Merci beaucoup à tous.
Je m'excuse auprès de nos témoins pour le retard, mais vous savez comment c'est.
Monsieur Lewis, bon anniversaire. Comme je n'ai pas pu vous féliciter pour votre projet de loi, je voulais au moins ne pas manquer votre anniversaire.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le lundi 6 juin, le Comité entreprend son étude de l'impact potentiel de l'application ArriveCAN sur certains secteurs canadiens.
Dans le premier groupe, nous accueillons Denis Vinette, vice-président de la Direction générale des voyageurs de l'Agence des services frontaliers du Canada. Et nous accueillons Marie‑Hélène Lévesque, directrice générale du Centre de la conformité, de l'application de la loi et des exemptions, à l'Agence de la santé publique du Canada.
Bienvenue à vous deux.
Nous allons commencer par une déclaration préliminaire d'au plus cinq minutes, s'il vous plaît.
Monsieur Vinette, vous avez la parole.
:
Merci, madame la présidente.
[Français]
Bonjour à tous.
[Traduction]
Merci de m'avoir invité à participer à la discussion d'aujourd'hui.
Depuis le début de la pandémie, le gouvernement du Canada a pris des mesures importantes pour limiter l'entrée et la propagation de la COVID‑19 au Canada en assurant la sécurité de notre frontière. Au fur et à mesure que la pandémie se développait, le gouvernement a mis en place des mesures sanitaires et de voyage pour réduire le risque d'importation et de transmission de la COVID‑19 et de ses nouveaux variants au Canada qu'entraînent les voyages transfrontaliers.
L'Agence des services frontaliers du Canada, l'ASFC, applique ou aide d'autres ministères et organismes fédéraux, ainsi que les provinces et les territoires, à appliquer plus de 100 lois et règlements. L'Agence de la santé publique du Canada, l'ASPC, est responsable de la Loi sur la quarantaine et des décrets énonçant les obligations des voyageurs qui entrent au Canada. Cela signifie que toute modification des mesures frontalières du Canada liées à la COVID‑19 relève de l'autorité de l'ASPC, et que l'ASFC travaille en étroite collaboration pour mettre en œuvre et rendre opérationnelles les mesures mises en place.
Ensemble, l'ASFC et l'ASPC ont créé l'application ArriveCAN en avril 2020 pour soutenir les efforts déployés par le gouvernement du Canada afin d'endiguer la propagation de la COVID‑19. ArriveCAN a été conçue pour éliminer un volume onéreux et ingérable de formulaires papier et pour permettre la collecte en temps réel de renseignements à l'appui de la conformité et de l'application de mesures essentielles de santé publique. Comme tous les autres éléments de la réponse du gouvernement du Canada à la COVID‑19, les mesures frontalières sont fondées sur les données accessibles, les considérations opérationnelles, les preuves scientifiques et la surveillance de la situation épidémiologique au Canada et à l'échelle internationale.
À l'heure actuelle, tous les voyageurs doivent encore présenter leurs renseignements obligatoires dans ArriveCAN, au moyen de l'application mobile gratuite ou du site Web, dans les 72 heures précédant leur arrivée au Canada ou avant d'embarquer sur un navire de croisière à destination du Canada. Pour les personnes se rendant au Canada en avion, elles doivent présenter leurs renseignements avant leur embarquement.
ArriveCAN est gratuit et sécurisé, et il s'agit de la plateforme officielle du gouvernement du Canada pour la communication de vos renseignements lorsque vous entrez au Canada. ArriveCAN doit seulement être utilisé par les voyageurs qui se rendent au Canada, et tous les voyageurs doivent utiliser ArriveCAN pour entrer au Canada, peu importe le mode d'entrée. Pour utiliser ArriveCAN, vous pouvez télécharger l'application mobile ou créer un compte et vous connecter en ligne.
L'utilisation d'ArriveCAN, qui est obligatoire, accélère le traitement et aide à protéger la santé et la sécurité des voyageurs et de nos employés. Il s'agit de la façon la plus rapide, facile et sécuritaire pour les voyageurs de montrer qu'ils satisfont aux exigences de la santé publique.
Les voyageurs peuvent réduire les retards en s'assurant d'avoir rempli leur formulaire ArriveCAN dans les 72 heures précédant leur arrivée à la frontière et d'y avoir saisi toute l'information requise, y compris la preuve de vaccination. La présentation du formulaire ArriveCAN avant l'arrivée à la frontière améliore la circulation et réduit les retards.
Je me réjouis également de partager avec vous le fait que le taux d'utilisation par les voyageurs est généralement bon. En date du 2 mai 2022, plus de 99 % des voyageurs dans le mode aérien ont utilisé ArriveCAN, et pour le mode terrestre, l'utilisation s'élève à 94 %.
Bien que le nombre de voyages se rapproche de celui d'avant la pandémie, la réalité est que nous sommes toujours en pandémie. Les voyageurs retrouvent une frontière qui est gérée différemment et doivent satisfaire à des exigences changeantes en matière de COVID‑19. ArriveCAN est un outil essentiel pour nous aider à gérer les voyages à travers nos frontières et nous assurer que nous continuons à protéger les Canadiens contre la menace de la COVID‑19.
Je vous remercie et je répondrai avec grand plaisir aux questions des membres du Comité, dans l'une ou l'autre des langues officielles.
:
Merci, madame la présidente.
[Français]
Depuis le début de la pandémie, l'Agence de la santé publique du Canada a ordonné la mise en œuvre de mesures à la frontière, afin d'aider à réduire la propagation de la COVID‑19 par les voyageurs internationaux qui entrent au pays. Les renseignements fournis par les voyageurs, au moyen de l'application ArriveCAN, sont essentiels pour appliquer les exigences en place en matière de dépistage, de quarantaine et de santé publique.
Les voyageurs entièrement vaccinés n'ont pas à observer de quarantaine, mais ils peuvent être sélectionnés de façon aléatoire pour se soumettre à des tests obligatoires. Même si le programme de tests aléatoires obligatoires pour les voyageurs arrivant par avions a été mis en pause pour le mois de juin, il reprendra en juillet, une fois que les tests auront été délocalisés des aéroports.
[Traduction]
ArriveCAN a été, et demeure, un outil précieux pour le gouvernement du Canada afin d'administrer les mesures frontalières qui ont été mises en place pour atténuer les risques liés à la COVID‑19 dans le cadre de voyages internationaux.
