Monsieur le Président, avant de commencer mes observations, j'aimerais prendre un moment pour remercier tous mes collègues d'être ici pour se joindre à cet important débat. Je sais qu'il y a beaucoup d'endroits où nous préférerions passer cette fin de semaine de Pâques. Toutefois, ce que nous faisons ici est d'une grande importance et je tiens à remercier tous mes collègues d'être ici.
Lorsque je suis intervenu au nom de mon caucus en réaction au plan d'intervention économique initial du gouvernement pour répondre à la COVID-19, j'ai dit que la plus grande lacune de ce plan était l'aide aux PME. J'ai également signalé que, quelles que soient les mesures prises par le gouvernement, elles devaient être prises rapidement, être adaptées aux besoins et pallier la situation jusqu'à ce que les choses reviennent à la normale. Comme nous ignorons combien de temps dureront ces perturbations, je vais concentrer mon discours d'aujourd'hui sur la nécessité, pour le gouvernement, d'agir rapidement et de s'adapter à la situation.
L'adoption du projet de loi peut sembler une formalité pour permettre la création du programme de subvention salariale, mais nous ne devons jamais oublier que la seule raison d'être de cet endroit est de servir ceux qui nous élisent. Ottawa, la capitale de notre pays, est le centre de prestation des services fédéraux essentiels à l'intention des Canadiens. Cela dit, il faut garder à l'esprit le fait que chacun de ces services offerts par les loyaux fonctionnaires est entièrement payé par le secteur privé. En l'absence d'un secteur privé prospère, il ne peut exister de secteur public viable et efficace.
À l'heure actuelle, de nombreuses municipalités de la Colombie-Britannique tenues légalement d'équilibrer leur budget n'ont d'autre choix que de mettre à pied un nombre important de fonctionnaires municipaux et de réduire leurs services, en raison de la diminution de leurs revenus.
C'est pourquoi ce que nous faisons ici aujourd'hui est si critique. Notre secteur privé, nos entrepreneurs, particulièrement nos propriétaires de petites entreprises, et aussi d'entreprises de taille moyenne, dépendent de nous pour obtenir ce droit. Les Canadiens qui dépendent de ces employeurs pour avoir leur chèque de paie dépendent de nous pour obtenir ce droit. Nous ne pouvons pas oublier l'importance cruciale de cela.
Ce projet de loi fait-il partie de la solution? Oui. Or, il ne faut pas oublier que, lorsque le gouvernement libéral a d'abord annoncé la subvention salariale, celle-ci n'était que de 10 %, ce qui est tout à fait inadéquat compte tenu de l'ampleur de la crise que nous vivons. Nous sommes ici aujourd'hui pour corriger cette erreur. Je sais que certaines personnes vont dire que le passé est le passé et qu'il faut maintenant se concentrer sur l'avenir, mais n'oublions pas que de nombreux employeurs attendaient ce programme. Lorsqu'on leur a dit 10 %, ils savaient que cela ne suffirait pas et ils ont pris des décisions en conséquence. Des gens ont été mis à pied. Certains propriétaires d'entreprise ont pris la décision de régler l'affaire sans attendre. Heureusement, le gouvernement libéral — et il faut lui reconnaître le mérite de l'avoir fait — a admis que le 10 % qu'il jugeait suffisant au départ ne l'était pas et qu'il fallait faire plus.
Cela nous amène à aujourd'hui. Lorsque le gouvernement a annoncé qu'il apporterait d'autres changements pour les propriétaires d'entreprises qui pourraient se permettre d'attendre, ils ont attendu. Puis, ils ont entendu un énoncé révisé, cette fois avec une subvention salariale de 75 %.
Or, il y avait des problèmes. Il fallait prouver une perte par rapport à la même époque l'an dernier. Certaines personnes vont se demander si j'ai lu le projet de loi puisque nous sommes ici pour changer ce point. J'en parle parce que, lorsque les gens ont constaté qu'ils ne respectaient pas l'ancien seuil, encore une fois, ils ont pris des décisions. Des employés ont été mis à pied, des baux ont été abandonnés et des entreprises ont été fermées, probablement de façon permanente dans bien des cas.
Le gouvernement libéral doit comprendre que, chaque fois qu'il se trompe, les Canadiens prennent des décisions. Entre le moment où il annonce une mesure qu'il pense suffisante et celui où il reconnaît qu'il doit faire plus, de petites entreprises ferment et des gens sont mis à pied.
C'est la réalité, et cela m'amène à parler de ce qui est peut-être le plus important aspect manquant de ce projet de loi. Rien n'est prévu pour que cette aide, pour laquelle il y a un besoin urgent, soit fournie plus rapidement. C'est le plus grand échec du gouvernement. Le temps presse et ce projet de loi est muet à ce sujet.
Comme l'a mentionné le propriétaire d'une petite entreprise récemment, on ne lance pas des bouées de sauvetage six semaines après que le bateau a coulé, et pourtant, c'est précisément ce qu'on nous dit que le projet de loi fera.
