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CHER Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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STANDING COMMITTEE ON CANADIAN HERITAGE

COMITÉ PERMANENT DU PATRIMOINE CANADIEN

TÉMOIGNAGES

[Enregistrement électronique]

Le lundi 22 février 1999

• 1305

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte (Parkdale—High Park, Lib.)): Bonjour, mesdames et messieurs. La séance du Comité permanent du patrimoine canadien est ouverte.

Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le comité permanent procède à une série de tables rondes sur l'évolution du rôle que joue le gouvernement à l'appui de la culture canadienne, dans un contexte national et international en constante évolution.

[Français]

Je souhaite la bienvenue à nos invités et je les remercie vivement. C'est un honneur pour nous de nous trouver parmi vous aujourd'hui.

[Traduction]

D'habitude, nous écoutons les témoins venus nous présenter leurs exposés. Toutefois, cette fois-ci, nous avons décidé d'organiser une table ronde, les députés et les témoins invités étant tous assis autour de la table de façon à favoriser un échange de vues plus fructueux.

Comme vous le savez, notre comité entreprend actuellement une étude sur les difficultés suscitées, en cette veille du XXIe siècle, par la mondialisation du commerce et de l'économie, les technologies nouvelles, l'Internet et d'autres facteurs qui auront des effets sur notre culture et sur nos instruments culturels, sans compter des changements démographiques qui transformeront le Canada actuel en une société tout à fait différente au cours des années à venir. Le comité qui nous a précédés avait commencé cette étude avant les dernières élections et le nôtre a heureusement décidé de poursuivre ce travail.

Nous désirons examiner d'abord les mesures de soutien déjà mises en place par le gouvernement fédéral et nous demander comment ces appuis nous permettront de faire face aux défis du prochain millénaire. Ce sont ces enjeux qui nous intéressent.

[Français]

Comme je le disais, les trois principaux défis que nous avons à relever, du moins en ce qui concerne les besoins de notre étude, sont l'arrivée de nouvelles technologies, l'évolution de l'économie mondiale et du commerce international et, enfin, l'évolution démographique de notre pays.

Dans un premier temps, les membres du comité ont cherché à bien se renseigner. Il y a un an, nous avons tenu un forum parlementaire sur la politique culturelle, le commerce international et la technologie du prochain millénaire. À cette occasion, nous avons organisé des tables rondes sur divers secteurs: les arts, le patrimoine, l'industrie de la télévision, du cinéma et de la vidéo, ainsi que la radiodiffusion et l'enregistrement sonore.

Ce forum a donné de très bons résultats. Il a permis de dégager quelques grands thèmes que nous aurons, je l'espère, la possibilité d'examiner aujourd'hui avec vous.

[Traduction]

Nous avons entendu des représentants de diverses institutions culturelles fédérales ainsi que des hauts fonctionnaires de divers ministères. Des experts nous ont présenté des mémoires sur l'évolution technologique, le commerce international et la situation démographique. Au cours de cette dernière étape, nous voulons, au moyen de ces tables rondes, aborder plus particulièrement certains secteurs et obtenir votre point de vue, vous qui êtes aux premières lignes de la pratique culturelle. Nous voulons savoir comment on se débrouille pour survivre dans le milieu culturel et comment vous ferez face aux défis du siècle à venir.

Dans un cadre comme celui-ci, disposant de si peu de temps, il est évidemment impossible de traiter de tout ce qui nous intéresse, mais nous voulons aborder le plus grand nombre de questions possibles. Au verso de vos programmes, vous trouverez les cinq questions dont nous aimerions que vous traitiez aujourd'hui. Vous ne voudrez peut-être pas tous les aborder toutes. Vous voudrez peut-être ne traiter que d'une seule. Quoi qu'il en soit, vos vues nous intéressent.

D'ici la fin de la semaine, nous espérons avoir obtenu certaines réponses à des questions de ce type: quel devrait être le rôle du gouvernement fédéral à l'avenir pour appuyer les activités du secteur culturel? Par exemple, le gouvernement fédéral devrait-il jouer tel ou tel rôle dans un domaine donné, et comment devrait-il le faire? Devrait-il agir en qualité de législateur, de responsable de la réglementation, de propriétaire, d'exploitant des institutions nationales, de mécène, de défenseur des arts, d'entrepreneur ou de promoteur?

[Français]

Naturellement, les deux langues officielles sont de mise. Vous pouvez employer celle que vous préférez. Nous n'attendons pas des discours, mais plutôt des interventions brèves afin que l'échange d'opinions se déroule rondement.

• 1310

[Traduction]

Pour démarrer, je demanderais à chaque participant de se présenter très brièvement, sans passer tout son c.v. en revue. Dites-nous votre nom, ce que vous faites actuellement, ce qu'est votre rôle dans le milieu culturel. Après les présentations, j'inviterais chacun à dire quelques mots, dans un ordre établi. Pour que les services d'interprétation puissent bien fonctionner, je vous demande de me signaler votre intention de parler et je donnerai la parole à une personne à la fois.

Je note également qu'il y a des micros à l'arrière de la salle; nous tenons à encourager notre auditoire à participer aux discussions.

Je voudrais commencer par M. Bélanger, et nous poursuivrons dans le sens contraire aux aiguilles d'une montre.

[Français]

M. Mauril Bélanger (Ottawa—Vanier, Lib.): Je m'appelle Mauril Bélanger. Je suis député d'Ottawa-Vanier et secrétaire parlementaire de la ministre du Patrimoine canadien. Je participe à ces discussions depuis presque deux ans maintenant.

[Traduction]

M. Robert Douthwright (contrôleur, Magnus Theatre Company Northwest Incorporated): Bonjour, je m'appelle Rob Douthwright. Je suis le contrôleur du Magnus Theatre.

Je précise d'abord que je suis nouveau dans ce secteur. Je suis devenu contrôleur de Magnus en octobre 1997. Auparavant, je travaillais pour un cabinet de comptabilité en ville. Je suis membre actif de diverses associations artistiques et patrimoniales de notre ville, y compris Arts and Heritage Thunder Bay et la Arts and Heritage Alliance.

Mme Diane Imrie (directrice exécutive, Northwestern Ontario Sports Hall of Fame and Museum): Je m'appelle Diane Imrie. Je suis la directrice exécutive du Northwestern Ontario Sports Hall of Fame and Museum.

Comme Rob, je participe aux activités de nombreux organismes en ville, y compris la Arts and Heritage Alliance. Je m'occupe également du Thunder Bay Children's Festival, qui est une célébration du patrimoine et des arts locaux pour les jeunes de notre collectivité. Je suis également une ancienne présidente de la Canadian Association for Sports Heritage, qui s'occupe de conservation patrimoniale relativement aux sports à l'échelle nationale.

Mme Sharon Godwin (directrice exécutive, Thunder Bay Art Gallery): Je suis Sharon Godwin. Je suis la directrice du Musée des beaux-arts de Thunder Bay. Je participe aux activités de la plupart des organismes qu'ont déjà nommés mes deux prédécesseurs. La plupart des gens autour de cette table qui viennent d'ici participent aux activités de ce type d'organisme.

M. Clint Kuschak (directeur général, Thunder Bay Community Auditorium; président, Arts and Heritage Alliance of Thunder Bay): Bonjour. Je m'appelle Clint Kuschak. Je suis directeur général du Thunder Bay Community Auditorium, un centre des arts de la scène qui compte 1 500 sièges et qui est le foyer de l'Orchestre symphonique de Thunder Bay.

Je représente également aujourd'hui la Arts and Heritage Alliance, réseau professionnel de gestionnaires et de directeurs exécutifs des organismes artistiques et patrimoniaux de Thunder Bay. J'en suis le président, dans la mesure où un organisme de ce genre peut avoir un président. Beaucoup de nos collègues sont ici aujourd'hui pour parler de leurs divers organismes, et je serai peut-être celui qui parlera au nom de la Arts and Heritage Alliance pour traiter des questions d'intérêt commun. Cela mis à part, je représente l'auditorium.

M. Michael Comuzzi (président du conseil d'administration, Thunder Bay Symphony Orchestra): Bonjour. Je m'appelle Michael Comuzzi et je suis le président de l'orchestre symphonique Thunder Bay.

Mme Dorette Carter (directrice exécutive, Thunder Bay Museum): Je m'appelle Dorette Carter. J'ai fait carrière dans le domaine culturel notamment dans le secteur des musées, et ici, à Thunder Bay, je travaille pour le Musée de Thunder Bay depuis près de 25 ans. Je ne me suis rendu compte du nombre d'années qu'en faisant le calcul, il y a quelques instants.

Comme ceux qui m'ont précédée, je participe à diverses activités culturelles ici, à Thunder Bay, mais, au cours des 25 dernières années, je travaille également en collaboration avec des associations de musées provinciaux et nationaux ainsi que des organismes patrimoniaux.

M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.): Stan Dromisky, député de Thunder Bay—Atikokan. Depuis mon enfance, je m'intéresse énormément au domaine artistique.

Je voudrais chaleureusement souhaiter la bienvenue à tous les participants. Madame la présidente, je constate que nous sommes en présence d'une structure de pouvoir. Nous avons parmi nous les dirigeants dynamiques de chaque type d'activité culturelle dans cette ville. Je vous remercie tous d'être venus.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Permettez-moi également, au nom de vos collègues habituels du Comité du patrimoine, de vous remercier beaucoup, monsieur Dromiski, d'être venu dans votre propre circonscription et d'être des nôtres aujourd'hui.

Mme Lise Vaugeois (membre, Thunder Bay Symphony Orchestra): Je m'appelle Lise Vaugeois, et je suis membre de l'orchestre symphonique de Thunder Bay depuis 1992. Je suis également codirectrice du Thunder Bay Creative Music Project, organisme qui fait beaucoup de travail créateur dans les écoles.

Pendant de nombreuses années, j'ai été membre d'un quintette de cuivres itinérant et j'ai parcouru tout le pays. Bien que je sois membre de l'orchestre symphonique de notre ville, je suis surtout ici pour parler en qualité de musicien exerçant son métier.

[Français]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Sauvageau.

M. Benoît Sauvageau (Repentigny, BQ): Je m'appelle Benoît Sauvageau. Je suis député à la Chambre des communes, membre du Bloc québécois et porte-parole en matière de Commerce international. Dans notre étude, ce qui est particulièrement important pour moi, c'est tout l'aspect culturel, c'est-à-dire la promotion et la protection de la culture, mis en rapport avec la libéralisation des marchés. Merci.

• 1315

[Traduction]

Mme Maureen Brophy (Community Recreation Division, Victoriaville Civic Centre): Je m'appelle Maureen Brophy et je suis superviseur des loisirs communautaires à la ville de Thunder Bay. Je suis responsable des activités artistiques et patrimoniales et je travaille avec environ 90 groupes artistiques et patrimoniaux différents dans la collectivité, y compris la Arts and Heritage Alliance, Arts and Heritage Thunder Bay ainsi que le regroupement des présidents.

Mme Dusty Miller (présidente, Arts and Heritage Thunder Bay): Bonjour, bienvenue à Thunder Bay. Je m'appelle Dusty Miller et je suis présidente du Comité d'art et du patrimoine de notre ville. Il s'agit du comité qui présente des recommandations au conseil municipal au sujet des subventions aux groupes artistiques et patrimoniaux de notre collectivité.

J'ai été membre du conseil municipal en qualité de maire et de conseillère pendant près de 20 ans, mais j'ai également succombé à un autre vice secret, le théâtre. J'ai travaillé personnellement dans le milieu théâtral pendant un bon nombre d'années. J'ai commencé dans le programme théâtral de l'Université Lakehead et j'ai également enseigné à Confederation College. Maintenant, du fait de mon rôle de présidente, je ne peux être membre d'aucun conseil ni d'aucun groupe local, pour éviter tout conflit d'intérêts éventuels. Toutefois, j'ai travaillé avec la plupart d'entre eux à une époque ou à l'autre; je les connais donc très bien.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Bienvenue.

Mme Heather Esdon (témoignage à titre personnel): Je m'appelle Heather Esdon. Depuis 18 ans, je suis comédienne de théâtre professionnelle. J'ai également écrit des textes pour la scène et pour la télévision et j'ai donné des cours d'art dramatique et d'administration artistique au Confederation College. Je suis membre du conseil du Thunder Bay Regional Arts Council depuis cinq ans. J'ai récemment été nommée coordonnatrice du Thunder Fringe Festival, qui commencera cet été, mais je suis ici en qualité d'artiste, à titre personnel.

Mme Catherine Kozyra (membre du conseil d'administration, Definitely Superior Art Gallery): Je m'appelle Catherine Kozyra. Je suis née et j'ai grandi dans une petite localité située à 200 milles à l'est d'ici; cette région a donc considérablement influencé mes oeuvres artistiques. Depuis 20 ans, je travaille dans le domaine de la décoration d'étalage et de la publicité; je fais également de l'art d'installation. Depuis 1990, je suis membre du conseil d'administration de Definitely Superior, centre géré par des artistes et galerie d'art. J'ai été présidente de la galerie ces deux dernières années, mais je ne le suis plus actuellement.

Grâce à mon association à la galerie, j'ai pu assister à des réunions de CANPAC, un réseau national géré par des artistes pour les centres gérés par des artistes. J'ai également pu participer à des réunions d'ARCO, un réseau de centres Ontario (Centres ontariens gérés par des artistes). Ces rencontres ont considérablement élargi mes horizons sur ce qui se passe dans les centres gérés par les artistes au Canada.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Monsieur Lowther.

M. Eric Lowther (Calgary-Centre, Réf.): Je m'appelle Eric Lowther, je suis député de Calgary-Centre et membre du Parti réformiste. Je dois avouer que mon expérience des milieux artistiques s'est habituellement limitée à être membre d'un auditoire plutôt que d'une équipe de production. Toutefois, j'ai des filles, des jumelles, qui participent à divers types d'expression artistique, y compris la musique, les beaux-arts, etc. Je suis surtout ici pour écouter et apprendre. Je suis sûr de trouver cela très intéressant.

Je me demandais si Mike Comuzzi et Joe Comuzzi sont parents.

M. Michael Comuzzi: Vous ne voyez pas la ressemblance?

Des voix: Ah, ah!

M. Joe Comuzzi (Thunder Bay—Superior-Nord, Lib.): C'est mon jeune frère.

M. David Frood (adjoint du député Joe Comuzzi): Je m'appelle David Frood, et je suis l'adjoint du député Joe Comuzzi.

• 1320

M. Joe Comuzzi: Je suis Joe Comuzzi, député de Thunder Bay—Superior-Nord.

Madame la présidente, je sais que vous vous êtes lourdement fait reprocher de venir à Thunder Bay au lieu d'un autre endroit septentrional, et je vous en sais gré. Je suis sûr que les exposés que vous entendrez cet après-midi témoigneront également de l'appréciation des gens non seulement à votre endroit, mais également à l'endroit des membres du comité, pour avoir si rapidement pris la décision—je crois qu'elle a été prise mercredi ou jeudi dernier—de venir à Thunder Bay entendre ce qu'il convient d'appeler les préoccupations des petites localités du Canada. Comme vous le savez tous, j'ai parfois l'impression que ces localités ne sont pas représentées adéquatement à Ottawa, alors que les mégacentres comme Toronto, Montréal, Halifax, Calgary, Edmonton et Vancouver semblent se tailler la part du lion de l'attention et, éventuellement, des ressources.