ArriveCAN permet aux voyageurs de saisir électroniquement des renseignements de manière efficace et permet au gouvernement de transmettre ces informations aux provinces et aux territoires. Cela permet aux provinces et aux territoires de suivre les voyageurs, qui peuvent avoir contracté la COVID‑19, lorsqu'ils entrent sur leur territoire. De plus, cela permet l'échange de renseignements avec les services de police locaux, qui peuvent utiliser les données pour guider leurs interventions et faire respecter les exigences en matière de quarantaine et d'isolement.
Les données recueillies à l'aide d'ArriveCAN sont essentielles à la capacité de l'ASPC de surveiller et d'évaluer les variants d'intérêt et les variants préoccupants qui pourraient représenter une menace pour la santé et la sécurité des Canadiens et la reprise économique en cours au Canada, et de réagir à ces variants. ArriveCAN est un outil nécessaire qui nous permet de continuer d'évoluer vers une approche plus souple et plus réactive en ce qui concerne la gestion de la COVID‑19 à la frontière, car il contribue à éclairer les conseils de santé publique afin de garantir la protection de la santé et de la sécurité des Canadiens.
Le gouvernement du Canada s'est donné beaucoup de mal pour faire connaître l'obligation d'utiliser ArriveCAN et a lancé plusieurs campagnes médiatiques au cours des 18 derniers mois dans le but de « faire passer le mot ». La campagne la plus récente s'est terminée à la fin du mois de mai; elle visait les personnes qui n'avaient pas voyagé depuis le début de la pandémie.
[Français]
ArriveCAN est disponible sous la forme d'une application et d'un portail Web qui répondent tous deux à des normes élevées d'accessibilité. De plus, plusieurs mesures de soutien sont en place pour aider les voyageurs à utiliser ArriveCAN, notamment des renseignements en ligne, une foire aux questions, ainsi que des lignes d'aide téléphonique et électronique.
Aujourd'hui, plus de 95 % des voyageurs respectent l'obligation d'utiliser ArriveCAN et fournissent les renseignements demandés lorsqu'on les leur demande, et nous nous efforçons d'améliorer la sensibilisation afin que davantage de voyageurs s'y conforment.
[Traduction]
Le gouvernement du Canada reconnaît que divers problèmes causent des retards pour les voyageurs à la frontière. Toutefois, ArriveCAN ne constitue pas un facteur important parmi ceux causant ces retards.
La grande majorité des voyageurs utilisent ArriveCAN avec succès et sans problème. Par exemple, l'application ArriveCAN a une note de 4,6 étoiles sur environ 90 000 commentaires dans la boutique Google Play et une note de 4,5 étoiles sur plus de 413 000 commentaires dans l'App Store d'Apple.
En fait, ArriveCAN accélère le traitement à la frontière: l'examen des renseignements d'un voyageur saisis correctement dans l'application ArriveCAN prend moins de 45 secondes.
L'ASPC comprend que les Canadiens ont hâte de voyager à nouveau et veut faire en sorte que le respect des mesures de santé publique soit aussi simple que possible.
En nous appuyant sur les dernières données et preuves scientifiques les plus récentes, notre priorité demeure la santé et la sécurité des Canadiens. Nous continuons de collaborer étroitement avec les autres ministères fédéraux et nos collègues provinciaux et territoriaux dans le cadre des mesures de santé publique que nous prenons à la frontière.
Merci, madame la présidente.
:
Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins de se joindre à nous aujourd'hui. Les impacts que nous avons constatés au cours des dernières semaines sont les retards à la frontière, dans nos aéroports et à la frontière terrestre, et les répercussions que cela peut avoir sur notre secteur touristique. Je vais m'adresser à M. Vinette.
En janvier, vous en avez parlé sur les ondes de CBC, comme on peut le lire dans un article intitulé « Canada planning technological fixes to make crossing the border faster ». Vous avez dit, selon cet article, que l'Agence avait déjà envisagé des changements technologiques à la frontière, mais que la pandémie lui avait permis de percer les plafonds de verre qui l'empêchaient de le faire. Vous avez également mentionné qu'avant la pandémie, l'ASFC avait réduit le temps passé à parler à un agent des douanes à la frontière terrestre à une moyenne de 55 secondes. Vous avez ajouté qu'avec les nouvelles technologies, l'Agence espérait réduire cette durée moyenne à 15 secondes.
En discutant avec des intervenants de ma région, j'ai appris qu'ils faisaient face à des retards de deux heures et demie à la frontière. Que répondez-vous à cela?
Je veux simplement m'en assurer, et peut-être pourrions-nous en obtenir la confirmation.
En ce qui concerne le passage frontalier Windsor-Detroit, dans ma région, l'autobus du tunnel n'a pas été en service parce que... En fait, je crois que c'est le seul endroit au monde où nous avons un autobus étranger qui se rend dans la région de Detroit — l'autobus étranger étant, bien sûr, canadien — et dessert cet itinéraire, notamment pour les matchs des Tigers comme c'était le cas récemment, et d'autres matches, et même pour faire la navette. Il ne peut pas fonctionner avec ArriveCAN.
Votre ministère a‑t‑il communiqué avec la Ville de Windsor, qui exploite le seul service d'autobus international que nous ayons, pour essayer de l'aider à utiliser ArriveCAN dans son réseau d'autobus? Ce service est actuellement suspendu parce qu'il doit littéralement faire les contrôles lui-même et que les chauffeurs ne peuvent tout simplement pas s'en charger.
:
C'est bien. Nous pourrons obtenir ces renseignements pour le Comité. Il serait intéressant de faire une comparaison.
Pour terminer, j'ai reçu hier une réponse positive du . J'ai réclamé la création d'un groupe de travail sur la sécurité à la frontière composé d'exploitants, de représentants de l'industrie touristique, d'équipes de logistique et d'autres intervenants qui travailleraient activement à l'établissement d'une frontière proactive.
Pensez-vous que vos organisations appuieraient cela?
Ce genre de collaboration existait il y a un certain nombre d'années, mais plus vraiment à l'heure actuelle. Quel type de collaboration y a‑t‑il actuellement, et est‑ce quelque chose que vous pourriez envisager, monsieur Vinette et madame Lévesque?
:
Je dois faire quelques observations à l'intention de notre deuxième groupe de témoins. Veuillez attendre que je vous désigne par votre nom avant de prendre la parole. Veuillez cliquer sur l'icône du microphone pour activer votre micro, et le désactiver lorsque vous ne parlez pas.
Vous avez le choix, au bas de votre écran, entre le parquet, l'anglais ou le français, et je vous rappelle que vos commentaires doivent s'adresser à la présidence.
