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CHPC Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

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Emblème de la Chambre des communes

Comité permanent du patrimoine canadien


NUMÉRO 096 
l
1re SESSION 
l
42e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mardi 27 février 2018

[Enregistrement électronique]

  (0845)  

[Français]

     Je vous souhaite la bienvenue à la 96e réunion du Comité permanent du patrimoine canadien.
    Nous poursuivons notre étude sur l'état des musées au Canada.

[Traduction]

    Je suis heureuse d'accueillir les deux témoins de notre premier groupe: M. Henry Kim, directeur et président de l'Aga Khan Museum, et Mme Anita Price, directrice exécutive de l'Association of Nova Scotia Museums.
    Vous avez chacun 10 minutes pour faire un exposé, et nous allons ensuite passer aux questions.
    Nous allons commencer par M. Kim, s'il vous plaît.
    J'aimerais commencer par parler un peu de mon parcours pour que vous sachiez qui je suis. Je suis directeur de l'Aga Khan Museum depuis 2012. Le musée a ouvert ses portes en 2014, il y a trois ans et demi.
    Je suis archéologue spécialiste de la Grèce. J'ai été universitaire presque toute ma vie. Je suis né aux États-Unis, mais j'ai passé la majeure partie de ma vie professionnelle au Royaume-Uni avant de venir au Canada il y a six ans pour occuper mes fonctions actuelles. J'ai donc acquis de l'expérience dans les musées des États-Unis et ceux du Royaume-Uni, où j'ai passé beaucoup de temps, et, bien entendu, au Canada en tant que nouveau venu dans votre formidable écosystème culturel.
    L'Aga Khan Museum est un des musées les plus récents au monde. Il a ouvert ses portes en 2014 et se spécialise dans les arts et la culture du monde musulman, ce qui est très inhabituel. À vrai dire, c'est le seul musée d'art islamique en Amérique du Nord. Il a été fondé par Son Altesse l'Aga Khan, qui voulait créer une institution culturelle qui permet aux gens de comprendre la diversité des arts et des cultures du monde musulman sur une période de 1 400 ans. À notre musée, nous ne cherchons pas uniquement à présenter des oeuvres d'art magnifiques. Nous voulons surtout raconter aux gens des histoires sur la multitude de cultures qui constituent le monde musulman et sur les liens entre ces cultures dans le temps et dans l'espace.
    Notre musée est également très inhabituel parce que nous ne nous limitons pas aux objets et aux arts visuels. Nous nous intéressons aussi aux arts de la scène. Notre musée est un hybride entre des objets et des spectacles. La raison en est très simple. Dans le domaine des arts, on ne peut pas faire de distinction entre le visuel et le vivant. Il faut tenir compte des deux pour pouvoir parler des cultures à l'origine de ces objets et de ces formes musicales et littéraires.
    Notre musée a beaucoup de défis en commun avec les autres musées du pays. Bien entendu, un musée se doit de relever l'important défi de l'établissement de son image en fonction de ce qui le rend unique parmi ses pairs, mais aussi parmi les institutions internationales.
    Même si notre musée est établi à Toronto, au Canada, nous le considérons certainement comme un musée international. La plupart de nos expositions s'appuient sur des objets et une expertise du monde entier. Je suis très heureux de dire que parmi les 15 expositions que nous avons créées, je crois que 10 d'entre elles prenaient appui sur une expertise venant de l'extérieur du Canada. Je pense que c'est très important, car lorsqu'il s'agit d'un domaine entièrement nouveau, il faut faire partie d'une communauté internationale plus vaste.
    L'établissement de notre image est un des défis auxquels nous faisons face. De toute évidence, la promotion de notre musée et l'utilisation efficace de l'argent dépensé à cette fin représentent l'un de nos grands défis. Je pense que s'il y a une chose que répètent sans cesse toutes les petites institutions culturelles, c'est que le financement demeure l'un de leurs plus importants défis.
    Même si notre musée a été fondé et créé à l'aide d'un cadeau de Son Altesse ayant servi à construire l'immeuble et à obtenir des collections, nous nous battons tous les jours pour chaque sou que nous dépensons dans notre budget. Les sommes investies initialement viennent peut-être d'un cadeau, mais nos fonds de fonctionnement viennent sans aucun doute de nos activités de financement. Nos recettes ne représentent que 25 % de nos fonds de fonctionnement, tandis que la différence de 75 % vient de collectes de fonds et de dons. Je suis heureux de dire que nous avons atteint une très bonne cible annuelle depuis l'ouverture du musée, mais pour assurer l'autonomie de ce genre d'institutions, le financement demeure le principal défi auquel nous faisons tous face. Je crois que c'est représentatif des petits musées partout au Canada.
    J'ai examiné les petits musées du pays. Il y en a énormément. En revanche, quand on compte le nombre de grands musées provinciaux, fédéraux et municipaux, on constate qu'il n'y en a qu'une poignée. Il y en a peut-être 20 qui tomberaient dans la colossale catégorie des grands musées. Les petits musées se comptent toutefois par centaines, voire par milliers. Je crois que j'ai vu le chiffre de 2 000 musées de petite taille au pays.

  (0850)  

    Ce qui est important à propos de ces musées, c'est qu'ils procurent une diversité et des idées, qu'ils racontent des histoires et qu'ils représentent aussi les nombreuses collectivités dont ils font partie ou dans lesquelles ils se trouvent.
    Ces petits musées mènent tous une lutte difficile pour financer leurs activités. La plupart d'entre eux reçoivent à cette fin très peu d'argent du gouvernement, mais ils ont pourtant un rôle important à jouer dans l'écosystème patrimonial et artistique du pays. Je pense qu'une des choses formidables à propos de ces petits musées, c'est qu'ils sont à l'origine d'excellentes idées compte tenu de leur diversité et de leurs nombreux talents.
     À Toronto, le groupe dont nous faisons partie compte également le musée des textiles, le musée Gardiner et le Bata Shoe Museum, et je constate que ces musées se surpassent non seulement pour ce qui est de trouver des idées, mais aussi pour attirer des talents internationaux ainsi que des idées et des collections au pays. Ils sont à l'image de leur domaine de spécialité, et je le répète, ils sont spécialisés. Toutefois, compte tenu de leurs domaines de spécialité, ils se concentrent sur une chose, ce qui est formidable parce qu'ils mettent l'accent non seulement sur leur matière, mais aussi sur les communautés qu'ils représentent et dans lesquelles ils ont un nombre impressionnant d'abonnés. Je pense que le secteur des petits musées se porte à merveille au pays, dans la mesure où les idées sont là, mais le financement demeure le principal défi.
    J'ai mentionné qu'une proportion de 75 % du budget de fonctionnement des musées vient de subventions et de collectes de fonds, tandis que la proportion de fonds publics de toutes sortes n'est que de 1 %. Cela s'explique en partie du fait que les musées doivent avoir mené des activités pendant trois ou cinq ans pour pouvoir même présenter une demande de financement gouvernemental. Nous commençons tout juste à franchir ce seuil. L'avantage du financement gouvernemental, c'est qu'il donne aux musées des fonds très importants qui leur permettent de créer leurs programmes. Nous sommes très reconnaissants du financement accordé.
     Ce qu'on reproche au gouvernement lorsqu'il finance les petits musées, c'est qu'il est souvent question de projets et de court terme. Le financement de projets et le financement à court terme peuvent contribuer à la mise en place de ces programmes, mais il n'aide pas l'organisation à long terme des activités d'un musée. C'est du court terme. Cela ne permet pas d'accroître la capacité d'un musée ou de l'aider à se financer à long terme.
    Si l'on veut favoriser et stimuler la créativité au pays, perpétuer les pratiques exemplaires et même innover, je crois que le modèle de financement des petits musées et des petites institutions doit être examiné de très près. Nous devons trouver des modèles de financement qui permettent à ces musées de penser à long terme, de ne pas se limiter à des projets à court terme. Je pense que ce sera l'un des plus grands défis que vous devrez relever dans votre étude de l'utilisation future des fonds publics par les petits musées.
    Merci beaucoup.

  (0855)  

    Merci beaucoup.
    Allez-y, madame Price.
    Madame la présidente, chers membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de contribuer à l'importante étude que vous venez d'entreprendre.
    Je vais parler un peu de l'Association of Nova Scotia Museums et vous donner ensuite ce que je considère comme des exemples très précis de notre travail qui se rapportent à l'étude entamée par votre comité.
    L'Association of Nova Scotia Museums — que nous appelons l'ANSM — est un organisme à but non lucratif ayant pour but de soutenir les musées de la Nouvelle-Écosse. Notre objectif est que tous les musées néo-écossais soient appréciés des Néo-Écossais, durables et exploités conformément aux normes d'excellence établies. Le mandat de l'Association of Nova Scotia Museums, en partenariat avec des musées, des collectivités et des collaborateurs, est d'encourager le recours à des pratiques exemplaires professionnelles dans les musées de la province, de sensibiliser les Néo-Écossais à la valeur des musées et de l'histoire néo-écossaise, et de défendre les musées de la province.
    L'ANSM fait partie d'un réseau canadien d'associations de musées provinciales et territoriales. Ces associations remplissent essentiellement les mêmes fonctions dans leur coin de pays, même si elles se sont toutes adaptées aux intérêts et aux dossiers propres à leur région. En général, les associations de musées provinciales et territoriales offrent toutes de la formation et un soutien connexe aux travailleurs des musées.
    L'ANSM offre aussi des programmes mis au point pour donner un soutien dans des domaines clés des pratiques des musées. Notre programme d'évaluation des musées porte sur l'importance pour les musées des normes et de la reddition de comptes. Nous avons aussi un service de consultations qui met surtout l'accent sur les pratiques de gestion des collections et qui offre un système de gestion des collections, qui alimente à son tour NovaMuse, un site Web de collections. De plus, notre programme d'études en muséologie offre des modules d'apprentissage fondamental dans des domaines clés des pratiques des musées et des organismes à but non lucratif. Ce programme est soutenu par des activités d'apprentissage avancé et spécialisé. Le mémoire que l'ANSM présentera au Comité permanent du patrimoine canadien prendra appui sur le contexte et les connaissances obtenus grâce à ces programmes.
    En ce qui a trait à l'évaluation des musées, en 2016, l'ANSM a lancé dans la province un nouveau programme, le MEP. Cette importante nouvelle initiative vise à resserrer les normes de pratique des musées. Nous avons déjà procédé à une évaluation des musées communautaires pour vérifier les critères de responsabilité d'un programme provincial de subventions de fonctionnement. Le nouveau processus s'appuie sur des pratiques exemplaires de programmes similaires, tant à l'échelle nationale, en Alberta, qu'à l'échelle internationale, aux États-Unis et au Royaume-Uni.
    Le MEP vise à recueillir en deux étapes des renseignements fiables auprès des musées. Des documents doivent être présentés dans des domaines clés des pratiques des musées. Un examen des documents est suivi d'une visite d'évaluation des lieux effectuée par une équipe de trois évaluateurs ayant en moyenne 30 ans d'expérience de travail dans un musée ou un domaine de la préservation du patrimoine. L'évaluation des lieux a permis de mieux comprendre les mécanismes de reddition de comptes et la capacité des musées. Les renseignements recueillis aux deux étapes de l'évaluation sont distillés dans un rapport détaillé pour chaque musée. Un rapport global est ensuite préparé pour le gouvernement provincial et distribué à titre informatif. J'ai joint un rapport complet dans la trousse d'information que je vous ai remise. Ce mémoire comprend des conclusions du rapport qui sont pertinentes dans le cadre du travail du Comité.
    Les sphères d'activités examinées dans le processus d'évaluation sont la gouvernance, la gestion, la gestion des collections, les installations, l'interprétation, ainsi que la commercialisation et la production de recettes. Soixante-six musées communautaires ont été évalués, et la note globale est de 64,6 %. Sur le plan de la gouvernance, les notes étaient raisonnablement stables avec une moyenne de 75,5 %, alors que la note moyenne en matière de gestion était de 53,9 %. Cela semble indiquer d'importantes lacunes de mise en oeuvre des procédures dans les pratiques de gestion, du cadre de gouvernance aux politiques. Dans un grand nombre de musées, il y avait effectivement un grave manque de soutien aux travailleurs, rémunérés et non rémunérés, en ce qui a trait aux procédures des ressources humaines et à la formation.
    Le nombre de musées dont le personnel n'a pas d'expérience à l'égard du processus d'évaluation est une tendance préoccupante qui a été observée grâce aux évaluations de 2016. Parmi les 66 musées évalués, 28 ont indiqué qu'aucune personne actuellement associée à leur organisme n'avait participé à un processus d'évaluation précédent ou ne travaillait avec le musée depuis plus de cinq ans. Cela signifie que 42 % des musées souffrent d'une perte importante de mémoire organisationnelle. Mise à part la perte d'ordre pratique que cela représente sur le plan de la fonctionnalité organisationnelle, c'est également quasi catastrophique compte tenu de la perte de connaissances liées aux collections et à leur valeur.

