Vous devriez également avoir reçu un imprimé du jeu de diapositives, qui s'intitule Le radon et le cancer du poumon. Je sais que je suis la toute dernière personne à témoigner, et je vous remercie de votre patience. Heureusement, beaucoup de personnes ont déjà parlé de certains points que je souhaite aborder; je ferai donc un bref survol des premières diapositives
Je suis professeure adjointe à l'Université Simon Fraser en Colombie-Britannique. Je travaille également au Centre de collaboration nationale en santé environnementale avec Tom et Sarah, et je dirige CAREX Canada, le système de surveillance des substances cancérogènes financé par le Partenariat canadien contre le cancer. Je suis ici parce que nous avons accordé la priorité à l'exposition des Canadiens aux agents cancérogènes présents dans l'environnement et aux causes principales des décès par cancer attribuables aux expositions environnementales. Le radon est, de loin, l'agent cancérogène le plus important. Je dois admettre que lorsque j'ai commencé ma recherche auprès de CAREX, je n'avais jamais entendu parler du radon. Après avoir passé en revue la documentation, je me suis rendu compte que le Canada avait joué un rôle très important, au fil du temps, pour comprendre le lien entre le radon et le cancer du poumon.
Les données tirées de nombreuses études menées auprès d'ouvriers dans les mines d'uranium, à Eldorado et même ici, en Ontario, ont servi à déterminer le rapport entre l'exposition et le cancer du poumon. Nous avons été à l'avant-plan de ces recherches, mais c'était surtout dans un contexte universitaire plutôt que dans un contexte de santé publique.
Comme nous l'avons déjà dit, l'OMS affirme qu'il s'agit d'un cancérogène important. J'aimerais également signaler que des organismes partout dans le monde en sont arrivés à la conclusion que le radon est plus dangereux qu'ils ne le pensaient. En 1993, nous avions une certaine idée de la relation entre le radon et le cancer du poumon. Ces chiffres ont doublé. La courbe dont Tom a parlé ressemblait à cela et, maintenant, elle a l'air de cela. Aujourd'hui, le radon est reconnu comme étant beaucoup plus dangereux que prévu initialement. La raison, c'est que le radon est un émetteur de particules alpha.
Le Canada est un pays riche en uranium. L'uranium se trouve dans le sol et, lorsqu'il se désintègre, il se transforme en un gaz. Cela signifie qu'il peut se déplacer dans le sol. Ce gaz émet un rayonnement alpha, qui est une forme très dangereuse de rayonnement susceptible d'endommager l'ADN. Sur la diapositive suivante, vous verrez les lésions directes et indirectes de l'ADN. Cette information est une gracieuseté de M. Aaron Goodarzi. D'ailleurs, une chaire de recherche canadienne étudie actuellement cette question en Alberta.
La diapositive suivante, qui porte sur le rayonnement et les lésions de l'ADN, montre que le rayonnement alpha est puissant. Ces particules sont dotées d'un faible pouvoir de pénétration; donc, si elles touchent notre peau, il n'y aura pas autant de lésions que si elles parviennent à nos poumons. Nos poumons sont très sensibles. La paroi des poumons est vulnérable et, lorsque les cellules pulmonaires absorbent ces particules, elles sont endommagées. Les particules alpha sont très destructrices. Elles se répercutent sur l'ADN comme un coup de canon. Il est difficile de réparer de telles lésions, d'où la probabilité accrue de mutations génétiques et de cancer.
La prochaine diapositive concerne les stratégies destinées à réduire les risques. Pour récapituler, le rayonnement émis par le radon cause des lésions considérables. Il est difficile pour le corps de réparer les lésions une fois que le radon s'infiltre dans les poumons.
Passons maintenant à la diapositive suivante, qui porte sur l'éducation et l'établissement des priorités. Le radon est présent partout au pays. Les chercheurs ont élaboré des cartes sur les sites potentiels de radon. Celle-ci nous a été fournie par Radon Environmental, qui a tenu compte des emplacements de l'uranium et des sites potentiels de produits à forte capacité de désintégration, même si nous reconnaissons que chaque maison est différente. Nous avons ajouté une carte des États-Unis pour montrer que nous ne sommes pas les seuls et que les États situés à la frontière ont un profil de radon semblable à celui du Canada. Nous savons qu'aux termes des stratégies canadiennes actuelles, il faut sensibiliser non seulement la population, mais aussi les intervenants du domaine. La plupart des professionnels de la santé publique n'ont jamais entendu parler du radon. Quand nous travaillons auprès d'unités de santé publique, nous observons que les inspecteurs en hygiène du milieu, les inspecteurs en santé publique et les médecins hygiénistes ne savent toujours pas que le radon est dangereux. De nombreux fonctionnaires et ministères de la Santé ne sont pas non plus au courant.
