Merci, monsieur le président, mesdames, messieurs.
C'est un privilège d'être ici pour vous présenter mon exposé. J'ose espérer que nous arriverons à un redécoupage meilleur et plus sensé des circonscriptions de la Saskatchewan. Comme je l'ai déjà indiqué au comité, je m'oppose moi aussi aux limites proposées, et je m'efforcerai maintenant de vous en donner les raisons.
J'appuie sans réserve les limites que nous avons eues par le passé, limites qui se fondent sur les réseaux de commerce historiques et qui réunissent des éléments urbains et ruraux tout en s'inspirant des anciens tracés des villes. Je vais vous exposer les principaux problèmes que la proposition actuelle suscite.
Dès le début de cet exercice, M. Courtney — je m'attaque tout de suite à ce sujet, j'aurai peut-être des questions là-dessus, plus tard — avait une idée fixe et il s'était déjà décidé avant même d'entendre le premier témoignage. En fait, on m'a rapporté des conversations qui se sont tenues ici, à Ottawa, avant qu'un seul témoin n'ait été entendu, au cours desquelles M. Courtney ne démordait pas de la nécessité d'avoir des circonscriptions strictement urbaines dans la province, notamment pour les grandes villes que sont Saskatoon et Regina.
Je trouve très contre-productif et irrespectueux à l'endroit du processus que l'un des commissaires — un homme du reste honorable et respecté — entame l'exercice avec l'idée d'imposer des limites urbaines en se contentant par la suite de colliger les arguments qui pencheront en ce sens. C'est selon moi une attitude nuisible. Il aurait probablement dû démissionner lorsqu'il a constaté qu'il était dans cet état d'esprit, qu'il avait cette marotte dès le début.
Comment expliquer autrement les gigantesques circonscriptions, comme celle qui s'étend de mon patelin de Quill Lake à l'autre extrémité en encerclant Saskatoon et Rosetown, une balade de trois ou quatre heures en voiture, voire plus, selon sa vitesse de croisière. Comment expliquer ça autrement?
Comment expliquer leurs commentaires voulant que les circonscriptions comprises dans les nouvelles limites proposées ne sont à présent pas plus grandes que celles qui existent actuellement pour Desnethé—Missinippi—Churchill River, Cypress Hills—Grasslands, Souris—Moose Mountain et Yorkton—Melville.
Et si vous demandez l'avis des députés de ces circonscriptions... Alors, les commissaires rétorquent presque sottement que ces derniers n'ont pas fait savoir qu'ils répondaient mal aux besoins de leurs électeurs. Quel député affirmerait une chose pareille? Il s'agit là, selon moi, d'un commentaire plutôt stupide.
On devrait demander à ces députés ce qu'ils pensent de se promener d'un bout à l'autre de leur circonscription les week-ends, lorsqu'ils ne siègent pas. Parlez aux conjoints de ces députés, comme je l'ai fait, pour savoir ce qu'ils pensent d'assister à des événements d'un bout à l'autre de ces circonscriptions et dans des régions disparates. Ils ont indiqué qu'ils recourraient aux moyens de communication modernes — ce que nous faisons tous avec l'électronique et ainsi de suite —, mais dans une ère de haute technologie, nous devrions également utiliser la touche humaine, et il en sera toujours ainsi.
Les jeunes d'aujourd'hui veulent nous parler en personne, nous les gens d'âge mûr et les plus vieux... Imaginez comment Jack Layton se serait débrouillé lors de sa dernière campagne — avec tout le succès qu'on lui connaît — s'il s'était dit: « Je vais me servir de Skype. Je vais me servir des moyens électroniques modernes. » On n'aurait pas saisi son énergie. On n'aurait pas vu tout son enthousiasme, tout son charisme. Vous ne pouvez tout simplement pas espérer répondre aux besoins de vos électeurs en vous contentant de Skype et de ce genre de choses, des moyens que la Chambre des communes proscrit de toute façon.
Que serait-il arrivé si Justin Trudeau avait opté pour Skype au lieu de se promener de long en large du pays, allant de bars en centres commerciaux en écoles. Il se sert évidemment des technologies à la mode, mais cela ne remplace en rien le contact direct avec les gens, et Justin Trudeau est allé aux quatre coins du pays. Je souligne le travail de Jack Layton et de Justin Trudeau comme des exemples récents de personnes qui ont arpenté le pays pour rencontrer les gens directement, en personne, et qui sont parvenues à cristalliser quelque chose qu'il leur aurait été impossible de cristalliser électroniquement.
J'ai avec moi quelques lettres dont je veux vous parler. Il y a celle-ci que l'on a peut-être déjà mentionnée en ces murs, dans laquelle le maire de Regina, M. Fougere, nous fait part de son opposition aux limites proposées. M. Atchison, le maire de Saskatoon, dit que le redécoupage n'a aucun sens, qu'il n'encourage pas l'unité et qu'il ne fonctionne pas bien avec la dimension régionaliste que la Saskatchewan s'efforce d'encourager.
J'ai aussi cette autre lettre — vous l'avez en français et en anglais —, qui nous vient de la mairesse de Warman, une ville située en périphérie de Saskatoon. Elle aussi s'oppose aux nouvelles limites proposées, alléguant que nous pensons et que nous travaillons maintenant dans une optique régionale... Récemment, un des principaux aqueducs de Saskatoon s'est brisé et les gens de la ville devaient faire bouillir leur eau, mais l'avis s'étendait aussi aux villes de Warman et de Martensville, puisque toutes ces municipalités ont un réseau d'aqueducs commun et une infrastructure qui les lient les unes aux autres. Mais les nouvelles limites les dissocient désormais. Alan Thomarat, qui est PDG de la section saskatchewanaise de l'Association canadienne des constructeurs d'habitations expose bien cette dynamique dans un autre des documents compris dans le cartable qui vous a été remis.
Enfin, un des conseillers de ma circonscription, Randy Donauer, s'y oppose également. Il fait état du besoin de collaborer à l'échelle régionale, ce que nous faisons de plus en plus dans les villes et municipalités proches de Saskatoon.
Je crois qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire et changer d'avis. Je propose des mesures minimales, mais nous pourrons y revenir au cours de la période des questions.