Monsieur le Président, je prends la parole ce soir pour participer à ce débat d'urgence opportun, demandé par ma collègue la députée de Lakeland, à propos de l'annulation du projet de mine Frontier de Teck Resources. Ce projet, qui devait être réalisé dans le Nord de l'Alberta, aurait produit jusqu'à 260 000 barils de bitume par jour, créé 2 500 emplois en construction et 7 000 emplois permanents et généré 70 milliards de dollars en nouvelles recettes fiscales. Qui plus est, il avait l'appui des 14 communautés autochtones et métisses touchées, qui auraient bénéficié de ses retombées. Maintenant, il ne reste plus rien. Le projet a été annulé. C'est fini. Il ne reviendra pas.
Comment le premier ministre a-t-il réagi à l'abandon du projet? Avec l'équivalent d'un haussement d'épaules. Pour lui, Teck Resources a pris une décision, c'est tout. La majorité des habitants de ma circonscription et des Albertains n'acceptent pas l'explication du premier ministre. Ils savent bien qu'il y a une personne qui est particulièrement responsable de l'annulation du projet de Teck: le premier ministre.
Regardons les faits en face. Teck Resources s'est pliée à toutes les formalités administratives. La commission d'examen conjoint lui a donné son feu vert dès juillet 2019. Tout ce qu'il manquait, c'était l'aval du premier ministre et du Cabinet. Qu'ont-ils fait? Ils ont tergiversé et n'ont pas cessé de remettre la chose à plus tard, ce qui a fini par miner la confiance des investisseurs. Encore dernièrement, ils ont laissé entendre qu'ils songeaient sérieusement à abandonner le projet, alors qu'il aurait permis de créer des milliers d'emplois, de faire entrer des milliards de dollars en recettes fiscales dans les coffres de l'État et de rassurer un tant soit peu les investisseurs, dont la confiance a été passablement ébranlée par les politiques du gouvernement libéral. Le premier ministre et le Cabinet envisageaient de faire avorter un projet qui était un modèle d'excellence en matière d'émissions propres et d'intensité des gaz à effet de serre — qui auraient été grosso modo deux fois moins élevés que la moyenne dans le secteur des sables bitumineux — et qui aurait été carboneutre d'ici 2050. Pour tout dire, la commission d'examen conjoint a même dit que ce projet pourrait contribuer à faire baisser — pas augmenter, baisser — les gaz à effet de serre parce qu'il s'intéressait à d'autres sources d'énergie. Pour accepter que le premier ministre se contente de hausser les épaules alors que ma province est frappée par une aussi mauvaise nouvelle et d'affirmer que c'était la décision de l'entreprise, il nous faudra remiser indéfiniment notre incrédulité.
Il ne faut pas se leurrer, la décision de Teck n'a pas été prise dans le vide; elle a été prise dans le contexte d'une incertitude réglementaire qui découle des politiques malavisées du gouvernement ayant pour effet de tuer littéralement le secteur énergétique canadien. Que ce soit l'interdiction des pétroliers au large de la côte nord-ouest de la Colombie-Britannique, la modification des règles concernant les émissions en amont et en aval à mi-chemin de l'approbation du projet Énergie Est, ou l'adoption à toute vapeur des projets de loi C-48 et C-49 à la fin de la dernière législature — et j'en passe —, le message collectif que le gouvernement actuel a envoyé est que le Canada n'est pas ouvert aux affaires, qu'il n'est pas ouvert aux investissements dans le secteur de l'énergie. Les conséquences ont été dévastatrices.
Des projets d'une valeur totale de 200 milliards de dollars ont été annulés depuis l'arrivée du gouvernement au pouvoir. Nous avons vu le nombre de plateformes réduit de moitié. Les investisseurs fuient le Canada. En effet, les investissements de capitaux ont diminué de plus de 50 %. Depuis l'arrivée du gouvernement actuel au pouvoir, 120 000 personnes ont perdu leur emploi dans le secteur de l'énergie.
En 2018, on a attiré un maigre 650 millions de dollars d'investissements sous forme de capitaux propres. Comparons ce montant aux États-Unis. En 2018, dans ce pays, les investissements se sont élevés à 19,4 milliards de dollars quand on additionne les capitaux propres et les emprunts. Donc, 19,4 milliards de dollars aux États-Unis et 650 millions de dollars au Canada. Aux États-Unis, où l'on est prêt à faire des affaires et à attirer les investisseurs dans l'industrie énergétique, les investissements ont monté en flèche, la production a atteint des niveaux records et, pour la première fois de son histoire, ce pays a atteint l'indépendance énergétique. On repassera pour les prétextes bidon invoqués par les députés d'en face.
J'ai entendu un député dire que les entreprises peuvent aller de l'avant avec les projets, mais qu'elles décident de ne pas le faire. Le problème n'est pas qu'elles décident de ne pas aller de l'avant avec les projets, c'est qu'elles décident d'aller ailleurs, aux États-Unis ou dans d'autres pays du monde qui sont prêts à faire des affaires, tandis que le gouvernement actuel paralyse le secteur le plus crucial de l'économie canadienne. La liste d'entreprises qui se sont retirées du secteur énergétique du Canada et qui renoncent à investir au Canada en ce moment même est trop longue pour en faire l'énumération.
Face à cette situation, qu'est-ce que le premier ministre ne comprend pas? Que faudra-t-il pour qu'il comprenne? Combien d'autres projets seront annulés? Combien d'investisseurs fuiront encore le pays? Combien d'autres personnes doivent perdre leur emploi? Combien de gens doivent perdre espoir parce qu'ils sont sans emploi depuis plusieurs années?
Parlons des répercussions sociales que cette situation a sur les familles. Elles sont dévastées. Chaque année que le premier ministre a été au pouvoir, la banque alimentaire de ma circonscription a atteint un nouveau record grâce à lui. Il est temps que le premier ministre se réveille. Il est temps qu'il fasse passer les intérêts du Canada en premier et, pour commencer, il devrait immédiatement annuler ses politiques inefficaces et destructrices.