazine Forbes, qui est un magazine super pour les milliardaires, mais nous, nous préférons écouter les Canadiens ordinaires.
Quelle est la performance des conservateurs pour ce qui est de la croissance projetée, par rapport aux autres pays industrialisés? Mes collègues disent que nous occupons le premier ou le deuxième rang, mais ce n'est pas le cas.
Qui parie que nous nous situons dans les cinq premiers rangs? Y a-t-il des preneurs?
Dans ce cas, y a-t-il des preneurs pour les dix premiers rangs? Il y a là-bas un conservateur qui dit qu'on doit être dans les dix premiers. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Nous ne sommes même pas dans les dix premiers.
Y a-t-il des preneurs pour les 12 premiers rangs, peut-être chez les conservateurs? Non.
En fait, pour ce qui est de la croissance projetée pour 2012, le Canada figure au 14e rang parmi les pays industrialisés. Ce n'est pas reluisant.
Peut-être que nous nous en sortons mieux au chapitre de la croissance globale, mais là encore, nous occupons le 14e rang des pays industrialisés, ce qui signifie que les pays industrialisés performent beaucoup mieux que nous.
Prenons l'ensemble des pays de la planète, c'est-à-dire les 200 et quelques pays du monde, et posons-nous la même question. Quel rang occupions-nous pour ce qui est de la croissance économique en 2011?
Qui parie que nous nous situons dans les dix premiers rangs? Bien sûr que c'est impossible, puisque nous sommes 14e parmi les pays industrialisés. Et pour les 20 premiers? Non. Je vois que mes collègues du NPD sont très astucieux, parce que, en effet, nous ne sommes pas parmi les 20 premiers.
Et les 30 premiers? Personne ne répond.
Et les 40 premiers, les 50 premiers, les 60 premiers? Et les 100 premiers? Toujours pas de preneurs?
Et les 120 premiers? Non.
Je vais vous dire: le Canada occupait le 130e rang pour ce qui est de la croissance économique en 2011. Autrement dit, il y a 129 pays qui ont affiché une meilleure croissance économique que le Canada en 2011.
M. Robert Chisholm: Les conservateurs ne le disent jamais. N'est-ce pas?
M. Peter Julian: Non, ils n'osent pas dire que nous occupons le 130e rang.
Je vais vous poser une autre question. Si les conservateurs se sont si mal débrouillés en 2011, ils ont dû se dire, avant de présenter ce budget, qu'ils devaient se préparer à faire mieux en 2012.
Le FMI, le Fonds monétaire international, établit un classement des perspectives de croissance économique pour 2012. J'ai ce classement sous les yeux. Alors, je pose la question suivante à mes collègues. Il me semble évident que le gouvernement devrait faire mieux en 2012, n'est-ce pas?
M. Robert Chisholm: Oh oui.
Mme Jinny Jogindera Sims: A entendre le ministre des Finances, on est toujours en train de faire mieux.
M. Peter Julian: Mes collègues pensent que le gouvernement doit s'être mieux classé en ce qui concerne la croissance projetée de l'économie en 2012. Mais le budget n'avait pas encore été déposé. Voyons voir.
Qui pense que nous sommes dans les 100 premiers? Personne?
Sommes-nous dans les 120 premiers?
Sommes-nous dans les 130 premiers? Non?
Mes collègues sont très sages, une fois de plus, car nous ne sommes pas dans les 130 premiers, pas plus que nous sommes dans les 140 premiers et même pas dans les 150 premiers.
Pour ce qui est de la croissance projetée de l'économie en 2012, nous occupons le 152e rang dans le monde. Cent cinquante et une nations font mieux que le Canada au chapitre de la croissance économique, et c'était avant le dépôt de ce budget.