  (0900)  

    Cela illustre la situation bien réelle à laquelle nous faisons face au pays alors que la génération du baby-boom se retire du marché du travail et, de plus en plus, du groupe de bénévoles qui a initialement mis sur pied ces organismes de préservation du patrimoine des années 1960 aux années 1980. Les musées dépendent toujours beaucoup de la bonne volonté, de l'expertise et de la passion de personnes qui s'engagent à soutenir leurs activités. On pourrait soutenir qu'aucun musée n'est viable sans cette contribution volontaire. La planification de la relève est une pratique importante à laquelle peu de musées peuvent se livrer. À mesure que les ressources déjà limitées sont sollicitées davantage, l'embauche de jeunes professionnels pour entamer le processus de développement professionnel de la gestion de l'apprentissage et des rôles de conservation ralentit. Les salaires dans les musées sont généralement faibles comparativement aux moyennes nationales, surtout lorsqu'on tient compte des compétences complexes nécessaires et des heures supplémentaires qu'il faut faire au-delà des heures normales de travail.
    Nous avons grandement besoin d'une stratégie nationale de formation des travailleurs des musées au Canada. Nous devons en faire davantage pour offrir un soutien à la formation dont tout le personnel des musées peut tirer parti. À mesure que les membres de la vieille garde se retirent de leur rôle de conservateurs du patrimoine canadien, il faut soutenir une nouvelle génération en lui donnant les outils et les connaissances nécessaires pour poursuivre les activités des musées et faire en sorte que ce sont les organismes publics efficaces auxquels les Canadiens s'attendent.
    Les normes de pratique sont essentielles aux musées. En tant qu'organismes de services offerts dans l'intérêt du public, les musées reçoivent habituellement dans les sondages d'opinion publique de bonnes notes en ce qui a trait à leur pertinence et à leur importance pour la société, mais ils leur manquent pourtant cruellement de ressources, ce qui ne contribue guère à la mise en place de normes de pratique ou au respect de ces normes. De nombreux musées servent de centres communautaires essentiels, et ce sont des organismes efficaces pour rendre un service précieux et complexe à la société en nous faisant comprendre le monde d'aujourd'hui dans le contexte de notre histoire commune. Dans le cadre des évaluations, la question de l'engagement communautaire a obtenu une note globale de 52 %, ce qui est faible pour cette fonction très importante des musées. Les musées communautaires, qui ont obtenu de bons résultats dans l'ensemble, affichent habituellement de bons résultats à cet égard. Ce n'est probablement pas un hasard s'il y a un lien entre la compréhension organisationnelle du service communautaire, d'une part, et l'engagement à cet égard ainsi que la vigueur dans la fonctionnalité opérationnelle et le respect des normes de pratique, d'autre part.
    Pour ce qui est de la gestion des collections et du site NovaMuse, un service de consultations qui existe depuis 12 ans s'est révélé être un élément essentiel du soutien d'ordre pratique offert aux musées communautaires en Nouvelle-Écosse. Ce service tire son origine d'un projet de résidants de la province qui ont reconnu le besoin collectif de formation axée sur les systèmes informatiques de gestion des collections et sur des domaines connexes, de soutien technique et d'équipement. Ensemble, les musées communautaires peuvent rassembler des fonds pour soutenir leurs besoins communs d'une manière beaucoup plus efficace que ce qu'ils peuvent faire individuellement. Ce service est un bon exemple de mise en commun efficace des ressources qui repose sur les normes professionnelles.
    Le service a évolué au fil du temps pour permettre au public de consulter de l'information sur les collections de plus de 50 musées communautaires de la Nouvelle-Écosse. Plus de 300 000 dossiers de collection, qui portent surtout sur des artefacts sociaux et historiques, sont rendus publics sur le site Web NovaMuse. Ce site Web est un outil interactif qui permet aux membres du public d'apporter leurs propres contributions aux renseignements sur les artefacts et de créer leurs propres collections en ligne.
    D'autres provinces et territoires suivent le modèle néo-écossais et se dirigent vers des systèmes de collections partagées que le public peut consulter. Les Canadiens s'attendent à pouvoir consulter les ressources documentaires grâce à la technologie de l'information. Les musées ont la responsabilité de répondre à cette attente du public, notamment en ce qui concerne des renseignements fiables et exacts sur les collections et leur utilité. Nous pouvons en faire plus avec des ressources partagées, mais nous avons toutefois besoin d'une bonne compréhension et de souplesse dans les programmes de financement fédéraux pour soutenir les besoins des Canadiens en matière d'accès public à l'ère numérique. Ce travail est essentiel au service public rendu par les musées dans la société, et le soutien fédéral de base est indispensable pour aller efficacement de l'avant.
    À titre d'exemple, le projet de l'ANSM dans le cadre du 150e anniversaire du Canada, « Touchstones », est un projet en trois étapes conçu pour amener le public à contribuer à la sélection d'artefacts représentatifs du rôle de la Nouvelle-Écosse dans l'évolution du Canada. La première étape portait sur la contribution des musées au site Web NovaMuse, en encourageant leurs abonnés sur les réseaux sociaux à sélectionner des artefacts dans leurs collections. La deuxième étape était la distillation, ou l'édition, des sélections du public par des élèves d'histoire de 11e année à partir de 150 artefacts représentatifs...

  (0905)  

    Je suis désolée de vous interrompre, madame Price, mais vos 10 minutes sont écoulées. Alors si vous pouviez essayer de conclure votre exposé, ce serait bien.
    Merci. Je vais passer tout de suite à la pertinence des musées, qui est aussi ma conclusion. Est-ce que ça ira?
    Oui, si vous pouvez le faire en 20 secondes. Vous pourrez peut-être compléter l'information lors de la série de questions.
    Je vois.
    En conclusion, le gouvernement fédéral offre un soutien primordial aux musées du Canada. Cette aide doit être élevée d'un cran afin de mieux soutenir ces ressources nationales vitales, d'une manière digne des attentes des Canadiens en ce XXIe siècle.
     Nous saluons le travail du Comité permanent du patrimoine canadien, qui a entrepris cette étude sur l'état des musées au Canada. Nous vous pressons d'aller au-delà du simple résumé sur l'état des musées, et de formuler de solides recommandations afin de bâtir un réseau de musées pertinents, stables et essentiels au service de tous les Canadiens.
    Merci.
    Merci.
    Nous passons donc à la série de questions. Pour le premier tour, ce sera des interventions de sept minutes, question et réponse comprises. Les questions vous seront parfois posées en français, alors vous pouvez porter vos écouteurs pour entendre la traduction. Vous pouvez les sortir.

[Français]

     Je vais d'abord céder la parole à Mme Dhillon, qui dispose de sept minutes.

[Traduction]

    Merci aux témoins d'être ici ce matin. Mes questions s'adresseront à vous deux, alors vous pourrez l'un ou l'autre y répondre si vous le souhaitez.
    Les établissements du patrimoine doivent s'assurer que leurs expositions plaisent à leur clientèle. Comment faites-vous pour évaluer la satisfaction des visiteurs?
    Vous avez tout à fait raison. Il est primordial de mesurer la réaction des gens à nos expositions et événements. Nous avons recours à diverses méthodes pour évaluer la satisfaction des visiteurs, la principale étant de simplement sonder les gens immédiatement après leur visite ou à la fin d'un événement. Nous avons un programme qui consiste essentiellement à remettre une carte sondage aux visiteurs. Pour un autre volet, ce sont nos employés qui leur posent quelques questions. Nous faisons également appel à des organisations externes, comme l'Université de Toronto et le groupe G6, à Toronto, qui est un collectif de musées examinant conjointement des stratégies de marketing et les statistiques d'achalandage. Ces organisations emploient leurs propres sondeurs.
    Je dirais que nous avons recours à cinq ou six méthodes, au moins, pour sonder nos visiteurs et tenter de savoir si leur expérience ou le contenu que nous leur avons offert était à la hauteur de leurs attentes.
    D'accord. Vous avez indiqué tout à l'heure qu'il y a des centaines et des milliers de petits musées à l'échelle du Canada. Qu'est-ce qui distingue votre musée des autres? Il est assez récent, d'après ce que j'ai cru comprendre. En quoi le vôtre est-il différent des centaines et des milliers d'autres?
    Je ne crois pas que notre musée soit si différent des autres. Nous sommes confrontés aux mêmes difficultés que tous ces musées: comment faire pour attirer des visiteurs, pour que les médias s'intéressent à notre travail? Peu importe les sommes dépensées en publicité, le bouche à oreille et la couverture médiatique demeurent les meilleurs véhicules pour attirer des visiteurs. En ce sens, nous sommes comme les autres.
    Ce qui nous distingue est bien sûr notre domaine de spécialité, mais encore là, les principes fondamentaux ne changent pas. Quel est notre argument de vente unique? Quelle est notre image de marque? Quel est notre message? Comment attirer des visiteurs issus de communautés diverses? Notre plus grand défi a été de définir la notion de communautés. Dans une ville aussi diversifiée que Toronto, il y a beaucoup de communautés différentes. Nous voulons bien sûr inclure tout le monde sans discrimination, mais il y a quelques groupes cibles qui sont très importants pour nous. Définir notre auditoire cible et répondre à ses besoins s'est avéré être un défi de taille, car il faut avoir les ressources et la main-d'oeuvre nécessaires. La volonté y est, mais c'est un processus de longue haleine.
    Monsieur Kim ou madame Price, avez-vous remarqué une fluctuation de l'achalandage au fil des ans? A-t-elle diminué?
    En fait, depuis un an ou deux, l'achalandage a augmenté de beaucoup en Nouvelle-Écosse. Il y a peut-être un parallèle à faire, ou pas, avec la hausse du tourisme. Je dirais que 90 % des musées qui m'ont fait part de leurs statistiques d'achalandage ont eu le grand plaisir d'accueillir plus de visiteurs.

