Monsieur le Président, avant d'arriver en politique, j'étais un des membres fondateurs du Conseil de bassins versants de la région de Vaudreuil-Soulanges. Cet organisme était chargé du développement d'un plan directeur de l'eau pour ma région.
Pour ceux qui ne connaissent pas bien le concept de bassin versant, il s'agit de l'ensemble du territoire drainé par un cours d'eau principal et par ses tributaires. Les limites sont l'amont et l'aval d'un territoire. Tous les cours d'eau sont liés à un cours d'eau majeur.
Si je mentionne les bassins versants, c'est parce que le territoire du bassin versant gère la qualité de nos eaux, qui est déterminée par la santé d'un bassin versant. Or l'eau est la plus importante des ressources.
C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai décidé de me présenter aux élections en 2011 et de me joindre à l'équipe de Jack Layton, le NPD, un parti progressiste qui prône le droit de vivre dans un milieu sain et durable.
Dans sept générations, notre réussite ne sera pas mesurée en fonction du PIB, de la croissance économique, du pétrole consommé ou produit, ou de la consommation au pays. Non, notre réussite sera mesurée en fonction de notre capacité à préserver l'équilibre écologique.
Nos ressources doivent être exploitées de façon durable. Il faut mettre en place un régime fondé sur le principe du pollueur-payeur. Il faut réduire notre dépendance extrême aux combustibles fossiles. La vision du NPD, c'est que la croissance économique et la création d'emplois vont de pair avec la durabilité sociale et environnementale.
Ma région est en aval d'ici, sur la rivière des Outaouais. Ici, en amont, on prend des décisions qui dérangent les citoyens de ma région. Ils sont inquiets et ils ont raison de l'être. Ma région est la plaque tournante des transports du pays. Le Canadien National, le Canadien Pacifique, la canalisation 9 d'Enbridge et TransCanada passent tous par Vaudreuil-Soulanges.
Pendant 16 ans, la ligne 9B était hors des normes sécuritaires. Ce problème a été ignoré par une députée libérale et par un député du Bloc. C'est seulement quand les citoyens de ma région ont élu un député du NPD qu'on a découvert qu'il y avait un problème concernant la ligne 9B. J'ai soulevé ce problème au sein du Comité permanent des ressources naturelles après avoir lu un article à ce sujet.
Les Canadiens veulent un renforcement des inspections, des règlements adéquats et l'application des normes. La sécurité du public et la protection de l'environnement doivent être deux priorités pour n'importe quel gouvernement. Les conservateurs accusent un retard. Les libéraux, eux, ont eu 13 ans pour régler le problème, mais ils n'ont rien fait. Les risques sont trop grands.
Par exemple, les libéraux et les conservateurs sont maintenant en faveur du projet Keystone XL.
Lorsque j'ai parlé avec David Suzuki, en 2011, je lui ai dit que les Canadiens sont très préoccupés par les pipelines. Je lui ai demandé quelle devrait être la plus grande crainte des Canadiens. Il a répondu que nous sommes souvent préoccupés par les grands déversements dont nous sommes témoins ou par les déraillements de train. Or, dans le cas des pipelines, il a dit que le plus grand problème vient des microfuites. L'un des députés conservateurs a parlé de la technologie. Il est vrai qu'il y a eu des avancées technologiques. Cependant, dans 2 % des cas, ces microfuites ne peuvent toujours pas être détectées par les instruments employés pour le pipeline Keystone. Ainsi, un déversement de pétrole causé par la corrosion et les microfuites dans un pipeline pourrait demeurer indétectable pendant des jours ou des mois. Ce déversement pourrait contaminer la nappe phréatique sans que nous le sachions, parce que nous serions incapable de le détecter.
Il y a une autre question que nous devons nous poser. Oui, la construction d'un nouveau pipeline nous permettrait d'utiliser ce nouveau procédé servant à détecter les fuites les plus minimes. Mais que fait-on des autres pipelines? Allons-nous équiper tous les pipelines d'Amérique du Nord de ce mécanisme de sécurité? La question se pose, parce que, si cette technologie vaut la peine d'être installée sur un pipeline, pourquoi ne mériterait-elle pas de l'être sur tous les pipelines? Ne devrions-nous pas mettre notre réseau de pipelines à niveau? Voilà les questions que je me pose et que se posent les gens que je représente.