Si j'en parle, c'est parce que le budget prévoit 19 700 pertes d'emploi dans la fonction publique. Mais d'après les calculs effectués par l'Association canadienne des employés professionnels, on voit quel est le coût réel de ce budget pour les emplois canadiens. Je vais vous lire ce communiqué; ça vient de sortir. C'est encore tout chaud. Je suis sûr que les conservateurs en obtiendront des copies — du moins je l'espère, car si ce n'est pas là la preuve que ce budget est mauvais, je ne vois pas ce qui pourrait l'être.
Selon une analyse effectuée par l'Association canadienne des employés professionnels, la compression des dépenses et des services à hauteur de 5,2 milliards de dollars annoncée dans le budget déposé à la Chambre la semaine dernière entraînera maintenant 40 825 autres pertes d'emplois dans le secteur privé, soit 19 700 pertes d'emplois dans le secteur public et 40 825 dans le secteur privé. Cela fait donc 60 000 familles qui perdent un gagne-pain au bout de six effroyables mois défavorables à l'emploi, résultat délibéré de la mauvaise gestion de l'économie par le gouvernement et de son irresponsabilité sur le plan budgétaire.
M. Robert Chisholm: On pourrait cependant penser qu'ils le savaient, n'est-ce pas?
M. Peter Julian: La question que pose mon collègue de Dartmouth—Cole Harbour est la suivante: « On pourrait penser qu'ils le savaient? »
Voici un gouvernement qui ne sait même pas combien ses prisons vont coûter, voici un gouvernement qui n'a absolument aucune idée du prix des F-35. Heureusement pour nous et pour les contribuables canadiens, le directeur parlementaire du budget a effectué une étude qui montrait qu'ils coûteraient 30 milliards de dollars, y compris les contrats d'entretien. Mais c'était bien avant tous ces autres problèmes liés aux F-35 dont parle, entre autres, le vérificateur général.
Le gouvernement n'a aucune idée du coût des F-35. Il ne sait pas combien le programme des prisons va coûter. Il est évident qu'il n'avait aucune idée qu'il allait jeter 60 000 Canadiens dans la rue, qu'on allait assister à ce qu'on ne peut qu'appeler le naufrage des emplois puisque plus de 60 000 familles perdent un gagne-pain.
M. Robert Chisholm: À propos des F-35, la situation s'assombrit pour eux, non?
M. Peter Julian: Oui, mon collègue de Dartmouth—Cole Harbour a absolument raison. Je pense qu'à la période des questions, qui va commencer dans une heure et demie environ, on entendra vraiment parler de ce fiasco des F-35.
L’Association canadienne des employés professionnels a utilisé un modèle économique mis au point par Statistique Canada pour analyser l’information contenue dans le budget fédéral de 2012, qui comprend des compressions de 5,2 milliards de dollars et la réduction de la taille de la fonction publique par l’élimination de 19 200 emplois.
Le modèle de Statistique Canada indique que les pertes d’emploi dans les secteurs public et privé toucheront dans une plus ou moins large mesure toutes les régions du Canada, et l’Association canadienne des employés professionnels a conclu que les compressions annoncées produiraient les pertes d’emplois suivantes, réparties par région.
Allons-y. Ces chiffres vont vraiment nous aider à saisir toute l’ampleur de ce qu’a fait le gouvernement. Je ne saurais dire s’il savait ce qu’il faisait ou pas, s’il comprenait ou non tout l’impact économique et l’effet multiplicateur de ses mesures. Il est toutefois parfaitement clair que lorsque les pertes d’emplois se chiffrent par dizaines de milliers, quand elles sont aussi massives, elles provoquent exactement ce que les agences de notation, Fitch et Moody's, et de très nombreux économistes avaient prédit. Après toutes les difficultés économiques que nous avons connues ces derniers mois, avec les fermetures d’usine que j’ai mentionnées précédemment, les pertes d’emploi, de dizaines de milliers d’emplois, les économistes, Fitch, Moody's et les agences de notation disaient tous qu’il ne fallait pas couper trop profondément, que si l’on jetait plus de travailleurs à la rue, on risquait de provoquer un ralentissement économique encore plus marqué.
