Monsieur le Président, je suis heureux de prendre la parole à la Chambre pour parler d'un sujet qui me tient à cœur, soit les langues officielles, et plus particulièrement la langue française.
Tout d'abord, j'espère qu'on peut entendre mon accent du Saguenay, parce que j'en suis très fier. Il existe de nombreux types de variation linguistique: morphologique, syntaxique, diachronique. Les locuteurs choisissent un certain mot aux dépens d'un autre et les motivations derrière un tel choix sont notamment dues à leur âge ou à leur lieu géographique. J'espère donc qu'on comprendra en écoutant mon discours que mon lexique est teinté, imprégné de mes racines régionales du Saguenay—Lac-Saint-Jean, parce que je suis fier d'être un Saguenéen qui dit « là là » une fois de temps en temps.
Peu importe d'où on vient, la langue unit, rassemble et crée cet effet collectif. Quels que soient l'accent d'une personne, les expressions qu'elle utilise ou les mots qu'elle choisit, les locuteurs de la langue française sont des vecteurs d'une véritable richesse linguistique. Cette langue que nous partageons et que nous affectionnons tant est un héritage qui nous a été légué et dont nous pouvons être très fiers.
Comme on peut le voir, je suis très attaché à ma langue. J'ai appris l'anglais pour avoir une base, mais il n'y a rien de tel que de porter fièrement la voix de mes concitoyens à Ottawa en français. Le français a toujours été une marque identitaire pour moi.
Je vais parler un peu d'identité linguistique, parce que je m'identifie beaucoup à ce concept. Je n'ai jamais été gêné de m'affirmer comme francophone partout au pays et dans le monde. Si on me demandait de me décrire en quelques mots, un des adjectifs que j'utiliserais serait évidemment « francophone ». La francophonie fait partie de moi. Elle m'anime, elle fait partie de qui je suis. La langue nous permet d'extérioriser des pensées et des états d'âme, de communiquer avec ceux que nous aimons, d'échanger des opinions, de nous ouvrir sur le monde. La langue est notre outil de travail en tant que politiciens. Nous devons utiliser nos capacités langagières pour débattre, dénoncer les choses sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord et pour appuyer celles qui nous semblent justes.
La langue est plus qu'importante, elle est essentielle, d'où l'importance de promouvoir la richesse des deux langues officielles partout au pays. Je suis donc très heureux de me lever à la Chambre et d'ouvrir la discussion entourant le projet de loi C‑13, un projet de loi qui modifie la Loi sur les langues officielles. Plus précisément, cette conversation est pertinente et nécessaire, puisque plusieurs amendements ont été proposés par les libéraux. J'ai été d'ailleurs très surpris lorsque j'ai vu la liste des amendements libéraux, parce que je croyais que la ministre des Langues officielles insistait que pour que le projet de loi soit adopté le plus rapidement possible, car il était supposément prêt à être soumis au vote.
Je me rappelle même que, il y a quelques mois à peine, la ministre voulait retirer des témoins de la liste au Comité permanent des langues officielles lorsqu'il étudiait le projet de loi. Elle ne croyait même pas bon d'entendre des spécialistes relativement à une question aussi importante. On parle de professeurs de linguistique de plusieurs universités, de parties prenantes concernées et d'intervenants sur le terrain. Elle voulait déposer une motion qui avait pour effet de n’être rien d'autre qu'un bâillon.
Grâce à la pression de mon collègue et ami le député de Portneuf–Jacques-Cartier, que je remercie encore une fois, nous avons heureusement obtenu une prolongation des témoignages au Comité permanent des langues officielles pour continuer la discussion autour du projet de loi. C'était une attitude strictement politique de la part de la ministre, qui voulait freiner le débat. Comme d'habitude, les libéraux priorisent l'avancement de leur programme politique et, cette fois, c'était aux dépens du bilinguisme au Canada et de la protection de la langue française. La ministre a d'ailleurs mentionné à plusieurs reprises son souhait d'accélérer le débat autour du projet de loi C‑13 et d'adopter le projet de loi dans les plus brefs délais.
Pourtant, il me semble que, lorsqu'on veut qu'un projet de loi soit rapidement adopté, on ne dépose pas 10 motions. Qui plus est, pourquoi déposer autant de motions d'amendement si l'on considère qu'un projet de loi est prêt à être adopté?
