Monsieur le Président, je disais que le Bloc québécois demande encore une fois au gouvernement d'agir dans le dossier de l'assurance-emploi. Ce n'est pas la première fois que nous faisons cette demande.
Depuis toujours, nous sommes engagés pour une réforme en profondeur du programme, que ce soit pour une caisse autonome, pour l'amélioration de l'accès aux prestations courantes, pour la fin de la catégorisation des chômeurs en fonction des demandes qu'ils font et, évidemment, pour la bonification des prestations, de toutes les prestations.
Cela fait maintenant presque 30 ans que nous exigeons que le programme d'assurance-emploi soit pensé pour notre monde; non pas pour les besoins du gouvernement, mais pour ceux des nôtres, ceux qui nous ont donné le privilège de les représenter à la Chambre.
En ce moment même, on a un programme qui s'attaque directement aux gens qui sont déjà dans des situations de précarité, qui fait mal aux travailleurs saisonniers de nos régions et qui laisse de côté les gens malades, gravement malades. La raison en est fort simple: c'est à cause d'un manque de volonté politique. Le programme de l'assurance-emploi est incapable de soutenir convenablement et décemment des gens qui sont réellement dans le besoin.
C'est dans cette volonté que le Bloc québécois a déposé la motion dont nous débattons aujourd'hui pour que la Chambre demande au gouvernement de faire passer les prestations spéciales de maladie de l'assurance-emploi de 15 à 50 semaines dans le prochain budget, afin de soutenir les personnes atteintes de maladies graves, comme le cancer.
La raison principale motivant cette demande, s'il en faut, c'est que la durée actuelle des prestations spéciales de maladie de l'assurance-emploi a été basée sur l'utilisation d'à peine un quart des prestataires. Dès la conception du programme de prestations spéciales, le gouvernement savait que le nombre de semaines était insuffisant pour plus de trois prestataires sur quatre. En effet, selon le directeur parlementaire du budget, le ministère de l'Emploi et du Développement social a établi le nombre de semaines en se basant sur des données d'enquête qui indiquaient que seulement 23 % des prestataires retournaient au travail après 15 semaines de prestations.
Autrement dit, le gouvernement de l'époque et l'ensemble de ceux qui ont suivi ont été au courant qu'il y a une inadéquation entre la demande réelle et l'offre de l'assurance-emploi. Il est totalement injuste que tous les gouvernements élus depuis aient toléré cette situation en toute connaissance de cause.
Le programme de l'assurance-emploi pour cause de maladie est inéquitable par rapport au nombre d'heures nécessaire pour s'y qualifier. Peu importe où l'on vit, qu'on vive à Vancouver ou à Blanc‑Sablon, il faut absolument avoir cumulé 600 heures d'emploi assurable pour avoir droit aux prestations. En fait, il est plus difficile de se qualifier aux prestations pour cause de maladie qu'aux prestations courantes dès que le taux de chômage d'une région dépasse 8,1 %, et, même si le marché de l'emploi semble bien aller, selon divers indicateurs économiques, c'est présentement une région économique sur quatre qui est dans cette situation. On ne veut pas s'imaginer ce que c'est lorsque l'économie va mal.
Dans ma circonscription, ce sont les gens de la Minganie et de la Basse‑Côte‑Nord et, ailleurs au Québec, ceux de la Gaspésie et des Îles‑de‑la‑Madeleine qui doivent travailler 180 heures de plus pour se qualifier aux prestations de maladie que ce qu'ils auraient dû faire pour obtenir des prestations courantes.
On dirait qu'aucun gouvernement n'a voulu admettre le fait que le but de l'assurance-emploi n'est pas d'avoir une petite caisse en parallèle du budget, où on peut piger pour déguiser ses déficits ou s'enrichir sur le dos des malades. Le but de l'assurance-emploi, c'est de faciliter la vie aux gens qui sont forcés de sortir du marché du travail pour une raison qui est hors de leur contrôle. C'est une assurance, un filet social auquel les travailleurs cotisent en échange d'avoir la garantie et l'assurance d'être indemnisés à la suite d'un événement fâcheux, comme la perte d'un emploi ou une maladie grave.
