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Bonjour à tous et à toutes.
Merci de vous joindre à nous aujourd'hui, chers collègues députés.
Je remercie également les témoins, qui se joignent à nous virtuellement.
Bienvenue à la 18e réunion du Comité permanent de l'industrie et de la technologie de la Chambre des communes.
Conformément à l'article 108(2) du Règlement et à la motion adoptée par le Comité le vendredi 8 avril 2022, le Comité se réunit pour étudier la compétitivité des petites et moyennes entreprises au Canada.
La réunion d'aujourd'hui se déroule sous forme hybride, conformément à l'ordre adopté par la Chambre le 25 novembre 2021. Les députés peuvent participer en personne ou par l'entremise de l'application Zoom. Je pense que la vaste majorité d'entre nous participe en personne, à l'exception de MM. Fillmore et Masse, que je salue. Ceux qui sont ici, à Ottawa, connaissent les règles sanitaires en vigueur, donc je m'attends à ce qu'ils se comportent en conséquence.
Sans plus tarder, je vous présente les témoins que nous recevons pour la première heure.
Tout d'abord, nous accueillons deux représentants du ministère de l'Emploi et du Développement social: M. Chris Bates, directeur général, Direction de l'apprentissage et des initiatives sectorielles; et Mme Helen Smiley, directrice générale, Direction de l'intégration stratégique et des affaires corporatives.
Nous accueillons également des représentants du ministère de l'Industrie: Mme Sheryl Groeneweg, directrice générale, Direction générale de la fabrication de pointe et de la stratégie industrielle; M. Etienne‑René Massie, directeur général, Direction générale de la petite entreprise; et M. Martin Simard, directeur principal, Direction des politiques sur le droit corporatif, l'insolvabilité et la concurrence, Direction générale des politiques-cadres du marché.
Je vous remercie tous de ce que vous faites au sein de la fonction publique.
Je vous remercie également de participer à cet exercice, aujourd'hui, en comité parlementaire.
Sans plus tarder, je vais passer la parole pour six minutes à M. Bates ou à Mme Smiley, du ministère de l'Emploi et du Développement social.
Je vous remercie de nous donner l'occasion de participer à l'étude de votre comité sur les petites et moyennes entreprises du Canada.
Les petites et moyennes entreprises sont essentielles aux collectivités et aux rues principales partout au pays. Elles emploient des millions de personnes et stimulent la croissance économique. On trouve au cœur de toutes les petites entreprises des entrepreneurs qui travaillent avec acharnement pour offrir des services et des biens ici et à l'international.
Les petites entreprises et les entrepreneurs doivent quotidiennement relever un éventail de défis, allant de ceux qui ont des répercussions sur leurs activités quotidiennes à ceux qui ont des implications à moyen et à long terme pour leur entreprise. Ces défis incluent la pénurie de main-d'œuvre, les contraintes relatives à la chaîne d'approvisionnement, les pressions inflationnistes, les défis touchant l'infrastructure et les changements climatiques. De plus, la pandémie a apporté son lot de nouveaux défis, en plus d'en amplifier d'autres.
Dès le début de la pandémie, le gouvernement a fait des investissements essentiels pour aider les petites entreprises canadiennes à relever ces défis, en plus d'offrir des mesures de soutien pour assurer la reprise après la pandémie. Ces mesures d'urgence ont permis à de nombreuses entreprises de pivoter, de s'adapter et de continuer à fonctionner.
[Traduction]
Alors que les mesures de soutien pour la COVID‑19 prennent fin, la situation au pays s'est, dans de nombreux cas, améliorée. Le plan de reprise du gouvernement est passé du soutien généralisé à des initiatives de croissance plus ciblées.
Le budget de 2022 propose un éventail d'incitatifs pour favoriser les investissements dans les entreprises en croissance. Ils comprennent des mesures pour améliorer la résilience des chaînes d'approvisionnement, pour réduire les impôts des petites entreprises canadiennes et pour stimuler la création et la protection de la propriété intellectuelle canadienne. Le budget aidera également les entreprises canadiennes à tirer le maximum des débouchés commerciaux sur la scène internationale, tout en les protégeant mieux d'une concurrence injuste.
