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AANR Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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37e LÉGISLATURE, 3e SESSION

Comité permanent des affaires autochtones, du développement du Grand Nord et des ressources naturelles


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 10 mars 2004




º 1620
V         Le président (M. Guy St-Julien (Abitibi—Baie-James—Nunavik, Lib.))

» 1720
V         L'hon. Andy Mitchell (ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien)

» 1725

» 1730
V         Le président

» 1735
V         M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, PCC)
V         Le président
V         L'hon. Andy Mitchell

» 1740
V         M. John Duncan
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. John Duncan
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. John Duncan
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. John Duncan
V         Le président
V         M. Maurice Vellacott (Saskatoon—Wanuskewin, PCC)
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Maurice Vellacott
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Maurice Vellacott
V         Le président
V         M. Maurice Vellacott
V         Le président
V         L'hon. Larry Bagnell (Yukon, Lib.)
V         Le président
V         L'hon. Andy Mitchell
V         Le président
V         M. Yvan Loubier (Saint-Hyacinthe—Bagot, BQ)

» 1745
V         Le président
V         L'hon. Larry Bagnell
V         L'hon. Andy Mitchell
V         Le président
V         M. Yvan Loubier

» 1750
V         Le président
V         M. Pat Martin (Winnipeg-Centre, NPD)
V         Le président
V         M. Pat Martin
V         Le président
V         M. Maurice Vellacott
V         M. Pat Martin
V         L'hon. Andy Mitchell
V         Le président
V         M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.)

» 1755
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Stan Dromisky
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Stan Dromisky
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Stan Dromisky
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Stan Dromisky
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Stan Dromisky
V         Le président

¼ 1800
V         M. Stockwell Day (Okanagan—Coquihalla, PCC)
V         Le président
V         M. Werner Schmidt (Kelowna, PCC)
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Werner Schmidt
V         Le président
V         M. Werner Schmidt
V         Le président
V         M. Werner Schmidt

¼ 1805
V         Le président
V         M. Rick Laliberte (Rivière Churchill, Lib.)
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Rick Laliberte
V         Le président
V         M. Pat Martin
V         Le président
V         M. Stockwell Day

¼ 1810
V         Le président
V         L'hon. Andy Mitchell
V         M. Stockwell Day
V         Le président
V         L'hon. André Harvey (Chicoutimi—Le Fjord, Lib.)
V         Le président
V         Le président
V         Le chef Robert Louie (Première nation Westbank)

¼ 1830
V         Le président
V         Le chef Robert Louie
V         Le président
V         Le chef Robert Louie

¼ 1835

¼ 1840

¼ 1845

¼ 1850
V         Le président
V         M. Stockwell Day
V         M. Micha Menczer (conseiller juridique, Première nation Westbank)
V         M. Stockwell Day
V         M. Micha Menczer

¼ 1855
V         M. Stockwell Day
V         Le chef Robert Louie
V         M. Stockwell Day
V         Le chef Robert Louie
V         M. Stockwell Day
V         Le chef Robert Louie
V         M. Stockwell Day
V         Le président
V         M. John Duncan
V         Le chef Robert Louie
V         M. Micha Menczer
V         Le chef Robert Louie

½ 1900
V         Le président
V         M. Pat Martin
V         M. Micha Menczer

½ 1905
V         Le chef Robert Louie
V         Le président
V         M. Pat Martin
V         Le chef Robert Louie
V         M. Micha Menczer

½ 1910
V         Le chef Robert Louie
V         Le président
V         M. Walt Gray (maire, Ville de Kelowna)
V         Le président
V         L'hon. Andrew Telegdi (Kitchener—Waterloo, Lib.)
V         Le président
V         M. John Duncan

½ 1915
V         M. Micha Menczer
V         M. John Duncan
V         M. Micha Menczer
V         M. John Duncan
V         M. Micha Menczer
V         M. John Duncan

½ 1920
V         Le président
V         Le chef Robert Louie
V         Le président
V         M. Micha Menczer

½ 1925
V         Le président
V         M. Rick Laliberte
V         Le chef Robert Louie
V         M. Rick Laliberte
V         Le chef Robert Louie
V         M. Micha Menczer

½ 1930
V         Le président
V         Mme Nancy Karetak-Lindell (Nunavut, Lib.)
V         Le chef Robert Louie
V         Le président
V         M. Pat Martin
V         Le président

½ 1935
V         M. Clarence Clough (à titre individuel)
V         L'hon. Brenda Chamberlain (Guelph—Wellington, Lib.)
V         M. Clarence Clough
V         Le président
V         M. Stockwell Day
V         Le chef Robert Louie

½ 1940
V         Le président
V         M. Walt Gray

½ 1945
V         La vice-présidente (Mme Nancy Karetak-Lindell)
V         Mme Kat Maurmann (à titre individuel)

½ 1950

½ 1955
V         Le président
V         M. Len Novakowski (directeur, Westside Electoral Area, «Regional District of Central Kelowna»)

¾ 2000
V         Le président
V         M. Aaron Dinwoodie (directeur, Westside Electoral Area, «Regional District of Central Kelowna»)

¾ 2005
V         Le président
V         M. John Duncan
V         Le chef Robert Louie

¾ 2010
V         M. Walt Gray
V         Le président
V         M. Walt Gray
V         Le président
V         M. John Duncan
V         M. Aaron Dinwoodie

¾ 2015
V         Le président
V         M. Micha Menczer
V         M. Walt Gray
V         Le président
V         L'hon. Larry Bagnell
V         M. Walt Gray
V         L'hon. Larry Bagnell
V         M. Walt Gray

¾ 2020
V         L'hon. Larry Bagnell
V         M. Walt Gray
V         L'hon. Larry Bagnell
V         M. Walt Gray
V         Le président
V         M. Stockwell Day
V         M. Walt Gray
V         M. Stockwell Day
V         M. Walt Gray
V         Mme Kat Maurmann
V         Le président
V         M. John Reddick (à titre individuel)
V         M. Stockwell Day
V         M. John Reddick

¾ 2025
V         Le président
V         M. Stockwell Day
V         Le président
V         M. Aaron Dinwoodie
V         Le président
V         M. Maurice Vellacott
V         M. Walt Gray
V         M. Maurice Vellacott
V         M. Walt Gray
V         M. Maurice Vellacott
V         Le président










CANADA

Comité permanent des affaires autochtones, du développement du Grand Nord et des ressources naturelles


NUMÉRO 003 
l
3e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 10 mars 2004

[Enregistrement électronique]

º  +(1620)  

[Français]

+

    Le président (M. Guy St-Julien (Abitibi—Baie-James—Nunavik, Lib.)): Nous commençons la réunion. Nous recevons aujourd'hui l'honorable Andy Mitchell, ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, ainsi que Mme Gilberte Fleischmann, directrice des négociations de l'autonomie gouvernementale au ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien.

    Monsieur le ministre, c'est un honneur de vous recevoir. Je vous félicite pour votre nomination. On sait que vous êtes quelqu'un du Nord, d'une région ressource, et que vous connaissez les régions ressources au Canada ainsi que les autochtones. Je vous souhaite un excellent mandat.

    Conformément à l'ordre de renvoi du jeudi 12 février 2004, nous étudions le projet de loi C-11, Loi portant mise en vigueur de l'Accord d'autonomie gouvernementale de la première nation de Westbank. Je mets en délibération l'article 1.

    Monsieur Mitchell, c'est à vous.

»  +-(1720)  

[Traduction]

+-

    L'hon. Andy Mitchell (ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien): Je vous remercie, monsieur le président, et je remercie aussi les membres du comité. Je tiens également à féliciter tous les membres du comité d'avoir entrepris cette tâche, et à vous féliciter, monsieur le président, pour votre élection ainsi que les coprésidents pour leur sélection.

    J'aimerais prendre un instant également pour remercier le comité pour les travaux qu'il a effectués par le passé. Je sais que c'est un comité qui a été très occupé et bien entendu je m'en voudrais de ne pas mentionner qu'il s'agit du Comité des ressources naturelles et des affaires autochtones. Je suis un ancien président du Comité des ressources naturelles, donc je me sens un peu chez moi si je puis dire. À l'époque, nous avons beaucoup travaillé ensemble et préparé le rapport intitulé Tenir compte de la réalité rurale, un rapport qui a joué un rôle important pour faire progresser le programme du gouvernement fédéral.

    Je vais passer quelques instants à vous parler de certaines des priorités du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, puis j'aborderai particulièrement le texte de loi dont le comité est saisi. Essentiellement, en assumant la tâche de ministre des Affaires indiennes et du Nord canadien, j'ai comme principal objectif d'éliminer l'écart social et économique qui existe entre les Canadiens autochtones et les Canadiens en général. Les mesures que nous proposons et les activités que nous avons l'intention d'entreprendre à titre de ministère visent à éliminer cet écart.

    Deuxièmement, monsieur le président, je suis convaincu que nous devons travailler à établir des relations de nature à favoriser la participation de mon ministère. Ces relations, de façon très générale, se divisent en trois catégories. De toute évidence, il y a la relation entre le gouvernement du Canada et les Premières nations, et elle est d'une importance primordiale, mais il y a aussi la relation qui existe entre le gouvernement du Canada, ses provinces et les Autochtones. Je crois qu'il faut développer cette relation. Il y a aussi la relation qui existe au sein du gouvernement fédéral. Quatorze de mes collègues s'occupent de questions autochtones sous une forme ou une autre. Je considère qu'il est également prioritaire d'établir les relations appropriées à cet égard.

    Il ne vous étonnera pas d'apprendre, monsieur le président—et vous l'avez d'ailleurs mentionné dans votre introduction—que je considère qu'il est absolument essentiel que nous renforcions les capacités des Premières nations afin qu'elles puissent ainsi que les membres de leurs collectivités participer pleinement à la richesse économique et sociale que représente le Canada. Je crois également, et cela se rapporte à la question dont nous traitons cet après-midi, que l'autonomie gouvernementale est un objectif important qu'il faut viser. Je considère qu'il s'agit là aussi d'un objectif important.

    Pour tâcher de concrétiser ces objectifs, monsieur le président, je crois que nous devons nous appuyer sur un certain nombre de principes fondamentaux. Tout d'abord, il est important à mon avis de travailler en collaboration avec les Premières nations et les autres peuples autochtones pour tâcher de trouver et d'appliquer des solutions qui nous permettront d'éliminer l'écart dont j'ai parlé plus tôt. Il faut qu'il s'agisse d'un processus d'inclusion et non d'exclusion. Je crois que c'est un important principe qui doit guider nos actions.

    Je crois qu'il est aussi important que les solutions que nous recherchons tiennent compte des besoins des membres des Premières nations mêmes. Dans le cadre de la mise en oeuvre d'initiatives possibles et d'activités particulières, nous devons nous assurer qu'elles tiennent effectivement compte des besoins et des aspirations des membres des Premières nations mêmes. Il est indispensable que nous élaborions une vision commune à partir de laquelle nous pourrons travailler et que nous le fassions avec respect, et en développant progressivement des liens de confiance entre nous.

    Je suis fermement convaincu qu'il est important que la concrétisation de nos objectifs s'appuie sur une stratégie ascendante plutôt que descendante. Je suis persuadé que les solutions ne se trouvent pas à Ottawa, ni dans les capitales provinciales ou territoriales, mais plutôt dans les collectivités mêmes. Il est à mon avis essentiel que nous donnions aux collectivités individuelles les moyens d'agir.

»  +-(1725)  

    Enfin, en ce qui concerne les principes, dans le cadre de l'élaboration d'une politique particulière, nous ne devons pas non plus oublier l'importance d'établir des relations qui nous permettront de concrétiser ces objectifs stratégiques et de mettre sur pied les structures qui nous permettront de le faire, en ne perdant pas de vue l'importance de développer ce genre de relations.

    J'estime que le projet de loi dont est saisi le comité aujourd'hui répond assurément à ces objectifs et souscrit à ces principes. Je crois que ce projet de loi, qui mettra en vigueur l'accord, fournira aux membres de la Première nation de Westbank les moyens qui leur permettront de réaliser des progrès économiques et sociaux dans leur collectivité. Ce projet de loi contribuera à éliminer l'écart dont j'ai parlé. Je crois qu'il définit une relation beaucoup plus appropriée et efficace entre le gouvernement du Canada et la Première nation de Westbank, et je crois qu'il s'agit d'une relation nettement supérieure à celle qui aurait existé en vertu de la Loi sur les Indiens. Je considère qu'elle permettra de renforcer les capacités au sein de la Première nation et permettra à ses membres de promouvoir le développement économique et social. Évidemment, cela représente un changement important, positif, à mon avis positif, dans la relation qui existe entre la Première nation de Westbank et le gouvernement du Canada.

    En ce qui concerne les principes énoncés dans ce projet de loi, je crois qu'il importe de souligner un certain nombre d'aspects importants. Tout d'abord, ce projet de loi représente le fruit d'une bonne collaboration. Nous allons assister sous peu à la conclusion d'un très long processus, d'environ 14 ou 15 ans, auquel ont participé non seulement les Premières nations mais la communauté dans son ensemble. Les structures gouvernementales de la collectivité en général ont travaillé ensemble à établir un objectif commun que ce projet de loi permettra de concrétiser.

    J'ai appris qu'il y a eu un nombre incroyable de réunions formelles et informelles au niveau communautaire, ce qui témoigne d'un effort véritable et concerté d'arriver à cet accord dans un esprit de collaboration et d'inclusion, de la part des Autochtones et des non-Autochtones. L'accord a l'appui de nombreuses personnes. Il a l'appui des gouvernements locaux, il a l'appui d'un grand nombre d'organisations à but non lucratif, il a l'appui de nombreux groupes du secteur des affaires. On considère qu'il s'agit d'une initiative positive, d'un progrès.

    L'accord même—je sais que c'est une question qui a été soulevée et dont on a parlé—prévoit un mécanisme qui permet la consultation des personnes non autochtones qui vivent dans la collectivité. En fait, le premier point à l'ordre du jour dans le cadre de la mise en oeuvre de cet accord consiste à élaborer ce mécanisme de consultation.

    L'accord, bien entendu, respecte les lois du Canada et reconnaît que tous les membres des Premières nations, comme l'ensemble des Canadiens, sont assujettis au Code criminel et aux dispositions de la Charte.

    Je considère que ce projet de loi tient bien compte des besoins locaux. En vertu de cet accord, les décisions seront prises localement par les personnes qui comprennent le mieux la collectivité, pas par des fonctionnaires ou des politiciens qui se trouvent à des milliers de milles de là. Les décisions quant à l'utilisation des terres, les structures de gouvernance, la gestion des ressources, la langue et la culture seront prises en fonction des lois des Premières nations et pourront rendre compte des besoins précis et des défis particuliers de cette collectivité. Je crois que cela permet des partenariats régionaux plus efficaces, partenariats qui seront établis avec le secteur privé, le gouvernement local et la collectivité non autochtone. Ce projet de loi reflète les besoins locaux puisqu'il garantit les conditions dans lesquelles les détenteurs de baux fonciers sont protégés.

    Je crois que cet accord, comme je l'ai dit au début de mes remarques, représente une vision commune, une volonté de la part des Autochtones et des non-Autochtones de travailler ensemble.

»  +-(1730)  

    Comme la plupart des membres de ce comité le savent sans doute, Westbank est une des bandes qui a le mieux réussi—peut-être en dépit de la Loi sur les Indiens—et qui a réussi notamment à négocier cet accord. Elle a la réputation de gérer ses terres de manière équitable et de travailler très sérieusement avec les non-Autochtones. C'est une collectivité qui jouit d'un succès économique depuis longtemps. Je crois que ce succès prouve qu'elle constitue un partenaire d'affaires fiable et, d'après ce qu'on me dit, monsieur le président, elle entretient des rapports de bon voisinage avec l'ensemble de la collectivité qui l'entoure.

    En conclusion, monsieur le président, je profite de l'occasion pour féliciter les Premières nations pour ce qu'elles ont accompli. Je tiens à féliciter tous les membres de la collectivité, autochtones et non autochtones. Je tiens à féliciter également l'ensemble de la collectivité de Kelowna et de la Colombie-Britannique pour leur empressement à collaborer à ce processus qui, d'après moi, constitue une étape très importante dans l'établissement d'une nouvelle relation entre Westbank et le Canada.

    Merci beaucoup, monsieur le président.

[Français]

+-

    Le président: Monsieur le ministre, merci de votre témoignage sur la communauté de Westbank, que j'ai eu la chance de rencontrer et qui est vraiment fantastique.

    On va passer à la période des questions. Pour le premier tour, M. Duncan, M. Loubier, M. Martin et M. Dromisky prendront la parole.

    Monsieur Duncan.

»  +-(1735)  

[Traduction]

+-

    M. John Duncan (Île de Vancouver-Nord, PCC): Merci, monsieur le président.

    Merci à vous, monsieur le ministre, ainsi qu'à Mme Fleischmann.

    Pour commencer, j'aimerais faire un bref commentaire puis ensuite j'aimerais vous poser quelques questions auxquelles vous pourrez répondre avec l'aide des experts qui vous accompagnent.

    Essentiellement, je crois qu'il serait très utile pour nous de rendre visite à cette collectivité. Hier, nous avons obtenu, en tant qu'opposition officielle, l'accord du leader à la Chambre. Or, les députés du parti ministériel soulèvent des difficultés.

    Je dirais simplement que cet accord s'applique à une région très proche des circonscriptions des députés de l'opposition officielle. Elle intéresse les députés de l'opposition officielle qui représentent toute cette région de la Colombie-Britannique. Je profite de l'occasion pour exprimer mes préoccupations à l'égard de la façon d'agir des députés d'en face.

    Maintenant, j'aimerais vous poser deux questions. L'article 244, à la page 65 de l'accord, traite des accords de transfert financier. J'aimerais savoir comment le gouvernement entrevoit l'application de cette disposition, notamment en ce qui concerne le renouvellement des accords de transfert financier à la Première nation de Westbank qui doit se faire tous les cinq ans. Je crois qu'il s'agit de la seule disposition de tout cet accord qui mentionne la marche à suivre.

    Vous nous épargneriez la peine de faire des recherches en nous disant combien d'accords d'autonomie gouvernementale déjà signés reconnaissent explicitement le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale.

    Voilà c'est tout ce que j'avais à dire. Je pourrais peut-être partagé le temps dont je dispose avec mon collègue. Ça dépendra, je suppose, de la longueur de la réponse.

[Français]

+-

    Le président: Monsieur le ministre.

[Traduction]

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Merci beaucoup.

    Permettez-moi de faire trois brefs commentaires, car il y avait un commentaire et deux questions dans votre intervention.

    En tant qu'ancien président d'un comité de la Chambre des communes, j'ai tout à fait l'intention, à titre de ministre, de respecter scrupuleusement l'intégrité des comités. Le comité est maître de son destin et c'est à lui qu'il appartient de prendre des décisions en suivant ses propres processus. Je tiens à ce que ce soit clair. Je suis le ministre et je suis à votre disposition.

    Pour ce qui est de l'article 244, je pense qu'il est absolument essentiel de prévoir les exigences de responsabilité au moment où nous nous engageons dans des accords de financement de Westbank ou, d'ailleurs, de toute autre partie. C'est quelque chose que nous devons faire dès le début lorsque nous établissons des relations et des accords de financement avec les Premières nations. Ce sera certainement le cas pour l'accord d'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank.