Nous voyons maintenant les résultats. C’est exactement ce qui se passe. Voici les pertes d’emplois par région. En Colombie-Britannique, la province d’où je viens, 5 869 soutiens de famille britanno-colombiens n’auront plus d’emploi. J’ai bien dit 5 869. C’est le chiffre pour ma province, la Colombie-Britannique, et c’est catastrophique.
Je fais une comparaison. La dernière fois que nous avons parlé de pertes d’emplois aussi importantes, c'est à l'occasion de la capitulation de ce gouvernement mesquin concernant notre industrie du bois d’œuvre résineux. Nous avons lutté contre cette décision ici, à la Chambre, et je me suis aussi battu en comité. Je me souviens d’avoir parlé pendant 16 heures contre cette entente qui avait été terriblement mal négociée. Nous savions que cela allait entraîner des pertes d’emplois. Dans ma région, Burnaby—New Westminster, quelques semaines à peine après que le gouvernement a fait adopter de force cette entente qui sacrifiait notre industrie du bois d’œuvre, 2 000 emplois ont disparu. Trois usines ont été fermées.
M. Robert Chisholm: Est-ce que le gouvernement a dit qu’il était désolé?
M. Peter Julian: Non, le gouvernement n’a jamais présenté d’excuses aux travailleurs du secteur du bois d’œuvre qui ont perdu leur emploi, pas une seule fois. Il n’a jamais dit qu’il était désolé. Interfor, Western Forest Products et Canfor ont toutes fermé leurs portes à la suite de cette politique délibérée du gouvernement.
Nous avons ainsi perdu 2 000 emplois, et maintenant nous parlons de près de 6 000 emplois qui disparaîtront en Colombie-Britannique. C’est une véritable catastrophe. C’est ce que le gouvernement a fait, et il l’a fait délibérément.
Passons maintenant de l’autre côté du pays. Au Canada atlantique, le modèle économique élaboré par Statistique Canada et appliqué par l’Association canadienne des employés professionnels peut servir, parce que les compressions mesquines qui ont été dévoilées jeudi dernier n’ont pas encore été mises en œuvre. Nous pouvons donc toujours utiliser de tels modèles économiques. Nous pouvons encore nous appuyer sur les faits. Cela est extrêmement important. Nous avons encore les faits.
En fait, dans le Canada atlantique, le budget fera disparaître 6 758 emplois, si l'on tient compte de l'effet multiplicateur. En Colombie-Britannique, on parle de 5 869 emplois perdus, y compris 4 009 dans le secteur privé. Dans la région atlantique, ce sont 6 758 emplois qui disparaîtront, dont 4 286 dans le secteur privé.
Passons aux Prairies. Inutile de dire que les députés des Prairies représentant des circonscriptions conservatrices vont entendre parler de leurs électeurs. Le budget aura pour conséquence de faire disparaître dans les Prairies, soit en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba, 7 538 emplois, dont 4 886 dans le secteur privé. Déjà que les Prairies avaient été frappées durement par la politique du gouvernement qui a causé l'élimination de la Commission canadienne du blé. La réaction des agriculteurs face à cette situation est déjà connue. Ils ont lutté bec et ongles contre le gouvernement. Encore une fois, à propos des promesses faites avant le 2 mai, on se rappellera que le ministre de l’Agriculture avait déclaré: « Pas question. Ce sont les agriculteurs qui auront le dernier mot au sujet de la Commission canadienne du blé. Nous n'allons certainement pas imposer notre idéologie aux dépens des agriculteurs des Prairies. »
Les conservateurs ont été élus, et comme pour toutes les autres promesses rompues, ils ont rapidement oublié leur engagement envers les agriculteurs de l'Ouest. Ils ne les ont pas consultés. Lorsque les agriculteurs ont élu des représentants résolument en faveur de la Commission canadienne du blé, les conservateurs ont décidé de faire fi de la démocratie. Ils n'ont pas écouté les agriculteurs, pas plus que l'ensemble des habitants de l'Ouest. Ils ont plutôt imposé leur volonté et décidé à la place des agriculteurs de l'Ouest.
