Monsieur le Président, je suis bien heureux de prendre la parole après mon collègue de la région de l'Outaouais, le député de Gatineau, pour qui j'ai beaucoup de respect et d'estime, même s'il a parfois des oublis, pour rester poli.
Avant d'entrer dans le vif du sujet par rapport à ce budget, il faut bien établir les faits. Quelle était la situation économique du Canada quand le gouvernement libéral a été élu, il y aura de cela bientôt deux ans et demi? Les libéraux, il faut l'admettre, sont des gens extraordinairement chanceux. Quand ils sont arrivés au pouvoir, la maison était en ordre. Le Canada signait un surplus budgétaire, et non un déficit, de 2,9 milliards de dollars. Nous aimons nous comparer aux meilleurs. Comparons-nous donc au G7. Le Canada avait le meilleur ratio de la dette au PIB de tous les pays du G7. N'oublions pas que, lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous venions de traverser la pire crise économique que la planète avait connue depuis la Grande Dépression des années 1930. Notre gouvernement, alors qu'il était confronté aux pires difficultés économiques mondiales, a été celui qui a permis au Canada de maintenir la tête au-dessus de l'eau et de se sortir de la pire crise économique pour se retrouver dans la meilleure situation économique possible.
Ensuite, malheureusement pour notre économie, les libéraux sont arrivés au pouvoir. C'est cela, le problème. Rappelons que ces gens se sont fait élire en disant qu'ils feraient de tout petits déficits pendant trois ans et qu'ils atteindraient l'équilibre budgétaire en 2019. Tel était l'engagement formel pris par le Parti libéral la main sur le coeur. Ces promesses électorales se sont évaporées dans le temps, puisque ces tout petits déficits sont devenus des déficits trois fois plus élevés que prévu et que, pire encore, le déficit zéro en 2019 est devenu non seulement hypothétique, mais tout à fait irréaliste. Ces gens n'ont strictement aucune idée du retour à l'équilibre budgétaire. Aussi loin qu'on puisse voir, on voit des déficits.
Si rien ne change, selon le ministère des Finances, le Canada pourrait, théoriquement et techniquement parlant, atteindre l'équilibre budgétaire en 2045. Cela est extrêmement difficile à faire pour notre économie. Ce parti s'est fait élire en faisant des promesses qu'il a complètement bafouées. Les libéraux avaient promis un petit déficit et ils en ont fait un gros. Ils avaient promis le déficit zéro et le retour à l'équilibre budgétaire. Ils ont dit que ces déficits serviraient à stimuler l'économie avec un programme d'infrastructure, mais ils n'ont pas fait cela du tout. Ils s'étaient engagés à dépenser des centaines de milliards de dollars en infrastructure, mais les rapports du ministère des Finances révèlent qu'une très faible portion des sommes prévues pour les infrastructures y ont été accordées. Les déficits compulsifs de ce gouvernement servent donc à payer l'épicerie plutôt qu'à faire des investissements.
Je vais donner un cours d'économie 101. Il est tout à fait normal qu'un chef de famille qui veut acheter une maison emprunte de l'argent à la banque, mais il doit rembourser cet argent. Si on emprunte de l'argent à la banque pour payer son épicerie, on a des problèmes. Ce n'est pas comme cela qu'on gère convenablement ses finances. Il n'y a pas un chef de famille qui pourrait gérer ses finances convenablement en faisant ce que le gouvernement libéral fait actuellement. On se dirige vers un mur.
Mon collègue libéral de Gatineau disait que l'Allocation canadienne pour enfants était fantastique, qu'on sortait les gens de la pauvreté et qu'on avait de l'argent pour eux. C'est tellement facile de distribuer de l'argent qu'on n'a pas et qu'on emprunte à nos enfants. Un déficit, c'est une taxe que l'on reporte, tel que ce gouvernement a l'expertise de le faire. C'est une carte de crédit qu'on remplit sans cesse.