Le pire, dans tout cela, c'est que personne ne fait le choix de tomber malade. Cela n'existe pas, une personne qui se lève le matin en se disant: il me semble que je suis mûre pour une petite maladie grave. Je suis mûre pour le drame. Je suis mûre pour la misère. Tomber malade, c'est un drame. Cela bouleverse une vie. C'est un combat quotidien. C'est stressant et exigeant pour une personne. Nous devrions être là pour la soutenir.
Ce n'est pas normal qu'une personne s'inquiète et se fasse du mauvais sang pour sa santé financière avant sa santé personnelle. Des situations comme celle de Mme Marie‑Hélène Dubé ne devraient pas exister. Parce qu'elle n'avait pas travaillé 600 heures, elle a dû hypothéquer plusieurs fois sa maison pendant qu'elle combattait le cancer.
Une personne qui est dans l'impossibilité de payer son loyer et qui se retrouve à la rue pendant une rémission, cela ne devrait jamais arriver dans une société aussi riche. Ce n'est pas normal qu'une personne se retrouve sans rien devant elle alors qu'elle traverse l'une des épreuves les plus difficiles de sa vie. Ce n'est pas normal, car nous avons le pouvoir de changer les choses et de permettre à nos citoyens d'avoir un minimum de dignité pendant ces moments éprouvants.
Je crois d’ailleurs que le gouvernement pourrait s’inspirer de son plus récent séjour sur les banquettes de l’opposition lorsqu’il se prononcera sur notre motion. En effet, en 2012, le Parti libéral avait appuyé massivement un projet de loi qui aurait fait passer le nombre de semaines de prestations d’assurance-emploi pour maladie de 15 à 50, en plus d’éliminer les délais de carence pour celles-ci.
Aujourd’hui, nous tendons la main aux libéraux. Nous les invitons à nous suivre et à faire ce qui aurait dû être fait depuis trop longtemps, c'est-à-dire faciliter la vie aux gens qui sont forcés d’arrêter de travailler à cause de la maladie.
Lors du vote sur la motion, j'aimerais que chaque membre de cette assemblée se rappelle qu’une personne sur deux qui vit au Canada sera atteinte du cancer au cours de sa vie. Si l’on ne pense qu’au cancer et que l’on omet toutes les autres maladies graves ou chroniques qui pourraient survenir au cours d'une vie, c’est donc la moitié d’entre nous qui pourrions avoir besoin des prestations de maladie de l’assurance-emploi. Nous pourrions devoir affronter notre maladie avec seulement 15 semaines de revenus, sans oublier les dépenses supplémentaires qui pourraient s'abattre sur nous comme c'est souvent le cas.
Je crois qu’il est temps de faire ce que nous aurions dû faire depuis longtemps: donner un répit aux gens qui ne peuvent travailler et leur donner le temps de guérir. Donner 50 semaines de prestations, c’est la seule façon de permettre aux malades de se soigner avec dignité.
En terminant, je veux souligner que je pense à tous les gens de ma circonscription, à tous les Canadiens, et à une personne en particulier, qui a été de tous les combats pour les chômeurs et qui doit maintenant combattre la maladie. Je voudrais que cette personne puisse avoir l’esprit tranquille et je sais que la seule chose qui lui permettrait d’avoir l’esprit tranquille serait d'abolir toutes les iniquités pour tous les demandeurs d’assurance-emploi, particulièrement les gens qui sont aux prises avec la maladie.
Mr. Speaker, I was saying that the Bloc Québécois is again calling on the government to take action on employment insurance. This is not the first time we have made this call.
We have always been committed to a thorough reform of the program, whether by establishing an independent fund, improving access to current benefits, ending the classification of the unemployed based on their claims, or, of course, improving benefits, all benefits.
For almost 30 years now, we have been demanding that the EI program be designed for our world—not for the needs of the government, but for the needs of our people, those who have given us the privilege of representing them in the House.
