Passer au contenu
Début du contenu

INDU Rapport du Comité

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

PDF

CHAPITRE TROIS : COMPÉTENCES ET PÉNURIES DE MAIN-D’ŒUVRE QUALIFIÉE

3.1 Compétences des entrepreneurs

Un des facteurs importants pour le succès des entreprises manufacturières canadiennes est la compétence des entrepreneurs. Ils doivent avoir une bonne connaissance des marchés étrangers[55] et des compétences liées à la commercialisation des produits et à la vente[56].

Il est également très important d’inculquer le sens de l’entrepreneuriat aux étudiants poursuivant des études hors du domaine de la gestion et de vanter les mérites de l’entreprenariat comme cheminement de carrière viable[57]. Par exemple, à l’Université Simon Fraser (Burnaby, Colombie-Britannique), chaque étudiant a maintenant la possibilité d’obtenir un certificat en entrepreneuriat et pour les étudiants qui étudient les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques, il y a un programme de maîtrise permettant d’apprendre les éléments de base de la gestion de l’entreprise[58].

3.2 Information sur le marché du travail

Les travailleurs du secteur manufacturier occupent des emplois qui exigent des compétences particulières et ont généralement de bonnes conditions de travail. Les travailleurs spécialisés qui terminent des études de collèges techniques et de cégeps apportent des compétences techniques spécialisées au bassin de main-d’œuvre[59].

L’information sur le marché du travail (IMT) renferme des données utiles aux employeurs et aux étudiants pour connaître les compétences en demande, présentement et dans le futur.

Emploi et Développement social Canada a développé un modèle appelé le Système de projection des professions au Canada (SPPC), qui fournit des prévisions quant aux pénuries et surplus par profession. Parmi les 262 professions analysées dans le SPPC, 30 sont perçues comme étant en situation de pénurie pour la période 2015–2024, dont 8 professions liées aux sciences naturelles et appliquées (par exemple, les ingénieurs en aérospatiale), 12 dans le domaine de la santé (par exemple, les infirmières auxiliaires) et 6 professions des métiers, du transport et de la machinerie (par exemple, les soudeurs).

De plus, quelques témoins ont mentionné que leur industrie connait des pénuries de travailleurs hautement spécialisés, que ce soit dans le domaine du logiciel de divertissement[60], de la fabrication de meubles[61] ou de l’industrie des produits chimiques[62].

Selon un document de la Chambre de commerce du Canada déposé dans le cadre de cette étude, le Canada réussit bien pour ce qui est des statistiques sur les besoins en main-d’œuvre par grande région géographique, comme les postes vacants. Par contre, il manque de données sur les compétences des étudiants. De plus, l’échantillon des données utilisées pour connaître ces compétences au niveau local (l’Enquête sur la population active de Statistique Canada) est jugé trop petit pour obtenir de l’IMT détaillée au niveau local.

RECOMMANDATION 2

Le Comité recommande que le gouvernement fédéral améliore l’information sur le marché du travail qu’elle produit, notamment en liant les professions en demande (telles que celles dans les sciences et les métiers spécialisés), localement et au niveau national, avec les compétences détenues par les chercheurs d’emploi.

Des changements sont nécessaires dans le secteur manufacturier; de nouveaux domaines voient le jour, mais leur enseignement dans les institutions canadiennes prend du temps à être mis en place[63]. Par exemple, le Canada ne compte toujours aucun programme d’enseignement portant sur le domaine de la fabrication additive, alors que plusieurs autres pays en ont déjà au moins un[64].

Des conseils sectoriels dans le secteur manufacturier pourraient regrouper des représentants des gouvernements provinciaux, territoriaux et fédéral, des institutions d’enseignement, des associations d’entreprises et des syndicats. Ceci pourrait améliorer la collaboration entre le secteur privé et les institutions d’enseignement, en ce qui concerne les compétences recherchées par les entreprises[65].

Certains témoins proposaient également d’offrir des subventions salariales aux entreprises qui proposent des stages en milieu de travail pour mieux arrimer les besoins des entreprises à l’offre de compétences possédées par les étudiants[66], particulièrement dans les petites et moyennes entreprises (PME)[67]. De tels programmes coopératifs pourraient également être offerts dans tous les domaines[68].

RECOMMANDATION 3

Le Comité recommande que le gouvernement fédéral mette en place des conseils sectoriels afin de rendre les étudiants et les institutions postsecondaires plus au courant des compétences nécessaires dans les entreprises manufacturières, le secteur manufacturier avancé, dans des domaines émergents qui seront importants pour la croissance canadienne. Ces conseils sectoriels pourraient avoir la tâche de travailler avec des institutions d’enseignement locales, pour créer des sentiers vers l’emploi, y compris de l’expérience de travail pour les étudiants, et partager leurs meilleurs pratiques concernant les processus et l’innovation, ainsi que la promotion de l’investissement.

3.3 Formation des employés et immigration temporaire

Une plus grande aide au recyclage et à la formation des travailleurs qui perdent leur emploi dans un domaine en décroissance peuvent leur permettre d’acquérir des compétences en demande[69]. Un exemple de ces programmes est AttestPlus, une collaboration entre le Congrès du travail du Canada et MEC, un programme d’accréditation qui permet aux travailleurs ayant perdu leur emploi dans le secteur manufacturier de faire attester leurs compétences afin de favoriser leur employabilité[70].