Voilà donc pourquoi nous sommes en total désaccord avec la politique du gouvernement. Le ministre, le député et les collègues libéraux semblent avoir oublié que dans leur première mouture concernant l'Allocation canadienne pour enfants, qui devait être absolument extraordinaire, ils avaient oublié un petit détail: ils avaient oublié de calculer l'inflation. N'importe quel modeste comptable, dans une humble entreprise, qui oublierait de calculer l'inflation se ferait mettre dehors à coups de pied au derrière. Cependant, ici, le gouvernement continue de se targuer de beaux et grands principes: ils disent qu'ils sont fins et qu'ils donnent plus d'argent aux enfants. Je comprends que c'est le parti de la famille, le parti des enfants et que c'est le gouvernement des enfants. Ils envoient la facture aux enfants qui vont payer plus tard.
Le gouvernement se gargarise de beaux et grands principes, mais la réalité les rattrape. Par exemple, ils ne cessent de nous dire qu'ils s'attaquent au fameux 1 % le mieux nanti. Le 1 % des Canadiens qui ont les salaires les plus élevés vont payer. Les libéraux ont juste oublié de dire qu'ils paient déjà 70 % des taxes et des impôts au Canada. Ils ont dit que ces gens paieraient plus d'impôt, c'est sûr et certain. Ah oui? Ce n'est pas tout à fait ce qui s'est produit. Dans un rapport publié l'automne dernier par le ministère des Finances et non par le Parti conservateur, nous apprenons que ce fameux 1 % le mieux nanti de la population non seulement ne paie pas plus d'impôt, mais en il en paie moins. Les riches ont payé 1,2 milliard de dollars de moins sous l'actuel gouvernement libéral, alors que les libéraux ne cessaient de dire qu'ils allaient faire payer davantage les plus riches pour donner aux plus pauvres. Non seulement les plus riches paient moins d'impôt, mais les plus humbles ont de l'argent que nous n'avons pas parce que nous avons a été pris avec un déficit par la suite. Cela s'est fait sur le déficit.
Nous sommes donc confrontés à un gouvernement qui dit une chose et qui fait le contraire. Le gouvernement a été élu grâce à des promesses qu'il ne peut pas respecter. Quand nous sommes pris à faire face au plus grand défi de notre économie aujourd'hui, les libéraux ne font rien.
J'aimerais maintenant soulever la question de la concurrence avec les États-Unis d'Amérique, notre grand allié et partenaire, mais aussi notre plus grand concurrent.
Nous convenons tous que le président n'est pas le même genre d'homme que celui à qui nous avions affaire lorsque nous étions au pouvoir. Qu'il nous plaise ou non, nous devons traiter avec lui. Voilà la réalité de la politique. Nous avons maintenant affaire au sein de la nouvelle administration, l'administration Trump, à quelqu'un de très agressif, de très productif, et qui, d'abord et avant tout, aide les petites entreprises américaines, et les grandes sociétés aussi. Il aide les entreprises américaines.
Au Canada, le gouvernement fait tout le contraire. Pire encore, il n'a aucun plan. Le gouvernement libéral n'a rien prévu pour s'attaquer au défi sérieux que pose la nouvelle administration américaine. Le budget ne prévoit rien pour aider le secteur de la petite entreprise à réagir à la nouvelle concurrence américaine. Le budget ne comporte aucune mesure pour parer à l'éventualité de l'annulation de l'ALENA. Même si nous ne souhaitons pas que cela se produise, nous devons nous y préparer.
Nous ne souhaitons pas que les négociations sur l'ALENA échouent. C'est le Parti conservateur, sous la direction du très honorable Brian Mulroney, qui a permis la signature de l'ALENA — le premier accord de libre-échange —, en 1988. Nous pouvons être fiers de cet héritage. Nous reconnaissons également que d'autres gouvernements ont fait avancer le dossier, même si, au départ, ils ne souscrivaient pas à cette entente. Leur contribution a été positive. Maintenant, nous devons faire face à une nouvelle réalité: l'ALENA ne sera peut-être pas reconduit.
