Madame la Présidente, c’est toujours un plaisir de prendre la parole à la Chambre des communes au nom des habitants de Calgary Midnapore.
Je pense qu’il est arrivé à tout le monde de vivre cette situation, par exemple, à l’épicerie, après avoir mis des articles dans le panier, d’arriver à la caisse et de devoir en retirer. C’était peut-être à cause de la folle soirée de la veille. Peut-être était-ce d’avoir mangé trop de bonbons après avoir passé du temps avec des amis ou des membres de la famille. Nous avons tous vécu une situation où, comme c’est le cas aujourd’hui avec ArnaqueCAN, nous nous sommes demandé comment cela avait même pu se produire.
La grande question aujourd’hui est de savoir comment cela a même pu se produire. Voilà pourquoi nous, députés de l’opposition officielle, demandons au gouvernement libéral de déposer, d’ici le 18 mars, un rapport faisant état des coûts totaux d’ArnaqueCAN, dont nous n’avons encore aucune idée. Nous exigeons également que le gouvernement perçoive et recouvre tout l'argent versé aux entrepreneurs qui n’ont fait aucun travail. Nous savons qu’il y en a eu beaucoup, et certainement un en particulier. La Chambre est saisie de cette motion de l’opposition aujourd’hui parce que les Canadiens se demandent comment cette affaire a même pu se produire.
L'application ArriveCAN devait coûter 80 000 $. C’est le prix auquel est arrivé un groupe de personnes qui a passé un week-end à reproduire l’application. Puis, le prix indiqué a grimpé à quelques dizaines de millions et, plus récemment, nous avons découvert que l'application avait coûté 54 millions de dollars. Autrement dit, le gouvernement a versé 54 millions de dollars pour une application qui, aux dires de quelques personnes, aurait pu être créée pour 80 000 $.
Récemment, grâce au rapport de la vérificatrice générale, nous avons découvert que l’application a coûté au moins 60 millions de dollars, et nous ne sommes même pas certains que ce soit le montant total compte tenu des lacunes de la documentation tenue par le gouvernement, ce qui témoigne de son incompétence.
Le principal fournisseur derrière tout cela est la tristement célèbre GC Strategies, une société de deux personnes travaillant dans leur sous-sol, dont nous pensions à l’origine qu’elle avait touché 11 millions de dollars. Or, d'après le rapport de la vérificatrice générale, les honoraires versés se chiffraient à près de 19 millions de dollars. Là encore, nous n’en sommes pas tout à fait sûrs, car nous ne disposons pas des pièces justificatives nécessaires pour prouver que c’est bien le montant total qui a été versé.
La presse a récemment révélé que la coalition néo-démocrate-libérale, soit le gouvernement libéral, a attribué à cette société de deux personnes travaillant dans leur sous-sol et n’effectuant aucun travail, des marchés totalisant un quart de milliard de dollars, ce qui est un montant incroyable.
Dans le dossier de l’application ArnaqueCAN et de ses fournisseurs, nous sommes peut-être en présence de collusion, de fixation des prix et certainement d’inflation des prix, ou de toutes ces possibilités. Mon collègue de Sherwood Park—Fort Saskatchewan a interrogé les témoins. Il leur a demandé à maintes reprises ce qu’ils avaient fait, mais ils n’ont même pas pu répondre. Ils étaient incapables de répondre à la question.
On a également été établi que GC Strategies avait falsifié des curriculum vitæ afin d’obtenir ces contrats. Nous connaissons tous les sanctions appliquées dans de tels cas, par exemple si l’on postule auprès d’une entreprise privée ou d’une université ou encore si l’on falsifie un relevé de notes. Ces choses sont inimaginables, et c’est pourtant ce qu'a fait ce fournisseur, qui a reçu un quart de milliard de dollars du gouvernement libéral.
Il y a la destruction de documents par le dirigeant principal de l’information à l’époque d’ArnaqueCAN. Voilà qui ne s'invente tout simplement pas. Encore une fois, comment cela a-t-il pu se produire? Les Canadiens se le demandent.
Et il y a pire: la présidente de l’Agence des services frontaliers du Canada n’a même pas fait état de l’enquête de la GRC sur GC Strategies à la vérificatrice générale, qui en a appris l’existence dans le Globe and Mail. Le gouvernement est tellement dysfonctionnel que la main droite ne sait pas ce que fait la main gauche. Ensuite, il y a le directeur de l’intégrité de l’Agence qui enquête sur la situation.
