Monsieur le Président, je tiens à remercier mon collègue, le député de Territoires du Nord-Ouest, d'avoir présenté cette motion. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai apprécié l'esprit de la motion. Elle reconnaît que le programme Nutrition Nord fait partie de la solution.
J'ai participé à l'élaboration du programme au comité permanent. Si je ne m'abuse, en collaborant étroitement avec les députés d'en face, nous en étions arrivés à un programme qui proposait une nouvelle voie pour atteindre des objectifs très admirables en ce qui a trait au prix des aliments, à la sécurité alimentaire et à la qualité des aliments dans le Nord. À l'époque, nous avions convenu que le prix des aliments était — et il continue d'ailleurs de l'être — trop élevé et que la sécurité alimentaire posait problème.
De plus, nous avions convenu que la qualité des aliments, en raison de la distribution et des choix offerts, était un point que le programme devait aborder. En outre, comme on l'a fait remarquer plus tôt dans le débat, les aliments traditionnels et leur distribution et, en particulier, leur entreposage, se sont révélés par la suite des éléments d'un programme qui, pour être franc, nous avaient échappé.
C'est tout à fait logique. Puisque j'ai déjà été infirmier et que j'ai travaillé dans des collectivités isolées et éloignées, principalement dans la belle circonscription de Kenora, mais aussi dans le Nord du Manitoba, le Nord de la Saskatchewan et le Nord de la Colombie-Britannique, de même qu'à Cambridge Bay et à Arviat, je suis bien conscient de l'importance de cette possibilité.
Nous savons que l'ancien programme, le programme Aliments-poste, comportait de graves lacunes structurelles, et nous l'avons reconnu. Ainsi, la participation à ce programme était surtout réservée aux gens qui avaient les moyens d'acheter de la nourriture provenant de villes qui, habituellement, desservent le Nord. Je parle d'Edmonton, de Winnipeg, de Prince Albert et de Val-d'Or, entre autres. Fait important à souligner, ceux qui voulaient commander de la nourriture devaient avoir une carte de crédit ou une carte de débit. Bien sûr, lorsque j'ai travaillé et vécu dans le Nord, au cours d'une période de presque 20 ans, bien peu de gens avaient une carte de crédit ou de débit, qui était nécessaire pour commander de la nourriture. Il fallait que les choses changent.
Je pense que le programme Nutrition Nord ne constitue pas la solution dans tous les cas. Pourquoi? À cause de l'immensité du Nord. J'ai même entendu le député de Timmins—Baie James parler de solutions communautaires et régionales nuancées qui pourraient s'inscrire dans une stratégie visant à diminuer le prix des aliments dans le Nord et à accroître la qualité des aliments et la sécurité alimentaire.
Le programme Nutrition Nord a mené à d'importantes interventions concrètes. On a souvent mentionné les statistiques à ce sujet depuis les premiers débats sur cette question, que ce soit pendant le débat actuel, lors de discussions précédentes ou à la période des questions. La première étape consistait à réduire le prix de certains produits. On a notamment réduit le prix des produits laitiers et d'autres aliments nutritifs dans les collectivités. Des affiches signalaient les réductions de prix aux consommateurs. Ce travail a permis d'établir des liens avec les principaux fournisseurs, ou du moins avec les commerçants qui vendent des aliments dans les collectivités elles-mêmes ou à distance. Ces efforts ont porté fruit. On a constaté une réduction nette de la somme que les familles doivent dépenser, chaque mois ou chaque année, pour se nourrir.
Le débat actuel est important. Le programme Nutrition Nord va déjà bon train, et nous continuons d'y apporter des ajustements. Les débats comme celui d'aujourd'hui nous donnent l'occasion de parler de la forme que pourraient ou devraient prendre les prochaines étapes, un sujet important.
J'organiserai mes commentaires à propos des prochaines étapes autour de deux grands thèmes, soit le rapport du vérificateur général, puis la question des autres options possibles, un thème qui ressort du débat actuel.
Je tiens d'abord à préciser que je partagerai mon temps de parole avec le député de Brampton-Ouest, que je remercie.