Que pouvons-nous faire? Que fera le gouvernement? Le budget ne prévoit aucune mesure à cet égard. Que fera le gouvernement pour aider les entreprises canadiennes à réagir aux nouvelles mesures que prend l'administration américaine pour soutenir le milieu américain des affaires? Pour l'instant, il ne fait rien.
C'est cela qui est inquiétant aussi. Le budget doit répondre aux réalités d'aujourd'hui. Toutefois, la réalité économique internationale aujourd'hui, ce n'est pas des prix du pétrole à la perte totale comme nous avions dans le temps, au contraire, les prix du pétrole ont augmenté. Ce n'est pas dû au fait que nous faisons face à la pire crise économique, c'est exactement le contraire: nous sommes dans un boum économique.
Ce n'est pas dû au fait que l'économie américaine s'effondre et que nous avons été confrontés à cela en 2008-2009. Au contraire, l'économie américaine est en pleine explosion. Par contre, nous sommes confrontés à un président américain agressif et protectionniste. C'est son droit. Nous respectons son choix et il prend ses décisions, bien entendu. Il y a devant nous un président américain très agressif et protectionniste, et notre gouvernement ne fait strictement rien. Le président américain est très pro-entreprise privée et aide énormément les entrepreneurs, mais nous avons un gouvernement qui, au contraire, a mené une charge sans nom contre nos entrepreneurs l'été dernier, avec l'odieux plan qui avait été déposé le 11 juillet, en plein été, si ma mémoire est bonne. Heureusement que les gens d'affaires canadiens d'un océan à l'autre, grâce à l'extraordinaire travail du député de Carleton, se sont regroupés et ont dit « halte! » au gouvernement libéral qui voulait les punir de créer de l'emploi et de la richesse. Heureusement que nous étions là.
Ce budget n'a rien pour répondre aux entrepreneurs ni pour les aider. Le gouvernement dépense sans compter, nous l'avons dit plus tôt, et crée des déficits. On parle d'une augmentation de 20 % des dépenses. Vingt pour cent des dépenses en trois ans, c'est beaucoup, c'est 60 milliards de dollars. Une augmentation des dépenses de 2 ou 3 %, c'est parce qu'on suit l'inflation. Un peu, ça va, mais dans le cas présent, ce n'est pas de l'inflation, c'est de l'hyper-inflation. Une augmentation qui suivrait la norme aurait été de 6 % en 3 ans. Or, on a 20 % en 3 ans. Telle est la signature du gouvernement libéral. De notre point de vue, c'est très mauvais. C'était supposément pour investir dans des infrastructures, mais il n'y en a pas d'investissements en infrastructures. Pour le PIB, c'est à peine 0,1 % des dépenses pour la création de richesses et d'emplois chez nous. Ce n'est vraiment pas ce à quoi le gouvernement s'était engagé lors de la campagne électorale. Il s'était engagé à faire de tout petits déficits. Ce n'est pas surprenant sachant que le premier ministre n'a peut-être pas étudié dans les grandes universités qui enseignent l'économie. Cela ne garantit strictement rien; cependant, il y a trois ans, le premier ministre avait établi une politique économique, une philosophie économique pour le moins inédite. On se souviendra que lors du dernier budget déposé par l'ancien gouvernement, sous l'honorable Joe Oliver, le chef du parti libéral avait dit qu'un budget, ça s'équilibrait de lui-même.
J'ai fréquenté l'université quand j'étais jeune. J'ai beaucoup étudié mais je n'ai jamais trouvé nulle part la théorie financière ou économique qu'avance l'actuel premier ministre selon laquelle un budget s'équilibre de lui-même. Si quelqu'un a de l'information à ce sujet, je serai ravi de la connaître. Je n'arrive vraiment pas à comprendre comment on peut affirmer avec aplomb une telle stupidité, mais disons que c'est typique du premier ministre.
