Bonjour, madame la présidente et mesdames et messieurs les membres du Comité. Merci de nous avoir invités ici aujourd'hui.
Je suis accompagné de Mme Lyse Langevin, directrice générale de la Direction générale des infrastructures communautaires du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.
Nous sommes ici aujourd'hui pour fournir de l'information sur les feux de forêt qui touchent les collectivités des Premières Nations cette année, sur la gestion des urgences dans les réserves ainsi que sur la protection contre les incendies. Je parlerai aussi du travail du ministère pour établir des partenariats avec les Premières Nations et pour appuyer leurs efforts en vue d'améliorer la résilience des collectivités.
Dans un esprit de réconciliation, le gouvernement du Canada s'est engagé à collaborer avec les peuples autochtones pour bâtir des collectivités résilientes. Au moyen de ce partenariat, nous agissons en fonction de notre priorité commune d'assurer la santé et la sécurité des résidants des Premières Nations. L'un des éléments essentiels pour assurer la mise en oeuvre de nos priorités communes est le soutien du ministère aux collectivités autochtones pour qu'elles réagissent efficacement aux situations d'urgence telles que les feux de forêt dont nous avons été témoins cette année.
Comme c'est le cas partout au Canada, la responsabilité de la gestion des urgences dans les réserves incombe d'abord aux collectivités des Premières Nations, qui assurent le premier niveau d'intervention. Lorsqu'un événement d'urgence dépasse la capacité des ressources communautaires, les collectivités doivent présenter une demande d'aide au gouvernement provincial ou territorial et, au besoin, au gouvernement fédéral.
À l'heure actuelle, le ministère appuie les collectivités des Premières Nations pendant les situations d'urgence grâce au Programme d'aide à la gestion des urgences. Le programme appuie les quatre piliers de la gestion des urgences, c'est-à-dire la préparation, l'atténuation, l'intervention et le rétablissement.
En ce qui concerne l'intervention, le Programme d'aide à la gestion des urgences dans les réserves rembourse aux Premières Nations, aux municipalités, aux provinces, aux territoires et aux autres fournisseurs indépendants de services de gestion des urgences jusqu'à 100 % des coûts d'intervention et de rétablissement admissibles, y compris les coûts d'évacuation. L'admissibilité est déterminée selon les modalités du programme.
Ces dernières années, les situations d'urgence comme les feux de forêt et les inondations ont connu une augmentation tant en fréquence qu'en intensité à l'échelle mondiale. Ces tendances sont également applicables au Canada. De tels événements peuvent avoir des conséquences environnementales et économiques graves pour les collectivités autochtones et non autochtones. Cependant, en raison de leur éloignement relatif et de leur isolement dans les zones sujettes aux feux, plusieurs collectivités des Premières Nations sont plus vulnérables dans les situations d'urgence. Cette vulnérabilité peut être exacerbée par leur éloignement et un manque d'accès aux services lors de situations d'urgence.
Ainsi, bien que les collectivités autochtones vivant dans une réserve représentent moins de 1 % de la population totale du Canada, ces dernières étaient visées par le tiers des évacuations faites en raison des feux de forêt au cours des trois dernières décennies au Canada. L'année 2017 a été marquée par d'importants feux de forêt dans quatre provinces, lesquels ont touché des collectivités autochtones: l'Alberta, la Colombie-Britannique, le Manitoba et la Saskatchewan. Au cours de cette période, les Premières Nations ont connu le plus grand nombre d'urgences liées aux feux de forêt, soit 49 au total, ce qui représente la deuxième vague d'évacuation en importance, c'est-à-dire 12 800 évacués.
En Alberta, près de 500 personnes ont été évacuées en raison d'un feu de forêt qui faisait rage dans le sud de la province. Statistiquement, cette année, la Colombie-Britannique a connu l'état d'urgence provincial le plus important de son histoire, soit une masse terrestre brûlée record et environ 3 200 résidants des collectivités des Premières Nations évacués. Au Manitoba cette année, près de 7 000 résidants de collectivités autochtones éloignées ont été évacués. Dans le cas de la Première Nation de Wasagamack, les membres de la collectivité ont eu recours à des bateaux appartenant à des propriétaires locaux en raison de la menace des feux de forêt. Je tiens à souligner qu'il s'agissait d'une évacuation à très haut risque pour les résidants, ce qui démontre toutes les répercussions qu'une situation d'urgence peut avoir sur les collectivités. Enfin, dans le Nord de la Saskatchewan, près de 2 300 résidants de la collectivité de la Nation crie de Peter Ballantyne ont dû être évacués.
Dans l'ensemble, en 2017, les coûts approximatifs des interventions ministérielles à l'appui des collectivités des Premières Nations aux prises avec des situations d'urgence liées aux feux de forêt ont été évalués à plus de 34 millions de dollars.
Pendant la phase d'intervention immédiate d'une situation d'urgence, les collectivités tirent parti des capacités de prestation de services existantes dans les Premières Nations, les municipalités, les provinces, les territoires et chez les fournisseurs indépendants de services de gestion d'urgence telle la Croix-Rouge canadienne.