  (0910)  

    Pour ma part, c'est difficile à dire, car j'ai très peu de données à cet égard. Je dirais qu'une programmation intéressante est toujours le point de départ d'un bon achalandage. Les bonnes idées attirent toujours des visiteurs. C'est ce qui fait notamment l'essence de la gestion muséale. Il s'agit ensuite de mettre ses idées en vitrine et de faire en sorte que les médias, les blogueurs et les réseaux sociaux en parlent. C'est ce qui suscite l'achalandage.
     Je crois que le tourisme est effectivement à la hausse. Puisque vous l'avez aussi tous les deux constaté, comment profitez-vous de cette augmentation pour obtenir plus de dons ou de commandites pour vos musées?
    Notre mandat est de soutenir les musées. Nous n'exploitons pas de musée en tant que tel.
     Nous savons que les musées les plus prospères sont ceux qui sont très engagés auprès de leur collectivité et qui ont de solides partenariats communautaires. Les partenariats qui misent sur ce que le musée a à offrir contribuent généralement à la pertinence de ce dernier dans la collectivité.
    Les touristes qui arrivent d'une autre province ou d'une autre ville sont comme la cerise sur le gâteau. Le musée Aga Khan fait probablement exception, mais la plupart des musées vous diront que ce sont les gens de l'endroit qui les font vivre. Ce sont d'importants partenaires. Si tous les visiteurs passent le seuil en réfléchissant à ce que leur apporte le musée, les musées qui sont près des gens de leur collectivité arrivent à établir des partenariats fructueux et à bâtir une programmation qui interpelle les gens. Et ce sont ces musées qui ont le plus brillant avenir. Ce n'est pas un hasard si, généralement, ce sont aussi eux qui sont les plus stables financièrement.
    Je suis d'accord pour dire que le tourisme est la cerise sur le gâteau.
    La majorité de nos visiteurs habitent la région du Grand Toronto. Le tourisme aide, mais je ne suis pas du tout prêt à dire que c'est le principal moteur de nos activités. C'est une des choses qui séparent les petits musées des grands. Les grands musées sont davantage courus par les touristes, car ils font partie des listes de choses à voir dans une région donnée.
     Il y a bien sûr des exceptions — certains profitent certainement du tourisme —, mais la plupart des petits musées doivent pouvoir compter sur leurs partenariats communautaires pour avoir un peu de stabilité et penser à prendre de l'expansion dans l'avenir.
    Alors...
    Il vous reste 45 secondes.
    D'accord.
    Il est important de mettre un peu d'argent de côté. Nous avons besoin de fonds pour assurer la continuité de ces établissements. Avez-vous des bénévoles, et seriez-vous prêts à les accueillir en stage pour qu'ils puissent également obtenir des crédits? Cela pourrait aussi vous aider financièrement.
    Notre musée a un effectif de 60 employés, ainsi que plus de 400 bénévoles. Je crois que cela représente assez bien la réalité de la plupart des musées.
    D'accord, merci.
    Merci.
    La parole est à M. Van Loan.
    Ma première question s'adresse à M. Kim. Vous avez parlé des difficultés liées au financement et au financement public, et vous maintenez que les ressources offertes n'aident pas vraiment les musées à atteindre l'autonomie financière à long terme. À part fournir du financement direct, que pourrait faire le gouvernement pour aider les musées à se financer eux-mêmes sur le long terme?
    Il y a plusieurs façons de voir cela. D'après ce que j'ai pu constater, le mode de financement public le plus efficace est celui qui s'éloigne du simple financement ponctuel. Il faut privilégier l'aide s'échelonnant sur trois, quatre ou cinq ans, car les musées peuvent ainsi se permettre de mobiliser des ressources et d'accroître leurs capacités. Et ça, c'est très important selon moi. Le financement ponctuel peut donner un bon petit coup de fouet pour lancer un projet, mais malheureusement, il ne permet pas de former du personnel ni de le garder. C'est crucial. Une grande partie du travail entourant un projet est fait par des gens qui repartent aussitôt. Je crois donc qu'il est absolument essentiel d'élargir nos horizons en ce qui a trait au financement.
    Je crois par ailleurs qu'il faudrait examiner de très près la nature des programmes de financement du gouvernement. À l'heure actuelle, le gouvernement fédéral administre un fonds très important, le Programme d'aide aux musées. Je réitère que c'est un excellent programme, mais il mérite peut-être une refonte. Les possibilités offertes sont tout de même assez limitées. Nous avons envisagé de recourir à ce programme à maintes reprises, mais en vérité, il ne répond pas à nos besoins. Il y a très peu de ressources qui correspondent à nos activités, car c'est un programme qui cadre davantage avec les expositions itinérantes. Il y a du travail à faire concernant la gestion des collections, mais la nôtre est relativement simple. Nous avons seulement 1 000 objets. Je m'en fais surtout pour les musées qui ont des centaines de milliers d'objets.

  (0915)  

    Jusqu'à maintenant.
     Exactement. Il faut voir à plus long terme. Le programme actuel doit être revu de fond en comble, car les temps ont changé. Les petits musées n'ont pas les mêmes besoins. Ce serait évidemment merveilleux si nous avions accès à beaucoup plus de ressources, mais même les programmes en place doivent être réorientés.
    Pour d'autres sphères du monde culturel, le gouvernement fédéral a un programme qui offre un montant équivalent — jusqu'à concurrence d'un montant annuel maximal — aux contributions versées aux organisations ou fondations vouées au soutien des arts à long terme. Je ne crois pas que la même chose soit offerte aux musées. Est-ce que cela devrait changer?
    Absolument. Je dois dire que nous suivons cela depuis des années, et la perspective qu'on offre aussi aux musées cette possibilité est très attrayante. Nous attendons encore. Ce programme cible principalement les arts de la scène, et c'est merveilleux, car ils en ont besoin. Les musées aussi, parce que cela ferait toute la différence d'obtenir du financement de contrepartie pour les fonds de dotation. Le financement par fonds de dotation est ce dont les musées ont besoin, au bout du compte. Si vous jetez un oeil à la santé financière des petits musées canadiens, vous allez entre autres constater qu'ils n'ont tout simplement pas de fonds de dotation pour le long terme. Les grands établissements ont réussi à bâtir quelque chose de ce côté, mais pas les petits. C'est un des volets qu'il faut élargir.
    Pour l'Association of Nova Scotia Museums, le Musée de la Nouvelle-Écosse offre un modèle intéressant. Ce musée est administré par la province, si je ne me trompe pas. Et il joue aussi le rôle d'association, car il chapeaute 28 autres musées. Nous recevrons plus tard les représentants d'un d'entre eux, c'est-à-dire le Musée maritime de l'Atlantique. Pouvez-vous nous parler brièvement de ce modèle? Comment cela fonctionne-t-il, et quelle est la relation entre votre organisation et le Musée de la Nouvelle-Écosse?
    J'assimile toujours l'évolution du musée de la Nouvelle-Écosse à un processus très organique. Il n'est pas l'aboutissement d'un projet planifié. Son évolution s'est étalée sur des décennies et, au gré des événements, il a fini par occuper 28 emplacements de nature et de taille diverses dans toute la province.
    Parmi ces 28 emplacements, 13 sont exploités indirectement par des tiers sans but lucratif. De plus grands, comme le musée Highland Village, à Iona, dans l'île du Cap-Breton, sont exploités par la société sans but lucratif qui les gère pour le compte de la Nouvelle-Écosse.
    D'autres emplacements sont saisonniers pour la province. Certains sont comme la carderie Wile, à Bridgewater, exploitée par cette ville, par l'entremise du musée DesBrisay, en vertu d'un contrat avec un tiers avec la province.
    En 2017, nous avons évalué les musées néo-écossais. Je ne communique pas de statistiques sur l'opération dans ce rapport, faute d'y être autorisée par la province. Cependant, l'entente entre les parties est très complexe. Kim pourra en parler. Elle exploite l'un des musées directement gérés. Son personnel est entièrement constitué de fonctionnaires de la province, ce qui n'est pas le cas partout.
    À partir de mon organisation, je donne de la formation et je pourvois à d'autres mesures d'appui, comme la prestation de conseils sur le système de gestion des collections, qui appuie les activités, surtout celles des musées indirectement gérés, mais tous profitent de la formation, des conférences et ainsi de suite que nous offrons.
    Très rapidement, croyez-vous que le musée de la Nouvelle-Écosse soit un bon modèle?
    Quels avantages offre-t-il par rapport à seulement exister et faire partie d'une association?

  (0920)  

    C'est une façon, pour différentes communautés, de donner suite à leurs ambitions grâce à un appui financier permanent de la province, et de raconter l'histoire de la Nouvelle-Écosse.
    C'est une organisation très complexe, qui sera soumise à un examen pendant les quelques années à venir, parce qu'il faut examiner la capacité de gestion de sa structure et sa soutenabilité éventuelle.

[Français]

     Monsieur Nantel, vous disposez de sept minutes.
    Merci, madame la présidente.
    Je vous remercie tous les deux d'être ici ce matin.
    Tout à l'heure, M. Kim a répondu à la question de M. Van Loan concernant les fonds de dotation. Madame Price, j'aimerais aussi que vous me parliez de ces fonds, parce qu'il me semble qu'ils pourraient être pertinents pour les petits musées ou les petits endroits. Un fonds de dotation serait pratique, n'est-ce pas?

[Traduction]

    Depuis cinq ou six ans, l'Association des musées canadiens incite vivement le gouvernement canadien à créer un fonds de dotation pour les Canadiens qui appuient leurs musées. Ce fonds égalerait exactement en dollars fédéraux le montant des dons publics faits par les Canadiens. Quand nous les avons sondés sur la question, les députés fédéraux nous ont toujours donné une réponse modérément chaleureuse, mais jamais suivie d'effets réels.
    Il existe en effet des dotations semblables pour les arts, mais on empêche très particulièrement les musées d'en profiter. Je pense que notre pays doit s'attaquer à ce problème. Nous parlons tous du financement fédéral et de son importance, qui peut être essentielle, mais les musées doivent pouvoir être autonomes aussi, et des mesures comme les fonds de dotation les y aident.
    Pendant que nous avons élaboré le programme d'évaluation des musées et consulté les Néo-Écossais sur leur compréhension des normes et ainsi de suite, nous avons notamment constaté leur confiance absolue, et, j'oserais dire, celle de la plupart des Canadiens, dans l'effet cohésif, pour tous ces établissements, du financement accordé par tous les ordres — municipal, provincial, fédéral. Les contribuables croient que leurs impôts font ce travail, ce qui est faux. Nous devrons trouver une solution constructive à cette situation. Je pense qu'un fonds de dotation la fournirait très concrètement.

[Français]

    Absolument. Dans la région de Montréal, des fonds comme ceux-là sont tous envoyés à la Fondation du Grand Montréal. De plus, ils font une contribution sociale extrêmement importante en apportant un soutien aux organismes communautaires, tout en préservant le capital, car c'est la nature même de la chose. Cela fait donc d'une pierre deux coups, et même trois coups, ce qui est exceptionnel.
    Vous aviez l'intention de parler du rôle social des musées. Voulez-vous compléter votre réponse?

[Traduction]

    Oui. Nous constatons que les établissements qui, dans la province, s'impliquent activement dans leur communauté, s'y mobilisent, étendent leurs rapports avec les communautés artistiques et d'autres organisations culturelles, sont, de loin, les plus solides, pour diverses raisons, ce qui en dit long sur leur utilité, le service tellement indispensable qu'ils rendent au public.
    La Commission de vérité et réconciliation nous a chargés d'appliquer un certain nombre de ses recommandations. Notre bonne volonté n'y suffit pas, tellement il y a du pain sur la planche pour les musées du Canada dans ces importants secteurs sociaux que certains d'entre nous effleurent à peine. D'autres occupent un créneau très précis qui leur permet d'aborder ces secteurs de notre vie culturelle, tandis que d'autres doivent vraiment trouver le moyen d'aller dans cette direction et de vraiment faire des progrès, comme dans la maîtrise de connaissances difficiles. Les musées peuvent être des espaces où il est possible de discourir, dans le respect, sans crainte, sur tous les sujets imaginables. C'est pour nous une tâche importante, très importante.

[Français]

     Absolument.
    Madame la présidente, combien de temps me reste-t-il? Vous me dites qu'il me reste trois minutes. C'est super.
    Monsieur Kim, actuellement, vous avez une exposition temporaire qui s'appelle The World of the Fatimids. D'après mon expérience de grands musées, comme le Musée des beaux-arts et le Musée d'art contemporain à Montréal, les expositions temporaires suscitent effectivement l'envie d'aller au musée et font connaître la collection permanente par le fait même.
    Comptez-vous renouveler cela de façon constante? La grande pertinence de médiation culturelle que peut faire votre musée ne fait aucun doute.
    Plusieurs d'entre nous serons aux Canadian Screen Awards dimanche, le 11 mars. Si cela vous tente et si cela tente les organisateurs de cet événement, nous pourrions organiser une visite de groupe le lundi. Je ne sais pas si votre musée est fermé le lundi, mais nous pourrions y aller en groupe. Ce serait une belle occasion de voir votre travail.

