Monsieur le Président, je vais partager mon temps de parole avec l'excellent député de Surrey-Nord.
Je suis heureux d'avoir l'occasion de débattre de cette excellente motion de mon collègue de Skeena—Bulkley Valley, car elle est non seulement lucide, mais aussi très représentative de la situation actuelle de l'emploi au Canada, et ce, d'un océan à l'autre.
Quand on la regarde attentivement, on note en premier lieu que le taux de chômage demeure élevé depuis la récession de 2008 et que la qualité des emplois se détériore depuis 1989. Qu'elle se soit faite sous des gouvernements libéraux ou conservateurs, c'est du pareil au même, c'est une décroissance.
Par ailleurs, nous souhaiterions fortement que la Chambre presse le gouvernement de faire en sorte que le budget de 2015 investisse d'abord et avant tout dans des mesures qui stimulent l'économie, afin de créer et protéger des emplois durables à temps plein pour la classe moyenne dans des secteurs à rémunération élevée, et ce, dans toutes les régions du Canada.
De plus, le gouvernement doit renoncer à son projet dispendieux et injuste du fractionnement du revenu, qui coûterait 2 milliards de dollars. Ce qui est inquiétant, quand on regarde la situation du chômage en cette deuxième décennie du XXIe siècle après les vols successifs des libéraux et des conservateurs de plus de 57 milliards de dollars de fonds qui appartiennent toujours aux travailleurs et travailleuses qui y ont contribué toute leur vie dans bien des cas, c'est qu'il est de plus en plus difficile d'avoir accès au système d'assurance emploi, surtout après la réforme de la ministre de l'époque, réforme disgracieuse pour les travailleurs et travailleuses qui y ont toujours contribué.
Cela a pour résultat que de plus en plus de gens décrochent de ce système, ce qui m'amène à parler du taux. En effet, cela a pour conséquence que ces personnes ne sont plus comptabilisées dans le nombre des personnes à la recherche d'emploi, ce qui fait enfin baisser le taux. C'est donc tout à fait virtuel. C'est une supercherie abominable, dans une société moderne qui se dit et se croit prospère.
Pour ce qui est de la prospérité, on repassera, justement. Tout, absolument tout a été fait pour décourager les gens et ainsi garder espoir, car il est bel et bien question d'espoir, ici, quand on parle d'hommes et de femmes à la recherche d'un emploi stable au Canada ailleurs que dans l'industrie pétrolière. Je n'ai rien contre ces emplois, ce n'est pas ce que je dis. Toutefois, il y a autre chose que cela, et des gens ont des qualifications pour d'autres genres d'emplois qui ne sont malheureusement pas disponibles depuis la crise, et même bien avant.
Avant, le Canada brillait pourtant par la diversité de ces secteurs économiques, dont l'industrie manufacturière était justement le pilier et permettait une croissance au fil des ans et des emplois à temps plein bien rémunérés. Malheureusement, il y a eu les crises répétées de 1980 et 1981 — cela remonte à bien loin — et de 1992 et 1993; puis l'accent a été mis sur l'« hypermondialisation » au cours des années 1990 avec comme leader l'Asie et plus particulièrement la Chine et ses taux de croissance qui frôlaient les 15 % dans les années 1990. Tous ces éléments irritants auraient bien dû sonner l'alarme à bon nombre de gouvernements avertis de ce monde. Eh bien, non. Tant les libéraux que les conservateurs se sont concentrés sur un secteur. Ils se sont laissés aveugler par les recommandations du FMI et de la Banque mondiale. C'est malheureux.
Au cours des dernières décennies, notre économie, qui tenait sa croissance du secteur manufacturier, s'est tranquillement transformée en une économie provenant majoritairement du secteur tertiaire, c'est-à-dire le commerce au détail et le service à la clientèle. Elle est tout simplement incapable de pousser la croissance aux mêmes niveaux que le secteur manufacturier permettait et de pérenniser, de créer et de maintenir des emplois stables à temps plein, et ce, tant pour les hommes que pour les femmes.