Dans le budget, le gouvernement a également annoncé son intention de favoriser un marché concurrentiel pour les entreprises et consommateurs canadiens en apportant des modifications législatives à la Loi sur la concurrence dans le cadre d'une étape préliminaire visant à moderniser le régime de la concurrence. Il s'agira notamment d'éliminer les échappatoires, de s'attaquer aux pratiques préjudiciables aux travailleurs et aux consommateurs, de moderniser l'accès à la justice et aux sanctions, ainsi que d'adapter la loi à la réalité numérique d'aujourd'hui. Le gouvernement continuera de tenir de vastes consultations sur le rôle et le fonctionnement de la Loi sur la concurrence et de son régime d'application.
En ce qui concerne les chaînes d'approvisionnement, à titre de grande économie et nation commerçante du monde, le Canada dépend de chaînes d'approvisionnement solides pour soutenir la compétitivité des entreprises canadiennes et la qualité de vie des Canadiens. Cependant, la nature mondiale et interreliée des chaînes les rend vulnérables à un éventail de risques.
Comme nous le savons, des pressions jamais vues ont été exercées sur les chaînes d'approvisionnement du monde entier. Des entreprises partout sur la planète font face à de l'incertitude sur le plan de la demande, à des retards inégalés en matière d'approvisionnement et de logistique et à des interruptions considérables des activités parce qu'elles sont incapables de se procurer des matières premières.
Certains des défis auxquels nous faisons actuellement face existaient déjà avant le début de la pandémie. Certaines perturbations plus récentes, comme l'invasion de l'Ukraine, les problèmes de main-d'œuvre dans le secteur ferroviaire, les manifestations aux postes frontaliers et les catastrophes naturelles, comme les inondations et les feux de forêt, montrent bien que nous devons être pleinement conscients de notre vulnérabilité accrue face à une myriade de risques.
Le gouvernement est résolu à renforcer les chaînes d'approvisionnement du pays pour améliorer la circulation rapide des biens et des matières, tout en bâtissant une économie plus résiliente.
Nous comprenons que les problèmes actuels relatifs à la chaîne d'approvisionnement ont des répercussions dans tous les secteurs de l'économie, ainsi que sur la vie quotidienne des Canadiens.
Le gouvernement collabore étroitement avec les États-Unis et les partenaires mondiaux, afin d'accroître la sécurité de la chaîne d'approvisionnement pour les marchandises clés. Cette collaboration vise certaines industries, comme les minéraux critiques, les batteries et les semiconducteurs, ainsi que des secteurs, comme les sciences de la vie, la fabrication, le transport et la défense.
L'inflation fait partie des autres problèmes mondiaux auxquels les entreprises sont confrontées dans la reprise postpandémique. Au départ, elle était attribuable aux prix mondiaux du pétrole, aux problèmes relatifs à la chaîne d'approvisionnement pendant la pandémie et à la façon dont le virus a modifié les habitudes de consommation. Cependant, nous savons aussi que l'inflation est maintenant exacerbée par la guerre de la Russie en Ukraine.
En plus de relever les défis économiques généraux, le gouvernement cherche également à veiller à ce que tous les entrepreneurs puissent aller de l'avant avec leur entreprise.
Pour tenir compte des obstacles auxquels les femmes font face, le gouvernement a fait des investissements dans la Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat. Dans le budget de 2021, le gouvernement a investi 146 millions de dollars de plus dans la stratégie afin d'offrir un accès élargi à des capitaux pour les femmes démarrant leur propre entreprise, de soutenir davantage les organisations qui appuient les entrepreneures. La Stratégie pour les femmes en entrepreneuriat a déjà contribué au démarrage et à la croissance de milliers d'entreprises dirigées par des femmes.
Le gouvernement investit également, par l'intermédiaire du Programme pour l'entrepreneuriat des communautés noires, pour éliminer les obstacles systémiques auxquels les entrepreneurs et propriétaires d'entreprises noirs sont confrontés. Ce programme a été créé en collaboration avec des entrepreneurs noirs, pour les entrepreneurs noirs pour lutter contre les inégalités systémiques auxquelles ils sont confrontés depuis trop longtemps.