Un témoin a d’ailleurs proposé qu’en raison de la vitesse des changements technologiques, des programmes coopératifs « inversés » pourraient être lancés, où des employés apprendraient les nouveaux processus de production dans les collèges et universités et les mettraient en pratique au sein de leurs entreprises[71].

Les programmes comme le Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET) constituent une autre solution pour combler les pénuries de main-d’œuvre[72]. Certains changements au PTET ont été mis en place en avril 2011, instaurant une « évaluation plus rigoureuse de l’authenticité de l’offre d’emploi » (faite par l’employeur dans sa recherche d’employés locaux) et imposant une « limite à la durée du séjour au Canada des travailleurs étrangers temporaires avant leur retour dans leur pays », afin d’éviter les abus envers le programme. Selon les plus récentes données, le nombre de postes occupés par des travailleurs étrangers temporaires a chuté de 269 575 en 2012 à 113 580 en 2015. Certains témoins ont dit que des problèmes ont eu lieu depuis lors, principalement en ce qui concerne l’évaluation de l’impact sur le marché du travail qui est nécessaire pour obtenir des travailleurs étrangers temporaires[73].

[J]e crois qu'il y a quelques mécanismes concernant l'immigration, les réfugiés et le recrutement de talents. Lorsque les étudiants étrangers terminent leurs deux années, il n'y a vraiment aucun processus pour évaluer la valeur ajoutée qu'ils apportent à l'ensemble de l'écosystème. Nous ne les orientons pas; nous ne les stimulons pas; nous n'avons pas de centre d'innovation en vue de regrouper les étudiants étrangers et un autre système[74].
Farzad Rayegani
Polytechnics Canada

De plus, un besoin urgent de travailleurs hautement qualifiés est souvent nécessaire dans des industries comme celle de l’automobile[75]. Plusieurs entreprises voudraient que les travailleurs étrangers temporaires qu’ils embauchent puissent éventuellement devenir des résidents permanents, mais les programmes d’immigration permanente visent généralement les travailleurs plus qualifiés[76]. Certaines organisations ne voient pas la nécessité du PTET et considèrent qu’on devrait avant tout utiliser la voie de la formation des employés canadiens[77].

Enfin, plusieurs témoins croient que l’on devrait tenter de retenir au Canada les étudiants étrangers – incluant ceux qui désirent devenir entrepreneurs – en accélérant le processus visant à en faire des résidents permanents[78].

RECOMMANDATION 4

Le Comité recommande que le gouvernement fédéral augmente le nombre d’options utilisés pour combler les pénuries de main-d’œuvre : avant tout, en promouvant la formation en cours d’emploi des employés canadiens actuels et futurs, que ce soit par une augmentation de la Subvention canadienne à l’emploi ou par d’autres moyens; aussi, en examinant la possibilité d’utiliser le Programme des travailleurs étrangers temporaires comme porte d’entrée pour une immigration permanente; et en accélérant le processus par lequel des étudiants étrangers peuvent devenir des résidents permanents, comme moyen d’attirer et de garder les talents exceptionnels et les travailleurs qualifiés.


[55]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 13, 10 mai 2016, 1550 (Michael Burt).

[56]           Ibid., 1535 (Scott Smith).

[57]               INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 21, 16 juin 2016, 1550 (Julia Deans).

[58]               INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 14, 12 mai 2016, 1640 (Paul Davidson).

[59]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 29, 24 octobre 2016, 1545 (Bob Masterson).

[60]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 24, 28 septembre 2016, 1630 (Jayson Hilchie).

[61]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 25, 3 octobre 2016, 1635 (Pierre Richard), et Canadian Home Furnishings Alliance, « La fabrication de meubles et de matelas au Canada », p. 6, 23 septembre 2016.

[62]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 29, 24 octobre 2016, 1545 (Bob Masterson).

[63]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 23, 26 septembre 2016, 1605 (Stephen Brown).

[64]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 19, 9 juin 2016, 1640 (Martin Petrak).

[65]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 17, 31 mai 2016, 1535 (Chris Roberts).

[66]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 13, 10 mai 2016, 1535 (Scott Smith).

[67]               INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 14, 12 mai 2016, 1535 (Paul Davidson).

[68]               Ibid., 1645.

[69]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 13, 10 mai 2016, 1630 (Michael Burt).

[70]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 17, 31 mai 2016, 1540 (Chris Roberts).

[71]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 22, 21 septembre 2016, 1540 (Pearl Sullivan).

[72]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 13, 10 mai 2016, 1620 (Scott Smith).

[73]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 24, 28 septembre 2016, 1650 (Jayson Hilchie).

[74]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 19, 9 juin 2016, 1700 (Farzad Rayegani).

[75]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 27, 17 octobre 2016, 1535 (Mark Nantais).

[76]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 13, 10 mai 2016, 1630 (Michael Burt).

[77]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 17, 31 mai 2016, 1640 (Chris Roberts).

[78]           INDU, Témoignages, 1re session, 42e législature, réunion no 21, 16 juin 2016, 1555 (Victoria Lennox).