Je tiens tout particulièrement à remercier nos greffiers d'avoir préparé un ordre du jour très intéressant pour cet après-midi. Nous savons tous qu'il faut beaucoup de travail pour réunir les personnes indiquées.

Je tiens également à remercier très sincèrement les personnes à la table qui, malgré le peu de temps, ont décidé de venir nous faire un exposé. C'est très important qu'elles le fassent.

Et aux autres, nos attachés de recherche et tout particulièrement nos interprètes, qui ont empiété sur leur week-end pour se rendre ici hier et se préparer pour aujourd'hui afin de nous fournir la traduction, merci, c'est très apprécié, et je tiens à le souligner car en général, votre travail passe sous silence.

Des voix: Bravo, bravo!

M. Joe Comuzzi: Comme d'habitude, j'en ai trop dit.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Comuzzi, au nom du comité, nous sommes tout à fait enchantés d'être ici à Thunder Bay et de vous avoir ici, vous et M. Dromisky. Merci beaucoup.

Très bien, mesdames et messieurs, j'aimerais ouvrir la discussion. Comme l'a dit Lowther, nous sommes ici pour écouter et pour apprendre. Si vous voulez aborder sous une forme ou une autre les cinq questions ou une seule question que vous trouvez plus importante, c'est votre choix, mais nous allons le faire dans le style d'une table ronde.

Qui aimerait commencer? Si je ne vois pas de volontaires, je vais choisir.

Madame Miller, je vous en prie.

Mme Dusty Miller: D'une certaine façon, je ne me sens pas à la hauteur pour commencer, entourée comme je le suis en ce moment par plusieurs professionnels et administrateurs des arts. Toutefois, je vais commencer et je serai très brève. Cela dit, je ne serai peut-être pas tout à fait aussi diplomate que je pourrais l'être; toutefois, j'espère que vous comprenez qu'à mon avis, nous avons tous besoin de dire ce que nous avons à dire et je vais le faire rapidement.

Dois-je aborder la question numéro un?

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Vous pouvez aborder la question de votre choix ou toutes les questions.

Mme Dusty Miller: Pour l'instant, je vais m'en tenir à la première question. J'ai l'impression que nous serons plusieurs à dire des choses très semblables.

La première question m'a portée à me demander exactement quels étaient les programmes offerts par le ministère du Patrimoine canadien. Or il s'est avéré qu'il n'était pas aussi facile de répondre à cette question que je l'aurais cru. Toutefois, comme quelqu'un a pu nous faire parvenir beaucoup d'informations sur l'Internet et par télécopieur, nous avons pu nous renseigner très facilement.

Je pense que c'est là justement un peu le problème. On n'entend pas beaucoup parler des programmes, sauf dans des articles publiés dans les journaux ou par d'autres médias et en général, après un événement. Nous connaissons très bien les programmes qui n'existent plus, et particulièrement, le programme d'initiatives en immobilisation qui avait une grande importance pour les localités partout au pays puisqu'il permettait l'aménagement d'installations.

• 1325

Dans la ville de Thunder Bay, nous avons la bonne fortune de posséder le Centre des jeux du Canada qui a été financé dans le cadre d'un programme que le gouvernement fédéral, le gouvernement provincial et la municipalité financent en parties égales. Évidemment, il y a aussi les levées de fonds. Nous possédons également un auditorium communautaire, mais je ne vais pas couper l'herbe sous le pied de Clint, car il s'y connaît beaucoup mieux que moi à ce sujet. Toutefois, l'important, c'est que cette installation a également été financée dans le cadre de ce programme tripartite. Nous n'aurions ni l'une ni l'autre de ces installations précieuses sans ce programme et c'est donc incroyablement important pour nous.

Nous tentons actuellement de construire un petit théâtre. En fait, c'est en partie un projet de remise en valeur d'un bien patrimonial puisqu'il s'agit de préserver la plus ancienne école de la ville de Thunder Bay. Elle se trouve dans un parc, c'est magnifique et c'est l'un des premiers parcs de tout le Canada. Nous voulons construire un théâtre là, en ajout à l'arrière de l'école. C'est un projet magnifique.

• 1330

Là encore, je dois dire qu'en ce qui concerne la levée de fonds, la province a été excellente, la ville a bien fait sa part et les habitants de Thunder Bay et du nord-ouest de l'Ontario aussi. Mais l'appui du gouvernement fédéral a été minime et cela nous déçoit beaucoup. Je suppose que je considère parce que j'ai été élue municipale, non pas pour un parti, mais au niveau de la municipalité. D'après ma propre expérience, il ne semble pas exister de financement discrétionnaire. Le financement est orienté ailleurs et je ne sais pas comment nous pouvons en tirer profit. Nous ne semblons pas remporter beaucoup de succès à tirer parti des programmes du gouvernement fédéral.

Je ne peux donc pas m'empêcher de m'interroger sur l'uniformité. Comment se fait-il que certains endroits obtiennent du financement, mais d'autres non et comment pouvons-nous nous renseigner sur ce que nous avons à faire, sur ce qu'il nous faut mettre en place ou que sais-je pour y parvenir? Voilà à mon avis la principale question. Je pense que pour nombre d'entre nous, et d'ailleurs c'est la même chose partout au pays, parce qu'il n'y a eu aucun financement des installations depuis si longtemps, nous nous retrouvons avec un grand nombre de théâtres et d'installations en très mauvais état.

Vous connaissez la situation du milieu des arts, je n'ai pas à vous l'expliquer, et la difficulté de trouver des fonds. Nous faisons tous des levées de fonds constamment, tout le temps, pour survivre.

C'est la même chose pour les orchestres symphoniques, avec M. Comuzzi et Mme Vaugeois. Nous avons un problème terrible avec le ministre fédéral du Revenu. Pourquoi ne pouvons-nous pas obtenir de l'aide? Certains en obtiennent. Si l'orchestre symphonique de Montréal peut obtenir de l'argent pour l'aider à augmenter les salaires lorsqu'il y a une grève, pourquoi ne pouvons-nous obtenir de l'aide...? Presque tous les orchestres symphoniques du pays se trouvent dans la même situation que nous. Or tout à coup, nous avons de la difficulté avec le ministère du Revenu.

J'ai soulevé ces quelques points au fil de la discussion et je suis persuadée que les autres y ajouteront quelque chose.

La présidente intérimaire (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Kuschak, voulez-vous prendre la relève?

M. Clint Kuschak: Oui, et je vais d'abord parler de Arts et Heritage Alliance qui est un réseau, comme je l'ai déjà expliqué, et ce sont donc des propos que vous entendrez souvent répétés ici.

L'Alliance n'existe pas depuis longtemps, peut-être depuis cinq ou six ans et sa seule expérience du financement fédéral remonte aux championnats mondiaux de ski nordique de 1995 qui ont eu lieu à Thunder Bay. Comme nous étions sur la scène mondiale, après avoir formé l'Alliance nous estimions qu'il était très important d'ajouter à cet événement sportif un festival ou une composante culturelle, une première pour cet événement. Nous avons réussi à le faire. Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec le ministère des Communications de l'époque et obtenu un financement grâce à une initiative de la Arts and Heritage Alliance et du conseil d'administration des championnats et nous avons pu ainsi présenter un festival culturel.

J'aimerais également dire que depuis la création de cette alliance, nous avons de plus en plus d'occasions, comme réseau, de participer à des initiatives fédérales, provinciales et municipales. Auparavant, comme l'a dit Dusty, il était très difficile de se renseigner au sujet des programmes et souvent, nous n'en entendions parler qu'une fois la date limite atteinte. Nous rations donc de nombreuses occasions. Maintenant Arts and Heritage Alliance et Arts and Heritage Thunder Bay nous permettent de nous renseigner plus rapidement sur ces initiatives et manifestement, nous apprenons à être de meilleurs partenaires en tirant parti de toutes les possibilités.

Pour conclure, je peux peut-être ajouter qu'il nous faut une représentation au sein du Conseil des Arts et du Conseil des Arts de l'Ontario. Nous avons fait des ouvertures auprès des deux conseils. Nous pensons qu'il est très important d'obtenir ce genre de représentation au sein des principaux conseils de financement et d'innovation.

Je vais attendre, pour parler de l'auditorium communautaire, que les autres aient eu l'occasion de prendre la parole.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Kuschak, pour bien comprendre ce que vous entendez par «représentation», voulez-vous dire que vous voulez une personne de chez vous au Conseil des arts du Canada?

• 1335

M. Clint Kuschak: Dans l'idéal, il serait souhaitable que nous ayons un membre au conseil d'administration du Conseil des arts de l'Ontario—nous avons soumis des candidatures. Le gouvernement les examine. Pareillement, au niveau fédéral, si de temps à autre nous pouvions avoir un représentant au Conseil des arts, de Thunder Bay ou d'une localité voisine... En outre, évidemment, il serait merveilleux d'avoir une personne affectée dans une région voisine, à Sault Ste. Marie ou à Thunder Bay, car nous savons tous, comme professionnels, que parfois, c'est le personnel qui fait la différence. Nous l'avons certainement vu dans le cas du Conseil des arts de l'Ontario qui avait pu se permettre de créer un poste. Ce poste a maintenant été tellement réduit qu'il n'existe plus à toutes fins utiles. Il faut maintenant que nous fassions des pieds et des mains, pour savoir, grâce à l'Internet ou autrement, quels sont les programmes et les politiques du Conseil des arts de l'Ontario.

Je comprends que c'est une question d'argent et peut-être ces conseils ne peuvent-ils pas se le permettre constamment, mais vu la géographie et la distance entre Winnipeg et Toronto, il y aurait peut-être lieu de créer un poste même s'il n'est que saisonnier ou à temps partiel.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Madame Esdon, je vois que vous opinez.

Mme Heather Esdon: Je peux en attester. Je suis membre de l'Association canadienne des artistes de la scène, le syndicat canadien qui représente les artistes de la scène. Je relève du bureau de l'est de l'Ontario. Je ne sais trop pourquoi, sauf que j'ai habité Ottawa pendant de nombreuses années, c'est là que j'ai commencé ma carrière. Géographiquement, il n'y a aucune raison pour que ce bureau représente mes intérêts. Je n'habite pas au Manitoba mais c'est là le plus proche bureau et à Toronto, il y a des dizaines de milliers de membres et donc je ne veux vraiment pas être représentée par le bureau de Toronto.

Les besoins des artistes qui vivent ici à Thunder Bay, surtout les artistes indépendants qui tentent de faire carrière dans ce vaste pays, sont énormes. Même les coûts de la formation, d'auditionner dans mon cas, sont tout à fait prohibitifs. Il ne faut pas très longtemps pour sortir du circuit. On peut dire qu'on a maintenant accès à l'Internet, et il y a peut-être d'autres médias techniques qui peuvent servir certaines disciplines artistiques, mais je crois passionnément à la présence de l'artiste sur scène. Je refuse de me réduire à une réalité virtuelle qui est diffusée sur l'Internet. Toutefois, je ne peux pas me permettre de dépenser des centaines et des centaines de dollars pour tenter de me présenter à chaque audition dans d'autres grands théâtres du pays.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Madame Kozyra, je vous ai vue faire signe de la tête.

Mme Catherine Kozyra: J'aimerais dire quelques mots au sujet des points qu'a soulevés Heather.

C'est la même chose pour ceux d'entre nous qui travaillent dans les arts visuels. Le contact, surtout avec notre représentant fédéral, c'est-à-dire Michel Gaboury, est très espacé et sa dernière visite ici remonte à 1992. Heureusement, nous avons pu maintenir le contact surtout grâce aux réunions de l'ARCO qui se tiennent une fois par année. Mais encore une fois, comme l'a dit Heather, il est très coûteux et prohibitif d'envoyer des représentants d'ici.

Je pense que l'une des difficultés, des problèmes très réels que nous éprouvons à mettre sur pied une communauté artistique forte ou une communauté artistique mieux renseignée vient du fait que les particuliers n'ont pas la possibilité de côtoyer d'autres artistes et de se renseigner de première main. Je pense également que l'Internet, tout en ayant une grande valeur, comporte un élément de distance et je ne pense pas que l'on puisse tout réduire à une réalité virtuelle. Il nous faut des oeuvres d'art, de la musique et du théâtre vivants, réels, ici dans la communauté mais il nous faut également pouvoir côtoyer d'autres artistes afin de nous développer et d'acquérir de la confiance en nous-mêmes et au sein de notre communauté. Nous savons qu'il existe toutes sortes de possibilités, toutes sortes de nuances plus subtiles qu'on ne peut pas percevoir sans contacts personnels, sans relations personnelles avec les autres. Je pense que c'est vraiment important.

• 1340

Apparemment, Michel essaie de venir nous voir. Lorsqu'il est venu, c'était une visite importante car à ce moment-là, je pense que notre galerie était menacée. C'était en partie parce que les intéressés étaient si isolés qu'ils ne comprenaient pas les subtilités de ce qu'exigeait de nous le Conseil des arts du Canada. Au fil des ans, on a travaillé à remédier à cette situation, mais je pense que les critères sont mieux diffusés ou mieux compris lorsque les gens se rencontrent.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Madame Brophy.

Mme Maureen Brophy: J'ai quelques commentaires au sujet de la première question. Nous avons la chance, à Thunder Bay, d'avoir un poste local de CBC, CBQ. Je considère qu'il s'agit là d'un des trésors culturels de cette région. J'espère que cette initiative culturelle fédérale sera maintenue.

L'isolement géographique auquel nous faisons face dans cette région ainsi que les grandes distances dont vous avez certainement souvent entendu parler signifient que la station de CBC est presque une nécessité pour nous si nous voulons savoir ce qui se passe, non seulement dans la communauté, mais dans la région, sur le plan culturel et sur d'autres plans aussi. Cela nous aide vraiment à créer une identité culturelle et on semble y accorder une beaucoup plus grande importance au contenu canadien que dans les postes de radio privés. À l'échelle locale, le poste de CBC a été un partenaire communautaire dans plusieurs événements communautaires tels que la série de concerts l'Été dans le parc. Pour nous à Thunder Bay, je pense que c'est vraiment quelque chose que nous voulons voir continuer.

Le Conseil des arts du Canada a un autre programme qu'offre le ministère du Patrimoine canadien que nous aimerions voir continuer. C'est probablement le seul organisme auquel font appel la plupart des groupes culturels de cette ville.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Monsieur Dromisky.

M. Stan Dromisky: Si vous le permettez, j'aimerais intervenir juste un instant. Je serai très bref. Je veux dire quelques mots parce que je ne veux pas que l'on perde de vue l'idée qu'a lancée Clint, celle d'un membre au Conseil national des arts. Je ne sais pas au juste si vous parliez d'un membre à temps partiel ou d'une représentation occasionnelle.

