Madame la Présidente, c’est pour moi un plaisir de parler du projet de loi C‑30, la loi d’exécution du budget.
Je me rends compte que c’est probablement la dernière fois que je prends la parole avant la tenue des élections. Avant d’en venir au budget, je voudrais dire que c’est pour moi un honneur de représenter les gens de Markham—Unionville au Parlement. Lorsque je suis arrivé au pays, il y a plus de 45 ans, je parlais à peine anglais et je n’aurais jamais imaginé représenter ma collectivité au conseil municipal, et encore moins au Parlement. Je veux remercier ma collectivité pour le soutien sans faille qu’elle m’a témoigné.
Les gens parleront encore pendant des générations de la COVID‑19. Un virus a paralysé le monde entier et tué des millions de personnes. Aucun gouvernement n’était vraiment préparé, et les politiciens ont dû prendre des mesures importantes rapidement au lieu d’attendre des années pour s’attaquer au problème. Dans certains pays, les politiciens ont saisi l’occasion pour travailler ensemble afin d’aider leur pays à surmonter la pandémie. Dans d’autres pays, les gouvernements ont tenu les gens dans l'ignorance, nié l’existence du problème et transformé chaque décision en spectacle politique. De toute évidence, le Canada se trouvait dans la deuxième catégorie.
Dans ce budget, le gouvernement libéral prévoit de continuer à mettre de l'avant bon nombre de ses très mauvaises idées. Au lieu de se concentrer sur ce dont les Canadiens ont besoin pour se remettre sur pied, les libéraux cherchent des façons de dépenser en fonction de leurs priorités. Naturellement, ces priorités comprennent toujours des mesures payantes pour les proches des libéraux. À ce jour, le travail de consultant et de lobbyiste n’a jamais été meilleur pour ceux qui ont des liens avec le premier ministre. Les priorités des libéraux ajoutent des milliards de dollars à la dette, des milliards que nous n’avons pas les moyens de dépenser.
Nous savons que, lorsque les députés libéraux défendent les folles dépenses du premier ministre, ils aiment utiliser des termes techniques difficiles à comprendre. Je vais donc essayer de faire le contraire et de présenter mes arguments de sorte qu’ils soient faciles à suivre.
Lorsque je suis arrivé au pays, je comptais chaque cent. J’étais un adolescent indien qui ne parlait presque pas anglais, et il n’était pas facile de trouver un emploi. Chaque dollar que je dépensais comptait. J’ai pris beaucoup de décisions difficiles, à cette époque-là, sur ce dont je pouvais me passer. Il y a eu beaucoup de repas de sandwichs au fromage.
Lorsque j’ai commencé à fonder ma famille, j’ai dû prendre encore des décisions difficiles. Nous ne pouvions pas dépenser plus que ce que nous gagnions. Je me rappelle avoir décidé de nombreuses fois, avec ma femme Roopa, d’économiser pour les études de nos enfants ou en prévision des périodes difficiles au lieu de prendre des vacances. Pour nous, l’éducation était ce qu’il y avait de plus important, et cela comprenait l’obligation d’enseigner à nos enfants à faire un budget.
J'estime que les décisions difficiles que j'ai prises à table avec Roopa, dans notre cuisine, ont été payantes. Mon aîné, Rohin, est aujourd'hui médecin, et je ne pourrais pas être plus fier de sa réussite. Les économies que j'ai faites alors qu'il était encore bébé l'ont aidé à payer ses études de médecine. L'histoire de sa femme, Preoli, qui est dentiste, est très semblable.
Mon autre fils, Tarun, a fait des études universitaires et travaille aujourd'hui au sein du gouvernement provincial. Il a aussi mis à profit sa scolarité dans le milieu des affaires. Ma fille, Shalin, vient d'être acceptée en droit. Tout cela nous confirme, à ma femme et moi, que nous avons fait le bon choix en économisant. Nous nous sommes privés de bien des choses, mais nous avions l'argent nécessaire pour payer les droits de scolarité de nos enfants.
Je sais que les libéraux détestent entendre les conservateurs comparer l'équilibre budgétaire à la gestion du budget familial. Pour les libéraux, c'est beaucoup plus compliqué que cela. Bien que le budget fédéral soit certes plus compliqué, la base demeure essentiellement la même.
Quand on emprunte, quelqu'un est responsable de cette dette. Certains députés seront peut-être surpris de l'apprendre. Chaque fois qu'il y a un vote à la Chambre sur des dépenses de fonds publics, je me demande qui va payer la note. Il y a des années de cela, quand il était question du budget, on entendait souvent dire que le gouvernement devrait dépenser allégrement en période de stagnation afin de stimuler l'économie, puis payer ses dettes en période de prospérité. Ainsi, advenant une autre crise, il aurait les fonds nécessaires pour stimuler à nouveau l'économie.
Le gouvernement libéral a délaissé cette vision des choses. Il veut faire croire aux Canadiens qu'aucun gouvernement n'a à rembourser quoi que ce soit, qu'il suffit d'une planification soignée pour que le gouvernement puisse indéfiniment jongler avec la dette et ainsi tirer tous les avantages de dépenses débridées sans jamais en subir les conséquences. Ce plan est atroce.