    Il est évident que nous pouvons de temps en temps signer d'autres genres d'accords qui sont moins fondamentaux. Il est difficile de prévoir d'avance le genre de partenariat qui pourrait exister entre les Premières nations et le gouvernement fédéral et d'autres partenaires. Il est bien sûr essentiel de s'assurer d'avoir les contrôles et les mécanismes de responsabilité internes qui s'imposent. C'est une exigence normale.

    Pour ce qui est du nombre de Premières nations visées par une loi d'autonomie gouvernementale, il y en a à l'heure actuelle 23.

»  +-(1740)  

+-

    M. John Duncan: Eh bien, je vous demandais plutôt combien de ces accords reconnaissent explicitement le droit inhérent à l'autonomie gouvernementale.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: C'est le premier accord indépendant qui contient cette reconnaissance.

+-

    M. John Duncan: Ne se trouve-t-elle pas de manière explicite dans les préambules des accords sur le Yukon, par exemple, ou dans les accords visant le Nord?

+-

    L'hon. Andy Mitchell: On me dit que c'est le premier accord incarnant la politique du gouvernement sur le droit inhérent, qui est la politique qui nous guidera à l'avenir pour ce genre de négociations.

+-

    M. John Duncan: Très bien, je vous prends au mot, mais je ne pense pas que ce soit aussi simple. Je ne veux pas être un fauteur de trouble, je pense simplement qu'il y en a d'autres. Je crois vraiment qu'il y a d'autres préambules qui reconnaissent ce droit.

    En d'autres mots, je ne crois pas que ce soit la première fois. C'est une question importante.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Si vous le permettez, monsieur le président, John et moi pourrions peut-être discuter plus à fond de cette question ailleurs pour que je puisse mieux comprendre à quoi il veut en venir. Je serai heureux de faire cela.

+-

    M. John Duncan: Merci.

[Français]

+-

    Le président: Merci. M. Vellacott va terminer. Il vous reste deux minutes et trente secondes.

[Traduction]

+-

    M. Maurice Vellacott (Saskatoon—Wanuskewin, PCC): Merci.

    Je voudrais revenir à cette question, monsieur le président. En réalité, c'est vous qui déterminez le programme et qui fait avancer les démarches suivant un certain calendrier. Je me demande si vous avez des objections à ce que nous ayons des audiences sur place, chez la Première nation de Westbank, plutôt que de rester ici à la Chambre des communes.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Je ne vais pas discuter de ce que le comité devrait ou ne devrait pas faire. C'est au comité d'en décider. Je suis ici à titre de témoin. Je suis le ministre, mais le comité est maître de son destin. Je pense que c'est ainsi que les choses doivent se faire. C'est ainsi que fonctionnait le comité lorsque j'en étais le président et je pense que c'est la bonne façon de faire. Il ne m'appartient pas de dire au comité ce qu'il devrait ou ne devrait pas faire.

+-

    M. Maurice Vellacott: Je devrais peut-être alors reformuler ma question. Est-ce qu'il y a une date limite à laquelle vous aimeriez que nous ayons terminé notre étude et renvoyé le projet de loi à la Chambre?

+-

    L'hon. Andy Mitchell: La seule chose qui m'intéresse c'est l'aboutissement d'un processus qui dure depuis 14 ou 15 ans. C'est au comité de décider combien de temps il lui faut pour étudier la question. Je ne suis pas à la veille de dire au comité comment diriger ses affaires, où aller ou ne pas aller ni de lui imposer une date limite. C'est au comité, pas au ministre, qu'il appartient de prendre ces décisions.

+-

    M. Maurice Vellacott: J'aimerais dire, humblement, aux fins du compte-rendu,...

    Pardon?

+-

    Le président: Il vous reste 35 secondes.

+-

    M. Maurice Vellacott: Bien, 35 secondes.

    Le secrétaire parlementaire, qui reçoit de toute évidence des instructions de quelqu'un, nous a indiqué que nous devions terminer notre étude d'ici vendredi, alors que nous aimerions beaucoup mieux prendre le temps de tenir des audiences publiques dans la région de Westbank.

    Cela ne veut pas dire que nous nous opposons au projet de loi, mais il y a des éléments que nous aimerions examiner avec des témoins sur place. C'est un peu troublant pour nous que le secrétaire parlementaire—qui reçoit des instructions de quelque part, je suppose du cabinet du ministre—nous dise que nous devons terminer notre étude et faire rapport du projet de loi à la Chambre des communes d'ici vendredi. Nous devons tenir des audiences dans la région de Westbank.

+-

    Le président: Merci, monsieur Vellacott.

    Monsieur Bagnell, c'est à vous.

+-

    L'hon. Larry Bagnell (Yukon, Lib.): Une question de privilège. Il m'attribue des intentions. Je n'ai reçu d'ordres de personne. Je prends mes propres décisions.

    Merci.

[Français]

+-

    Le président: Merci, monsieur Bagnell.

    Monsieur le ministre, voulez-vous répondre brièvement?

[Traduction]

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Je voudrais dire la même chose. C'est au comité de décider de ce qu'il fait.

+-

    Le président: Merci.

[Français]

    Merci.

    Monsieur Loubier, vous avez la parole.

+-

    M. Yvan Loubier (Saint-Hyacinthe—Bagot, BQ): Merci, monsieur le président.

    Bonjour, monsieur le ministre. Je suis heureux de vous voir ici. Je suis également heureux de voir les représentants de la communauté de Westbank, dont le chef de cette première nation. J'ai eu l'occasion de les rencontrer avant l'ajournement de décembre et je leur avais donné mon appui total ainsi que celui de mon parti pour ce projet d'autonomie gouvernementale. Comme vous l'avez mentionné, monsieur le ministre, ça fait des années que les gens de cette communauté attendent ce moment. Ils sont venus au mois de décembre et, n'eût été d'un député de l'Alliance canadienne qui, à ce moment-là, s'était levé pour s'opposer au consensus sur le dépôt du projet de loi, ce serait réalisé aujourd'hui.

    Je ne comprends pas les conservateurs aujourd'hui qui veulent étirer le débat, qui veulent faire mourir au Feuilleton ce projet de loi, parce qu'au mois de décembre, il n'y avait absolument aucune opposition de parti, selon eux. Il y avait seulement un individu qui avait des réserves, qui s'est levé et qui a brisé l'unanimité.

    Je peux vous dire que nous appuyons totalement, à 150 p. 100, le projet de Westbank, comme tout projet d'autonomie gouvernementale des premières nations, parce que c'est la seule voie valable, celle qui nous a été tracée par Erasmus-Dussault en 1998. Nous devons la suivre et même accélérer les projets d'autonomie gouvernementale.

    J'ai trois questions à vous poser, monsieur le ministre. Elles sont liées indirectement à Westbank.

    Premièrement, j'aimerais savoir quand vous avez l'intention de signer le projet d'entente de principe avec les Innus du Québec. Le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et aux Affaires autochtones du Québec vous a interpellé hier par l'entremise des médias. Il ne manque que votre signature pour poursuivre les négociations.

    Deuxièmement, j'aimerais savoir ce que vous entendez faire avec une situation dramatique généralisée dans presque toutes les communautés des premières nations, à savoir la question du logement pour les premières nations. Seulement pour le territoire du Québec et du Labrador, 400 unités seront construites cette année alors qu'il faudrait 8 000 logements. Il y a une insalubrité totale et généralisée.

    Troisièmement, lorsqu'on s'est rencontrés, j'ai reproché à votre prédécesseur de manquer de transparence. Je lui ai aussi demandé à plusieurs reprises, ainsi qu'à votre ministère, de me fournir la liste des cogestionnaires sur tous les territoires des premières nations, la liste des tiers administrateurs, les noms, le montant des contrats qu'ils obtiennent et le type de travail qu'ils effectuent. J'attends toujours une réponse et j'espère que vous allez pouvoir me fournir aujourd'hui des échéanciers précis à cet égard.

»  +-(1745)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Loubier.

    Vous avez un appel au Règlement, monsieur Bagnell.

[Traduction]

+-

    L'hon. Larry Bagnell: J'invoque le Règlement : c'est un grave manque de respect à l'égard des gens de Westbank. C'est tout à fait inacceptable. Ce genre de questions peuvent être posées à la période des questions.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Je peux répondre très rapidement, monsieur le président, si vous...

    Avec... M. Pelletier? Oui, M. Pelletier. Nous avons eu des discussions sur ces échéances, et elles se poursuivront.

    Au sujet du logement, nous avons eu vous et moi une conversation sur ce sujet. J'ai demandé à des fonctionnaires de se rendre sur place et de me préparer un rapport, puisque vous aviez soulevé un problème très particulier.

    Il est certes nécessaire de traiter de la question plus large, tant du point de vue de ce que j'appellerais l'élément logement social, mais il faut aussi prendre davantage de recul et trouver des façons créatives d'encourager la construction de logements supplémentaires, tout en comprenant qu'il s'agit de voies parallèles. Mais j'y travaille, en effet.

    Vous m'avez demandé des renseignements précis. J'ai demandé qu'ils soient préparés pour vous et dès qu'ils seront prêts, je m'assurerai qu'on vous les fasse parvenir.

[Français]

+-

    Le président: Merci, monsieur Loubier.

    Monsieur Mitchell, j'aimerais vous préciser que quand on parle des logements des premières nations, comme M. Loubier l'a fait, on parle aussi des logements des Inuits au Nunavut et au Nunavik. Il faut que ce soit inclus dans le détail des logements qui manquent actuellement. Vous êtes d'accord que ce ne sont pas seulement les premières nations, qu'il y a aussi au Canada les Inuits du Nunavik et du Nunavut. Merci beaucoup.

    Vous avez encore trois minutes, monsieur Loubier.

+-

    M. Yvan Loubier: Je ne comprends pas le sens de l'intervention de mon collègue Bagnell. J'ai rendu hommage aux gens de Westbank et je vais continuer à le faire. J'ai eu l'occasion non seulement de discuter avec eux, mais aussi de voir la vidéo qu'ils nous ont présentée. Ils ont fait un travail colossal, comme beaucoup de premières nations qui essaient précisément d'atteindre l'autonomie gouvernementale. Ils doivent abattre une corvée extraordinaire, chercher des appuis et travailler sans relâche, année après année. Je tiens à les féliciter.

    S'il y a des gens qui ont du mérite, ce sont bien eux: ils décident d'investir toute l'énergie, le talent et le génie qu'on a tenté de leur enlever pendant nombre de décennies avec la détestable Loi sur les Indiens. Ils ont réussi à nous présenter un très beau projet aujourd'hui, qui mérite toute notre attention. Nous devrions tous lui manifester notre appui le plus rapidement possible. Nous devrions faire en sorte que Westbank obtienne cette autonomie gouvernementale tant souhaitée par toutes les premières nations. Je termine là-dessus, monsieur le ministre.

»  +-(1750)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Loubier.

    Monsieur Martin.

[Traduction]

+-

    M. Pat Martin (Winnipeg-Centre, NPD): Merci, monsieur le président.

    Je serai bref aussi : je ne pense pas avoir besoin de tout le temps qui m'est imparti pour dire simplement que le caucus néo-démocrate est enthousiaste dans son appui de ce projet de loi. Je trouve très satisfaisant de pouvoir agir de manière proactive. Le comité permanent a consacré beaucoup de temps à s'opposer à la Loi sur la gouvernance des Premières nations ainsi qu'au projet de loi C-6 et je trouve rafraîchissant que nous puissions appuyer ce projet de loi. J'ai hâte qu'il soit adopté.

    J'ai une observation à formuler. Ce que nous aimons de ce projet de loi, ce qui suscite notre appui, c'est qu'il donne force de loi à un accord mûrement réfléchi et librement négocié de façon civilisée par les parties. Ce n'est pas la loi qui touchera la vie des gens, mais l'accord, dont la loi permettra simplement la mise en oeuvre et l'épanouissement. Si ce n'est déjà fait, je recommande qu'on tire des leçons de ce modèle, pour d'autres projets de loi à venir.

    Je veux remettre en question une chose. Comme on en a parlé dans une séance à huis clos, il est inconvenant de la part de mon collègue de l'Alliance de parler d'aller à Kelowna. Il doit bien le savoir. Et je tiens à souligner que c'est le processus de consultation le plus approfondi et le plus exhaustif...

[Français]

+-

    Le président: Monsieur Martin...

[Traduction]

+-

    M. Pat Martin: Vous dites?

[Français]

+-

    Le président: Il y a un appel au Règlement.

    Monsieur Vellacott.

[Traduction]

+-

    M. Maurice Vellacott: Je signale à l'attention du député du CCF que le parti de l'opposition officielle est actuellement le Parti conservateur du Canada. L'Alliance canadienne n'est pas le parti représenté de ce côté-ci de la table.

+-

    M. Pat Martin: C'était certainement une bonne raison de m'interrompre. Merci.

    D'après moi, le processus de consultation qui a eu lieu était approfondi, exhaustif et très soigneusement mené. Je crois que la communauté a été suffisamment consultée et ne tirerait aucun avantage de la visite de notre comité parlementaire qui chercherait ainsi à réinventer la roue. En fait, cela contraste avec ce que nous estimons être un lamentable processus de consultation dans le cas de la Loi sur la gouvernance des Premières nations. On peut situer à deux extrêmes la consultation sur la gouvernance, comme exemple à éviter, et celle sur Westbank, comme exemple à suivre. Cette dernière devrait à l'avenir nous servir de modèle.

    Je tiens aussi à féliciter le chef Robert Louie et le conseil de Westbank. J'assimile ses efforts à ceux de M. Gosnell, quand le Parlement était si fier de mettre en oeuvre l'accord nisga'a, malgré les 472 amendements malveillants de l'Alliance canadienne—je pense qu'il s'agissait alors du Parti réformiste, puisqu'il faut nommer les choses par leur nom.

    Je crois qu'il ne faut laisser personne ici faire de la petite politique et retarder l'adoption de ce projet de loi davantage et j'ai hâte de terminer l'audience d'aujourd'hui et de passer demain, je l'espère, à l'examen article par article, en prévision de l'adoption en Chambre, vendredi.

    C'était peut-être plus un commentaire qu'une question, monsieur le ministre, mais moi aussi, je suis ravi de votre présence ici. Merci pour vos propos. Vous avez l'appui enthousiaste du parti néo-démocrate, pour ce projet de loi.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Merci, monsieur Martin.

[Français]

+-

    Le président: Merci, monsieur Martin.

    Monsieur Dromisky.

[Traduction]

+-

    M. Stan Dromisky (Thunder Bay—Atikokan, Lib.): Merci beaucoup, monsieur le président.

    Je tiens moi aussi à féliciter les membres du conseil de Westbank qui sont ici aujourd'hui, mais aussi leurs pères et leurs prédécesseurs, qui pendant de longues années, ont travaillé en vue de ce résultat sans jamais perdre de vue leurs objectifs. Je vous félicite, vous et vos familles.

    J'ai des questions auxquelles vous pouvez ou non répondre, monsieur le ministre. Je sais qu'environ 400 personnes non autochtones seront mêlées à ce modèle indépendant de Westbank. Je suis un peu préoccupé au sujet de la cohabitation des lois fédérales, des lois provinciales et de celles de Westbank. Est-ce que ces non-Autochtones auront, dans le cadre de ce modèle, des droits constitutionnels? Qui a le pouvoir : la Constitution ou l'accord de Westbank? Où sont les lignes de démarcation lorsqu'il faut trancher?

»  +-(1755)  

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Merci, monsieur Dromisky.

    Si mes chiffres sont bons, il y a en fait 8 000 non-Autochtones qui sont assujettis à cet accord et environ 400 membres de la communauté.

+-

    M. Stan Dromisky: Donc c'est l'inverse : 8 000 et 400 et non 4 000 et 800.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: C'est exact.

+-

    M. Stan Dromisky: Ah, bien.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Prenons un exemple : le droit pénal canadien continue de s'appliquer là. De même, la Charte des droits et libertés. Les structures de ce genre demeurent.

    Certains domaines de compétence sont traités dans l'accord, comme ils le seront dans les lois de Westbank. Pour en traiter, les gens de Westbank sont tenus de créer, ou ont la possibilité de créer un comité administratif. Ils ont pour cela des pouvoirs d'application. Une fois épuisés les recours administratifs, on pourrait procéder à un examen judiciaire. Ces protections seront donc accordées là comme elles le sont ailleurs, pour tous les Canadiens.

+-

    M. Stan Dromisky: Bien.

    J'ai une autre question. Imaginons que dans quelques années, après divers changements de dirigeants, de nouveaux administrateurs arrivent et cette communauté, qui reçoit des fonds fédéraux, se plaint à maintes reprises aux collectivités de l'extérieur et au gouvernement d'une certaine gabegie en son sein : autrement dit, des détournements de fonds, de la fraude, ou autre chose encore. Le Bureau du vérificateur général aurait-il le pouvoir et la compétence nécessaires pour procéder dans cette collectivité à un examen approfondi de tout ce qui est suspect, au sujet de l'accord fiduciaire qui lie le gouvernement fédéral et cette collectivité?

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Je vais répondre à votre question et si je me trompe, mes fonctionnaires me corrigeront.

    La vérificatrice générale est habilitée à vérifier les transferts ou paiements du gouvernement fédéral faits en vertu d'une entente. C'est une règle universelle, qu'il s'agisse d'une entente visant une Première nation, une Première nation autonome ou toute autre entité. La vérificatrice générale a le droit d'examiner les dépenses du gouvernement fédéral, et ce droit n'est pas diminué.

    J'imagine que la Première nation en question fera vérifier ses livres par un vérificateur responsable qui aura été mandaté par le gouvernement de la nation Westbank pour s'occuper de ces questions. En ce qui concerne le gouvernement fédéral, la vérificatrice générale aura effectivement compétence pour mener un tel examen, comme pour toutes les autres dépenses.

+-

    M. Stan Dromisky: J'ai une question au sujet de ce qui pourrait survenir dans l'avenir. Comme je l'ai dit aux dirigeants de la Première nation de Westbank, je suis frappé par la pertinence d'un grand nombre d'aspects de l'entente ayant trait à la langue, à l'éducation, et ainsi de suite. Je pourrais vanter longuement les mérites de cette entente extraordinaire, monsieur le ministre, et je pense que nous devrions faire en sorte qu'elle entre en vigueur le plus vite possible.

    Cette entente pourrait servir de modèle aux collectivités de beaucoup d'autres régions du Canada qui pourraient conclure des ententes analogues. Beaucoup d'entre elles y travaillent depuis des années. Si nous pouvons appliquer ce modèle dans d'autres localités, cela accélérera la réalisation des objectifs que nous essayons d'atteindre depuis si longtemps dans bien d'autres endroits du pays.

    Merci.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Il y a beaucoup de facteurs dont il faut tenir compte. Évidemment, nous en avons appris beaucoup au cours des années qui ont mené à la signature de cette entente et de l'entente elle-même qui est très instructive. Toutefois, nous devons garder à l'esprit que les Premières nations du Canada sont très différentes les unes des autres. Bien entendu, nous devons nous inspirer des aspects positifs de cette entente, mais il importe de reconnaître l'existence de cas particuliers dont nous devrons tenir compte dans d'autres régions du pays.