La ministre des Langues officielles est très contradictoire dans ce dossier, mais on n'en est pas à une contradiction près avec les libéraux. Bonne nouvelle, les conservateurs sont là pour réparer les promesses que les libéraux ont brisées.
En ce qui concerne le projet de loi C‑13 comme tel, j'espère que la ministre ne croit pas réellement que son projet de loi viendra freiner le déclin du français. On n'assiste à rien d'autre que de l'improvisation. C'est à se demander si la ministre comprend réellement l'enjeu des langues officielles au Canada. Si elle allait sur le terrain pour parler aux communautés concernées, aux personnes qui vivent dans une insécurité linguistique quotidienne, elle s'apercevrait qu'elle a tort.
L'insécurité linguistique peut se décrire comme le sentiment de malaise, d'inconfort, voire d'anxiété d'utiliser sa première langue dans un environnement où elle n'est pas majoritaire. Évidemment, ce concept est devenu un sujet d'actualité pour les communautés de langue officielle en milieu minoritaire, et ce n'est pas avec C‑13 qu'elles ressentiront moins d'insécurité linguistique. Le contenu de ce projet de loi n'est pas un grand pas vers l'avant pour les francophones hors Québec et ceux au Québec non plus d'ailleurs.
En effet, la majorité des amendements proposés par les parties prenantes, notamment la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, en plus du commissaire aux langues officielles, n'ont pas été entendus par les libéraux. C'est un total manque de respect de ne pas tenir compte des observations faites par les personnes sur le terrain, qui sont directement touchées par le projet de loi C‑13.
Cependant, la coalition libérale—néo-démocrate n'est pas à l'écoute des Canadiens. Encore une fois, elle veut seulement faire avancer son programme politique. On coche le projet de loi C‑13, et on passe au prochain.
Permettez-moi d'assurer à tous les intervenants que nous avons rencontrés que le Parti conservateur est là. Nous les avons écoutés et nous avons travaillé fort pour incorporer leurs demandes et ce qu'ils réclamaient dans ce projet de loi.
Je voudrais rappeler à la Chambre quelques amendements des conservateurs qui ont tous été malheureusement rejetés. Tout d'abord, nous voulions élargir les pouvoirs du commissaire aux langues officielles. C'est capital qu'il soit capable de mieux effectuer son travail. Présentement, les pouvoirs qui lui sont confiés ne sont pas assez larges. Concrètement, le commissaire a des pouvoirs d'ordonnance sur les parties IV, V et VI de la Loi sur les langues officielles. Le problème, c'est que le cœur même de la Loi est dans la partie VII. C'est dans cette partie où l'on parle d'égalité de statut du français et de l'anglais et des mécanismes pour atteindre cette égalité de statut.
Le commissaire doit avoir les pouvoirs d'ordonnance pour s'assurer que les mesures positives sont en effet prises par les institutions fédérales et qu'elles n'ont pas d'effet néfaste sur les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Le projet de loi C‑13 ne comporte que des engagements dans la partie VII de la Loi sans obligation de résultat. C'est une tendance assez récurrente chez les libéraux de ne pas donner des résultats. C'est pourquoi nous voulions une agence centrale et un élargissement des pouvoirs du commissaire pour nous assurer qu'il existe une manière pour que l'objectif d'égalité de statut soit respecté et parce que nous ne pouvons pas strictement nous fier aux libéraux.
Ensuite, nous voulions ajouter des obligations pour que les institutions fédérales prennent les mesures nécessaires pour protéger et promouvoir les deux langues officielles. Évidemment, les conservateurs demandaient qu'une révision régulière de cette loi soit faite de manière proactive afin d'assurer que les ajustements nécessaires seront faits en fonction de la situation linguistique à un moment précis.
En somme, je suis déçu, non seulement en tant que député conservateur, car les amendements de mon parti n'ont pas été intégrés au projet de loi, mais aussi en tant que citoyen francophone. J'ai l'impression que le gouvernement abandonne les Québécois, les locuteurs de langue officielle en milieu minoritaire et la langue française tout court.
Un gouvernement conservateur veillera à ce que le déclin de la langue française soit freiné et à ce que la promotion de la langue française se fasse, et ce, partout au Canada. Ramenons le bon sens.