  (0925)  

[Traduction]

    Il ne fait absolument aucun doute que les expositions temporaires attirent les visiteurs. Pour notre musée, il est indispensable de renouveler ses expositions temporaires, trois ou quatre fois par année, pour raviver l'intérêt. Ça fait partie de nos tâches.
    En même temps, je pense qu'il importe aussi beaucoup de modifier les collections permanentes. Ça présente toujours des difficultés aux musées, parce qu'on croit qu'on n'a pas besoin de changer une collection permanente, mais, en réalité, il faut la renouveler, ce qui exige le dialogue avec la clientèle, pour comprendre ce qu'il faut changer, les désirs à exaucer.
    Ça me ramène à toute la question des rôles sociaux des musées. L'un des éléments des pratiques muséales qui change aujourd'hui est la compréhension du sens véritable des histoires et des messages livrés. Les musées peuvent le faire, grâce à la participation des communautés, pas seulement dans l'esprit de leurs conservateurs. Eux créeront les produits qui feront le succès commercial, et c'est l'essentiel, d'après moi.

[Français]

    Vous avez raison. Le Musée des beaux-arts à Ottawa a réorganisé sa collection nationale et l'a rendue encore plus intéressante du point de vue de la médiation, alors que le Musée canadien de l'histoire a décidé de faire des expositions temporaires au goût un peu douteux. Je pense notamment aux Hot Wheels. Je suis un amateur des Hot Wheels et j'en avais quand j'étais petit, mais je trouve cela un peu curieux.
    Parfois, les expositions temporaires peuvent avoir des effets un peu bizarres. Par exemple, l'exposition au MAC, à Montréal, a amené beaucoup de gens à découvrir Leonard Cohen par l'interprétation artistique d'artistes contemporains. C'était fantastique.
    Je n'ai pas d'autres questions. Je vous remercie.

[Traduction]

    Merci.
    Monsieur Virani, vous disposez de sept minutes.

[Français]

    Je vous remercie, madame la présidente.

[Traduction]

    Monsieur Kim, c'est vous que j'interrogerai surtout. Ma circonscription de Parkdale—High Park est en quelque sorte dans le centre-ville de Toronto. Je connais le musée de l'Agha Khan, parce que je suis ismaélien, et j'en suis très fier. Je pense qu'on peut justement parler du bruit que fait le musée, de la conversation qu'il alimente dans la ville. Je dirais dans la province aussi et peut-être encore dans le pays, grâce à quelques facteurs, notamment le caractère vraiment grandiose des lieux. J'y suis allé souvent, et ce n'est pas seulement attribuable à l'architecture. Ce l'est aussi à la cour et au centre ismaélien qui lui fait face. C'est magnifique et frappant. Mais il y a aussi la qualité de l'offre. Enfin, je pense que ça s'explique aussi, comme vous l'avez souligné dans vos remarques liminaires, par le fait que c'est le premier de son genre en Amérique du Nord.
    J'ai trois questions. La première: pouvez-vous expliquer la vision de l'Agha Khan dans le choix de l'emplacement du musée au Canada? Pouvez-vous nous parler également de l'investissement que vous avez mentionné au début, en capital, et l'investissement personnel de l'Agha Khan pour assurer l'aboutissement du projet?
    Je pense que c'est l'une des...

[Français]

     Il n'y a plus d'interprétation en français.
    Je peux répéter ma question en français, si vous le voulez, madame.

[Traduction]

    Il faut nous arrêter tant que nous ne l'aurons pas de nouveau. Nous éprouvons des difficultés techniques depuis le début de la séance. J'implore votre patience. Le service a été rétabli. Si nous reprenions le fil de la conversation?

  (0930)  

    Oui, je pense que ce que vous avez raconté est très important. Quand le moment est venu de choisir l'emplacement de ce musée dans le monde, Son Altesse l'Agha Khan a choisi le Canada. Je pense que c'est très important, parce que, quand il s'agit de la mission et du mandat de ce musée, nous sommes ici pour explorer la diversité des cultures et les liens qu'elles établissent entre elles au fil du temps. Cet objectif vise à mieux expliquer non seulement le monde musulman, mais aussi le monde entier, parce que les liens culturels qui s'établissent entre les peuples ne sont pas l'exception. Il s'en crée continuellement, mais nous avons tendance à l'oublier. C'était une orientation très importante de notre musée. Son Altesse a choisi le Canada parce qu'elle y a vu l'une des sociétés diversifiées et multiculturelles les plus réussies.
    Je dois ajouter mon point de vue personnel de directeur du musée: venir au Canada et créer le musée ici, quelle expérience absolument magnifique, parce qu'on ne m'a jamais demandé pourquoi ce musée existait. On ne m'a jamais questionné, avec un ton de défi, pour que j'explique pourquoi se trouvait là un musée d'art islamique. En fait, les visiteurs disent qu'ils veulent apprendre. Ils cherchent à connaître ce que le musée présente. Encore une fois, je pense que ça revient beaucoup à la vision créatrice de l'Agha Khan.
    L'investissement financier par l'Agha Khan ou par le fonds spécial Agha Khan pour la culture est de l'ordre de...
    Exact.
    Actuellement, nous recevons environ 5 millions de dollars par année du réseau Agha Khan de développement, par l'entremise du fonds spécial Agha Khan pour la culture. C'est sa contribution au musée, mais c'est un montant qui diminue graduellement. Actuellement, il est de 5 millions sur un budget de fonctionnement de 16,5 millions. Ce montant diminuera chaque année, alors que nous augmenterons nos possibilités de financement. Nous sommes très reconnaissants au réseau de sa contribution au musée, mais je pense qu'il existe pour le Canada une occasion de vraiment soutenir ce musée, un établissement très canadien.
    Vous avez dit que l'immeuble originel et le terrain étaient un don de l'Agha Khan.
    C'est exact. Toute la mise en valeur de l'emplacement sur Wynford Drive, où se trouvent le musée, le parc Agha Khan et le centre ismaélien, tout ce capital a été donné par l'Agha Khan, un don très généreux au Canada.
    Parlons un peu de ce que vous avez dit, dans votre première réponse, sur le mandat de promotion de la diversité et du pluralisme. Nous savons manifestement qu'il existe un centre mondial du pluralisme, ici même, à Ottawa, et que c'est un sujet de prédilection de l'Agha Khan. Dites-moi comment ça se manifeste, à la faveur de certaines expositions, comme les expositions temporaires. Je pense précisément à celle qui a porté sur la Syrie, fin 2016 et début 2017. Pendant que le pays accueillait 48 000 réfugiés syriens, une exposition retraçait dans le détail l'évolution de la civilisation syrienne au cours des âges. Dites-moi comment elle a atteint les objectifs de promotion du pluralisme, de la diversité et de l'inclusion et qu'elle a combattu la division et l'ignorance de l'Islam et de la culture islamique.
    Exactement.
    Je pense que cette exposition sur le pluralisme se situe très au coeur de ce que nous, le musée, nous signifions. Sur la crise syrienne, nous nous rappelons tous ce qui est arrivé à la fin de 2015 et au début de 2016, avec l'arrivée d'un grand nombre de réfugiés syriens au Canada. Ç'a été un moment très important de l'histoire de notre pays, parce que beaucoup de réfugiés arrivaient ici, et le cas des Syriens était l'un des plus émouvants, à cause de la guerre civile qui ravageait leur pays et des portes qui se fermaient. Le Canada, lui, a ouvert les siennes.
    Notre musée a décidé de réagir très rapidement, en montant une exposition qui portait sur la diversité culturelle de la Syrie. Nous étions en partie motivés par l'arrivée de 40 000 réfugiés et l'idée de faire comprendre qui ils étaient. Nous ne voulions pas qu'ils soient simplement catalogués comme Syriens, comme réfugiés.
    Nous voulions montrer que, leur passé qui remonte à plus de 5 000 ans fait d'eux des Grecs, des Romains, des Babyloniens, des Mésopotamiens, des Byzantins, des mamelouks et ainsi de suite. Les cultures qui font partie de la Syrie sont extrêmement diverses. Le peuple syrien l'est aussi. C'est ce qu'un musée et les musées en général devraient pouvoir saisir et montrer, parce que, sinon, quelle autre institution publique le pourrait?
    Nous avons estimé qu'il était très important de le montrer, pour répondre à un enjeu alors très brûlant. Encore une fois, expliquer la diversité et le pluralisme, c'est commencer à enseigner, à faire comprendre et à faire réfléchir sans a priori.

  (0935)  

    Madame la présidente, combien me reste-t-il de temps?
    À peine moins d'une minute.
    Ce dernier élément est l'orientation vers l'extérieur. Vous avez décrit comment cette orientation situe le musée dans le contexte mondial. Pouvez-vous dire ce qu'elle est et comment elle ravive la compréhension de la culture, ici, au Canada, y crée un centre pour la revitalisation de la civilisation islamique, l'étude de l'art islamique et de la culture en général et interpelle, à l'étranger, d'autres musées ou établissements de même nature que lui?
    Oui.
    L'implantation d'un musée de cette nature à Toronto signifie que, soudainement, le monde de l'art islamique commence à tourner le regard vers le Canada. À l'étranger, on reconnaît très bien notre nom, mais le plus important est que ça se reflète dans l'une des populations qui croissent le plus vite dans notre pays et à Toronto, soit la population musulmane, et nous pouvons présenter les cultures d'où proviennent ces oeuvres d'art.
    Excellent.
    La parole est maintenant, pendant cinq minutes, à M. Eglinski.
    Merci, madame la présidente. Je remercie nos deux témoins également.
    Madame Price, vous avez parlé d'un processus d'évaluation, dans votre province, qui vous a permis de citer quelques chiffres pendant votre exposé. Je m'aperçois que vous avez de très importants et de très petits musées. Le Quai 21 n'en fait-il pas partie?
    C'est un musée national.
    Évaluez-vous tous vos musées au même niveau ou existe-t-il des niveaux différents? Beaucoup de musées au Canada, particulièrement les petits qui se trouvent dans de petites collectivités, sont surtout animés par des bénévoles. Nous avons aussi les gros musées qui recrutent des professionnels comme M. Kim, qui démontrent beaucoup d'initiative et qui ont probablement reçu une meilleure formation et ainsi de suite.
    Dans l'évaluation des musées de votre province, ces établissements doivent-ils tous répondre à une certaine norme?
    Actuellement, le programme d'évaluation vise vraiment à établir un point de comparaison en vue d'une méthode uniformisée d'exploitation des musées. Ce n'est pas le nec plus ultra. Tous les éléments de l'évaluation concernant la gouvernance et la gestion, par exemple, portent simplement sur l'existence d'une structure de gouvernance. Avez-vous un conseil d'administration? Si vous gérez un musée, avez-vous une politique des ressources humaines? Avez-vous des contrats pour votre personnel? Ce genre de questions très fondamentales. Pour ce qui concerne la gestion des collections, avez-vous une politique à cette fin? Pouvez-vous trouver vos objets et connaissez-vous la nature de vos objets? C'est actuellement très rudimentaire.
    On nous reconnaît notamment le fait que nous collaborons avec beaucoup de petits établissements. Néanmoins, ce sont des établissements publics, dépositaires de biens personnels. Ils doivent en rendre compte. Ils doivent être responsabilisés pour les renseignements qu'ils donnent au public canadien et à l'égard des deniers publics qu'ils reçoivent pour mieux fonctionner.
    Votre organisation aide-t-elle les petits musées à atteindre cet objectif? Je pense qu'il serait difficile pour un petit musée d'essayer d'égaler certains des gros établissements.
    Nous collaborons avec eux toute l'année. Quand, telle année, ils sont censés être évalués, ils seront prévenus bien d'avance. Manifestement, nous débutons à peine le programme d'évaluation, mais ça n'a rien d'une attaque sournoise. Ils ont beaucoup de temps pour se préparer. Un de nos employés a pour tâche de collaborer avec les musées. Il est de garde. Sur toutes les questions que les musées peuvent poser en matière d'évaluation, ils peuvent compter sur une personne qui leur accordera une aide utile. Très utile même.
    Une statistique que je ne vous ai pas communiquée porte sur la différence qui existe entre les établissements qui se sont préparés à une évaluation avec notre concours et ceux qui ne l'ont pas fait. Les pointages de l'évaluation présentent entre les deux groupes une grande différence. C'est un processus de soutien.
    Merci beaucoup.
    Vendredi dernier, j'ai visité l'Université de l'Alberta et j'ai profité d'un peu de temps libre, dans l'après-midi, pour visiter le musée de l'aviation de l'Alberta. J'avais besoin de ma dose d'avions, parce que je suis pilote. J'ai donc erré parmi les appareils. L'un des deux ou trois bénévoles assis là m'a offert son aide. J'ai répondu que je l'accepterais peut-être après avoir visité les lieux. Je l'ai rencontré après et nous avons parlé pendant trois heures. Je suis simplement resté là. C'était tellement intéressant.
    Je connais beaucoup de musées où des bénévoles passent tout leur temps. Ce bénévole de 75 ans était un retraité des affaires qui avait eu beaucoup de succès. Il passait trois jours par semaine au musée et deux autres dans un autre musée, à Edmonton. Je l'ai félicité, et il m'a répondu qu'il aimait le public. Il est historien autodidacte de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Nous avons donc eu une conversation très agréable.
    Il y a tellement de Canadiens comme ça. Existe-t-il un programme, peut-être financé par l'état fédéral, peut-être que nous devrions financer, pour reconnaître les bénévoles exceptionnels? Je reviens aux observations de M. Kim sur ses 400 bénévoles.
    Ce programme existe-t-il ou devrions-nous en envisager un pour reconnaître certains de ces grands Canadiens, qui consacrent beaucoup de temps à faire connaître l'histoire de leurs communautés?