Les libéraux ont mené plusieurs attaques pour imposer davantage les entreprises et réduire l'aide que l'État pouvait leur donner. La meilleure façon d'aider nos entreprises c'est de leur imposer moins de taxes et moins de charges. Cependant, depuis trois ans, le gouvernement a fait bien autrement. Il a d'abord imposé la taxe sur le carbone qui entrera en vigueur partout au Canada d'ici quelques mois à peine. Il a réduit tous les crédits d'impôt que nous avions mis en avant pour la recherche, pour l'embauche et pour le développement des entreprises. Ces crédits d'impôt que nous avions mis en avant ont été abolis par le gouvernement. C'est le genre de choses qui fait que les entrepreneurs ont perdu confiance. C'est inquiétant. Tous les indicateurs économiques sur la confiance que les entrepreneurs peuvent avoir sont négatifs. Il y a 5 % de moins d'investissements privés depuis 2015 au Canada. Si on compare avec les États-Unis, ce n'est pas 5 % de moins, c'est au contraire de 5 à 9 % de plus. Cela fait une différence de 14 %. Chez nous, les entrepreneurs ne se sentent pas à l'aise et investissent moins, tandis qu'aux États-Unis les entrepreneurs investissent trois fois plus que chez nous, toutes proportions gardées bien entendu, et cela, ce n'est pas une bonne chose.
Les investissements étrangers au Canada ont fléchi de 42 % au cours de la dernière année. Cela signifie que moins de richesse est créée, puisqu'il n'y a rien de mieux pour une économie nationale que des investissements étrangers. C'est de la véritable création de richesse. Quand des entrepreneurs créent de l'emploi et de la richesse, c'est essentiellement parce que leurs produits sont vendus à l'étranger, en Europe, en Asie et aux États-Unis d'Amérique. Ce sont autant de dollars canadiens, de yens, d'euros, voire de livres qui peuvent être investis dans notre économie. C'est de la vraie création de richesse. Voilà pourquoi cela nous inquiète fortement que les investissements étrangers aient fléchi de 42 %.
En conclusion, parlons de la dette. J'ai une grande fixation par rapport à cela, parce que ces gens-là se sont fait élire en disant qu'ils créeraient de petits déficits et que le déficit zéro arriverait en 2019, et ils ne tiennent pas leurs promesses. De plus, la dette générée par les déficits, c'est de l'argent qu'on ne pourra pas dépenser pour nos enfants. Au contraire, c'est ce que nos enfants vont devoir payer à cause de notre mauvaise gestion d'aujourd'hui. L'histoire nous rappellera que c'était sous l'actuel gouvernement que la dette canadienne a franchi le triste cap des 1 000 milliards de dollars. Ce ne sont pas « mille milliards de mille sabords », pour ceux qui connaissent Tintin, mais bien 1 000 milliards de dollars. Cela porte la signature de l'actuel gouvernement.
Tous ces mauvais indicateurs ont ébranlé la confiance des gens en leur élite politique. On peut se faire élire sur la base d'une plateforme électorale, puis bifurquer en raison d'éléments étrangers, mais dans le cas présent, les éléments étrangers sont nuls. C'est uniquement la mauvaise volonté qui a amené le gouvernement libéral à faire des gros déficits plutôt que des petits déficits et à promettre le déficit zéro en 2019 pour enfin n'avoir strictement aucune idée du retour à l'équilibre budgétaire. Ce gouvernement vient surtout de catapulter le Canada dans la triste réalité des 1 000 milliards de dollars de dette, soit un billion de dollars, selon la langue française. En anglais, c'est un trillion.
Pour toutes ces raisons, nous allons voter contre ce budget. Nous estimons que c'est un budget irresponsable qui ne va pas dans le bon sens, qui envoie la facture à nos enfants, et qui ne prépare aucunement notre économie et nos entrepreneurs afin qu'ils puissent faire face à la nouvelle réalité d'un voisin puissant qui est à la fois notre principal partenaire et notre principal compétiteur, soit les États-Unis d'Amérique.
Nous souhaitons que ce gouvernement reprenne enfin le contrôle des finances publiques et qu'il prenne le taureau par les cornes afin qu'un jour, heureusement, peut-être d'ici un an et demi, nous ayons un gouvernement réaliste et responsable dirigé par l'honorable député de Regina—Qu'Appelle.