Pendant cinq heures jeudi matin, le premier ministre a blâmé l'opposition officielle pour le retard. Le premier ministre s'inquiétait du retard de cinq heures lorsqu'il estimait qu'il pouvait rejeter le blâme sur l'opposition officielle. Qu'en est-il du retard d'au moins six semaines pour recevoir des prestations? Qui est responsable de ce retard? Pendant ces six semaines, combien d'autres entreprises fermeront? Combien d'autres Canadiens seront mis à pied? Combien de locataires ne paieront pas leur locateur? N'oublions pas que les locateurs font aussi partie de l'équation.
Je ne veux vraiment pas faire de partisanerie, mais, en tant qu'opposition officielle, nous avons proposé des mesures qui permettraient aux entreprises de toucher aux prestations d'aide plus rapidement. Toutefois, le ministre des Finances et le premier ministre estiment toujours en avoir fait assez, jusqu'à ce qu'ils admettent qu'ils doivent en faire davantage.
Voilà où nous en sommes vraiment aujourd'hui. Nous ne pouvons pas nous permettre de voir d'autres entreprises canadiennes faire faillite, car nous savons tous que la Prestation canadienne d’urgence est une mesure temporaire financée par un emprunt. Oui, le programme de subvention salariale vise à empêcher cela, mais comme il faudra six semaines ou plus pour le mettre en place, nous pourrions aussi bien avoir Jeff Probst comme ministre des Finances, car les entreprises sont prises dans une version réelle de Survivor. Celles qui ont le moins besoin d'aide parce qu'elles ont les moyens d'attendre ces six semaines ou plus survivront pour obtenir cette aide.
D'aucuns diront qu'il existe un programme de prêt garanti pour les entreprises qui permet de combler le fossé. Pour la petite entreprise située en face de mon bureau de circonscription de Summerland qui traite avec la Summerland & District Credit Union, la Summerland & District Credit Union, comme de nombreuses petites coopératives de crédit, ne figure pas sur la liste des prêteurs approuvés par le ministre des Finances pour ce programme.
D'autres pourraient proposer de se tourner vers les grandes banques. Outre l'injustice flagrante que cela représente pour les petites coopératives de crédit, mentionnons que ceux qui ont essayé se sont fait dire que seuls les comptes commerciaux qui existaient avant le 1er mars pouvaient bénéficier du programme. Cela exclut également de nombreux propriétaires uniques qui, souvent, n'utilisent pas de comptes bancaires commerciaux parce qu'ils utilisent un compte personnel, et ces comptes, tout comme ceux de nombreuses petites coopératives de crédit, ne sont pas admissibles.
Revenons aux petites entreprises de Summerland. Beaucoup de ces petites entreprises emploient des gens et paient leurs impôts à Ottawa. Aujourd'hui, Ottawa met en place un programme qui les exclut puisque ce programme n'est pas conçu pour les aider. J'entends par là que le gouvernement sait que la Summerland Credit Union, comme beaucoup d'autres petites caisses populaires, n'est pas sur la liste approuvée.
Les petites caisses populaires, comme celles de Summerland et d'ailleurs au pays, n'ont-elles pas d'importance? Je dirais qu'elles en ont.
Cela me ramène à la période d'attente de six semaines pour le programme de subventions aux entreprises. Nous savons que ces six semaines laisseront pour compte de nombreuses entreprises qui ne peuvent se permettre d'attendre et qui fermeront leurs portes. Je ne crois pas qu'un seul député dans cette enceinte en doute. En fait, je sais qu'ils travaillent tous incroyablement dur en ce moment et je suis certain que des propriétaires d'entreprises leur ont dit qu'ils avaient besoin de l'aide du gouvernement dès maintenant.
Même si le projet de loi est un pas en avant nécessaire, nous devons nous rappeler qu'il était aussi nécessaire il y a deux semaines et que son déploiement a été effectué la semaine dernière. Nous ne pouvons pas nous permettre de laisser notre secteur privé échouer.
Notre avenir en dépend.
Avant de terminer, j'aimerais ajouter une dernière observation. Un jour, nous nous rappellerons l'époque qui débute actuellement. Les gens nous demanderont si nous avons fait tout ce que nous pouvions, aussi rapidement que nous le pouvions. Je laisse les députés réfléchir à cette question.
Même si j'appuie le projet de loi, je dois encore ajouter que si nous ne trouvons pas un moyen d'aider plus rapidement les gens et les entreprises — des nombreuses façons qu'a suggérées l'opposition officielle —, nous laisserons tomber beaucoup de propriétaires canadiens de petites entreprises, qui ont le plus besoin d'aide en ce moment. Nous ne devons pas les oublier. Nous ne devons pas les laisser pour compte.
En terminant, je tiens à remercier tous les députés d'avoir écouté mes commentaires d'aujourd'hui. J'aimerais adresser un remerciement spécial à tout le personnel pour avoir rendu cette journée possible. La démocratie canadienne est plus forte aujourd'hui grâce aux efforts de tous. Je les remercie.