Ces derniers devront vivre avec le fait que le gouvernement a trahi ses engagements solennels. Que le premier ministre trahisse ses promesses n'est rien de nouveau.
Outre toutes les autres difficultés économiques, il semble que le gouvernement puisse uniquement exporter des minéraux bruts, du bitume brut et des billes de bois brutes. Le seul atout dont il dispose est l'exportation de matières premières brutes, et partant, d'emplois. À la suite de ce budget, l'Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba perdront au total 7 538 emplois, dont 4 886 sont dans le secteur privé. C'est une catastrophe pour les Prairies et pour l'Ouest du Canada. Lorsqu'on ajoute à cela les pertes d'emplois en Colombie-Britannique, c'est plus de 13 000 emplois qui se sont évaporés à cause du gouvernement. Il est incroyable que le gouvernement fasse preuve d'autant d'irresponsabilité. L'incidence du budget se fera sentir autant dans l'Ouest que dans le Canada atlantique.
Le gouvernement a agi de la façon la plus irresponsable possible en s'attaquant aux emplois. Ce n'est pas un budget qui nuit à l'emploi, à la croissance et à la prospérité. C'est un budget qui déclare la guerre aux emplois. C'est un budget qui répudie toute stratégie de création d'emplois. Plus de 60 000 emplois ont été perdus parce que le gouvernement est tellement irresponsable qu'il pense pouvoir appliquer une idéologie qui va tout régler. Si nous jetons un coup d'oeil au bilan économique du gouvernement, nous constatons qu'il a échoué en matière d'emplois et de salaires, puisque les Canadiens sont plus pauvres depuis son arrivée au pouvoir. Les salaires ont vraiment diminué au cours des dernières années, étant donné qu'ils n'ont pas suivi l'inflation. L'endettement atteint des niveaux records. Le gouvernement a aussi échoué pour ce qui est des exportations. Le niveau d'emploi dans le secteur manufacturier est le plus faible de notre histoire, c'est-à-dire depuis que nous tenons des statistiques. Et voilà maintenant que le gouvernement supprime des emplois dans tout le pays.
Une voix: C'est scandaleux.
M. Peter Julian: C'est scandaleux et c'est irresponsable. Les Canadiens comprennent ce qui se passe. J'ai cité les remarques formulées par des citoyens d'un bout à l'autre du pays qui sont préoccupés par l'orientation du gouvernement.
Je reviens aux classements avant de terminer le tableau. Après avoir supprimé des dizaines de milliers d'emplois, le gouvernement espère que la croissance économique va être supérieure aux projections du FMI, qui prévoit que le Canada va se classer au 152e rang. En effet, les conservateurs nous ont fait reculer jusqu'au 152e rang à l'échelle mondiale. Dans le domaine du sport, lorsqu'un entraîneur mène son équipe à la dernière place, il est congédié. Dans le cas d'un gouvernement qui fait glisser le Canada d'une position enviable jusqu'au 152e rang pour ce qui est de la croissance économique en 2012 — avant même d'avoir supprimé plus de 60 000 emplois —, le problème est d'une tout autre envergure. Dans ce cas, ce n'est pas l'entraîneur qu'il faut congédier mais bien toute l'équipe, et c'est exactement ce que les Canadiens vont faire le 20 octobre 2015.
Je remercie mes collègues de leur enthousiasme et de leur énergie. Leur attitude est typique des néo-démocrates en ce sens qu'ils font leur travail en déployant beaucoup d'énergie. C'est en partie parce que les Canadiens qui nous écrivent pour nous faire part de leurs préoccupations au sujet du budget nous donnent une bonne dose d'énergie. Ceux-ci sont conscients qu'un budget qui entraîne la suppression de 60 000 emplois dans les secteurs public et privé n'a rien de glorieux. En fait, le jour du budget, jeudi dernier, fut une journée sombre pour le Canada.
