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HESA Rapport du Comité

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Rapport minoritaire du Parti libéral du Canada

présenté par l’hon. Hedy Fry, C.P., députée,
porte-parole libérale fédérale en matière de santé

Le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes a consacré récemment 10 réunions à une étude sur le rôle du gouvernement fédéral dans la lutte contre l’abus de médicaments d’ordonnance. Le Parti libéral souscrit au contenu de la majeure partie du rapport, de même qu’aux recommandations. Nous estimons toutefois que le rapport ne tient pas compte de certains points essentiels soulignés par des témoins – des points qui concernent le rôle du gouvernement fédéral dans cette crise que traverse le Canada.

Le gouvernement fédéral est le cinquième fournisseur de services de santé au Canada. Il exerce une responsabilité fiduciaire en matière de santé à l’égard des Premières Nations et des Inuits, des Forces armées et des anciens combattants. Le Comité a appris que l’abus de médicaments d’ordonnance représente un problème grave au sein de ces populations, en particulier les communautés autochtones.

Le rapport principal mentionne que nous avons entendu des témoignages de la part de l’Assemblée des Premières Nations (APN) et de la Fondation autochtone nationale de partenariat pour la lutte contre les dépendances (FANPLD). Dans leurs présentations au Comité, tant l’APN que la FANPLD ont insisté sur la nécessité de veiller à ce que tout programme de lutte contre la toxicomanie soit fondé sur les déterminants sociaux de la santé, à savoir le logement, l’éducation, la pauvreté et les niveaux de revenu. Elles ont fait remarquer que les programmes de traitement des dépendances les plus efficaces dans les communautés autochtones comportent un fondement culturel et tiennent compte de l’histoire du colonialisme et de ses répercussions sur les Premières Nations.

Recommandation 1 : Que Santé Canada travaille avec les Premières Nations et les Inuits à mettre en place un programme de lutte contre la toxicomanie global, adapté à la culture, qui tient compte des déterminants sociaux de la santé, et que ce programme soit mis en œuvre conformément aux valeurs, aux attitudes et aux aspirations des communautés des Premières Nations.

Des témoins ont dit au Comité que l’abus des médicaments d’ordonnance se présente sous diverses formes et comprend les benzodiazépines en plus des opioïdes, mais que l’OxyContin est l’un des opioïdes les plus dangereux et les plus dépendogènes et que le gouvernement fédéral devrait prendre des mesures particulières pour en freiner l’usage.

Le docteur Navindra Persaud a déclaré que Purdue Pharma avait admis avoir induit en erreur les médecins quant au risque d’abus qu’il présente et à ses propriétés hautement dépendogènes. Par conséquent, les médecins ont commencé à prescrire ce médicament pour soulager la douleur. Selon les estimations, 500 décès par année dans la seule province de l’Ontario étaient attribuables à l’abus d’opioïdes. L’OxyContin est particulièrement répandu dans les communautés des Premières Nations.

En 2012, les États-Unis ont interdit la production des versions génériques de l’OxyContin, qui ont été remplacées par une nouvelle formule présentant moins de risque d’abus, l’OxyNEO. Le secrétaire à la Justice des États-Unis, les médecins hygiénistes des provinces et les ministres provinciaux de la Santé ont demandé au gouvernement fédéral d’en faire autant. Par la suite, Santé Canada a autorisé six sociétés fabriquant des médicaments génériques à produire des versions de l’OxyContin. Des témoins ont recommandé d’interdire la production d’OxyContin générique.

Recommandation 2 : Que Santé Canada annule immédiatement la décision d’autoriser la production d’OxyContin générique afin de prévenir de nouveaux décès par surdose et cas de dépendance.

Recommandation 3 : Que Santé Canada retire l’OxyContin générique du formulaire fédéral pour les Premières Nations, les Forces armées et les anciens combattants et le remplace par l’OxyNEO inviolable.

Des témoins ont également insisté auprès du Comité sur la nécessité d’inclure la réduction des méfaits dans toute stratégie de lutte contre l’abus de médicaments. En 2007, la réduction des méfaits, qui constituait jusqu’alors un des quatre axes de la Stratégie nationale antidrogue, a été abandonnée. Comme l’a fait observer l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, en tant qu’approche de santé publique qui favorise la sécurité tout en prévenant les décès et l’invalidité, la réduction des méfaits a fait ses preuves comme moyen d’aider les individus dont la consommation de drogue est active ou en décroissance.

Bien que les témoins aient été nombreux à faire remarquer que la « réduction des méfaits » est désormais une expression politiquement controversée, la majeure partie des soins que le réseau de la santé dispense aux malades correspond à la « réduction des méfaits ». En effet, l’expression ne s’applique pas seulement aux centres d’injection supervisés. Selon un témoin, quand nous soignons un diabétique et que nous contrôlons son taux de sucre dans le sang et son régime alimentaire, c’est de réduction des méfaits qu’il s’agit. Ces mesures s’inscrivent dans un effort pour réduire les méfaits au sein de la population et pour prévenir l’invalidité et les décès prématurés.

Recommandation 4 : Que Santé Canada rétablisse la « réduction des méfaits » au cœur de la Stratégie nationale antidrogue afin de promouvoir la sécurité et de prévenir la maladie, l’invalidité ainsi que les décès prématurés et évitables.

Bien que la plupart des autres recommandations que contient le rapport méritent d’être appuyées, le Parti libéral recommande des mesures plus concrètes de la part du gouvernement fédéral dans les domaines où il exerce une responsabilité fiduciaire. Bon nombre des recommandations appellent le gouvernement fédéral à travailler avec les provinces et les territoires. Si une telle collaboration est louable, le gouvernement fédéral doit lui-même prendre l’initiative dans certains domaines.  

Recommandation 5 : Que Santé Canada procède à une évaluation des méthodes parallèles de soulagement de la douleur avec des équipes pluridisciplinaires dans les régions rurales et éloignées, et plus particulièrement dans les communautés des Premières Nations, de sorte que tous les Canadiens aient accès à une panoplie de moyens de soulager la douleur, y compris la physiothérapie, l’ergothérapie, la psychologie, la rétroaction biologique et l’acupuncture.