Monsieur le Président, je suis fier d'appuyer ce projet de loi en deuxième lecture. C'est un enjeu important pour les gens de Vaudreuil—Soulanges qui habitent les régions côtières du lac Saint-Louis et du lac Saint-François où, récemment, une épave se trouvait, qui s'appelait le Kathryn Spirit.
Le lac Saint-Louis est au confluent du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais. Depuis les 40 dernières années, plusieurs développements menacent la santé de nos lacs. Parmi d'autres menaces qui pourraient nuire à nos rivières et à nos lacs, on retrouve des oléoducs très usés, par exemple, ou l'étalement urbain. On ajoute les épaves à la liste des choses qui pourraient menacer nos lacs et nos rivières. Une épave risque fort, tôt ou tard, de constituer un danger pour la sécurité et l'environnement.
J'aimerais parler spécifiquement d'un exemple, que j'ai déjà mentionné, pour illustrer le besoin de ce projet de loi, soit l'épave du Kathryn Spirit. Ce navire a été construit en 1967. En 2011, on a été décidé de l'envoyer à la casse. On a choisi la région de Beauharnois pour démanteler le navire. Le maire de Beauharnois avait exprimé son désaccord sur le fait que le démantèlement du bateau se ferait à Beauharnois, et la Ville a réussi à faire stopper les travaux. Toutefois, de 2012 jusqu'à la fin de 2014, l'épave est restée sur place. On a découvert qu'il y avait une fuite d'eau huileuse dans le cours d'eau, et le maire de Beauharnois, M. Haineault, voulait que le gouvernement fédéral intervienne. En tant que maire d'une municipalité, cela ne relevait pas de sa compétence puisque le bateau était situé dans les eaux fédérales. Le gouvernement fédéral n'a pas agi.
Aujourd'hui, ce soir, c'est donc à nous d'agir et de proposer ce projet de loi.
Le projet de loi vise à donner à la Garde côtière canadienne le pouvoir réglementaire nécessaire pour agir avant qu'une épave abandonnée devienne problématique. Si ce projet de loi avait été en place en 2012, les gens de Vaudreuil—Soulanges et de Beauharnois—Salaberry n'auraient pas été exaspérés par l'inaction du gouvernement fédéral. Ce projet de loi leur aurait donné des outils.
Voici ce que disait le maire de Beauharnois:
La principale richesse du Québec, c'est la beauté du fleuve Saint-Laurent, il faut protéger ça. C'est un non-sens qu'on permette des travaux comme ça.
Ce n'est pas en travaillant en silo que nous verrons un avenir meilleur, c'est en travaillant ensemble. Il est temps de passer à l'action. Les municipalités, les administrations portuaires, les autorités régionales et les gouvernements provinciaux veulent aider le gouvernement fédéral à établir un régime plus solide qui pourrait prévoir des amendes ou des frais d'enlèvement. Un régime du genre ne peut cependant pas naître d'un projet de loi émanant d'un député.
Il est temps que le gouvernement agisse dans l'intérêt des citoyens vivant dans des régions côtières. Les mesures prises par les conservateurs et le système qu'ils ont mis en place ne fonctionnent tout simplement pas.
L'épave du Kathryn Spirit, dans la région de Beauharnois, prouve que le système ne fonctionne pas. Cela fait de nombreuses années qu'elle menace l'environnement. L'épave flotte depuis plus de trois ans dans les eaux du lac Saint-Louis, et sa détérioration constitue une menace pour l'environnement, la biodiversité du bassin hydrographique et la santé de la population locale. Le propriétaire du navire a fait retarder les travaux visant à remettre le navire à flot et a continué à ralentir le processus. Or, le gouvernement fédéral n'a rien fait. Les conservateurs ont abdiqué leurs responsabilités.
Le député ministériel a fait référence à la Loi sur la marine marchande du Canada. Cependant, le gouvernement ne s'est pas servi du pouvoir que cette loi lui confère pour forcer le propriétaire à enlever cette épave qui constitue clairement une menace pour l'environnement, ainsi que pour la santé des habitants de Vaudreuil-Soulanges, de Beauharnois—Salaberry, de Lac-Saint-Louis et de toutes les collectivités en aval sur les rives du Saint-Laurent.
Les conservateurs doivent agir. Il est décevant qu'ils n'aient pas l'intention d'appuyer le projet de loi présenté par la députée de Nanaimo—Cowichan.
Je suis fier d'avoir vécu dans la circonscription de la députée, bien que brièvement, en 1989 et 1990. J'ai également travaillé dans la circonscription du député d'Esquimalt—Juan de Fuca dans l'installation de réparation et d'élimination de la base navale en 1992, en tant que stagiaire d'été. Je sais que les habitants de leur circonscription cherchent des solutions au problème des navires abandonnés.
Le Kathryn Spirit est un exemple d'une épave dans ma circonscription que le gouvernement a décidé de ne pas enlever malgré le fait qu'elle présente un danger. Il y a de nombreuses autres épaves de ce genre au Canada.
Le SS Beaver a coulé à Cowichan Bay, dans la circonscription de la députée de Nanaimo—Cowichan. Tel que rapporté dans un article, des polluants se sont déversés dans la baie, et la Garde côtière a été dépêchée sur les lieux. L'article appuie le projet de loi C-231, aujourd'hui le projet de loi C-638, comme moyen d'éliminer toute confusion de compétences en matière de navires abandonnés.
Le régime en place n'est pas assez clair. Juste en écoutant les députés d'en face expliquer, dans leur discours, que le régime est clair et efficace, je n'y comprenais plus rien. Je n'ai pas réussi à y voir clair. Si un député qui connaît très bien les termes juridiques et les domaines de compétence a du mal à comprendre le régime en place, imaginons à quel point c'est difficile pour le maire d'une ville ou d'un village de se retrouver dans le dédale des dispositions de ce régime.
La proposition de la députée de Nanaimo—Cowichan est excellente et claire. Je pense qu'elle fournirait aux municipalités et aux organismes régionaux les outils nécessaires pour s'occuper des épaves. Nous aimerions voir un régime de navires abandonnés similaire à celui de l'État de Washington qui, je crois, a été mentionné à quelques reprises durant le débat ce soir, pour remédier à ce problème croissant de navires abandonnés dans nos cours d'eau.
Nos cours d'eau sont un héritage que nous transmettons à nos enfants. Nous devons les garder propres et salubres. Nous aimerions préserver leur biodiversité. Ce projet de loi d'initiative parlementaire n'est que la première étape d'un nouveau régime qui s'impose.
Je suis convaincu que nous étofferons cette mesure législative en octobre, après avoir remporté les prochaines élections. Quand nous formerons le gouvernement, nous mettrons en place un régime qui expliquera clairement qui doit s'occuper des navires abandonnés.
Même si j'ai entendu des députés d'en face dire qu'ils s'opposeront au projet de loi, le NPD espère que ces députés tiendront compte de l'avis des Canadiens qui habitent les zones côtières du pays. Ce sont ces gens qui nous demandent de prendre des mesures pour remédier au problème des navires vieillissants et qui estiment qu'il n'y a pas suffisamment d'installations qui recyclent la fibre de verre. Enfin, ce sont aussi ces Canadiens qui souhaitent que l'on protège nos cours d'eau contre d'éventuels problèmes environnementaux ou de sécurité, de façon à ce que nos enfants puissent, à leur tour, profiter de ces cours d'eau.