Monsieur le Président, c'est un réel plaisir de pouvoir parler du projet de loi C‑35. Il sera toutefois difficile pour moi de rendre encore plus justice au projet de loi après ma chère collègue, qui l'a piloté en comité avec brio, passion et engagement. Je la remercie.
Nous sommes le 14 février. Certains collègues ont décidé de souhaiter une joyeuse Saint-Valentin à toutes les personnes qu'ils aiment. Moi, j'ai plein d'amour à offrir à mon pays, le Québec.
Si nous sommes devant le projet de loi C‑35 tel qu'il est, c'est parce que le Québec a été un précurseur il y a 27 ans, en 1997, en mettant en place un modèle unique non pas de services de garde, mais de services éducatifs à la petite enfance piloté par la ministre de l'Éducation, Mme Pauline Marois, qui est devenue la première femme première ministre au Québec. Toute la société civile s'est mise autour de ce projet de loi pour faire en sorte qu'on se donne une politique familiale rigoureuse et vigoureuse, avec un double objectif. Je parle bien sûr de la conciliation famille-travail. On a vu tout l'essor que cela a apporté sur le marché du travail pour les femmes, mais également nos tout-petits. Cela donne une égalité des chances à nos tout-petits.
Dans le cadre de la semaine de la persévérance scolaire, aujourd'hui, on voit comment cela fait toute une différence d'avoir une politique de services éducatifs à la petite enfance avec un grand e pour l'éducation. On peut très bien définir tout le parcours des enfants de 0 à 5 ans. C'est vraiment merveilleux.
Je tiens aussi à souligner l'engagement, le dévouement, la passion pour nos petits des travailleuses, des travailleurs, des éducatrices qui travaillent dans nos services de garde à la petite enfance. Je leur dis bravo.
Je dirais qu'au Québec, on a fait plus que cela. Quand on a mis en place les services éducatifs à la petite enfance, le ministère de l'époque a accrédité l'ensemble des femmes qui offraient des services de garde à leur domicile. On les a accréditées avec une politique. Elles participent à la même mission, à la même politique. On a fait une lutte syndicale, sociale et féministe parce qu'on a contribué au droit à la syndicalisation et à la négociation. Vraiment, le Québec s'est doté de politiques sociales, comme une politique familiale pour les services éducatifs à la petite enfance. On a aussi le régime québécois d'assurance parentale; une loi proactive en matière d'équité salariale qui date, elle aussi, d'il y a 25 ans. Je pourrais citer plein de mesures qui reflètent les choix que le Québec a faits. Le Québec a fait des choix de société. Les politiques sociales dont il s'est doté font une différence sur notre nation, parce que cela vient contribuer sur le plan de l'économie à réduire des inégalités sociales. Nous en sommes très fiers.
Je dirais qu'on s'est pas mal, beaucoup, passionnément inspiré de ce qui se fait au Québec pour le projet de loi C‑35. J'ai envie de dire que c'est tant mieux pour les femmes et pour les tout-petits hors Québec si on peut s'en inspirer. J'ai participé à des missions à l'OCDE où le Québec était représenté. J'ai participé à des missions à l'ONU Femmes, où j'ai entendu des femmes d'autres provinces réclamer, depuis longtemps, qu'il y ait des politiques de services de garde dans leur province.
Néanmoins, la réussite de cela n'est pas que le fédéral est venu une fois de plus s'ingérer dans des compétences qui touchent les politiques familiales et l'éducation. Il faut le faire, quand même. Encore une fois, on vient s'ingérer dans les compétences des provinces. La réussite de cela, c'est que le Québec a fait un choix de société. Pourquoi faut-il compter sur Ottawa pour qu'il y ait les mêmes progrès dans les autres provinces?
À terme, le programme fédéral vise quelque 200 000 places partout au Canada. Au Québec, on a à peu près 250 000 places. Cela dépend des choix que chacun fait. On ne peut pas demander à Ottawa de se substituer aux provinces pour les choix qu'elles ne font pas. Le Québec n'a pas attendu après Ottawa pour mettre en place ses services.
C'est ce qui me désole. Cela me choque, mais comme c'est la Saint-Valentin, je vais rester posée.
J'aurais pu parler d'autres programmes. Je vais y arriver. Au Québec, nous avons un régime de soins dentaires. Au Québec, nous avons un régime public d'assurance-médicaments. Au Québec, nous avons une loi antibriseurs de grève, qui date de 1977. Pendant ce temps, le fédéral va continuer, par son pouvoir de dépenser, à mettre des politiques en place qui vont venir encore une fois s'ingérer dans les compétences du Québec.
Depuis que je suis ici, j'en ai assez de cela. On semble oublier que le Canada est une fédération et que chaque province a ses responsabilités et ses compétences. Pendant qu'Ottawa continue de faire des chèques pour mettre ses drapeaux et bien paraître, il ne s'occupe pas de ses vraies responsabilités, de ses vraies politiques de filet social et de sécurité sociale pour les Canadiennes et les Canadiens.
Je vais donner trois exemples.
On affame les provinces en termes de transferts en santé alors que la santé est une priorité et que c'est une compétence des provinces. On fait exprès pour imposer des conditions lorsqu'on leur donne de l'argent. C'est quand même grave. Pendant ce temps, nous n'avons pas nos vrais leviers.
C'est la même chose en ce qui concerne la loi antibriseurs de grève. Selon cette belle entente, on va déposer un projet de loi antibriseurs de grève, mais cela fait 14 jours de séance de la Chambre qu'on n'en parle pas et le projet de loi n'a pas été rappelé.
On peut aussi parler des aînés. La pension de la Sécurité de la vieillesse est un programme du gouvernement fédéral, mais il a décidé de discriminer les aînés sur la base de l'âge en accordant une hausse de la pension de la Sécurité de la vieillesse de 10 % aux personnes de 75 ans et plus et en accordant une hausse de 0 % aux personnes de 65 à 74 ans. C'est dans son programme.
Il y a un autre projet de loi que nous attendons depuis huit ans: la réforme globale de l'assurance-emploi. Cela aussi relève du fédéral. Alors, plutôt que de s'immiscer dans des programmes et dans des compétences provinciales alors que nous faisons nos choix, le fédéral devrait s'occuper de renforcer ses propres programmes sociaux. Le Québec, dans tous ses programmes, apporte une contribution unique partout en Amérique du Nord sur bien des plans, et c'est reconnu.
Ce n'est pas parfait. Nous pourrions faire mieux, et, le moyen de faire mieux, c'est d'avoir tous nos leviers et de faire notre indépendance.