Dans le deuxième groupe, nous accueillons Mark Agnew, premier vice-président, Politiques et relations gouvernementales, de la Chambre de commerce du Canada; Mark Weber, président national, du Syndicat des douanes et de l'immigration; David MacLachlan, directeur exécutif, de Destination Nord d'Ontario; Beth Potter, présidente-directrice générale de l'Association de l'industrie touristique du Canada, et Lynnette Bain, vice-présidente, Développement des destinations, de Tourisme Windsor Essex île Pelée.
Bienvenue à tous. Nous allons commencer par les déclarations préliminaires, puis nous passerons aux questions.
Monsieur Agnew, voulez-vous commencer?
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de m'avoir invité à nouveau. C'est un plaisir d'être ici en personne pour la première fois depuis longtemps. De plus, du point de vue de la Chambre de commerce, c'est une très bonne chose que cette étude soit effectuée alors que la saison de voyage commence à s'accélérer pour l'été.
Dire que la pandémie a perturbé les voyages internationaux est certainement un euphémisme pour nos membres. Nous avons assisté à la décimation des voyages vers toutes les destinations et nous assistons maintenant à un retour du pendule, avec la reprise des voyages et l'accumulation de retards aux principaux points d'entrée, comme nous l'avons tous vu dans les médias.
L'application de politiques frontalières efficaces n'est pas facultative pour nous, étant donné l'importance des voyages pour l'économie, qu'il s'agisse de voyages d'affaires ou touristiques. Nous devons bien faire les choses pour que le Canada demeure une destination attrayante pour les voyageurs. Étant donné le long délai de planification des événements, les organisateurs prennent aujourd'hui des décisions qui se feront sentir dans 12 à 18 mois.
J'aimerais aborder le principal sujet d'intérêt du Comité, soit l'application ArriveCAN. La Chambre de commerce du Canada préconise depuis longtemps la numérisation des procédures frontalières pour faciliter les voyages sans contact. Malheureusement, l'expérience d'ArriveCAN s'est révélée difficile à la frontière pour nos membres et nos entreprises partout au pays.
Le premier point à noter concerne les dédoublements créés par l'application. L'expérience du voyageur a été compliquée par le fait d'avoir à envoyer les mêmes renseignements à plusieurs endroits. Ayant récemment voyagé à l'extérieur du pays, je trouve sidérant d'avoir à fournir l'information à la compagnie aérienne et, par l'entremise de l'application, à différents endroits.
Le deuxième point concerne les renseignements à fournir pour l'application, surtout dans le cas des touristes des États-Unis qui viennent pour la journée. Les voyageurs qui font un voyage d'une seule journée n'ont tout simplement pas d'adresse au Canada. Cela a une incidence directe sur les localités frontalières, selon une évaluation de nos chambres de commerce situées dans les villes de ces régions du pays.
Troisièmement, il y a les préoccupations concernant l'accessibilité, dont a parlé le premier groupe de témoins que le Comité a entendu. Bien que j'aie la chance d'avoir les connaissances technologiques nécessaires pour utiliser l'application, il y a de nombreux voyageurs — surtout des voyageurs âgés — qui, comme on l'a dit plus tôt, ne possèdent pas ces connaissances.
En me préparant pour ma comparution devant le Comité, j'ai été stupéfait de lire un article récent de la CBC au sujet d'une entreprise du Maine qui a monétisé des services aux Canadiens qui retournent au Nouveau-Brunswick en les aidant à remplir l'application ArriveCAN pour la somme de 5 $. Ce n'est certainement pas quelque chose que le milieu des affaires souhaite voir.
De plus, bien sûr, il y a les difficultés que cela pose pour les gens dont la première langue n'est ni l'anglais ni le français.
Les fonctionnaires vous ont déjà parlé des chiffres dont le gouvernement dispose au sujet de l'utilisation de l'application ArriveCAN. Ce que je dirais, cependant, pour poursuivre dans la même veine, c'est qu'en ce qui concerne le temps qu'un agent des services frontaliers passe avec un voyageur, il a certainement augmenté considérablement, et que l'infrastructure frontalière n'a pas été conçue pour ce genre de temps d'attente. Je pense que c'est un autre facteur clé à garder à l'esprit.
Il ne s'agit pas de supprimer l'application. Comme je l'ai dit il y a un instant, la numérisation des procédures frontalières est essentielle. Nous devons réorienter l'application pour nous concentrer sur la rationalisation des procédures douanières et voir quels types de solutions manuelles il faudrait avoir en réserve.
En fin de compte, l'application reflète en grande partie les politiques frontalières de notre pays. L'annonce, la semaine dernière, de la suspension des tests aléatoires et du déplacement des tests en dehors des aéroports est bienvenue, tout comme l'annonce, cette semaine, de la levée partielle de l'obligation d'être vacciné pour les voyageurs.
Cependant, il reste certainement du travail à faire. Par exemple, la décision de lever les exigences vaccinales pour se rendre à l'étranger peut être bienvenue, mais le maintien de ces exigences pour entrer au Canada continuera certainement de créer des irritants, car des voyageurs non vaccinés quittent le pays, mais font face à des exigences à leur retour, ce qui augmente, bien sûr, comme nous le savons, le temps qu'ils passent avec les agents des services frontaliers aux points d'entrée.
Compte tenu de l'arrivée de la saison estivale et des deux dernières saisons manquées, nous n'avons certainement pas trop de temps devant nous pour bien faire les choses pour les entreprises partout au pays.
Je vous remercie de votre attention. Je serai heureux de répondre à vos questions.
:
Merci, madame la présidente.
Madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de me présenter devant vous aujourd'hui en tant que témoin dans le cadre de votre étude sur les impacts potentiels de l'application ArriveCAN sur certains secteurs canadiens.
Je m'appelle Mark Weber. Je suis le président national du Syndicat des Douanes et de l'Immigration, qui représente les membres du personnel de l'Agence des services frontaliers du Canada.
En ce qui concerne la question qui nous occupe, je serai direct. Si nous examinons les répercussions de l'application ArriveCAN en termes d'efficacité des opérations et de facilitation des voyages transfrontaliers, il y a peu de doute: du point de vue des opérations frontalières, en ce qui concerne les agentes et agents frontaliers, les derniers mois ont démontré qu'ArriveCAN ne facilite pas les voyages transfrontaliers et n'améliore pas l'efficacité opérationnelle. Bien au contraire.
