Il s'agit de la séance numéro 60 du Comité permanent des comptes publics. Nous sommes le lundi 29 mai 2017. La séance d'aujourd'hui est consacrée à l'étude du « Rapport 3, Prévenir la corruption dans les services d'immigration et de contrôle aux frontières », des Rapports du printemps 2017 du vérificateur général du Canada.
Je tiens aussi à informer les membres du Comité et les personnes qui assistent à la réunion que la séance d'aujourd'hui est télévisée et enregistrée. Veuillez éteindre vos téléphones cellulaires, pour éviter toute perturbation. Je vous en serais très reconnaissant.
Nous sommes heureux d'accueillir parmi notre auditoire d'aujourd'hui les membres du comité des comptes publics du Bangladesh ainsi que le vérificateur général du pays.
Bienvenue. Les membres du Comité ont hâte de vous rencontrer et de discuter avec vous des enjeux liés aux comptes publics ainsi que des travaux de nos comités respectifs. Nous espérons que vous aurez un séjour agréable qui vous permettra d'acquérir des connaissances sur notre façon de faire.
Nous accueillons aujourd’hui de nombreux témoins. Représentant le Bureau du vérificateur général du Canada, nous accueillons M. Michael Ferguson, vérificateur général du Canada. Il est accompagné de M. Nicholas Swales, qui occupe le poste de directeur principal au Bureau du vérificateur général. Nous accueillons également, de l’Agence des services frontaliers du Canada, son président, M. John Ossowski, et Mme Caroline Xavier, qui est vice-présidente de la Direction générale des programmes. Le ministère de la Citoyenneté et de l’Immigration est représenté par Mme Marta Morgan, la sous-ministre, et par M. Robert Orr, sous-ministre adjoint aux opérations. Nous entendrons également Mme Diane Jacovella, sous-ministre déléguée au ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement.
Nos invités ont tous préparé une déclaration préliminaire.
J'invite le vérificateur général à commencer.
:
Monsieur le président, je vous remercie de nous donner l’occasion de présenter les résultats de notre audit sur la prévention de la corruption dans les services d’immigration et de contrôle aux frontières.
Lors de notre audit, nous avons examiné les mesures prises par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et l’Agence des services frontaliers du Canada pour répondre au risque de corruption chez le personnel des services d’immigration et de contrôle aux frontières.
Dans le cas du ministère, nous avons mis l’accent sur les risques et certains contrôles liés à la délivrance des visas aux visiteurs et aux étudiants étrangers depuis les missions canadiennes à l’étranger. Dans le cas de l’Agence, nous avons mis l’accent sur les risques et certains contrôles aux postes frontaliers terrestres ou les premiers points de contact des voyageurs sont les agents des services frontaliers.
Dans l’ensemble, nous avons conclu que les deux organisations avaient admis que leurs employés étaient exposés au risque de corruption. Nous avons aussi conclu qu’elles doivent mieux mettre en oeuvre leurs procédures pour répondre à ce risque.
Or, aucune des deux organisations n’avait fait un suivi adéquat de ses contrôles pour s’assurer qu’ils fonctionnaient comme prévu. Une meilleure information sur l’efficacité des contrôles aiderait les deux organisations à améliorer ces contrôles et à détecter la corruption de manière proactive.
Faute d’une surveillance suffisante, les deux organisations ne savaient pas non plus que leur personnel n’appliquait pas toujours les procédures de contrôle en vigueur. Par exemple, nous avons constaté que les agents de l’Agence des services frontaliers du Canada n’avaient pas toujours suivi la politique de l’Agence selon laquelle ils doivent enregistrer les données sur tous les voyageurs dans le système de la ligne d’inspection primaire intégrée. Nous avons donc estimé qu’au cours d’une année, les agents n’avaient pas collecté, comme ils l’auraient dû, les données sur les voyageurs qui ont franchi la frontière dans quelque 300 000 véhicules. Sans cette information, les agents pourraient autoriser l’entrée au pays de personnes inadmissibles ou qui auraient dû subir un contrôle supplémentaire.
[Français]
Nous avons aussi constaté que des agents des services frontaliers s'étaient communiqué leur information de connexion au système, même si la politique de l'Agence l'interdit dans tous les cas. Il est donc difficile de rattacher des opérations données à des agents en particulier et d'établir s'ils respectent ou non la politique.