  (0940)  

    Je vous prie de répondre très rapidement. Il vous reste moins d'une demi-minute.
    Il existe un programme de reconnaissance par l'entremise du Bureau du gouverneur général du Canada. Toute une section reconnaît le soutien exemplaire que le bénévolat accorde aux musées.
    Excellent.
    Me reste-t-il du temps?
    Votre temps est écoulé.
    Madame Dzerowicz.
    Je vous remercie beaucoup de vos excellents exposés.
    Ma circonscription se trouve également dans le secteur ouest du centre-ville de Toronto. Il s'agit de Davenport. On y trouve une communauté très multiethnique et, à coup sûr, une population musulmane grandissante. Je n'ai pas encore eu le temps de visiter le Musée Aga Khan, mais votre campagne promotionnelle est excellente. Chaque semaine, je me dis que je dois y aller, mais je n'en ai pas encore eu l'occasion. Croyez-moi, le musée suscite beaucoup d'intérêt, alors toutes mes félicitations pour l'excellente promotion.
    J'ai été un peu frappé d'entendre notamment que la plupart des touristes ont tendance à visiter certains des grands musées à Toronto. Avez-vous des idées sur la façon dont nous pouvons aider, à l'échelle nationale, à promouvoir, entre autres, certains des petits musées dans l'ensemble du pays? Je ne sais pas si vous avez des observations à faire sur ce point. Je doute que nous puissions tout promouvoir, mais pour être honnête, je mettrais en valeur le Musée Aga Khan au même titre que le Musée royal de l'Ontario ou le Musée des beaux-arts de l'Ontario.
    Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?
    Oui.
    Selon moi, en ce qui concerne le tourisme, toute aide sera la bienvenue. Il n'est pas facile de promouvoir des musées parce que les gens ont tellement d'autres choses à faire. S'il y a une façon dont le gouvernement peut apporter son aide, je crois que ce serait par l'entremise...
    Pour tout vous dire, je crois qu'il faudrait chercher les récits qui se cachent non seulement à Toronto, mais partout ailleurs. Les petits musées ont des histoires merveilleuses à raconter. Nous avons des récits extraordinaires à faire découvrir. Je pense qu'il en va de même pour les musées en Nouvelle-Écosse. Si nous pouvons amener les gens à se rendre compte du patrimoine et de l'histoire qui les entourent... Ils n'ont pas besoin d'aller au centre-ville; c'est parfois tout près.
    C'est très important parce que le patrimoine est littéralement partout. Nous oublions simplement sa présence. Je crois que c'est peut-être le plus grand défi auquel nous faisons face dans le secteur muséal. Tout le monde est au courant des musées, tout le monde a entendu parler de nous, mais ce qui amène les gens sur les lieux, c'est une sorte d'élément déclencheur. Une des méthodes pourrait donc consister à examiner la façon dont le patrimoine est perçu dans les espaces vitaux des gens parce que le patrimoine existe bel et bien, mais personne ne s'en rend compte.
    Vous avez beaucoup parlé du financement de votre musée et du type de soutien que vous recherchez à l'échelle nationale. Je sais que vous venez d'Oxford, où vous avez passé un certain temps.
    Qui excelle dans le secteur muséal? Qui appuie bien ses musées? Quel pays y parvient? Y a-t-il un modèle que vous nous proposeriez d'examiner?
    Le Royaume-Uni, je crois. Comme je l'ai mentionné, j'ai acquis beaucoup d'expérience dans ce pays. Les musées là-bas jouissent d'un très fort appui. Je crois que c'est parce que la population reconnaît que le patrimoine fait partie de la vie quotidienne des gens. C'est un aspect très important. Il ne s'agit pas seulement du financement accordé par le centre ou par d'autres ressources; c'est le fait que le patrimoine est reconnu comme étant d'une très grande importance. Encore une fois, regardez le Royaume-Uni et l'ensemble de l'Europe. Le patrimoine y est presque omniprésent.
    Que fait le Royaume-Uni pour devenir un...? Le gouvernement national finance-t-il ses musées? Est-ce la façon dont il les appuie ou la façon dont il en fait la promotion? Bref, qu'est-ce qui fait de ce pays un modèle?
    On y trouve une foule d'organisations. À vrai dire, il y en a trois que je voudrais mentionner en particulier: National Trust, English Heritage et Scottish Heritage. Ce sont là d'excellentes organisations qui se targuent de compter parmi leurs membres presque le quart de la population et, là encore, je crois qu'il s'agit d'un des facteurs pertinents: tout est dans la façon dont elles s'organisent, notamment par l'ouverture d'installations dans tout le pays.
    Voici l'autre facteur. Au Royaume-Uni, la plupart des musées sont gratuits. C'est une piste qui mérite d'être creusée, car lorsqu'on réduit les obstacles à l'accès, le nombre de visiteurs augmente tout à coup. Par exemple, lorsque V&A a éliminé le droit d'entrée de 4 £ — et j'avais l'habitude d'attendre jusqu'à 16 heures pour profiter de l'entrée gratuite —, son achalandage a quadruplé du jour au lendemain.
    Donc, lorsqu'il est question de financement, n'oubliez pas non plus d'examiner comment cela influe sur le prix des billets, car, selon moi, ce facteur fait toute une différence sur le plan de l'achalandage.

  (0945)  

    Voilà qui met presque fin à cette partie de la séance. Il vous reste 20 secondes.
    Je crois que ça peut aller.
    J'ai cru bon de vous en prévenir.
    Oui, vous m'avez interrompue, et j'ai perdu le temps qu'il me restait, alors ce n'est pas grave.
    Des voix: Oh, oh!
    Mme Julie Dzerowicz: J'ai des tonnes de questions à poser.
    Eh bien, je crois que nous avons tous beaucoup de questions à poser. La seule raison pour laquelle je me suis permis d'intervenir, c'est parce qu'il nous reste en fait peu de temps pour l'ensemble de la séance.
    Je tiens à remercier les témoins de leur présence. C'était vraiment utile.
    Nous allons faire une courte pause pour passer à nos prochains invités, qui se joignent à nous par vidéoconférence.

  (0945)  


  (0950)  

    Nous accueillons maintenant notre deuxième groupe de témoins, situés d'un océan à l'autre. Nous recevons Kim Reinhardt, du Musée maritime de l'Atlantique, ainsi que deux représentants du Vancouver Maritime Museum: Duncan MacLeod, conservateur, et Tom Beasley, vice-chair du conseil d'administration.
    D'abord, un petit mot à nos témoins qui sont avec nous par vidéoconférence: vos microphones ne seront pas éteints, alors si vous avez une conversation pendant qu'une autre personne fait son exposé ou répond à des questions, cela créera de l'interférence.
    Pourquoi ne pas commencer par Mme Reinhardt, du Musée maritime de l'Atlantique? Vous avez 10 minutes.
    Tout d'abord, je tiens à vous remercier de m'avoir invitée aujourd'hui pour vous parler du Musée maritime de l'Atlantique à Halifax, en Nouvelle-Écosse.
     Le Musée maritime de l'Atlantique fait partie du réseau du Musée de la Nouvelle-Écosse, qui est responsable de la collection provinciale de plus d'un million d'artéfacts et de spécimens. Le Musée de la Nouvelle-Écosse, qui est constitué de 28 sites, est le musée le plus décentralisé au Canada. C'est aussi l'un des plus anciens musées du pays. Il compte 210 édifices, 4 navires et 9 locomotives, lesquels sont répartis partout dans la province.
    Le Musée maritime de l'Atlantique raconte les récits de nos communautés, notre histoire naturelle et populaire, nos traditions maritimes, notre patrimoine industriel et notre vie artistique. Le Musée de la Nouvelle-Écosse est administré par son conseil des gouverneurs en vertu de la Nova Scotia Museum Act.
    Les sites du musée sont directement ou indirectement gérés par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse au moyen d'affectations financières et conformément aux politiques, à la procédure et aux règles en matière de reddition de comptes du ministère des Communautés, de la Culture et du Patrimoine. Le Musée maritime de l'Atlantique est l'un des sites qui sont directement administrés par la province de la Nouvelle-Écosse.
    Situé sur le front de mer historique de Halifax, le Musée maritime de l'Atlantique raconte la riche histoire maritime de la Nouvelle-Écosse, son patrimoine naval et sa relation avec la mer, allant de la construction de petits navires jusqu'aux convois pendant les deux guerres mondiales, de l'époque des grands voiliers jusqu'à l'ère des bateaux à vapeur, du Titanic jusqu'à l'explosion au port de Halifax. Il s'agit du plus ancien et du plus grand musée maritime au Canada.
    Ouvert à longueur d'année, le Musée maritime de l'Atlantique présente des expositions permanentes et temporaires. Le tout s'accompagne d'un large éventail de programmes, notamment des visites guidées pour les élèves et les adultes, des services d'assistance dirigée et autodidacte, des conférences, des démonstrations et des activités pédagogiques pratiques.
    Nous organisons également de nombreux événements spéciaux tout au long de l'année. En tant que musée provincial le plus visité en Nouvelle-Écosse, accueillant entre 130 000 et 150 000 visiteurs en moyenne chaque année, le musée maritime est considéré comme un emblème provincial.
    En ce qui a trait à nos installations, notre immeuble est composé de deux parties: un bâtiment patrimonial datant des années 1860, appelé le Robertson Store, et un plus grand édifice construit en 1980. Les deux édifices, qui forment en fait un seul bâtiment, comptent neuf galeries permanentes. On y trouve un espace d'exposition temporaire d'environ 1 500 pieds carrés. Il y a également une bibliothèque bien garnie, qui est accessible sur invitation ou sur demande. C'est probablement l'une des plus grandes bibliothèques dans le domaine de la navigation maritime en Amérique du Nord. On compte aussi une petite salle de théâtre de 50 places où se tiennent diverses présentations.
    De plus, comme je l'ai dit, les quais du musée, qui font partie de notre empreinte, bordent le front de mer de Halifax. On y trouve deux grandes jetées séparées d'un quai longitudinal, ainsi qu'un chantier d'ancres. Nous avons la chance d'être situés en plein coeur du secteur riverain de Halifax, qui constitue l'attraction touristique la plus courue de la Nouvelle-Écosse. Le musée attire beaucoup de gens qui ne sont que de passage. Ainsi, à partir de nos quais, ils peuvent monter à bord du NSC Acadia, un navire de 104 ans transformé en lieu d'exposition flottant sur l'eau et où se déroulent des programmes et des activités. Nos jetées peuvent également accueillir des navires en visite.
    Par ailleurs, entre l'immeuble du musée et les quais se trouvent des hangars à bateaux où nous proposons diverses activités pratiques et occasions d'apprentissage.