Les entreprises dirigées par des Autochtones font également face à un éventail de défis, qui peuvent être amplifiés étant donné qu'elles se trouvent en milieu rural ou éloigné. Dans le budget de 2021, le gouvernement a élargi le Programme d'entrepreneuriat autochtone en faisant un investissement de 42 millions de dollars. L'Association nationale des sociétés autochtones de financement a également lancé son Fonds de croissance autochtone de 150 millions de dollars, en collaboration avec la BDC et d'autres partenaires gouvernementaux, afin d'aider les petites entreprises autochtones à attirer des investisseurs et à réaliser des projets plus ambitieux.
[Français]
Enfin, pour aider toutes les entreprises à accroître leur compétitivité et à accéder à de nouveaux marchés, le gouvernement a récemment lancé le Programme canadien d'adoption du numérique. Ce programme contribuera à la croissance de nombreuses entreprises, y compris celles se trouvant en région rurale. Il les aidera à avoir accès à de nouveaux clients potentiels dans leur collectivité, à l'échelle du Canada, et à accéder aux marchés internationaux.
Dans le cadre de ce programme, les PME canadiennes pourront évaluer leur préparation numérique et présenter des demandes de subventions et de prêts. En fonction de leur taille, de leurs besoins particuliers et de leurs objectifs, les entreprises peuvent présenter une demande de financement au titre du volet Développez vos activités commerciales en ligne ou du volet Améliorez les technologies de votre entreprise.
Au moyen de ces initiatives et de plusieurs autres qui mettent l'accent sur l'innovation, ISDC, soit Innovation, Sciences et Développement économique Canada, s'efforce d'appuyer les petites entreprises.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de nous présenter devant vous aujourd'hui dans le cadre de cette étude.
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Merci, monsieur le président, et merci aux membres du Comité.
C'est avec plaisir que je me joins à vous aujourd'hui pour présenter un survol des pénuries de main-d'œuvre auxquelles est confrontée l'économie canadienne.
Les pressions exercées sur le marché du travail touchent presque tous les secteurs de notre économie et la plupart des régions au pays. En janvier 2022, il y avait plus de 800 000 postes vacants au Canada, un nombre qui demeure considérablement plus élevé que celui observé avant la pandémie.
Soixante-deux pour cent des postes vacants actuels visent des emplois qui exigent tout au plus des études secondaires. Plusieurs de ces postes vacants devraient être cycliques et être pourvus dans une économie post-COVID. Entre autres, leur nombre au sein des services d'hébergement et de restauration a chuté de moitié par rapport à l'été dernier.
D'autres pénuries découlant de facteurs structuraux, dont une population vieillissante et une hausse des exigences professionnelles, contribuent à une augmentation du nombre de postes vacants dans des secteurs clés comme la construction, les services professionnels, scientifiques et techniques, et la santé. Ces postes prendront plus de temps à pourvoir étant donné le faible nombre de travailleurs hautement qualifiés parmi les chômeurs et la nécessité de suivre une formation spécialisée.
Les petites et les moyennes entreprises, ou PME, ont été durement touchées par la pandémie et ont perdu le plus grand nombre de travailleurs au printemps 2020.
L'automatisation, l'innovation numérique et la transition vers une économie à faible émission de carbone sont aussi d'importants facteurs entraînant des opportunités pour tous les Canadiens. Le besoin pour de nouvelles compétences, incluant des compétences numériques, afin de soutenir une économie en pleine évolution n'a jamais été aussi important. Par exemple, on s'attend à ce que les emplois afin de soutenir une économie à faibles émissions de carbone augmentent trois fois plus rapidement que le taux total des emplois.
Le Canada compte trois sources potentielles de main-d'œuvre. Premièrement, les nouveaux arrivants sur le marché du travail, principalement des jeunes et des immigrants; deuxièmement, les groupes sous-représentés sur le marché du travail; troisièmement, les travailleurs actuels qui doivent perfectionner ou recycler leurs compétences pour s'adapter à la population active et y demeurer.