Les surintendants de l'Agence doivent vérifier si les agents des services frontaliers respectent les politiques et les procédures en vigueur. Nous avons cependant constaté que la plupart d'entre eux estimaient qu'ils n'avaient pas assez de temps pour le faire. Au cours d'une année donnée, la moitié des surintendants seulement ont utilisé les rapports qui devaient les aider à mener leur mission de surveillance. Nous avons constaté que les surintendants n'avaient pas fait le suivi requis pour 56 avis de surveillance manqués.
Nous avons constaté qu'à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, ou IRCC, 14 employés recrutés sur place avaient consulté leur propre dossier de visa. Cela allait à l'encontre du Code de conduite du ministère. Dans au moins un autre cas, une action similaire indiquait une communication indue des données d'autres demandeurs.
Je tiens aussi à préciser que, lorsque nous avons relevé des activités de surveillance efficaces, nous avons aussi constaté que la mise en oeuvre des contrôles était efficace. Par exemple, nous avons constaté qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada avait surveillé adéquatement les personnes qui pouvaient accéder au Système mondial de gestion des cas et qu'il avait supprimé les droits d'accès lorsque ceux-ci n'étaient plus requis.
Notre rapport contient cinq recommandations: deux à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, deux autres à l'Agence des services frontaliers du Canada et la dernière à Affaires mondiales Canada. Ces trois organisations ont accepté nos recommandations et elles se sont engagées à prendre les mesures appropriées pour y donner suite avant la fin de l'exercice en cours.
[Traduction]
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d’ouverture. Nous serons heureux de répondre aux questions des membres du Comité.
Merci.
[Français]
Monsieur le président, honorables membres du Comité, bonjour.
Je suis accompagné aujourd'hui par Mme Caroline Xavier, notre vice-présidente des opérations, qui pourra m'aider à répondre à vos questions plus tard.
[Traduction]
Je suis heureux de m’adresser à vous aujourd’hui au nom de l’Agence des services frontaliers du Canada. J’aimerais commencer en acceptant les conclusions des rapports du printemps 2017 du vérificateur général du Canada, plus précisément celles du Rapport 3 — Prévenir la corruption dans les services d’immigration et de contrôle aux frontières.
Comme vous pouvez vous en douter, je suis particulièrement fier que la vérification n’ait révélé aucune preuve de corruption. Cette conclusion, pour ne nommer que celle-ci, en dit long sur l’importance que nous reconnaissons de bien outiller nos agents pour prévenir la corruption et, chose encore plus importante, l’intégrité dont ils font preuve tous les jours.
En raison de l’importance que nous et nos agents accordons à la prévention de la corruption, et parce que nous savons qu’aucune organisation n’est réellement à l’abri de tels risques, nous accueillons les recommandations formulées par le vérificateur général qui nous incite à miser sur notre franc succès pour que nos mesures de lutte contre la corruption soient encore plus solides. Les idées que l’équipe de vérification nous propose pour améliorer la façon dont nous surveillons nos mécanismes de contrôle interne sont, par exemple, des constats que nous cherchons à bâtir tout en mettant en oeuvre le plan d’action de la direction que nous avons préparé dans le sens des recommandations énoncées dans le rapport du printemps.
Toutefois, avant d’entrer dans les détails sur ce que le plan d’action préconise, j’aimerais prendre quelques minutes pour mettre les choses en contexte. Plus particulièrement, je vous parlerai un peu de l’environnement opérationnel dans lequel l’ASFC évolue tous les jours et des suggestions du vérificateur général sur la façon dont nous pouvons renforcer notre posture anticorruption dans cet environnement.
Notre mission est d’assurer la sécurité et la prospérité du Canada en gérant l’accès des personnes et des marchandises qui entrent au Canada ou qui en sortent. Nous travaillons en fonction d’un mandat qui exige une présence 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, au Canada et à l’étranger, avec un impressionnant effectif d’au-delà de 15 000 employés, dont 7 000 en uniforme.