Aujourd'hui, le Canada possède pourtant des niches où la recherche et l'innovation permettraient des investissements et permettraient aussi de croire encore à un avenir intéressant. Je pense à l'industrie aéronautique, où le rêve est encore possible, à l'industrie du jeu vidéo, toujours aussi florissante dans la région de Montréal, aux nouvelles sources d'énergie comme la biomasse, l'éolien, le solaire et, bien sûr, les véhicules électriques. Cela existe; des PME développent des véhicules électriques, ici même, au Canada.
Tout cela est possible si nous améliorons l'environnement socioéconomique dans lequel doivent évoluer ces entreprises, qu'elles soient des PME ou des grandes entreprises. Ce sont même parfois des travailleurs autonomes qui partent d'une idée et font fleurir une petite entreprise. Nous avons besoin d'un environnement sain et prospère.
Par ailleurs, l'écart entre le haut et le bas de la classe moyenne s'est creusé dangereusement au cours des dernières décennies, car la fin des Trente Glorieuses de l'ère manufacturière en Occident a accentué cet écart. Il faut régler une fois pour toutes cette tendance, car c'est toute la société qui en souffre. La classe moyenne, maintenant endettée par-dessus la tête, hypothèque les générations futures. N'oublions pas que c'est elle qui a toujours soutenu le niveau de consommation élevé que nous avons présentement et donc la croissance économique. Toutefois, aujourd'hui, plus rien n'est certain, sauf la dette que nous léguerons à nos enfants, une dette non seulement économique et environnementale, mais aussi sociale. Elle aura des répercussions dans notre société.
Un travailleur sur deux est incertain de son avenir en ce qui concerne son emploi. C'est malheureux. C'est pourquoi l'éducation et la formation représentent toujours un gage de meilleures chances sur le marché du travail, peu importe le niveau complété. Les 2 milliards de dollars que le gouvernement tente de récupérer en fractionnant le revenu trouveraient leur chemin dans cette composante importante que représente le savoir-faire des Canadiens et des Canadiennes partout au pays. Il serait bien plus utile d'investir dans la formation continue et la recherche-développement que dans toute autre action partisane qui prendra fin un jour ou l'autre de toute façon.
Que voulons-nous léguer et transmettre à nos générations futures? Je ne parlerai pas d'environnement, on connaît mon opinion à ce sujet: nous sommes en train de détruire la planète. Pourtant, en ce qui concerne l'environnement et l'économie, le rapport Stern présenté à l'automne 2006 était clair: notre inaction nous coûtera plus cher qu'une intervention massive immédiate. Mme Naomi Klein dit la même chose dans son livre paru récemment.
Ces deux économistes qui ont changé leur opinion quant aux conséquences de la pollution atmosphérique, de la surpêche en grande mer et des fameux îlots de plastique qui parcourent dorénavant ces mêmes océans, démontrent que les choses peuvent changer si nous nous y mettons bientôt.
Il serait pourtant facile de travailler ensemble, inclusivement, frères et soeurs, pour faire de cette planète et de ce pays un lieu exaltant de richesse, de développement, voire même de fraternité. Tous profitent de la richesse économique, du développement et de la prospérité. Ce n'est pas en dégradant le tissu social, comme on le fait en ce qui concerne l'assurance-emploi et le logement social, que nous allons aider et donner une chance à tout le monde.
Je termine avec un message d'espoir pour les gens de mon comté. Peu importe notre orientation sexuelle, notre religion ou nos croyances, nous devrions tous avoir le droit de vivre dans une région, une province, un territoire, une nation, un pays où tous sont considérés comme égaux et ont des chances égales de vivre leurs passions, leurs libertés et leurs droits, incluant l'accès à un travail qui permette leur plein épanouissement dans un monde libre, juste et équitable.
Pour faire contrepoids aux paroles du célèbre M. Spock rationnel, qui disait que les besoins du plus grand nombre outrepassent les besoins de l'individu, le commandant Kirk, plus sensible, lui, répondait qu'il fallait sauver l'individu, car sans lui, le groupe n'avait plus de valeur. En économie, ce sont les décisions de cet individu, le fameux Homo economicus, qui créent la demande et la richesse.
Ce n'est pas en laissant aller les choses à la légère en ce qui concerne le tissu social et la création d'emplois d'un océan à l'autre ni en oubliant les Premières Nations, les femmes, les familles monoparentales ou les travailleurs autonomes que nous allons créer cette richesse et cette harmonie entre nous et que nous pourrons enfin vivre dans un Canada prospère.