Right now, we have a program that is a direct attack on those who are already in precarious situations, that hurts seasonal workers in our regions and that leaves out those who are ill, seriously ill. The reason is very simple, and that is a lack of political will. The EI program cannot adequately and properly support those truly in need.
This is precisely why the Bloc Québécois moved the motion we are debating today, which calls on the government to increase the special employment insurance sickness benefits from 15 weeks to 50 weeks in the upcoming budget in order to support people with serious illnesses, such as cancer.
The main motivation for this demand, if one is necessary, is that the period of special employment insurance sickness benefits was based on the use of barely one-quarter of recipients. When the special benefit program was created, the government knew that the number of weeks was insufficient for over three-quarters of recipients. According to the Parliamentary Budget Officer, the Department of Employment and Social Development chose the number of weeks based on survey data that indicated that just 23% of recipients returned to work after the 15 weeks of benefits.
In other words, the government at the time and successive governments since then have known that the EI benefits provided do not adequately meet demand. It is completely unfair that every government elected since has knowingly accepted this situation.
The EI sickness benefit is inequitable because of the number of hours required to qualify. No matter where they live, be it Vancouver or Blanc‑Sablon, claimants need to accumulate 600 insured hours of work to be eligible for benefits. It is also more difficult to qualify for sickness benefits than for regular benefits if the regional unemployment rate is greater than 8.1%, which, according to various economic indicators, is the case for one in four economic regions, despite strong overall job numbers. I shudder to think what things would be like if the economy were doing poorly.
In my riding, people in Minganie and the lower north shore have to work 180 more hours to qualify for sickness benefits than for regular benefits. The same goes for people in the Gaspé and the Îles‑de‑la‑Madeleine.
It seems that no government has wanted to admit that the purpose of employment insurance is not to have a petty cash fund alongside the budget, so that it can dip into it to cover up its deficits or make money off the sick. The purpose of employment insurance is to make life easier for people who are forced out of the labour market for reasons beyond their control. It is insurance, a social safety net to which workers contribute in return for the guarantee and assurance that they will be compensated following an unfortunate event, such as the loss of a job or a serious illness.
The worst part of it all is that no one chooses to get sick. There is no such thing as someone getting up in the morning and saying to themselves, “I think I am ready for a little serious illness. I am ready for a tragedy. I am ready for some misery”. Getting sick is a tragedy. It turns people's lives upside down. It is a daily struggle. It is stressful and demanding for people. We should be there to support them.
It is not right for a person to worry and fret about their financial health before their personal health. Situations like that of Marie‑Hélène Dubé should not exist. Because she did not work 600 hours, she had to mortgage her house several times while she was fighting cancer.
In such a wealthy society, no one should ever be unable to pay their rent and end up on the street when they are in remission. It is not right for people to be left with nothing when they are going through one of the most difficult ordeals of their lives. It is not right, because we have the power to change things and to enable our people to have some measure of dignity during those trying times.
Also, the government might want to remember the last time it was in opposition when it responds to our motion. In 2012, the Liberal Party overwhelmingly supported a bill that would have extended EI benefits from 15 to 50 weeks and eliminated the wait times.
Today, we are reaching out to the Liberals. We are inviting them to follow our lead and to do what should have been done a long time ago, namely make life easier for people who are forced to take time off work because of illness.
During the vote on the motion, I would like each member of this House to remember that every second person living in Canada will get cancer during their lifetime. If we set aside every other serious or chronic disease that could affect our lives and think only of cancer, half of us will have to rely on EI benefits. We could have to cope with the disease and all the added expenses that go with it with only 15 weeks of benefits.
I think that it is time we did what we should have done a long time ago, namely help people who cannot work and give them time to heal. Providing 50 weeks of benefits is the only way of giving the sick time to heal with dignity.
In closing, I would like to point out that I am thinking about all the people in my riding, about all Canadians, and about one person in particular, who has long fought for the unemployed and who is now fighting an illness. I would like this person to have peace of mind, and I know that the only thing that will do that is to abolish all inequities for all EI claimants, in particular those who are sick.