Au Canada, nous comptons un nombre impressionnant de points de service. Vous nous trouverez à plus de 115 postes frontaliers terrestres, dont 61 sont ouverts en tout temps, et à 13 aéroports internationaux. Dix de ces aéroports sont aussi en service 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Nous sommes également présents dans cinq grands terminaux portuaires à conteneurs maritimes, trois centres de traitement du courrier, trois établissements de détention, des bureaux pour les équipes intégrées de la police des frontières, et une trentaine d’installations ferroviaires.
Nous sommes aussi actifs à l’étranger, où nous travaillons fort pour empêcher les personnes et les marchandises qui ne devraient pas être au Canada d’atteindre nos frontières. En même temps, nous facilitons l’entrée des personnes et des marchandises qui sont les bienvenues.
Le volume et la nature des marchandises et des voyageurs que nous traitons chaque jour n’illustrent pas seulement la complexité de notre tâche, mais aussi l’importance de notre travail. Soyons clairs: nous sommes la première ligne qui favorise le maintien du dynamisme de l’économie et des liens entre les Canadiens et le monde entier. L’an dernier seulement, par exemple, nous avons traité plus de 92 millions de voyageurs et 16 millions de mainlevées commerciales, pour un total de près de 31 milliards de dollars de recettes en droits et en taxes.
Nous savons que pour bien accomplir notre travail, nous devons traiter les personnes et les marchandises à faible risque le plus vite possible. Et nous devons le faire de façon à assurer la sécurité des Canadiens. Pour ce faire, nous ne devons pas seulement être bien présents en première ligne; nous devons aussi travailler fort en coulisses pour appuyer nos agents de première ligne dans leurs fonctions. Les opérations administratives d’arrière-plan liées à notre mandat ne sont pas toujours bien connues ou bien comprises.
Plusieurs, par exemple, ignorent que nous sommes appelés à faire des déclarations lors d’audiences d’immigration et de détermination du statut de réfugié, et ce, jusqu’aux audiences de la Cour fédérale. Moins de personnes encore savent que l’ASFC travaille avec des partenaires au pays et à l’étranger pour mener des enquêtes longues et complexes dans des dossiers de présumés criminels de guerre, de sécurité nationale et de crime organisé.
Pour remplir notre mandat vaste et complexe, nous avons mis au point une stratégie opérationnelle hautement efficace qui repose sur des analyses du risque sophistiquées, la collecte de renseignements cibles, des examens approfondis et, lorsque c’est nécessaire, des saisies et des renvois. Étant donné qu’aucun organisme au monde ne peut être partout à la fois, nous avons aussi établi un réseau extrêmement important de partenaires d’un bout à l’autre du pays et d’homologues internationaux, de sorte que nous puissions tirer parti des meilleurs atouts et pratiques dans le cadre de notre travail.
Comme vous pouvez le constater, être agent des services frontaliers n’est pas à la portée de tous. C’est un travail où il faut faire preuve de dévouement et d’intégrité, et qui exige une formation très spécialisée. Nos agents doivent, par exemple, apprendre à appliquer plus de 90 lois, règlements et accords internationaux, dont bon nombre pour le compte d’autres ministères et organismes fédéraux, de provinces et de territoires.
Pour se préparer à entrer en service actif, nos agents doivent suivre un programme de formation très exigeant au Collège de l’ASFC, à Rigaud, au Québec. À Rigaud, le programme de formation de base pour les agents prépare les recrues à divers défis qu’ils devront affronter chaque jour, y compris de possibles tentatives d’obtenir leur collaboration à des activités criminelles. Sur ce point, dans le cadre de leurs études, les recrues doivent suivre une formation sur les valeurs et l’éthique. Ils reçoivent aussi des conseils et des instructions de la Direction de la sécurité et des normes professionnelles sur les situations auxquelles ils pourraient être confrontés et sur la façon d’y réagir.
Nous savons que cette formation n’élimine pas totalement les risques de corruption. Aucune formation ne pourrait le faire. Ce que la formation accomplit, de très bonne façon, c’est de faire connaître aux futurs agents les normes élevées en matière de service et d’intégrité qui vont de pair avec la profession qu’ils ont choisie. La formation les plonge aussi dans une culture de formation et d’apprentissage, y compris sur la prévention de la corruption, qui se poursuivra tout au long de leur carrière. Bref, les employés de l’ASFC doivent respecter la loi dans l’exercice de leurs fonctions. Et permettez-moi d’être absolument clair: l’Agence n’a aucune tolérance pour les activités illégales.
