Monsieur le Président, je suis fier de parler de notre motion d'opposition aujourd'hui, parce que la taxe sur le carbone oblige tous les Canadiens à assumer davantage de coûts. Les aînés, les jeunes, les propriétaires de petites entreprises et, certainement, les agriculteurs doivent absorber plus de coûts, et je peux dire que les agriculteurs ont payé plus.
En fait, selon Statistique Canada, les récoltes de 2022 ont été les plus coûteuses de l'histoire du Canada. Les dépenses à la ferme ont en effet dépassé les 11 milliards de dollars, ce qui représente une hausse de 12 % par rapport à l'année précédente, soit la plus forte augmentation de l'histoire de l'agriculture canadienne. Selon l'association des producteurs agricoles de la Saskatchewan, bon nombre de ses membres ont vu leurs coûts d'intrants multipliés par sept. Or, une grande partie de cette hausse peut être attribuée à la coalition libérale-néo-démocrate et à la taxe sur le carbone.
Mary Robinson, présidente de la Fédération canadienne de l'agriculture et productrice de pommes de terre de l'Île-du-Prince-Édouard, a comparu devant le comité de l'agriculture hier et elle a déclaré que les récoltes de cette année pourraient être encore plus coûteuses que ce que nous avons vu précédemment.
Les familles d’agriculteurs ne peuvent pas se permettre cela. Leur capacité à rester économiquement viables est mise en péril. Les agriculteurs n’ont pas les moyens d'acheter des engrais, du carburant ou de quoi nourrir leurs animaux et ils n’ont pas les moyens d’ensemencer leurs champs. Par conséquent, nous voyons de nombreux exploitants de fermes familiales baisser les bras et abandonner. Les fermes ne peuvent tout simplement pas être viables lorsque leurs propriétaires vendent à perte. Nous ne sommes plus compétitifs sur le marché mondial.
Voilà qui devrait être des signaux d'alarme pour le gouvernement libéral actuel, qui devrait se voir ainsi forcé de changer de cap. En fait, il ne change pas de cap et il triple sa malencontreuse taxe sur le carbone. Il va tripler cette taxe alors que les Canadiens n'ont pas les moyens de mettre de la nourriture sur la table.
Mon collègue a dit tout à l'heure que les libéraux feront valoir que la taxe sur le carbone est une mesure environnementale visant à assurer la viabilité environnementale des agriculteurs. Ironiquement, ils n'ont pas atteint une seule des cibles d'émissions qu'ils ont fixées, ce qui prouve que la taxe sur le carbone est une absurdité. Plus important encore, les entreprises agricoles ne peuvent pas rester viables sur le plan environnemental si elles ne le sont pas sur le plan économique. Elles cesseront tout simplement d'exister.
D'après les dossiers que nous avons vus, les agriculteurs ont du mal à garder leurs fermes viables. Contrairement à la plupart des acteurs des autres industries au Canada, les agriculteurs canadiens paient la taxe sur le carbone de multiples fois. Ils la paient lorsqu'ils achètent de l'engrais ou de quoi nourrir leurs animaux ou lorsqu'ils transportent leur bétail ou des céréales. Ils paient la taxe sur le carbone auprès des compagnies ferroviaires, des entreprises de camionnage et des compagnies pétrolières.
Ce qui rend la taxe sur le carbone imposée aux agriculteurs canadiens encore plus odieuse, c'est que les agriculteurs sont punis au lieu d'être applaudis pour le travail qu'ils font. Or, le secteur canadien de l'agriculture a réduit son empreinte carbone et ses émissions de 50 % au cours des deux dernières décennies. Au cours de la même période, il a augmenté ses rendements de 60 %. Quelle autre industrie sur la planète peut en dire autant? Les agriculteurs y sont parvenus et, en même temps, ils ont réduit leurs intrants, amélioré la santé des sols, réduit leur consommation d’eau et accru leur efficacité.
Les députés savent-ils pourquoi ils ont fait cela? Ils ne l'ont pas fait après avoir été punis avec des taxes sur le carbone ou à cause de règlements ou de l'ingérence du gouvernement. Ils l'ont fait parce que c'est la bonne chose à faire. Ils l'ont fait d’eux-mêmes, en adoptant la technologie et des méthodes innovantes et en utilisant de nouvelles pratiques comme la gérance des nutriments 4B, la culture sans labour et l'agriculture de précision. Encore une fois, ils ont pris ces mesures d’eux-mêmes parce que c'était la bonne chose à faire. Cela a amélioré leur efficacité et leur production, mais c'était ce qu’il fallait faire aussi pour protéger l'eau, leur sol et leurs animaux.
Toutefois, au lieu de les applaudir pour cela, le gouvernement libéral les punit. Il les taxe pour qu'ils produisent des aliments de la manière la plus viable qui soit au monde. Non seulement le gouvernement punit-il les agriculteurs canadiens, mais il punit également chaque Canadien, parce que la taxe sur le carbone se répercute dans toute la chaîne alimentaire.
