Bonjour, monsieur Carrière.
J'aimerais vous faire part de mon expérience. Avant d'être porte-parole libérale pour la Francophonie, j'étais porte-parole libérale en matière de langues officielles. À cette époque, j'ai traversé le Canada en long et en large pour rencontrer les francophones du Canada et, évidemment, les anglophones du Québec. Deux choses m'ont frappée et on me les a répétées tout le temps. La première est la vieille histoire de l'abolition du Programme de contestation judiciaire du Canada. Par la suite, le gouvernement l'a plus ou moins rétabli, mais cela a causé de grands torts aux minorités linguistiques de langue française et anglaise à travers le Canada.
Je siège à ce comité pour la journée. Je vois une institution que je respecte énormément, pour plusieurs raisons, et qui va peut-être elle aussi perdre beaucoup d'ailes et de sang. À mon avis, cette institution a créé un esprit canadien pour les anglophones d'un océan à l'autre. Elle a aussi aidé à créer un esprit francophone, minoritaire bien sûr, mais francophone quand même dans tout le Canada.
Monsieur Carrière, ce que j'entends de votre part me fait énormément peur. J'ai peur quand j'entends ce que vous nous dites d'une communauté isolée dans le Nord de l'Ontario, où les jeunes subissent déjà un phénomène appelé « la perte de la langue », ce qui équivaut à une perte de culture. C'est inévitable puisqu'ils écoutent la radio et la télévision en langue anglaise. Notre génération fait la même chose, mais c'est pire pour les jeunes. Une fois qu'ils ont perdu leur langue, c'est perdu presque à jamais.
Je sais que la SRC n'est pas régie par le gouvernement. Nous le savons tous, mais nous savons aussi que ce que Radio-Canada peut faire dépend également des budgets qui lui sont alloués par le gouvernement, n'est-ce pas?