C’est dans ce contexte que le BVG a mené sa vérification. Dans son examen de nos efforts pour prévenir la corruption, l’équipe de vérification a noté des possibilités d’amélioration. Par exemple, l’équipe de vérification a déterminé que l’Agence connaissait ses risques de corruption et avait des contrôles pour les atténuer, mais qu’elle pourrait toutefois améliorer le suivi des contrôles pour s’assurer qu’ils sont les plus efficaces possible. L’équipe de vérification a aussi déterminé que dans certains cas, des personnes étaient entrées au Canada sans être soumises à toutes les étapes de l’inspection requise. Dans d’autres cas, les agents des services frontaliers de l’Agence n’avaient pas enregistré les données sur tous les voyageurs, comme l’exige la politique.
Enfin, l’équipe de vérification a constaté qu’une partie du personnel affecté aux points d’entrée terrestre n’avait pas suivi toute la formation obligatoire sur les risques de corruption.
Compte tenu des conclusions, le vérificateur général a fait les recommandations suivantes, que nous avons acceptées. Premièrement, l’Agence devrait élaborer une stratégie de surveillance qui préciserait comment elle compte, systématiquement, évaluer ses contrôles anticorruption afin de s’assurer qu’ils sont mis en oeuvre de façon appropriée et qu’ils produisent les résultats escomptés, et définir les responsabilités des surintendants pour leur donner les moyens de remplir leur fonction en matière de contrôle aux postes frontaliers terrestres. Deuxièmement, l’Agence devrait veiller à ce que son personnel affecté aux postes frontaliers terrestres suive les cours de formation obligatoires.
En réponse à la première recommandation, je peux vous dire que nous allons intégrer l’évaluation des principaux contrôles de la corruption à nos évaluations des pratiques de gestion, ainsi qu’à nos évaluations des programmes des bureaux, qui servent à évaluer et à mesurer l’adhérence opérationnelle aux priorités de l’Agence et aux secteurs d’activité à risque élevé aux points d’entrée. Nous allons aussi nous assurer que les responsabilités de gestion régionale de première ligne sont en place et que l’exercice d’évaluation des programmes des bureaux comprend des questions à la prévention de la corruption. Ces mesures devraient être achevées à l’été 2017.
En réponse à la deuxième recommandation, nous nous engageons à offrir la formation obligatoire sur les valeurs et l’éthique à tous les agents. Pour ce faire, nous avons déjà mis en place un plan de communication à l’échelle de l’Agence et nous suivrons les résultats de ces mesures chaque année. Sur ce point, j’ai le plaisir de confirmer qu’en date du 31 mars 2017, 90,5 % des agents ont terminé la formation.
Monsieur le président, honorables membres du Comité, le plan d’action de la direction que nous avons préparé n’est pas simplement une réponse aux suggestions du BVG sur les façons de bâtir sur nos succès déjà importants.
Il s’agit, fondamentalement, d’un investissement important dans notre effectif. Les agents des services frontaliers ont une forte culture organisationnelle fondée sur leur engagement profond envers leurs valeurs et leur devise: protection, service, intégrité.
[Français]
Soyez assurés, monsieur le président et honorables membres du Comité, que nous ferons tout pour les aider à continuer de faire leur travail.
En terminant, j'aimerais remercier le Bureau du vérificateur général d'avoir pris le temps d'examiner nos opérations. À la lumière de ses suggestions, nous sommes déterminés à améliorer nos efforts pour prévenir la corruption.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions du Comité.
:
Bonjour et merci beaucoup.
Je vous remercie de m'avoir invitée pour discuter des conclusions du vérificateur général concernant Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.
Le ministère apprécie l'examen effectué par le vérificateur général concernant ses processus d'approbation des visas.
[Traduction]
Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’être accompagnée de mon collègue, Robert Orr, sous-ministre adjoint des opérations à IRCC.
Comme vous le savez, monsieur le président, le rôle que joue IRCC pour contrôler l’entrée au Canada de ressortissants étrangers consiste à préparer leur visa. Entre avril 2015 et le 1er mars 2016, nous avons approuvé 1,4 million de visas pour ceux qui veulent visiter le Canada ou y étudier. Nos agents des visas traitent les demandes de visa dans 57 missions canadiennes à travers le monde, et notre personnel est composé d’environ 280 responsables de l’immigration et 1 100 employés recrutés sur place.