Nous le constatons depuis la ferme jusqu’aux étagères des épiceries, où des dizaines de milliers de Canadiens ont du mal à mettre du pain sur la table, et les répercussions sont très réelles. Nous savons que le coût des fruits et légumes a augmenté de 13 %. Le pain et les pommes de terre ont grimpé de 15 %, et les pâtes de 30 %. Ce sont des aliments essentiels qui font partie de l'alimentation quotidienne des familles canadiennes, mais à cause de la taxe libérale sur le carbone qui ne cessera de croître, les familles ne peuvent plus se permettre d'acheter ces produits de base à l'épicerie.
Encore une fois, les libéraux diront qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter et que la plupart des familles canadiennes récupèrent plus que le montant de la taxe sur le carbone qu’elles paient. Nous devons dès maintenant mettre fin à ce mythe concernant la taxe sur le carbone qui n’engendre aucun revenu, car nous savons, grâce au directeur parlementaire du budget, que ce n’est pas vrai. En fait, les Grain Farmers of Ontario ont comparu devant le Comité de l’agriculture et ont déclaré qu’ils récupéraient environ de 13 à 15 % de ce qu’ils dépensaient en taxe sur le carbone. C’est loin d’être un revenu neutre. En fait, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante vient de confirmer ces chiffres en disant qu’actuellement, l’agriculteur moyen dépense environ 14 000 $ par année en taxe sur le carbone. Lorsqu’elle sera augmentée, le 1er avril, il paiera 45 000 $ par année en taxe sur le carbone.
Il est intéressant de noter que personne au sein du gouvernement libéral n’a contesté les chiffres présentés par les Grain Farmers of Ontario et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, qui montrent ainsi que la taxe sur le carbone pénalise clairement les agriculteurs canadiens et les populations rurales. Personne n’est venu dire que ce n’était pas vrai que la taxe sur le carbone n'avait aucune incidence sur les revenus. S'ils ne contestent pas ces chiffres, c'est qu’ils les savent véridiques. Le discours des libéraux est fallacieux. La taxe sur le carbone a bel et bien une incidence sur les revenus.
J'ai entendu le député de Winnipeg-Nord affirmer que ce n’est pas le cas. Or, j’ai demandé au ministère des Finances du Canada, combien d'argent un agriculteur canadien obtient comme remboursement, en moyenne, par rapport à la taxe sur le carbone qu'il paie. Huit cents dollars par année: voilà ce qu'a été la réponse du ministère, alors que l'agriculteur paie 45 000 $ de taxe. Les mathématiques ne sont pas mon point fort, mais je suis sûr que l’écart est pas mal grand entre le montant de la taxe sur le carbone que paient les agriculteurs et ce qu’ils récupèrent sous forme de remboursement. Chaque Canadien paie cette taxe dans sa facture d’épicerie, et les agriculteurs canadiens en sont certainement les plus touchés.
En fait, le député sera peut-être intéressé de savoir qu'un agriculteur de la région de Winnipeg qui s'appelle Jochum a comparu devant le comité de l'agriculture et a dit que la taxe sur le carbone lui coûte actuellement environ 40 000 $ par année et que, lorsque la coalition libérale—néo-démocrate pour la taxe sur le carbone triplera cette taxe, il devra payer 136 000 $ par année. Selon un rapport publié récemment, une fois la taxe sur le carbone triplée, le propriétaire d’une ferme moyenne de 5 000 acres paiera 150 000 $ par année uniquement en taxe sur le carbone. Je doute qu'il y ait un seul député à la Chambre, surtout s'il représente une circonscription rurale, qui puisse me dire que les agriculteurs de sa région peuvent absorber ce genre de coût. C'est impossible.
La taxe sur le carbone met en péril la durabilité économique de l'agriculture canadienne et notre sécurité alimentaire. Taxer les agriculteurs qui essaient de produire de la nourriture, alors qu'il n'y a pas d'autre source d’énergie que les carburants qu'ils utilisent à la ferme, est un non-sens. Cela n'a aucun sens, d’autant plus que le directeur parlementaire du budget a corroboré les chiffres dont nous parlons ici. Ce n'est absolument pas sans incidence sur les recettes, et la ministre de l'Agriculture est complice de cette situation. Elle accable les agriculteurs canadiens d'une taxe écrasante sur le carbone. Elle a voté contre notre projet de loi C‑206, qui aurait exempté de la taxe sur le carbone les carburants utilisés à des fins agricoles, comme le gaz naturel et le propane.
Cependant, nous, les conservateurs, n'avons pas abandonné le combat. Nous avons ramené un projet de loi d'initiative parlementaire, le projet de loi C‑234, qui exempterait de nouveau les carburants agricoles, comme le propane et le gaz naturel, de la taxe sur le carbone. La mesure aiderait les agriculteurs qui tentent de chauffer et de refroidir leurs granges et de sécher leur grain. Elle est essentielle pour garder l’agriculture canadienne compétitive et viable.
Il est temps de cesser de s’en prendre à l’agriculture canadienne. Il est temps d'empêcher les libéraux de considérer les agriculteurs canadiens comme une partie du problème parce qu’en fait, ils font partie de la solution; la taxe sur le carbone doit donc être abolie.