Madame la Présidente, nous sommes ici ce soir pour prendre part à un débat d'urgence.
Aujourd'hui, nous avons été témoins d'une réponse du premier ministre. C'était la réponse la plus faible qu'on ait entendue dans l'histoire moderne du Canada à une crise comme celle que nous vivons actuellement.
Les libéraux et les autres partis de l'opposition parlent actuellement des causes possibles de cette situation, mais, pour les conservateurs, ce qui est plus important, c'est la question de l'infrastructure critique qu'est le chemin de fer et de son blocage.
Nous pouvons comprendre les raisons qui ont poussé les personnes, les activistes ou certains groupes des communautés autochtones à faire ce qu'ils font actuellement, mais, comme l'expression le dit, la fin ne justifie pas les moyens.
Le premier ministre a oublié deux éléments importants dans son discours de ce matin. Tout d'abord, il a oublié de dénoncer clairement les actions illégales des militants radicaux. Ensuite, il n'a présenté aucun plan d'action pour mettre fin au blocus et remettre notre économie sur les rails. Sa déclaration est une renonciation complète de sa responsabilité et un manque flagrant de leadership.
Il faut décider ce que représente le Canada. Sommes-nous toujours un pays qui dit oui à de grands projets nationaux ou devons-nous nous prosterner devant des activistes qui cherchent à freiner le développement? Est-ce que les lois canadiennes sont vraiment des lois? Y a-t-il deux catégories de citoyens, ceux qui doivent se soumettre à la loi sans protester et les autres? Comme mon chef l'a dit, allons-nous laisser toute notre économie prise en otage par un petit groupe qui rejette le système juridique qui régit notre pays depuis plus de 150 ans?
Le premier ministre prétend qu'il est sensible, plus que n'importe quel premier ministre avant lui, aux préoccupations des Premières Nations, mais cela ne peut pas être plus vrai que la vérité.
J'ai quelques exemples des commentaires des membres des Premières Nations. La Chambre veut débattre aujourd'hui de toute la problématique autochtone du Canada depuis plus de 150 ans, alors que la question principale est de débloquer nos rails au plus sacrant. C'est l'économie qui est en péril. Nous pouvons comprendre qu'il y ait au Canada des peuples autochtones qui ont des divergences qu'ils essaient de régler et qu'ils cherchent des solutions. Nous sommes tous d'accord sur cela, mais la première chose à faire est de dire aux gens que ce sont quelques dizaines de personnes qui bloquent complètement le réseau ferroviaire au Canada. C'est une infrastructure critique.
En matière d'infrastructure critique, on dépense des milliards de dollars en défense nationale, on dépense des centaines de millions de dollars en sécurité publique pour protéger les infrastructures canadiennes. Cela inclut les cyberattaques, la défense côtière, l'aérospatiale. On peut mettre tout ce qu'on veut. Actuellement, quelques dizaines d'individus, dont plusieurs activistes qui ne sont pas autochtones, soit dit en passant, sont sur les rails au Canada et bloquent l'ensemble du réseau ferroviaire canadien. Pense-t-on que cela a du sens? Pense-t-on qu'il faille passer toute la soirée jusqu'à minuit à parler de la problématique autochtone?
Pourrions-nous en parler demain après avoir libéré les rails et remis le système ferroviaire en marche? C'est cela qui est important. Je ne comprends pas comment la coalition du Bloc québécois, du NPD et des libéraux pourrait parler de la problématique autochtone au sens large, alors que rien ne bouge. Cela ne nous rentre pas dans la tête. J'aimerais un jour avoir une discussion avec les gens des autres partis et qu'on explique aux entreprises et au Canada entier comment on peut se permettre cela.
Revenons à ce que les Autochtones ont déjà dit relativement au problème actuel.
Le chef Larry Nooski a dit que Coastal GasLink représentait une occasion de croissance économique sans pareil pour la première nation Nadleh Whut'en. Ils ont durement négocié pour que le peuple Nadleh, y compris les jeunes, puisse bénéficier de ce projet directement ou indirectement, tout en s'assurant que la terre et l'eau seront également protégées.