J'ai fait allusion aux plus de 13 000 emplois perdus dans l'Ouest canadien. J'ai parlé des 6 758 emplois perdus dans le Canada atlantique, qui comprend les belles provinces de Terre-Neuve-et-Labrador, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de l'Île-du-Prince-Édouard.
Après toutes les fermetures d'usine survenues au cours des derniers mois en Ontario et au Québec, il faut se demander ce qui s'est produit au Canada central.
Au Québec, les pertes d'emplois s'élèveront à 13 299 au total. Cette province a déjà été fortement frappée par toutes les mauvaises politiques gouvernementales qui ont mené à toutes ces fermetures d'usines partout au Québec, dans des régions industrielles comme Montréal, la Rive-Sud et la région de Québec. Et là, à cause des mauvaises politiques gouvernementales, on parle de 13 299 emplois perdus au total, dont 9 314 dans le secteur privé.
Nous vivons à une époque où il y a un certain ralentissement économique. Tout le monde, tous les économistes et des agences de cotation comme Moody et Finch préviennent le gouvernement que le fait d'éliminer des postes provoquera un ralentissement économique encore plus prononcé. Qui aurait pu penser que le gouvernement serait assez irresponsable et idéologique pour s'attaquer au secteur public et pour couper dans les services dont les gens ont besoin, et ainsi provoquer une crise économique encore plus grave que ce qu'on vit depuis des mois?
Quand des dizaines de milliers de postes sont éliminés, on s'entend pour dire que c'est une crise économique. Quand des dizaines de milliers de postes sont éliminés, c'est bien sûr une crise pour les communautés, pour ceux qui ne peuvent pas subvenir aux besoins de leur famille. Ces gens doivent trouver une façon de mettre de la nourriture sur la table et de garder leur logement. Pire encore, cela a un impact partout, sur les communautés, sur les régions. Si on élimine un poste dans la région de l'Estrie, par exemple, c'est Sherbrooke, toute l'Estrie et tout le Québec qui vont y goûter.
À cause des politiques délibérément mises en place par ce gouvernement conservateur, les Québécois et les Québécoises vont goûter 13 299 fois aux mauvaises politiques gouvernementales. C'est épouvantable. Le NPD croit que toutes les familles canadiennes méritent mieux que ce que le gouvernement vient de faire en éliminant des postes dans le budget. Elles méritent vraiment mieux que ça.
Et qu’en est-il de l’Ontario? Le gouvernement a fait disparaître plus de 13 000 emplois au Québec, plus de 13 000 emplois dans l’Ouest et près de 7 000 emplois dans le Canada atlantique. Qu’a-t-il fait au centre du Canada? Partout ailleurs, nous avons été témoins d’importantes pertes d’emplois.
Grâce au ministre des Finances et au premier ministre, à travers l’Ontario, dans le Sud-Ouest, le Nord, l’Est et la région de Toronto, 26 155 travailleurs canadiens des secteurs public et privé auront le cœur serré d’angoisse lorsqu’ils recevront leur avis de congédiement. Ils devront rentrer chez eux, parler aux membres de leur famille et essayer d’imaginer un moyen de survivre dans les mois et les années à venir parce qu’ils auront perdu leur emploi et que la situation économique se sera aggravée. Sur les 26 155 emplois perdus en Ontario, 18 199 sont dans le secteur privé.
Lorsque nous considérons tous ces emplois perdus, plus de 60 000 à l’échelle nationale, il devient clair que ce budget est une catastrophe économique. Tout le monde a averti le gouvernement au sujet des compressions. Les seuls qui semblent satisfaits de ces réductions sont ceux qui ne comprennent tout simplement pas l’effet multiplicateur des coupures effectuées dans le secteur public, ce sont les gens qui n’ont pas vécu ce qui s’est passé en Ontario lors de la crise de Walkerton et à d’autres moments. C’est ce qui se produit dans ce cas. Le gouvernement a consciemment et délibérément pris des mesures qui vont entraîner la perte de plus de 60 000 emplois.