C'est encore et toujours la même chose: le gouvernement enquête sur lui-même. J'ai du mal à voir la logique de tout cela, bien franchement. Comme beaucoup d’autres, j’aimerais bien que nous puissions déterminer nous-mêmes si nous avons mal agi ou non. Malheureusement, la démocratie n’est pas censée fonctionner ainsi, et le Canada n’est pas censé fonctionner ainsi, mais c’est ainsi que fonctionne ArnaqueCAN. Par conséquent, une fois de plus, comment cela a-t-il même pu se produire?
Nous n’en sommes même pas à l’enquête de la GRC, et, déjà, ceux qui ont examiné ce qui s’est passé n’ont rien trouvé de bon. L’ombudsman de l’approvisionnement a examiné ArnaqueCAN et ses propos sont très accablants. Il a constaté que sur les 41 acquisitions liées à ArriveCAN, 23 contrats ont été attribués au moyen d’un processus concurrentiel, tandis que 31,7 %, soit un tiers des contrats, étaient à fournisseur unique non concurrentiels. C’est terrible. Nous avons également appris que 43,5 % des contrats ont été attribués à des soumissionnaires dissuadés de proposer des tarifs concurrentiels et encouragés à choisir des tarifs moins risqués. Les députés ont peut-être entendu dire que GC Strategies, cette entreprise dont nous avons tant parlé à la Chambre des communes, a même remporté un appel d’offres parce qu’elle a rédigé les conditions pour le remporter. C’est elle qui établissait les règles pour remporter l’appel d’offres. Je pourrais continuer longtemps ainsi.
Voici tout ce que révèle le scandale ArnaqueCAN: l’incompétence du gouvernement, son refus de reconnaître sa responsabilité, un manque de respect total pour les contribuables et aucune optimisation des ressources, je reviendrai là-dessus dans un instant. Ce scandale est malheureusement un microcosme de la façon dont fonctionne le gouvernement depuis bientôt neuf ans.
Et les choses ne se sont pas arrangées après l'examen effectué par l’ombud de l’approvisionnement, qui a constaté l'échec du processus. Il y a deux semaines, la vérificatrice générale a enfin publié ses rapports, au grand dam des libéraux. Ceux-ci ont eu beau essayer de se justifier en invoquant la pandémie, la vérificatrice générale a dit que ce n’était pas une excuse pour dépenser l’argent des contribuables à tort et à travers. Nous avons constaté que 18 % des factures soumises par les entrepreneurs n’étaient pas accompagnées des pièces justificatives. Nous savons aujourd’hui que des autorisations de tâches ont été émises et payées alors qu’aucune tâche n’y était mentionnée. Autrement dit, il se peut que des gens aient été payés pour un travail qu’ils n’ont même pas fait. C’est absolument incroyable.
De plus, dans le rapport de la vérificatrice générale, 12,2 millions de dollars n’ont même pas pu être associés à ArriveCAN, ou ArnaqueCAN. C’est un montant spectaculaire. Nous avons également constaté dans son rapport que les indemnités étaient de 1 090 $ par jour comparativement aux 675 $ pour des postes comparables en technologies de l'information dans d’autres ministères. Il est tout simplement ahurissant que ce gaspillage ait pu se produire avec ArnaqueCAN, qu’il puisse y avoir eu un mépris aussi flagrant des contribuables.
Toutefois, c’est ce que fait le gouvernement libéral de nos jours. C’est un gouvernement qui a enregistré un déficit de 23,6 milliards de dollars entre avril et décembre de l’an dernier, qui envoie plus d’un million de Canadiens dans les banques alimentaires et à cause duquel un Canadien sur cinq est contraint de sauter des repas. L'affaire ArnaqueCAN est représentative du gouvernement et de la faillite à laquelle nous assistons.
La bonne nouvelle, comme nous l’avons appris aujourd’hui, c’est que l’enquête de la GRC a été élargie pour inclure l'affaire ArnaqueCAN, ce qui est une grande victoire pour nous qui siégeons de ce côté de la Chambre. C'est l'illustration de notre ténacité dans notre quête de la vérité, de notre volonté de ne pas renoncer à faire la lumière pour les Canadiens et à nous assurer qu’ils en aient pour leur argent.
Cependant, il reste une dernière question à élucider, et c’est là-dessus que j’ai commencé mon discours. Nous devons savoir comment tout cela a pu se produire.