J'aimerais que ce comité recommande une représentation permanente de cette région au Conseil des arts du Canada. Cela ne signifie pas le même représentant à tout jamais, mais il devrait y avoir quelqu'un de ce coin du pays. Je le dis parce que les membres du Conseil des arts du Canada et du Conseil des arts de l'Ontario, par exemple, viennent essentiellement de certains centres. Pour cette raison, ils ont un point de vue tout à fait différent et une attitude différente en ce qui concerne le reste du pays. Par exemple, il est très facile pour le Conseil des arts de l'Ontario de sabrer à gauche et à droite en disant que les gens n'ont qu'à se débrouiller pour trouver de l'argent. C'est très bien à Toronto, où se trouve la grande majorité des sièges sociaux, mais il y a des centaines de communautés au pays qui n'ont pas de siège social et où on n'a pas accès à ce financement généreux.

Il est donc très important que l'on trouve au sein de ces conseils des gens dont les attitudes sont différentes. Je vous donne un exemple et ensuite je vais me taire. La Ontario Ballet Company est la seule qui, ces dernières années, s'est rendue dans toutes les petites localités et a donné des représentations dans les écoles secondaires, primaires, les salles communautaires, etc. La troupe s'est rendue à Kapuskasing; c'est la seule qui s'est rendue dans toutes les localités de l'Ontario, même à Atikokan et Ear Falls. Toutefois, nous avons réduit son financement au niveau fédéral et nous avons complètement éliminé son financement au niveau provincial. On a ainsi détruit une troupe de plus de 20 danseurs professionnels. Pourquoi? Parce que les gens se disaient: il y a trop de troupes de danse à Toronto. Voilà la principale raison, une perspective tout à fait fausse sur un service formidable qu'une troupe offrait à toutes les localités isolées du nord-ouest et du nord de l'Ontario.

• 1345

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Madame Godwin, suivie de Mme Vaugeois.

Mme Sharon Godwin: Peut-être puis-je donner plus de précisions au sujet des programmes de subventions dont a profité notre musée. Vous vouliez savoir ce qui fonctionne bien et ce qui ne fonctionne pas.

J'appuie tout à fait le Conseil des arts du Canada qui a joué un rôle très important dans notre musée. Nous nous sommes prévalus de presque tous les programmes de subventions. Nous trouvons les lignes directrices très claires. Nous savons ce à quoi on s'attend. Le Conseil sait de quoi nous avons besoin. On nous prévient au moment opportun lorsque nos subventions vont nous être accordées et elles nous sont accordées. Nous avons l'impression que l'attribution de leur financement se fait de façon vraiment très indépendante. Lorsqu'on nous prévient que nous allons obtenir de l'argent, nous obtenons de l'argent. Nous soumettons des rapports au Conseil et nous entretenons d'excellentes relations. Je pense que le Conseil des arts a vraiment influé de façon très positive sur la croissance de notre galerie.

Nous avons eu recours à de nombreux autres programmes fédéraux. Nous sommes tout à fait en faveur du maintien du Réseau canadien d'information sur le patrimoine. L'Institut canadien de subventions, la Division des biens culturels meubles—évidemment, il nous faut tout cela et c'est très important et cela fonctionne très bien.

L'Association des musées canadiens obtient du financement du gouvernement fédéral pour des emplois pour étudiants, ce qui est essentiel pour former nos administrateurs et ceux qui travaillent dans les arts. C'est probablement le meilleur programme du genre au pays parce qu'il répond très précisément à nos besoins et à ceux des étudiants. Ce programme nous est très cher. Évidemment, le programme d'aide aux musées constitue la source principale de notre financement.

Nous avons vu le jour comme centre national d'exposition. Vous connaissez probablement ce programme. On a construit 26 musées au pays dans les années 70, dont le nôtre. Nous avons dépassé cette étape. Ce programme n'existe plus vraiment, et le financement qui en provenait fait maintenant partie du financement de l'accès et des services. Nous devons présenter une demande. Cela a très bien servi notre musée. Nous avons réussi à obtenir un financement supérieur parce qu'on s'est rendu compte que nous avions dépassé le stade du centre national d'exposition.

Les critères du programme d'aide aux musées sont souples. Je pense que cela fonctionne bien parce que nous avons tous le même objectif. Nous sommes ici pour protéger et promouvoir notre culture et notre patrimoine et les arts dans ce pays et pour éduquer la population à cet égard. C'est le mandat de ce programme. Je pense aussi qu'il garantit l'accès au public, ce dont nous avons absolument besoin. Il nous faut une certaine stabilité de façon à pouvoir continuer et à montrer aux gens ce que nous faisons.

Toutefois, j'ai quelques préoccupations au sujet de ce programme et j'espère que c'est l'endroit pour les énoncer, car nous avons des sujets de mécontentement. Comme quiconque, je sais à quel point il est difficile de gérer des programmes, d'apporter des changements et de donner satisfaction à tous. Toutefois, dans ce cas-ci, je pense qu'il s'agit de questions simples que l'on peut régler.

Il y a d'abord le fait que l'avis de subvention est une étape très frustrante. Il y a un an, nous tentions d'obtenir du financement dans le cadre de ce programme et on nous a prévenus le 15 décembre. C'est à ce moment là que nous avons reçu notre chèque. L'année était terminée. Nous offrons donc des programmes, dans l'espoir que nous recevrons l'argent. Nous avons reçu le chèque 15 jours avant la fin de l'année. Heureusement, mais c'était un peu effarant. Cela peut sembler minime, mais pour nous cela entraîne de réels problèmes de liquidités. Nous devons miser sur le fait que nous allons recevoir ou non l'argent.

• 1350

En outre, nous n'avons pas vraiment l'impression que nous recevrons l'argent, mais nous avons l'impression qu'il existe certains pouvoirs discrétionnaires. Peut-être les priorités ministérielles ont-elles préséance dans le cas d'une partie du financement. Une année, il est arrivé qu'on réduise le financement en cours d'année financière, pour le réaffecter à d'autres priorités. C'était très difficile parce que nous comptions sur cet argent. D'autres musées se sont vus dans la même situation. Il n'y avait pas que Thunder Bay. Il est donc très difficile pour nous de fonctionner.

Nous sommes également un peu inquiets, parce que nous savons qu'il y a une date limite pour le PAM, le 1er février. Cette date est passée depuis longtemps et nous n'avons pas reçu le formulaire de demande. On nous dit que c'est pour bientôt et nous comprenons à quel point il est difficile de remanier un programme, mais nous sommes très préoccupés par le fait qu'encore une fois, il s'écoulera probablement huit ou neuf mois avant que nous ne soyons prévenus que l'argent est en route. Je dois dire que nous sommes reconnaissants de tout financement et que nous ne saurions nous en passer, mais il très difficile de fonctionner de cette façon.

Nous croyons également savoir que de nouvelles priorités ont été fixées par le programme. Nous n'avons rien reçu par écrit. En fait, à ma connaissance, personne nulle part au pays n'a reçu quoi que ce soit par écrit au sujet du nouveau programme. Nous croyons savoir que les priorités sont plus ou moins fondées sur les expositions itinérantes. C'est ce que nous avons entendu dire. Encore une fois, j'ai pu parler à un des fonctionnaires qui a été très obligeant. Je ne critiquerais jamais le personnel, car tous les employés sont formidables et nous aident beaucoup, mais il est très difficile d'apprendre quand nous devons présenter une demande et quelles sont ces nouvelles priorités.

Nous craignons que les musées de taille moyenne ne soient pas vraiment en mesure de respecter les nouveaux critères et les nouvelles priorités s'il faut vraiment commencer à se déplacer encore plus avec des expositions. Vous comprendrez que cela peut être difficile. Il est très coûteux de changer tout à coup votre programme et de commencer à se déplacer dans le Canada. Nous ne savons pas au juste qui a pris cette décision, ni s'il y a eu des consultations préalables. Nous sommes un peu dans le noir en ce qui concerne le programme d'aide aux musées.

En dernier lieu, j'aimerais dire qu'en ce qui concerne les immobilisations, le programme d'aide aux musées prévoit également un appui aux collections. Cela a très bien servi notre musée. Cela semble être le seul endroit où nous pouvons obtenir du financement pour les rénovations. Plusieurs musées de la même taille que le nôtre, ont été construits au cours des années 70 et il faut maintenant les rénover et les moderniser. Je le sais parce que nous avons reçu du financement dans le cadre du PAM, et nous en sommes très reconnaissants, afin de moderniser nos contrôles climatiques. Nous savons que de nombreux autres musées ont également besoin de le faire, c'est très important, car il faut les bonnes conditions de température, mais peu d'autres programmes offrent ce genre de financement.

Je n'ai pas entendu parler de modifications au programme, mais j'essaie de souligner la crainte de l'inconnu. Il nous faut un programme comme celui-là, parce que nos installations, construites en grande partie par le gouvernement fédéral, ne seraient plus là sans ce genre d'appui. Il nous faut savoir que le gouvernement peut toujours les financer et les maintenir.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Madame Vaugeois.

Mme Lise Vaugeois: Oui, j'aimerais amplifier un peu ce qui a déjà été dit, surtout au sujet des inégalités entre diverses régions du pays, l'accès inéquitable aux ressources.

Dusty a parlé du poste CBQ et de sa valeur pour la collectivité et j'aimerais appuyer ses propos. J'ai vécu et travaillé à Toronto pendant 15 ans comme musicienne. Il y a des différences très précises quant à ce que je peux faire maintenant comme artiste, du profil que j'ai maintenant. Lorsque je vivais à Toronto, je faisais partie d'un groupe que diffusait souvent la radio de CBC à l'échelle nationale et régionale et j'étais également rémunérée pour ces services. Ici, nous avons la radio de CBC, mais son budget est tellement limité que ce poste ne peut même pas diffuser l'Orchestre symphonique de Thunder Bay à partir de notre propre auditorium.

• 1355

Il est impossible de faire enregistrer les concerts de musique de chambre, si bien que les musiciens de Thunder Bay n'ont pas accès au financement de CBC en tant que musiciens de spectacle. Nous sommes également privés de la publicité que nous apporterait ce genre d'émissions à titre personnel et en tant qu'orchestre. Nous aurions aussi la possibilité d'accroître notre réputation au Canada, mais nous ne pouvons le faire parce que personne ne nous connaît. Nous ne sommes jamais diffusés. La plupart des orchestres régionaux sont diffusés dans tout le pays—c'est du moins le cas pour les orchestres du sud de l'Ontario. C'est pourquoi on ne nous reconnaît qu'un statut artistique inférieur.

Je suis la même musicienne que lorsque j'habitais à Toronto, et à l'époque, les gens de Vancouver pouvaient m'entendre jouer. Notre station de CBC n'a jamais eu assez d'argent pour nous diffuser, mais j'ai bien du mal à comprendre qu'elle en ait encore moins aujourd'hui. Je suis convaincue que le rôle de la SRC au Canada est essentiel pour l'ensemble du secteur culturel. Il faut rétablir globalement le financement de la SRC, et même l'augmenter dans les régions éloignées.

Je voudrais aussi parler du domaine fiscal et de la situation de l'Orchestre symphonique de Montréal, dont les musiciens se sont mis en grève pour obtenir une rémunération égale à ceux des orchestres les mieux rémunérés au pays. Je ne conteste pas leur démarche, mais je m'interroge sur le fait que les gens de Thunder Bay qui sont intervenus auprès du ministère du Patrimoine canadien n'ont reçu aucune réponse.

Pour des postes à plein temps, les musiciens de Thunder Bay gagnent de 14 000 $ à 18 000 $ par an. Nous avons tous fait des études universitaires. La plupart d'entre nous avons étudié à l'étranger, parfois avec l'appui du Conseil des arts, mais parfois également à nos frais. Nous devons constamment payer de notre poche pour entretenir aussi bien notre talent que notre instrument. Notre orchestre est menacé dans son existence même à cause de notre situation fiscale et aussi à cause du problème de financement. Nous formons un groupe de personnes qui contribuent massivement au développement culturel de la communauté dans laquelle nous vivons. C'est ce qu'on a vu de façon très évidente lorsque nous avons lancé un appel qui nous a rapporté un appui très fort de la communauté. Dans ce cas, comment peut-on accorder un soutien aux musiciens de l'Orchestre symphonique de Montréal en refusant le même soutien aux musiciens de l'Orchestre symphonique de Thunday Bay? Peut-être ces derniers jouent-ils un rôle encore plus important dans une communauté de la taille de la nôtre que les organismes artistiques des plus grandes villes.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger: Je voudrais revenir sur ce qu'a dit Mme Godwin à propos du PAM.

Je crois savoir que le financement de ce programme va passer de 7 à 9 millions de dollars au 1er avril. De surcroît, la Chambre a été saisie du projet de loi C-64, si je me souviens bien, où il est question d'expositions inhérentes, qu'elles soient d'origine étrangère ou canadienne, qui n'auront plus besoin de prendre en charge elles-mêmes leurs frais d'assurance. Elles en seront exonérées, car il s'agit d'un programme par lequel le gouvernement canadien se charge de les assurer sous réserve de certaines conditions. Je ne sais pas si vous êtes au courant de ce programme.

M. Sharon Godwin: Je ne l'étais pas, et je vous en remercie.

M. Mauril Bélanger: Parfait.

Ce projet de loi est toujours à l'étude. Quant à savoir si la Chambre aura le temps de s'en occuper, nous espérons qu'il sera adopté avant l'ajournement de juin. Je sais que nous en avons parlé à M. Mark, qui est le porte-parole du Parti réformiste. En ce qui concerne le ministère, et il nous a dit que son parti n'allait pas s'opposer à l'adoption du projet de loi. Je ne connais pas les intentions des autres partis. À première vue, il semble avoir été très bien accueilli et on peut donc prévoir qu'il pourra entrer en vigueur assez rapidement. Je voulais simplement vous faire part de cette information.

• 1400

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur Bélanger.

Chers collègues, je vous invite à participer au débat. Il s'agit d'une table ronde; n'hésitez donc pas à poser des questions.

Je donne tout d'abord la parole à Mme Carter, puis à M. Sauvageau et à M. Comuzzi.

Mme Dorette Carter: Je dois d'abord préciser que je suis canadienne jusqu'au bout des ongles, et qu'il faut donc prendre mes propos dans ce contexte. Je vais commencer par des généralités, pour passer ensuite à des particularités. J'ai beaucoup d'expérience, c'est sans doute l'un des rares privilèges de l'âge.

Le gouvernement du Canada et son ministère du Patrimoine canadien devraient s'efforcer de jouer un rôle d'agent de voyage en ce qui concerne le passé et le présent culturel du Canada. Ce rôle d'agent de voyage faciliterait l'accès à la vaste et riche culture du Canada, tout en faisant sans concession la promotion d'un patrimoine qui n'a rien à envier à celui des autres pays, pas même de nos voisins du sud.

Je ne suis pas ici pour faire le procès des États-Unis, mais le rôle du gouvernement en tant que législateur, autorité de réglementation et grand financier, est très important en ce qui concerne la définition des normes et des objectifs. Tant que le gouvernement fédéral ne sera pas fier de notre pays, comment les Canadiens pourraient-ils être fiers d'eux-mêmes? Cette absence de fierté apparaît constamment dans l'érosion du soutien financier, que ce soit au niveau de notre réseau national de télédiffusion, de notre théâtre, de nos orchestres symphoniques, de nos arts visuels ou de notre culture matérielle.