  (0955)  

     Nous envisageons de plus en plus de partenariats en matière de construction navale. Au cours des dernières années, nous avons lancé un programme familial de construction navale qui nous a permis de tisser des liens avec divers groupes communautaires, en particulier auprès des jeunes. Voilà donc le genre d'activités que nous offrons. En été, un de nos hangars à bateaux sert de boutique de cadeaux, en plus de celle située à l'intérieur du musée, laquelle est ouverte toute l'année.
    Parmi les services offerts au musée maritime, comme je l'ai mentionné, nous organisons plusieurs types de visites guidées à l'intention de différents groupes. Nous recevons un grand nombre de visiteurs en provenance des bateaux de croisière à destination de Halifax, surtout entre la mi-mai et la fin d'octobre. Certains visiteurs viennent de l'étranger ou de l'extérieur de la province. Nous organisons également des visites guidées pour les écoles, et nous faisons beaucoup d'activités de sensibilisation auprès des nouveaux arrivants et des diverses communautés dans notre région. Nous offrons un certain nombre de visites guidées adaptées à ceux qui apprennent l'anglais comme langue supplémentaire, grâce à l'aide de partenaires qui viennent sur les lieux. Nous animons aussi plusieurs types de démonstrations, allant des techniques de tricot traditionnel des Maritimes à la construction navale, comme je l'ai dit; par exemple, nous montrons aux participants comment courber les planches formant la coque d'un bateau ou d'autres expériences traditionnelles du domaine maritime.
    Qui plus est, nous avons mis en place un certain nombre de programmes scolaires, dans le cadre desquels les élèves viennent au musée et participent à des activités. Nous avons créé des liens et des partenariats avec d'autres groupes communautaires, comme le Halifax Amateur Radio Club. Les bénévoles du club se rendent au musée et travaillent avec les élèves sur différents types de communication, ce qui est excellent. En outre, nous avons recours à des modélistes bénévoles qui jouent un rôle très important dans la préservation de nos divers modèles de bateau ou l'organisation d'activités ciblées. Ces bénévoles contribuent beaucoup au dialogue avec le public, et leur apport nous est vraiment précieux.
    Par ailleurs, nous tenons régulièrement des conférences publiques, et elles sont généralement gratuites tous les mardis soirs. En été, cette programmation est interrompue ou réduite pour céder la place aux concerts donnés dans la cour du musée, en partenariat avec Waterfront Development.
    Nous essayons de plus en plus de faire en sorte que le musée incarne des expériences culturelles. À ce titre, nous disposons d'un programme de bénévolat, comme je l'ai mentionné. Certains bénévoles viennent de clubs particuliers, comme la guilde des modélistes ou le club des radioamateurs de Halifax, mais bon nombre d'entre eux sont des personnes qui cherchent surtout à acquérir de l'expérience dans le secteur muséal.
    En plus de la location assez fréquente de nos installations, nous accueillons également des expositions itinérantes. Les expositions que nous créons à l'interne sont partagées dans tout le réseau du Musée de la Nouvelle-Écosse; d'ailleurs, nous avons en ce moment une exposition sur le M.S. St. Louis, qui sera présentée au musée de la guerre plus tard en mars. Nous accueillons des navires en visite, qu'il s'agisse de grands voiliers ou de navires didactiques, et il arrive parfois que la Marine envoie l'un de ses navires au musée. Nous offrons également des programmes destinés aux familles, des activités pour la semaine de relâche de mars et le temps des fêtes, pour ne nommer que ceux-là. Il y en a bien d'autres.
    Selon la vision du musée maritime, les Néo-Écossais vivront dans des communautés accueillantes, saines et prospères. Ils participeront à des occasions d'apprentissage et découvriront leur culture et leur patrimoine maritimes diversifiés. Ils se sentiront investis dans les événements en cours, se formeront une identité solide et joueront un rôle actif pour améliorer la santé et la prospérité de leurs communautés.
    Au musée maritime, nous estimons que notre raison d'être passe par notre travail, qui est guidé par le plan directeur d'interprétation du Musée de la Nouvelle-Écosse et le plan d'action pour la culture de la province. Le plan donne vie au mandat du ministère des Communautés, de la Culture et du Patrimoine, dont fait partie le Musée de la Nouvelle-Écosse, afin de contribuer au bien-être et à la prospérité des communautés diversifiées et créatives de la Nouvelle-Écosse grâce à la promotion, au développement, à la préservation et à la célébration de la culture, du patrimoine, de l'identité et des langues de la province.

  (1000)  

    Quelques 2 000 Néo-Écossais ainsi que 188 organisations culturelles se sont exprimés pour nous aider à dresser le plan d'action culturel. Une consultation officielle a eu lieu à l'Assemblée des chefs mi'kmaq de la Nouvelle-Écosse.
    Pardon, désolée. Vos 10 minutes sont écoulées, alors je vous prie de conclure.
    Oui, bien sûr.
    Le plan d'action pour la culture et le plan directeur d'interprétation sont essentiels pour orienter le travail que nous faisons au Musée maritime de l'Atlantique en fonction des cinq piliers visant la promotion de la culture des Mi'kmaq; c'est-à-dire: la promotion de la créativité et de l'innovation pour renforcer les partenariats, de l'éducation et de la compréhension, et de la diversité culturelle; et l'excellence en matière d'intendance culturelle.
    Le Musée maritime de l'Atlantique préserve, protège, promeut et présente la culture et le patrimoine maritimes de la Nouvelle-Écosse. Nous sommes fiers du travail que nous faisons et, pour terminer, j'aimerais prendre un instant pour remercier les membres du personnel de leur dévouement, de leur passion et de la grande importance qu'ils accordent à leur travail. Notre musée a des occasions incroyables de miser sur la valeur de ses biens culturels importants pour veiller à ce que tous les Néo-Écossais connaissent et apprécient leur patrimoine et leur culture maritimes.
    Merci beaucoup de m'avoir invitée.
    Merci.
    Nous passons maintenant aux représentants du Vancouver Maritime Museum. Vous avez 10 minutes. Je vous prie simplement de surveiller l'heure parce que vous ne pourrez pas me voir faire signe de la main.

  (1005)  

    Je vous remercie de l'occasion qui m'est donné de prendre la parole devant vous aujourd'hui. Je m'appelle Tom Beasley, et je suis le vice-président du conseil d'administration du Vancouver Maritime Museum.
    Je vais vous présenter un bref historique du musée et de mon rôle pour vous donner un peu de contexte. Je vais aussi faire quelques observations sur les changements qui sont survenus au sein du musée et du conseil d'administration, et je vais vous faire un résumé pour vous aider, je pense, dans votre mission qui consiste à mieux comprendre l'état des musées canadiens dans une perspective communautaire et régionale. Duncan MacLeod, le conservateur du musée, vous parlera ensuite de la collection du musée et de sa gestion.
    Le Vancouver Maritime Museum a été fondé en 1958 pour loger l'historique navire St. Roch de la GRC qui a été le premier à traverser le passage du Nord-Ouest d'ouest en est et à faire le tour de l'Amérique du Nord, un important enjeu de souveraineté très d'actualité pour le Canada.
    Le musée est un site national historique depuis 1962 et il ne bénéficie d'aucun financement fédéral. Son fonctionnement est régi par une entente de subvention-location avec la ville de Vancouver. Il est situé sur un terrain de la ville. Vingt-cinq pour cent de son budget provient de la ville, et le reste provient d'autres subventions et des entrées.
    Notre conseil d'administration est composé naturellement de bénévoles. Notre importante collection, dont Duncan vous parlera, est logée sous le niveau de la mer, ce qui n'est pas idéal, même sans réchauffement climatique. Nous avons tenté à plusieurs reprises de déménager au cours des 30 dernières années, et je vous en parlerai un peu plus tard.
    En ce qui a trait à mon rôle, disons tout d'abord que je suis avocat en droit du travail et que je m'occupe principalement de harcèlement. C'est mon travail quotidien. Je joue aussi un rôle très actif au sein des associations qui s'intéressent à l'archéologie sous-marine, à la plongée et aux épaves, des passions que je cultive depuis de très nombreuses années.
    Je suis arrivé au musée en 1986, et je suis devenu président du conseil par défaut en 1989. Le conseil a ensuite été renouvelé, la vision a changé et un nouveau directeur a été embauché, Jim Delgado, que nombre d'entre vous pourraient connaître. C'est un personnage plutôt emblématique et charismatique dans le monde de l'archéologie et de l'histoire maritimes. J'ai quitté le conseil lorsqu'il a été embauché, mon travail étant accompli. J'ai recommencé à siéger au conseil lorsqu'il est parti aux États-Unis il y a 10 ans. On m'a demandé de revenir, sans doute parce qu'on avait besoin d'un dinosaure. Je n'en suis pas certain.
    Au sujet du musée, comme je vous l'ai dit, nous voulons nous relocaliser, même si nous nous trouvons sur un site magnifique, extraordinaire, qui possède la meilleure vue de Vancouver depuis Vanier Park, mais il n'est pas central et n'est pas accessible à plusieurs points de vue. Nous voulons déménager depuis longtemps. Il y a 10 ans, on a tenté de créer un centre maritime national du Pacifique et de l'Arctique à North Vancouver, mais la tentative a échoué. Nous nous sommes donc retrouvés aux soins palliatifs pendant plusieurs années.
    Ensuite, quelques directeurs généraux ont été embauchés, mais sans grand succès. Nous avons alors embauché une personne sans expérience muséale comme gestionnaire. Il a donné un coup de barre au musée, a réduit sa dette à presque rien, et a généré un excédent de fonctionnement pendant les quatre dernières années. Il a quitté son poste parce que sa tâche était accomplie. Il s'appelle Ken Burton. Il a quitté son poste il y a huit mois, et nous avons embauché un nouveau directeur, Joost Schokkenbroek, qui nous vient du musée maritime national des Pays-Bas et qui nous amènera à la prochaine étape, je pense, quelle qu'elle soit.
    Nous sommes sortis des murs du musée pour aller chercher des experts, notamment mon ami Bill Haley — pas celui des Comets, mais de Haley Sharpe —, un designer d'expositions de l'Angleterre. Il a conçu des expositions pour le Musée canadien de la guerre à Ottawa et pour Stonehenge, et il travaille actuellement à la conception de neuf expositions pour la Smithsonian.
    Bill a mobilisé le conseil et le personnel et nous a amenés à l'extérieur afin de créer des expositions très interactives avec le Centre for Digital Media, un établissement universitaire à Vancouver. Il a redéfini notre vision, et il a redéfini notre mission pour faire du musée un centre de dialogue, de recherche et d'expression artistique du patrimoine maritime du Pacifique et de l'Arctique.