De plus, les chercheurs en santé partout au pays commencent à peine à se pencher sur ce domaine. Pour modifier les codes du bâtiment, les gens doivent en connaître les raisons. Nous devons offrir de la formation sur les tests de détection et les mesures correctives. Les gens doivent comprendre pourquoi ils font ce genre de travail.
Kelley Bush a fait allusion aux efforts qui sont déployés pour surveiller la sensibilisation au sein de la population. Ce travail est effectué par Statistique Canada. La diapositive suivante présente un échantillon canadien représentatif. Cette enquête est réalisée depuis 2007, mais ce graphique montre les résultats à partir de 2009. On peut voir qu'environ 10 % de la population était au courant du radon. Ce taux est passé à près de 30 %. Cela représente le nombre de personnes qui savent en quoi consiste le radon et qui peuvent le décrire avec précision. Donc, environ 30 % des Canadiens savent que le radon peut causer le cancer du poumon.
Santé Canada recommande à tous les propriétaires de mesurer les concentrations de radon dans leur maison. La diapositive suivante, qui repose également sur les données recueillies par Statistique Canada, montre clairement que très peu de gens ont soumis leur maison à des tests de détection. Moins de 10 % des Canadiens partout au pays ont mesuré les concentrations de radon dans leur maison. Le programme de sensibilisation au radon existe depuis 2007. Alors pourquoi les propriétaires ne font-ils pas ces tests? Parce qu'il n'y a pas d'exigences réglementaires, comme Kathleen Cooper l'a expliqué tout à l'heure. Non seulement les gens doivent être renseignés, mais ils doivent aussi être motivés à apporter des modifications. La décision appartient aux consommateurs. Nous leur avons laissé le soin de mesurer les concentrations de radon dans leur maison.
Je crois que plusieurs facteurs contribuent à cette situation, comme le déni, la nature invisible du gaz et la méconnaissance. Les trousses de détection ne sont toujours pas facilement accessibles dans l'ensemble du pays. On peut appeler pour savoir où les trouver, mais elles ne sont pas toujours disponibles. Dans les régions rurales, les gens ont plus de mal à y avoir accès. Par ailleurs, les gens craignent les coûts ultérieurs liés à la mise en oeuvre des mesures correctives — par exemple, je ne veux pas m'en mêler parce que je ne sais pas combien j'aurai à débourser pour rénover mon sous-sol. Dans certains cas, les coûts peuvent être assez considérables, selon la structure de la maison.
Passons à la diapositive suivante. Selon moi, pour réduire le risque de cancer du poumon associé à l'exposition au radon, nous devons renforcer le leadership. Ainsi, le gouvernement peut reconnaître qu'il s'agit d'un risque légitime. Les gens ne sont pas au courant, et nous devons jouer un rôle accru pour amener les gens à s'intéresser davantage à ce sujet. Cela ne concerne pas seulement Santé Canada, mais tous les ordres de gouvernement — ministères de la Santé, provinces, municipalités. En outre, nous devons former les gens de métier pour qu'ils sachent quoi faire, en toute connaissance de cause, au moment de construire des maisons résistantes au radon. Pourquoi ce tuyau est-il important? Pourquoi ce ventilateur est-il important? Encore une fois, nous voulons éliminer le radon dans les bâtiments de demain.
D'autres pays ont montré que les incitatifs financiers fonctionnent. Les gens sont disposés à apporter des améliorations éconergétiques à leur maison parce qu'ils obtiennent un remboursement, mais ces rénovations font augmenter la concentration de radon. Ce fait a été clairement établi. Plus la maison est bien isolée, plus le radon demeure à l'intérieur. Au Manitoba, des chercheurs se penchent sur cette question. Par contre, au Manitoba, on a maintenant droit à un remboursement par l'entremise de Manitoba Hydro lorsqu'on prend des mesures correctives contre le radon. Certaines régions du pays emboîtent le pas, mais nous devons offrir une sorte d'incitatif aux citoyens.
Enfin, j'aimerais dire un mot sur l'exposition au radon en milieu de travail, parce que j'étudie cette question. Certaines personnes travaillent dans des installations souterraines ou dans des sous-sols, et même dans des bâtiments au niveau du sol, où les concentrations de radon sont élevées. Certains de ces travailleurs sont des employés du gouvernement fédéral. Il faut renforcer les exigences relatives à la détection et à la mise en oeuvre des mesures correctives en milieu de travail.
C'est tout. Merci.