Comme je l'ai dit, j'ai parcouru bien du chemin et je mène toujours le même combat qu'à la fin des années 70, lorsque je suis sortie de l'université. J'ai poursuivi mes activités dans ce secteur parce que je crois passionnément à mon pays, en son passé et en un avenir que j'imagine absolument extraordinaire. Je suis fatigué d'entendre des gens nous définir par ce que nous ne sommes pas. Je suis persuadée qu'à moins que le gouvernement fédéral—et en particulier son ministère du Patrimoine canadien, le bien nommé—ne reconnaisse la valeur du pays et de ses habitants et n'en fasse aucun mystère, nous ne pourrons pas aborder le XXIe siècle avec confiance. On va en arracher.

Je voudrais en particulier parler des musées. Le musée de Thunder Bay est actuellement dans sa 91e année. Il a traversé des périodes intéressantes, et même si je n'ai pas passé toutes les années 90 ici, j'ai parfois l'impression d'avoir toujours été là. Le musée était aux premières loges pour enregistrer l'histoire de cette communauté et de cette partie du lac; il s'en sert maintenant pour tirer des perspectives intéressantes.

En ce qui concerne les programmes bénéfiques pour les musées, je voudrais faire écho aux propos de Dusty sur la niche culturelle du programme et sur l'aide financière qu'il apporte. Le vieillissement rapide menace toutes les institutions artistiques. Il n'est pas particulier aux galeries d'art—même si j'appuie totalement Sharon à ce sujet—mais il vise particulièrement les musées, car nous souffrons toujours du syndrome de la fin de siècle. De nombreux musées ont été construits en 1967, mais ils tombent en ruines. À moins que nos musées ne soient de classe mondiale, personne, pas même les habitants des localités où ils se trouvent, ne peut en être fier. Nous en arrachons. Nous courons en tous sens avec des seaux... Je pourrais vous réciter toute une liste de plaintes concernant l'état de nos bâtiments.

Les initiatives culturelles comportaient autrefois un programme d'aide à la gestion. Ce programme a été abandonné parce qu'il était trop peu connu ou parce qu'on ne savait pas comment y accéder. C'était pourtant un programme conçu en fonction d'un objectif dont on nous rebat constamment les oreilles, à savoir la nécessité de se comporter comme des chefs d'entreprise, de s'en tenir à des plans d'entreprise et d'améliorer constamment ses compétences en gestion. Ce programme a disparu à la fin des années 80, vers 1986 ou 1987, et c'est très malencontreux, car notre communauté souffre depuis deux ans d'un manque cruel d'assistance, comme de nombreuses autres communautés au Canada.

En particulier, je voudrais appuyer les propos de Sharon concernant le PAM. Je suis donc très heureuse d'apprendre qu'on envisage de rétablir le programme d'assurance pour les expositions itinérantes. J'en suis ravie. Mais on a limité considérablement l'accès aux fonds de conservation dans le cadre du programme d'aide aux musées; ce fut une décision bien singulière. Au lieu d'appeler la conservation par son nom, il faut maintenant l'appeler de différentes façons. C'est très gênant, car nous aimerions pouvoir dire précisément ce que nous voulons au lieu de tourner autour du pot pour obtenir des crédits.

• 1405

La conservation est très importante, non seulement du point de vue du traitement des arts, mais aussi d'une perspective préventive. Je voudrais ici parler de l'Institut canadien de conservation, qui est l'un des succès les plus incroyables que le gouvernement ait jamais financé dans le domaine des musées. Cet institut est à l'avant-garde de la recherche au niveau international. Notre obsession des ordinateurs tend à toujours mettre en relief les effets de la technologie, mais cet institut a mis au point des traitements pour lesquels on le consulte de toutes les régions du monde.

J'ai voyagé dans de nombreux pays—généralement pendant mes vacances—et j'ai visité bien des musées. Le Canada a la réputation de former les meilleurs conservateurs du monde. Ils ne sont pas nombreux, mais ils sont toujours engagés dans les plus brefs délais. Au niveau universitaire, il y a non seulement un exode des cerveaux vers les États-Unis, mais en outre, nous perdons d'excellents techniciens. C'est un problème dont le gouvernement fédéral devrait s'occuper grâce à ses instituts, ses programmes et ses services régionaux. Les conservateurs font preuve d'une grande créativité en essayant de nous procurer de l'aide, mais les fonds disponibles sont très limités. On peut toujours les rejoindre par téléphone. Ils donnent de leur temps sans compter, et nous savons qu'ils le font bien souvent à titre bénévole. Mais en ce qui concerne la planification d'urgence, les ateliers régionaux et toutes les choses de ce genre, ils doivent trouver des solutions nouvelles pour assurer ces services.

En revanche, je ne suis pas d'accord avec Sharon en ce qui concerne le Réseau d'information du Patrimoine canadien. Il a été lancé il y a 25 ans et actuellement, il a désespérément besoin d'une révision. Il ne s'est pas maintenu au fait de la technologie. Son objectif initial, c'est-à-dire la constitution d'une base de données nationale, était tout à fait louable, mais nous pouvons maintenant entrer en contact beaucoup plus facilement avec nos musées régionaux et provinciaux qu'avec Ottawa. C'est un problème qu'il faut régler, car dans le domaine des musées, le fédéral a mauvaise réputation. Et cela n'augure rien de bon, je regrette d'avoir à le dire. Nous sommes obligés de leur dire comment gérer les collections et comment extraire de l'information des bases de données.

Pendant que j'ai la parole, j'aimerais passer en revue les autres éléments de ma liste.

J'aimerais aussi parler de l'amélioration ou du soutien du milieu artistique par l'intermédiaire des Affaires extérieures, mais ces activités ont toujours passé par le ministère du Patrimoine canadien et de son service de promotion des arts au niveau international. C'était un programme extraordinaire, qui avait un effet considérable sur les arts de la scène, les arts visuels et le patrimoine, parce qu'il nous permettait de voyager. Nous pouvions envoyer assez facilement une exposition à Minneapolis par l'intermédiaire de notre consulat. C'était beaucoup plus facile et beaucoup plus avantageux pour nous faire connaître.

Je voudrais aussi prendre quelques secondes pour parler de la technologie, qui a des conséquences considérables pour nous tous. Nous nous servons de ses bienfaits pour gérer nos expositions et nos collections. Ce qui est plus difficile, c'est de se tenir à jour en matière de changement technologique, ou du moins d'essayer de le faire. Cela comporte un fardeau financier dont la plupart des établissements s'accommodent mal. On investit dans les ordinateurs pour avoir accès à l'information, pour pouvoir améliorer nos collections, mais nous constatons au bout de six mois que les cartouches de nos imprimantes ne sont plus disponibles, alors qu'elles étaient à la fine pointe du progrès quand nous les avons achetées. On ne peut plus améliorer les ordinateurs parce que l'industrie de l'informatique a fait la même découverte que l'industrie de l'électroménager il y a bien des années, à savoir la désuétude planifiée. C'est la seule façon de gagner de l'argent. Nous nous sommes fait avoir à trois reprises au cours des six derniers mois en essayant de nous mettre à jour.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Sauvageau.

• 1410

[Français]

M. Benoît Sauvageau: D'abord, je tiens à vous dire que j'ai trouvé fort intéressant de voir comment vous portez à bout de bras les diverses activités culturelles d'une municipalité qui n'est pas à proprement parler une grande ville de l'Ontario.

Il en existe plusieurs comme celle-là, au Québec et partout au Canada, où des gens travaillent, souvent bénévolement et depuis très longtemps, à la survie et au maintien d'une activité artistique fort importante. La façon dont vous défendez votre domaine d'activité est vraiment toute à votre honneur.

Il faisait bon aussi d'apprendre que certains programmes du gouvernement fonctionnent bien, que d'autres pourraient être bonifiés pour vous aider davantage à maintenir en vie et à faire progresser, au sein de votre communauté, certaines activités importantes.

Je n'ai peut-être pas bien saisi, mais j'aurais deux brèves questions à vous poser, dont voici la première. Oui, le gouvernement fédéral peut et doit vous aider. Il le fait, parfois bien, parfois moins bien, mais il le fait quand même. Croyez-moi, ma question n'est pas biaisée, mais j'aimerais savoir si, sur le plan culturel, le partage entre ce que peut offrir le gouvernement provincial et ce que peut offrir le gouvernement fédéral, sur certains aspects des programmes, est toujours des plus heureux. Est-ce que leurs apports se complètent? C'est ma première question.

Voici la deuxième. Il est peut-être un peu facile de dire que le gouvernement fédéral pourrait bonifier ses subventions et le financement des divers programmes. N'y aurait-il pas d'autres sources de financement? Souvent, c'est des plus petites communautés qu'émergent les grandes idées. Y aurait-il d'autres sources de financement? Dans le document, il était question de fondation, d'aspects fiscaux. Vous dites en avoir assez de faire des campagnes de financement, du fund raising. Avez-vous pensé collectivement à d'autres formes d'aide au financement venant du gouvernement fédéral ou du gouvernement provincial, que ce soit à même l'imposition sur le revenu, en accordant un appui à l'établissement d'une fondation ou par un autre moyen de ce genre?

J'aimerais donc savoir si, de votre côté, vous n'avez pas pensé à d'autres formes de financement pour lesquelles nous pourrions quand même être un acteur important.

Je vous remercie.

[Traduction]

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Pouvez-vous répondre, madame Esdon? Je vous ai vue lever la main.

Mme Heather Esdon: Oui, je voudrais répondre au premier élément.

Évidemment, il faut faire une différence entre le rôle que peuvent jouer les gouvernements fédéral et provinciaux dans certains dossiers culturels. Le niveau de la formation artistique et culturelle en milieu scolaire nous tient beaucoup à coeur. Évidemment, le gouvernement fédéral ne peut pas jouer un rôle de chef de file en matière d'enseignement de l'art dans les provinces ou dans les communautés, mais cela n'excuse pas pour autant le gouvernement fédéral de ne pas participer sur un pied d'égalité et avec le même dynamisme à la mise en valeur de la formation artistique et culturelle.

De plus en plus souvent, les provinces prennent l'initiative de réduire le financement des arts dans les programmes scolaires. Au cours du dernier mois, nous avons eu une consultation communautaire avec le Conseil des arts de l'Ontario, et nous avons âprement débattu de ce sujet.

Je ne veux pas parler ici des artistes qui s'attendraient à recevoir de la formation dans les établissements d'enseignement public, mais je parle en tant que mère d'un enfant de sept ans, dont j'aimerais bien qu'à la fin de ses études, il sache apprécier les arts et comprenne qu'une oeuvre artistique est le fruit des efforts, de la passion et de la créativité de l'artiste, qu'il soit écrivain, danseur, musicien ou comédien. L'administration des arts, la diffusion de l'information et les établissements culturels qui nous permettent de nous réunir pour partager notre amour de la culture sont des éléments fondamentaux.

Mais on ne peut pas s'attendre à ce que tout cela tombe du ciel, et il est essentiel que le gouvernement fédéral ne se décharge pas de ses responsabilités sur les gouvernements provinciaux, que ceux-ci ne fassent pas la même chose avec les conseils régionaux des arts et que les grandes institutions artistiques ne fassent pas de même avec le simple citoyen. Chacun doit assumer ses responsabilités.

• 1415

Je crois que le gouvernement fédéral doit intervenir en tant que partenaire dynamique pour favoriser les arts et la culture et pour les mettre en valeur. Il est temps d'en revenir à la belle époque du multiculturalisme et de la diversité individuelle dont on parlait il y a quelques décennies, en particulier maintenant que nous devons faire face à l'autoroute de l'information. La technologie ne remplace pas l'être humain et elle ne saurait non plus remplacer les artistes.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): J'ai plusieurs noms sur ma liste: Mme Miller, Mme Imrie et Mme Kozyra. Mme Miller, nous vous écoutons.

Mme Dusty Miller: Merci.

J'ai beaucoup apprécié la question de M. Sauvageau. J'aimerais pouvoir vous répondre en français mais, hélas, j'en suis incapable.

Nous avons pratiquement tout essayé. Je peux vous assurer qu'à Thunder Bay, c'est... Je ne parle que du nord-ouest de l'Ontario. Notre région a une population clairsemée, mais le nord-ouest de l'Ontario couvre malgré tout la même superficie que la France. Je ne sais pas si les gens en sont bien conscients. Nous sommes aussi grands que la France.

Les communications et les transports dans notre région causent d'énormes difficultés, et les questions de technologie... Je me souviens qu'il y a 10 ans, la plupart des organismes, à part l'auditorium, n'étaient pas encore équipés d'ordinateurs, car ils n'en avaient pas les moyens. Et je peux vous dire que lorsqu'ils en ont acheté, ils n'ont pas pris les plus chers qui pouvaient faire des miracles. Et c'est toujours un problème pour nous.

Évidemment, l'auditorium constitue un fonds de dotation. C'est le genre d'initiative qu'il faut envisager, et nous l'avons fait. Mais je peux vous dire ceci, qui me semble très important: il fut un temps où, parmi les trois organismes subventionnaires, à savoir la province, le fédéral et la municipalité, c'était la municipalité qui donnait le moins d'argent. Maintenant, c'est elle qui en donne le plus, ce qui, à mon avis, indique bien que nous avons beaucoup de chance d'avoir un conseil municipal qui soutient résolument les arts et le patrimoine, avec l'appui convaincu de nos citoyens, mais je dois vous dire que ce n'est pas parce que les subventions de la Ville ont beaucoup augmenté; c'est plutôt parce que les subventions du Conseil des arts de l'Ontario, du Conseil des arts fédéral et des programmes à frais partagés, ont diminué de façon dramatique. Tout cela nous touche très durement.

J'ai dit que notre population était clairsemée. Mais comme nous vivons dans une région absolument merveilleuse, nous allons sans doute devenir une ressource essentielle pour le Canada au cours du prochain millénaire. Je ne plaisante pas, nous avons beaucoup à offrir.

Je veux simplement dire que nous avons tout essayé. C'est toujours ce que nous faisons. Nous avons l'Arts and Heritage Alliance, connue sous le nom de AHA. Je peux vous dire que bien des communautés pourraient se féliciter d'avoir une institution semblable, car elle permet à nos musées des beaux-arts d'échanger avec nos théâtres, qui peuvent eux-mêmes interagir avec nos musées, nos orchestres symphoniques, nos compagnies théâtrales, etc. Tout le monde peut communiquer et se parler de toutes les occasions qui se présentent. Tout le monde s'efforce d'établir des partenariats.

Maureen a parlé des partenariats avec CBC, mais il y en a bien d'autres, qu'on a pu établir grâce à cet organisme. La ville de Thunder Bay a adopté sa propre politique des arts du patrimoine. C'est l'une des rares municipalités canadiennes à l'avoir fait.

