Monsieur le Président, je suis heureuse de partager mon temps de parole aujourd'hui avec le député de Kenora.
Il y a plus de 150 ans, il aurait été difficile de prédire que la vision commune des pères fondateurs du Canada qui se sont réunis pour créer un dominion d'un océan à l'autre aurait amené une femme de 29 ans à prononcer le premier discours de la nouvelle année et de la nouvelle décennie à la Chambre des communes.
En tant que députée élue pour la première fois, j'ai vécu un moment spécial en écoutant la gouverneure générale du Canada prononcer le discours du Trône. Au cours de cet événement solennel, je n'ai pu m'empêcher de repenser à mes humbles racines et à tout le chemin que j'ai parcouru. Je fais partie de la quatrième génération d'agriculteurs canadiens présents dans une petite localité de l'Est du Manitoba. Les membres de ma famille étaient des pionniers des Prairies, dont la vie reposait sur le sacrifice, la lutte et les principes de responsabilité personnelle et de résilience.
À l'époque, le Canada était un pays jeune, qui ne bénéficiait pas du solide filet social qui le caractérise aujourd'hui. Les gens ne pouvaient alors compter que sur leur foi, leur famille et leur collectivité pour les aider à traverser les périodes éprouvantes marquées par les difficultés financières. Ils n'avaient pas d'autre choix que de persévérer et de faire de leur mieux pour subvenir aux besoins de la génération suivante.
C'est vers l'âge de 9 ans que j'ai commencé à m'intéresser au service public. Lors d'une chaude journée d'été à la ferme de mes grands-parents, les adultes de ma famille, assis à la table de la cuisine, exprimaient avec force leurs points de vue à propos d'une autre politique néfaste que les libéraux d'Ottawa avaient imposée aux agriculteurs. Même à ce jeune âge, je ressentais l'injustice de l'ingérence nuisible du gouvernement dans nos vies. Il existait un fossé entre ma famille d'humbles travailleurs et les décideurs d'Ottawa.
C'est à ce moment-là que j'ai décidé que, à l'âge adulte, j'irais à Ottawa afin de me battre pour ma famille. Le parcours a été long: venant d'une petite ville de campagne, j'ai été la première de ma famille à fréquenter l'université et à monter dans l'arène politique fédérale. En tant que femme dans la vingtaine, je prends la parole aujourd'hui, monsieur le Président, pour représenter un groupe démographique qui l'a rarement été à la Chambre.
J'attribue une bonne partie de mon succès à la détermination dont j'ai hérité de mes ancêtres pionniers, à l'instar de la forte volonté de lutter pour les Canadiens ordinaires contre les programmes du gouvernement, qui ne tiennent presque jamais compte des difficultés que connaissent ces gens. Voilà pourquoi je suis vraiment honorée de représenter les habitants de Kildonan—St. Paul.
Ma circonscription possède un riche patrimoine et occupe une place importante dans notre histoire nationale. Cette histoire est rattachée à la puissante rivière Rouge, qui coule en plein cœur de Kildonan—St. Paul. La rivière est l'élément vital de la collectivité depuis des milliers d'années; elle l'a d'abord été pour les Premières Nations du Traité no 1, puis les Métis de la rivière Rouge et les colons de Lord Selkirk, et plus tard les colons polonais, ukrainiens, allemands et mennonites du début du XXe siècle.
Plus récemment, ma circonscription a accueilli de nombreux nouveaux arrivants de l'Inde et des Philippines. Aujourd'hui, Kildonan—St. Paul est une circonscription diversifiée qui est enrichie de l'apport de jeunes familles, de nouveaux Canadiens, de personnes âgées, de propriétaires de petites entreprises, de gens de métier et de dizaines de groupes culturels et confessionnels.
Cependant, ce qui me dérange, c'est que le discours du Trône et les priorités du gouvernement libéral qui y figurent ne tiennent pas compte des priorités des Winnipegois et des Manitobains que je représente. Pendant une bonne partie des deux dernières années, quand je faisais du porte-à-porte, les gens me parlaient de leur désir d'avoir un représentant qui se battrait pour les vaillants travailleurs canadiens de leur collectivité, un député qui ferait comprendre au gouvernement libéral que les hausses d'impôt, les dettes incommensurables et les déficits perpétuels ne mènent pas à la prospérité économique et que, au contraire, ils mettent en péril les programmes sociaux du Canada et la sécurité financière future des Canadiens.
De plus, les questions environnementales préoccupent les habitants, surtout le centre de dépollution de l'eau du secteur nord de Winnipeg, qui est situé au centre de ma circonscription et qui traite 70 % des eaux usées de la ville. Des travaux de modernisation de plus de 1 milliard de dollars sont nécessaires, car on est incapable de retirer un degré acceptable de phosphore des eaux usées avant de les déverser dans la rivière Rouge, ce qui a des répercussions sur la santé du lac Winnipeg, laquelle, comme les Manitobains le savent, se dégrade en raison de la prolifération d'algues ces dernières années. Le lac Winnipeg, la rivière Rouge et la rivière Assiniboine façonnent l'histoire du Manitoba depuis des milliers d'années, et les trois ordres de gouvernement doivent joindre leurs efforts pour appuyer ce projet essentiel.
Autre priorité: le prolongement de la route Chief Peguis depuis la rue Main jusqu'à la route 90, qui augmenterait considérablement l'habitabilité du secteur nord-ouest de Winnipeg. En effet, il réduirait la circulation dans les rues résidentielles afin de permettre les déplacements à pied, à vélo et en transports en commun. En appuyant l'achèvement du boulevard périphérique interne, on atténuerait la congestion routière à Winnipeg. Malheureusement, le premier ministre et le gouvernement, qui accumulent des déficits de milliards de dollars et qui perçoivent des millions de dollars de plus en recettes fiscales, ont largement négligé les projets d'infrastructures essentielles au Manitoba.