Nos membres travaillant en première ligne vous diront tous que la mise en œuvre de l'application ArriveCAN a vu les délais de traitement monter en flèche. Là où un poste frontalier traitait 60 voitures par heure auparavant, il n'en traite plus que 30, voire moins. Aux frontières terrestres, en ce qui concerne les opérations voyageurs, cela signifie que les voitures attendent pendant des heures et se voient parfois redirigées vers un autre poste plus éloigné. Dans les aéroports, cela signifie que les voyageurs s'entassent et débordent hors de la zone des douanes. Dans tous ces endroits, cela se traduit par une expérience frustrante pour toutes les personnes concernées.
Dans ces scénarios, ArriveCAN n'est pas toujours le seul coupable, mais joue toujours un rôle majeur en rendant le processus plus complexe, surtout pour les voyageurs. Et, bien qu'ArriveCAN ait été mis en place pour recueillir des données de santé publique, c'est l'outil lui-même qui est le plus souvent problématique.
Ce qui est encore plus troublant, c'est que la mise en œuvre d'ArriveCAN par l'ASFC suit le même modèle de dépendance excessive à l'égard de technologies automatisées que nous avons déjà vu avec les bornes d'inspection primaire, ou BIP. Non seulement ces technologies ont pour effet de rendre la frontière nettement moins efficace en allongeant les délais de traitement, mais elles contribuent également à une diminution de la sécurité frontalière, affaiblissant l'intégrité et la sécurité de notre frontière.
En bout de ligne, si le gouvernement et ses agences souhaitent faciliter les déplacements transfrontaliers ainsi que la circulation des biens commerciaux, alors ArriveCAN est un pas dans la mauvaise direction. La technologie a certainement sa place, mais elle doit être utilisée pour aider les voyageurs et assister les agents, et non leur faire entrave. À cet égard, ArriveCAN ne fonctionne tout simplement pas.
Pour conclure, j'espère que la contribution du syndicat aidera le Comité dans son important travail.
Merci. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
:
Merci. Et merci de m'avoir invité aujourd'hui.
Je m'appelle David MacLachlan et je suis directeur exécutif de Destination Nord d'Ontario. J'ai grandi dans le domaine du tourisme et j'exploite moi-même une entreprise touristique. Ma famille exploite l'une des plus grandes entreprises de chasse et de pêche dans des zones accessibles par avion au pays. C'est notre 65e année d'activité.
Destination Nord d'Ontario est un organisme touristique sans but lucratif dont la mission est de faciliter la croissance du secteur touristique grâce à des programmes, au développement de produits, à l'attraction d'investissements, à la formation et au perfectionnement de la main-d'œuvre et, bien sûr, au marketing.
Le Nord de l'Ontario est une vaste région. Sa superficie est équivalente à celles de la France et de l'Allemagne combinées, avec un secteur touristique solide et — avant la pandémie, du moins — en pleine croissance. Avant la COVID‑19, la région recevait 8,5 millions de visites, produisant des recettes touristiques de 1,6 milliard de dollars et des recettes fiscales d'environ 500 millions de dollars aux trois paliers de gouvernement. En 2019, 4,9 % des visiteurs provenaient de pays étrangers, et les visiteurs en provenance des États‑Unis étaient à l'origine de recettes touristiques d'un demi-milliard de dollars.
La frontière terrestre revêt une importance unique, puisque 94 % des visiteurs du Nord de l'Ontario arrivent par la route.
Tout le monde sait que les secteurs du tourisme, des voyages et de l'hébergement ont été les plus durement touchés par la pandémie mondiale. Je tiens à remercier tous les députés de leur appui durant les deux dernières saisons.
Mais le plus durement touché de tous est sûrement le secteur du tourisme axé sur les ressources naturelles, qui dépend beaucoup du marché américain. Quand on se déplace d'est en ouest dans le Nord de l'Ontario et qu'on va jusqu'au lac Supérieur et vers le Nord-Ouest de la province, on constate que presque tous les clients des plus emblématiques de nos gîtes, de nos camps, et de nos avant-postes accessibles par avion viennent des États‑Unis. Cela s'explique par la démographie, par la proximité du marché et par la taille du marché.
Les deux dernières années ont été extrêmement difficiles. La région a perdu 1 milliard de dollars en recettes touristiques du côté du marché américain. Le secteur du tourisme axé sur les ressources naturelles a eu beaucoup de mal à attirer des clients canadiens. Nous espérions voir un redressement cette année. Mais un sondage effectué récemment par Nature et Outdoor Tourism Ontario révèle que, en mai, le secteur a enregistré des annulations d'une valeur de 100 millions de dollars. Les raisons sont multiples, mais les restrictions à la frontière sont les plus fréquemment invoquées.
C'est effectivement ce que nous disent les entrepreneurs. Je peux aussi le confirmer par ma propre expérience, puisque, en mai, nous avons eu 70 annulations de réservation de gîte, toutes en raison des restrictions à la frontière. Cela représente environ 15 % de nos activités. Je précise que les annulations continuent d'être plus nombreuses que les nouvelles réservations.
Récemment, l'Association de l'industrie touristique de l'Ontario a indiqué dans son bulletin que, en 2022, le nombre de passages de la frontière a été d'environ 50 % moindre que celui de 2019. J'ai déposé au Comité le sondage de la NOTO et le bulletin de la TIAO.
L'application ArriveCAN est facile à utiliser et fonctionne bien — comme résidant d'une collectivité frontalière à Sault‑Sainte‑Marie, j'ai pu l'utiliser facilement — pour les touristes et surtout pour les Américains qui traversent la frontière terrestre, mais nous sommes d'avis et les statistiques montrent que l'application et les effets cumulatifs d'autres restrictions à la frontière dissuadent nos amis du sud de la frontière de venir nous voir. C'est une énorme perte de recettes pour les exploitants et de recettes fiscales pour le gouvernement. Ces nouveaux dollars engrangés dans l'économie canadienne ont une incidence positive sur notre balance commerciale. J'imagine que notre expérience dans le nord de l'Ontario a des échos dans d'autres régions du Canada.
Pour dire les choses simplement, notre secteur souhaite que l'application ArriveCAN à la frontière terrestre soit suspendue le plus tôt possible et que toutes les autres restrictions soient levées, d'autant plus que le soutien financier au secteur du tourisme a pris fin. Nous devons uniformiser les règles du jeu avec les autres destinations.
Je vous remercie de m'avoir permis de témoigner aujourd'hui.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci beaucoup, madame la présidente.