J'ai déjà représenté la ville de Thunder Bay au sein d'un organisme appelé Arts in the Cities, qui a connu son heure de gloire au début des années 90. Nous nous réunissions dans différentes villes du Canada, très souvent à Ottawa ou à Québec. C'était un organisme extraordinaire car il nous permettait—comme le disait tout à l'heure Cathy Kozyra—d'échanger sur nos problèmes, nos préoccupations et les solutions que chacun pouvait y apporter. Malheureusement, l'organisme n'existe plus et nous ne pouvons plus procéder ainsi.

• 1420

Je crois qu'il existe un véritable problème du fait que les programmes, comme l'ont signalé plusieurs personnes, ne parviennent pas à rayonner à partir du ministère du Patrimoine canadien. On ne nous dit pas assez rapidement ni assez clairement comment y accéder pour nous faire savoir ce qui est à notre disposition.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, madame Miller.

Mme Imrie et Mme Kozyra veulent intervenir sur le même sujet, et nous entendrons ensuite M. Comuzzi. Mme Imrie, c'est à vous.

Mme Diane Imrie: En réponse à vos deux questions, je voudrais confirmer ce qu'a dit Mme Esdon. Le gouvernement fédéral doit être le chef de file pour montrer l'importance du patrimoine et de la culture aux provinces et aux municipalités. Je viens de recevoir par télécopie un message de l'Association des musées canadiens, qui a participé à la séance à huis clos de présentation du budget et qui a remarqué que dans ce document de 500 pages, le mot «patrimoine» n'apparaissait pas une seule fois, tandis que le mot «culture» n'apparaissait qu'une fois. C'était le budget des dépenses, et le patrimoine en était totalement absent. Le gouvernement a effectivement libéré deux millions de dollars, mais apparemment, il n'en a même pas fait état dans le budget. C'est très préoccupant.

M. Benoît Sauvageau: [Note de la rédaction: Inaudible]... le gouvernement fédéral, si l'on réduit tous les budgets?

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Une personne à la fois, s'il vous plaît. Je ne peux pas...

M. Mauril Bélanger: Je voudrais encore me faire inscrire sur la liste.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Vous y êtes déjà inscrit.

Mme Diane Imrie: Il est essentiel que le gouvernement fédéral se porte à l'avant-garde pour faire savoir aux Canadiens que notre culture et notre patrimoine sont des éléments essentiels de notre identité, qu'il nous procure de nombreux bienfaits, sans pour autant coûter des millions et des millions de dollars. Lorsque les gens sont conscients de cette importance, il est beaucoup plus facile, pour les hommes politiques, de diffuser le bon message, ce qui nous apporte à tous une aide précieuse.

Ce qui serait également merveilleux—je ne sais pas si l'on va revoir cela un jour—ce serait la déductibilité fiscale intégrale des dons de bienfaisance. Donnez-nous les outils dont nous avons besoin pour lever des fonds. Celui-là était extraordinaire. Nous participons tous à des activités de levées de fond, mais si l'on ne peut pas dire à la personne sollicitée qu'elle va bénéficier d'une déduction intégrale... C'était extraordinaire. La perte de cet outil nous a lourdement pénalisés. De très nombreux organismes sollicitent des fonds. Cette déduction fiscale pour les dons de bienfaisance nous était très précieuse, et ce serait extraordinaire si nous pouvions en profiter de nouveau.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): M. Comuzzi veut poser une question.

M. Joe Comuzzi: Merci.

Lise, vous avez parlé de l'Orchestre de Montréal, des problèmes qu'il avait rencontrés et qu'il avait pu résoudre rapidement grâce à Patrimoine Canada. Aucun d'entre nous ne sait comment ces problèmes ont été résolus. Est-ce que vous pouvez nous donner des détails, s'il vous plaît?

Mme Lise Vaugeois: Je ne peux pas vous donner tous les détails, mais je peux vous dire que j'ai appris ce que je sais en regardant un documentaire de la SRC sur l'Orchestre symphonique de Thunder Bay, et où on citait en exemple la situation de l'Orchestre symphonique de Montréal. On y voyait une séquence où Sheila Copps participait à une cérémonie avec des membres de l'OSM et le commentaire indiquait qu'elle avait octroyé directement des fonds à l'orchestre pour mettre un terme à la grève des musiciens.

M. Joe Comuzzi: Connaissez-vous le montant de ces fonds?

Mme Lise Vaugeois: Non.

M. Joe Comuzzi: Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Nous pourrons vous fournir le renseignement, si M. Bélanger ne l'a pas déjà.

Mme Kozyra, M. Sauvageau, puis M. Kuschak.

Mme Catherine Kozyra: Je voudrais faire un certain nombre de commentaires.

Dorette Carter disait tout à l'heure qu'elle était canadienne jusqu'au bout des ongles, et je pense également l'être; en outre, j'aime passionnément le Nord, mais je pense qu'en tant que Canadiens et en tant qu'habitants du Nord, on nous donne l'impression que la vie et la culture se passent ailleurs et que ce que nous faisons n'a pas vraiment d'importance dans l'ensemble. Lise Vaugeois a dit des choses très importantes sur la nécessité de s'exprimer. Je crois que les arts visuels, en particulier, se heurtent à un grave problème, et c'est celui de la stabilité du financement.

• 1425

Les subventions fédérales et provinciales de notre galerie ont diminué environ de moitié depuis la saison de 1991-1992. Nous sommes tellement sur la corde raide que je ne sais pas si nous allons pouvoir continuer comme nous aimerions le faire.

Nous avons même du mal à faire connaître ce que nous faisons dans notre propre communauté. Nous estimons avoir la responsabilité, en tant qu'artistes, d'établir des contacts avec les autres artistes canadiens et de leur proposer ce qui nous semble important pour notre communauté; nous voulons entrer en interaction avec les autres artistes mais aussi, en tant qu'artistes régionaux, faire connaître nos oeuvres dans d'autres parties du pays.

Nos ressources s'amenuisent et nous ne bénéficions pas d'une masse critique de population, contrairement à des organismes qui peuvent rejoindre un public plus vaste, ce qui accentue encore nos difficultés, car la base des bénévoles dont nous dépendons est mise à forte contribution. Avec la diminution constante de nos ressources financières, nous ne pouvons plus engager suffisamment de gens pour faire le travail indispensable. Nous devons de plus en plus nous en remettre à quelques bénévoles.

Nous avons aussi un problème de création d'emplois. Les ressources sont si maigres qu'il devient difficile de conserver un lieu de présentation. Les locations sont beaucoup plus chères qu'on ne l'imaginerait dans une ville comme la nôtre. Par ailleurs, nos artistes n'ont guère la possibilité de gagner leur vie en dehors de leurs activités artistiques. Leurs possibilités de travail sont très limitées.

Au sein de la collectivité culturelle, il se passe beaucoup de choses, mais encore une fois, les activités reposent en totalité ou en partie sur le bénévolat et c'est très difficile, en particulier pour les gens qui ont de la formation et des connaissances qu'ils investissent dans la communauté, mais dont ils ne peuvent rien tirer sous forme de rémunération pour leur travail.

Dans les grandes villes, les artistes ont d'autres possibilités. Je suis sûre qu'ils éprouvent des difficultés partout, mais dans notre communauté, la marge de manoeuvre est très étroite.

Nous essayons de partager nos programmes et nos ressources avec des groupes comme le Musée des beaux-arts de Thunder Bay et avec les programmes proposés par l'Université Lakehead. En tant que créateurs, nous essayons de relier les activités de notre galerie aux programmes proposés à l'Université Lakehead, mais les artistes diplômés par cette université n'ont aucun endroit pour exprimer leurs talents dans la communauté, ce qui contribue à l'exode des cerveaux et des talents culturels dont notre région est victime.

Pour parler encore du domaine de l'éducation, je trouve moi aussi qu'il faudrait investir davantage d'argent dans les sociétés qui organisent des tournées pour pouvoir rayonner dans d'autres régions, car les gens d'ici ont très peu de possibilités d'établir le contact avec tout ce qui se passe ailleurs.

• 1430

M. Dromisky parlait tout à l'heure de la nécessité que des compagnies de ballet puissent présenter leurs oeuvres dans les villes éloignées, et je crois que les possibilités dans ce domaine étaient plus importantes au milieu des années 60, au temps de ma jeunesse, quand on pouvait voir le Ballet national se produire sur la scène de Manitouwadge. Certains danseurs disparaissaient derrière les rideaux parce que la scène était trop petite, mais les gens avaient du moins la possibilité de voir des spectacles.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

J'ai encore plusieurs noms sur ma liste. M. Kuschak a été très patient. Il sera le prochain à intervenir. Nous aurons ensuite une personne de l'assistance, Mme Wheeler, puis M. Lowther, M. Bélanger, M. Comuzzi, Mme Brophy et Mme Vaugeois. Je voudrais demander à chacun d'entre vous d'écourter son intervention de façon qu'on puisse donner la parole au plus grand nombre.

Nous allons commencer avec M. Kuschak.

M. Clint Kuschak: Je préfère que M. Comuzzi commence. Je crois qu'il voulait déjà intervenir tout à l'heure et qu'on l'a oublié. J'interviendrai après lui, si vous voulez bien.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): D'accord; monsieur Comuzzi, nous vous écoutons.

M. Michael Comuzzi: Merci.

Je crois que le gouvernement fédéral se montre très égoïste. Mon commentaire ne concerne que le nord. On nous aime lorsque les élections approchent, car la dernière fois, nous avons élu au fédéral deux députés libéraux. Je trouve qu'il est particulièrement injuste de nous refuser du soutien.

Nous avons connu un problème à l'Orchestre symphonique de Thunder Bay il y a trois ans, quand je venais d'arriver au conseil d'administration, et à peine six ou sept mois plus tard, Revenu Canada est venu contester le statut d'emploi de nos musiciens, alors que l'orchestre existe depuis 37 ans; que se passe-t-il donc? Le bon sens a-t-il disparu?

Je dirige une petite entreprise dans le nord de l'Ontario. J'ai fait deux ans de bénévolat auprès des musiciens et mon conseil d'administration s'est battu sur cette question, et il a perdu. Grâce à Dieu, Revenu Canada n'avait pas d'intention malveillante et je remercie ses fonctionnaires d'avoir du moins accepté de négocier avec nous. Nous avons perdu la partie à cause du libellé de la loi—et les fonctionnaires du fisc font leur travail, mais pour mettre un terme à cette situation... Je préférerais ne pas être ici aujourd'hui et pouvoir vous faire un pied-de-nez en disant que l'Orchestre symphonique de Thunder Bay n'a pas besoin du gouvernement fédéral.

Il y a deux ans, nous avions un partenariat avec l'auditorium communautaire. Nous étions sur la bonne voie et nous commencions à voir la lumière au bout du tunnel, mais nous avons été frappés par derrière. J'ai été jusqu'à demander un prêt—je ne demandais pas qu'on nous fasse un cadeau. Mais le gouvernement fédéral ne prête pas. Alors, que fait-il?

Avec tout le temps et l'argent consacrés à l'Orchestre symphonique de Thunder Bay depuis 38 ans, puis-je me permettre de tout laisser tomber en me contentant de jouer au ping-pong—c'est bien la bonne formule—entre le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial, sans savoir à qui parler... faut-il faire ceci, ne pas dire cela? C'est à tout fait absurde et on assiste à une détérioration irréversible.

J'ai deux jeunes enfants. Nous sommes tous allés à l'école à une époque où on suivait des cours de musique, on pouvait aller au théâtre et faire toutes sortes de choses. Est-ce que nous sommes en train de fabriquer des petits zombis pour en faire de bons Nord-Américains?

Diane a parlé des déductions accordées aux entreprises. Si vous ne voulez rien faire pour le Nord, est-ce que vous tenez quand même à pouvoir choisir? C'est ce qui semble se passer. On choisit des secteurs qui méritent plus que d'autres, je suppose, ou qui ont une plus large assiette fiscale, ou plus d'électeurs, ou autre chose.

Dotez-vous d'une politique. Dites à vos fonctionnaires de définir une bonne politique pleine de bon sens et qui pourrait être appliquée équitablement; mais pour l'amour du ciel, ne laissez pas tomber ceux qui vous appuient.

Voilà mes commentaires.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

• 1435

Monsieur Comuzzi, vous pourriez peut-être présenter au comité un résumé de vos problèmes avec Revenu Canada, en indiquant l'issue finale du conflit, puisque nous ne parvenons pas à obtenir le fin mot de l'histoire. Votre résumé sera intégré à notre rapport et tous les membres du comité en seront informés.

M. Michael Comuzzi: Certainement.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci. Vous pouvez le donner au greffier.

La prochaine intervention est celle d'une personne du public, madame Tanya Wheeler.

Mme Tanya Wheeler (coordonnatrice des ventes collectives et de la commandite, Old Fort William, Développement du tourisme, ministère du Développement économique, du commerce et du tourisme, gouvernement de l'Ontario): Je m'appelle Tanya Wheeler et je travaille au Old Fort William à Thunder Bay; c'est un site historique exploité par le ministère du Développement économique, du commerce et du tourisme, qui en est propriétaire. Je remplace ici ma patronne, qui m'a envoyée à sa place parce qu'elle sait que j'adore ça.

Je suis biologiste spécialiste de la faune et enseignante. Je fais de la consultation dans le domaine du tourisme depuis plusieurs années. Je travaille avec l'Association touristique autochtone du nord de l'Ontario. À ce titre et dans le cadre de mes activités actuelles au site historique d'Old Fort William, mes partenaires et moi-même faisons la promotion du tourisme culturel, du tourisme culturel autochtone et du tourisme écologique à Thunder Bay et dans le nord de l'Ontario.

Je suis une habitante du Nord et j'aime entendre le mot «passionné» qu'ont prononcé un certain nombre de personnes dans cette salle. Je suis moi aussi une enseignante passionnée.

Je voudrais aborder divers sujets, dont le premier concerne toute la gamme des mesures de soutien culturel fédéral disponibles actuellement. Je ne les connais pas très bien, car je ne m'occupe pas d'administration des arts; en fait, je m'occupe de ventes, mais je peux dire également que je fais la promotion d'une destination régionale. Ce que je constate, dans le domaine de l'administration des arts, c'est que ses responsables ne travaillent peut-être pas en collaboration assez étroite avec le monde du tourisme.

Pour que tout marche bien, je pense qu'il faut d'abord promouvoir la culture à l'école; or, je n'ai pas encore entendu prononcer le mot «enfants». Je crois que les enfants sont un élément essentiel dans l'évolution démographique. Il est essentiel de présenter des programmes d'enseignement culturel en milieu scolaire pour susciter l'intérêt des jeunes. Deuxièmement, il faut les présenter également au sein des communautés pour créer de l'emploi. Il ne sert à rien de susciter l'intérêt des jeunes si, par la suite, ils ne peuvent mettre cet intérêt à profit dans le travail. Voilà pour le côté pratique. Troisièmement, les tournées et les sociétés qui en organisent sont très bénéfiques. Il devrait y en avoir davantage.

