Monsieur le Président, c'est un plaisir de prendre part à ce débat des plus importants. Il nous concerne tous, y compris mon épouse Melissa, ma fille de sept ans Aurora, mon fils de quatre ans Dawson, moi, tout le monde. Pas tous les projets de loi concernent tous les Canadiens, mais celui-ci, oui. C'est un débat absolument critique.
Lorsque la Chambre a été saisie d'une telle mesure la première fois, j'ai voté contre, parce qu'il y a malheureusement beaucoup d'abus envers les aînés au Canada, beaucoup de gens qui profitent de ceux qui ont les capacités réduites. J'encourage toutes les législatures, tous les ordres de gouvernement au Canada, tous les employés du gouvernement et tous les journalistes à faire tout en leur pouvoir pour enrayer la maltraitance des aînés, notamment en mettant en place les protections nécessaires dans le projet de loi en question.
J'ajoute également que je ne trouve guère réconfortante la situation dans certains pays européens ayant adopté une loi semblable. On aide beaucoup de gens à mourir sans leur consentement.
Il y a six arguments qui m'ont convaincu. Le premier est le grand soin avec lequel les dispositions visant à protéger les patients ont été rédigées. Tout consentement doit être autorisé par deux médecins ou infirmiers praticiens totalement indépendants.
Le consentement éclairé est obligatoire pour lancer le processus et aussi juste avant la mort. La personne doit éprouver des souffrances intolérables. Elle doit donner son consentement par écrit. Elle doit être en train de mourir, et elle est assujettie à une période d'attente de 15 jours.
Qui plus est, la loi fera l'objet d'un examen quinquennal où seront abordées les suggestions faites durant le débat.
De plus, j'ai été convaincu par l'appui massif des gens de ma circonscription, qui m'ont dit qu'on devrait avoir de l'aide pour choisir le moment de mettre fin à d'intolérables souffrances.
J'ai aussi été convaincu par la profonde conviction du gouvernement, qui s'assurera de la qualité des soins palliatifs de sorte que l'absence de tels soins ne soit pas ce qui pousse à prendre une autre décision en vertu de la loi.
Je suis également convaincu par l'approche prudente adoptée par le gouvernement pour veiller à ce que cette importante décision sur la vie et la mort soit prise de la bonne façon.
Enfin, je suis convaincu qu'aucune sanction ne sera prise contre les travailleurs de la santé qui ne veulent pas participer. J'ai parlé à un administrateur médical très expérimenté qui croit que près de 90 % des médecins pourraient choisir de ne pas participer. Pour les gouvernements provinciaux et territoriaux, cela représentera un défi administratif dans les petites communautés qui ne comptent parfois qu'un seul médecin.
Par la voie des journaux, j'ai demandé aux gens de ma circonscription de me faire part de leurs commentaires à ce sujet. J'ai reçu des remerciements chaleureux et des points de vue sincères sur tous les volets de ce projet de loi, comme en ont sûrement reçu les 338 autres députés. Bien sûr, ils n'allaient pas tous dans le même sens.
Contrairement à de nombreux députés, je n'ai pas eu de mauvaises expériences. Cependant, j'ai été touché par leurs tristes histoires, qui se rapportaient essentiellement aux membres de leur famille.
Je me rappelle avoir reçu l'appel d'un maire qui m'avait raconté comment un membre de sa famille avait souffert terriblement. Ses souffrances s'étaient prolongées inutilement. La personne n'en tirait aucun avantage. Elle ne voulait plus vivre.
Je me rappelle aussi avoir reçu l'appel d'un des mes amis dans une situation très similaire, qui a dénoncé le mythe voulant qu'il était très important de ne pas recourir à l'aide médicale à mourir parce qu'elle empêcherait la personne de mourir paisiblement, entourée des membres de sa famille. En effet, dans ce cas particulier, le malade souffrait tellement, et sa douleur le gênait tant, à la fin de sa vie qu'il n'a pas voulu ni pu voir personne.