La pandémie de COVID‑19 a montré que les gouvernements doivent avoir la marge de manœuvre nécessaire pour faire des dépenses. Sans aide gouvernementale, nombre de Canadiens auraient déclaré faillite en raison de la COVID‑19. Je sais que, malgré cette aide, beaucoup de petites entreprises ont dû fermer leurs portes.
Avec la pandémie, la dette a atteint de nouveaux sommets. Quand nous votons sur les dépenses au Parlement, nous devons penser à nous préparer en vue de la prochaine crise. Il ne faut donc pas dépenser plus que nous en avons les moyens maintenant.
Voici ce qu'a déclaré la ministre des Finances:
Le Canada est un pays jeune et vaste, qui possède une formidable capacité de croissance. Ce budget stimulera cette capacité. Ce sont des investissements dans notre avenir et ils rapporteront beaucoup. Dans le contexte actuel où les taux d’intérêt sont faibles, non seulement nous pouvons nous permettre ces investissements [...], mais il serait peu judicieux de notre part de ne pas faire ces investissements.
Il serait « peu judicieux de notre part de ne pas faire ces investissements »; voilà une affirmation intéressante. Je me demande si la ministre des Finances peut citer un cas où il était peu judicieux de dépenser plus que ce que nous avions. Le gouvernement libéral semble croire qu’il est toujours nécessaire de dépenser davantage. On n'a qu'à penser à la promesse que le premier ministre a faite en 2015, soit que le budget serait équilibré avant longtemps et qu'après de petits déficits, tout irait bien. Les promesses de dépenses responsables n’ont été que des paroles creuses.
Je vais revenir à qui paie la note. La plupart des Canadiens ne se rendent probablement pas compte de ce que ces emprunts coûtent au Canada. Même avec de faibles taux d’intérêt, c’est bien au-delà de 20 milliards de dollars. En alourdissant notre dette nationale plus que tous ses prédécesseurs réunis, le premier ministre fera grimper les paiements d’intérêts à de nouveaux sommets.
Le premier ministre a dit à tout le monde que les budgets s’équilibrent d’eux-mêmes. S’il le pense encore, je tiens à lui assurer que ce n’est pas le cas. Lorsque nous ne faisons rien pour nous attaquer à la dette et aux dépenses, les choses empirent. On dit aux gens d’éviter ce genre de piège de l’endettement dans leur vie personnelle. Les libéraux croient que c’est responsable de gonfler l’endettement d'un niveau déjà historiquement élevé. Leur plan exige que les Canadiens pensent que la dette est un problème éloigné dans l’avenir et qu’ils seront d’accord pour transmettre la dette à la prochaine génération. Pour moi, c’est inacceptable.
Je suis venu dans ce pays en quête d’une vie meilleure. Je savais qu’ici, les gens pouvaient élever leur famille et assurer la réussite de leurs enfants. La dernière chose que je voudrais faire serait de leur passer la bombe de la dette dont ils devraient s’occuper, eux et leurs enfants.
Quand je parle aux résidants de Markham, on me dit la même chose. Les gens travaillent très fort pour que leurs enfants aient une vie meilleure qu’eux. Ils ne veulent pas leur préparer un avenir difficile.
Une crise de l’endettement finit toujours par des temps difficiles accompagnés d’une augmentation de l’impôt ou d'une réduction des services, ou des deux. Les nouvelles taxes dans le budget sont minuscules par rapport aux dépenses. Les libéraux devraient en doubler certaines chaque année pour pouvoir réunir les fonds nécessaires à la réduction de la dette.
Les hausses d’impôt des libéraux font en sorte qu’il est encore moins abordable de faire vivre une famille. Les Canadiens ne peuvent pas se permettre de payer plus. Certaines personnes pensent que l’inflation est une solution, mais c’est une erreur. L’inflation est une taxe sur tout, et il sera alors encore plus difficile d’emprunter de l’argent.
On a déjà mis en œuvre l’autre option, la réduction des services. Dans les années 90, le gouvernement libéral est allé à la banque pour emprunter de l’argent au milieu d’une crise de l’endettement, mais personne ne voulait lui en prêter. Pour mettre de l’ordre dans leurs affaires, les libéraux ont sabré massivement les dépenses du gouvernement, notamment dans les soins de santé. Nous en ressentons encore les effets aujourd’hui. Quelqu’un pense-t-il que les soins de santé au Canada peuvent faire l’objet d’une autre réduction? Je ne crois pas.
J’ai été choqué, comme bien des Canadiens, de constater que les soins de santé ne représentaient pas une énorme partie de ce budget. Les salles d’urgence de tout le pays sont débordées depuis deux ans. Les interventions chirurgicales essentielles ont été remises à plus tard, car les hôpitaux étaient des foyers de COVID‑19. Il faudra beaucoup de temps pour traiter l’arriéré des opérations.
Les provinces ont besoin d’aide du gouvernement fédéral pour les soins de santé, mais les libéraux n’ont pas l’air de s’en soucier. On peut sortir de ce pétrin. Il faut commencer par contrôler les dépenses pour lutter contre le problème de l’endettement. Le gouvernement ne peut pas repousser le problème.
Ce budget et ce plan d’avenir créeront plus de problèmes et rendront la vie plus difficile pour les Canadiens. C’est pourquoi je voterai contre ce budget.