Il sera nécessaire d'optimiser les trois pour pallier les pénuries auxquelles l'économie canadienne est confrontée.
Les jeunes représentent la plus importante source de nouveaux arrivants sur le marché du travail. En effet, 4,9 millions d'entre eux devraient se joindre à la population active d'ici 2028.
Les immigrants représentent la deuxième source en importance. Toutefois, pour y avoir accès, il sera nécessaire d'éliminer les obstacles auxquels la plupart d'entre eux se heurtent lorsqu'ils tentent d'obtenir un emploi, dont une maîtrise insuffisante de l'anglais et du français, la difficulté à faire reconnaître leurs titres de compétences et le manque d'expérience professionnelle au Canada.
Bien que les travailleurs étrangers temporaires soient essentiels pour pourvoir des postes dans les secteurs de l'agriculture et de la transformation des aliments et du poisson — 80 % d'entre eux occupent un emploi agricole —, il importe de souligner qu'ils ne représentent que 0,4 % de la population active.
Les groupes sous-représentés constituent la troisième source. Accroître le taux d'activité des femmes, des Autochtones, des personnes handicapées et des minorités visibles devrait permettre à plus de deux millions de nouveaux travailleurs de se joindre au marché du travail.
Enfin, les trois quarts de la population active de 2028 travaillent déjà. Il est important de le noter, car les pénuries de main-d'œuvre ne sont pas uniquement une question de nombre, mais découlent également de l'inadéquation des compétences.
Comme l'adoption de nouvelles technologies exige de plus en plus des compétences spécialisées, la majorité des travailleurs devront mettre leurs compétences à niveau. Certains emplois sont appelés à disparaître; il sera donc important de veiller à ce que ces personnes aient accès à la formation de perfectionnement et de recyclage dont elles ont besoin pour pourvoir les postes émergents dans d'autres secteurs. À cette fin, le gouvernement du Canada a pris des mesures concrètes pour réduire les pénuries et appuyer les PME.
Le budget de 2022 comprend diverses mesures pour veiller à ce que les employeurs puissent combler rapidement leurs besoins de main-d'œuvre à court terme, notamment 29,3 millions de dollars pour la mise en place d'un modèle d'employeur fiable afin de réduire les formalités administratives pour les employeurs qui embauchent des travailleurs étrangers temporaires; 48,2 millions de dollars pour un nouveau programme de main-d'œuvre étrangère pour l'agriculture et la transformation du poisson; 14,6 millions de dollars pour l'amélioration des inspections chez les employeurs; 64,6 millions de dollars pour l'augmentation de la capacité de traitement des demandes des employeurs.
Le budget de 2022 comprend aussi 115 millions de dollars sur cinq ans et 30 millions de dollars par la suite pour l'élargissement du Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers et d'aider jusqu'à 11 000 nouveaux arrivants spécialisés par année, dont des professionnels de la santé formés à l'étranger, à obtenir la reconnaissance de leurs titres de compétences et à trouver du travail dans leur domaine.
Nous continuerons de collaborer avec nos partenaires fédéraux et nos homologues des gouvernements provinciaux et territoriaux afin d'alléger les pressions actuelles et futures exercées sur le marché du travail.
Merci.
Comme je l'ai mentionné, de nouveaux investissements ont été réalisés pour le programme de reconnaissance des titres de compétences, qui feront un peu plus que doubler la taille du programme au cours des prochaines années et qui l'accroîtront lorsqu'il sera complètement mis en oeuvre.
Ce programme nous permet de nous concentrer sur certains objectifs. Tout d'abord, nous voulons aider les nouveaux arrivants spécialisés à acquérir sans attendre de l'expérience dans leur domaine. Deuxièmement, nous étudions les changements réglementaires et les mesures d'appui pour faciliter la reconnaissance de leurs titres de compétences. Je vais m'en tenir à ces deux objectifs pour répondre à votre autre question concernant la fraude.
