Madame la Présidente, je propose que le cinquième rapport du Comité permanent des affaires étrangères et du développement international, présenté à la Chambre le lundi 12 avril, soit adopté.
Aujourd'hui, nous demandons à la Chambre des communes d'adopter le rapport suivant du comité des affaires étrangères:
Que le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international condamne fermement les sanctions inacceptables imposées par la République populaire de Chine à l'endroit de l'un des vice-présidents du Comité, le député de Wellington—Halton Hills, et du Sous-comité des droits internationaux de la personne de la Chambre des communes et que cela représente un affront à la démocratie et au système parlementaire canadien; en notre qualité de parlementaires, nous continuerons de dénoncer avec vigueur les violations des droits de la personne et du droit international, conformément au respect que nous vouons aux droits de la personne fondamentaux; et que cette motion fasse l’objet d’un rapport à la Chambre.
Cette motion a été appuyée à l'unanimité par le comité, et j'espère que la motion d'adoption recevra l'appui unanime de la Chambre. Je partagerai mon temps de parole avec le député de Wellington—Halton Hills, sur qui porte essentiellement la motion.
Je sais que ce député est un homme humble et préfère parler des grands principes et des questions de fond plutôt que de lui-même. Je pense toutefois que je me dois de commencer ce discours en saluant son leadership fondé sur des principes, qui est la raison même pour laquelle il a été sanctionné par un pays étranger.
Le député de Wellington—Halton Hills siège à la Chambre depuis plus de 15 ans. Toutes ces années, il n’a jamais eu peur de prendre position dans le respect de ses convictions les plus profondes, quelles qu’en soient les conséquences. Il a toujours défendu ses opinions avec dignité et sans malice. Il s’est parfois même montré d’un avis contraire à celui de son propre camp, toujours dans le respect de ses valeurs. À cette époque, je n’étais moi-même qu’un des gamins en culottes courtes qui officiaient au Cabinet du premier ministre Stephen Harper. Je peux affirmer sans me tromper que même si tout le monde n’était pas toujours du même avis, chaque membre de l’équipe avait une profonde admiration pour la ferveur, le discernement et le sérieux de ce député.
L'adoption de la Loi sur la réforme a été un moment particulièrement décisif pour la démocratie parlementaire dans le cadre des efforts visant à endiguer la vague sans cesse croissante de la centralisation des pouvoirs au sein du Cabinet du premier ministre. Même si on a l'impression que ce ne sont pas tous les caucus des partis qui l'appliquent, la Loi sur la réforme a eu une incidence importante: les caucus des partis peuvent maintenant choisir d'élire leur propre chef et leur propre président de caucus et de décider de la composition de leur caucus. Le mérite revient au député de Wellington—Halton Hills.
Le fil conducteur de la carrière menée par le député est sans aucun doute le combat constant et acharné qu'il livre pour les valeurs démocratiques. Quels que soient les défis qu'il a relevés ou les intérêts bien ancrés auxquels il s'est attaqué par le passé, aujourd'hui, il fait preuve d'un leadership incroyable au sein de notre caucus, au sein du Parlement et à l'échelle mondiale dans la lutte contre le Parti communiste chinois, une lutte si importante qu'elle éclipse tous les combats du passé.
Le monde est à un point critique de la bataille entre l'autoritarisme et la démocratie, car il y a des gens qui, d'un côté, considèrent les êtres humains comme de simples extensions de l'ordre politique matérialiste, et d'autres qui croient que la société existe pour servir les êtres humains, qui possèdent une valeur et une dignité inhérentes et immuables.
Dans ce bras de fer, le Parti communiste chinois a fait du député de Wellington—Halton Hills un ennemi mondial de l'autoritarisme de même qu'un défenseur de premier ordre de la démocratie à l'échelle du globe. J'estime qu'il n'y a pas plus grande reconnaissance de l'engagement d'une personne envers les valeurs démocratiques que d'être directement pointé du doigt par le Parti communiste chinois. Félicitations.
Nous remercions le gouvernement d'appuyer cette motion, mais il doit également reconnaître que c'est un député de l'opposition et non un député ou un ministre du gouvernement qui a été reconnu comme leader mondial de la défense des valeurs démocratiques. J'ai hâte au jour où ce type de leadership quittera les bancs de l'opposition pour être exercé au sein du gouvernement, là où le député disposera de tous les outils et possibilités du pouvoir pour poursuivre son travail important. Alors, il sera vraiment possible de dire que le Canada est de retour sur la scène mondiale.
Tout comme les conservateurs de Brian Mulroney, à l'époque où le Canada était actif dans la lutte mondiale contre l'apartheid, les conservateurs d'aujourd'hui sont prêts à être des leaders mondiaux dans la lutte pour la justice, les droits de la personne et les valeurs démocratiques.
L'impact manifeste du travail effectué par le député de Wellington—Halton Hills est la leçon la plus importante que l'on peut tirer des sanctions qui lui sont imposées. Quand il est question de notre travail en matière de droits de la personne dans cette enceinte, il peut y avoir un certain cynisme: « Est-ce vraiment important? Est-ce que quelqu'un remarque vraiment ce que l'on fait ou ce que l'on dit ici? »
Ces sanctions viennent confondre les cyniques. Elles prouvent que c'est important. Elles prouvent que, lorsque l'on prend position, le Parti communiste chinois s'en ressent et juge qu'il doit riposter. La position que nous prenons ici a une incidence sur ce qui se passe en Chine, sur la teneur des discussions à l'échelle internationale.
