Merci, monsieur Brassard, et merci au Comité de me donner l'occasion de parler de l'enjeu dont nous sommes saisis.
Aujourd'hui, je vais parler de l'état dans lequel nous avons laissé les choses la semaine dernière, de ce que j'ai fait pendant la fin de semaine et, plus précisément, de ce que les gens de Saskatoon—University que je représente pensent du travail qui se fait à Ottawa, ou plutôt de l'inaction à Ottawa.
La plupart des samedis, j'aime me rendre dans divers commerces de Saskatoon. J'étais à Robin's Donuts sur Central Avenue, dans le quartier de Sutherland, pour discuter avec les gens de ce qu'ils vivent. Allez là-bas et parlez à des aînés, des étudiants ou des gens qui ont une jeune famille. Vous constaterez, sans aucun doute, qu'ils éprouvent des difficultés. Ils comptent sur moi, leur député. Ce sont des discussions difficiles, surtout pour les aînés à revenu fixe. Les pressions viennent de toutes parts. Le commentaire que j'entends le plus souvent, probablement, est celui-ci: « Vous devez augmenter ma pension. Je ne peux pas survivre avec ce que j'ai. »
Je ne sais pas ce que vous dites aux gens qui sont dans cette situation. Évidemment, à l'opposition et dans cette enceinte, nous avons un pouvoir limité pour influencer la vie des gens, mais ce que j'entends, c'est que les gens sont pris à la gorge.
Il y a autre chose qui dérange. Ceux qui ne viennent pas de l'Ouest canadien ne le ressentent peut-être pas, mais chaque fois que je parle à quelqu'un, je vois des gens qui éprouvent un profond sentiment de négligence et d'aliénation et pensent que le reste du Canada ne nous comprend pas. Quand j'ai commencé à parler de mon travail ici, j'ai expliqué à certains de mes électeurs le travail que fait le Comité et j'ai parlé du sujet dont nous avons discuté la semaine dernière.
Il était scandaleux qu'on songe à augmenter nos propres salaires de plusieurs milliers de dollars. On parle d'environ 500 $ ou 600 $ de plus par mois. Vous regardez ces aînés et vous leur dites que c'est bien ce qui a été discuté au Comité. C'est dégoûtant. Ils posent la question de nouveau: « Et moi? Pourquoi on ne peut pas augmenter ma pension? » Je n'ai pas de bonne réponse à leur donner. Je ne sais pas si vous avez eu de telles discussions avec ceux que vous représentez, mais c'est révoltant, quand ils se rendent compte que nous parlons d'augmenter nos propres salaires... C'est ce que c'est, en fin de compte. C'est une question d'argent; ou c'est mon impression, du moins.
Six mille dollars par an pour tout député qui aurait l'honneur de devenir ce deuxième vice-président, c'est... Je ne sais pas si cela va faire une différence dans leur vie, mais pour les gens que je représente, ce serait énorme. Si leur pension était augmentée de 6 000 $, ils n'auraient plus à choisir entre acheter leurs médicaments ou payer le loyer pour ce mois-là. Pour nous, 6 000 $ est un montant substantiel, mais qu'est-ce que cela représenterait pour le Canadien moyen? Ils seraient fous de joie! En plus, imaginez s'ils avaient le pouvoir de s'accorder eux-mêmes cette augmentation... C'est là où on sent une déconnexion avec le citoyen moyen. Lorsqu'on commence à en parler, les gens disent: « Donc, vous faites partie du comité qui établit les règles qui s'appliquent à vous à Ottawa, et une partie du comité veut maintenant dépenser plus de 150 000 $? Pourquoi? »
Je pense que le Canadien moyen ne voit pas comment il peut en avoir pour son argent lorsque nous avons la possibilité de nous donner des augmentations. Je dirais que cela va à l'encontre de nos conventions; cela ne se fait pas, ici. Notre rémunération et nos avantages sont établis en fonction de divers facteurs économiques. Ce changement va à l'encontre de certaines traditions de longue date selon lesquelles nous ne faisons pas ce genre de choses dans ce pays.