  (1010)  

    Le mot que je trouve important ici est « dialogue ». Les musées nous racontent des histoires. Les collections sont composées d'artefacts, bien sûr, mais les artefacts ne sont rien sans l'histoire qui les entoure.
    Les prochaines étapes seront donc... Le conseil a pris la décision, en novembre 2016, de déménager. En février 2017, il a décidé de déménager sur un site un peu plus élevé qu'à l'heure actuelle, qui se trouve à proximité, mais il semble ouvert à d'autres possibilités.
    Le conseil a évolué — et je pense que c'est une étape importante pour les musées en général — pour passer d'un conseil formé de membres passionnés par le sujet, à un conseil composé de membres possédant diverses compétences et provenant de divers horizons, comme en témoignent les membres présents à la dernière réunion: Kelly Speck, de la Première Nation Namgis à Alert Bay, Shaleena Meghji de la GRC, et un jeune homme, Peter Helland, du secteur de la robotique.
    Nous nous intéressons aussi à la culture autochtone. Il est très important à mon avis que tous les musées au Canada tendent la main aux communautés autochtones. Je pourrais m'étendre sur le sujet, car j'ai un intérêt personnel pour le sanctuaire du baleinier, mais je vais me contenter de piquer votre curiosité.
    Le sanctuaire du baleinier a été assemblé en 1904 et transporté à New York. C'est un des biens — je n'aime pas le mot « artefact » dans ce cas — les plus emblématiques de la côte Ouest. Il s'agit d'une collection d'environ 100 oeuvres d'art qui sont entreposées au American Museum of Natural History de New York.
    Nous avons des promesses de dons considérables pour son rapatriement et sa restitution aux Mowachaht Muchalaht de la région de Gold River. Nous nous apprêtons à signer un protocole d'entente avec le Royal BC Museum pour aider la Première Nation Mowachaht Muchalaht à le rapatrier. C'est un projet qui me passionne depuis huit ans, et je pense que nous approchons du but.
    En résumé, je pense qu'il est important de redéfinir la vision, la mission. Il est important de renforcer le conseil en allant chercher des gens passionnés et de divers horizons. Il est important également de déterminer le modèle de gouvernance et d'avoir une idée claire du rôle du conseil et du rôle du personnel. C'est une difficulté pour tous les petits musées. Il est important aussi de connaître sa clientèle et de diversifier ses sources de financement. Et il faut avant tout avoir du plaisir et le faire goûter à tous ceux qui visitent les musées.
    Pendant les quelques minutes qui restent, je vais vous parler un peu de la collection. Sans collection, un musée n'existe pas vraiment. Tout repose sur elle. Une collection solide sert de base aux expositions et aux programmes éducatifs, et elle est même utile pour la location des salles.
    Cette année et les suivantes, nous voulons surtout consolider notre programme de gestion de la collection. Le Vancouver Maritime Museum recueille des artefacts depuis près de 60 ans. Comme beaucoup d'autres musées, nous avons compris que lorsque le mandat du musée change, certains articles n'ont plus leur place. Nous tentons de procéder à un retrait d'inventaire d'une partie importante de la collection pour nous concentrer sur les histoires que nous voulons raconter, notamment sur Vancouver, la Colombie-Britannique et l'Arctique.
    Cela présente plusieurs avantages. Premièrement, nous pouvons libérer de l'espace dans les salles d'exposition. Beaucoup de musées sont aux prises avec des salles et des collections surchargées. En épurant la collection, le personnel ainsi que les chercheurs d'autres établissements auront plus facilement accès à son contenu. Nous voulons en outre la numériser et créer une base de données qui pourra être consultée à partir du Web. Elle sera ainsi beaucoup plus accessible.

  (1015)  

    Si vous pouvez conclure rapidement, car vous aussi, vous avez dépassé les 10 minutes.
    D'accord.
    Nous nous employons également à établir des liens avec des établissements non traditionnels et des groupes locaux pour étendre notre empreinte. Nous avons collaboré dernièrement avec les Vancouver Civic Theatres, qui dirigent quelques-uns des principaux théâtres d'opéra et de présentation à Vancouver. Nous travaillons avec eux pour présenter notre collection à une clientèle plus vaste, des gens de tous les âges, que par le passé.
    Parfait.
    Nous allons passer aux questions. Le temps alloué est de sept minutes, et cela inclut la réponse. Vous aurez sans doute l'occasion de finir d'exprimer vos idées à cette occasion.
    M. Hogg sera le premier intervenant.
    J'aimerais voir un grand sourire sur vos visages maintenant. Il doit faire plus chaud en Colombie-Britannique qu'ici...
    Nous n'avons pas encore eu la chance de prendre un café ce matin.
    Vous n'avez pas encore pris un café? Eh bien, vous pouvez voir que nous avons pris le nôtre.
    Merci de vos exposés.
    Nous avons entendu divers témoins, et j'essaie de dégager des thèmes communs. L'un d'eux, je pense, veut que les musées tentent de tisser des liens entre les gens de différents lieux et de différentes époques, croyances, expériences et cultures, et ce sont ces histoires que vous voulez raconter.
    Pourriez-vous nous dire si c'est ainsi que vous concevez les choses et si cela correspond à ce que vous faites au Vancouver Maritime Museum? J'y suis allé à quelques reprises et j'ai toujours aimé voir et revoir le St. Roch. Je pense que c'est parce que j'en découvre chaque fois une nouvelle facette.
    Pourriez-vous nous en dire plus au sujet des liens que vous tissez et leurs applications pratiques? Faites-le avec le sourire.
    Oui.
    Je vais vous parler brièvement d'une exposition en cours qui relate des histoires personnelles et parlent des liens au sein de la communauté. Elle s'intitule « The Lost Fleet ». Cette exposition relate l'histoire de l'arraisonnement des bateaux de pêche japonais sur la côte Pacifique pendant la Deuxième Guerre mondiale.
    L'histoire débute avec l'arrivée des premiers immigrants japonais en Colombie-Britannique et se poursuit jusqu'à l'arraisonnement des bateaux en 1941 et 1942 et l'internement subséquent. C'est une histoire très émouvante qui résonne auprès des membres de la communauté japonaise, et qui résonne aussi auprès de beaucoup de Vancouverois qui n'étaient pas au courant de cet arraisonnement.
    De nombreux membres de la communauté japonaise sont ainsi venus nous raconter leurs histoires. Ils voulaient nous parler de leurs expériences de l'internement ou de la saisie des biens de leurs familles. Nous avons ensuite créé un programme éducatif qui s'inscrit dans le programme scolaire des écoles de la Colombie-Britannique. Nous sommes également en train de mettre en place un service d'archives pour les gens qui veulent venir raconter ce qu'ils ont vécu. Nous avons aussi des artistes, des conteurs et des historiens qui viennent donner des conférences sur des thèmes de l'exposition qui sont en lien avec les enjeux sociaux actuels de l'immigration, du racisme systémique, etc.
    Tom, aimeriez-vous parler de quelque chose?

  (1020)  

    Je voudrais simplement résumer. Les artefacts servent à créer un dialogue qui ne porte pas seulement sur le passé, sur ce qui est arrivé pendant la Deuxième Guerre mondiale et l'arraisonnement des bateaux, mais aussi sur les enjeux de l'heure liés à l'immigration et au racisme systémique. C'est très important.
    Nous avons demandé à l'un de nos premiers témoins, M. Kim, où se trouvaient les musées qui ont le plus de succès et ce qu'ils font. Il a parlé du Royaume-Uni et des liens qu'on y crée. Il a mentionné que tous les musées sont gratuits, mais que leur succès découle du fait qu'ils créent des liens avec différentes cultures. Les Écossais, les Irlandais et les Anglais semblent tous s'y reconnaître et y trouver un sentiment d'appartenance.
    Vous avez parlé un peu de ce type de lien. Est-ce l'expérience que vous en avez également?
    Vous venez de donner un exemple qui pose un regard sur d'autres cultures, sur un événement passé, et le fait de créer des liens avec les gens qui se sentent alors interpellés. Les musées auraient-ils plus de succès, selon vous, en créant des liens personnels de cette façon, comme M. Kim l'a mentionné au sujet du Royaume-Uni et votre exemple? Avez-vous d'autres exemples? Est-ce que cela fonctionne bien dans votre cas?
    Il faut tisser des liens avec les gens et il faut connaître la communauté. La nôtre est composée de gens qui s'intéressent aux questions maritimes, dans l'Arctique et le Pacifique. Il est très important, à mon avis, de sortir du musée pour engager le dialogue avec les communautés et faire en sorte que les gens se sentent presque comme dans un centre communautaire où ceux qui intéressent aux océans, à l'eau, et veulent participer au dialogue peuvent se réunir et profiter d'expériences communes.
    Y a-t-il des valeurs ou des principes que tous les musées partagent? Vous connaissez les musées maritimes. Y a-t-il des principes communs à tous les musées que le Comité pourrait examiner? Des principes qui permettraient de stimuler le genre d'activités dont vous avez parlé au sujet des liens et des histoires?
    J'encouragerais le Comité à communiquer avec des professionnels du milieu muséal, des gens comme Bill Haley, qui, comme je l'ai dit, conçoit des expositions partout dans le monde. Je ne parle pas ici de l'extérieur du musée, mais de son contenu et des histoires qu'on y trouve.
    C'est tout pour moi.
    Quels sont les deux éléments les plus importants que nous devons savoir?
    Pour assurer le succès des musées? Il faut connaître sa clientèle, avoir du plaisir et nouer le dialogue.
    Très bien.
    Auriez-vous une blague à nous raconter?
    Merci, c'est parfait. Merci beaucoup.
    Nous passons à M. Van Loan. Vous avez sept minutes.
    Merci beaucoup, madame la présidente.
    Monsieur Beasley, vous êtes dans le milieu depuis un certain temps et vous avez connu des hauts et des bas et toutes sortes de changements intéressants.
    La période où vous étiez dans le creux de la vague et que vous êtes allés chercher un gestionnaire sans expérience muséale m'intrigue. Pour obtenir des fonds de certains programmes gouvernementaux, il faut bien sûr que le conservateur en soit un de profession. Lorsque j'ai visité des musées, toutefois, j'ai constaté que ceux qui connaissent le plus de succès ont souvent fait appel à des gens sans expérience muséale, mais qui ont une solide expertise en marketing ou qui connaissent bien la communauté. Le musée Stratford a fait appel à un ancien rédacteur en chef de journal, très charismatique, qui connaît un bon succès.
    J'aimerais que vous nous parliez de la personne sans expérience muséale que vous avez eue comme gestionnaire, de cette expérience et des bénéfices que vous en avez retirés.
    Nous étions à l'agonie. Aucun professionnel du milieu muséal ne voulait se joindre à nous. Nous avions besoin d'un vrai gestionnaire pour reprendre la barre en main et nous remettre sur la bonne voie. Nous avons embauché Ken Burton, qui prenait sa retraite de la GRC. Il a travaillé pour nous gratuitement pendant six mois, ce qui était pas mal. Il a réussi à remettre le navire sur la bonne voie, parce qu'il a bien géré le musée et parce qu'il s'est beaucoup concentré sur les gens.
    C'est mon expérience comme avocat en droit du travail qui parle ici: il faut bien s'occuper des gens. Ce n'était pas le cas auparavant. Il s'est bien occupé des gens et il a mis de l'ordre dans les finances, mais il s'est alors heurté à un obstacle, parce que les professionnels du milieu étaient un peu irrités de son succès. Ils le prenaient de haut en lui disant qu'il n'avait pas de diplôme. Eh bien, il avait la passion et les compétences. Il a recréé le voyage du St. Roch. En 2000, il a quitté Vancouver à bord d'un navire de la GRC, a tourné à droite, et est revenu.