En ce qui concerne le rapport du vérificateur général, j'avais hâte de voir les résultats de l'examen de ce programme, et c'est l'un des points qui ont retenu mon attention. Le rapport a signalé plusieurs « pistes d'amélioration », comme j'aime les appeler. Nous avons accepté ces recommandations et avons entrepris d'y donner suite.
L'une des recommandations nous demande de voir à ce que les critères d'admissibilité des collectivités soient fondés sur leurs besoins. Une autre nous demande de revoir les accords de contribution rattachés au programme pour nous assurer que les commerçants fournissent des renseignements clairs et transparents, un point dont les deux côtés et les trois partis de la Chambre ont déjà souligné l'importance, je le rappelle. Comme on le sait, le rapport nous recommande aussi de faire un meilleur suivi du programme et de nous assurer qu'il atteint ses objectifs.
Nous nous y prendrons donc de deux façons: premièrement, nous devrons nous assurer que chaque localité éloignée et isolée a accès à des aliments sains, y compris des aliments périssables, comme des fruits et des légumes. Il faudra pour cela examiner attentivement le programme et faire le nécessaire pour que les localités qui ont besoin d'une subvention en reçoive une. Deuxièmement, nous devrons nous assurer que les localités qui font actuellement partie du programme reçoivent de l'information claire sur les subventions et que les détaillants refilent bel et bien les économies aux consommateurs.
Au cours des mois à venir, je vais poursuivre ma collaboration avec les localités du Nord de l'Ontario, y compris celles dont parle le député. Dans une manoeuvre politique douteuse, le NPD a pris une drôle de décision en publiant un article cinglant qui, à mes yeux, s'en prend à moi personnellement. On peut difficilement considérer que c'était judicieux, car tout le monde sait l'importance que j'accorde à la construction d'écoles, de dispensaires, de postes de police et d'infrastructures essentielles dans ma circonscription et connaît la crédibilité que je me suis bâtie depuis 20 ans que je fais carrière dans ces régions-là, que ce soit comme infirmier, avocat, ou maintenant député.
En fait, j'ai visité récemment la nation Webequie ainsi que quelques autres communautés. J'y ai fait l'annonce d'importants projets d'infrastructures, notamment pour améliorer la qualité de l'eau et du traitement des eaux usées. En ce qui concerne Webequie, nous misons sur les perspectives économiques qu'elle offre en tant que plaque tournante de la région du Cercle de feu, en investissant dans son aéroport, ce qui stimulera l'activité commerciale et favorisera la disponibilité des marchandises, un avantage direct pour les habitants de l'endroit. Selon moi, cette transformation est déjà en cours.
Je le répète, le débat d'aujourd'hui est important et significatif à bien des égards, du moins en principe. J'aurais préféré qu'il ne prenne pas un caractère aussi politique. Je connais assurément les Premières Nations des régions que je représente et les possibilités qui s'offrent à nous. Là-dessus, je vais passer à des politiques locales et régionales qui s'ajoutent à Nutrition Nord. Il s'agit de politiques importantes, dont l'existence est justifiée.
Il en a déjà été question. Mentionnons les jardins communautaires qui se multiplient dans les communautés autochtones. Le programme Nouveaux Horizons, notamment, a aidé quelques communautés dans ma circonscription à bâtir un jardin communautaire géré par des aînés.
Pour conclure, je tiens à mentionner une politique du Nord de l'Ontario, que j'ai eu le bonheur d'appuyer à titre de ministre responsable de FedNor. Le chef Donny Morris de Kitchenuhmaykoosib Inninuwug et le chef Bull de la nation Lac Seul se sont joints à moi plus tôt cette année pour appuyer une étude visant à analyser et à faciliter la distribution alimentaire dans la région.
L'étude visait à déterminer la viabilité d'un centre de distribution régional basé à Sioux Lookout pour accroître le pouvoir d'achat d'une communauté ou de groupes de communautés pour les produits périssables et non périssables. Cette étude a été réalisée conjointement avec la Fédération canadienne des municipalités, et avec l'appui de la ville de Sioux Lookout. Elle a notamment permis de cerner quelques solutions.
Je tiens à remercier le député de Territoires du Nord-Ouest d'avoir soulevé cette question à la Chambre et de me donner l'occasion d'intervenir sur cet important sujet, puisque j'ai vécu et travaillé pendant longtemps dans des collectivités isolées et éloignées, surtout dans ma région.