Cette question relève des provinces et des territoires qui la délèguent souvent aux organismes de réglementation. L'exercice consiste entre autres à s'assurer, par l'entremise de suivis, d'examen des titres de compétences et de tests, que les candidats détiennent réellement les compétences pour lesquelles ils ont fait des études.
J'ajouterai, en dernier lieu, que nous offrons, dans le cadre du Programme de reconnaissance des titres de compétences étrangers, des prêts et des services d'appui pour aider les nouveaux arrivants spécialisés à défrayer les dépenses engagées dans le processus de reconnaissance des titres de compétences.
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Je vous remercie de votre question.
Le gouvernement a effectué quelques investissements, en adoptant différentes approches, pour aider les entreprises à obtenir de l'information et ensuite se prévaloir de ces programmes.
J'attire votre attention sur l'appli Entreprises Canada, une application conçue pour aider les propriétaires de petites entreprises à s'y retrouver dans les différents programmes et services gouvernementaux.
Les organisations et les entreprises peuvent aussi se servir de l'outil de recherche d'aide aux entreprises pour y saisir des renseignements clés sur leur organisation et sur les types de mesures de soutien recherchés. L'éventail de programmes disponibles pour leur situation s'affiche ensuite à l'écran. Ces programmes ne se limitent pas à ceux d'ISDE et comprennent ceux de tout le gouvernement fédéral. Nous coopérons aussi avec les provinces et les territoires pour inclure ces services.
J'aimerais mentionner que l'appli Entreprises Canada regroupe en un endroit toute l'information sur les permis et les exigences des différentes administrations, ce qui en fait un outil incomparable pour quiconque lance une nouvelle entreprise et veut trouver réponse à ses questions.
Finalement, lorsque nous rédigeons des appels de propositions, nous tenons compte du public cible et des petites entreprises directement sur le terrain pour définir les critères et élaborer nos guides et formulaires de demandes. Nous trouvons ainsi des façons de rédiger nos documents aussi logiquement et clairement que possible pour aider les petites entreprises qui, comme vous l'avez souligné, n'ont ni les ressources ni le temps pour s'occuper de ces recherches en plus de leurs résolutions de problèmes et défis quotidiens.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Monsieur Bates, je vous remercie de votre témoignage. Je vous remercie également d'être avec nous aujourd'hui.
J'aimerais que vous nous parliez de la façon dont nous pouvons arrimer les compétences des travailleurs aux besoins des entreprises.
Le Québec est la seule province au Canada qui est responsable de sa politique relative à la main-d'œuvre. Le Québec a mis en place un écosystème de main-d'œuvre, qui comprend le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale, le ministère de l'Éducation, le Conseil du patronat du Québec, les Manufacturiers et Exportateurs du Québec et la Fédération des chambres de commerce du Québec, entre autres organismes.
Toutes ces entités analysent ensemble les besoins du monde du travail et elles organisent la mise en place de politiques. Des comités sectoriels du gouvernement du Québec et des associations sectorielles d'entreprises se réunissent pour déterminer les besoins présents et futurs en matière de main-d'œuvre et pour déterminer comment ils vont arriver à les combler. Au Québec, notre écosystème produit toutes les études nécessaires pour déterminer les besoins en matière de main-d'œuvre. Par conséquent, l'étude d'impact sur le marché du travail, ou EIMT, devient à mon avis un doublon inutile.
Cet écosystème québécois serait-il encore plus complet avec le rapatriement du Programme des travailleurs étrangers temporaires, ou PTET? En effet, c'est une question qui concerne davantage la politique relative à la main-d'œuvre que la politique d'immigration.
Sur quoi vous fondez-vous pour justifier la production d'EIMT au Québec?
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Les besoins sont criants en raison de la pénurie de main-d'œuvre, et c'est particulièrement vrai dans une région comme la mienne, où nous vivons cette pénurie de main-d'œuvre depuis 15 ans. Selon ce que je vois sur votre site Internet, les délais de traitement des demandes d'EIMT sont de 53 jours ouvrables. C'est pratiquement trois mois.