La chef héréditaire Helen Michelle de la nation Skin Tyee Wet'suwet'en a dit que la majorité des militants n'étaient même pas des Wet'suwet'en. Elle ajoute que son peuple a donné le feu vert à Coastal GasLink, qu'ils ont discuté avec les aînés, qu'ils en ont discuté et rediscuté, et qu'ils les ont ramenés pour marcher le long du territoire qui longera Coastal GasLink. Ils vont leur donner le feu vert.
La chef héréditaire Theresa Tait Day de la nation Wet'suwet'en a dit qu'en ce qui concerne Coastal GasLink, 85 % de son peuple veut de ce projet.
Au Québec, il y a un sujet très délicat et j'aimerais que mes amis du Bloc m'écoutent. La loi 21 est un sujet très délicat qui fait l'unanimité, ou presque, au Québec. Il y a quand même des Québécois contrent la loi 21. Si des contestataires décidaient de bloquer le pont-tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine et le pont Pierre-Laporte de Québec parce qu'ils sont contre la loi 21, est-ce qu'ils y resteraient longtemps? Est-ce que mes collègues du Bloc seraient d'accord pour qu'ils restent là étant donné qu'ils ont le droit de contester? Non, ils devraient dégager avant de pouvoir discuter. Le même principe s'applique.
Existe-t-il une cause plus importante qu'une autre qui permette de bloquer l'économie nationale?
Ce sont 85 % de la communauté qui sont d'accord sur le projet. Effectivement, 15 % de la population ne sont pas d'accord. Faut-il bloquer l'ensemble des voies ferroviaires parce que 15 % de la population ne sont pas d'accord? Cela n'a aucun sens.
Il faut se demander si le Canada peut se permettre de fermer les yeux sur ces gestes illégaux. On comprend qu'ils veuillent discuter, mais il faut intervenir, d'autant plus que tout le monde sait que les Premières Nations de la région ont accepté le projet.
En Ontario, le chef de la police mohawk de Tyendinaga, Jason Brant, a rappelé aux manifestants que leurs gestes étaient illégaux et qu'ils devaient quitter les lieux pacifiquement. Il a lu une lettre aux manifestants les invitant à retourner à la maison et à communiquer cette intention à la Police provinciale de l'Ontario. La mesure policière consistant à rappeler aux gens de façon pacifique qu'ils commettaient une infraction a été faite. Les policiers ont fait leur travail. Ils ont dit aux manifestants qu'ils ne pouvaient pas rester là. On veut des mesures pacifiques et c'en sont. La police n'est pas toujours agressive. Les policiers ont dit qu'ils avaient reçu une lettre de la Cour et que les manifestants devaient partir. Il n'y avait rien de méchant. C'est quand on n'écoute pas les directives de la police qu'on peut avoir un problème.
En ce qui concerne la sécurité publique, des systèmes de rails ont été trafiqués, et le ministre des Transports est au courant. Lorsque les barrages seront levés, il faudra faire une vérification des systèmes de rails puisque c'est dangereux pour les trains. On constate l'urgence de mettre fin aux manifestations et de retrouver un système opérationnel le plus rapidement possible.
Les effets économiques sont énormes, notamment pour les passagers. Effectivement, les passagers peuvent prendre l'autobus ou d'autres moyens de transport. Par contre, cela affecte aussi l'approvisionnement en produits, comme le propane et le chlore, et les infrastructures.
Ce n'est pas seulement une question d'argent. Certains diront que l'argent, ce n'est pas important, que cela pousse dans les arbres. On sait que c'est ce que pense le premier ministre. Or les entreprises ne vivent pas grâce à l'argent du gouvernement, elles vivent de leur propre argent. Si elles subissent des pertes, personne ne va les compenser, mais on ne commencera pas à parler de cela.
Les municipalités ont besoin de chlore pour assainir l'eau. Si on manque de chlore, on aura un problème de santé publique. Il y a plusieurs problèmes de ce genre.
Oui, les problèmes de négociations relatifs aux enjeux autochtones sont importants. Nous avons des porte-parole en matière de relations autochtones qui s'occupent de cela. Cependant, l'urgence, aujourd'hui, est de dégager la voie ferrée pour que la reprise économique s'amorce. Ensuite, nous pourrons tenir les discussions qui s'imposent.