+-

    M. Stan Dromisky: Merci.

[Français]

+-

    Le président: Merci beaucoup. Je voudrais vous indiquer que le ministre a des engagements précis et qu'il a été retardé à cause du vote à la Chambre des communes. Je sais qu'il doit partir à 18 h 15 à cause de ses engagements. Il reste maintenant deux ou trois intervenants. Messieurs Day et Laliberte, vous avez trois minutes.

    Monsieur Day.

¼  +-(1800)  

+-

    M. Stockwell Day (Okanagan—Coquihalla, PCC): Il s'agit de M. Schmidt.

+-

    Le président: Je m'en excuse.

[Traduction]

    Monsieur Schmidt, vous avez trois minutes.

+-

    M. Werner Schmidt (Kelowna, PCC): Je vous remercie de vous être déplacé, monsieur le ministre. Vous et moi nous nous connaissons bien pour avoir travaillé sur d'autres dossiers par le passé.

    Je souhaite également la bienvenue à Robert Louie, chef de la Première nation de Westbank.

    Comme le ministre l'a indiqué, le gouvernement entretient de bonnes relations avec la Première nation de Westbank, et j'en suis très fier. Elle a obtenu des résultats extrêmement positifs dans d'importants domaines.

    Monsieur le ministre, j'aimerais avoir des éclaircissements au sujet des mécanismes à la disposition des non-membres qui habitent sur le territoire de Westbank ou qui possèdent des intérêts dans des terres de Westbank. Il s'agit des mécanismes grâce auxquels ils pourront avoir leur mot à dire relativement aux lois de Westbank et aux modifications qui pourraient y être proposées, et qui pourraient les toucher directement et de façon importante. Il y a plusieurs facteurs à considérer. Premièrement, il faut instaurer un mécanisme, ce qui suppose qu'il n'en existe pas à l'heure actuelle. Nous ne connaissons donc pas la nature de ce mécanisme. Deuxièmement, on prévoit que les non-membres « pourraient » avoir, mais n'auraient donc pas nécessairement, leur mot à dire dans les lois proposées de Westbank, lois qui les touchent directement.

    Monsieur le ministre, pourriez-vous expliquer précisément comment cette disposition de l'entente d'autonomie gouvernementale pourrait être instituée puis appliquée. J'aimerais savoir ce qui adviendrait si, par exemple, quelqu'un contestait les effets de ces lois dans différents domaines, dont les politiques fiscales, le développement immobilier, le développement communautaire, l'agrément des entreprises, et ainsi de suite.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Merci beaucoup, Werner. C'est une excellente question.

    J'aimerais tout d'abord rappeler que le statu quo ne prévoit rien pour ces personnes. Aucune disposition de la Loi sur les Indiens ne leur accorde de tels droits. Il faut bien comprendre que la création d'un mécanisme est en soi un progrès, puisqu'il n'existe rien du tout à l'heure actuelle. De plus, l'entente prévoit la création d'un tel mécanisme et je crois que c'est la première mesure prévue. Cela ne pouvait pas être fait à l'avance parce que tant que la Première nation de Westbank ne sera pas habilitée à élaborer ses propres lois, elle ne pourra instituer ce mécanisme.

    La nature même de cette disposition dépendra de la Première nation de Westbank en vertu de l'entente d'autonomie gouvernementale. Je ne suis pas un expert dans ce domaine. Je ne suis pas, comme vous, originaire de la Colombie-Britannique ni de Kelowna, mais d'après ce que j'ai pu constater, à la lumière de l'expérience passée de cette région, je crois que les lois que la Première nation de Westbank se donnera seront justes, qu'elles ne marginaliseront personne et qu'elles répondront aux besoins de ces gens. C'est ce que je crois, d'après les activités passées de cette bande. Les gens qui la constituent ont toujours été de bons voisins, de bons associés d'affaires et de bons gestionnaires du territoire. Leurs décisions passées ayant été exemplaires, je suis persuadé qu'ils mettront au point un mécanisme tout à fait approprié.

+-

    M. Werner Schmidt: Je crois...

[Français]

+-

    Le président: Je suis désolé, monsieur Schmidt, mais votre temps est écoulé. On va maintenant passer à M. Laliberte.

[Traduction]

+-

    M. Werner Schmidt: Mais ce que j'allais dire est très important.

[Français]

+-

    Le président: Que votre question soit très courte, alors.

[Traduction]

+-

    M. Werner Schmidt: Je trouve tout à fait juste la façon dont M. Mitchell a décrit la bande, mais j'aimerais revenir, monsieur le président, sur le fait que, comme on l'a dit, cette entente pourrait devenir un modèle, ce qui serait utile. Si le modèle permet de poursuivre les relations qui existent à l'heure actuelle, ce serait formidable, mais cela n'est pas garanti. Voilà, à mon avis, ce qui préoccupe les gens. Monsieur le ministre, je pense qu'il serait utile que vous entendiez ce qu'ont à dire les 8 000 personnes environ qui sont concernées. Ces personnes veulent s'exprimer. Elles aiment habiter à cet endroit. Autrement, elles n'auraient pas acheté de maison à Westbank.

¼  +-(1805)  

[Français]

+-

    Le président: Merci, monsieur Mitchell.

    Je tiens à vous aviser que dans deux minutes environ, les gens de Kelowna vont pouvoir entendre en direct la suite des délibérations. Ils vont voir ce qui se passe ici. Merci beaucoup.

    Monsieur Laliberte.

[Traduction]

+-

    M. Rick Laliberte (Rivière Churchill, Lib.): Merci, monsieur le président.

    Monsieur le ministre, l'entente d'autonomie gouvernementale découle de la politique du gouvernement fédéral, mais il y a aussi des pourparlers relatifs à un traité avec Westbank. Sont-ils encore en cours ou ont-ils été interrompus? Je ne connais pas très bien la Commission d'étude des traités de la Colombie-Britannique. Pourriez-vous décrire l'avancement et la nature de ces négociations en vue d'un traité. Il s'agit de la première entente indépendante d'autonomie gouvernementale; par le passé, les ententes d'autonomie gouvernementale étaient toujours accompagnées d'un traité. Il y avait deux parties. Combien de temps la Première nation de Westbank devra-t-elle attendre pour que la négociation de traités se poursuive.

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Je crois comprendre que les négociations se poursuivent. Nous essayons de conclure une entente de principe. J'espère que cela pourra se faire aussi vite que possible. Nous n'avons pas mis les pourparlers en veilleuse. C'est une question qu'il faut régler et les négociations se poursuivent.

+-

    M. Rick Laliberte: C'est tout.

[Français]

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant passer à M. Martin.

[Traduction]

    Monsieur Martin, vous avez trois minutes.

+-

    M. Pat Martin: Non merci, ce n'est pas nécessaire.

[Français]

+-

    Le président: Monsieur Day.

[Traduction]

+-

    M. Stockwell Day: Merci.

    Merci, monsieur le ministre, et merci pour les entretiens que nous avons déjà eus qui avaient trait à toute cette question.

    On l'a déjà dit—pour ma part je l'ai certainement dit, tout comme d'autres—que nous constatons maintenant l'existence de relations de coopération tout à fait exceptionnelles comme il n'y en a jamais eues entre la Première nation de Westbank et non seulement ses voisins mais en fait aussi avec les habitants des terres de Westbank qui ne sont pas autochtones—soit 7 500 personnes et quelque 200 entreprises. C'est maintenant un modèle grâce à la bonne volonté de tous les intéressés.

    Un long processus de consultation mené au fil des ans a abouti à cette mesure législative, et nous en sommes maintenant à cette étape du processus législatif. En excluant... et c'est ce dont j'aimerais traiter avec vous. Je comprends que vous disiez que c'est au comité de trancher, de décider. Je ne sais pas dans quelle mesure vous aviez donné des instructions au secrétaire parlementaire et à d'autres, mais on risque vraiment de compromettre la bonne relation productive de coopération qui s'est établie au fil des ans si on l'abrège maintenant en ne permettant pas aux députés... Nous avons vu au moins un député libéral reconnaître que ce serait une bonne chose, quoique je ne puisse pas reconstituer le vote.

    C'est cela qui me préoccupe. À ce moment-ci, pourquoi semblerait-on—et je dis « semblerait » parce que je pense qu'on fait ici preuve de bonne volonté—se précipiter plus qu'à l'ordinaire à l'étape du comité, l'étape même où la mesure législative...? Des gens s'en ressentiront pendant des années. On créera un précédent. Pourquoi devrait-il maintenant y avoir cette apparente et inhabituelle précipitation?

    Je n'ai rien à redire au cheminement du projet de loi jusqu'ici, mais maintenant, en voyant ces pressions qu'on exerce, des gens dire : « Vite, finissons-en », après l'aboutissement de ce long processus, je me demande quelle différence pourraient faire quelques jours ou même quelques semaines de plus... mis à part le fait que nous sommes tous impatients et que nous aimerions en finir.

    Si nous n'avons pas la possibilité—et je suis reconnaissant, en passant, au comité pour les efforts qu'il a faits pour tenir des téléconférences—tout au moins de faire en sorte qu'on examine les questions et de faire en sorte que certains de ceux qui vivent là posent les questions et obtiennent des réponses... Il se peut que nous constations qu'ils font erreur ou il se peut que nous constations qu'ils voient juste, mais si l'on ne donne pas cette possibilité, nous compromettrons l'issue d'un long et laborieux processus faisant appel à la bonne volonté des parties. Je serai contraint de poser toutes les questions au moment de l'étude article par article si ces gens qui doivent être ici, qui veulent y être, ne le peuvent pas.

    Voilà donc ce que je vous soumets et je vous invite à y réfléchir.

    Merci, monsieur le président.

¼  +-(1810)  

[Français]

+-

    Le président: Merci, monsieur Day.

    Monsieur Mitchell.

[Traduction]

+-

    L'hon. Andy Mitchell: Je vais vous redonner la même réponse qu'auparavant. Vous faites valoir un point de vue, monsieur Day, qu'il incombe au comité d'examiner. Ce n'est pas un point de vue dont le ministre a à traiter. C'est au comité qu'il appartient de décider de ce qu'il veut faire et de la façon dont il veut le faire. En fait, si je laissais le moindrement entendre que je veux imposer mes desiderata au comité, je présume que les membres du comité m'en voudraient terriblement. En tant qu'ancien président de comité, je respecte le travail des comités, et je respecte la nécessité pour les comités de prendre ces décisions en tant que comités. Il ne convient pas que le ministre intervienne dans ce que le comité décide de faire. C'est l'affaire du comité.

    En l'occurrence, je m'en remets au comité. Je me trouve ici parce que le comité m'a demandé de comparaître. Je suis venu en tant que témoin comparaissant devant le comité, et le comité fera son travail. À un moment donné il entreprendra l'étude article par article et le projet de loi sera renvoyé à la Chambre. Quant à savoir comment il s'y prendra, c'est l'affaire du comité.

+-

    M. Stockwell Day: Comme toujours, vous avez énormément d'influence et les membres du comité ne seraient pas fâchés de savoir ce que vous pensez de telles visites. Nous n'en serions pas offusqués.

[Français]

+-

    Le président: Merci, monsieur Day.

    Monsieur Harvey.

+-

    L'hon. André Harvey (Chicoutimi—Le Fjord, Lib.): Monsieur le ministre, permettez-moi de vous féliciter pour votre nomination. Je peux vous assurer que vous avez toute notre confiance dans ce dossier, qui a toujours été marqué par des difficultés énormes. Je veux féliciter également les gens de la communauté de Westbank. Je pense qu'elle constitue un modèle intéressant.

    Avant que vous nous quittiez, je peux vous dire que ce qui me paraît important dans tout cela, c'est que toutes les communautés soient bien impliquées dans un processus de règlement comme celui-là. Je vous rappelle que je représente la région du Saguenay--Lac-Saint-Jean, où il y a environ 300 000 personnes. Il y a eu le dossier de l'approche commune  qui a été négocié par notre gouvernement, le gouvernement du Québec et la communauté innue. Jusqu'à tout récemment, la communauté blanche n'était pas représentée lors des discussions sur cette question, mais deux personnes viennent d'être nommées, M. Benoît Bouchard, ancien ministre fédéral, et M. Germain Simard, ancien président de l'UPA. Cette entente, sur le fond de laquelle je ne veux pas émettre de commentaires, a suscité beaucoup d'inquiétude dans la communauté blanche de notre région.

    Je suis heureux que des séances d'information avec les gens de ma communauté aient commencé à se faire pour qu'on puisse, avant de signer une telle entente, rassurer toute la population. Ce sont 300 000 personnes qui sont inquiètes, à la fois pour des raisons objectives très rationnelles et pour des raisons parfois plus émotives. Je pense que sur le fond, on a un travail à faire auprès de toute la population de ma région sur cette entente-là.

    J'en profite donc pour vous demander d'insister, s'il y a lieu, auprès du gouvernement du Québec pour continuer le travail d'information, de sensibilisation et peut-être de consultation à la fin pour modifier, s'il y a lieu, l'accord de principe qui est proposé. C'est une préoccupation que je voulais vous transmettre devant tous vos officiels, monsieur le ministre, et je vous remercie.

+-

    Le président: Il n'y a pas d'autres questions? Merci beaucoup, monsieur le ministre. Nous savons que votre emploi du temps est très chargé et nous tenons à vous remercier, vous et votre équipe, d'être venus nous rencontrer et d'avoir été patients. Nous vous remercions de votre présence et vous souhaitons une bonne soirée.

    Nous ajournons pour cinq minutes. Il y a un repas qui nous attend. Ensuite, je vais inviter les prochains témoins à prendre place à l'avant.

¼  +-(1814)  


¼  +-(1828)  

+-

    Le président: Nous allons poursuivre nos travaux avec nos témoins. Les gens de la communauté de Westbank nous entendent maintenant en direct.

    Le premier témoin est le chef de la première nation de Westbank, Me Robert Louie, et il est accompagné de Me Micha Menczer, conseiller juridique. Monsieur Louie, pourriez-vous nous présenter votre équipe de Westbank, avec qui vous travaillez depuis plusieurs années?

[Traduction]

    Donnez-nous leur nom et leur titre.

+-

    Le chef Robert Louie (Première nation Westbank): Merci, monsieur le président.

    Bonsoir, mesdames et messieurs.

    Je suis très fier d'être accompagné par tous les membres du conseil de la Première nation de Westbank : Larry Derrickson, Raf DeGuevara, Mickey Werstvik et Clarence Clough. Sont également présents deux employés de soutien : Mme Brenda McGregor, recherchiste principale au service des affaires intergouvernementales, et notre conseiller juridique, M. Micha Menczer.

¼  +-(1830)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

+-

    Le chef Robert Louie: Je ne voudrais surtout pas oublier un homme très important dans notre collectivité, qui travaille avec nous depuis plus de 15 ans, M. Tim Raybould. M. Raybould a négocié l'accord d'autonomie gouvernementale pour Westbank.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Vous avez 15 minutes pour faire un exposé. Prenez votre temps.

+-

    Le chef Robert Louie: Merci beaucoup, monsieur le président.

    [Le témoin s'exprime dans sa langue autochtone]

    Comme vous le savez, la négociation de l'accord d'autonomie gouvernementale de Westbank s'est échelonnée sur une période de 14 ans pour aboutir à l'accord final ratifié par nos membres le 24 mai 2003. La dernière étape de notre cheminement historique sera l'adoption de la loi fédérale portant ratification de l'accord par le Canada. Je suis très heureux, tout comme les membres de mon conseil et notre personnel, de comparaître devant vous pour vous exprimer l'importance de cet accord et l'impact positif qu'il aura sur les membres de la Première nation de Westbank et des autres personnes qui résident sur les terres de Westbank.

    La Première nation de Westbank est l'une des sept collectivités qui constituent la Nation Okanagan. Nous avons environ 2 000 hectares près de la ville de Kelowna. Il y a environ 600 membres de la bande et quelque 8 000 personnes non-membres qui habitent sur nos terres. Nous sommes un peuple okanagan des Salish de l'intérieur et nous habitons la vallée d'Okanagan depuis des milliers d'années.

    Notre peuple a toujours maintenu que nous avions un droit inhérent à l'autonomie gouvernementale. Ce droit a été reconnu par la Commission royale sur les peuples autochtones et les tribunaux, et même la politique sur l'autonomie gouvernementale du gouvernement du Canada reconnaît ce droit inhérent. Le défi consistait à déterminer de quelle manière ce droit pouvait s'exercer en pratique, et le rapport de la Commission royale, la Cour suprême du Canada dans des décisions comme celle dans l'affaire Delgamuukw et les politiques du Canada ont recommandé la négociation plutôt que le recours aux tribunaux. La nation de Westbank et le Canada ont réussi à négocier un accord d'autonomie gouvernementale qui met en oeuvre certains aspects du droit inhérent à l'autonomie gouvernementale de notre nation sur les terres de Westbank en se fondant sur la reconnaissance du fait que le droit inhérent est un droit ancestral existant.

    Notre parcours a certainement été excitant. En 1963, notre premier pas vers l'autonomie dans les temps modernes a été de nous séparer de la bande d'Okanagan de Vernon pour former notre propre bande. En tant que collectivité, nous ressentions le besoin de contrôler localement nos terres et de planifier notre avenir en nous fondant sur nos propres buts et priorités. Depuis, Westbank s'est développée sur les plans social, politique et économique et s'est taillée une réputation de leader dans de nombreux domaines, comme la gestion des terres des Premières nations, les relations financières, les droits ancestraux et les revendications. Parfois, nous avons choisi d'agir, mais souvent nous y avons été contraints par les circonstances. Nous avons eu notre part de défis.

    La Première nation de Westbank est une collectivité urbaine et de nombreuses pressions s'exercent sur son gouvernement. Comme la plupart des Premières nations, la nation de Westbank est assujettie à la Loi sur les Indiens qui ne constitue pas un cadre approprié pour un gouvernement moderne dans les réserves et qui de toute évidence ne constitue pas non plus une assise législative permettant d'assurer un bon gouvernement. La stabilité du gouvernement et des décisions économiques de la Première nation de Westbank dépend trop lourdement d'Ottawa. Depuis longtemps on reconnaît la nécessité d'un changement dans la gouvernance des Premières nations et cette nécessité n'est nulle part plus apparente que dans ma collectivité.

    En 1986, le gouvernement fédéral a constitué l'enquête Hall sur les affaires de la Première nation de Westbank. L'enquête a constaté de nombreux problèmes endémiques attribuables au régime de gouvernance de la Loi sur les Indiens, y compris des conflits d'intérêts, la gestion financière et le processus concernant l'adoption et la publication des arrêtés de Westbank, pour ne nommer que ceux-là. Ces problèmes engendraient un climat de méfiance parmi les membres. Au sujet des non-membres habitant sur les terres de Westbank, l'enquête Hall a déterminé que le régime d'arrêtés de la bande était chaotique et que le conseil de bande avait négligé de consulter les personnes intéressées avant de mettre en vigueur ces arrêtés. Au bout du compte, M. Hall a conclu au vieux problème d'un « gouvernement d'hommes et non pas un gouvernement de lois ».

    Dans le but de régler les problèmes et d'établir un gouvernement de lois, l'enquête Hall a recommandé des changements intérimaires pour s'attaquer aux problèmes les plus graves et les plus immédiats. Nous avons suivi ces conseils.

