Madame la Présidente, la question des pensions m'a toujours grandement intéressé, depuis l'époque où j'étais député à l'Assemblée législative du Manitoba. Comme on l'a déjà dit, il n'y a pas que le gouvernement national qui a un rôle crucial à jouer sur cette question; les gouvernements des provinces aussi en ont un.
J'aime le fait que le terme « pension » veule dire gains différés. Lorsqu'on travaille huit heures par jour, ou peu importe le nombre d'heures, les avantages auxquels on a droit et qui s'ajoutent à notre salaire horaire, hebdomadaire ou mensuel comptent pour beaucoup. La pension est un gain différé.
Il est donc important de garder en tête que des sacrifices ont dû être faits. Qu'il s'agisse de régimes de pension privés ou publics, les montants en question font partie des revenus d'une personne. Plutôt que de recevoir immédiatement ces montants, la personne veut les recevoir à sa retraite. On peut donc comprendre l'impact que la disparition ou la mise en péril d'une pension peut avoir sur une personne, surtout si elle a travaillé pendant de nombreuses années et qu'elle a consacré de nombreuses heures à accumuler ces montants pour sa retraite.
Je me revois, au début des années 1990, en train de marcher le long d'un piquet de grève au sein duquel se trouvaient beaucoup de gens de ma circonscription. J'ai été très surpris et choqué d'apprendre que de nombreuses entreprises privées offraient, dans le meilleur des cas, des pensions marginales. L'entreprise dont les employés faisaient la grève était d'assez grande taille. J'ai écouté les travailleurs m'expliquer leurs revendications, et l'une d'entre elles était leur pension. Ils voulaient s'assurer de recevoir une pension raisonnable au moment de prendre leur retraite. Ils travaillaient plus de 30 ans, qui plus est en tant que simples employés, et recevaient seulement 400 $ par mois après avoir cotisé à un régime de pension pendant toutes ces années. C'est cette grève et les discussions que j'ai eues avec les travailleurs qui m'ont fait comprendre l'importance réelle des pensions.
Bien que cela se soit produit au début des années 1990, mon intérêt pour les pensions n'a jamais diminué. Toutefois, je sais que la question des pensions ne relève pas de la seule responsabilité du gouvernement fédéral. Les provinces jouent aussi un rôle crucial. Ce que je peux dire néanmoins, c'est qu'il s'agit d'un sujet qui transcende les divisions entre les partis politiques. Pour que des mesures progressistes soient prises, il faut souvent qu'émergent des chefs de file dans chaque parti.
Je mets donc au défi les députés qui croient parfois qu'un parti est meilleur qu'un autre. Je pense à mes collègues néo-démocrates. L'une des politiques qui ont été mises en œuvre par le gouvernement néo-démocrate de l'Ontario portait sur les pensions. Le député qui avait la parole tout juste avant moi s'en souvient peut-être. Les néo-démocrates se souviendront sans doute de la politique qui consistait à procéder au sauvetage d'entreprises considérées comme trop importantes pour qu'on les laisse faire faillite. On leur permettait d'avoir recours aux fonds de pension pour assurer leur expansion et leur survie. Les membres du Cabinet du NPD étaient présents à la table des négociations et ont autorisé une telle mesure.
Cela a considérablement miné la sécurité des pensions. Je sais que nous aimons pointer du doigt le secteur privé ou les autres partis, mais je pense qu'il est important de reconnaître que le gouvernement néo-démocrate de l'Ontario est responsable de l'un des plus grands échecs en matière de politique gouvernementale. Il en a résulté un changement marqué qui a eu des répercussions extrêmement néfastes sur les pensions. Je crois que nous avons besoin d'approches proactives de la part de tous les ordres de gouvernement pour accroître la sécurité des pensions.
Examinons le tout dernier budget du gouvernement, qui comprend une politique visant à restreindre la rémunération déraisonnable des cadres supérieurs d'entreprise en obligeant les sociétés cotées en bourse à tenir des votes non exécutoires donnant à leurs actionnaires un droit de regard sur cette rémunération. La politique vise aussi à permettre aux tribunaux d'examiner la rémunération des cadres supérieurs et, s'ils le jugent approprié, de tenir le conseil d'administration de l'entreprise responsable d'avoir versé des sommes déraisonnables aux cadres supérieurs au cours de la période précédant la faillite.
Il n'y a rien de plus frustrant pour un travailleur que de voir une entreprise ayant des problèmes financiers faire faillite, puis d'apprendre qu'elle a versé des sommes de plusieurs millions de dollars à des membres du conseil d'administration ou à des cadres supérieurs avant de fermer ses portes. À mes yeux, cette rétribution se fait au détriment des fonds de pension.
Hier, nous parlions du projet de loi d'exécution du budget. Ce budget permettrait de prendre des mesures tangibles qui assureraient une sécurité supplémentaire pour les fonds de pension. Je pense que c'est une bonne chose pour de nombreux travailleurs qui se sentent parfois menacés par ce qui se passe dans les entreprises. Grâce à ce budget, nous aurions maintenant un processus judiciaire pour surveiller indirectement les sommes versées aux dirigeants et aux administrateurs. Bon nombre d'entre eux touchent des millions de dollars aux dépens des personnes qui travaillent dans les usines, dans les points de vente au détail ou ailleurs.
Quand je pense aux pensions et à la question de l'insolvabilité et de la faillite, je me dis qu'il y a des choses que le gouvernement peut faire tant sur le plan fédéral que provincial. Je suis heureux que nous ayons fait du chemin dans ce dossier. Toutes les occasions sont bonnes pour chercher des moyens de l'améliorer. J'espère être en mesure, au cours des prochaines années, d'approfondir cette question.
Le gouvernement collabore avec des parties intéressées afin de prendre des mesures qui profiteront aux travailleurs et à l'économie. Les pensions sont importantes. C'est pourquoi nous avons déployé autant d'efforts pour conclure une entente sur le Régime de pensions du Canada avec les différentes provinces. Pour la première fois en une quinzaine d'années, les provinces et le gouvernement fédéral en sont arrivés à une entente sur les cotisations à ce régime afin que les travailleurs reçoivent plus d'argent au moment de la retraite. C'est aussi pourquoi nous avons bonifié le Supplément de revenu garanti.
Le gouvernement est conscient de la valeur des pensions pour les aînés et les travailleurs. C'est pour cette raison que nous avons pris cette mesure. Il y a aussi énormément de choses que nous pouvons faire et que nous ferons à l'avenir.