[Français]
Je m'appelle Beth Potter. Je suis la présidente‑directrice générale de l'Association de l'industrie touristique du Canada. Mon allocution se fera en anglais, mais je serai heureuse de vous répondre en français durant la période de questions.
[Traduction]
Avant de vous faire part de mes observations, je tiens à souligner que nous sommes réunis ici sur le territoire non cédé des Anishinabes et des Algonquins.
L'AITC est le porte-parole national du secteur touristique canadien. Nous représentons des milliers d'entreprises d'un océan à l'autre, dans l'ensemble des branches de notre secteur d'activité. Notre mandat nous amène à travailler en étroite collaboration avec nos partenaires du secteur touristique autochtone et avec les associations touristiques provinciales et territoriales.
Pour contextualiser mes commentaires sur ArriveCAN, je vais d'abord vous fournir certains renseignements généraux que je crois importants de vous faire connaître, notamment sur le plan du commerce international.
Avant la pandémie, le secteur touristique employait un Canadien sur dix et produisait des recettes de 105 milliards de dollars par an. Nous étions un moteur économique qui a dépassé la croissance globale du PIB du Canada pendant des années. De ces recettes, 22 %, soit 23 milliards de dollars par an, étaient attribuables aux visiteurs étrangers. Nous avons déjà accueilli un nombre record de 32 millions de visiteurs étrangers, dont 22 millions ont séjourné une nuit ou plus. Les voyageurs américains représentaient 75 % de tous les visiteurs étrangers.
Un an plus tard, les choses avaient radicalement changé. Les recettes touristiques totales ont diminué de moitié, et les dépenses des voyageurs étrangers ont été d'à peine 4 milliards de dollars, soit une baisse de 83 %. Le nombre de voyageurs étrangers séjournant une nuit ou plus est passé à 3 millions, soit une baisse de 86 %, et le secteur touristique a perdu 400 000 emplois. Il n'est pas exagéré de dire que le tourisme a été le premier touché et le plus durement touché et sera probablement le dernier à se remettre de cette pandémie.
Nos entreprises semblent maintenant remonter la pente après avoir perdu deux saisons complètes. Nous espérons vraiment une reprise importante du tourisme cet été. Les gens veulent voyager. Il y a une demande latente. Selon les données de novembre 2021, le PIB du tourisme était à 78 % de ce qu'il était en janvier 2020. On observe donc des progrès. Selon les dernières projections, il se pourrait que le tourisme international ne se rétablisse pas avant 2025, mais le tourisme intérieur devrait retrouver son élan d'ici la fin de 2023.
Mes collègues ont rappelé que le tourisme international rapporte de l'argent frais à notre économie, et il ne faut jamais l'oublier.
Permettez que je vous parle maintenant de l'application ArriveCAN. Instaurée d'abord pour limiter la propagation de la COVID‑19 au Canada, elle exigeait que tous les voyageurs, à quelques exceptions près, fournissent des renseignements obligatoires avant et après leur entrée au pays, qu'ils arrivent par voie aérienne, terrestre, ferroviaire ou maritime, et qu'ils les fournissent dans les 72 heures suivant leur arrivée.
Si un voyageur qui arrive au Canada ne fournit pas de renseignements au moyen de l'application, il risque de se voir refuser l'accès à son avion ou à son navire de croisière, ou encore l'entrée au pays s'il traverse la frontière par voie routière, ferroviaire ou maritime. Malgré tous les efforts déployés, nous savons tous que la COVID‑19 s'est propagée partout au Canada et que le variant Omicron, notamment, s'est propagé très rapidement en décembre et en janvier derniers, même si l'utilisation d'ArriveCAN était obligatoire. À mon avis, l'utilisation obligatoire d'ArriveCAN n'est plus nécessaire pour lutter contre la COVID‑19.
Je suis d'accord avec mon collègue M. Agnew pour préconiser un processus numérique pour faciliter l'entrée des voyageurs étrangers au pays.
Comme les tests de dépistage avant le départ et à l'arrivée sont maintenant éliminés dans presque tous les pays, il n'est plus logique d'obliger les voyageurs à utiliser ArriveCAN pour prouver leur statut vaccinal à leur arrivée au Canada, et, compte tenu de l'annonce d'hier concernant la fin de l'obligation vaccinale pour les voyageurs canadiens et étrangers, l'argument est encore plus valable.
ArriveCAN n'a pas prouvé son efficacité à stopper la COVID. Elle est largement perçue comme un obstacle aux voyages et la cause de retards importants à l'arrivée au Canada. L'application est affligée de beaucoup d'autres problèmes dont mes collègues ont parlé, et je terminerai donc en rappelant que, dans les transports en commun, dans les grands stades et dans les restaurants partout au pays, la preuve vaccinale n'est plus exigible. En fait, les masques non plus ne sont pas obligatoires, et pourtant, quand on passe la frontière pour entrer au Canada, on n'a pas d'autre choix que d'utiliser l'application.
Cela nous semble assez décalé par rapport à la réalité, et nous estimons qu'il faut rétablir des règles du jeu équitables. Les voyages et le tourisme sont le seul secteur d'activité qui impose encore des restrictions. Ce n'est le cas d'aucun autre secteur de l'économie.
Merci.
:
Je m'appelle Lynnette Bain et je suis vice-présidente du développement des destinations chez Tourisme Windsor Essex Île Pelée. Nous sommes l'organisme officiel de marketing de destination du secteur touristique régional.
La mission de notre organisme sans but lucratif est de promouvoir et de vendre Windsor, Essex et l'île Pelée comme une destination remarquable pour les touristes, les congressistes et les gens d'affaires. Je remercie le Comité permanent de m'avoir invitée aujourd'hui à faire part de mes observations sur l'application ArriveCAN. Ce que je vais vous dire n'est pas si différent de ce que mes collègues ont dit, mais il faut que ce soit répété.
Au cours des premières phases de la pandémie, le gouvernement fédéral a lancé l'application mobile, qui a permis de simplifier le processus par lequel les voyageurs fournissaient des renseignements concernant leur arrivée au Canada, en plus de leur plan de quarantaine. Elle a permis de traiter rapidement tous les renseignements sur les voyageurs et de les transmettre aux organismes gouvernementaux compétents, et c'était indispensable pour les déplacements en temps de pandémie.
Maintenant que la pandémie est en train de devenir une épidémie, que 82 % de la population canadienne est entièrement vaccinée, que les taux d'hospitalisation ont considérablement diminué depuis quelques mois et que de nombreuses mesures ont été supprimées dans les provinces, il est temps d'envisager le retrait de l'application ArriveCAN à la frontière.