Finalement, j'ai participer à la production d'un CD-ROM sur l'histoire du commerce de la fourrure au Canada; cette activité s'est déroulée à Old Fort William grâce au secteur privé et à des fonds provenant du gouvernement. J'ai une assez bonne formation historique également, car j'ai obtenu un certificat en histoire. J'aimerais que le gouvernement continue à mettre au point des programmes qui favorisent le développement des technologies multimédias. Je sais que Sheila Copps vient d'accorder certains crédits dans le cas de Patrimoine Canada. C'est ce qui devrait nous permettre de rejoindre les enfants à l'avenir. Sans vouloir faire de sentiment, je crois qu'il est essentiel que la communauté artistique reste à la fine pointe de la technologie, et le gouvernement devrait pouvoir lui venir en aide.

Je crois que c'est à peu près tout. Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Je reviens à ma liste; M. Lowther attend très patiemment.

M. Eric Lowther: Merci, madame la présidente.

J'apprends beaucoup de choses ici aujourd'hui. Je reste bloqué sur la cinquième question, qui concerne le rôle que devrait jouer le gouvernement fédéral. On a fait un certain nombre de propositions. J'ai essayé de répondre à cette question en écoutant les avis émis autour de cette table. Vous y avez plus ou moins répondu depuis le moment où j'ai levé la main pour intervenir, mais peut-être que quelqu'un aurait quelque chose à ajouter.

D'après ce que j'ai entendu, les gens veulent un meilleur accès aux programmes, sont frustrés par la façon dont les subventions sont annoncées et estiment que le gouvernement fédéral devrait prendre l'initiative. Quelqu'un a dit que les Canadiens devaient penser au patrimoine et à la culture. Nous devrions être fiers de ce que nous sommes. J'aime l'idée de l'abattement fiscal à 100 p. 100, car en l'espèce la population canadienne décide du type de culture qu'elle veut subventionner, ce qui traduit l'expression du peuple sans que quiconque impose sa vision de la culture. Quelqu'un a proposé de subventionner le réseau radiophonique de la SRC et cette idée me plaît.

Nous entamons ici la partie ouest de notre voyage et Thunder Bay n'est pas Toronto ni Montréal ni Vancouver, ce qu'apprécie la population de Thunder Bay. Je me demande si nous allons entendre un autre son de cloche ici quant au rôle du gouvernement fédéral par rapport à celui que nous entendrons dans ces villes. Je vais vraisemblablement poser le même genre de questions dans d'autres villes.

• 1440

Monsieur Comuzzi, si je résume votre pensée, vous dites que la politique devrait être claire et précise, car c'est la confusion la plus totale pour l'instant.

C'était un long préambule mais on demande à la question cinq quel rôle le gouvernement devrait jouer à l'avenir en faveur des industries culturelles. Quel est ce rôle? J'entends parler d'argent, mais il n'y a pas que ça, je crois. À votre avis, quel rôle le gouvernement fédéral devrait-il?

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Comme ma liste est très longue, chacun devrait peut-être réduire sa réponse au minimum. M. Kuschak a été très patient et nous passerons ensuite à M. Bélanger.

M. Clint Kuschak: Merci beaucoup. Je voudrais ajouter une dernière chose à propos de la première question et ensuite je répondrai à la cinquième question. J'essaie de ne pas déborder.

Notre groupe s'intéresse à la diffusion. Certains d'entre vous comprendront ce que j'entends par là. Nous ne sommes pas là simplement pour louer. Nous achetons et nous présentons divers types de programmes. Vous entendrez nos problèmes plus tard lors de vos audiences à Montréal lorsque l'Association canadienne des organismes artistiques présentera son mémoire au nom de nombreux groupes, diffuseurs, agents et groupes de gestion. Mais pour revenir au contenu canadien, pour que vous compreniez bien notre problème, le Canada doit produire davantage d'oeuvres d'artistes et de producteurs canadiens.

Nous présentons des comédies musicales, car c'est ce que dicte le marché. Nous sommes un peu las de présenter Oklahoma. Pourquoi n'y a-t-il pas de Saskatchewan? Pourquoi n'existe-t-il pas une version musicale des Beachcombers ou de La famille Plouffe? C'est dans ce contexte que j'ai grandi. Cela fait partie de mon patrimoine. Mais rien n'est produit. Soit les producteurs ne savent pas comment faire soit ils n'en ont pas les moyens. Nous sommes un réseau. Nous sommes prêts à diffuser.

Il y a des années nous avons acheté une production canadienne intitulée A Gift to Last. C'était très canadien. Le Gryphon Theatre a perdu la partie ouest de la tournée. Nous avons perdu de ce fait une production très rentable pour laquelle les billets se vendaient comme des petits pains chauds tout cela parce que les producteurs et les organisateurs n'ont pas fait leur métier. Soit ils n'ont pas réussi à bien financer ce projet soit ils ne savent tout simplement pas comment faire leur métier. Pourquoi nos homologues américains peuvent-ils le faire et pas nous?

Je vais passer directement aux suggestions. Nous voudrions que vous favorisiez les occasions données aux artistes de produire des oeuvres au Canada et de multiplier leurs ressources, par l'entremise du Conseil des arts du Canada ou d'autres organismes. Je pense que les artistes doivent mieux savoir ce qu'ils peuvent faire et si nécessaire, être mieux formés pour pouvoir accéder à ces programmes pour que davantage d'oeuvres canadiennes soient produites ici.

Le déclin de l'enseignement culturel atteint des proportions nationales maintenant. Je me rends compte que ce sont vraisemblablement les provinces qui en sont responsables. Peut-être faudrait-il organiser une tribune fédérale-provinciale pour discuter des éléments culturels proprement canadiens à ajouter aux programmes d'études à l'avenir. Il faudrait faire vite avant qu'il ne soit trop tard. Les provinces et les conseils scolaires pourraient ainsi avoir un cadre de référence.

Les organismes provinciaux et fédéraux n'ont pas de politiques très claires sur les salles de spectacle. Il y en a tant au Canada. Quelqu'un a évoqué le syndrome du centenaire. Nous construisons des installations, mais nous ne les subventionnons pas adéquatement. Nous en laissons la responsabilité aux municipalités surtout, et je crois que c'est injuste. À un moment donné, il faudrait qu'il y ait un partenariat fédéral-provincial. Je recommande le rétablissement ou la reconstitution des programmes d'initiatives culturelles dans un proche avenir. Il est injuste pour le Magnus Theatre d'avoir dû recourir à des solutions quasi politiques alors qu'un programme aurait dû s'en charger.

L'auditorium est un bel exemple d'installation subventionnée par un programme fédéral-provincial. Le gouvernement fédéral avait mis sur pied un programme d'initiatives culturelles car il en avait soupé de résoudre ces questions à l'échelle politique. Il voulait un programme. Nous avons été un des premiers organismes à être subventionnés au titre de ce programme.

Quant à nos recommandations, nous proposons la création d'un fonds culturel canadien et l'autorisation donnée aux particuliers et aux entreprises d'investir dans des organismes comme le Centre national des arts et la Compagnie d'opéra canadienne. Cela nous ramène à la réforme de la fiscalité des particuliers. Mais je crois qu'il faudrait suivre l'exemple des autres pays, qui permettent aux particuliers et aux entreprises d'investir dans leur culture. Nous n'avons ni les motifs ni les moyens de le faire.

• 1445

Je voudrais également qu'on se penche sur la création de fonds du patrimoine régionaux. Il en existe déjà. Je crois qu'il faudrait permettre aux collectivités locales de travailler ensemble pour décider de leurs propres priorités de temps à autre. Avoir une perspective nationale, c'est bien beau, mais le pays compte tant de régions. Je pense qu'il serait tout à fait opportun de songer à créer des fonds du patrimoine régionaux à l'aube du nouveau millénaire.

Il est manifeste que le Conseil des arts du Canada devrait être renforcé et que le recours à ses services devrait être élargi. Des partenariats devraient être créés entre Patrimoine Canada et les gouvernements provinciaux pour mieux utiliser les services offerts par le Conseil des arts du Canada. Je vous expliquerai tout cela dans des notes que je vous enverrai plus tard, au lieu de prendre trop de votre temps.

Nous avons tous parlé, je crois, à un niveau ou à un autre, de la réforme de la fiscalité des particuliers, du recours à la réforme fiscale pour créer des fonds de dotation pour organismes donnés ou pour établir des fonds de réserve permettant aux organismes de renouveler leurs installations le moment voulu au lieu de s'inquiéter de leur avenir alors qu'ils n'en ont pas.

Je parlerai en dernier lieu du programme d'infrastructure que le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux ont essayé de mettre sur pied par le passé. À l'aube du millénaire, je crois que le moment est venu pour le gouvernement fédéral et les gouvernements provinciaux de créer des partenariats dans le domaine de l'infrastructure culturelle, peut-être pour rattraper le temps perdu, jusqu'à ce que cette discussion ou cet examen de la politique culturelle nationale soit terminé. Vu les besoins criants de ce pays, il serait peut-être justifié de mettre sur pied un programme spécial d'infrastructure culturelle.

Je vous enverrai mes autres observations dans un mémoire distinct.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, monsieur Kuschak.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger: Je suis disposé à passer mon tour et à n'intervenir qu'à la fin, si vous le désirez.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Bien.

Madame Brophy, suivie de Mme Vaugeois.

Mme Maureen Brophy: Merci.

On nous a demandé à quelles autres sources de financement le gouvernement fédéral pouvait faire appel. Je crois qu'au Canada, les milieux artistiques avaient trouvé une source de financement très appréciable auprès des compagnies de tabac, et le gouvernement fédéral s'est empressé de l'éliminer. Comme l'a dit Dusty, nous avons essayé d'en trouver d'autres et nous continuons d'essayer, mais notre tâche est particulièrement difficile lorsqu'on élimine une source de financement comme celle-ci.

Pour répondre à votre autre question sur ce que nous pourrions faire, je propose qu'on recueille des données pour assurer la planification, la commercialisation et la défense des droits au Canada; cela coûterait cher mais c'est très important. Les petits organismes n'ont ni les moyens ni le personnel voulus pour obtenir ces renseignements. Nous nous fions donc aux données qui nous sont fournies par d'autres organismes, comme Statistique Canada, le Conseil des arts du Canada et le Conseil des arts de l'Ontario, car nous ne pouvons pas nous permettre de financer cette activité de R-D.

Le gouvernement doit continuer d'offrir et de diffuser efficacement du travail de recherche et des données à jour et de qualité. Par exemple, Statistique Canada publie chaque trimestre un bulletin d'information fort utile sur les statistiques culturelles.

Je voudrais également dire que tout programme ou politique national se joue à l'échelon local. Il faut avoir les moyens voulus à ce niveau si l'on veut réussir à l'échelle provinciale, nationale et internationale. J'établirai un parallèle avec le hockey, fleuron de notre patrimoine. Il y a des ligues de hockey locales qui sont l'assise même de ce sport. C'est votre point de départ et ensuite vous grimpez les échelons jusqu'à ce que vous atteigniez la Ligue nationale de hockey, l'élite du sport. Je voudrais que le gouvernement fédéral continue de financer les activités à l'échelon local, car c'est de là que partent toutes les activités culturelles du pays. Merci.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Madame Vaugeois.

• 1450

Mme Lise Vaugeois: Tout d'abord, je voudrais dire que l'éducation artistique donnée dans les petites classes est d'une pauvreté sans fond. La parité existe maintenant en Ontario. Alors que certains conseils scolaires avaient réussi à mettre sur pied des programmes d'une assez bonne facture, maintenant il n'y en a aucun. Les spécialistes sont tous en train de perdre leur emploi.

À Thunder Bay, les spécialistes ont perdu leur emploi vers 1992. On arrive au point où les élèves de sixième année n'ont jamais eu de véritable enseignant en musique ou en toute autre discipline artistique. La situation est grave. De fait, les arts sont maintenant inscrits comme sujet de base au programme d'étude en Ontario, mais chaque école de Thunder Bay dispose de 600 $ par an à consacrer aux arts, si bien qu'il n'y pas d'enseignants. Je ne vois pas l'intérêt de l'inscrire au programme d'étude. Je suis ravie qu'il le soit, mais il n'y a personne pour enseigner ces matières et le tout est d'une parfaite inutilité.

Je voudrais que le gouvernement fédéral montre un peu d'initiative dans le domaine des ressources communes, comme la santé et l'éducation. À mon avis, les arts représentent également une de ces ressources communes qui devrait être financée publiquement. Or, ce n'est pas le cas depuis de nombreuses années. On entend constamment parler de privatisation, on entend dire que le secteur privé peut faire du bon travail, ce qui en dit long sur l'enseignement public, par exemple, puisque nous sommes disposés à laisser la voie de l'enseignement ouverte aux seuls gens privilégiés. Cette observation vaut également pour les arts. C'est un tout.

Tant que les gens ne seront pas disposés à le crier haut et fort dans une tribune politique, nous n'irons nulle part. Nous sommes en train de perdre ce que les gens ont réussi à construire de peine et de misère dans ce pays au cours des 30 dernières années. Le travail subit une énorme érosion.

Dans ce pays, les gouvernements se sont engagés, à des époques différentes, à égaliser l'accès aux ressources du pays. Nous savons que l'assiette fiscale dépend de la taille du pays, des ressources qui se trouvent dans diverses régions. Ceux qui vivent dans des régions éloignées n'ont pas le même accès que les autres aux avantages que présente ce pays.

Je crois également que la démocratie est chose importante, ce qui signifie que la population doit pouvoir participer à tous les niveaux du processus de prise de décision. Si notre population n'est pas instruite et qu'elle n'a pas d'éducation ou d'expérience en commun, autres que les émissions de télévision américaines, elle n'est pas en mesure d'exercer ses droits démocratiques, ce qui est essentiel. Là encore, cet enseignement se fait à l'école et nous devons croire en une culture commune.

Je m'associe à plusieurs des suggestions concrètes qui ont été proposées. Je crois également que le gouvernement fédéral pourrait défendre la cause des arts et lancer une espèce de campagne de relations publiques style participACTION dont je me souviens lorsque j'étais à l'école primaire où on nous impartissait que la santé physique profite à tout le monde. Je crois que la santé spirituelle et culturelle ainsi que la littératie culturelle devraient être partagées par tous, dans ce pays. Tous les méritent; ce sont des éléments précieux pour eux et pour leur collectivité.

Je crois aussi—et je l'ai indiqué dans mes notes—qu'il y a des tas de moyens pour le gouvernement fédéral d'apporter directement son soutien financier à des programmes existants et de voir les initiatives éducatives qui pourraient être subventionnées.

Dernier commentaire: on a souvent recours aux artistes pour présenter notre pays dans d'autres parties du monde ou quand nous recevons des visiteurs étrangers. Les artistes vivent au jour le jour dans notre pays quelle que soit leur discipline. Je pense qu'il est temps de reconnaître l'hypocrisie de cette situation et de faire quelque chose à ce sujet.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Monsieur Douthwright, s'il vous plaît. Vous avez été très patient et comme c'est votre première intervention, je vous donnerai un peu plus de temps.

M. Robert Douthwright: Merci.

C'est une aubaine pour le groupe qui est ici. Il ne m'entend pas normalement à une telle tribune.

• 1455

Comme on l'a déjà dit, je représente l'organisation qui entreprend le gros projet d'investissement. On parlait tout à l'heure d'éducation: où puis-je trouver une source de financement fédéral pour notre projet? Nos deux représentants, M. Dromisky et M. Comuzzi, nous ont très bien orientés jusqu'ici.