¼  +-(1835)  

    Au bout du compte, M. Hall a recommandé à la Première nation de Westbank de demander une loi lui conférant l'autonomie gouvernementale. C'est ce que nous avons fait. En fait, c'est à l'époque de l'ancien gouvernement conservateur et du ministre Siddon qu'a officiellement commencé le processus devant mener à l'autonomie gouvernementale. De plus, les efforts en ce sens ont été déployés de façon constante par plusieurs chefs de la nation de Westbank et plusieurs gouvernements du Canada. J'ai signé l'accord-cadre pendant mon premier mandat, en 1990. Le chef Brian Eli a signé l'accord de principe en 1998 et on a mis la touche finale à l'accord définitif sous l'autorité du chef Ron Derrickson en l'an 2000.

    Alors, que signifie dans les faits l'autonomie gouvernementale? D'abord et avant tout, cela nous permet d'être maître sur notre propre territoire. La Première nation de Westbank est allée aussi loin que le lui permet la Loi sur les Indiens. Notre histoire nous a amenés à reconnaître il y a longtemps qu'il nous fallait de meilleurs outils pour promouvoir le développement social et économique aux bénéfices de tous ceux qui habitent sur notre territoire. Ce sont les outils qui permettent de gouverner et que la plupart des gens tiennent pour acquis, à moins qu'ils ne vivent dans une réserve indienne en vertu de la Loi sur les Indiens.

    La constitution qui a été ratifiée par nos membres en mai 2003 constitue un bon modèle non seulement pour la nation de Westbank mais, nous l'espérons, pour d'autres Premières nations aussi. Grâce à notre constitution, nous avons un gouvernement efficace, transparent et sensible aux besoins de la collectivité. Comme il avait été recommandé dans le rapport Hall, comme notre peuple l'a demandé et comme le souhaitaient les non-membres habitant sur notre territoire, notre constitution prévoit l'élection démocratique d'un gouvernement légitime, la reddition de comptes et la gestion interne des finances, des règles sur les conflits d'intérêts pour les fonctionnaires, une procédure claire pour l'adoption et la modification des lois de la Première nation de Westbank, des mécanismes d'appel et des avis publics sur les lois de Westbank.

    Aux termes de l'accord, les normes de responsabilité comptable de la Première nation de Westbank doivent être au moins comparables à celles des autres gouvernements dispensant des services publics semblables. C'est ce que prévoit l'article 55 de l'accord d'autonomie gouvernementale, monsieur le président.

    La constitution et l'entente de transfert financier que nous avons signées créent des normes de responsabilité financière additionnelles. Toutes ces normes seront obligatoires pour la Première nation de Westbank et garantiront un niveau de responsabilité financière bien supérieur à celui qui existe actuellement.

    Les pouvoirs de notre gouvernement sont établis par l'accord d'autonomie gouvernementale et ils comprennent des pouvoirs municipaux courants, tels que l'aménagement du territoire et l'aménagement en infrastructure, des pouvoirs qui serviront à combler les lacunes des lois actuelles, telles que des lois matrimoniales portant sur le partage des terres au moment de la rupture d'un mariage, et des pouvoirs particuliers aux Premières nations, tels que ceux relatifs à l'appartenance, la culture et la langue.

    Nous avons pris bien soin de tenir compte des liens entre nos lois et les lois fédérales et provinciales pour trouver le juste équilibre dans les domaines où des lois ou normes nationales s'imposent et ceux où il est plus indiqué que la Première nation ait compétence. Il en résultera une plus grande certitude en matière législative dans nos réserves et un processus décisionnel plus clair. Notre gouvernement jouira ainsi d'une confiance accrue et aura donc davantage de possibilités d'investissement dans notre peuple et dans notre économie.

    Cet accord est unique en son genre à bien des égards. Il n'est lié à aucun précédent et c'est un accord urbain. Il représente une nouvelle génération d'accord d'autonomie gouvernementale au Canada. Il n'est pas lié à un traité ou à une revendication territoriale et vise à répondre aux besoins actuels de gouvernance de la nation de Westbank. Cet accord s'applique aux terres de réserve et aux terres qui, à l'avenir, pourraient être déclarées terres de la réserve de Westbank par le Canada dans le cadre de sa politique d'ajout de terres aux réserves. C'est un accord bilatéral liant notre nation et le Canada et qui se fonde sur la reconnaissance du droit inhérent des Premières nations à l'autonomie gouvernementale. Sauf pour les ententes sur le règlement de revendications territoriales, cet accord est le premier de ce genre à intervenir depuis que le Canada a adopté sa politique sur les droits inhérents, il y a une dizaine d'années.

    Compte tenu de notre expérience en développement et notre croissance rapide, l'accord a été adapté à notre situation particulière et a été conçu avec soin pour être facilement mis en pratique. Il est véritablement unique en son genre.

¼  +-(1840)  

    L'article 54, encore une fois, est l'un des éléments les plus importants de cet accord; il exige de la nation de Westbank qu'elle établisse officiellement, par voie législative, un mécanisme permettant aux non-membres qui vivent sur les terres de Westbank ou qui ont un intérêt sur des terres de Westbank de contribuer aux lois de Westbank qui les touchent directement et de façon importante. La Première nation de Westbank doit adopter la loi qui établira ces mécanismes dans les 30 jours suivant la date d'entrée en vigueur de l'autonomie gouvernementale et avant que toute autre loi soit adoptée.

    En juin 2000, la nation de Westbank a mis sur pied un conseil consultatif intérimaire représentant les résidents non-membres des terres de Westbank. Ce conseil consultatif existe toujours.

    Cette semaine, la nation de Westbank a commandé un sondage à la firme CGT Research International de Vancouver. Ce sondage a révélé que 70 p. 100 des résidents non-membres connaissaient l'existence du conseil consultatif et estimaient qu'il faisait du bon travail. L'accord d'autonomie gouvernementale va encore plus loin puisqu'il exige qu'un mécanisme de ce genre soit officiellement prévu par une loi de Westbank qui ne pourra être modifiée sans le consentement des résidents non-membres.

    Nous nous employons actuellement à élaborer cette loi et avons sollicité la contribution des résidents non-membres. Dès qu'elle sera prête, cette loi constituera le mécanisme juridique officiel et permanent permettant aux résidents non-membres des terres de Westbank d'apporter leurs contributions au gouvernement de la Première nation de Westbank. C'est un changement important et positif.

    À l'heure actuelle, le conseil consultatif joue plusieurs rôles clé; notamment, il participe directement à l'affectation budgétaire des impôts fonciers. La question des impôts fonciers est fondamentale pour les résidents non-membres. Depuis 1990, la nation de Westbank perçoit des impôts fonciers aux termes de l'article 83 de la Loi sur les Indiens. Chaque année, nous adoptons des règlements sur l'évaluation foncière et les dépenses, règlements qui doivent être approuvés par le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. Notre règlement foncier comporte un système complet d'évaluations indépendantes et d'appels qui se comparent à ceux qui existent hors réserve.

    L'autonomie gouvernementale ne changera rien à cela; les biens fonciers seront évalués, imposés comme avant, un appel restera possible comme avant, et nos règlements sur les impôts fonciers devront encore être approuvés par le Canada.

    Lorsque nous avons négocié cet accord, nos membres nous ont dit qu'il était important de protéger les droits individuels et de garantir un accès simple et facile aux tribunaux pour les recours en justice. Dès le départ, il était clair que c'était essentiel pour que notre gouvernement et ses lois et décisions jouissent de la confiance et du respect de tous. Par conséquent, notre accord dispose aussi clairement que possible que la Charte canadienne des droits et libertés s'applique à la Première nation de Westbank et que le conseil et les tribunaux ont toutes les compétences voulues pour déterminer la conformité des lois de Westbank avec la Charte.

    Toutefois, nos membres souhaitaient que soit précisé l'accès aux tribunaux pour les contestations n'ayant pas trait à la Charte. C'est ce que nous avons fait de deux façons.

    Premièrement, l'accord stipule que la Judicial Review Procedure Act de la Colombie-Britannique s'applique à la Première nation de Westbank. Les demandes de contrôle judiciaire seront entendues par la Cour suprême de la Colombie-Britannique comme toute autre demande.

    Deuxièmement, la nation de Westbank a voulu garantir une application régulière de ses lois. Par conséquent, les poursuites intentées aux termes des lois de la nation de Westbank seront instruites devant la Cour provinciale de la Colombie-Britannique et les dispositions relatives aux poursuites par procédures sommaires du Code criminel s'appliqueront aux procès.

    Nous estimons qu'avec ces dispositions, ceux qui seront assujettis aux lois de la nation de Westbank auront un bon accès aux tribunaux. Nous sommes fiers de dire que notre cheminement vers l'autonomie gouvernementale se fait dans la transparence totale et ne peut surprendre aucun des habitants des terres de Westbank.

    Bien entendu, comme vous pouvez vous l'imaginer, il a fallu tenir de nombreuses réunions. Il y a eu des journées portes ouvertes, la présentation d'exposés à la Chambre de commerce et sur d'autres tribunes communautaires, des entrevues avec des représentants des médias, des envois postaux aux résidents; et des milliers d'exemplaires de l'accord ont été distribués.

    Les résultats du sondage qui vient d'être mené confirment que nos efforts ont porté fruit : 94 p. 100 des non-membres habitant sur les terres de Westbank savent que notre nation est en voie d'obtenir l'autonomie gouvernementale.

    Malheureusement, récemment, beaucoup de fausses informations ont circulé dans la localité. Cet alarmisme est attribuable à un petit groupe d'habitants de Westbank dont nous soupçonnons qu'ils sont appuyés par d'autres qui n'habitent pas notre localité et qui ont des intentions bien à eux. C'est très malheureux. Si cela ne prend pas fin, cela pourrait troubler et même effrayer ceux qui habitent sur nos terres et qui sont généralement satisfaits d'y vivre.

¼  +-(1845)  

    Il est important de faire de notre mieux pour répondre directement à ces préoccupations—et d'ailleurs, cela donne de bons résultats.

    J'aimerais vous lire une lettre que j'ai reçue récemment de la part d'un résident non autochtone des terres de Westbank. Cette lettre m'est adressée et est datée du 4 mars 2004. Elle est très courte et dit ceci :

Monsieur,

Objet: Autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank

À titre de résident non-membre des terres de la Première nation de Westbank, je tiens à vous remercier de votre récente communication concernant la lettre qui a été distribuée par l'Association pour la défense des droits des citoyens canadiens.

Nous habitons le quartier Bayview depuis deux ans maintenant et sommes très heureux d'avoir fait ce choix. Sauf pour l'inquiétude qu'a suscitée le prolongement des négociations pour la bail principal, le fait que nous habitons sur le territoire d'une Première nation n'a jamais donné lieu à d'inquiétudes pour nous. Toutefois, des lettres de lecteurs publiées récemment dans les journaux et la correspondance de CRA nous ont amenés à nous interroger. Par conséquent, nous avons été très heureux de lire vos précisions.

Encore une fois, merci.

    La lettre est signée par un résident du quartier Bayview qui se trouve sur les terres de Westbank.

    Le conseil consultatif intérimaire a convoqué une réunion la semaine dernière à laquelle plus de 150 résidents non-membres ont assisté. Moi, mon conseiller juridique ici présent et d'autres membres de mon personnel avons répondu aux questions sur l'octroi de l'autonomie gouvernementale à notre Première nation et les conséquences que cela pourrait avoir sur les résidents non-membres. Ceux qui étaient présents à cette réunion ont très bien accueilli nos réponses. De plus, un sondage mené récemment auprès des résidents non-membres a révélé que seulement 16,5 p. 100 d'entre eux s'opposaient modérément ou fortement à l'autonomie gouvernementale de la nation de Westbank et que 40 p. 100 d'entre eux, au contraire, l'appuyaient et que 27 p. 100 n'étaient ni pour ni contre. À notre avis, c'est très important.

    Ne vous laissez pas berner par ceux qui voudraient vous convaincre du contraire. Ces statistiques prouvent qu'il est faux de prétendre qu'une proportion considérable de résidents non-membres s'opposent à l'autonomie gouvernementale. Nous estimons que, à mesure que nous exercerons notre droit de nous gouverner, les avantages d'un gouvernement stable et moderne pour Westbank deviendront apparents et les opposants deviendront encore moins nombreux.

    Il est tout à fait naturel que ce changement provoque des questions, mais cela ne justifie pas que nous conservions une forme de gouvernement assujettie à la Loi sur les Indiens, qui est généralement considérée comme désuète. Cela ne justifie pas non plus que les opposants au changement fassent fi de dispositions très claires de l'accord qui protégeront les droits individuels. La question n'est pas de savoir si la Première nation de Westbank devrait se soustraire à la Loi sur les Indiens, mais plutôt quand et comment. Le temps est venu d'agir et de nous permettre de cheminer vers l'établissement des fondements solides d'un gouvernement et de lois qui appuieront le développement social et économique de notre collectivité pour le bien de tous ceux qui y habitent.

    L'autonomie gouvernementale est la voie de l'avenir; c'est la voie de la jeunesse, c'est la voie de la stabilité, la voie de toute collectivité où le travail acharné et l'initiative sont récompensés. Notre objectif est de créer une collectivité sûre et dynamique qui sait qui elle est et où elle va. Un bon gouvernement entraînera de nouvelles perspectives économiques axées sur notre culture et notre identité.

    Pour ce faire, il nous faut franchir la dernière étape, soit l'édiction d'une loi fédérale. Ce projet de loi a reçu l'appui de tous les partis, et c'est révélateur. Avec cette mesure législative, nous pourrons créer un nouveau partenariat moderne avec le Canada, un partenariat qui répondra aux besoins de la Première nation de Westbank et des résidents de ses terres, mais qui servirait aussi de modèle pour toutes les Premières nations soucieuses de développement politique et social.

    Je vous remercie, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du comité, de m'avoir permis de prendre la parole. Notre conseiller juridique, Micha Menczer, et moi-même serons heureux de répondre à vos questions.

    Merci encore.

¼  +-(1850)  

[Français]

+-

    Le président: Merci beaucoup à vous, maître Louie, ainsi qu'à votre équipe. Je tiens à vous dire, maître, à quel point j'ai été impressionné par votre exposé, par votre leadership à l'égard de l'avenir des jeunes de Westbank et, plus que tout, par la qualité de vie dont vous faites bénéficier tous les résidants de Westbank, qu'ils soient ou non autochtones. Je suis vraiment impressionné.

    Je vous ai rencontré hier. Je tiens à vous dire, à vous ainsi qu'à la population de Westbank, que vous avez une belle franchise et que vous êtes honnête. À mes yeux, vous êtes un excellent chef et avocat, de même qu'un leader parmi les Canadiens. Merci beaucoup à vous ainsi qu'à toute votre équipe.

    Nous allons maintenant entamer une période de questions. Nous allons commencer par M. Day, qui sera suivi de M. Martin et de M. Telegdi.

[Traduction]

+-

    M. Stockwell Day: Merci, monsieur le président.

    Chef Louie, soyez le bienvenu. Je ne répéterai pas ce que j'ai dit plus tôt sur l'excellente relation qui a été établie grâce à vous et à d'autres. C'est un fait bien connu qui est révélateur. Vous et vos conseillers méritez pour cela nos félicitations.

    Nous procéderons demain à l'examen article par article de ce projet de loi.

    Je vous avais dit que je demanderais que des membres de notre comité vous rendent visite chez vous, et je vous sais gré de ne pas vous être opposé à cette suggestion. Bien entendu, c'est le comité qui décide en dernière analyse. Mais je vous remercie de faire preuve d'ouverture et de transparence et de bien vouloir répondre aux questions comme vous l'avez fait jusqu'à présent.

    Vous avez déjà touché quelques mots du sujet que je veux aborder, mais peut-être que vous ou M. Menczer pourriez nous en dire plus long. Si on compare la situation actuelle et celle qui prévaudra une fois que l'accord sera en place, y a-t-il des domaines où la Charte des droits ne s'appliquera plus?

+-

    M. Micha Menczer (conseiller juridique, Première nation Westbank): Le chef Louie me demande de répondre à cette question. La réponse est non. Nous avons pris bien soin de formuler l'accord de telle sorte qu'il soit bien clair que la Charte des droits continue de s'appliquer. Nous avons discuté du libellé comme tel, et j'attire l'attention des membres du comité sur l'article 32 de l'accord qui, à mon avis, ne pourrait être plus clair. Il dispose que : « Le gouvernement de la Première nation de Westbank et le Conseil sont liés, pour toutes les questions relevant de leur pouvoir, par les dispositions de la Charte canadienne des lois et libertés... ». Ce sont là les deux premières lignes. Les deux dernières lignes sont les suivantes : « Les droits et libertés garantis par la Charte sont opposables en ce qui concerne le gouvernement de la Première nation de Westbank et le Conseil. ». Entre ces deux passages se trouve une explication de l'article 25 de la Charte.

    Essentiellement, cet article stipule que la Charte s'applique dans son intégralité à la Première nation le jour de l'entrée en vigueur de l'accord d'autonomie gouvernementale, et rien ne changera en ce qui a trait à la Charte et à la protection des droits individuels.

+-

    M. Stockwell Day: L'article 25 prévoit-il une exemption générale?

+-

    M. Micha Menczer: Non, ce serait mal interpréter cet article que de lui donner ce sens. N'oublions pas que l'article 25 fait partie de la Charte des droits et libertés. La Première nation de Westbank et le gouvernement du Canada n'ont pas le pouvoir de changer cela, que ce soit dans un accord ou dans une loi. Il faudrait pour ce faire modifier la Constitution. Une protection précise est prévue à l'article 25 et, au fil des ans, par leur interprétation de cet article, les tribunaux nous éclaireront sur sa portée. À cet égard, l'accord ne fait que répéter ce qui figure déjà dans la Charte.

¼  +-(1855)  

+-

    M. Stockwell Day: Chef Louie, pourriez-vous préciser cet énoncé? Je crois qu'il me manque un bout de phrase. J'ai tenté de l'écrire à mesure. Je crois que vous avez dit que la loi de Westbank ne peut être modifiée sans le consentement des non-Autochtones. Vous ai-je bien compris ou était-ce à propos d'autre chose?

+-

    Le chef Robert Louie: Il s'agissait de l'article 54 de l'accord d'autonomie gouvernementale qui traite du conseil consultatif. C'est ce que nous avons mis en place, conformément au calendrier prévu par la loi, bien entendu.

+-

    M. Stockwell Day: Vous parliez donc du conseil consultatif.

+-

    Le chef Robert Louie: C'est exact.

+-

    M. Stockwell Day: Se pourrait-il que la Première nation de Westbank adopte une loi sans consulter d'abord le conseil? Une loi pourrait-elle être adoptée sans le consentement du conseil?

+-

    Le chef Robert Louie: Oui. La Première nation de Westbank pourrait adopter une loi en matière d'éducation, de langue, de culture ou de patrimoine, dans tous domaines ne touchant pas directement les non-membres.

+-

    M. Stockwell Day: Je partage mon temps avec mon collègue, monsieur le président. Il a une question à poser.

    Merci, chef Louie et monsieur Menczer.

+-

    Le président: Merci, monsieur Day.

    Vous avez quatre minutes.

+-

    M. John Duncan: Merci beaucoup. Je vous connais tous; je m'abstiendrai donc de tout préambule car j'ai peu de temps mais je vous souhaite la bienvenue.