L'accès aux services qui surpassent la capacité des Premières Nations est assuré par des ententes globales de services de gestion des urgences entre le ministère et les provinces ou territoires. Nous avons cinq ententes de ce type qui sont actuellement en vigueur. Lorsque aucune entente n'a été conclue, des ententes historiques ou d'autres mécanismes sont en vigueur pour assurer des services comparables à ceux qui sont offerts ailleurs dans la province ou le territoire.
Toutefois, les ententes de service garantissent officiellement que les collectivités des Premières Nations ont accès à un service d'aide d'urgence comparable à celui offert aux collectivités non autochtones voisines.
Dans un esprit de partenariat, de nouvelles ententes sont négociées avec la pleine participation des organisations autochtones régionales, en tant que signataires. Lors de la phase de rétablissement d'une situation d'urgence, le ministère appuie la réparation ou la remise en état de l'infrastructure essentielle d'une réserve à son état d'avant la catastrophe afin de permettre aux personnes évacuées de rentrer chez elles. En raison de l'augmentation de l'activité des feux de forêt et des pressions accrues sur les efforts d'extinction des feux, il devient essentiel d'appuyer un rétablissement durable des collectivités.
Le ministère concentre donc également ses efforts sur les piliers d'atténuation et de préparation de la gestion des urgences. Pour ce qui est des efforts de préparation et d'atténuation, le ministère, en partenariat avec les Premières Nations, a investi environ 12,5 millions de dollars dans des projets d'atténuation et de préparation en cas d'urgences non structurelles. Les Premières Nations ont ainsi chapeauté des projets de renforcement de la capacité qui mettaient l'accent sur les connaissances et les pratiques autochtones. Par exemple, depuis 2015, le ministère a versé 6,9 millions de dollars à ses partenaires régionaux afin d'appuyer le programme FireSmart dans les collectivités autochtones.
Afin d'aider les collectivités des Premières Nations à se protéger contre les feux de forêt, le ministère verse annuellement 16,5 millions de dollars aux provinces et aux territoires pour des ententes sur la lutte contre les feux de forêt dans le cadre du Programme d'aide à la gestion des urgences. Les services prévus à ces ententes peuvent couvrir les coûts associés à la prévention, aux mesures préparatoires ou à la suppression et varient d'une entente à l'autre.
Les feux de forêt ne sont pas la seule menace. Les services de sécurité incendie sont essentiels dans les collectivités et peuvent devenir une question de vie ou de mort pour les résidants.
Les Premières Nations assurent la gestion des services de protection contre les incendies dans leurs réserves. Les dirigeants communautaires prennent leurs propres décisions à cet égard en fonction du financement de base annuel versé par le ministère. Les Premières Nations peuvent mettre sur pied leurs propres services de protection contre les incendies ou conclure une entente à ce sujet avec des collectivités situées à proximité.
Depuis 2008-2009, le ministère a versé plus de 27 millions de dollars par année pour les dépenses en immobilisations, les coûts d'exploitation et d'entretien ainsi que la formation en lutte contre les incendies.
Le ministère finance également l'Association des pompiers autochtones du Canada afin qu'elle organise diverses activités de prévention et de sensibilisation et formule des conseils sur la mise en oeuvre de la Stratégie commune de protection des Premières Nations contre l'incendie. La stratégie prévoit des initiatives axées sur la prévention des incendies afin d'aider les collectivités à réduire le nombre de blessures ou de décès à la suite d'incendie et le risque de perte d'infrastructures essentielles.
Le ministère s'est également engagé à créer un bureau du commissaire aux incendies autochtone. Ce bureau offrirait des services de soutien aux collectivités autochtones dans leurs efforts visant à renforcer la sécurité et la protection des résidants, des biens et de l'environnement. Il appuierait également la mise en place de services de sécurité-incendie dans les Premières Nations et la prestation de programmes et services pertinents partout au Canada. Nous continuerons à collaborer pleinement avec l'Association des pompiers autochtones du Canada et avec d'autres partenaires clés pour mettre en oeuvre les éléments nécessaires à l'amélioration de la sécurité-incendie dans les Premières Nations de tout le Canada.
Le gouvernement du Canada reconnaît qu'il est essentiel de consacrer davantage de ressources à la prévention des incendies afin d'assurer la sécurité des personnes et des biens. II faut faire davantage que d'insister sur l'importance des détecteurs de fumée et de la sécurité-incendie; il faut investir dans le logement des Premières Nations afin que les résidences respectent les normes de construction applicables.
Je conclurai en soulignant que le ministère demeure déterminé à établir des partenariats avec les organisations et les collectivités autochtones pour assurer la santé, la sécurité et la résilience des collectivités.
Nous poursuivrons notre collaboration avec ces intervenants et d'autres partenaires pour faire en sorte que les collectivités autochtones bénéficient de services comparables à ceux offerts dans les collectivités non autochtones.
Merci de votre temps.