D'autre part, il faut se montrer proactifs, pas seulement au théâtre mais, comme le disait Clint, dans tous les domaines. Nous en arrivons à un point où toutes les installations commencent à se détériorer. Je sais que notre projet a l'avantage d'exister. S'il se passe quelque chose, on considérera que c'est le projet qui a obtenu une subvention, qui pourrait probablement ouvrir la porte à d'autres et à d'autres organisations dans tout le pays. C'est donc probablement là qu'il faut se montrer proactifs. Allons-nous ouvrir les vannes si cela se produit?

Permettez-moi de vous dire maintenant ce que nous faisons. Nous apportons du théâtre dans le nord-ouest de l'Ontario. Le Conseil des arts du Canada nous aide beaucoup dans nos efforts. L'argent reçu récemment nous a permis d'espérer offrir de meilleurs programmes. Une partie de nos opérations consiste à organiser des tournées, et nous aimerions développer cet aspect. Les fonds mis à notre disposition pour ces programmes ont été très appréciés.

Le Conseil des arts du Canada a également ouvert la porte à des initiatives internationales. Nous avons récemment eu des conversations avec un groupe finlandais avec lequel nous allons commencer à travailler. Ce programme correspond donc exactement à ce que nous voulions faire.

Il y a un aspect des programmes du Conseil des arts sur lequel je ne sais pas trop quoi dire. Une de nos principales activités concerne les jeunes et le théâtre, et je ne suis pas certain que le Conseil des arts du Canada ait des programmes qui visent spécifiquement les jeunes. S'il y en a, y aurait-il d'autres fonds si l'on envisageait des initiatives concernant les jeunes dans le cadre de ces pourparlers?

Enfin, j'espère que les nouvelles initiatives vont se poursuivre. Il serait bon que ces programmes soient maintenus après la période initiale de cinq ans.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Denyse Culligan.

[Français]

Mme Denyse Culligan (Association des francophones du nord-ouest de l'Ontario): Bonjour. Je m'appelle Denyse Culligan. Je suis ici à titre de représentante de l'Association des francophones du nord-ouest de l'Ontario, qui représente 20 groupes membres qui, eux-mêmes, rassemblent les quelque 10 000 francophones du nord-ouest de l'Ontario. Nous avons des clubs sociaux. Nous nous occupons des aînés et des jeunes. Nous touchons à presque toute la communauté parce que nous ne sommes pas nombreux. Tous nos groupes ont des activités qui servent à perpétuer notre art, notre musique, notre culture et nos traditions canadiennes-françaises et ce, par l'utilisation de la langue française dans le nord-ouest de l'Ontario. Ce n'est pas toujours facile, je vous assure.

Je vous avouerai que je me sens un peu inquiète, un peu surprise même, que nous n'ayons pas été invités à participer à cette table ronde à titre de représentants de tous ces francophones. Selon la loi, je pense qu'il y a encore deux langues officielles au Canada. Nous avons droit, non seulement à l'interprétation, mais aussi à la représentation. Je voudrais vous rappeler que nous devrions avoir une voix officielle lors d'événements comme celui-ci.

Je me présente aujourd'hui pour vous rappeler que la culture canadienne-française existe dans le nord-ouest ontarien, qu'elle y est vivante. Notre groupe reçoit l'aide de Patrimoine Canada, ce qui nous aide énormément. Il y a aussi des ententes Canada-communautés en préparation, grâce auxquelles nous recevrons plus de financement, je crois, ce qui est tout à notre avantage.

• 1500

Cependant, on a tendance à nous oublier de même qu'à nier notre existence, surtout à Thunder Bay, dans le nord-ouest en général et probablement dans tout le pays. Je veux vous rappeler que cela ne nous empêche pas d'être très actifs et de travailler à perpétuer notre culture et notre patrimoine canadiens-français. Nous sommes partie intégrante, partie prenante dans les communautés désignées de toutes nos localités, dans notre province et dans notre pays.

En vue de l'Année de la Francophonie, qui se tiendra l'an prochain, nous sommes à élaborer des activités qui porteront, entre autres, sur la technologie.

Nous avons des points spécifiques à traiter en rapport avec quatre des cinq questions. Toutefois, je n'ai pas eu le temps de préparer un exposé puisque je ne m'attendais pas à être ici. Je vous soumettrai un bref mémoire, si c'est possible. J'espère que vous l'accepterez, que vous pourrez le lire et que vous l'inclurez dans votre documentation.

Je voudrais aussi vous dire que nous contribuons à la richesse de notre région pour laquelle nous constituons une valeur ajoutée en tant que francophones. Sans aide importante, les francophones du nord-ouest, qui sont très minoritaires, soutiennent la francophonie, parlent et vivent en français, instruisent leurs enfants en français et continuent à faire évoluer la francophonie dans notre pays.

C'est le message que je voulais vous transmettre aujourd'hui.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup de votre contribution.

[Traduction]

Nous nous ferons un grand plaisir de recevoir votre mémoire. Merci.

Passons maintenant à Mme Esdon.

Mme Heather Esdon: Je vais vous parler de chiffres et d'artistes.

Tout d'abord, il y a deux millénaires, Aristote a parlé des dangers qu'il y avait à remplacer le spectacle par l'art. Je crois que les puissants de ce pays et notamment le gouvernement fédéral devraient se pencher là-dessus.

La définition de théâtre ne... Garth Drabinsky ne l'écrit pas. Cela ne se passe pas simplement dans les grands centres urbains. D'ailleurs, nous avons reçu certaines des contributions culturelles les plus valables et les plus intéressantes du pays, et celles-ci nous sont venues d'endroits qui, du fait de leur proximité géographique ou des attitudes des créateurs de cet art, peuvent paraître marginaux. Ce que j'aimerais beaucoup, c'est qu'on attache une valeur proactive à la culture et que cette valeur ne soit pas chiffrée financièrement, mais bien qualitativement ou culturellement.

Je veux également parler du revers de la médaille, auquel Lise a fait référence tout à l'heure. Je demande à Revenu Canada de ne pas oublier les artistes qui sont en situation précaire. Je suis un acteur professionnel et je n'ai pas d'assurance-emploi lorsque je suis entre deux engagements. Je n'ai rien de tout cela. S'il vous plaît, n'oubliez pas les gens comme moi, qui ont un revenu brut parfois inférieur à 15 000 $, et ne nous posez pas trop de questions lorsque les coûts qui apparaissent dans nos déclarations de revenu semblent disproportionnellement élevés. C'est comme cela. C'est ce qu'il nous en coûte pour nous livrer à nos activités, et nous n'avons pas l'occasion de dire si nous travaillons ou non.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Madame Godwin.

Mme Sharon Godwin: Merci. J'allais répondre à la question numéro 5, mais c'est Lise qui y a répondu. Je peux simplement donner quelques détails complémentaires.

Tous les rôles mentionnés dans cette question numéro 5 sont importants à différents degrés, mais je pense que celui du promoteur est sans doute le plus important pour notre culture. Comme Lise l'a dit, si nous pouvons avoir des organismes artistiques vigoureux et dynamiques capables d'attirer les spectateurs, il faut obtenir l'appui de tous les citoyens du pays. Je crois que nous avons leur appui, mais qu'il ne se traduit pas réellement dans la fréquence de leur visite.

• 1505

C'est ce que je constate constamment à la galerie, lorsque les gens me disent: «Nous vous aimons, nous aimons votre organisme, nous avons vu telle et telle chose». Lorsque je leur demande quelle est la dernière exposition qu'ils ont vue, ils me parlent d'une exposition présentée il y a trois ans. Mais, de leur point de vue, ils ont visité l'exposition et ils nous ont apporté leur appui. Donc, si on pouvait favoriser la participation avec l'aide du gouvernement, on pourrait, pour quelques dollars, obtenir en définitive un résultat très important. Les visiteurs seraient plus nombreux à venir nous voir et à nous apporter leur appui.

Je sais que nous n'avons pas parlé de la mondialisation. Personnellement, c'est un phénomène que je ne comprends pas, mais j'y vois une menace, ou du moins une menace possible. Et c'est une raison supplémentaire pour laquelle nous avons besoin d'organismes très solides qui nous permettent de faire face à toute forme de menace. Nous n'avons pas besoin de mesures protectionnistes. Comme l'a dit Dorette, nous n'avons plus besoin de nous excuser, mais nous devons accorder notre soutien à ce dont nous disposons déjà.

Un dernier commentaire, Lise, concernant ce que vous avez dit sur l'utilisation des artistes pour nous décrire. On constate avec intérêt que dans le domaine scolaire, lorsqu'on voit des peintures reproduites dans des rapports, elles représentent toujours des enfants jouant avec un instrument ou en train de peindre, et non pas des enfants assis devant leur livre de mathématiques. C'est un autre commentaire intéressant sur le système.

Je vous remercie.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Madame Godwin, vous avez abordé le sujet de la mondialisation. J'aimerais attirer votre attention sur le fait que la semaine dernière, le 17 février, le groupe de consultation sectoriel sur le commerce extérieur qui s'intéresse particulièrement aux industries culturelles et qui a étudié le rôle de la culture dans le contexte du commerce international et des accords commerciaux, a publié un rapport. Nous espérons pouvoir l'obtenir et avec les ministres Marchi et Copps, nous allons décider du comité qui va en faire l'analyse—ce sera peut-être notre Sous-comité du commerce international. J'ai ici l'adresse du site Web où on peut consulter ce document, qui est l'aboutissement de deux ans de travaux. Le groupe de consultation comptait des gens du secteur privé et des représentants d'organismes à but non lucratif. C'est un document intéressant. Vous pourrez le consulter.

Madame Miller, vous avez commencé en disant qu'à Thunder Bay, vous êtes toujours les derniers informés, mais j'aimerais que vous soyez la première à être informée de ce rapport. C'est un document à débattre, et je vous invite instamment à en prendre connaissance. Peut-être qu'après, si la chose vous intéresse, nous pourrons vous communiquer l'adresse du site web.

Madame Imrie.

Mme Diane Imrie: Je voudrais faire quelques remarques en guise de conclusion. Comme l'a dit Mme Esdon en citant Aristote, nous avons connaissance de ces histoires grâce à de bons historiens de tradition orale, à des archivistes et à des bibliothécaires qui ont assuré la pérennité de ces récits. Je le dis en plaisantant, mais aussi en toute honnêteté. Nous sommes les conservateurs de notre histoire. Nous devons veiller à la préserver, c'est notre mission actuelle. Pour moi, elle est inestimable.

Je sais que les dollars se font rares, mais j'affirme aussi avez passion que je suis Canadienne. Si nous ne conservons pas ces récits et cette histoire, tout cela sera perdu. Nous devons veiller à faire connaître notre histoire aux jeunes. On peut toujours discuter de la division des pouvoirs, dire que l'éducation est une responsabilité provinciale et non fédérale, mais dans bien des cas, on ne fera que perdre son temps.

Dans le cas de l'éducation, par exemple, il se trouve que je gère un musée des sports. Avec la mondialisation, Internet et tout le reste, les jeunes qui visitent mon musée—et c'est nous qui représentons les sports dans cette partie du monde—veulent voir Michael Jordan et Mark McGwire. J'ai bien du mal à leur expliquer que ces sportifs ne viennent pas de nord-est de l'Ontario et ne sont pas Canadiens.

Je peux vous dire qu'il y a 30 ans, les jeunes parlaient de Maurice «Rocket» Richard et des grands héros du sport canadiens. Je crains sérieusement que nous ne perdions notre identité culturelle à cause des technologies de masse et des choses de ce genre. Je veux donc mettre encore une fois le gouvernement fédéral en garde: les Canadiens ne doivent pas manquer l'occasion d'être fiers de ce qu'ils sont. Je sais que toutes les personnes ici présentes sont fières d'être canadiennes, mais, parfois, la fierté peut coûter quelques dollars. Je demande au gouvernement de les avancer sans hésiter.

• 1510

Par exemple, en ce qui concerne la Société des musées nationaux, le gouvernement fédéral devrait au moins avoir la responsabilité de préserver la Bibliothèque nationale et les Archives nationales, qui se font souvent malmener en période budgétaire et qui ont bien du mal à fonctionner. Je vous demande de les préserver.

Je vous demande aussi de maintenir le financement de Radio-Canada. Comme vous l'avez entendu aujourd'hui, elle assure une mission essentielle auprès des collectivités isolées. J'ai été élevée à Toronto, où il suffit de tourner le bouton pour trouver 400 stations de radio. On ne peut pas faire la même chose dans le nord-ouest de l'Ontario. Il est essentiel que l'information soit disponible pour tous les gens de cette région.

Le gouvernement canadien joue aussi un rôle en matière de réglementation, même si certains considèrent qu'il s'agit là d'un gros mot. Je sais bien que la réglementation prend trop de place dans nos vies. C'est un peu comme les médicaments que nous donnait notre maman: on leur trouvait parfois mauvais goût, mais en définitive, ils étaient bons pour la santé. Je vous demande donc de veiller à ce qu'à l'avenir, notre jeunesse connaisse notre histoire mais pour cela, il faut d'abord veiller à la préserver.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, madame Imrie.

Il ne nous reste presque plus de temps. Il va falloir conclure, mais j'ai encore cinq demandes d'intervention sur ma liste. Je vous demande de vous limiter à des commentaires succincts.

Nous allons entendre Mme Kozyra, Mme Miller et Mme Carter.

Mme Catherine Kozyra: En ce qui concerne la création artistique dans les régions excentriques, je crois qu'il faut absolument préserver cette possibilité. On ne peut pas tout miser sur le spectacle. Lorsqu'on parle de culture, c'est toujours pour faire référence aux grands spectacles, aux compagnies de danse nationales, aux opéras, etc. Mais s'il n'y a pas de développement à la base, les choses ne vont pas évoluer, sauf dans les grands centres urbains.

Sur les autres questions, comme la préservation de notre patrimoine et la nécessité d'être les témoins de notre époque, il faut libérer les fonds nécessaires de façon qu'on puisse conserver sur place les oeuvres produites localement, et qu'il y ait toujours une création à l'échelle locale, malgré les compressions budgétaires.

La banque d'oeuvres d'art a cessé d'exister. Elle servait à recueillir et à conserver notre patrimoine national dans les diverses régions du pays. Les oeuvres ne provenaient pas seulement des grands centres.

Selon moi, il faut certainement appuyer les centres gérés par des artistes. En effet, c'est là que l'expérimentation ainsi que la R-D ont lieu, en amont des musées nationaux ou des musées provinciaux. À mon avis, donc, il faut qu'un appui soit consenti à la base.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup.

Madame Miller.

Mme Dusty Miller: Merci. Je vais m'efforcer d'être brève.

J'aimerais parler de personnes qui ne reçoivent ni louanges, ni financement, le plus petit soit-il, mais sans lesquelles les diverses organisations et institutions du domaine des arts un peu partout au pays n'existeraient pas. Je parle évidemment des bénévoles. Qu'il s'agisse du Musée des beaux-arts de Montréal, du Festival de Strafford, ou du Musée des beaux-arts de Thunder Bay, aucun organisme ne pourrait survivre sans les bénévoles. Ils consentent un travail énorme, et certains d'entre eux le font depuis de très nombreuses années.