    Ma première question—que je la pose surtout aux fins du compte rendu—porte sur la mention du droit inhérent à l'autonomie gouvernementale dans le préambule. L'accord nisga'a, par exemple, ne comprend pas le mot « inhérent ». L'accord dit simplement que la nation nisga'a a le droit à l'autonomie gouvernementale.

    Toutefois, l'accord nisga'a est protégé par la Constitution, ce qui n'est pas le cas de cet accord-ci. Par conséquent, je crois que la nation de Westbank tient beaucoup à ce que cette déclaration figure dans le préambule. Ai-je raison de dire que si cet accord était un accord sur l'autonomie gouvernementale et les revendications territoriales jouissant de la protection de la Constitution, l'énoncé figurant dans l'accord nisga'a, sans le mot « inhérent », suffirait?

+-

    Le chef Robert Louie: Je demanderais d'abord à M. Menczer de répondre à votre question, puis je prendrai la parole.

+-

    M. Micha Menczer: Je vous donnerai une réponse strictement juridique et je laisserai le soin au chef de vous donner le point de vue de sa communauté.

    L'énoncé qui figure dans le préambule réitère essentiellement la politique générale du gouvernement du Canada sur le droit inhérent; c'est donc une reconnaissance générale. Il est aussi conforme au rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones. C'est donc une déclaration très générale. N'oublions pas que cet accord n'est pas un traité.

    Je n'ai pas participé aux négociations sur l'accord nisga'a, et je ne peux donc vous dire pourquoi on n'a pas cru bon d'inclure le mot « inhérent », mais il est vrai qu'il s'agit d'un traité qui était donc automatiquement protégé par la Constitution. Voilà peut-être pourquoi le peuple nisga'a a jugé que ce n'était pas nécessaire. Le peuple nisga'a a toujours parlé de ses droits issus du traité. Il en a parlé ainsi pendant 50 ans et pendant les 20 ans qu'ont duré les pourparlers. Pour les Nisga'as, il était clair qu'il s'agissait d'un traité.

    La première nation de Westbank n'en est pas encore à l'étape finale du processus d'établissement d'un traité; elle est encore en négociations. Peut-être quand on aura réglé non seulement les questions touchant la réserve mais la revendication territoriale dans son ensemble, on acceptera un libellé différent.

    Essentiellement, le préambule ne fait que réitérer la politique du Canada.

+-

    Le chef Robert Louie: J'aimerais ajouter quelque chose à la réponse de M. Menczer. Je veux vous décrire nos sentiments—ce que signifie pour ma communauté le droit inhérent.

    D'abord, je tiens à ce que vous sachiez que pour nous, les premiers occupants de nos terres, le droit inhérent revêt une grande importance. Cela définit notre culture, notre religion, ce que nous sommes comme peuple. Ce document est un accord pratique qui a fait l'objet de négociations et nous estimons, sauf votre respect, qu'il est explicite.

    Nous avons négocié cet accord croyant qu'il serait protégé par la Constitution canadienne. Je tiens encore une fois à souligner qu'il ne s'agit pas d'un accord sur une revendication territoriale ni d'un traité. La Commission royale sur les peuples autochtones s'est dite d'accord avec l'inclusion d'une déclaration sur les droits inhérents. C'était notre conviction lorsque M. John Hall nous a recommandé, il y a bien des années, de revendiquer l'autonomie gouvernementale.

    J'ajouterai, monsieur le président, que cet accord sur l'autonomie gouvernementale telle que nous la confère le droit inhérent ne devrait inquiéter aucun Canadien du pays.

½  +-(1900)  

+-

    Le président: Votre temps est écoulé. Merci beaucoup.

    Je cède la parole à M. Martin.

+-

    M. Pat Martin: Merci, monsieur le président.

    Et merci au chef Louie et à ses conseillers d'être venus nous rencontrer.

    J'étais sur le point de renoncer à mon temps de parole pour accélérer les choses, mais je me suis rendu compte qu'en renonçant à mon temps je ne faisais qu'en donner plus aux autres partis. Or, je m'intéresse vraiment aux détails de toute cette question.

    Pourrions-nous parler un peu de ceux qui s'opposent catégoriquement à ce que vous faites ici. Vous avez dit qu'il s'agissait d'un petit groupe d'individus qui ne vivent peut-être même pas dans la région. Je connais un peu leur contexte, j'ai suivi des organisations comme B.C. FIRE, la Foundation for Individual Rights and Equality. Il s'agit d'un groupe d'individus qui s'opposent avec véhémence à toute idée d'autonomie gouvernementale autochtone et qui ont très peur de créer un nouveau palier de gouvernement au sein du Canada. Je crois qu'ils passent leur temps à aller s'opposer à pratiquement tous les accords en ce sens avec la plus grande énergie.

    L'un des arguments qu'ils invoquent, ou l'une des forces sur lesquelles ils s'appuient dans leur documentation, est une décision de la Cour d'appel de Terre-Neuve, la décision Dawe c. Conception Bay South. Je sais que M. Menczer la connaît. L'affaire concerne les administrations municipales qui sont décrites dans la décision comme des « créatures des organes législatifs » dont elles reçoivent leur pouvoir. Dans ces conditions, il n'est pas question de parler de pouvoirs inhérents.

    Pourriez-vous nous dire si à votre avis il serait déplacé de reprendre cet exemple à titre de comparaison—dans le cas des Premières nations qui jouissent d'une autonomie gouvernementale autochtone garantie constitutionnellement par l'article 35 qui leur confère leurs pouvoirs.

    Je ne pense pas avoir besoin d'en dire plus. Avez-vous l'un ou l'autre quelque chose à dire sur la désinformation que semblent répandre ces groupes en invoquant la décision Dawe c. Conception Bay South de la Cour d'appel de Terre-Neuve?

+-

    M. Micha Menczer: Je vais essayer de répondre brièvement. J'ai examiné la décision Dawe et j'ai dit qu'il s'agissait d'une affaire municipale qui n'était pas pertinente à mon avis.

    Il y a des aspects des pouvoirs administratifs de Westbank qui plaisent à notre gouvernement local, mais il serait inexact de parler de gouvernement municipal. Le modèle de Sechelt est un modèle de gouvernement municipal. Il y a eu des choix. Le modèle du Nunavut est un modèle de gouvernement public. Il y a donc des choix différents, des modèles différents, des démarches différentes. La Première nation de Westbank ne correspond à aucune de ces catégories, il est donc incorrect de parler de modèle municipal tout simplement parce qu'il existe certains pouvoirs locaux. Et l'on peut encore moins transposer les conclusions de cet étiquetage inexact au palier suivant.

    Je pense que le chef Louie l'a très bien dit, et s'il a autre chose à ajouter, je le laisserai le faire. Cet accord et les négociations n'ont pas portés sur des étiquettes; ils avaient pour objet d'éviter de recourir aux tribunaux pour trancher les questions constitutionnelles, se prononcer sur les principes vers lesquels ont penché la Commission royale et les tribunaux, et dont les comités parlementaires ont discuté au niveau du gouvernement fédéral.

    Il ne s'agit pas de régler un contentieux devant les tribunaux. Il s'agit au contraire de laisser cela de côté, de se rencontrer pour s'entendre sur une meilleure forme de gouvernement de la Première nation de Westbank; trouver une relation appropriée entre le droit fédéral, le droit provincial et celui de la Première nation de Westbank; protéger les droits individuels, créer la stabilité. Le jour où chaque détail aura été précisé dans l'accord et où toutes les parties se seront entendues, je pense que cela pourrait être un exercice académique intéressant de commencer à discuter du choix de telle étiquette plutôt que telle autre. Mais cela n'intéresse pas les gens de Westbank de savoir s'ils sont membres ou non membres. Ce qu'ils veulent, c'est un bon gouvernement stable, une communauté paisible et la responsabilité du développement social, politique et économique. Voilà ce que cet accord vise à réaliser, et je crois qu'il le fait.

    Par conséquent, coller des étiquettes et se référer à des décisions qui, de mon avis juridique, ne correspondent pas au modèle qui a été négocié par les parties ne contribuent qu'à entretenir la crainte et l'incertitude, et si les gens poussent un peu plus loin, je pense qu'ils le comprendront très bien.

½  +-(1905)  

+-

    Le chef Robert Louie: Si vous le permettez, monsieur le président, j'aimerais ajouter quelque chose. Cet accord que nous avons négocié avec le Canada était une question d'équilibre—il s'agissait de trouver quelque chose d'équitable pour tous. Parmi nos propres membres et dans d'autres Premières nations du pays, nous avons des gens qui prennent une position extrême, des gens qui réclament avec acharnement la souveraineté et l'indépendance des Premières nations et des gens qui disent en même temps que cet accord ne va pas assez loin. Nous avons donc ces positions extrêmes.

    Dans cet accord, nous avons une position négociée qui a bénéficié de l'appui des deux tiers de nos membres. C'est une solution équilibrée. Nous pensons que c'est une formule qui tiendra la route, qui prendra en compte tous les éléments jugés souhaitables, appropriés et nécessaires par notre communauté. Voilà ce que nous pensons avoir réalisé avec cet accord.

+-

    Le président: Vous avez une minute.

+-

    M. Pat Martin: Merci.

    J'aimerais parler d'un autre argument qu'on semble répandre à tort, à savoir l'idée que cet accord ne serait pas menaçant sous sa forme actuelle mais qu'il risquerait d'être modifié sans que les règles soient respectées ou sans même qu'il y ait une véritable consultation. Or, il me semble qu'une modification devrait d'abord être ratifiée par les membres, et ensuite être approuvée par décret du Canada.

    Pourriez-vous nous dire quelques mots du processus d'amendement de l'accord et de ces craintes formulées par certains de vos opposants?

+-

    Le chef Robert Louie: Je pense que la réponse est double. Si vous le permettez, j'aimerais demander encore à monsieur Menczer de vous donner le point de vue juridique et j'aimerais ensuite vous donner le point de vue politique.

+-

    M. Micha Menczer: J'attire votre attention sur l'article 299 de l'accord. En toute logique, l'accord ne peut être modifié qu'avec le consentement des deux parties.

    Si la Première nation de Westbank voulait le modifier, il faudrait organiser un référendum auprès de tous les membres, à l'intérieur comme à l'extérieur de la réserve, il faudrait que la majorité des membres participent au vote et il faudrait que la majorité des suffrages exprimés soient favorables au changement, donc il faudrait une double majorité, et c'est d'ailleurs la norme qui a été suivie pour tous les votes.

    Dans le cas du Canada, il s'agirait d'un décret. Je crois que l'explication, c'est que le Canada a déjà ratifié officiellement l'accord dans un contexte législatif. Une fois qu'il l'a approuvé, il n'est pas déraisonnable de procéder ensuite par décret. Donc, il existe une formule d'amendement claire.

    L'un des grands mythes qui ont été véhiculés pour semer l'incertitude et faire de la déstabilisation a été que le Canada pourrait éventuellement révoquer cette loi dans l'avenir, parce que l'accord serait établi au départ par voie législative. Il y a eu toute une argumentation, ou plutôt disons qu'on a agité cet épouvantail des aspects constitutionnels, etc. Franchement, sans parler encore une fois de désinformation de la pire espèce, je dirais simplement que c'est complètement à côté de la plaque.

    Quand on a un accord négocié par le Canada et une Première nation aux termes de 14 ans de discussion, quand les deux parties sont d'accord, quand le Parlement adopte une loi sur la question, je pense qu'il ne s'agit pas de savoir si le Canada peut révoquer l'accord en question, car le Parlement constitue le pouvoir suprême en matière de lois, mais bien de savoir dans quelles conditions le Canada pourrait imaginer de révoquer une entente qu'il aurait négociée et qui aurait été ratifiée par son Parlement.

    Je ne vais pas vous faire tout un discours, mais je vous rappellerai simplement qu'on se réfère sans cesse dans toutes les décisions des tribunaux à l'honneur de la Couronne quand il s'agit de ses rapports avec les peuples autochtones. Comment un groupe autochtone, une Première nation ou n'importe quel autre groupe pourrait-il accepter d'adresser la parole à la Couronne si, aux termes de 14 ans de négociations, après l'adoption d'une loi, le Parlement décidait unilatéralement de révoquer tout cela.

    Je pense donc que c'est une question vicieuse. Je crois que la réponse est simple : l'accord prévoit une procédure d'amendement. Mais je pense qu'il y a un sous-entendu vicieux dans cette question.

½  +-(1910)  

+-

    Le chef Robert Louie: Monsieur le président, comme l'a dit M. Menczer, nous pensons que le texte de l'accord est très clair sur les procédures et les conditions exigées pour un amendement.

    Il y a une chose sur laquelle je voudrais insister, car c'est quelque chose que notre communauté a pris très au sérieux, c'est le temps et les efforts que nous avons consacrés à la question. Nous avons eu d'innombrables réunions et littéralement des milliers d'heures de consultation de la collectivité. Pour nos membres, une chose est claire, ils veulent un accord qui fonctionnera, qui résistera à l'épreuve du temps, et c'est pour cela qu'ils ont consacré autant de temps à faire ce travail.

    Nous parlons de la question des modifications qui pourraient être apportées à l'accord d'autonomie gouvernementale, et c'est quelque chose que notre communauté prend très au sérieux. Je vais vous en parler dans un instant, car c'est quelque chose de fondamental pour notre communauté. Il n'est pas question de mettre en place bon gré mal gré des amendements qui auront des répercussions non seulement sur la génération actuelle, mais sur les générations à venir. Notre communauté a tenu compte de tout cela. Il s'agit d'un accord qui parle d'imputabilité, de bon gouvernement, et toute modification à cet accord devra être soigneusement et mûrement réfléchie. Telle est la volonté de notre communauté, et elle l'a clairement exprimé à notre conseil.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

[Français]

    Merci, monsieur Martin. Merci, chef Louie. Je suis vraiment impressionné d'apprendre qu'il y a eu plus de 400 séances d'information et de consultation en 14 ans et de vous entendre parler de ces événements.

    Nous allons maintenant céder la parole à M. Telegdi, qui sera suivi de M. Duncan et de M. Laliberte. Nous tenons à dire aux personnes qui sont depuis peu à Kelowna que nous serons à vous d'ici 30 minutes environ. Le maire Walt Gray est présent.

[Traduction]

    Ensuite, ce sera le maire.

+-

    M. Walt Gray (maire, Ville de Kelowna): Oui, je suis là à Kelowna.

+-

    Le président: Il reste 30 minutes au comité pour terminer l'audience des témoins de la Première nation de Westbank, et vous serez le témoin suivant.

    Monsieur Telegdi.

+-

    L'hon. Andrew Telegdi (Kitchener—Waterloo, Lib.): Merci, monsieur le président, je serai bref.

    L'un des grands événements auxquels j'ai participé depuis mon arrivée au Parlement il y a une dizaine d'années a été le traité avec les Nisga'as. Nous avons discuté pendant des heures et des heures sur une foule d'amendements dans ce contexte. Cela a été quelque chose de tout à fait remarquable.

    Je suis très agréablement impressionné par cet accord, et j'espère que nous allons en avoir d'autres du même ordre de plus en plus souvent, car il montre que vous pouvez disposer de votre autonomie gouvernementale et qu'il est possible de régler ces problèmes. Donc, félicitations à tous les intéressés.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Monsieur Duncan.

+-

    M. John Duncan: Merci. Je voudrais moi aussi continuer à faire noter un certain nombre de choses au compte rendu, et je vous demande donc votre indulgence.

    Bien des gens ignorent que la constitution entre en vigueur en même temps que l'accord. Je constate en lisant cette constitution que c'est là que se trouvent les principales dispositions d'imputabilité financière. Elles ne figurent pas comme telles dans l'accord d'autonomie gouvernementale, mais dans l'addendum, c'est-à-dire la constitution. J'ai une question à ce sujet.

    Toute cette responsabilité financière concerne essentiellement les personnes les plus importantes, c'est-à-dire les membres de la bande, mais l'article 244 de la loi est l'article qui traite de l'interaction avec le gouvernement fédéral en matière de transmission des informations financières aux autorités fédérales. C'est uniquement à ce niveau que les autorités fédérales peuvent négocier les transferts financiers. Pensez-vous qu'un jour ou l'autre... L'article 244 a-t-il les mêmes effets que les dispositions de l'article 20 et de l'article 25 de la constitution? Je pense qu'il y a notamment des questions de protection des renseignements personnels, et je me demande donc comment vous pensez que cela va fonctionner. J'ai posé la même question au ministre fédéral mais je n'ai pas eu de réponse très complète. Peut-être pourrez-vous m'éclairer un peu plus.

½  +-(1915)  

+-

    M. Micha Menczer: Monsieur Duncan, peut-être pourrais-je vous décrire les aspects les plus techniques et le chef Louie vous donnera le point de vue de la collectivité.

    Vous avez raison de dire que la partie 10 de la constitution comporte beaucoup de règles très détaillées. Il importe de noter toutefois que les comptes de la Première nation de Westbank sont publics et que les membres mais aussi les non-membres ont accès aux rapports de vérification. Il n'y a donc rien de secret.

+-

    M. John Duncan: Est-ce prévu par la constitution?

+-

    M. Micha Menczer: Il faudra que je vérifie pour vous dire où exactement. Si je ne trouve pas tout de suite, je pourrai vous donner la réponse pendant la pause. Ou peut-être qu'un de mes adjoints pourrait vérifier pendant que je termine ma réponse.

+-

    M. John Duncan: Merci beaucoup.

+-

    M. Micha Menczer: C'est là le premier élément.

    Pour ce qui est de l'autre élément, vous avez souligné à juste titre l'article 244 de l'accord d'autonomie gouvernementale dispose que, en cas d'accord de transfert financier, il y a obligation de respecter les exigences de responsabilité envers le Parlement. Permettez-moi de vous en dire un peu plus long à ce sujet. C'est ce que dit l'article général. L'accord de transfert financier qui est intervenu entre la nation de Westbank et le Canada comporte des dispositions très précises qui prévoient des arrangements qui sont à bien des égards semblables à ceux prévus pour les Premières nations non autonomes. Ces dispositions très détaillées portent sur les rapports, la vérification et les comptes publics. Il s'agit, après tout, d'argent qui provient du gouvernement du Canada.

    La dernière chose qu'il importe de noter, c'est que le conseil consultatif intérimaire qui a été créé en juillet 2000 apporte sa contribution aux affaires budgétaires en ce qui concerne les recettes provenant des impôts fonciers—ce qui présente un intérêt fondamental pour les résidents non membres, puisqu'il s'agit de leurs impôts. Le conseil consultatif participe aux discussions et aux négociations et est consulté sur le budget depuis 2000. Alors, pour répondre à votre question qui, si j'ai bien compris, portait sur les résidents non membres, ceux-ci s'intéressent surtout à ce qu'on fait des impôts fonciers, puisque ce sont eux qui les versent, et ils ont voix au chapitre dans l'établissement du budget. C'est un processus ouvert auquel ils participent activement.

    En ce qui concerne les sommes provenant du gouvernement fédéral, l'accord d'autonomie gouvernementale et l'accord de transfert comportent tous les deux des dispositions sur l'imputabilité, du moins, si ma mémoire est bonne. La reddition de comptes sur les sommes versées par le gouvernement et sur celles versées par les résidents non membres, c'est-à-dire l'essentiel de l'argent dont dispose la collectivité, sont prévues par ces accords. Je vérifierai pour voir s'il y a d'autres dispositions.

