Monsieur le Président, avant de passer à la motion de l'opposition d'aujourd'hui, je tiens seulement à profiter de l'occasion pour remercier les habitants de Medicine Hat—Cardston—Warner de leur appui massif, qui m'a permis de revenir à la Chambre. Je remercie les nombreux bénévoles qui ont participé à ma campagne. J'espère que mon travail à Ottawa sera à la hauteur de leurs attentes et des attentes de l'équipe conservatrice. Je tiens aussi à remercier mes amis et ma famille de leur soutien continu.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, je tiens à vous aviser, monsieur le Président, que je partagerai mon temps de parole d'aujourd'hui avec mon collègue le député de Wellington—Halton Hills.
Je prends la parole aujourd'hui au sujet de la motion dont la Chambre est saisie, qui est une motion qui tombe à point, que j'appuie sans réserve et qui porte sur la Chine.
Il s'agit d'un dossier qui, jusqu'à maintenant, a été mal géré par le premier ministre et l'ensemble du gouvernement libéral. Tous les dossiers internationaux sont complexes, et il est évident que les industries canadiennes sont étroitement liées à la Chine — fournisseurs, fabricants, consommateurs et j'en passe —, mais il y a des principes et des valeurs qu'il faut toujours respecter.
Tous les députés ont fait le serment d'assurer la sécurité de l'ensemble des Canadiens. Nous ne pouvons pas respecter ce serment si nous négligeons nos devoirs et remettons les choix difficiles à plus tard. C'est pour cette raison et parce que le gouvernement libéral n'est pas du tout intervenu et n'a élaboré aucune stratégie que les conservateurs ont présenté une motion à la Chambre — non pas au premier ministre, mais à la Chambre — pour connaître la vérité et déterminer la voie à suivre dans les dossiers de Huawei et de la Chine et pour que le Canada puisse défendre ses valeurs et ses droits.
Les preuves concernant les raisons pour lesquelles la Chine constitue une menace à la sécurité sont publiques et tous les Canadiens et les parlementaires y ont accès. Le Comité permanent de la sécurité publique et nationale a entendu des spécialistes parler des menaces qui pèsent sur le Canada. Voici ce qu'a dit Ray Boisvert, l'ancien directeur adjoint du Service canadien du renseignement de sécurité, au sujet de l'existence d'une menace chinoise:
Il y a aussi le fait que la Chine admet désormais elle-même jouir d'un « pouvoir acéré », qu'elle exerce presque sans réserve. Elle ne cherche même plus à cacher ses intentions. Elle adopte une stratégie très offensive en matière de ressources et de propriété intellectuelle, comme elle est très claire dans ses rapports avec les dissidents et les universitaires. Elle en arrête certains, elle en punit d'autres, y compris ceux issus d'institutions universitaires nord-américaines, comme bon lui semble. Je crois donc que les Canadiens doivent réfléchir aux valeurs associées aux débouchés économiques qui se présentent.
Il a été question de ce « pouvoir acéré » auquel fait référence M. Boisvert dans les bulletins de nouvelles et dans plusieurs articles. Par exemple, Pékin a ouvertement organisé au Canada des manifestations en faveur du régime communiste. Une de ces manifestations était menée par un ancien ministre libéral de l'Ontario, une personne que le SCRS avait jugée inquiétante en raison de ses liens étroits avec la Chine.
La Chine a mis sur pied des groupes de lobbying en faveur du régime communiste comme le comité canado-chinois des affaires politiques, qui publie des articles pro-Chine et pro-Huawei et qui a insinué qu'il y aurait une vague de crimes haineux contre les Chinois et que les Canadiens d'origine chinoise vivraient dans la peur. Ces affirmations étaient orchestrées par le Consulat général de la Chine à Toronto.
Ce ne sont pas les actes d'amis ou d'alliés, mais des actes qui soulèvent de graves inquiétudes quant aux intentions et quant à la confiance entre nos pays. Non seulement ces groupes s'efforcent de trafiquer la vérité et publient des faussetés dans nos journaux, mais nous savons que la Chine a recours à des intervenants commandités par l'État qui travaillent activement à miner les intérêts économiques du Canada.
En 2013, l'ancien complexe de Nortel a été repris par le ministère de la Défense nationale. Nul doute que le déménagement a été retardé de nombreuses fois parce qu'entravé par la découverte de dispositifs d'écoute dans tout l'immeuble.
Des spécialistes de la cybersécurité se sont penchés sur le cas de Nortel et ont relié directement la déconfiture de la plus grande société technologique du Canada à des attaques commanditées par l'État pour commettre des vols de propriété intellectuelle. Cette information a été utilisée par des concurrents étrangers pour nuire à Nortel et ceux qui ont enquêté sur les cyberattaques contre la société ont montré directement du doigt Huawei, l'entreprise qui veut maintenant en profiter et construire nos réseaux de télécommunications mobiles.
La Chine a aussi été associée au vol de nos découvertes et à des tactiques pour faire pression sur les chercheurs universitaires canadiens.