Les gens de Winnipeg s'attendent aussi à ce que le gouvernement fédéral prenne des mesures concrètes pour résoudre la crise de la méthamphétamine, qui sévit à Winnipeg depuis quelques années et qui a contribué à une hausse marquée des crimes violents, dont 44 meurtres en 2019, soit plus du double de l'année précédente.
La pression sur les premiers intervenants et les organismes communautaires de première ligne est énorme, car ce sont eux qui vivent avec les conséquences terribles et traumatisantes de cette crise. J'ai moi-même pu constater à quel point la situation est urgente lorsque j'ai participé à une patrouille de nuit avec le Bear Clan, un groupe communautaire autochtone qui vient en aide aux personnes vulnérables des quartiers centraux de Winnipeg. Ce soir-là, nous avons trouvé un gros sac rempli de seringues enfoui dans un banc de neige. Malgré un froid mordant — il faisait 30 sous zéro —, les bénévoles avec qui j'étais l'ont ramassé et l'ont apporté en lieu sûr. C'est toutefois quand j'ai vu, entre deux objets à ramasser, trois jeunes enfants nous regarder par une fenêtre située au deuxième étage que j'ai eu mon plus grand choc, parce que je me suis tout de suite imaginé à quel point toute cette neige devait sembler invitante pour eux chaque fois qu'ils sortaient pour se rendre à l'école ou pour jouer dehors.
L'année dernière, le Bear Clan a ramassé au-delà de 145 000 seringues usagées seulement dans le quartier North End. À l'époque, le gouvernement libéral s'était engagé à financer les efforts du Bear Clan de manière durable et prévisible, alors j'espère sincèrement que le ministre des Services aux Autochtones fera sienne la promesse de sa prédécesseure.
En plus de représenter les gens qui habitent dans ma circonscription, mon chef m'a aussi confié la responsabilité de servir les Canadiens à titre de ministre du cabinet fantôme pour le nouveau ministère de la Diversité et de l'Inclusion et de la Jeunesse. Ce sera pour moi un honneur, et je m'engage à me servir de la tribune qui m'est ainsi offerte pour favoriser l'inclusion de tous les Canadiens, quelles que soient leurs origines ethniques ou raciales, pour défendre les libertés et le droit à l'égalité des membres de la communauté LGBTQ et pour assurer un avenir libre, prospère et sain aux jeunes du pays.
De nombreux obstacles attendent les jeunes Canadiens. Quand je faisais du porte-à-porte, aucun sujet n'est revenu aussi souvent que le coût de la vie. Or, ce problème a de nombreuses conséquences aussi néfastes les unes que les autres pour les jeunes de ma génération. Nous traînons la plus lourde dette étudiante de l'histoire du Canada. Nous devons attendre la moitié ou la fin de la trentaine pour acheter notre première maison — advenant que nous n'y ayons pas renoncé — et comme nous devons souvent nous contenter de petits boulots, peu d'entre nous peuvent compter sur un régime de retraite digne de ce nom. Nos salaires stagnent pour la plupart, mais le coût de la vie, lui, n'arrête pas d'augmenter. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que nous croulions sous les dettes et que nous ayons de moins en moins d'enfants, quand nous en avons.
Pendant ce temps, les baby-boomers vieillissent et touchent leur pension de retraite et ils commencent à compter beaucoup sur les services de santé et les services sociaux, qui sont déjà surchargés. Cependant, dans le discours du Trône du gouvernement libéral, on ne fait guère mention de ces questions financières cruciales. Les investissements pluriannuels et déficitaires de plusieurs milliards de dollars ne suivent aucun plan stratégique visant à assurer l'avenir financier de ma génération en cas de flambée des taux d'intérêt ou de ralentissement économique. Le gouvernement nous place en mauvaise position pour faire face à un monde incertain et changeant, et si nous ne faisons pas les choses correctement, ma génération en subira les conséquences.
J'assumerai mon rôle de porte-parole en demandant des comptes au gouvernement au nom de ma génération et des jeunes conservateurs de tout le Canada et, tandis que mon parti et le pays se penchent sur les enjeux des années 2020, je me battrai pour les Canadiens ordinaires. Je me battrai pour la liberté, la sûreté, la sécurité, la santé, la paix, la prospérité et un gouvernement qui respecte la riche mosaïque de croyances de notre pays. Je me battrai également pour les priorités des habitants de ma circonscription, Kildonan—St. Paul. Je ferai en sorte que leurs voix et leurs priorités soient entendues haut et fort dans cette enceinte.
En terminant, je tiens à saluer les gens qui ont aidé à me faire élire: mon équipe. Je remercie tous les bénévoles, nouveaux ou de longue date, qui ont consacré des centaines d'heures à la campagne électorale, ainsi que ma famille, mes parents et mes deux sœurs, qui m'appuient dans la poursuite de mes rêves depuis des décennies. De plus, je remercie très sincèrement mon fiancé Scott, qui se trouve dans la tribune aujourd'hui. Il était à mes côtés à l'époque où l'idée d'être députée n'était qu'une chimère.
Rien n'est plus important que la famille, et j'ai été très chanceuse à cet égard. Je travaille sans relâche pour que la mienne soit fière de ce que je compte bien faire à Ottawa, c'est-à-dire me battre pour les Canadiens ordinaires.