J'en parle parce que j'espère que le gouvernement fédéral saura le reconnaître en créant des programmes et en adoptant des politiques qui encourageront les bénévoles. La chose est d'une importance critique pour nous tous.

En deuxième lieu, je compatis avec les membres du Conseil de l'orchestre symphonique, auxquels M. Comuzzi s'est d'ailleurs joint et à qui il apporte une nouvelle perspective ainsi que son dynamisme. Évidemment, le Conseil a contrevenu à ce que je considère comme étant un règlement fédéral, qui tombe en réalité dans une zone grise. Conséquemment, lui-même et les membres de son Conseil doivent assumer des responsabilités financières... Nous espérons tous que les choses n'en viendront pas là. Par contre, il y a bien peu de gens à l'heure actuelle qui se bousculent au portillon pour faire partie du Conseil et de l'Orchestre symphonique de Thunder Bay. Voilà des questions fort importantes.

• 1515

Comme Maureen Brophy l'a laissé entendre on peut dire que tout commence parfois à l'échelle locale. Je sais bien que le gouvernement fédéral est censé avoir une perspective pancanadienne, mais les bénévoles locaux, du plus anonyme à celui qui participe à une organisation d'élite, valent leur pesant d'or. Ils méritent la reconnaissance. J'espère que le ministère du Patrimoine canadien saura s'en soucier.

La présence du comité me réjouis. Elle a été fort stimulante. Je suis très contente que nous ayons eu l'occasion d'exprimer nos sentiments et nos idées.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci.

Madame Carter.

Mme Dorette Carter: N'oublions jamais l'importance de ce qui est véritable, authentique. Nous parlons sans cesse des enfants, et de la valeur des choses. L'observation des enfants me fascine. Nous supposons—à juste titre—qu'ils sont tout à fait à l'aise avec l'évolution technologique rapide et tout ce qui s'appelle réalité virtuelle et ainsi de suite. Pourtant, ils savent accorder de l'importance aux vraies choses. Ils aiment les vrais spectacles, voir une personne en chair et en os jouer d'un instrument à vent ou un artiste créer une oeuvre à partir d'un bloc de bois. Il y a des choses qu'ils ne croiraient pas s'ils ne les voyaient pas de leurs propres yeux.

Pour faire suite à ce qu'a dit Diane, j'ai moi-même vécu l'expérience d'accompagner deux garçons de 10 et 12 ans respectivement, de vrais fanatiques du hockey, au tout nouveau Temple de la renommée du hockey, il y a de cela quelques années. Dans ma naïveté, je pensais qu'ils seraient séduits par une simulation qui leur donnait l'impression d'être dans les filets. Or, ils sont passés devant cette technologie coûteuse sans même ralentir. Ils voulaient absolument voir la vraie Coupe Stanley. C'est cela qu'ils voulaient voir, et à peu près rien d'autre.

Je connais assez les garçons pour savoir que le plus vieux se voyait patiner au centre de la glace en tenant le fameux trophée à bout de bras. J'ai été frappée tout à coup par une vérité que je connaissais pourtant: une coupe Stanley virtuelle n'aurait pas fait l'affaire. Nous arrivons parfois à nous convaincre que nous pouvons nous satisfaire d'un succédané. Eh bien, je vous prie de croire que, dans dix ans, ces deux-là vont être des électeurs autrement plus exigeants que nous le sommes.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, madame Carter.

Monsieur Bélanger.

M. Mauril Bélanger: Je suis très content d'avoir été de ceux qui tenaient à ce que le comité voyage. À Ottawa, nous avons entendu les représentants de ce que j'appelle «l'aristocratie culturelle», et il me semble important de savoir ce qu'ont à dire et ce que ressentent, dans des agglomérations de grande et de petite taille, les gens qui vivent au quotidien.

J'ai quelques questions et aussi quelques commentaires. Je serai assez bref.

Tout d'abord, j'espère que nous avons des adresses. En effet, il y a des gens à qui je tiens à transmettre des documents.

[Français]

Madame la greffière, est-ce que nous avons les adresses des gens? Merci.

[Traduction]

J'aimerais en savoir davantage au sujet de cette visite de 1992, soit la dernière fois que Michel Untel est venu à Thunder Bay. Si cette ville est dans le territoire de la personne en question, j'aimerais savoir quel organisme elle représente et pourquoi elle n'est pas revenue.

Mme Catherine Kozyra: La visite a été très fructueuse, et nous sommes restés en rapport.

M. Mauril Bélanger: Cela fait tout de même sept ans.

Mme Catherine Kozyra: C'est parce qu'il est tellement accaparé par le...

M. Mauril Bélanger: D'accord, le Conseil des arts.

Mme Catherine Kozyra: En effet.

M. Mauril Bélanger: Vous n'allez pas lui causer des problèmes.

Mme Catherine Kozyra: Nous entretenons avec lui des rapports excellents et très constructifs. Cependant, à cause des compressions, ces gens-là ne peuvent se rendre que dans les grands centres.

• 1520

M. Mauril Bélanger: C'est très bien.

Les compressions font souvent l'affaire de personnes qui manquent de conviction.

Mme Catherine Kozyra: Oh...

M. Mauril Bélanger: Le gouvernement a effectué des compressions, je le sais, mais trop souvent, cela sert de prétexte à l'inaction.

Mme Catherine Kozyra: Mais...

M. Mauril Bélanger: C'est moi qui ai la parole, si vous me le permettez.

Mme Catherine Kozyra: Je m'excuse.

M. Mauril Bélanger: Je me réjouis que nous allons être renseignés au sujet des démêlés de l'orchestre symphonique avec Revenu Canada. C'est la première fois que j'en entends parler. Je vais attendre cette information.

[Français]

Pour ce qui est de la comparution des groupes, madame la représentante es francophones du nord-ouest, je crois comprendre qu'en plus des invitations lancées à tout le monde dans les médias, il y a eu des informations envoyées particulièrement à l'Alliance culturelle de l'Ontario. Il n'y a donc pas eu d'oubli et on ne saurait dire qu'on a ignoré qui que ce soit. Il y aurait peut-être lieu de vérifier les communications internes au sein de l'organisme en question. Il faut aussi s'assurer, lorsque des comités du genre voyagent, d'envoyer des communiqués à tous les médias nationaux et locaux, en fin de compte à tous ceux qui sont affiliés. Il relève en partie de la responsabilité des groupes d'être aux aguets et de s'informer de ce qui s'en vient.

Pour ce qui est des ententes Canada-communautés, que vous mentionniez tout à l'heure, je suis heureux de vous confirmer que dans le Budget de la semaine dernière, les budgets des programmes de langues officielles du ministère du Patrimoine canadien ont été augmentés de 70 millions de dollars. On peut donc s'attendre à une certaine amélioration de ces enveloppes.

Quant à vous, monsieur Sauvageau, vous avez voulu faire un peu de politique, et je ne vous en tiendrai pas rigueur. Il faudrait toutefois vous souvenir que, depuis un certain temps, malgré l'opération assainissement des finances, il s'est fait des choses. Je ne prétends pas que c'est parfait parce qu'il est certain que ce ne l'est pas. Cependant, souvenons-nous qu'il y a eu tout dernièrement une augmentation annuelle de 25 millions de dollars du budget du Conseil des arts. C'est beaucoup. C'est ramener son budget au niveau préalable à la révision des programmes. Donc, parmi toutes les coupures que tous les ministères du gouvernement ont dû subir depuis les élections de 1993, le Conseil des arts a vu les siennes annulées en entier. Il y a eu 25 millions de dollars de plus qui lui ont été affectés.

Il y a eu aussi, il ne faut pas l'oublier, une révision de la Loi sur le droit d'auteur qui a eu un impact majeur en ce pays, aux niveaux artistique et culturel. On pourra le vérifier auprès des communautés artistiques quant à ce qui a trait à la question des droits voisins en particulier et à la question des collectifs. Il y a donc eu un effort de fait, souvent malgré les distributeurs de produits culturels, et cela fonctionne. C'est la même chose pour les nouveaux médias, qu'on a mentionnés ici d'ailleurs.

Il y a eu aussi, et Mme Bulte le sait mieux que moi, des changements importants dans la taxation, dans la fiscalité, concernant les contributions, pour permettre d'aller chercher des contributions majeures. Il y a aussi eu des choses qui s'appliquaient à la musique, à la production d'émissions de télévision, ce qui est une réussite extraordinaire, et ainsi de suite.

Je ne peux pas dire que tout est négatif, bien que je ne puisse, d'un autre côté, prétendre que tout est positif.

[Traduction]

J'ai cru comprendre par-ci, par-là, qu'il y avait certaines faiblesses sur le plan de l'éducation. Il s'agit peut-être d'une question délicate, puisque l'éducation relève surtout du provincial, mais cela ne veut pas dire que nous devons éviter d'en parler au besoin. Le programme d'emplois d'été qui nous a été vanté pourrait peut-être nous apprendre quelque chose qui mériterait d'être appliqué plus largement. Nous allons donc en prendre bonne note.

Il y a aussi la question de la fiscalité et des fondations. J'aimerais en savoir davantage à ce sujet, et je suis donc impatient de prendre connaissance du document de M. Kuschak.

Enfin, sur le plan international, j'aimerais savoir si j'ai tort—et je vous prie de me répondre par oui ou par non—d'avoir compris que l'on souhaite que notre secteur culturel soit exclu des accords internationaux, comme par le passé, et qu'il soit favorisé et, dans certains cas, protégé. Nous l'avons en effet protégé par le passé, même s'il faut dire que certaines mesures qui peuvent sembler protectionnistes ne le sont pas nécessairement.

• 1525

Par exemple, les règles sur le contenu canadien à la radio ont donné naissance à un secteur de la musique florissant au Canada. Certains ont soutenu, et à raison selon moi, que sans cela le secteur de la musique ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. S'agit-il donc d'une mesure protectionniste, ou plutôt d'une mesure de mise en valeur?

Bien des gens assimilent contenu canadien à protectionnisme et n'ont donc que du mépris pour cette telle notion. Nous devons être prudents ici. Certains voudraient nous voir abandonner de genre de mesures, comme c'est le cas à l'heure actuelle au sujet des magazines.

Vous me corrigerez si j'ai tort, mais je crois avoir compris que la plupart, sinon la totalité de ceux qui sont ici autour de la table, souhaitent que le gouvernement canadien continue d'agir sur le plan international pour protéger et mettre en valeur nos secteurs culturels.

Merci.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci beaucoup, monsieur Bélanger.

Vous pourrez aborder cet aspect dans votre mémoire.

Monsieur Comuzzi.

M. Joe Comuzzi: Merci, madame la présidente, je parlerai moins longtemps que mon collègue, qui avait d'ailleurs dit qu'il serait bref.

Pour ce qui est du nord-ouest de l'Ontario, depuis que le ministre Dupuy a été ministre du Patrimoine et a traité le dossier des Nordics, et maintenant avec la ministre Copps, je crois qu'il est juste de dire—et je crois que Stan sera d'accord là-dessus—que nous n'avons pas été traités de façon très équitable, nous du nord-ouest de l'Ontario, par le ministre du Patrimoine. On ne peut certainement pas parler d'équité lorsqu'on pense au financement dont ont bénéficié certains autres centres du pays. J'ai dû moi-même faire connaître la mauvaise nouvelle dans le cas de certains projets auxquels j'avais participé.

Pour ce qui est de l'Orchestre symphonique, sans l'intervention de Stan et la mienne—et je ne suis d'ailleurs pas très satisfait des résultats—auprès du ministre du Revenu pour demander des conditions spéciales de remboursement d'une dette—il ne s'agit que d'une solution provisoire au problème de fond.

D'autre part, le ministre du Patrimoine, le comité et le ministère doivent fournir à l'Orchestre symphonique Lakehead le financement qui lui est nécessaire pour assumer ses obligations actuelles—et notamment celles qui découlent de l'engagement pris à l'égard de Revenu Canada. Or, nous mettons beaucoup trop de temps à prendre une décision. Madame la présidente, cette affaire dure depuis presqu'un an. Je tiens à vous demander, à vous madame, ainsi qu'au président du comité, de vous efforcer, dès votre retour à Ottawa, d'accélérer le processus.

L'autre projet, et il s'agit vraisemblablement, en matière de patrimoine culturel, du projet le plus stimulant jamais élaboré par les nôtres, nos bénévoles, est le projet Magnus in the Park. Je n'ai jamais rien vu d'aussi enthousiasmant comme projet. Nous l'avons présenté à Patrimoine Canada—il y a de cela deux ans et demi ou trois ans maintenant—et nous l'avons présenté à nouveau par la suite à diverses reprises, sans grand succès.

J'aimerais que vous vous engagiez à prendre connaissance de la proposition soumise au ministère du Patrimoine au sujet de Magnus in the Park. Pourriez-vous l'examiner en comité et en évaluer l'importance pour le nord-ouest de l'Ontario? Je vous prie de ne pas oublier que le Canada est constitué d'un ensemble d'éléments plus petits, comme le nord-ouest de l'Ontario.

Merci, c'est tout ce que j'ai à dire.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): Merci, monsieur Comuzzi.

Je crois que nous avons maintenant terminé. Je m'excuse d'avoir dépassé le temps prévu.

M. Stan Dromisky: J'ai une question à poser, mais je n'ai pas l'intention de faire un discours.

J'aimerais demander que ceux qui participent, à titre individuel ou comme membres d'une organisation, au Fonds du millénaire que le gouvernement fédéral vient de créer lèvent la main. Avez-vous fait une demande?

Toutes les mains sont levées. C'est excellent. Je voulais tout simplement avoir une indication.

La présidente suppléante (Mme Sarmite Bulte): D'accord.

Au nom du comité, j'aimerais vous remercier tous d'être venus ici aujourd'hui, d'avoir partagé avec nous vos préoccupations, et de discuter de questions importantes. Nous avons eu d'excellentes idées. Il fait bon d'être loin d'Ottawa—comme l'a dit M. Bélanger, loin de l'aristocratie culturelle. Autrement, nous finissons toujours par voir les mêmes personnes et par les entendre parler des mêmes choses.

• 1530

J'aimerais également remercier tout particulièrement deux personnes du public, Mme Wheeler et Mme Culligan, d'être venues et d'avoir participé. Vos idées, vos suggestions et vos préoccupations seront incorporées à notre rapport.

Je vous encourage tous, si vous ne l'avez pas déjà fait, à nous envoyer vos textes avant la fin du mois de mars afin qu'ils puissent être inclus dans notre rapport.

Merci encore une fois d'être venus et de nous vous être libérés malgré vos emplois du temps très chargés. Je sais que beaucoup d'entre vous travaillez à titre de bénévoles et que vous avez dû sacrifier des heures de rémunération pour être ici.

J'aimerais également remercier nos coanimateurs, M. Dromisky et M. Comuzzi, d'être ici avec vous dans la circonscription.

J'espère que cette séance mènera à des consultations ultérieures. Merci beaucoup.

La séance est levée.