+-

    M. John Duncan: Je voulais vous donner la chance de le préciser, puisque nous accueillerons comme témoin le maire de Kelowna. J'ai parlé un peu plus tôt au chef Louie de la politique d'agrandissement des réserves dans la mesure où elle vous touche. Vous en avez touché quelques mots dans vos remarques liminaires, mais vous voudriez peut-être ajouter quelque chose relativement aux terres de Westbank et des achats et ajouts possibles.

½  +-(1920)  

+-

    Le président: Merci, monsieur Duncan.

+-

    Le chef Robert Louie: Merci, monsieur Duncan.

    J'aimerais d'abord répondre au premier volet de votre question sur l'imputabilité, les dépenses, les budgets annuels, etc. Les membres de notre communauté se sont penchés longuement sur la question lors des négociations de l'accord d'autonomie gouvernementale dans lequel il était prévu que nous devions préparer des budgets annuels, ainsi que des budgets provisoires avant le 15 décembre de chaque année, budgets qu'il fallait ensuite soumettre à l'approbation de nos membres.

    Des règles spéciales s'appliquent aux recettes locales, et je songe notamment à l'impôt foncier, et aucun déficit n'est permis. Pour ce qui est des autres recettes de la Première nation de Westbank, celle-ci ne peut fonctionner avec un déficit à moins que ses membres n'y aient consenti par un vote tenu lors d'une réunion spéciale des membres. Ce sont là des dispositions très précises que l'on trouve dans l'accord.

    La constitution fixe également des limites aux dépenses, et seules celles qui ont été budgétées sont autorisées. De plus, ce qui est très clair dans le cas des dépenses, c'est que les conseils n'ont droit qu'à un montant limité de dépenses qui doit être approuvé par les membres lors d'une séance spéciale.

    De plus, la bande doit se soumettre périodiquement à certaines obligations, comme celles de faire rapport à ses membres de l'état des finances et de faire des vérifications chaque année. L'accord prévoit très clairement que ces rapports sont disponibles à tous les membres. De plus, toutes les vérifications sont effectuées conformément aux principes comptables généralement acceptés. Vous trouvez tout cela dans l'accord. Les critères d'imputabilité sont donc très précis, et tous les conseils aujourd'hui comme demain devront en tenir compte.

    Pour ce qui est de la politique des ajouts aux réserves, ce qui s'applique aujourd'hui s'appliquera aussi lorsqu'on aura légiféré l'autonomie gouvernementale. Voici comment cela fonctionne actuellement : Si une Première nation comme la nôtre demande des terres pour agrandir nos réserves, il lui faut d'abord négocier avec le gouvernement du Canada. Toutefois, si nous souhaitions ajouter aux réserves des terres en propriété inconditionnelle, nous devrons d'abord obtenir le consentement de la province, autrement dit il faudrait qu'il y ait notification au gouvernement local, puis discussion avec celui-ci.

    Nous avons déjà fait ces démarches par le passé. Ainsi, un accord a déjà été conclu au début des années 1980, mais ce n'est qu'au cours des dernières années que les terres demandées par la nation Westbank ont été finalement ajoutées à l'assiette foncière de la réserve, même si le Canada et la Colombie-Britannique s'étaient entendus au début des années 1980 pour accorder à ces terres le statut de terres de réserve. Nous avons donc suivi la procédure voulue, rencontré le gouvernement local, pour ensuite faire ajouter à nos réserves ces terres.

    Par conséquent, ces critères qui s'appliquent aujourd'hui s'appliqueront toujours lorsque le projet de loi sur l'autonomie gouvernementale aura été adopté.

+-

    Le président: Merci, monsieur Duncan. Votre temps est écoulé, mais M. Menczer pourra répondre aux autres questions, après quoi je donnerai la parole à M. Laliberte.

+-

    M. Micha Menczer: À l'article 89, la constitution mentionne les rapports sur les comptes des recettes locales. Vous avez raison. Vous avez parlé des rapports annuels sur les finances faits directement aux membres de la Première nation Westbank. De plus, la disposition qui m'échappait il y a un instant se trouve à l'article 9. Cet article établit qu'un rapport de vérification distinct du compte des recettes locales doit être mis à la disposition des membres, de toute autre personne qui est intéressée à occuper, à posséder ou à utiliser des terres de la nation Westbank ou qui a le droit de les occuper, de les posséder ou de les utiliser. Voilà ce qui est important, puisqu'il s'agit là des résidents non membres de la nation.

    Maintenant, si vous regardez la définition des comptes de recettes locales, vous verrez qu'il s'agit des taxes, des frais d'utilisation, des licences ou des frais perçus pour l'obtention de permis. Autrement dit, si un résident non membre paie ces frais, l'article 89 lui sert de protection. Puisqu'il s'agit de l'argent versé par ses membres, les rapports leur sont donc disponibles. Voilà comment nous avons établi la protection.

½  +-(1925)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Merci, monsieur Menczer.

    Monsieur Laliberte.

+-

    M. Rick Laliberte: Merci, monsieur le président.

    Je veux d'abord féliciter le chef et la Première nation Westbank.

    J'aimerais moi aussi m'attarder à la façon dont les choses ont évolué, parce que je pense que c'est ce qui se passe aussi pour l'accord. Vos efforts vont également dans le sens du traité et je crois que les gouvernements fédéral et provincial finiront par s'entendre. Lorsque vous aurez enfin votre traité, vous vous demanderez aussi quels sont les liens qui existent au sein même de votre nation, la nation Okanagan car c'est son nom, qui partage dans la région une langue et une culture commune. Allez-vous opter pour la négociation d'un traité pour la nation Westbank ou pour un traité plus vaste englobant plusieurs nations? Je ne sais pas comment cela se passera, et c'est ce que je voudrais vous voir préciser.

+-

    Le chef Robert Louie: Nous participons aux négociations, mais nous sommes la seule Première nation des sept bandes de la nation Okanagan à être effectivement en négociation de traité. Nous avons choisi, à la demande de notre communauté, de procéder ainsi. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il n'y ait pas chevauchement avec nombre des questions qui concernent d'autres bandes de notre nation. Nous avons des intérêts communs comme les droits de chasse, de pêche et de piégeage et les sites patrimoniaux. Sur toutes ces questions qui sont communes nous travaillons en collaboration avec les autres bandes de l'Alliance de la nation Okanagan.

    Pour le moment nous travaillons sur les accords intérimaires. Nous avons négocié avec succès certains de ces accords par exemple pour l'exploitation forestière. Nous progressons. Nous n'avons pas encore terminé les négociations du traité. Je ne sais comment cela s'organisera ou combien de temps il faudra, mais nous y travaillons en collaboration encore plus étroite avec les autres bandes de la nation. L'idéal serait un accord de traité collectif.

    Pour ce qui est de l'autonomie et de notre champ de compétence dans cet accord d'autonomie, c'est quelque chose d'unique et de particulier à la communauté de la Première nation de Westbank. C'est notre interprétation et c'est notre base de négociation. Donc quand nous parlons de négociation de traité, ce que nous avons négocié sur le plan de l'autonomie s'applique aux terres de la réserve de Westbank. Il est possible que nous ayons compétence sur certaines zones communes de cogestion, de terres en réserve par exemple mais pour ce qui est de Westbank, en particulier en ce qui concerne le domaine de compétence d'autonomie, c'est quelque chose d'unique à la Première nation de Westbank.

+-

    M. Rick Laliberte: Il y a des dispositions, et probablement des libellés, dans l'accord et dans la loi qui ne font pas obstacle à vos négociations de traité final. C'est la raison pour laquelle j'ai parlé de processus évolutif. Vu les dispositions de l'accord, voire celles de votre constitution plus votre expérience de gouvernance une fois que vous serez dans votre canot et que vous commencerez à pagayer, que vous commencerez à gouverner dans le contexte de l'application et de l'exécution de ces lois, vous aurez à assumer une large gamme de responsabilités. Quand les négociations du traité arriveront à terme, il se peut que vous vouliez corriger certaines erreurs ou certaines omissions que votre expérience de gouvernance dans le contexte de cette entente vous aura apprises.

+-

    Le chef Robert Louie: C'est exact. Certains articles particuliers concernent certains aspects du traité. Il est tout à fait clair que ce n'est pas un traité, c'est totalement distinct d'un traité.

    Je crois que M. Menczer a quelque chose à ajouter à propos du contenu de l'accord proprement dit.

+-

    M. Micha Menczer: Je serai très bref. Le texte de l'alinéa 4a) est absolument sans équivoque. « Cet accord ne constitue pas un traité et est sans préjudice à la conclusion de traités en Colombie-Britannique. »

    Monsieur Laliberte, nous avons été aussi un peu plus loin dans l'accord. Nous avons pris des dispositions pour que Westbank, à l'avenir, par le biais soit de traités soit d'autres choses, puisse conclure des ententes avec d'autres Premières nations, d'autres organisations à une échelle plus large, voire au niveau de la nation Okanagan, si l'éventualité se présente.

    C'est à l'article 50, sous la rubrique « Délégation ». Nous autorisons la délégation aux instances locales, aux commissions—qu'il s'agisse des commissions scolaires ou d'autres commissions communautaires—qui traitent de questions au niveau local, mais aussi de la base vers le sommet en cas de souhaits de formation ultérieure d'association.

    Votre interprétation est tout à fait correcte. Nous voulions laisser suffisamment de latitude pour qu'en cas d'évolution, nous puissions unir collectivement nos initiatives avec celles des autres Premières nations de l'Okanagan.

½  +-(1930)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Madame Nancy Karetak-Lindell.

+-

    Mme Nancy Karetak-Lindell (Nunavut, Lib.): Merci.

    Félicitations. Excellent travail.

    J'aimerais savoir pourquoi vous avez décidé de ne pas toucher à votre terre, de la conserver comme terre réservée pour les Indiens, et en vertu du principe fiduciaire dans le contexte duquel vous souhaitez maintenir cette relation. J'aimerais que vous m'expliquiez un peu plus votre décision.

+-

    Le chef Robert Louie: Je vous remercie infiniment de cette question.

    Nous avons décidé collectivement que nous ne voulions pas de propriétés inconditionnelles. Nous ne voulions pas que la compétence provinciale s'applique à la confection des lois sur les terres de Westbank. Notre communauté a clairement exprimé le souhait de continuer à relever du paragraphe 91(24) de la Constitution, c'est-à-dire de la compétence fédérale, sauf que cette compétence serait celle de la Première nation de Westbank dans le domaine fédéral. C'était notre souhait et nos intentions étaient très claires sur ce plan.

    Nous avons été même jusqu'à adopter un code foncier. Ce code foncier est entré en vigueur le 1er juillet 2003. Dans ce code foncier, le paragraphe 91(24) s'applique. Ce code foncier sera intégré à l'accord d'autonomie lorsque la loi aura été adoptée. Encore une fois, c'était l'intention clairement énoncée par notre communauté.

    Nous voulions également nous assurer qu'en matière d'obligations fiduciaires relatives au gouvernement fédéral, des avantages significatifs continueraient également à s'appliquer. Je me réfère tout particulièrement à l'article 87 de la Loi sur les Indiens, par exemple, qui contient certaines dispositions d'exemption. Ces dispositions d'exemption fiscale sont très importantes pour notre communauté. Encore une fois, le choix énoncé par notre communauté était très clair, elle voulait préserver ces exemptions mais en même temps mettre en place un système adapté à notre communauté.

    Par exemple, certains de nos membres paient des impôts. Ceux qui constituent des sociétés qui ne répondent pas au critère de la définition de « Indien », doivent payer des impôts. En fait, les impôts sont payés aujourd'hui par ces sociétés non indiennes qui appartiennent à des de membres de Westbank. Cela n'a pas changé. Encore une fois, je pense que c'est très clairement énoncé dans le contexte de l'accord de l'autonomie.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

[Français]

    Quelqu'un a d'autres questions? Monsieur Martin?

[Traduction]

+-

    M. Pat Martin: Non, merci.

[Français]

+-

    Le président: Nous apprécions vraiment vos témoignages, chef Louie et monsieur Menczer. Dans ma circonscription, qui est une des plus vastes--soit 802 000 kilomètres carrés à l'intérieur desquels vivent 100 000 personnes, entre autres des Cris de la Baie-James, des Inuits du Nunavik et des Algonquins de l'Abitibi--, je réserve toujours une réflexion pour les sages, autrement dit les elders.

    Les elders gardent toujours le silence, même si, en plus, ils donnent toujours de bons conseils. Avant que nous terminions, j'aimerais donner deux minutes à votre sage, M. Clarence Clough. Take two minutes.

½  +-(1935)  

[Traduction]

+-

    M. Clarence Clough (à titre individuel): Merci, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité.

    Je ne m'y attendais pas, je suppose, mais comme ancien, j'ai vu Westbank beaucoup progresser depuis mon enfance. Nous avons connu des temps très difficiles au milieu des années 40, dans les années 50, des années 60 et une partie des années 70. D'après ce que je peux voir, c'est une initiative très positive pour nos membres et pour nos non-membres. Il y a eu des hauts et des bas, bien entendu, comme toujours, mais nous sommes aujourd'hui sur la bonne voie.

    Je n'ai pas beaucoup d'instruction. Je n'en fais le reproche à personne mais à mon époque les enfants n'étaient pas autorisés à fréquenter les écoles publiques. Je n'ai été à l'école que bien plus tard. Quand j'y suis allé, il fallait se battre contre la discrimination, tout ce genre de choses. Tous mes autres amis sont allés en pensionnat, ce qui selon moi n'était pas une très bonne chose parce que tous ceux qui en sont revenus avaient perdu leur langue.

    Ce sont probablement les choses qui, avec du recul, et lorsqu'on compare à ce que nous faisons aujourd'hui, sont très différentes et très positives pour l'avenir de nos enfants. Je ne peux y voir que du bon.

    Il y a un peu d'opposition, mais il y a de l'opposition partout. Il arrive même que ma femme ne soit pas d'accord avec moi.

    Une voix: C'est son droit inhérent.

+-

    L'hon. Brenda Chamberlain (Guelph—Wellington, Lib.): Nous avons toutes ce problème.

+-

    M. Clarence Clough: C'est notre gouvernement.

    Je tiens à remercier tous les gens ici présents.

    Merci, monsieur le président.

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Clough.

    Merci, chef Louie.

    Merci à tout le monde. Merci beaucoup.

+-

    M. Stockwell Day: Monsieur le président, j'aimerais qu'il apparaisse au procès-verbal que je souhaiterais que leur loi anti-déficit s'applique également au gouvernement fédéral.

+-

    Le chef Robert Louie: Monsieur le président, si vous me permettez, au nom de tous les membres de notre conseil et au nom de notre peuple, je souhaite vous remercier. Je souhaite remercier tous les membres du comité ici présents, de leurs encouragements. Nous vous sommes très reconnaissants de votre appui.

    Nous sommes impatients, monsieur le président, que le projet de loi soit adopté, pour pouvoir progresser. Ça a été dur—et ça a également été cher, j'ajouterai—de réunir ici tous les membres de notre conseil. Il y a les membres de notre communauté qui sont chez eux et qui prient, en espérant que ce projet de loi sera adopté. Nous sommes pleins d'espoir et, selon nous, il est urgent et important que cette loi sur l'autonomie gouvernementale soit adoptée.

    La reddition de comptes est une chose; la valeur des territoires et les questions économiques en sont une autre. Mais le plus important, sans doute, c'est que le peuple de la Nation Okanagan et le peuple de la Nation Westbank ont investi le temps nécessaire pour créer quelque chose qui nous sera utile.

    Monsieur le président et membres du comité, nous espérons que vous appuierez notre initiative et étudierez ce projet de loi rapidement pour que nous puissions reprendre notre vie et travailler à notre avenir. Ce sont nos enfants et nos futures générations qui sont en jeu.

    Encore une fois, je vous remercie de votre temps.

½  +-(1940)  

+-

    Le président: Merci beaucoup, chef Robert Louie.

    Passons à nos autres témoins : M. Dinwoodie et les témoins de Kelowna—le maire, M. Walt Gray; Mme Kat Maurmann; et M. Len Novakowski.

    Commençons avec le maire de Kelowna, M. Walt Gray. Vous avez cinq minutes.

    Je vous prie d'excuser mon retard.

+-

    M. Walt Gray: Merci beaucoup, monsieur le président. Vous n'avez pas besoin de vous excuser de votre retard. N'oubliez pas qu'il est trois heures plus tôt, ici qu'à Kelowna.

    Monsieur le président, membres du comité, je suis très heureux d'avoir la possibilité, en tant que maire de Kelowna, de parler au nom de la Ville de Kelowna, en Colombie-Britannique, au sujet du désir d'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank.

    Je souhaite également saluer tous nos amis de Kelowna, de la Première nation de Westbank, chef Louie et son conseil, qui sont à Ottawa.

    Chef Louie, je peux vous dire que j'ai remarqué que vous étiez accompagné de tous vos conseillers, alors que moi, à Kelowna, je n'en ai aucun à mes côtés; il est vrai que moi, je ne leur ai pas promis de les inviter à dîner, alors que je suis sûr que vous l'avez fait.

    D'abord, pour ceux d'entre vous qui ne le connaissaient pas bien, je vais vous expliquer un peu le contexte de notre communauté, son emplacement et sa proximité avec les terres de la Première nation de Westbank. La Ville de Kelowna est située sur la rive est du lac Okanagan. Le lac s'étend sur environ 140 kilomètres de long, du nord au sud, dans la partie méridionale intérieure de la Colombie-Britannique. Nous sommes situés à Okanagan centre, et les terres de la Première nation de Westbank se trouvent juste en face de Kelowna, de l'autre côté du lac. À cet endroit, la largeur du lac est d'environ un mille. Nos deux rives sont reliées par un pont flottant. La Première nation de Westbank et la Ville de Kelowna participent à la même économie dynamique, et nous avons une bonne relation. La Ville de Kelowna a une population d'environ 103 000 habitants. Elle est située dans le district régional d'Okanagan centre, dont la population est de 158 000 habitants. Cela comprend les terres de la Première nation de Westbank et nous avons dit plus tôt qu'il y avait sur ces terres environ 600 membres de la Première nation de Westbank et 8 000 non-Autochtones, qui occupaient des terres louées.

    Mon exposé aujourd'hui sera bref, mais je souhaite d'abord signaler au comité que le conseil municipal de Kelowna a déclaré publiquement qu'il appuyait le principe d'autonomie gouvernementale pour la Première nation de Westbank. Nous pensons que cela permettra aux Premières nations de retrouver leur dignité, d'être responsables et maîtres de leur propre destin. Nous croyons, comme le chef Louie l'a dit déjà deux fois, que les Premières nations possèdent le droit inhérent de se gouverner.

    Ceci étant dit, il faut être prudent dans les détails de cette entente, pour ne pas imposer injustement des changements aux principes bien établis qui régissent les terres de réserve. Dans le cas de la Ville de Kelowna, tout ce qui aurait une incidence négative sur les citoyens que je représente n'aurait pas bien sûr notre appui.

    En ce qui concerne la proposition d'entente d'autonomie gouvernementale en tant que telle, notre seule préoccupation concerne la partie X, au sujet de la gestion des terres de la Première nation de Westbank. Je pense qu'il s'agit de l'article 102, qui porte sur les terres de réserve supplémentaires. j'ai vu plusieurs ébauches et la numérotation des articles change souvent, mais il me semble qu'il s'agit de l'article 102.