Avant de passer à autre chose, je voudrais mentionner quelques autres chiffres que je juge importants.
Lorsque nous examinons l’ensemble des prétendues réalisations du gouvernement, nous ne pouvons qu’aboutir à la conclusion qu’elles sont douteuses. Il suffit de considérer les records enregistrés au chapitre des déficits d’exportation et de l'endettement familial, sans compter le nombre énorme d’emplois perdus. En repensant à la période qui a précédé mai 2008, avant la récession, nous constatons que le gouvernement n’a réussi à créer, net, qu’à peine 200 000 nouveaux emplois. Pour certains, c’est un véritable exploit, mais il ne faut pas perdre de vue que, dans la même période, c’est-à-dire de mai 2008 à ce jour, la population active s’est accrue de près d’un demi-million de travailleurs.
Il y a donc un déficit d’environ 300 000 emplois. Cela signifie que les Canadiens sont partout à la recherche d’un emploi, frappant en vain à toutes les portes à cause de ce déficit de 300 000 emplois. Ils sont découragés, mais ils essaient encore. Tout cela découle des efforts douteux déployés par le gouvernement dans le domaine de la création d’emplois. On nous lance de grands chiffres, mais ce ne sont que les résultats des tours de passe-passe auxquels le gouvernement se livre lorsqu’il calcule le budget des prisons ou celui des F-35. Le gouvernement dit que tout va bien et nous lance des chiffres que personne ne peut confirmer. Il écrit ses politiques publiques sur le dos d’une enveloppe, mais il ne peut pas continuer à inventer des chiffres. Il devra reconnaître les faits. Comme nous l’avons déjà mentionné, le budget élimine tous les organismes fédéraux chargés de faire des enquêtes. Le gouvernement ne se sert pas de faits. Il préfère la fiction.
Parlons un peu de cette carence de l’emploi, sur les plans tant de la quantité que de la qualité. Les quelques emplois qui ont été créés depuis l’arrivée au pouvoir de ce gouvernement, depuis six ans, paient 10 000 $ de moins par année que les emplois que nous avons perdus. Des centaines de milliers d’emplois ont disparu. Nous en avons récupéré quelques-uns, mais les emplois perdus étaient des emplois du secteur manufacturier, des emplois qui faisaient vivre les familles. C’était des emplois bien rémunérés, à valeur ajoutée, dans le secteur manufacturier qui faisaient bien vivre des familles.
Les députés le savent bien, nous n’avons jamais eu aussi peu d’emplois dans le secteur manufacturier, nous en avons encore moins qu’il y a 40 ans, alors que la population était beaucoup moins importante qu’aujourd’hui. Le gouvernement a laissé disparaître ces bons emplois qui assuraient la subsistance des familles. Et qu’a-t-il obtenu? Des emplois à temps partiel, des emplois temporaires et des emplois qui rapportent 10 000 $ de moins par année.
M. Robert Chisholm: Et maintenant, il modifie l’assurance-emploi.
M. Peter Julian: Monsieur le Président, comme mon collègue, le député de Dartmouth, le fait remarquer, le gouvernement modifie également l’assurance-emploi.
C’est un bilan économique absolument catastrophique. Les banquiers et les propriétaires de sociétés pétrolières sont évidemment très satisfaits de l’approche gouvernementale. Par contre, la majorité des Canadiens ne sont pas aussi bien nantis, et la plupart doivent se démener chaque jour pour arriver à joindre les deux bouts, pour trouver et combiner assez de petits emplois à temps partiel pour avoir un revenu suffisant pour faire vivre leur famille. Ils raclent les fonds de tiroir et ils économisent pour pouvoir payer les études de leurs enfants et peut-être aussi les médicaments et les soins de santé dont certains membres de la famille ont besoin. Ils s’efforcent de boucler leur budget et ils attendent avec impatience le jour où ils pourront prendre leur retraite et profiter de la vie, parce qu’ils travaillent sept jours par semaine. Avec ce budget, le gouvernement conservateur vient de leur retirer même cet espoir, parce qu’il faudra maintenant travailler deux années de plus.