Pour IRCC, les objectifs de cette vérification étaient de déterminer si nous avions mis en oeuvre des contrôles pour lutter contre la corruption au sein de notre personnel d’immigration. Je suis heureuse d’annoncer que le vérificateur général n’a trouvé aucune preuve de corruption et a conclu qu’IRCC dispose de différents contrôles des risques qui fonctionnent bien.
Plus précisément, le vérificateur général a déterminé que les contrôles d’IRCC sont efficaces pour empêcher une seule personne de gérer toutes les étapes de traitement et d’approbation d’un visa — une procédure contre-indiquée. Cette conclusion est importante étant donné que la répartition des tâches entre les membres du personnel réduit le risque qu’ils soient tentés de se livrer à des méfaits ou à d’autres activités.
Sur les 1,4 million de visas approuvés par IRCC pendant cette période, le vérificateur général a trouvé 69 cas pour lesquels une seule personne avait géré toutes les étapes de traitement pour la délivrance d’un visa. Dans chacun de ces cas, les exceptions étaient justifiées pour divers motifs, par exemple, pour que le personnel puisse délivrer un nouveau visa pour corriger une erreur sur un visa déjà approuvé, ou pour faciliter un voyage urgent. Même si les conclusions du vérificateur général sont des plus positives pour IRCC dans l’ensemble, nous reconnaissons que des améliorations peuvent encore être apportées. Le ministère est d’accord avec les recommandations du vérificateur général et nous avons mis en place des mesures pour y donner suite.
[Français]
La première recommandation que le vérificateur général a adressée à IRCC est que le ministère procède à une évaluation exhaustive des risques de fraude interne en se fondant sur une analyse de l'efficacité de ses divers contrôles.
Pour renforcer encore davantage ses programmes contre la fraude, IRCC a depuis créé la norme de conduite professionnelle du réseau international. On y met l'accent sur la gestion globale des risques liés à la fraude interne et on y fournit des directives détaillées sur la façon de prévenir et de surveiller ces risques.
Essentiellement, notre stratégie de prévention et de gestion des risques englobe un cycle continu de prévention, de détection, d'évaluation et de rapports. Nous nous attendons à mettre pleinement en oeuvre la norme de conduite d'ici 2018.
[Traduction]
La deuxième recommandation du vérificateur général à IRCC est de renforcer encore plus nos activités de surveillance pour assurer l’efficacité de nos contrôles des risques.
La norme de conduite professionnelle du Réseau international contient aussi des directives détaillées sur les pratiques de surveillance et veillera à ce que le ministère recueille des données continues sur les activités associées à la fraude interne. Ceci comprendra des données de référence, entre autres le nombre d’incidents d’accès non autorisé à de l’information dans le SMGC, le nombre d’allégations concernant des cas de mauvaise conduite, les activités de constatation des faits liées aux allégations et aux enquêtes autorisées, et le nombre de cas de visa traités par un seul agent. En établissant ces données de référence, nous pourrons assurer un suivi de nos progrès et mieux cerner les tendances ou les anomalies.
Au cours de cette vérification, un examen de l’utilisation du Système mondial de gestion des cas a révélé que 14 employés recrutés sur place avaient consulté leur propre dossier. Même si ces gestes n’ont eu aucun impact sur le processus décisionnel, il n’en demeure pas moins que de telles actions enfreignent le code de conduite du ministère, qui interdit aux membres du personnel de se servir de leur rôle à leur avantage. Le ministère détermine actuellement les prochaines étapes, en consultation avec Affaires mondiales Canada et les gestionnaires de programme d’immigration respectifs, afin d’étudier plus en profondeur les raisons pour lesquelles les employés ont eu accès aux dossiers de visa. Entretemps, nous avons rappelé à tous les gestionnaires de programme d’immigration que les employés ne devraient pas avoir accès aux dossiers qu’ils ne sont pas autorisés à traiter, notamment le leur.