Une autre chose que nous ne faisons pas, surtout puisque nous sommes une démocratie de modèle Westminster, c'est que nous ne modifions pas le Règlement à moins que tous les partis ne soient d'accord. Voilà un autre aspect dont j'ai discuté avec les gens à Saskatoon en fin de semaine dernière. Ils n'arrivent pas à se faire à l'idée.
C'est comme une partie de Monopoly. Il y a quatre joueurs. Un joueur a des propriétés ici et là, acquises par hasard et à la suite de bonnes décisions, et il s'est placé en assez bonne posture. Faisons une analogie: les trois autres joueurs veulent changer les règles. Il n'y a aucun sport, aucun jeu, aucune compétition équitable pour lequel il serait autorisé de changer les règles en cours de route. Idéalement, cela se fait avant. Les règles de base qui régissent une compétition sont établies par consensus.
Voilà ce qui me préoccupe par rapport à la tangente que prend ce comité. Si nous commençons à changer les règles sans consensus, nous nous engageons sur une pente glissante. Il sera difficile d'essayer d'expliquer cela aux gens que nous représentons. Si cette motion est adoptée, nous nous trouverons à dépenser une somme considérable pour nous-mêmes. Je ne peux pas, en toute bonne foi, retourner voir les gens qui m'ont élu et leur dire que c'est cela, le bon travail que nous avons fait au Comité.
Sur le plan financier, 6 000 $ par an représentent une belle prime pour un député. Je comprendrais si cette personne accomplissait un véritable travail. Je conviens que des responsabilités supplémentaires justifient une rémunération supplémentaire, dans certaines circonstances. Mais ce n'est pas normal. Nous donner une augmentation à nous-mêmes ou à certains députés sans consensus, c'est changer les règles sans l'accord de tous. Je suis vraiment préoccupé par les conséquences possibles pour notre démocratie.
Revenons à l'argent. Si vous retournez dans votre circonscription en fin de semaine, allez voir une personne âgée, une personne en difficulté, et demandez-lui ce que ces 6 000 $ — environ 500 $ par mois — feraient pour elle. Il vous sera difficile d'expliquer pourquoi ces députés reçoivent plus d'argent si vous regardez dans les yeux une personne âgée qui n'a pas les moyens de payer ses médicaments et son loyer et qui est obligée de faire ce choix difficile. J'en suis incapable. Je ne peux pas appuyer cette motion puis retourner dans ce café pour expliquer le travail que nous faisons ici. C'est un montant considérable.
Il y a un autre aspect à cela. D'où vient cet argent? Il vient des contribuables. Les impôts sont importants. Ils servent à offrir des services importants au pays. Toutefois, un dollar d'impôt en trop, c'est du vol.
Je reviens à l'exemple d'un petit entrepreneur de ma communauté qui est en difficulté, et ces difficultés découlent des politiques de ce gouvernement, des politiques de ce pays qui ne fonctionnent pas pour lui. En ce moment, des gens font faillite et font des mises à pied. J'irais voir cet entrepreneur pour lui dire que nous allons dépenser 150 000 $ de plus? C'est peut-être ce dernier dollar qui fait basculer le tout et qui le pousse maintenant à la faillite, pour que nous ayons les moyens d'accorder une augmentation aux députés.
Je n'arrive pas à me faire à l'idée. Je ne sais pas comment on peut se faire à l'idée, lorsqu'on parle à un contribuable, à une personne âgée ou à quelqu'un qui a du mal à joindre les deux bouts du fait qu'on puise encore plus d'impôts dans ses poches pour donner cet argent à des députés qui siègent à un comité. Je ne peux pas le justifier auprès des gens que je représente. Je ne sais pas non plus comment vous le pourriez.
C'était mes observations, madame la présidente. Je cède la parole à mon collègue, M. Duncan.