En l'occurrence, nous sommes d'accord avec l'organisme provincial TIAO, l'Association de l'industrie touristique de l'Ontario, pour éliminer ces obstacles.
L'application a rempli sa fonction au plus fort d'une pandémie, mais elle est également considérée par les voyageurs comme un élément de dissuasion potentiel. Comme elles sont un marché très transfrontalier, nos principales attractions, Caesars Windsor, le plus grand centre de villégiature avec casino au Canada, et les vignobles EPIC primés ont perdu un tiers et, respectivement, entre 25 et 50 % de leurs clients en provenance des États‑Unis. Les familles Muscedere et Mitchell des vignobles EPIC ont enregistré une baisse de 50 % du nombre de visiteurs américains par rapport à 2019.
Pour certains, cette application était une tracasserie, surtout s'ils ne savaient pas qu'il fallait la remplir au préalable. Nous savons que des mesures ont été prises pour réduire considérablement le nombre de questions et d'étapes de l'application, notamment le plan de quarantaine, mais c'est encore trop fastidieux pour les voyageurs.
Nous dépendons en grande partie du désir de visiteurs décidant spontanément de prendre la route depuis des États voisins comme le Michigan et l'Ohio, pour se rendre à Windsor Essex y faire des excursions d'un jour ou passer un long week-end chez des amis ou dans la famille. Ces visiteurs ont tendance à dépenser deux fois plus que nos clients canadiens. Des restrictions supplémentaires risquent d'inciter ces voyageurs très convoités à aller ailleurs. Maintenant plus que jamais, nous devons relancer ce marché, car ces visiteurs jouent un rôle important dans l'apport de recettes à notre économie locale, puisqu'ils représentent depuis toujours près de 50 % de nos cinq millions de visites annuelles.
Des voyageurs du monde entier veulent et souhaitent venir au Canada, et nous devons saisir cette occasion dès maintenant, faute de quoi leur désir se tournera vers d'autres destinations sans tracasseries ou moins encombrées de restrictions.
Les aînés et les personnes qui n'ont pas accès à un téléphone intelligent ou qui préfèrent fermer leurs données téléphoniques lorsqu'ils traversent une frontière internationale ont également de la difficulté avec l'application ArriveCAN. La technologie de l'application et l'application elle-même ont créé de la confusion à la frontière et entraîné des retards importants.
N'oublions pas les personnes non vaccinées, dont 33 % des Américains, qui n'ont même pas pu traverser les frontières en raison de ces restrictions.
En fin de compte, il faut se demander si l'application ArriveCAN présente effectivement des avantages importants pour l'ensemble de la collectivité. À l'heure actuelle, compte tenu des progrès réalisés dans la lutte contre le virus de la COVID‑19, il semble que ses avantages soient négligeables.
Je rappelle que les symptômes d'une personne infectée par la souche actuelle de COVID‑19 peuvent prendre deux à quatre jours à se manifester et que les visiteurs qui reviennent de voyages d'un jour ou de longs week-ends pourraient ne pas avoir de symptômes avant d'en avoir terminé avec l'application ArriveCAN. Selon certaines études, environ 60 % de la population pourrait être asymptomatique ou présymptomatique, et cela aussi rend l'application ArriveCAN sans objet, puisque les symptômes ne sont pas manifestes au moment du passage de la frontière.
La suspension de l'obligation vaccinale pour les voyages au pays et à l'étranger serait une mesure bienvenue pour normaliser la situation. À l'heure actuelle, les Américains considèrent le Canada comme la destination de voyage à l'étranger la plus désirable, et il faut donc non seulement maintenir cet état d'esprit, mais aussi le renforcer à toutes les étapes du processus commercial.
Comme l'a dit Mme Potter, ce sont nos entreprises touristiques qui font face au déclin le plus important parmi les entreprises actives. Elles sont sur la voie de la relance, mais le tourisme n'a pas suivi le rythme des autres secteurs. Pour que nos entreprises touristiques locales — restaurants, hébergement, attractions, visites guidées, festivals et événements, boutiques et même districts — retrouvent une certaine mesure de normalité, nous avons absolument besoin d'un accès sans obstacles susceptibles de créer hésitation, doute, frustration, voire désintérêt total pour la région, la province ou le pays.
Pour que ce très nécessaire secteur d'activité et moteur économique retrouve sa vitalité d'avant la pandémie, ce qui importe, entre autres, est de récupérer notre marché géographique le plus précieux, les États‑Unis. Il faut suspendre l'utilisation de l'application ArriveCAN pour inciter ces voyageurs à revenir au Canada dans des conditions plus simples, sans complications ni retards à la frontière.
Merci.
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Je vous remercie de la question.
Nous ne sommes pas habilités à commenter les mesures de santé publique.
Mais je peux vous dire que les chiffres que vous a fournis tout à l'heure le représentant de l'ASFC, selon lesquels 99 % des voyageurs arrivant par avion et 94 % des voyageurs arrivant par la route ont rempli l'application, sont absolument faux. Ces pourcentages représentent le nombre de voyageurs ayant rempli l'application après que nous les y avons aidés. Dans les succursales des Cantons‑de‑l'Est, par exemple, c'était plus près de 60 %. Dans l'ensemble, les proportions probables seraient de 75 à 80 %.
En fait, nos agents font actuellement office de consultants en TI. Certains postes frontières sont devenus des espaces de stationnement, où nous aidons les gens à remplir l'application. Notre plus grande crainte est que, mis à part les mesures de santé publique, cette application puisse être élargie et couvrir plus que ces simples questions. La technologie... nous en avons vu les effets dans les aéroports avec les bornes d'inspection primaire. Cela réduit considérablement la sécurité à la frontière et prend beaucoup plus de temps que de simplement parler à un douanier. Nous pouvons traiter le cas d'une personne deux fois plus vite qu'une machine.
L'application ArriveCAN, même si elle était supprimée, n'est qu'une petite partie du problème. Au fil du temps, nos activités de première ligne... Nos chiffres ont considérablement diminué parce que nous sommes excessivement tributaires de la technologie. À certains points d'entrée, les agents de première ligne sont moitié moins nombreux qu'il y a cinq ou six ans. Même si l'application était supprimée, il y aurait des retards importants dans la plupart de nos points d'entrée.
