Je vous remercie, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité et chers collègues. Je vous remercie de votre accueil chaleureux.
Je tiens à vous remercier d'avoir entrepris cette importante étude.
Je dois également remercier non seulement les athlètes extraordinaires qui ont fait de l'année 2022 l'année de la défense des intérêts des athlètes et qui ont courageusement dénoncé les mauvais traitements qu'ils avaient subis, mais aussi les athlètes et leur famille qui se sont manifestés au fil des décennies. Nous leur devons notre gratitude et nous devons faire tout en notre pouvoir pour remédier aux nombreuses années de mauvais traitements et à l'enracinement de ces mauvais traitements, qu'ils soient émotionnels, physiques, psychologiques, sexuels ou verbaux.
Le système national des sports au Canada n'a jamais été conçu pour protéger les athlètes et les jeunes. Il a été mis sur pied pour préparer les hommes physiquement pour la guerre. Lorsque le Canada n'a pas réussi à remporter une médaille d'or aux Jeux olympiques de Montréal en 1976, le sport a changé dans notre pays. Les effets se sont fait sentir dans tout le milieu du sport et jusqu'au niveau des clubs sportifs. Les objectifs avaient changé, et il s'agissait de représenter le Canada et de gagner des médailles pour le pays.
Dans les années 1980, des fédérations sportives et des entraîneurs ont négligé la santé, la sécurité et le bien-être des athlètes au profit de la victoire. On a mené des expériences sur les athlètes. On leur a inséré de fausses vessies contenant de l'urine qui pouvait passer un test de dépistage et de jeunes athlètes ont injecté entre les orteils des athlètes plus âgés des drogues visant à améliorer la performance, car cela permettait de dissimuler l'utilisation de ces drogues. En 1988, l'enquête de la Commission Dubin sur l'usage des drogues et les pratiques interdites a révélé l'étendue du problème et a permis de formuler des dizaines de recommandations que le gouvernement a mises en œuvre, ce qui a fait du Canada un chef de file dans la lutte contre le dopage dans le sport.
Nous avons besoin de ce type de leadership aujourd'hui. Nos athlètes ne devraient pas avoir à nous supplier, depuis plus d'un an, d'agir et de lancer une enquête sur un système sportif dépassé. En 1988, une enquête de 3 millions de dollars a été lancée en moins de deux semaines.
Je recommande tout d'abord que le gouvernement mène une enquête indépendante, approfondie et systématique sur la santé, la sécurité et le bien-être des athlètes.
Deuxièmement, je recommande que cette enquête systématique commence par les athlètes, qu'elle tienne compte des traumatismes et qu'elle autorise les survivants à dire toute la vérité s'ils le souhaitent.
Dans les années 1990, le hockeyeur Sheldon Kennedy a courageusement dénoncé les abus sexuels qu'il avait subis pendant des années de la part de son entraîneur de hockey junior. Son histoire aurait dû être un signal d'alarme pour la communauté canadienne du hockey et pour l'ensemble du système sportif, mais cela n'a pas été le cas.
J'apporte à cette discussion le point de vue d'une athlète de haut niveau. En effet, lorsque j'étais gymnaste, j'ai fait des doubles sauts périlleux arrière à partir du sol. J'ai complété plusieurs fois le marathon de Boston et j'ai participé à des demi-triathlons Ironman. Tout au long de ma vie, j'ai été entraîneuse, j'ai donné des cours de danse et j'ai été juge lors de compétitions. Comme vous le savez, j'ai également été ministre des Sports et j'ai fait de la pratique sécuritaire du sport ma priorité.
Au cours de l'année où j'ai été ministre, j'ai mis en place les principaux éléments d'un système sportif sécuritaire, ce qui s'est traduit notamment par la mise en œuvre d'un service d'assistance téléphonique national, le recours à un enquêteur tiers, un accord de tous les ministres des Sports du Canada pour faire de la pratique du sport sécuritaire une priorité, l'organisation de 13 sommets sur la pratique du sport sécuritaire, l'élaboration d'exigences en matière de formation et de financement axées sur la prévention, ainsi que l'élaboration d'un code de conduite pour les entraîneurs.
Dans le cadre de ma troisième recommandation, il convient d'examiner les règles verbales et tacites de chaque sport, les différences de pouvoir qui existent au sein de l'organisme national de sport — les entraîneurs, les formateurs, les membres de l'équipe de soutien médical, les membres de l'organisme et autres — et la notion selon laquelle on peut être en quelque sorte propriétaire des athlètes et accorder la priorité à la victoire au détriment de leur santé, de leur sécurité et de leur bien-être.
Ma quatrième recommandation vise à examiner les mesures en matière de sécurité dans le sport, la reddition de comptes et les instruments financiers mis au point par Sport Canada pour assurer la conformité.
Cinquièmement, il faut enquêter sur les organismes nationaux de sport et sur leur pouvoir collectif, sur leur responsabilité, leur gouvernance et leurs finances, ainsi que sur la façon dont les dirigeants sportifs sont allés d'un organisme à l'autre en renforçant les relations et les protections.
Pour ma sixième recommandation, il faut mener une enquête afin d'examiner les données sur toutes les formes de mauvais traitements dans le sport, et ce, dans chaque sport.
Ma dernière recommandation, et la plus importante, consiste à mener une enquête approfondie pour déterminer si les cas de mauvais traitements ont effectivement été résolus et si les responsables ont été retirés du système, ou si des complices passifs ont protégé le sport et l'organisme de sport au détriment des jeunes.
Il est temps de lancer une enquête publique nationale. Si le Canada fait ce qu'il faut, nous pourrons mieux protéger nos athlètes. Nous pouvons également être le catalyseur d'un débat mondial sur la santé, la sécurité et le bien-être des athlètes — un débat qui n'a que trop tardé — comme nous l'avons fait à la suite de l'affaire Dubin, il y a 35 ans.
Avec votre indulgence, monsieur le président, j'aimerais faire un bref commentaire à l'intention des gens qui vivent avec un cancer. Je veux qu'ils sachent qu'ils ne sont pas seuls et que je suis à leurs côtés. Je suis reconnaissante pour les médicaments et la recherche scientifique qui sauvent des vies et je remercie nos professionnels de la santé pour les excellents soins qu'ils prodiguent avec compassion.
Je vous remercie, monsieur le président.