Ces délais de traitement s'ajoutent au risque que prend un entrepreneur en se tournant vers l'international. Selon ce que j'ai appris lors de rencontres avec plusieurs de ces entrepreneurs, il est parfois nécessaire d'investir 10 000 $ ou 15 000 $ pour embaucher un seul travailleur étranger. De plus, cela présente beaucoup de risques. Il n'y a évidemment aucune garantie, et la nécessité de réaliser une EIMT engendre des délais supplémentaires.
Il n'est plus nécessaire de démontrer que, quand on affiche un avis de poste à pourvoir dans un restaurant, dans le milieu de l'agriculture, dans le domaine minier ou dans bien d'autres domaines, il n'y a pas de postulants. Il s'agit vraiment d'un problème majeur, et on se rend compte que, dans bien des cas, les délais s'ajoutent les uns aux autres.
J'ajouterai que, pour les francophones, il semble y avoir une pénurie de main-d'œuvre au sein même du ministère qui a la responsabilité de produire les EIMT. Les délais sont importants.
Monsieur Bates, si vous n'êtes pas en mesure de produire les EIMT dans les délais qui sont publiés sur votre site Internet et dans vos publications, quelle est la solution de rechange qui s'offre aux entreprises?
Il y a même eu des cas chez nous où des demandes ont été refusées parce que l'EIMT n'avait pas été reçue à temps.
Quelle est la situation en ce qui a trait au service qui est donné aux entreprises actuellement? Y a-t-il des arriérés?
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Merci, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être parmi nous.
Ma première question porte sur les communautés frontalières. Quels programmes spéciaux existent pour les communautés limitrophes — ou en existe‑t‑il?
La pandémie a de toute évidence... Elle continue à être un fléau pour les communautés frontalières. Il y a maintenant des retards dans la délivrance de passeports, par exemple, qui se répercutent sur l'exode des affaires et sur le tourisme, mais de nombreux secteurs ne retrouvent pas leur vigueur dans ma région.
Qu'avez-vous à dire ou à souligner? Quels sont les plans pour régler la situation? Il est évident qu'il y a des gagnants et des perdants, selon l'industrie où on travaille, mais le tourisme a été très durement touché et connaîtra un autre été difficile. Qu'avez-vous à offrir aux petites et moyennes entreprises du secteur touristique et dans les autres communautés limitrophes?
À titre d'exemple, ma communauté se trouve sur une péninsule. Nous avons dû faire contre mauvaise fortune bon coeur pendant toutes ces années. La région est maintenant un peu plus ouverte, mais il est encore ardu de faire revenir les gens qui sont partis.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Nous vous remercions de nous offrir l'occasion de témoigner.
[Français]
Il est inutile de présenter longuement la BDC, qui compte 75 ans d'expérience et qui jouit d'une visibilité accrue depuis le début de la pandémie. Je tiens toutefois à rappeler que la BDC est la seule banque qui se consacre uniquement aux entrepreneurs.
Nous sommes une société d'État qui relève du Parlement, par l'entremise de la .
Nous exerçons nos activités de prêteur et d'investisseur sans lien de dépendance avec le gouvernement. En ce sens, nous sommes un complément aux prêteurs du secteur privé plutôt qu'un concurrent.
Cela signifie que nous prenons plus de risques que les autres institutions financières et que, lorsque l'économie faiblit, nous intervenons.
Pendant la pandémie, nous avons fourni un soutien financier direct de 2,8 milliards de dollars ainsi que plus de 4,5 milliards de dollars de façon indirecte, en collaboration avec des institutions financières de partout au pays.
Nous offrons également du capital de risque et des services-conseils.
[Traduction]
C'est à ce sujet que je comparais. Mon équipe de recherche économique soutient la planification non seulement à la BDC, mais aussi chez nos clients en publiant régulièrement des rapports et des analyses gratuits afin de les aider à comprendre le contexte économique dans lequel les PME évoluent.
Voici quelques observations clés récentes qui sont pertinentes dans le cadre de l'étude du Comité, notamment celles fondées sur un voyage que j'ai effectué dernièrement pour rencontrer des entrepreneurs des quatre coins du pays afin de discuter des réalités actuelles.