J'ai reçu des commentaires d'une personne dans ma circonscription dont le père et d'autres parents souffraient de la maladie d'Alzheimer. La fin de leur vie a été terrible. Ce n'est pas ce qu'ils voulaient, et on aurait pu mettre fin à leurs souffrances plus tôt.
J'ai reçu un vaste éventail d'opinions différentes de la part d'autres habitants de ma circonscription. Une personne a dit que si nous laissions des animaux souffrir autant, des accusations seraient portées contre nous. Une autre a parlé de son mari dont l'état se détériorait rapidement. Il voulait mourir chez lui, entouré de sa famille, et ce n'était pas possible. Le médecin lui a expliqué pourquoi. Les derniers jours que les deux conjoints ont passé ensemble à l'hôpital ont été terriblement pénibles.
D'autre part, une infirmière qui a communiqué avec moi est totalement contre le projet de loi et estime que nous ne devrions pas l'adopter.
Il y a deux écoles de pensée à l'égard des personnes qui sont laissées derrière dans ces situations. Certains ne veulent pas que les souffrances de leur parent ou ami s'éternisent. Ils veulent mettre fin à sa vie pour mettre un terme à ces souffrances. À l'opposé, quelqu'un m'a dit ne pas vouloir priver la famille et les amis de la capacité merveilleuse de prendre soin de la personne jusqu'à la toute fin.
Quelqu'un d'autre m'a indiqué qu'il faut nous assurer que tous les établissements de soins de santé financés par les fonds publics permettent l'aide médicale à mourir.
Une personne qui travaille auprès des aînés m'a également dit souhaiter qu'on légalise la directive anticipée, un peu comme dans la Loi sur le consentement aux soins en vigueur au Yukon.
En résumé, la majorité des résidants de ma circonscription sont en faveur de l'aide médicale à mourir. Certains sont contre, comme une femme qui habite dans la petite localité de Haines Junction. Un certain nombre des personnes en faveur de l'aide médicale à mourir souhaitent qu'on adopte certaines des idées proposées ici aujourd'hui. Bon nombre souhaitent l'adoption de directives médicales anticipées. Je dirais que c'est là l'amendement le plus important qu'ils souhaitent voir être adopté à l'étape de la deuxième lecture.
En terminant, j'aimerais faire deux suggestions au comité. La première porte sur les directives médicales anticipées. Les gens qui souffrent d'une maladie débilitante doivent donner leur consentement éclairé à la toute dernière minute. Ils risquent toutefois de ne pas être en état de le faire. Il faudrait peut-être réserver ce processus aux personnes qui ne seraient pas capables de donner leur consentement à la dernière minute, de telle sorte que, comme cela s'est déjà produit par le passé, on ne profite pas des personnes qui, à la fin, ne souhaitent pas que soient mises en oeuvre les directives médicales anticipées.
La deuxième suggestion porte sur la définition de la prévisibilité raisonnable. D'une part, elle peut procurer aux gens la souplesse nécessaire pour pouvoir prendre la bonne décision au bon moment. D'autre part, la définition n'est peut-être pas assez précise. Les travailleurs de la santé souhaitent une définition plus précise afin d'être à l'abri de poursuites criminelles.
Un étudiant m'a posé une question intéressante: que se passerait-il si une personne atteinte d'une maladie physique lui causant des souffrances intolérables avait aussi une maladie mentale et, par conséquent, ne pouvait pas donner son consentement éclairé? Je suis heureux de constater que le comité va étudier plus à fond la question des maladies mentales. Un certain nombre de personnes m'ont suggéré que le projet de loi devrait aborder les maladies mentales, la maladie d'Alzheimer et même les jeunes matures.
Je tiens à remercier les résidants de ma circonscription et les députés de participer à ce débat non partisan et réfléchi sur une question de vie et de mort pour chacun d'entre nous. J'espère que, au bout du compte, nous trouverons une solution qui sera satisfaisante pour la plupart des Canadiens.