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Je pense que, quoi que nous fassions à la frontière terrestre, il faut probablement le faire aussi pour les arrivées par avion. Rétrospectivement, je dirais que nous avons reçu beaucoup de plaintes de la part de nos membres — depuis le début de la pandémie — au sujet des règles diffuses entre les différents modes de transport. Toutes les mesures doivent être appliquées de façon uniforme.
Quant à décider quoi en faire, je pense qu'une suspension à court terme serait probablement un moyen très avisé et pratique d'atténuer une partie de l'encombrement. Il faudra du temps pour la transformer en application de dédouanement. Je crois que le représentant de l'ASFC, dans le groupe de témoins précédent, a dit — si j'ai bien compris — qu'on allait dans cette direction. Mais même ce réoutillage prendra du temps.
Pour ce qui est du délai préalable de 72 heures, que ce soit 72, 48 ou 24 heures, ou même cinq minutes, il faudra régler beaucoup de ces mêmes problèmes, surtout avec les personnes âgées et les gens dont la langue maternelle n'est pas l'anglais. Je ne crois pas que cela changera fondamentalement la situation.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Merci beaucoup à tous nos invités de ces témoignages très importants au sujet d'un secteur vraiment important de l'économie canadienne.
Pour ma part, j'ai passé la plus grande partie de ma vie dans le secteur touristique. J'étais gestionnaire des ventes et du marketing pour le plus grand hôtel indépendant du Nord de l'Ontario. J'ai été responsable de la gestion de la station de ski de Searchmont, la plus haute montagne, comme on dit, entre les Rocheuses et les Laurentides. J'ai également été président du comité consultatif de l'hébergement au collège Sault.
Je comprends tout à fait ce que tout le monde dit et l'importance de ce secteur. C'est là que j'ai rencontré ma femme. Elle travaillait dans une entreprise touristique. Nous avons acheté une maison ensemble et élevé notre famille. Ce dont nous avons besoin et ce qu'il faut faire, c'est nous assurer de continuer à soutenir le secteur touristique.
Madame la présidente, maintenant que je me suis présenté aux témoins qui ne me connaissent pas, j'aimerais demander à M. MacLachlan à quel point les mesures de soutien étaient importantes, notamment la subvention salariale que vous, monsieur, et beaucoup d'autres personnes avez réclamée avec tant de vigueur en même temps que ces changements.
Monsieur MacLachlan, vous avez fait des commentaires sur certaines des mesures de soutien récemment adoptées dans le cadre du budget de 2022 pour continuer de vous soutenir pendant la période de relance, au moment où le nombre de voyageurs commence à se multiplier, ce qui est une bonne chose. Pourriez-vous nous faire part de vos réflexions concernant les mesures de soutien qui ont aidé le secteur et celles qui continueront de l'aider?
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Je vous remercie de la question.
La subvention salariale a effectivement été très importante pour le secteur du tourisme dans le Nord de l'Ontario et surtout pour les entreprises qui dépendent du marché américain et n'attirent pas de visiteurs canadiens. Dans le cas de notre gîte, nous sommes passés de 500 clients en 2019 à 52 en 2020. Grâce à la subvention salariale, nous avons pu protéger notre personnel de base de six personnes. L'an dernier, nous avons connu une légère relance. Nous avons accueilli un maximum de 200 clients. Cette subvention salariale nous a effectivement permis de garder huit employés, dont deux étudiants, pour la saison.
C'est ce qui nous a aidés le plus efficacement. Je sais qu'un grand nombre d'entreprises ont demandé de l'aide auprès du Fonds d'aide au tourisme et de FedNor. Je sais qu'il y a des programmes par l'entremise des SADC. Quant à nous, nous avons contracté un prêt auprès de notre SADC parce que nous ne voulions pas prendre de retard dans notre programme de modernisation des immobilisations et dans l'achat de bateaux. Nous ne voulions pas compromettre la marina avec les bateaux et les moteurs que nous avions commandés et que nous aurions laissés en plan. Même si nous savions que nous n'aurions que 52 clients, nous avons acheté ce matériel.
Les entreprises du Nord de l'Ontario, et notamment les entreprises touristiques axées sur les ressources naturelles, ne se rétabliront pas tant que les visiteurs américains ne pourront pas traverser la frontière. Je crois que Mme Bain a parlé du taux de vaccination au Michigan. Dans l'ensemble, il n'est que de 56 % dans cet État, et c'est donc toute une pente à remonter pour notre secteur.
Concernant l'utilisation de l'application, je ne suis pas épidémiologiste, mais je ne vois tout simplement pas en quoi c'est plus sûr pour nous, parce que je peux aller à l'île Mackinac la semaine prochaine — la plus grande attraction touristique du Midwest américain — et passer la journée à discuter avec toutes sortes de gens qui n'ont pas le droit d'entrer au Canada, puis revenir au Canada parce que j'utiliserai l'application. Cela s'est révélé utile en temps et lieu, mais il faut maintenant examiner ce que nous pouvons faire pour éliminer les restrictions lorsque c'est possible pour que les gens puissent voyager de nouveau.
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Je comprends tout à fait.
Là où je vis, chaque matin, quand je me lève et que je prends mon café, je peux voir les États‑Unis de ma fenêtre. Nous savons que, au Michigan, le taux de vaccination est considérablement inférieur à celui des Canadiens, de sorte que, à l'époque où les frontières ont été fermées, le nombre de cas de COVID au Michigan à lui seul rivalisait avec celui de l'ensemble du Canada. C'était vraiment important.
Vous et moi avons également vécu les événements du 11 septembre, qui ont été suivis de l'introduction du passeport. À ce moment‑là, comme tous ceux qui ont suivi la situation le savent, les Américains ne sont pas allés chercher de passeport. Ils ont juste...
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Je suis d'accord. Cela ne fait aucun doute. Beaucoup plus d'efforts... Il faut beaucoup de temps pour que les agents suivent la formation, et ils sont aussi attirés ailleurs à différents moments. C'est un poste très important.
Je passe maintenant à Mme Bain.
Au sujet du secteur touristique touché, ce qui me frustre un peu en tant que député représentant une région touristique, c'est que nous avons une nouvelle technologie, ou un nouveau processus, différente de celle imposée aux autres secteurs de l'économie canadienne. Le tourisme a vraiment été le parent pauvre quant aux mesures de soutien pendant la pandémie, et voilà qu'il voit maintenant arriver cette complication permanente et croissante à laquelle les autres secteurs échapperont.
Ne serait‑il pas logique, si nous adoptons un processus qui, nous le savons, nuira au tourisme, de maintenir notre soutien à certaines des entreprises touristiques?