En envoyant des chercheurs et en concluant des ententes de financement, la Chine peut faire pression sur les universités canadiennes, voler des données de recherche et faire bénéficier ses propres institutions de nouveaux débouchés.
En 2019, Huawei a financé la recherche universitaire du Canada à hauteur de 56 millions de dollars. Cette situation a fait directement réagir le Service canadien du renseignement de sécurité, qui a lancé une mise en garde contre le grave risque pour la sécurité que représente ce partenariat et contre le vol de données de recherche et de propriété intellectuelle. À ma connaissance, le gouvernement fédéral n'a toujours pas établi de lignes directrices sur la façon dont ces ententes de recherche avec Huawei et les organisations du gouvernement communiste chinois devraient être gérées.
Dans la mesure où les services de sécurité et de renseignement du Canada s'inquiètent des ententes de recherche, il y a tout de même lieu de se demander s'il n'est pas d'autant plus important de protéger les infrastructures qui transmettront l'information commerciale, économique et sociale de nature délicate au cours des 20 prochaines années.
Pourquoi le gouvernement libéral n'est-il pas parvenu à prendre une décision au cours des quatre dernières années? Le vol de données de recherche dans les universités est-il une question plus délicate que la transmission quotidienne de renseignements bancaires, de messages téléphoniques, de textos, de courriels et d'autres données dans les infrastructures de télécommunication personnelles et professionnelles?
Sommes-nous prêts à croire que le régime communiste de la Chine ne cherchera pas à faire ce qu'il fait depuis des décennies, c'est-à-dire faire profiter ses propres sociétés et l'État de ce qu'il réussit à obtenir par le cyberespionnage à l'aide de la technologie?
Ce ne sont pas les violations commises à répétition par la Chine au détriment du Canada qui ont nui à nos relations avec le régime communiste. Les relations sino-canadiennes sont en déclin depuis de nombreuses années, et ce n'est pas seulement en raison des menaces de la Chine contre les Canadiens d'origine chinoise qui ont de la famille en Chine. Ce n'est pas seulement en raison des attaques directes contre le Canada par le cyberespionnage. C'est aussi parce que la Chine menace ouvertement les intérêts économiques du Canada, nos systèmes sociaux ainsi que les droits de la personne et les valeurs qui sont si chers aux Canadiens.
L'ancien ambassadeur de la Chine, Lu Shaye, a averti le Canada de « mettre fin aux mesures qui minent les intérêts de la Chine ». Il a laissé entendre que l'arrestation et la détention de la dirigeante principale des finances de Huawei étaient comme un coup de poignard dans le dos d'un ami, et il nous a mis en garde contre les conséquences qui pourraient survenir si le gouvernement fédéral interdisait les produits Huawei au Canada.
Je dois dire que le régime communiste de la Chine ne se comporte certainement pas comme un ami. Il nous vole, il profite de nous, il menace les Canadiens et il détient nos citoyens sur le territoire chinois. Ce ne sont pas des comportements amicaux.
Quel genre de conséquence la Chine nous réserve-t-elle? Parlons de ce qu'elle a déjà fait. Elle a notamment bloqué les exportations de canola de deux de nos plus grands producteurs, Richardson International et Viterra, en invoquant faussement la présence de parasites. Elle a aussi bloqué nos exportations de soya, de pois, de porc et de bœuf. Les produits agricoles que nous exportions vers la Chine ont une valeur de plus de 5 milliards de dollars. Manifestement, la Chine sait qu'elle peut faire mal au Canada.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons à peu près pas réagi. Des agriculteurs perdent leur maison. Certains vendent leur exploitation agricole et d'autres s'enlèvent la vie. Le gouvernement, lui, reste les bras croisés.
Les preuves abondent: le gouvernement communiste chinois fait peser une menace sur le Canada en exerçant un « pouvoir acéré ». Il tente ouvertement de nuire à notre économie, de nous pousser à accepter sa façon de faire sans poser de questions. Nous serions bien malavisés de tolérer les attaques du gouvernement chinois dans l'espoir d'avoir un jour une bonne relation avec lui.
La proposition de créer un comité permettrait à tous les partis représentés à la Chambre de travailler ensemble, un objectif souhaité par le premier ministre libéral si on en croit le discours du Trône. Il a affirmé que c'est ce que les Canadiens attendent de nous tous, à la Chambre.
Il est maintenant temps pour les libéraux de passer de la parole aux actes. L'établissement d'un comité spécial nous permettrait d'étudier tous les aspects des différents enjeux. Les questions touchant à la sécurité, au droit, à la diplomatie et à l'économie devraient autrement être examinées par divers comités. Nous ne pouvons pas attendre une autre année avant de prendre des mesures et d'établir un plan canadien pour nous attaquer à ces enjeux.
J'exhorte tous les députés à appuyer la création d'un comité spécial et à le mettre sur pied rapidement afin que nous puissions nous mettre au travail et régler les problèmes qui perdurent entre les deux pays.