Ces sanctions découlent d'une motion présentée par le député de Wellington—Halton Hills visant à reconnaître que les Ouïghours et les autres musulmans d'origine turque en Chine sont victimes d'un génocide. Ce sont les conservateurs qui ont présenté cette motion. Tous les députés qui ont voté sur cette motion l'ont appuyée, quoique, le premier ministre, les membres de son cabinet et beaucoup d'autres libéraux se sont malheureusement abstenus. À l'instar du leadership de certains députés et du vote de tous les députés, l'abstention du Cabinet a été remarquée au Canada. On l'a remarquée dans le monde entier. C'est tragique que le gouvernement ait refusé de se joindre à la Chambre des communes pour prendre cette mesure importante.
En ce moment même, le monde assiste à la plus vaste détention massive d'une communauté minoritaire depuis l'Holocauste, soit un génocide qui implique d'envoyer les gens dans des camps de concentration, qui implique la stérilisation forcée, l'avortement forcé, la pose forcée de stérilets, la violence sexuelle systématique et le prélèvement d'organes. Nous ne devions plus jamais voir ces horreurs, mais le monde n'a pas respecté sa promesse, alors que la nation la plus populeuse et seconde économie de la planète se trouve en plein génocide et se sert d'une technologie de pointe pour anéantir tout un groupe de personnes.
Face à cette situation, le Parlement avait l'obligation morale d'agir. Je suis très heureux qu'il l'ait fait. Le Canada a été le premier pays à adopter une résolution parlementaire reconnaissant le génocide des Ouïghours. Les Parlements des Pays-Bas, de la Grande-Bretagne et de la Lituanie ont emboîté le pas. D'autres mesures sont prises, et on s'attend à ce que d'autres États adoptent des résolutions semblables, mais l'initiative du Parlement canadien a déclenché une réaction mondiale, qui continue à prendre de l'ampleur. Deux administrations étatsuniennes ont aussi reconnu ce génocide, et de nombreux autres pays interviennent en adoptant de nouvelles mesures pour contrer ces horribles violations des droits de la personne.
De nouvelles mesures législatives sont adoptées partout dans le monde. De nouvelles politiques sont proposées pour lutter contre ces violations, ce qui change la donne pour défendre les droits fondamentaux de la personne et pour contrer les actions du Parti communiste chinois. De nouveaux projets de loi sont proposés pour empêcher l'importation de produits issus du travail forcé, comme la Uyghur Forced Labor Prevention Act des États-Unis. Il y a de nouvelles sanctions, de nouveaux régimes de sanctions, de nouveaux efforts pour lutter contre le prélèvement forcé et le trafic d'organes, ainsi que de nouveaux mécanismes et accords internationaux visant à dénoncer l'État chinois pour les violations des droits de la personne qu'il commet.
Nous avons encore une fois vu que le monde démocratique peut ressembler à un géant endormi: il est parfois lent à se mobiliser, mais il est féroce une fois éveillé. Il n'est pas exagéré d'affirmer que l'adoption par la Chambre de la motion reconnaissant le génocide a grandement contribué à éveiller la conscience du monde démocratique et à inspirer une réponse mondiale plus forte.
Il ne s'agissait pas d'un seul député. Le Parlement, en tant qu'institution, a fait entendre sa voix avant le gouvernement. C'était une victoire importante pour ceux qui défendent la justice et le respect des droits de la personne, c'est vrai, mais ce l'était aussi pour le Parlement. En ce qui concerne la réponse au Parti communiste chinois, le gouvernement du Canada n'a pas su prendre l'initiative. Pendant ce temps, le Parlement du Canada, lui, est intervenu pour jouer ce rôle, et il a effectivement donné l'exemple à la communauté internationale.
Dans les dernières minutes de mon discours, j'aimerais demander au gouvernement d'en faire plus. Je voudrais bien sûr qu'il vote pour cette motion, reconnaisse la situation et se montre solidaire des personnes qui ont été sanctionnées. Cela dit, et plus important encore, nous devons aussi exprimer notre solidarité envers les victimes, les gens que nous avons cherché à défendre dans le cadre de ces efforts soutenus.
Le gouvernement du Canada doit reconnaître le génocide.
Nous avons besoin de mesures législatives et de politiques plus strictes sur les chaînes d'approvisionnement pour prévenir l'importation de produits issus du travail forcé des Ouïghours et d'autres populations.
Nous devons adopter un projet de loi pour lutter contre le prélèvement forcé et le trafic d'organes.
Nous devons sanctionner ceux qui violent de manière flagrante les droits de la personne au Turkestan oriental ainsi qu'à Hong Kong et dans d'autres régions de la République populaire de Chine.
Le gouvernement a toujours été réticent à appliquer les sanctions prévues par la loi de Magnitski, alors que c'est un outil que le Parlement a donné au gouvernement. C'est au gouvernement, cependant, de décider de les appliquer.
Nous devons soutenir l'immigration des réfugiés ouïghours vulnérables et nous devons faire plus pour combattre l'ingérence soutenue par un État étranger et aider les victimes de cette ingérence.
Pour que les valeurs démocratiques perdurent, il nous faut des dirigeants prêts à faire face aux critiques et à faire ce qui est juste, quoi qu'il en coûte. Le député de Wellington-Halton Hills est l'un de ceux-là. Nous avons besoin de voir enfin les députés ministériels faire preuve de leadership dans cette lutte cruciale pour les valeurs démocratiques.
Les Canadiens ont trouvé leur voix. Le Parlement aussi. Il est temps que le gouvernement trouve la sienne.