Le ministère cherche également à améliorer la formation sur les valeurs et l’éthique au sein de notre personnel. Le vérificateur général a pu seulement confirmer que 20 % des employés recrutés sur place avaient suivi la formation obligatoire sur les valeurs et l’éthique offerte par Affaires mondiales Canada, et recommandait une meilleure surveillance pour veiller à ce que les employés aient suivi la formation. IRCC appuie la réponse fournie par Affaires mondiales et convient que la formation sur les valeurs et l’éthique est importante.
En plus d’assurer le suivi du taux d’achèvement de la formation obligatoire offerte par AMC, IRCC vise à renforcer périodiquement la sensibilisation aux valeurs et à l’éthique dans nos missions à l’étranger en organisant d’autres activités. Nous offrons également une formation sur les valeurs et l’éthique lors d’autres séances de formation sur le code de conduite ministériel. Par exemple, les gestionnaires du programme d’immigration favorisent une culture de comportement éthique au moyen de communications régulières à toutes les réunions du personnel. De plus, dans le cadre du processus annuel de gestion du rendement, tous les employés d’IRCC, dont les employés recrutés sur place, doivent confirmer par écrit qu’ils ont lu et compris le code de conduite.
[Français]
À IRCC, nous cherchons constamment à améliorer nos méthodes de prévention et de détection de la fraude, et ce rapport nous aidera à le faire.
Par suite des constatations formulées dans le rapport, IRCC a adopté une stratégie de gestion des risques plus exhaustive et efficace concernant le traitement des demandes à l’étranger. Cela nous permettra aussi d'être en mesure de surveiller ces contrôles des risques de façon plus systématique.
[Traduction]
Je tiens à remercier les membres du Comité de leur attention aujourd’hui. Nous répondrons volontiers à vos questions.
:
Bonjour, monsieur le président. Je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant ce comité.
Affaires mondiales Canada aimerait également remercier le vérificateur général du travail qu'a accompli son bureau et souligner les conclusions et les recommandations formulées dans le rapport.
Tout d'abord, j'aimerais décrire le contexte dans lequel Affaires mondiales Canada appuie ses partenaires ministériels fédéraux tels qu'lmmigration, Refugiés et Citoyenneté Canada et l'Agence des services frontaliers du Canada à l'étranger.
Affaires mondiales Canada gère un réseau de 176 missions dans 110 pays. II compte plus de 5 000 employés recrutés sur place, chargés d'appuyer les activités et les programmes du ministère, ainsi que les initiatives mises en œuvre par nos partenaires dans ces missions.
Tout en tenant compte des différences entre les environnements des missions, ainsi que des risques que ces environnements comportent, Affaires mondiales Canada est déterminé à s'assurer que tous les employés, y compris les employés recrutés sur place, sont adéquatement formés et connaissent leurs responsabilités à l'égard du Code de valeurs et d'éthique. Cela est essentiel pour prévenir le risque de corruption ou tout autre comportement inacceptable au sein de notre effectif.
Monsieur le président, je peux vous assurer que mon ministère prend cette question très au sérieux.
[Français]
Il en va de la réputation de notre pays et de celle de nos institutions. Les Canadiens s'attendent à ce que nous travaillions ensemble de manière coordonnée et efficace. Mes collègues d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, de l'Agence des services frontaliers du Canada et moi-même sommes déterminés à le faire.
Bien que le rapport soit axé sur les rôles respectifs que jouent IRCC et l'ASFC, il aborde également certaines des responsabilités dont Affaires mondiales Canada doit s'acquitter en ce qui concerne les employés recrutés sur place dans les missions à l'étranger.
Ces employés appuient le programme de visas d'IRCC et, bien qu'ils relèvent d'un gestionnaire de programme de ce ministère, ils sont tenus de suivre un cours obligatoire donné par Affaires mondiales Canada sur les valeurs et l'éthique. Cette formation fait partie d'une gamme de cours offerts aux employés travaillant à l'étranger.
Le vérificateur général a indiqué qu'Affaires mondiales pourrait mieux veiller à ce que cet important cours soit suivi par tous les employés en effectuant un suivi sur le taux d'achèvement. Ainsi, l'une des cinq recommandations formulées dans le rapport a été traitée par Affaires mondiales Canada.