Depuis des années, les gouvernements libéraux et conservateurs ont tellement malmené la politique énergétique canadienne qu'il sera difficile de réparer les pots cassés. Et c'est à cause de leur négligence que tous ces problèmes ont perduré ainsi. Je pourrais prendre n'importe quel journal au hasard, peu importe la date, et je serais certain qu'il y serait question d'au moins cinq projets énergétiques en cours qui éprouvent des problèmes pour lesquels le gouvernement ne fait rien.
Prenons l'exemple des relevés sismiques dans la rivière Clyde, où on a constaté des problèmes avec les narvals. La société responsable des travaux d'exploration veut y faire des relevés sismiques, ce qui revient à faire sauter des explosifs précisément à l'endroit où vivent les narvals. L'affaire est devant les tribunaux de Toronto. Le maire de Clyde River a obtenu une injection interdisant les relevés.
C'est toujours le même scénario qui se répète.
On l'a vu aussi dans le cas des bélugas du Saint-Laurent. C'est la même chose.
Plusieurs feux ont été allumés. C'est à nous d'essayer de trouver tous les problèmes et de proposer des solutions.
Il faut consulter davantage les collectivités et les Premières Nations.
Chickadee Richard, une militante autochtone de Winnipeg, a dit ceci:
Nous, autochtones, utilisons encore les terres. Nous faisons encore la cueillette et la chasse. Nous comptons encore sur les forêts et les cours d'eau. Ce projet de pipeline pourrait donc avoir des conséquences irrémédiables pour nous. Nous sommes maintenant en pleine crise et nous avons une responsabilité envers les générations futures.
Mme Richard fait partie d'une coalition de Winnipeg qui souhaite élargir les consultations de l'Office national de l'énergie. Une autre membre de la coalition, Mary Robinson, de la section de Winnipeg du Conseil des Canadiens, a dit: « Sans [...] le point de vue du peuple, tout examen du projet de pipeline demeurera incomplet et illégitime. »
Ces voix représentent une partie du Canada. J'en parle parce que j'entends la même chose dans ma région et de la part d'autres députés. Les électeurs de leurs circonscriptions ont les mêmes préoccupations. On ne cesse de soulever ces questions et il faut les résoudre.
Je me réjouis qu'un projet de loi soit présenté pour régler le problème, mais j'estime qu'il ne va pas assez loin. Il ne répond pas aux questions et aux préoccupations des électeurs de ma circonscription et d'autres circonscriptions.
Il va sans dire que le Canada regorge de ressources naturelles. Je ne fais pas partie de ceux qui pensent qu'on ne devrait pas les exploiter. Bien au contraire. Nous avons vraiment de la chance de les posséder, car elles sont une véritable bénédiction pour le pays. Nous devons toutefois adopter une autre façon d'en faire l'exploration et l'exploitation. Voilà 40 ou 50 ans que ces ressources sont gérées de manière irresponsable par les gouvernements libéraux et conservateurs qui se sont succédé.
La vision du NPD comprend trois éléments. Le premier, c'est la durabilité. Nous voulons nous assurer qu'un modèle de pollueur-payeur est en place, afin que les pollueurs paient la facture pour tout déversement produit et pour la pollution qui en découle au lieu de refiler cet endettement aux générations à venir.
Le deuxième, c'est le partenariat. Nous voulons nous assurer que le développement des ressources profite aux collectivités, aux provinces et aux Premières Nations afin de créer des emplois à valeur ajoutée pour la classe moyenne du Canada.
Le troisième vise une prospérité à long terme, et non pas une prospérité à court terme qui créerait des jobs demain pour les perdre deux semaines plus tard. Nous visons une prospérité à long terme au moyen d'investissements et de technologies modernes pour atteindre l'équilibre entre l'économie et l'écologie.