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FEWO Rapport du Comité

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OPINION COMPLÉMENTAIRE DU NOUVEAU PARTI DÉMOCRATIQUE DU CANADA

Nous sommes heureux que le Comité permanent de la condition féminine ait consacré une partie de son précieux temps pour attirer l’attention sur les activités de soins non rémunérées et leurs répercussions majeures sur les femmes et sur la lutte pour atteindre l’égalité des sexes. Nous aimerions également remercier les témoins pour leur participation à cette étude, ainsi que les analystes de la Bibliothèque du Parlement pour avoir colligé un excellent rapport.

La pandémie de COVID-19 a exposé les failles qui existaient depuis trop longtemps, et il est temps que nous repensions notre approche envers les activités de soins. De forts systèmes publics de soins – qu’il s’agisse de soins de santé, de garde d’enfants, de soins de longue durée ou de services de soins pour personnes handicapées – sont essentiels au bien-être des personnes, des familles et des communautés.

Les stéréotypes et les rôles fondés sur le sexe sont profondément enracinés et ils sont systémiques. Ils ne concernent pas que les familles individuelles et le partage des tâches comme la cuisine, les poubelles ou la lessive; les conséquences de ce fardeau inégal se reflètent aussi dans les taux de salaire, la participation au marché du travail, les revenus gagnés dans une vie et l’avancement professionnel.

Autour du globe, les femmes consacrent de deux à dix fois plus de temps à des activités de soins non rémunérées que les hommes. Cette répartition inégale des responsabilités en matière de soins est liée à des institutions sociales discriminatoires et aux stéréotypes et rôles liés au sexe. L’inégalité des sexes dans les activités de soins non rémunérées constitue le chaînon manquant dans l’analyse des disparités entre les sexes sur le marché du travail, comme la participation au marché du travail, les salaires et la qualité des emplois.

Dans ce rapport, nous souhaitons soutenir l’appel lancé pour que le gouvernement du Canada établisse une commission sur l’économie des soins. Cette commission devrait avoir le mandat d’étudier, de concevoir et d’exécuter une stratégie de soins pour le Canada, laquelle aurait pour effet d’établir une stratégie du marché du travail large et inclusive visant à créer des emplois de qualité et équitables dans le domaine des soins; examiner les activités de soins rémunérées et non rémunérées, et élaborer une feuille de route pour répondre à l’augmentation de la demande en soins; et réduire et redistribuer les activités de soins non rémunérées chez les femmes en améliorant les services publics de soins pour les enfants, les personnes âgées et les personnes handicapées.

En 2018, l’Organisation internationale du Travail (OIT) a publié une excellente étude sur le travail et les emplois de soin à autrui. Ce rapport énonçait que « Aucun progrès notable de l’égalité entre hommes et femmes au travail ne pourra avoir lieu si l’on ne s’attaque pas d’abord aux inégalités dans les activités de soin non rémunérées, ce qui suppose de reconnaître, de réduire et de redistribuer effectivement ces dernières entre femmes et hommes, ainsi qu’entre famille et État. »

Le rapport de l’OIT établit les « 5R » du travail décent dans les activités de soin à autrui, qui appellent à « reconnaître, réduire et redistribuer les activités de soin à autrui non rémunérées; rétribuer équitablement le personnel du soin à autrui, tout en offrant plus d’emplois et un travail décent; garantir représentation, dialogue social et négociation collective aux travailleurs du soin à autrui ».

Chaque partie de ce scénario comprend un ensemble de recommandations pour action. Une commission sur l’économie des soins pourrait examiner la manière d’appliquer le concept des 5R dans le contexte canadien.

Depuis de nombreuses années, les néo-démocrates réclament des investissements dans les services de santé et de soins publics, y compris dans la santé mentale, la garde d’enfants, l’éducation de la petite enfance, les soins aux aînés et les autres services de soins sociaux qui desservent toutes nos collectivités. L’approche du Canada fondée sur le marché dans le secteur des soins et le fait qu’il s’en soit remis à des entreprises à but lucratif pour prodiguer de nombreux services de soins a diminué les conditions de salaire et de travail pour une main-d’œuvre principalement composée de femmes, dont beaucoup de femmes racisées. Cette situation a des répercussions directes sur la qualité globale des soins, avec les résultats tragiques dans les soins de longue durée dont nous avons été témoins pendant la pandémie.

Nous espérons que le gouvernement ne permettra pas que ce rapport, ainsi que ses recommandations, soit tabletté, comme tant d’autres avant. Les Canadiens ont besoin que des mesures soient prises pour remédier aux activités de soins non rémunérées, sans quoi une réelle égalité entre les hommes et les femmes ne pourra pas être atteinte.