    Kelowna est mal à l'aise avec l'idée que, et je cite l'article 102 : « Les terres acquises par la Première Nation de Westbank peuvent être transférées au Canada pour être mises de côté en tant que terres réservées pour les Indiens en vertu du paragraphe 91(24) de la Loi constitutionnelle de 1867 et à titre de réserves à l'usage et au profit de la Première Nation de Westbank au sens de la Loi sur les Indiens. »

    Selon notre interprétation, cela voudrait dire que la Première nation de Westbank, en vertu de cette entente, pourrait acheter, par exemple, une propriété ou un édifice au centre-ville de Kelowna et faire une demande auprès du ministre pour obtenir le statut de terre de réserve, ce qui, si c'était approuvé, signifierait que la propriété serait exempte d'impôt. Or, les citoyens et contribuables de Kelowna devraient satisfaire aux mêmes exigences et fournir les mêmes services, comme le stationnement, qui pourrait être nécessaire en raison de l'activité découlant de l'achat de la Première nation de Westbank et son impact sur les propriétaires voisins.

    Même si le ministre consultera sans doute la ville, nous pensons qu'il revient à Kelowna de contrôler et d'exercer son rôle d'imposition sur toutes les propriétés de notre municipalité. Nous ne sommes pas opposés à ce que des membres de la Première nation de Westbank ou des membres de la bande soient propriétaires fonciers dans notre ville, mais ils doivent payer des impôts comme tout autre citoyen ou propriétaire d'entreprise. C'est notre avis.

½  +-(1945)  

    Nous demandons que l'article 102 de la partie X soit retiré de l'entente d'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank, ou que le libellé soit modifié de manière à protéger les intérêts de Kelowna, au sujet des impôts fonciers.

    Pour résumer, nous appuyons la volonté d'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank. Nous les félicitons de leur initiative. Nous reconnaissons que cet effort a déjà duré trop longtemps—j'ai entendu le chef Louie parler de 14 ans, il me semble. Cependant, nous vous demandons d'étudier l'article 102 qui porte sur les terres de réserve additionnelles, dans la mesure où celui-ci pourrait avoir une incidence sur notre ville, s'il s'appliquait dans les limites de la municipalité.

    Je vous remercie de m'avoir donné la possibilité de témoigner devant le comité aujourd'hui, et je suis prêt à répondre à vos questions.

+-

    La vice-présidente (Mme Nancy Karetak-Lindell): Merci beaucoup, monsieur le maire.

    Je remplace le président. Je suis vice-présidente.

    Le prochain témoin est Kat Maurmann. Je pense que nous allons entendre tous les témoins, puis nous passerons aux questions.

    Madame Maurmann, vous avez cinq minutes.

+-

    Mme Kat Maurmann (à titre individuel): Merci.

    Bonsoir, monsieur le président et membres du comité. Nous sommes ici pour vous présenter les perspectives, préoccupations, et idées générales des non membres au sujet de l'entente d'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank.

    D'abord, je souhaite vous présenter John Reddick et me présenter moi-même pour vous expliquer pourquoi nous sommes bien placés pour vous faire part de notre appui à cette entente d'autonomie gouvernementale.

    John Reddick est membre du Conseil consultatif provisoire de la Première nation de Westbank depuis juin 2001. Il vit sur les terres de Westbank depuis novembre 95.

    En 1998, la Première nation de Westbank a mis sur pied un comité ad hoc de résidents et a invité les non membres résidant sur les terres de Westbank à y siéger. Le rôle de ce comité ad hoc était de créer des mécanismes pour permettre aux non membres d'intervenir, sur les questions qui les touchaient directement ou significativement. M. Reddick, qui, à l'époque, siégeait au conseil d'administration de l'Association Sun Village Homeowners, faisait partie de ceux qui ont activement participé à la création de ce que l'on appelle aujourd'hui le Conseil consultatif provisoire de Westbank.

    Je m'appelle Katja Maurmann, ou Kat, et je vis sur les terres de Westbank depuis octobre 97. J'ai aussi participé activement aux réunions du comité ad hoc de résidents en 98 et j'ai été vice-présidente de l'Association Bayview Homeowners. J'ai également été nommée membre du Comité consultatif provisoire de la Première nation de Westbank en 1999 et a été élue présidente du conseil consultatif provisoire par mes pairs, les membres nommés. Je travaille depuis six ans avec la Première nation de Westbank pour représenter les intérêts des non membres, résidant sur les terres de Westbank.

    D'abord, je pense qu'il serait opportun d'expliquer en quoi ça consiste que d'être un non membre et de vivre dans notre communauté. Je mets l'accent sur le mot « communauté » et non terres de réserve, parce qu'il s'agit d'une communauté prospère et dynamique. Si vous y passez en voiture—et il le faut, si vous voulez vous rendre aux villages voisins—vous verrez de belles maisons, sur de très beaux terrains, des parcs, des commerces prospères, desservis par d'excellentes routes, comme dans les villes voisines. En fait, vous ne pouvez pas distinguer la côte ouest de Kelowna, la ville de Westbank, des terres de Westbank. C'est la même chose pour nos communautés voisines.

    Les membres et les non membres de la réserve sont extrêmement fiers de leurs foyers et de leurs modes de vie. Nos services sont comparables à ceux des autres communautés et nous vivons tous en harmonie. Si vous vous demandez comment c'est de vivre sur les terres de Westbank, sur la réserve, eh bien, c'est agréable. C'est amusant, c'est formidable.

    Il est vrai que, de manière générale, la communauté ne savait pas que la Première nation de Westbank avait commencé à négocier un cadre pour une entente d'autonomie gouvernementale en 1999. Lorsque le chef et le conseil de la Première nation ont signé l'entente de principe d'autonomie gouvernementale en 1998, cela a été annoncé publiquement à la communauté. Ont suivi de nombreuses séances d'information publiques. Il s'agissait également de rassembler les membres de la communauté et de former, comme je l'ai dit plus tôt, un comité ad hoc de résidents pour traiter de l'entente d'autonomie gouvernementale et des mécanismes grâce auxquels les non membres pourraient participer.

    Au début, il y a eu beaucoup de confusion—au comité ad hoc des résidents, voire de la peur, car c'était la peur de l'inconnu. Nous avons passé beaucoup de temps à poser des questions et à essayer de comprendre ce que signifiait une entente d'autonomie gouvernementale. Pour la plupart d'entre nous, cela a exigé beaucoup de travail, et l'étude de nombreux documents juridiques.

½  +-(1950)  

    Il ne s'agissait pas de remettre en question le droit de la Première nation de Westbank à l'autonomie gouvernementale. On s'interrogeait sur l'incidence que celle-ci aurait sur les non-membres, au sujet des impôts fonciers, des baux immobiliers, domaines dans lesquels la plupart des Canadiens se sentent vulnérables.

    La question qui revenait le plus souvent, c'était de savoir comment nous pourrions être représentés lorsque se présenteraient des questions qui nous toucheraient, en tant que résidents des terres de Westbank. Ces arguments ont été soulevés au sujet de l'imposition sans représentation, comme vous l'avez probablement appris. Certains pensaient que ce système ne fonctionnerait que si les non-membres pouvaient voter et siéger, comme le font les membres de la bande, au conseil de bande de la Première nation de Westbank. D'autres ont fait valoir que ce n'était pas pratique, tout simplement en raison du nombre important de nos membres qui vivent sur les terres de Westbank.

    La Première nation de Westbank s'est assurée d'informer, d'éclairer et de travailler avec les résidents non-membres pour calmer ces craintes. Nous sommes donc ici aujourd'hui, en tant que membres actifs du conseil consultatif provisoire, pour vous présenter notre rétroaction constructive et positive, au sujet de ce que l'on appelle « un travail en cours » et pour informer le comité permanent que nous pensons que la majorité des non-membres ne s'opposent pas à cette entente d'autonomie gouvernementale.

    La plupart des résidents non-membres pensent que ce mécanisme de conseil consultatif permettra la participation démocratique des non-membres, pourvu que ce conseil soit établi et composé comme tout autre conseil municipal, et qu'il comporte des élections, des règles, des règlements et des responsabilités.

    Les non-membres sont d'avis qu'une loi établissant ce conseil consultatif doit être une loi étoffée, qui devrait inclure la définition de termes tels que « imposition », « budget »,  « adoption de règlements », « améliorations apportées aux immobilisations », et surtout, qui prévoirait un mécanisme de résolution des différends entre la Première nation de Westbank et les non-membres. En gros, il faudrait une loi qui permette d'éviter que ce conseil consultatif ne soit là qu'à titre décoratif.

    Notre conseil provisoire existe depuis cinq ans et ce processus a été très enrichissant pour les deux parties. Comme pour toute réalisation, ça été frustrant, voire très frustrant, tout simplement parce que nous explorons des domaines inconnus.

    Avec la participation des résidents, nous sommes en train de préparer une ébauche de loi qui englobe toutes les questions pertinentes, notamment le rôle et la structure du conseil consultatif, ses devoirs et responsabilités, les élections, ainsi que la définition des termes « admissibilité », « appels », etc., la destitution, les pétitions présentées au conseil consultatif, les différends entre le conseil et la Première nation de Westbank, la confidentialité, les conflits d'intérêts et l'assermentation. Ces recommandations seront présentées à la Première nation de Westbank en vue de l'élaboration d'une loi créant le conseil consultatif.

    Pour conclure, l'article 54 de l'entente d'autonomie gouvernementale stipule que:

La Loi de Westbank doit prévoir des mécanismes permettant aux non-membres qui vivent sur les terres de Westbank et qui ont un intérêt dans les terres de Westbank, de contribuer au projet de loi de Westbank et aux modifications législatives à la Loi de Westbank qui les touchent directement et de façon importante.

    La création d'un conseil consultatif est le mécanisme que nous avons choisi. Nous le répétons. C'est le mécanisme choisi par les non-membres et par la nation de Westbank pour représenter les intérêts des personnes résidant sur la réserve.

    Nous croyons que c'est une étape courageuse et unique, qui pourra servir de modèle pour de futures ententes d'autonomie gouvernementale. Ce modèle ne peut fonctionner que si des mesures de sauvegarde sont établies dans la loi pour protéger les intérêts des résidents non-membres et de la Première nation de Westbank, et si les deux parties font preuve de bonne foi.

½  +-(1955)  

    Monsieur le président et membres du comité, merci de nous avoir offert la possibilité de vous présenter notre point de vue et nos préoccupations.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Passons maintenant à Len Novakowski, directeur, Westside Electoral Area. Vous avez cinq minutes, s'il vous plaît. Ensuite, nous entendrons Aaron Dinwoodie.

+-

    M. Len Novakowski (directeur, Westside Electoral Area, «Regional District of Central Kelowna»): Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité.

    Je suis l'un des trois directeurs de secteur électoral qui représente le secteur Westside du Central Okanagan Regional District.

    Le secteur Westside est un secteur désigné rural et compte donc des directeurs régionaux qui agissent à titre de représentants du gouvernement local, titre équivalent à celui de conseillers municipaux. Dans le secteur géographique de Westside, il y a deux secteurs de la Première nation de Westbank, soit IR 9 et IR 10. Le secteur de Westside compte une population totale d'environ 34 000 dont 7 000  à 8 000 non-Autochtones et environ 600 Autochtones qui vivent sur les terres de la Première nation de Westsbank.

    Comme vous le savez sans doute, la Première nation de Westbank a son propre gouvernement, à savoir un chef et un conseil, qui ne fait pas partie du gouvernement régional. Toutefois, la Première nation de Westbank a conclu un accord avec le secteur régional qui assure la prestation de quelque 18 services différents aux résidents qui habitent dans les terres de la bande.

    Comme nous sommes tous voisins, nous devons travailler ensemble en partenariat. En ce qui a trait aux questions d'intérêt local, nous devons pouvoir travailler de concert sans d'abord obtenir le consentement d'un ordre supérieur de gouvernement. Le secteur régional possède l'autonomie nécessaire mais la Première nation de Westbank voit sa marge de manoeuvre limitée par la Loi sur les Indiens.

    En ma qualité de dirigeant élu, j'estime que la Première nation de Westbank doit avoir une entente d'autonomie gouvernementale qui l'autorisera à travailler avec nous sans contrainte, comme peuvent le faire d'autres gouvernements locaux. L'analyse que j'ai faite de l'entente d'autonomie gouvernementale dont vous êtes saisis me permet de conclure qu'elle donne à la Première nation de Westbank les appuis nécessaires sans empiéter indûment sur les droits d'autres parties.

    En guise de conclusion, permettez-moi de dire que j'appuie fortement les démarches entreprises par la Première nation de Westbank pour obtenir l'autonomie gouvernementale.

    Merci, monsieur le président.

¾  +-(2000)  

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Dinwoodie, vous avez cinq minutes.

+-

    M. Aaron Dinwoodie (directeur, Westside Electoral Area, «Regional District of Central Kelowna»): Monsieur le président et membres du comité, merci de nous avoir invités à comparaître.

    Je m'appelle Aaron Dinwoodie. Tout comme Len Novakowski, je suis directeur du Secteur électoral de Westside et c'est à ce titre que je comparais aujourd'hui. J'ai aussi été président du Comité consultatif sur le traité de Westbank, ancien président de l'Union des municipalités de Colombie-Britannique, premier vice-président de cette union et agent de liaison auprès du Comité permanent de la Fédération canadienne des municipalités sur les relations municipales-autochtones.

    Cela dit, je suis venu aujourd'hui vous parler des responsabilités qui ont été transférées au gouvernement local dans Okanagan et plus particulièrement au conseil du secteur régional qui inclut la ville de Kelowna, le secteur de Lake Country, la municipalité régionale de Peachland et, à l'époque, trois secteurs électoraux. Déjà il y en avait deux dans l'ouest de la zone et un du côté est du lac. Les deux secteurs électoraux à l'ouest du lac ont été fusionnés et nous avons amorcé un examen de gouvernance dans notre propre collectivité.

    En plus des témoignages reçus par le conseil régional au début du processus, nous avons aussi reçu des témoignages au comité consultatif régional dont le mandat était de surveiller le processus de négociation de traité en Colombie-Britannique. Ces témoignages ont aussi été acheminés aux autres associations du secteur que j'ai mentionnées plus tôt.

    S'agissant de ces témoignages et des préoccupations exprimées au départ par le gouvernement local, comme l'a dit le maire Gray—et je ne veux pas répéter ce qu'il a dit mais étoffer son propos—nous, les membres du gouvernement local, avons eu du mal à comprendre ce processus bilatéral puisque nous étions si intimement associés au processus trilatéral de négociation des traités en Colombie-Britannique. Nous avons aussi constaté certains problèmes avec les premières versions de l'entente sur l'autonomie gouvernementale. Il n'y avait pas de vraie définition de la représentation des résidents non autochtones et des précisions ont aussi été demandées quant aux questions touchant au travail.

    Comme Len l'a expliqué, nous avons surtout cherché à comprendre les différences entre une entente d'autonomie gouvernementale et les pouvoirs qui nous étaient conférés en vertu de la loi dans nos domaines de compétence. Nous avons consacré énormément de temps à cela puisque c'est l'une des questions qui nous préoccupait le plus.

    Le gouvernement local a travaillé de concert avec la Première nation pour s'assurer de comprendre parfaitement l'entente et les conséquences directes qu'elle aurait sur la relation entre le gouvernement local et la Première nation. La Première nation de Westbank préconisait fortement la participation du gouvernement local à tous les aspects du processus par le biais des divers comités consultatifs et elle a travaillé de concert avec le Regional District of Central Okanagan et avec la ville de Kelowna afin d'élaborer des protocoles qui nous ont permis d'examiner ensemble, au sein de ces diverses tribunes, les questions d'intérêt mutuel en ce qui a trait au mandat respectif de nos deux gouvernements.

    Nous avions signé en 1999 un protocole d'accord. Nous sommes censés en signer un nouveau en mars de cette année, soit 2004. Nous avons déployé de grands efforts pour faire accepter ces ententes dans les collectivités. Nous avons déjà des ententes quant à la prestation de services et les réseaux d'égouts. Nous avons cherché des façons de mettre en place des structures hybrides novatrices afin de favoriser la coopération de gouvernement à gouvernement entre la Première nation de Westbank et le Regional District of Central Okanagan. Nous pouvons nous concerter et prendre des décisions ensemble quant à la tenue de référendums sur la prestation de services locaux à la collectivité afin que les citoyens tant autochtones que non autochtones résidant sur les terres de la Première nation, et tous les autres citoyens de la collectivité, puissent effectivement voter.

    Nous avons organisé un tel référendum sur le complexe récréatif de Mount Boucherie. La collectivité locale s'est prononcée à 70 p. 100 environ en faveur de sa construction. Cette forme de concertation permet à tous de participer directement aux institutions démocratiques.

    À cet égard, j'aimerais ajouter que le conseil du Regional District of Central Okanagan a appuyé publiquement, à 11 contre 0, l'entente sur l'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank.

    Cela dit, et sans répéter ce qu'a déjà dit Walter Gray, j'aimerais ajouter qu'il existe à certains égards une certaine confusion et une certaine incompréhension notamment en ce qui a trait à l'accès à la représentation et au fonctionnement de ce régime, notamment chez ceux qui n'ont pas assisté aux réunions communautaires. Il existe une certaine confusion en ce qui a trait aux questions liées à la Charte, notamment si elles s'appliquent ou non—et aux différences entre l'entente sur l'autonomie gouvernementale et les pouvoirs municipaux.

    J'estime que le gouvernement local et particulièrement la Première nation de Westbank ont fait de gros efforts pour informer la collectivité sur tous ces enjeux.

    Quant aux questions liées à la Charte, j'espère que le comité se saisira de la question et qu'il vérifiera soigneusement tous les détails mais je crois toutefois qu'on a beaucoup fait au niveau de la collectivité pour renseigner les gens.

    Certains autres témoins ont fait un lien entre les préoccupations et l'incompréhension et les événements passés. J'estime que cette entente contribuera à la mise en place de mécanismes qui serviront à améliorer la qualité de vie de tous ceux qui vivent sur les terres de la Première nation de Westbank et qui assureront une concertation plus serrée entre la collectivité locale et les ordres supérieurs de gouvernements.

¾  +-(2005)  

    Sur ce, je vous remercie de m'avoir permis de comparaître devant votre comité. Je vous encourage à examiner cette entente d'autonomie gouvernementale dans le respect des principes qui nous gouvernent. Je tiens à remercier la Première nation de Westbank et le gouvernement du Canada d'avoir fait preuve de bonne foi dans ce dossier.

+-

    Le président: Merci.

    Monsieur Duncan.

+-

    M. John Duncan: Je ne sais pas au juste comment procéder—nous avons quatre témoins. Le maire Gray a fait le premier exposé et il a exprimé de sérieuses réserves à l'égard de l'article 102 de l'entente, certains ajouts dans Westbank et les terres appartenant à la municipalité. J'aimerais inviter les porte-parole de Westbank de réagir à ses préoccupations. Walter, je fais cette demande en supposant, compte tenu du témoignage plus tôt aujourd'hui de la Première nation de Westbank, qu'il existe une politique dans laquelle se trouvent les précisions voulues. Robert, si vous pouviez commenter maintenant, ce serait très utile.