[Traduction]
Je dois noter que le vérificateur général, lors de sa comparution devant ce même comité, a confirmé qu'aucune preuve de corruption n'avait été découverte lors de sa vérification, ce qui nous rassure. Toutefois, nous devons maintenir notre vigilance afin, non seulement, de détecter les risques de corruption, mais surtout de les prévenir. Ceci passe, entre autres, par une sensibilisation continue aux risques auxquels nos missions sont exposées chaque jour.
Affaires mondiales est déterminé à continuer de travailler avec IRCC pour veiller à ce que tous les employés recrutés sur place suivent le cours obligatoire sur les valeurs et l'éthique. Plus précisément, Affaires mondiales prendra des mesures supplémentaires à cet égard, y compris la diffusion générale de courriels à tous les employés, y compris aux coordonnateurs de l'apprentissage dans les missions, afin de leur rappeler de suivre cette formation obligatoire; l'ajout d'une disposition supplémentaire dans les lettres d'offre aux employés recrutés sur place indiquant qu'ils doivent non seulement se conformer au Code de valeurs et d'éthique, mais aussi suivre le cours à ce sujet; et la production de rapports de formation mensuels afin d'effectuer un suivi sur ce cours obligatoire et de communiquer avec les employés qui n'ont pas suivi la formation, ainsi qu'avec leurs gestionnaires.
Nous sommes convaincus que la mise en place de ces mesures ainsi que les efforts coordonnés et soutenus de nos deux organisations nous permettront de répondre de manière adéquate à ce défi.
En plus de ces exemples de mesures entreprises, la haute gestion d'Affaires mondiales Canada prône un environnement de tolérance zéro pour tout comportement non conforme au Code de valeurs et éthique de la part de tous les employés.
En 2016, Affaires mondiales a réalisé une évaluation afin d'identifier les principaux risques de fraude et les stratégies d'atténuation. Dans le cadre de ces efforts, les hauts représentants du ministère encouragent tous les employés, y compris ceux recrutés sur place, à faire preuve d'une éthique élevée. Les employés sont d'ailleurs invités à divulguer tout comportement douteux; une enquête sera menée et, s'il y a lieu, des mesures appropriées seront prises afin d'envoyer un message clair et sans équivoque.
[Français]
Monsieur le président, je serai pragmatique. Affaires mondiales Canada et ses partenaires font des affaires dans des endroits où le risque de corruption est parmi les plus élevés du monde selon l'Indice de perception de la corruption publié par l'organisme Transparency International. Malgré nos efforts soutenus et notre vigilance, l'absence complète de risques est impossible.
Nous devons donc poursuivre nos efforts de prévention tout en accroissant nos efforts de détection, en collaboration étroite avec tous nos partenaires. Une communication claire et uniforme entre nos organisations et une sensibilisation accrue de tous nos employés, y compris les gestionnaires, aideront à réduire les risques auxquels nous sommes tous exposés, et ce, de façon efficace.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Encore une fois, merci au vérificateur général et à tous les témoins d’avoir accepté notre invitation.
Il est intéressant de constater que, parmi tous les rapports printaniers du vérificateur général, celui-ci soit le premier que nous étudions, car il n’y a rien de plus opportun que la sécurité publique. Je crois qu’il sera très utile pour le Comité d’entendre les propos des témoins d’aujourd’hui.
Toutefois, puisque nous sommes le Comité des comptes publics, j’aimerais revenir à une question soulevée par le vérificateur général. Monsieur le président, vous vous souviendrez que l’importance de l’intégrité des données est l’un des thèmes que nous avons abordés au Comité. Pour qu’il puisse faire son travail, le Bureau du vérificateur général doit avoir un accès total à des données adéquates. Parfois, les données ne sont pas disponibles.
Monsieur Ferguson, ma question concerne la recommandation 3.107 qui dit: « Affaires mondiales Canada devrait veiller à ce que les employés recrutés sur place dans le cadre du programme de visas d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada suivent la formation obligatoire sur les valeurs et l’éthique d’Affaires mondiales Canada. » Le BVG souligne qu’en raison de données incomplètes, il n’a pu seulement confirmer que 20 % des employés recrutés sur place dans le cadre du programme de visas avaient suivi la formation.
Auriez-vous d’autres détails à nous fournir sur le manque de données relatives à la formation obligatoire des employés? De façon générale, dans le cadre de cette vérification, votre Bureau a-t-il relevé d’autres exemples d’une collecte ou d’une utilisation de données inadéquates ou mauvaises?