Dans le contexte de toutes ces réalisations douteuses, examinons encore quelques statistiques qui montrent à quel point le gouvernement gère mal le pays. Je ne vais pas utiliser les statistiques d’avant l’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur, en 2006, mais plutôt celles du règne des conservateurs, de 2007 à 2011. Premièrement, je pose une question au sujet de l’évolution du PIB réel par habitant. Autrement dit, pour ce qui est de la croissance du produit intérieur brut par habitant, est-ce que le Canada s’en est bien tiré?
Je demande à mes collègues s’ils croient que nous nous classons parmi les cinq premiers.
Des voix: Non.
M. Peter Julian: Pensent-ils que nous nous classons parmi les dix premiers?
Des voix: Non.
M. Peter Julian: Parmi les 12 premiers?
Des voix: Non.
M. Peter Julian: Mes collègues sont des sages. Alors, sommes-nous parmi les 15 premiers?
Mme Ruth Ellen Brosseau: Oui.
M. Peter Julian: Oui. La députée de Berthier—Maskinongé est notre gagnante. Nous venons au 17e rang des pays industrialisés pour ce qui est de l’évolution du PIB réel par habitant, c’est là le résultat de la gestion du gouvernement conservateur entre 2007 et 2011. C’est une bien piètre performance. Les conservateurs vous diront que c’est mieux que notre 152e place au classement de la croissance économique mondiale. Pourtant, ce n’est pas beaucoup mieux, car nous parlons d’un groupe plus petit, notre situation relative n’est pas plus brillante. Les pays industrialisés ne sont pas très nombreux, et une 17e place n’a rien de glorieux. Toutefois, il y a pire encore. Nous sommes peut-être au 17e rang, mais notre PIB réel par habitant a diminué depuis l’arrivée des conservateurs au pouvoir, il a fléchi de 1,4 p. 100. Notre PIB par habitant n’a pas augmenté, il a diminué sous la gouverne des conservateurs. Si cela n'illustre pas clairement l’échec du gouvernement, je ne sais pas quoi ajouter de plus. Nous accusons un net retard relativement à tous les pays industrialisés et nous avons une croissance négative du PIB par habitant, puisqu'elle a diminué de 1,4 p. 100.
Voyons maintenant les changements du taux d'emploi. Pour la même période, toujours dans les pays industrialisés, mes collègues croient-ils qu'on soit dans les trois premiers pays? Non? Ils ne sont pas certains? Faisons-nous partie des cinq premiers pays? Non? Peut-être sommes-nous dans les 10 premiers pays? Non, pas du tout? On espère bien, mais ce n'est pas le cas. Faisons-nous partie des 12 premiers pays, des 15 premiers pays?
Malheureusement, c'est la même chose: le Canada se trouve en 17e place. Pour la période conservatrice de 2008 à 2011, le Canada se classe 17e parmi les quelques pays industrialisés. Là encore, ce qui est important, c'est que le Canada a une croissance du taux d'emploi de -1,2 p. 100. On se retrouve encore dans le négatif. Ce n'est pas seulement qu'on se retrouve en 17e place, mais que notre croissance du taux d'emploi soit de -1,2 p. 100. Cela veut dire que la situation de l'emploi a empiré au Canada à cause des politiques conservatrices. Elles nous ont menés à une plus grande pauvreté, et nous nous trouvons, à l'échelle mondiale, en 152e place en matière de croissance économique pour 2012. Et ça, c'était avant le budget.
Or on vient d'apprendre que ce gouvernement élimine de façon irresponsable 60 000 emplois canadiens, 26 000...