+-

    Le chef Robert Louie: Merci, monsieur Duncan. Bonjour, monsieur le maire.

    À propos des terres à Kelowna et de vos inquiétudes concernant leur ajout à la réserve à la demande de la Première nation de Westbank, je vous assure catégoriquement que l'accord d'autonomie gouvernementale s'y applique. Si nous vous demandions à vous et au conseil de nous donner dix acres de réserve dans le centre de Kelowna, vous refuseriez tout net, comme vous l'avez dit. Il faudrait contacter la province de la Colombie-Britannique. Son approbation est nécessaire. En application de la politique sur les ajouts aux terres de la réserve, elle doit demander votre autorisation, celle de la ville, de l'administration locale, de la collectivité. Si vous êtes contre, c'est très simple, il n'y aura pas de réserve au centre de Kelowna. C'est ainsi que nous concevons l'accord. C'est bien ce que le texte dit.

    J'ajouterais ceci. Vous n'ignorez pas que nous sommes en pleine négociation de traité, une filière distincte de celle de l'accord d'autonomie gouvernementale. Nous allons à nouveau demander le consentement de la province et du Canada pour agrandir les terres de la réserve. Nous allons donc peut-être à un moment donné communiquer avec vous pour autre chose : la négociation d'un traité.

    Je peux vous assurer que notre conseil et notre collectivité ne convoitent pas le centre de Kelowna. Nous avons examiné plusieurs endroits des environs de la ville. Je le répète : Ce sera à négocier avec le Canada et la Colombie-Britannique et ce sera à vous et à l'administration locale d'accepter que des terres soient ajoutées à la réserve en vertu de la négociation du traité.

¾  +-(2010)  

+-

    M. Walt Gray: Monsieur le président, puis-je répondre?

+-

    Le président: Oui, allez-y.

+-

    M. Walt Gray: D'accord, merci.

    Je comprends le chef Louie; nous nous connaissons. Il a une grande crédibilité et nous n'avons aucun problème avec le chef ou le conseil actuel, mais comme élus, nous savons tous que les élus sont éphémères. Nous, nous voulons un peu de certitude. Nous ne voulons en rien contrecarrer la Première nation de Westbank. C'est tout le contraire. Nous voulons collaborer avec elle et travailler à son succès.

    Ce que nous disons, toutefois, c'est qu'il doit y avoir des assurances—dans l'accord ou ailleurs—que l'on ne créera pas deux catégories de propriétaires dans la municipalité de Kelowna : ceux qui paient des impôts, les propriétaires actuels, et, un jour, un propriétaire non assujettit à l'impôt parce qu'il appartient à une réserve, comme celle de la Première nation de Westbank.

    Je ne suis pas convaincu que nous avons le droit de dire à la province, au gouvernement fédéral, ou au ministre fédéral que nous refusons et que les choses vont en rester là. Il s'agit davantage de consultation que de consentement. C'est la seule chose qui nous fait hésiter. Nous n'avons aucune méfiance à l'endroit de la Première nation de Westbank, ni aucun problème avec elle; c'est que nous ne voulons pas que leur accord nous place dans la situation où il y aurait dans notre ville des propriétaires non contribuables. C'est aussi simple que cela.

    J'ajouterai une autre chose—le chef Louie est au courant, et il en a été question indirectement tout à l'heure. Il y a en fait eu des négociations et des contacts entre la Première nation de Westbank et la ville au sujet des terres de Gallagher's Canyon, qui représentent des centaines d'acres. Les enjeux n'étaient pas énormes dans ce cas précis. Les terres sont à l'extrémité est du territoire urbain en bordure d'une route en cul-de-sac, alors que 101 milles carrés de la ville de Kelowna... En toute bonne foi, la Première nation de Westbank a effectivement négocié des accords de service et nous en sommes très satisfaits. Aujourd'hui, elle demande l'autonomie gouvernementale, et nous l'appuyons, mais nous demandons seulement une garantie que nous jugeons importante pour la ville de Kelowna.

+-

    Le président: Vous avez une minute.

+-

    M. John Duncan: Je voulais donner une minute à M. Dinwoodie, qui voulait intervenir, je crois.

    J'ai raison?

+-

    M. Aaron Dinwoodie: Oui.

    Précisément pour les raisons données par Walter Gray, la Fédération canadienne des municipalités cherche actuellement, dans son projet sur les ajouts aux réserves avec le gouvernement fédéral à obtenir une définition du processus. J'aimerais donc reposer brièvement la question de Walter au conseiller juridique des négociateurs de l'accord, ce qui devrait atténuer leurs craintes.

    La question concernant la politique sur les ajouts aux réserves, c'est que la collectivité dans son ensemble doit savoir que les Premières nations peuvent s'en prévaloir avec ou sans cet accord. Ce qu'il faut voir, c'est la façon dont l'accord modifie la politique fédérale actuelle sur les ajouts aux réserves, au lieu de mêler les deux, pour que ce point soit bien clair. C'est ma question.

    Merci.

¾  +-(2015)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Monsieur Menczer, vous avez 30 secondes.

+-

    M. Micha Menczer: Au risque de trahir ma profession, je vais répondre brièvement.

    Cet accord n'a rien à voir avec la politique sur les ajouts aux réserves. Avec ou sans l'accord, les questions restent telles quelles : il s'agit donc du statu quo. Les inquiétudes du maire Gray sont indépendantes de l'autonomie gouvernementale et trouveront leurs solutions dans la politique sur les ajouts aux réserves. Chose certaine, cet accord ne change en rien la situation actuelle sur ce point.

+-

    M. Walt Gray: Monsieur le président, je le sais parfaitement. Je sais que la Loi sur les Indiensle prévoit déjà, mais la Première nation de Westbank veut que l'on change les règles et veut un accord avec l'administration locale. Parce qu'elle est en train de changer les règles, nous voulons nous assurer que la disposition qui figure actuellement dans la Loi sur les Indiens est bien supprimée.

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Gray. Nous vous en sommes reconnaissants.

    Monsieur Bagnell, vous avez sept minutes.

+-

    L'hon. Larry Bagnell: Merci, monsieur le président.

    Je ne suis pas beaucoup intervenu. J'avais beaucoup de questions pour tous les témoins, mais j'essaie de donner à l'opposition et à mes collègues le plus de temps possible.

    Sur un point bien précis, je voulais dire la même chose, monsieur le maire. C'est la même chose avant et après. Je ne suis pas sûr qu'il serait juste ou facile de négocier quelque chose qui dépouillerait les gens de leurs droits. Votre inquiétude est réelle, mais il n'y aura aucun changement après. Je me réjouis que la Fédération ait décidé de se pencher sur la question parce que c'est une politique qui se prête bien aux discussions entre le gouvernement fédéral et les municipalités à l'échelle de tout le pays. Pour être juste envers toutes les municipalités, il faudrait débattre de la politique et la modifier. Ce ne serait pas juste de demander à une Première nation en particulier de se placer dans une situation désavantageuse par rapport au reste du pays. La mise en place concrète de la politique ne se fait pas contre les voeux d'une province ou d'une municipalité, où qu'elle soit. Tant que la politique elle-même n'a pas été modifiée, il n'y a pas lieu de s'inquiéter.

    Je ne sais pas si vous voulez réagir.

+-

    M. Walt Gray: Très simplement, si l'on élimine l'article 102 de l'entente et si le Parlement accepte l'entente d'autonomie gouvernementale, l'article 102 en moins—et nous sommes en faveur de leur autonomie gouvernementale, nous l'avons dit à de nombreuses reprises, et nous le croyons sincèrement—ils se trouveraient à céder le droit d'acquérir des terrains dans la ville de Kelowna dans le but de demander que ces terrains soient considérés une réserve.

    Pour ce qui est d'acheter des terrains dans la ville de Kelowna, je les encourage à le faire—aucun problème—mais au même titre que tout le monde. C'est simplement la menace—si je peux utiliser ce terme—ce n'est pas parce que cela deviendrait une réserve, mais bien parce qu'ils n'auraient plus à payer d'impôt foncier, comme tous les autres propriétaires fonciers.

+-

    L'hon. Larry Bagnell: Mais comme je le disais, la politique fédérale qui pourrait s'appliquer...

+-

    M. Walt Gray: Je le sais.

¾  +-(2020)  

+-

    L'hon. Larry Bagnell: ... s'appliquerait avec ou sans cette entente... Nous ne procédons pas sans le consentement de la municipalité et de la province. Bien qu'on ne précise pas le consentement exprès, c'est ce que nous prévoyons. Il n'y aurait pas cette catégorie distincte de terrain à moins que la municipalité de Kelowna choisisse de la créer. Cela pourrait devenir avantageux de le faire. D'autres municipalités en Saskatchewan, par exemple, ont choisi de créer cette catégorie de terrain sur leur territoire. À un autre moment, je pourrais faire valoir les avantages et expliquer pourquoi la province l'a fait. Il y a certains avantages économiques pour la province. Toutefois, cela ne se produirait pas sans le consentement de Kelowna. Que ce soit avant ou après l'entrée en vigueur de cette entente, ça ne change rien.

+-

    M. Walt Gray: Si vous me dites que Kelowna devra donner son consentement, alors je ne vois pas de problème. Toutefois, je pense qu'il suffit simplement que le ministre fasse des consultations aux termes de la Loi sur les Indiens. S'il est vrai que nous sommes en mesure de consentir à la demande, c'est parfait. Vous avez raison. À l'avenir, il se peut que nous souhaitions le faire pour une raison quelconque, même si nous devons renoncer aux impôts fonciers. La Première nation pourrait vouloir créer un musée des Premières nations dans notre quartier des arts. Nous en serions heureux. Nous pourrions alors considérer que c'est une bonne affaire pour Kelowna de renoncer aux impôts. Donc, si l'on incluait à l'article 102 le mot « consentement », nous nous en réjouirions.

+-

    L'hon. Larry Bagnell: Comme je le disais, je pense que ce serait une bonne idée de négocier l'ensemble de la politique avec le gouvernement fédéral. Pour l'instant, vous avez raison. La politique qui s'applique partout au Canada ne parle pas de « consentement », mais nous l'appliquons comme si le terme s'y trouvait. Nous ne prenons pas ces dispositions à moins d'avoir le consentement et l'accord de la municipalité et de la province. C'est l'application actuelle. Je n'ai entendu personne préconiser de changements à ce niveau, mais cela ne signifie pas que la fédération ne devrait pas en discuter avec le gouvernement fédéral.

+-

    M. Walt Gray: Merci beaucoup de ce dialogue. Je vous en suis reconnaissant. Je suis très heureux que nous ayons pu nous faire entendre. Merci.

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Bagnell.

    Monsieur Day, vous disposez d'une minute et demie, ainsi que M. Vellacott et M. Laliberte. À 20 h 30, nous terminerons la réunion.

+-

    M. Stockwell Day: Monsieur le maire Gray, je suis heureux de vous voir. Je ne sais pas si vous pouvez nous voir. Vous pouvez sans doute nous voir maintenant. Je peux vous dire très sincèrement que j'aimerais être des vôtres.

+-

    M. Walt Gray: Vous êtes bien bronzé, comme dans l'Okanagan.

+-

    M. Stockwell Day: En effet.

    J'aimerais vous demander—cette question s'adresse essentiellement à Aaron je pense, mais monsieur le maire, vous pouvez intervenir—dans tout ce processus de consultation, surtout avec le milieu des affaires, et sachant qu'il y a quelque 200 entreprises sur le territoire de la Première nation de Westbank, surtout du côté ouest, est-ce qu'on a soulevé des préoccupations au sujet de cette entente? Je pense que j'aimerais que M. Dinwoodie me réponde, mais Walter, vous êtes libre d'intervenir à tout moment.

+-

    M. Walt Gray: Je ne pense pas pouvoir ajouter quoi que ce soit, mais Kat, qui a représenté l'association des résidents voudra peut-être dire quelque chose.

+-

    Mme Kat Maurmann: John peut répondre. John n'a encore rien dit.

+-

    Le président: Pouvez-vous nous donner votre nom?

+-

    M. John Reddick (à titre individuel): Je m'appelle John Reddick et je suis membre du conseil consultatif intérimaire.

    Pour répondre à votre question, monsieur Day, je peux dire qu'à ma connaissance, il n'y a eu aucun signe du milieu des affaires et à ma connaissance, cette entente d'autonomie ne préoccupe pas les gens d'affaires.

    En ce qui concerne le conseil consultatif, nous avons toujours pensé que les commerces du côté ouest pouvaient défendre leurs propres intérêts et ont eu tendance à traiter directement avec la Première nation de Westbank.

+-

    M. Stockwell Day: Si je comprends bien, il n'y a pas eu unanimité au sein du conseil consultatif intérimaire au sujet de l'entente d'autonomie gouvernementale de la Première nation de Westbank. Pouvez-vous nous en dire plus long à ce sujet?

+-

    M. John Reddick: En effet. Il y avait un représentant au conseil consultatif qui représentait Lake Ridge et qui a démissionné, estimant que le conseil consultatif ne fonctionnait pas vraiment ou n'avait pas l'oreille de la Première nation de Westbank. C'était l'opinion de cette personne, je pense. Je crois pouvoir affirmer que tous les autres représentants au conseil consultatif appuient l'idée de l'autonomie gouvernementale.

    Permettez-moi d'ajouter qu'au cours de nos tractations comme conseil consultatif avec la Première nation de Westbank—parce que nous représentons les intérêts de nos membres essentiellement—il n'y a pas eu des moments où il y avait désaccord et où il y avait frustration. C'est que le conseil consultatif demandait des éclaircissements sur des questions de budget et de levée de fonds pour défrayer les dépenses en capital. Nous demandions des réponses et je suis convaincu que la Première nation de Westbank a trouvé cela un peu difficile au début, parce que maintenant on les interrogeait sur des choses pour la première fois. Cela a été un processus d'apprentissage et je pense qu'au fur et à mesure, le respect et la confiance mutuelle ont augmenté des deux côtés.

¾  -(2025)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Monsieur Vellacott, vous avez...

+-

    M. Stockwell Day: Monsieur le président, M. Dinwoodie n'a toujours pas répondu à la question au sujet...

+-

    Le président: Vous avez une minute.

+-

    M. Aaron Dinwoodie: En ce qui concerne le milieu des affaires, la Première nation non seulement fait partie de notre Westbank and District Chamber of Commerce, mais participe aussi aux travaux de la commission de développement économique. Ces deux organismes ont une bonne longueur d'avance. Il s'agit d'une relation fantastique, solide, significative et nous avons élaboré un nouveau protocole avec l'aide d'un membre de notre comité, Len Novakowski, et la Première nation de Westbank en vue de cette entente, en vue d'un travail commun sur le développement économique et sur l'utilisation du territoire en échangeant des règlements municipaux de façon à mettre en place une stratégie pour offrir les services. Nous avons vu et au niveau de la Chambre de commerce et au niveau de la commission de développement économique, un appui solide et direct du milieu des affaires et le dialogue entre les deux a été très bon.

    Je vais terminer en disant encore une chose que j'estime importante. Le gouvernement fédéral, dans des présentations—cela répond en réalité à la question de Walter sur le consentement—nous a toujours dit qu'en ce qui concerne sa politique d'agrandissement des réserves il prenait très au sérieux le consentement des municipalités et des provinces et que cette politique était en place, que cette entente existe ou non. Voilà ce que nous disent les représentants du gouvernement du Canada lorsqu'ils viennent dans notre localité.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Vous avez une minute.

+-

    M. Maurice Vellacott: J'ai une question pour probablement M. Gray, le maire de Kelowna, s'il est toujours là. Si l'écran s'allume, j'aimerais lui poser une question.

    C'est la question des réserves urbaines. N'est-il pas suffisant, du moins en partie, que lorsqu'on se porte acquéreur de terrains dans une ville, au lieu d'impôts, vous pouvez prélever—je pense que c'est sur 20 ou 25 ans, le montant total d'impôt foncier correspondant—pour les services d'incendie, d'égout, d'eau, etc.? Vous aimeriez peut-être que la formule soit modifiée pour que le montant soit plus important, pour que ce soit sur 50 ans ou quelque chose du genre. Vous connaissez sans doute cette disposition. Est-ce que cela ne compense pas en partie l'impôt foncier pour vous?

+-

    M. Walt Gray: Non. Je ne comprends peut-être pas tout à fait la question, mais vous savez, nous ne planifions pas sur 50 ans. J'aimerais bien que ce soit le cas.

    Quoi qu'il en soit, lorsqu'il s'agit des ententes de service, on peut s'entendre. En fait, nous avons de l'expérience avec des terrains que la Première nation de Westbank possède déjà dans la ville de Kelowna.

    Peut-être que je ne comprends pas tout à fait votre question.

+-

    M. Maurice Vellacott: Très rapidement, en Saskatchewan, par exemple, voici ce que l'on fait. Avec des terrains, des réserves urbaines dans la ville de Saskatoon, on discute pour savoir s'il n'y aurait pas lieu de changer la formule, on prévoit un paiement forfaitaire important pour les services d'égout, d'incendie, ce genre de choses, tenant lieu d'impôt foncier.

    Il y a entente, négociation, entre la Première nation et la ville pour ces services, parce que sinon, ce terrain serait une île sans service. Si la Première nation ne peut pas fournir elle-même les services, elle ne peut rien faire. On conclut donc des ententes avec la ville. Manifestement, cela ne s'est pas encore fait en Colombie-Britannique.

+-

    M. Walt Gray: Je ne saurais dire, parce que je ne sais pas vraiment comment ça se passe en Saskatchewan. Je sais par contre qu'il y a des impôts fonciers et que cet argent est versé au compte de l'administration générale des municipalités. Les autres services dont vous parlez sont souvent fournis par les services d'utilité publique. Cela s'ajoute.

    La Première nation de Westbank a de l'expérience dans ce genre de choses au niveau régional, autour de Kelowna, mais pas à l'intérieur des limites de la ville. Nous n'avons aucune entente en place actuellement, sauf une entente de principe qui vise les terrains déjà en leur possession, c'est-à-dire des terres de réserve à l'extrémité est de la ville, les terrains dont j'ai parlé plus tôt. C'est très rural et cela n'a pas d'incidence particulière sur les terrains avoisinants. Cela ne nous menace pas. En fait, nous sommes très encouragés par nos relations dans ce contexte avec la Première nation de Westbank.

    Je regrette si je n'ai pas tout à fait répondu à votre question, parce que je ne suis pas sûr d'avoir bien compris la question.

+-

    M. Maurice Vellacott: Merci beaucoup.

-

    Le président: Merci, monsieur Vellacott.

    Ce sera tout pour ce soir.

    Merci beaucoup aux gens de Kelowna. Merci, monsieur le maire. Merci à tous.

    Merci aux députés.

[Français]

    Je tiens à remercier les interprètes, le personnel de soutien, les greffiers, les recherchistes, les témoins ainsi que vous tous, membres du comité.

[Traduction]

    Merci beaucoup, vous êtes très aimables.

    Demain matin, la réunion se tiendra de 9 à 11 heures dans la salle 269, édifice de l'Ouest. Demain matin à 9 heures, nous ferons l'étude article par article.

[Français]

Nous procéderons à l'étude article par article demain matin à 9 heures.

[Traduction]

    Merci beaucoup.