:
Monsieur le président, je peux répondre à cette question.
En gros, pour nous, une inspection complète, un examen complet ou une vérification complète inclut, comme le président l'a déjà mentionné, le balayage d'un passeport, ce qui nous assure que les renseignements sont enregistrés dans ce que nous appelons notre « ligne d'inspection primaire intégrée ».
Le BVG a constaté que la plaque d'immatriculation qui était enregistrée par les lecteurs de plaques d'immatriculation que nous avons aussi à tous nos points d'entrée terrestres ne concordait parfois pas, par exemple, au passeport qui était balayé.
Une vérification complète pourrait inclure la lecture de la plaque d'immatriculation, le balayage d'un passeport et potentiellement un renvoi à l'inspection secondaire, si la personne fait l'objet d'un ciblage ou d'un avis de surveillance ou qu'une autre anomalie nécessite son renvoi à l'inspection secondaire. Des commentaires de l'agent des services frontaliers viendraient ensuite clore le processus, à moins que vous ayez été renvoyé à l'inspection secondaire.
Dans les cas où le BVG affirme qu'environ 2 % de ces gens n'avaient pas été vus par un agent des services frontaliers, nous disons que ces personnes l'ont potentiellement été, mais il se peut que l'agent n'ait pas consigné toute l'information au dossier. Le lecteur de plaques d'immatriculation a bel et bien lu la plaque d'un véhicule et l'a enregistrée, mais l'agent n'a pas respecté à la lettre la politique, comme le BVG l'a constaté; le dossier n'était pas complet, parce que l'agent n'a pas vérifié que les données concordaient. Cela peut survenir pour diverses raisons; cela arrive malheureusement.
Comme le président l'a mentionné, notre objectif est de nous assurer que la politique en place continue d'être appliquée à la lettre. Même si les agents n'ont pas procédé au balayage complet des passeports, cela ne signifie pas qu'ils n'ont pas au moins discuté avec ces personnes ou que ces personnes n'ont pas été vues par un agent des services frontaliers.
Merci à tous nos témoins d'aujourd'hui.
Je tiens également à remercier la délégation du Bangladesh de s'être jointe à notre séance d'aujourd'hui.
En tant que membre d'une circonscription urbaine de Toronto, je peux vous dire que les dossiers d'immigration et les visas de visiteur accaparent le gros de nos interactions avec les citoyens. Naturellement, j'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les conclusions du vérificateur général en ce qui concerne les employés recrutés sur place et leur accès aux dossiers de visa.
Tout d'abord, il s'agit d'une tâche monumentale. Comme on l'a souligné, il y a 176 missions dans 110 pays. Affaires mondiales Canada compte 5 000 employés recrutés sur place. Je suis donc conscient de l'immense complexité de ce travail.
Je vous remercie d'avoir l'honnêteté de reconnaître que l'absence complète de risques est impossible, car nous travaillons dans diverses régions du monde où il y a différentes cultures et normes, d'où la nécessité de faire preuve de beaucoup de diligence dans le cadre de nos activités.
Je sais que dans mon bureau de circonscription, par exemple, des mesures de contrôle sont en place relativement à l'accès aux dossiers. En fait, comme vous le savez tous, les bureaux des députés doivent se soumettre à un nombre déterminé de contrôles.
Sachant que vous avez une règle très précise dans votre code de conduite, je trouve tout à fait insensé que des employés recrutés sur place utilisent à leur avantage un aspect de leur travail, grâce à un accès élargi au système de gestion des cas, ce qui leur permet de récupérer leur dossier en entrant leur nom dans le système. À mon avis, il serait possible d'éviter cela par la mise en oeuvre d'un simple contrôle du système.
J'aimerais donc savoir pourquoi on n'a pas mis en place une telle mesure de contrôle à l'échelle du système. Oui, la règle existe, mais nous savons tous que les crimes se produisent pour des raisons de commodité. Si une porte est censée rester verrouillée, on s'attend à ce que personne ne puisse passer par là, mais si vous la laissez déverrouillée, quelqu'un finira par l'ouvrir. Pourquoi n'a-t-on pas mis en place un mécanisme de contrôle à l'échelle du système?