La demande en produits et services demeurera forte pour la plupart des entreprises canadiennes, ce qui est une excellente nouvelle. Comme le Comité s'intéresse aux chaînes d'approvisionnement et à l'inflation, il doit savoir que les perturbations des chaînes d'approvisionnement continuent de poser problème aux entreprises canadiennes. Lors du dernier sondage de la BDC, 63 % des PME ont indiqué que les temps de livraison étaient plus longs et 61 % ont dit éprouver des difficultés au chapitre du prix ou du coût. Les chaînes d'approvisionnement continueront d'être perturbées pour encore au moins 12 mois.
La situation est plus difficile pour les entreprises qui ne peuvent pas refiler les augmentations de coût aux consommateurs. C'est, par exemple, le cas d'un client que j'ai rencontré récemment dans l'industrie de l'emballage de la viande. Les coûts des intrants pour la viande et le plastique augmentent, mais ses clients — des magasins à grande surface, dans le cas présent — refusent les augmentations de prix. Par conséquent, les profits de cette entreprise de taille moyenne diminuent malgré l'augmentation du volume de ses ventes.
En outre, les pénuries de main-d'œuvre continuent d'être un sérieux problème pour de nombreuses entreprises. Nous avons publié récemment une étude sur les pénuries de main-d'œuvre qui s'inscrit dans la suite à un travail semblable réalisé en 2018. La proportion de personnes âgées de 65 ans et plus au Canada est passée de 13 % en 2000 à 19 % en 2021. Les baby-boomers quittent le milieu de travail, alors que la population en âge de travailler croît à un rythme plus lent.
De 2000 à 2012, la main-d'œuvre a augmenté de 12 %, mais sa croissance ne devrait être que de 3,8 %, voire encore moins que cela, au cours de la présente décennie. Aujourd'hui, 21 % des travailleurs canadiens sont âgés de 55 ans et plus, ce qui signifie qu'environ quatre millions de Canadiens partiront à la retraite au cours de la prochaine décennie. Autrement dit, on s'attend à ce que les pénuries de main-d'œuvre perdurent, surtout au regard de la demande anticipée en travailleurs.
La pandémie a amplifié ces tendances à long terme ou y a ajouté une couche. Sans la COVID, il y aurait 440 000 personnes de plus au Canada. L'immigration a diminué de moitié en raison des restrictions liées à la COVID. Les niveaux d'immigration devraient revenir à la normale en 2022. De plus, 22 % des travailleurs qui ont perdu leur emploi au début de la pandémie ont changé de domaine de travail. Par conséquent, le nombre de postes vacants a plus que doublé depuis 2015, le manque étant particulièrement criant dans les secteurs de l'hébergement, des services alimentaires et de la fabrication.
Les entrepreneurs peuvent faire quelque chose: 37 % ont adopté des modalités de travail souples, 35 % offrent plus de formation interne et 26 % recrutent des travailleurs plus jeunes. Nous conseillons également aux entrepreneurs d'envisager de recourir à des processus d'embauche officiels, d'offrir des régimes de rémunération globaux plus concurrentiels, d'élargir leur bassin d'embauche et — c'est peut-être le plus important, compte tenu de la nature à long terme des pénuries — d'investir dans la technologie et l'automatisation. Les entreprises canadiennes qui utilisent l'automatisation affichent un meilleur rendement et une croissance plus rapide. La technologie existe maintenant dans tous les secteurs, y compris ceux des services et de la vente au détail.
Dans ce contexte, je veux souligner que la BDC est heureuse de déployer des efforts pour contribuer au Programme canadien d'adoption du numérique lancé le mois dernier. Au titre du volet 2 de ce programme, le gouvernement a annoncé, dans le budget de 2021, qu'il accordait 2,6 milliards de dollars à la Banque de développement du Canada pour aider les PME à financer la mise en œuvre de leurs plans d'innovation en matière de technologie. La BDC offrira des prêts sans intérêt pour améliorer la productivité, mieux servir les consommateurs et devenir plus concurrentielle.
Je vous remercie de votre attention et j'espère que cette allocution jette les bases d'une excellente discussion.