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Je pense qu'il est essentiel de continuer de soutenir l'industrie touristique. Nous constatons que les entreprises souffrent non seulement du manque de visiteurs venant des États-Unis, mais aussi des répercussions de l'inflation et la hausse des prix sur le portefeuille des gens. Les entreprises s'inquiètent de ne pouvoir rembourser leurs prêts au titre du CUEC.
À l'heure actuelle, il y a beaucoup d'inquiétude, voire d'angoisse, chez les exploitants des petites entreprises touristiques du fait de certaines de ces contraintes financières. Devant ce qui s'annonçait comme une saison de reprise qu'ils appelaient de tous leurs vœux, ils sont en ce moment quelque peu craintifs et hésitent à investir et à prendre de l'expansion.
Il y a eu d'excellentes mesures de soutien. Je pense que le Fonds d'aide au tourisme a été une ressource fort utile pour beaucoup de ces exploitants, mais il a été limité à un certain nombre.
Il y a aussi ceux qui éprouvent des difficultés avec la technologie, ne serait‑ce que pour remplir une demande d'aide. Pour certains, apprivoiser la technologie est vraiment un défi.
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Merci, madame la présidente.
Monsieur MacLachlan, je pourrais vous parler pendant cinq heures en tant que pourvoyeur, car je le suis moi-même. N'hésitez pas à communiquer avec mon bureau, si le cœur vous en dit, car j'aimerais beaucoup discuter avec vous à ce sujet, surtout en ce qui concerne les pourvoiries du Nord de l'Ontario et les moyens de les aider.
Dans les 3 dernières minutes et 45 secondes qui me restent, j'adresserai mes questions à M. Weber.
Monsieur Weber, ma circonscription d'Essex est voisine de celle de M. Masse. Je connais aussi M. Turner. Étant responsable des questions du travail dans le cabinet fantôme, j'ai longuement discuté avec M. Turner.
Je comprends que c'est vrai... j'aimerais beaucoup entendre vos observations, monsieur, au sujet du sentiment de frustration des agents frontaliers de l'ASFC et de la redondance du travail qu'ils font. Pourriez-vous nous en parler un peu?
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Oui. Volontiers. Nous discutons plus précisément de la situation dans le Sud de l'Ontario, mais j'entends la même chose partout au pays, partout où je vais. Notre travail consiste à assurer la sécurité des Canadiens. Notre travail consiste à appliquer les lois à la frontière et à faciliter les déplacements. Mais le volet d'application de la loi est presque chose du passé. Notre travail consiste principalement, ou presque, à faire traverser les voyageurs le plus rapidement possible, en aidant les gens à remplir le questionnaire de l'appli ArriveCAN.
Encore une fois, les technologies que nous mettons en place et celles qui sont prévues avec eGate — les machines des BIP à l'aéroport sont déjà là — réduisent considérablement le nombre de voyageurs avec lesquels nous avons des interactions. Elles réduisent considérablement notre capacité d'interdire tout ce que les Canadiens veulent voir interdit. Le travail consiste principalement à faciliter les choses et à aider les gens à remplir le questionnaire de l'appli. Je répète qu'il s'agit en quelque sorte d'une chaîne de montage: il faut un mouvement continu.
L'ASFC nous a présenté un plan d'action pour l'été dans lequel on envisage des choses comme des heures supplémentaires obligatoires pour nos agents, simplement pour venir à bout de cet arriéré causé par un manque de personnel et le surcroît de travail qu'apporte l'application ArriveCAN. Des gens sont réaffectés dans le but d'accroître le personnel en première ligne. La situation est désespérée.
On parle de l'application ArriveCAN, mais le manque de personnel de première ligne à la frontière ne disparaîtra pas après l'été. Le problème existe depuis longtemps. Nous avons eu un petit répit pendant la pandémie, mais la situation s'aggrave progressivement depuis des années.
Encore une fois, il ne s'agit plus tellement de faire notre travail, mais simplement de faire passer les gens le plus rapidement possible.
Par votre entremise, madame la présidente, je reviens à M. Weber.
Parlons un peu de la dotation en personnel. Ce qui me préoccupe le plus, encore une fois, c'est qu'il s'agit du point de passage transfrontalier le plus achalandé en Amérique du Nord, par où transitent la plus grande partie des échanges commerciaux entre les deux pays. Il ne s'agit pas seulement de gens qui font le va‑et‑vient entre l'Ontario et le Michigan pour faire l'épicerie du jour ou assister à une partie de baseball. Il est question aussi des gens qui, littéralement, assurent nos échanges commerciaux.
Je suis curieux, monsieur, de savoir si vous croyez qu'il est vrai que le maintien d'ArriveCAN puisse être un moyen pour le gouvernement de réduire le personnel, les agents, de l'ASFC?
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Je l'entends haut et fort, et ce réflexe éclaire en partie le changement de décision de la semaine dernière.
Il me semble que si nous comprenons que les vaccins aident à limiter la propagation de nombreux variants de la COVID‑19 — mais peut-être pas le plus récent — et si la compréhension du statut vaccinal aide les entreprises en général, il s'agit ensuite de décider ce que nous ferons au sujet de la vérification du statut vaccinal. Si nous décidons que nous allons le vérifier, comment alors le ferons-nous?
Je m'adresse à vous, monsieur Weber. Vous avez été assez direct, et je le serai donc également.
Je rappelle les témoignages que nous avons entendus dans la dernière demi-heure, à savoir que la vérification sur papier pourrait prendre de six à sept minutes, par opposition à la vérification sur appli qui, si elle est bien faite, prend 45 secondes.
Je suppose que vous avez entendu ces témoignages. Êtes-vous en désaccord avec ces témoignages de Mme Lévesque et de M. Vinette?
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Merci, madame la présidente.
J'aimerais remercier tous les témoins d'être venus aujourd'hui.
Nous sommes déjà le 15 juin, et les trois quarts des revenus touristiques seront produits dans le prochain quart de l'année, c'est‑à‑dire à partir de juin. Dans seulement quatre mois, le secteur du tourisme cherchera à générer 75 % des revenus qui lui sont nécessaires.
Vous avez tous mentionné l'importance des visiteurs américains et le fait que l'utilisation continue d'ArriveCAN nuit grandement au libre mouvement des visiteurs vers le Canada. Cela décourage les gens de venir au Canada.
Madame Potter, croyez-vous que l'utilisation continue d'ArriveCAN compromet l'année touristique 2022?