  (1025)  

     Merci.
    J'ai une question pour les deux côtés. On nous a brièvement parlé du fait que le tourisme était un peu comme la cerise sur le sundae pour le Musée Aga Khan, mais pas sa vache à lait en matière d'achalandage. Pouvez-vous nous donner votre point de vue au sujet de l'importance que le tourisme revêt pour vos musées et sur l'impact économique que le tourisme peut avoir ou ne pas avoir sur vos opérations?
     Commençons avec les gens de l'Atlantique.
     Comme je l'ai mentionné dans ma présentation, nos visites ont lieu en très grande partie entre la mi-mai et la fin d'octobre et elles sont intimement liées aux activités de l'industrie des croisières. Halifax accueille un grand nombre de bateaux de croisière.
    L'une de nos forces sur le plan du tourisme est probablement le fait que Halifax a un lien étroit avec le Titanic. Je ne vous mentirai pas: une grande partie des gens qui viennent dans notre musée — et surtout ceux qui débarquent des bateaux de croisière — sont là parce qu'ils croient que nous sommes le musée local du Titanic. Nous sommes toujours heureux de les voir profiter de notre exposition sur le Titanic, mais ils finissent toujours par nous dire qu'ils ont été surpris d'apprendre qu'il y avait eu cette explosion à Halifax, que Halifax avait joué un tel rôle durant les guerres ou que le port avait connu et connaît encore un tel achalandage.
    Assurément, le fait d'avoir une exposition vraiment emblématique ou qui trouve une si forte résonnance chez des gens de partout dans le monde — je parle de l'exposition sur le Titanic — contribue à notre achalandage et à notre attrait sur le plan touristique. Les visiteurs que nous recevons durant cette période nous apportent une part très importante de nos revenus. Nous en sommes conscients et nous savons que nous avons besoin de ces visites, elles sont essentielles, mais nous sommes constamment en train de nous demander ce que nous allons faire si les autorités décident pour quelque raison de déplacer le terminal des navires de croisière. À cause de cela — mais aussi à cause de la transformation de notre mandat au sein du ministère auquel nous appartenons —, nous nous efforçons depuis déjà plusieurs années de tisser des liens solides avec la communauté. Cela renvoie à la question précédente au sujet des liens.
    Nous accordons effectivement beaucoup d'importance à l'augmentation de l'achalandage local, certes, mais nous nous efforçons aussi de démontrer à quel point nous sommes importants pour les collectivités locales et les marchés locaux. Nous espérons que cette démonstration de notre pertinence aura un effet bénéfique sur le nombre d'entrées. Par exemple, nous pourrions nous associer à des groupes afin de les aider à concrétiser leurs programmes, programmes avec lesquels nous serions liés d'une certaine façon. Je ne vous cacherai pas que le lien est parfois flou, mais je crois que l'avantage est le fait que nous travaillions avec des groupes communautaires, et que nous leur procurons pertinence et valeur. Bien souvent, il y a un effet boule de neige qui peut donner lieu à de nouvelles occasions favorables, lesquelles sont parfois on ne peut mieux alignées sur le mandat qui nous incombe de promouvoir la culture et le patrimoine maritime.
    Le tourisme est très important. Nous en profitons énormément, mais cela ne nous détourne pas des efforts que nous déployons pour tisser des liens avec les communautés locales, et de la valeur que nous accordons à ces liens.
    Je crois qu'il reste 30 secondes aux gens de Vancouver pour répondre à cette même question.
    Très brièvement, je ne peux pas vous donner de chiffres pour illustrer la teneur de notre impact économique, mais je vous dirai que les musées sont mieux perçus que n'importe quelle autre source — des rapports récents parlent — en ce qui concerne la crédibilité de l'information. Les gens accordent une très grande crédibilité aux musées lorsqu'il s'agit de renseignements historiques, alors je crois que cela explique le rôle très important que nous jouons à l'égard de l'impact économique associé au tourisme. Les gens viennent au musée pour en savoir plus long sur la ville où ils sont en visite.

  (1030)  

[Français]

     Nous allons maintenant passer à M. Nantel, qui dispose de sept minutes.
    Je vous remercie, madame la présidente.

[Traduction]

    Je vais parler en anglais.
    M'entendez-vous en anglais lorsque je parle en français? Entendez-vous la traduction anglaise? Il y a un problème avec le service d'interprétation, donc je vais parler en anglais.
     Monsieur Beasley, vous avez décrit l'impact que les musées locaux ont sur la communauté. Je n'ai pas eu la chance de visiter le Vancouver Maritime Museum. En fait, certains d'entre nous vont se rendre à Vancouver pour assister à la remise des prix Junos — ce qui aura lieu le 24, le 25 ou 26 mars, je ne me souviens pas de la date exacte —, alors, si vous voulez nous inviter, contactez notre greffier, et nous ferons tout ce que nous pourrons pour aller voir votre établissement.
     Monsieur Beasley, vos observations m'ont ramené à la visite que j'ai effectuée récemment au musée maritime de Halifax. Je peux vous dire que cette visite était motivée par un intérêt général, mais que l'exposition sur le Titanic m'a grandement captivé. C'est une exposition qui fournit une expérience très concrète, et ça m'a plu énormément. Ce qui m'a le plus frappé à propos de ce musée, c'est qu'il soit campé dans le vieux port de Halifax.
    Madame Reinhardt, croyez-vous que votre musée a joué un rôle déterminant pour la vitalité que vous percevez dans cette partie de la ville, dans le secteur riverain? C'est le quartier portuaire le plus vivant qu'il m'ait été donné de voir — un quartier portuaire à échelle humaine — et le musée est situé en plein milieu. Avez-vous joué un rôle déterminant à cet égard? Je sais que vous avez obtenu de nombreux prix il y a environ 20 ans, alors je présume que vous avez toujours été très populaire. Or, je crois que le site aurait maintenant besoin d'un petit coup de fraîcheur. Ai-je raison de penser cela?
    Oui, et je vous remercie d'en parler. C'est une question intéressante. L'une des difficultés en ce qui concerne nos installations, c'est le quai de chargement. Tout l'accès pour les composantes opérationnelles a été placé du côté du musée qui donne sur l'eau. Lorsque le musée a été bâti sur son site actuel, les organisateurs croyaient que l'entrée principale allait être du côté de la rue. Dans les faits, l'entrée principale s'est retrouvée du côté qui donne sur l'eau.
     Dans les premiers temps du musée, il n'y avait pas grand-chose autour. Il y avait des terrains de stationnement et des entrepôts, et tout cela était pas mal à l'abandon. Je crois que l'on peut affirmer sans se tromper que le musée a eu un grand rôle à jouer dans la revitalisation de ce secteur et que sa présence a amorcé le développement de cette partie riveraine de la ville. L'endroit est devenu une destination. Durant la haute saison, le côté du musée qui donne sur l'eau est vraiment le principal accès au musée.
     Nous avons commencé à nous associer à Waterfront Development, qui gère toute la zone riveraine, afin d'organiser des concerts publics et diverses activités. Nous tentons en outre de promouvoir la musique d'inspiration navale et la musique d'autres communautés culturelles, et nous continuons de faire tout ce que nous pouvons pour profiter du fait que nous sommes situés dans une partie très vivante de la zone riveraine. Nous avons donc organisé des concerts, des ateliers et diverses activités, et nous tentons d'interagir le plus possible avec la communauté au bord de l'eau. C'est vraiment ce qui est en train de se passer.
    Lorsque vous êtes touriste dans un tel endroit, vous recherchez les occasions de parler bateaux et d'embarquer sur des bateaux. Quand j'y suis allé, il y avait un vieux navire, l'Acadia, et c'était une expérience familiale très agréable que de pouvoir y monter. Si je ne me trompe pas, vous avez aussi le bateau des arts, qui invite tous ceux qui sont là à...

  (1035)  

    Oui, c'est le fruit d'un programme que nous avons eu il y a deux ans. C'était un partenariat qui est venu de la communauté. Certains artistes sont venus nous voir pour nous dire qu'ils seraient tout à fait emballés de se lancer là-dedans et de construire un bateau. Alors, tout le processus de construire un bateau dans notre atelier est devenu une expérience de création artistique et musicale. Le projet a accouché d'un bateau amusant et d'une grande fantaisie.
     Si vous êtes passé par Halifax au cours de la dernière année, vous avez peut-être vu qu'il y avait maintenant un grand projet d'aménagement directement au nord du musée maritime. Avant, c'était un terrain de stationnement; c'est en fait la dernière parcelle de terrain de la zone riveraine à être aménagée. Ils sont en train de développer un...
    Le festival de jazz s'est tenu là.
    Le festival de jazz s'est tenu là, mais il va probablement être déplacé plus au sud. Il y a un projet d'aménagement juste à côté de nous. Les promoteurs sont très enthousiastes. Ils sont venus nous parler. Ils veulent vraiment travailler avec nous parce qu'ils accordent une grande importance au fait que nous incarnions cette expérience patrimoniale unique en son genre et authentique sur ce bord de mer qui se démarque des restaurants et des établissements chics. Ils veulent trouver une façon d'agencer ce que nous offrons à ce qu'ils ont commencé à aménager et à concevoir. J'estime qu'il s'agit là d'une autre indication du rôle de pivot que nous avons joué pour faire avancer l'aménagement du bord de mer de façon très positive.
     Lorsque j'y étais, je pouvais sentir que l'endroit avait 20 ans. Ce sont des choses qui se sentent. Je me demande s'il y aurait moyen pour vous de partager un centre d'interprétation avec, par exemple, le chantier naval Irving. Obtenez-vous de l'aide de leur part? Faites-vous des choses avec eux? C'est un chantier naval d'importance, et qui n'est pas en peine de contrats.
    Êtes-vous en train de me demander si nous pourrions les approcher afin d'obtenir de l'aide pour le musée?
    Oui. Lorsque je suis allé à votre musée et que j'ai vu le grand chantier naval Irving juste à côté, je me suis dit qu'il aurait été agréable que l'on nous montre tous les navires qui ont été construits là, par exemple. Le chantier participe-t-il aux activités du musée?
    Oui, de façon indirecte. La fondation travaille en étroite collaboration avec le musée. Le Canadian Maritime Heritage Foundation remet un prix chaque année. Nous avons formé un partenariat avec Cunard, pour le Queen Mary 2. Depuis trois ans, Cunard amène le Queen Mary 2 à Halifax et y organise un repas fabuleux, à l'occasion duquel il remet le prix Cunard à une personne qui, à l'instar de Samuel Cunard — qui était un Haligonien —, a les traits d'un entrepreneur classique: vision, courage et créativité.
    Le premier de ces prix remis à bord du Queen Mary 2 a été décerné à Jim ou John Irving, c'est-à-dire à l'un des frères Irving, et cela s'est fait dans le cadre d'un partenariat avec le musée maritime et la fondation. Ce programme a été élaboré comme un moyen pour nous de nouer des liens avec la classe des mécènes. Contrairement aux universités, par exemple, nous ne pouvons pas décerner de diplômes honorifiques, mais nous pouvons remettre ce prix prestigieux.
    Nous avons noué des liens avec Irving...

[Français]

     Merci beaucoup.

[Traduction]

    Je vais devoir vous interrompre. Vous aurez peut-être l'occasion d'y revenir.

[Français]

    Nous poursuivons maintenant avec M. Breton.
    Merci, madame la présidente.
    Je vous remercie d'être avec nous aujourd'hui. J'ai bien hâte d'aller visiter vos musées dans l'Est et dans l'Ouest canadiens. Aujourd'hui, à l'aide de vos belles présentations, vous m'avez donné le goût d'y aller.
    Ma première question prendra probablement tout le temps que j'ai. Je vous invite à y répondre à tour de rôle.
    Il existe différents programmes gouvernementaux du ministère du Patrimoine canadien venant en aide au secteur muséal, à l'industrie des musées. J'aimerais que vous me parliez de la façon dont le gouvernement du Canada peut vous aider davantage dans vos activités, soit en commentant les programmes actuels, soit en parlant simplement du point de vue financier ou autre, que vous nous disiez comment nous pouvons être de bons partenaires ou de meilleurs partenaires pour vous.
    Nous pourrions peut-être commencer par entendre Mme Reinhardt.

[Traduction]

     Nous sommes un musée provincial, alors en ce qui concerne notre façon d'obtenir du financement, nous sommes peut-être un peu différents de la plupart des musées avec lesquels vous allez parler.
     Je peux vous dire que, chaque année, nous avons eu la chance d'embaucher des gens par l'intermédiaire du programme Jeunesse Canada au travail, ce qui nous a énormément aidés. Cela nous a fourni une occasion formidable d'essayer un nouveau type de programme ou, de façon plus générale, d'aller chercher de nouveaux employés. Depuis quelques années, nous accueillons au moins deux nouvelles personnes par année, qui parlent souvent les deux langues officielles. C'est vraiment formidable de voir des gens dont la langue maternelle est le français venir travailler chez nous dans le seul et unique but d'acquérir de l'expérience.
     Depuis deux ans, nous avons aussi embauché quelqu'un pour gérer notre programmation culturelle, c'est-à-dire nos programmes et activités axés sur les arts et la musique. Ce sont des choses que nous ne pourrions pas faire sans le programme Jeunesse Canada au travail.
    Dans le passé, nous avons réussi grâce à des partenariats à obtenir du financement pour mettre sur pied certaines expositions, mais il y a longtemps que nous n'avons pas fait cela. Par l'intermédiaire de la fondation dont j'ai parlé tout à l'heure, l'Agence de promotion économique du Canada atlantique nous a aidés à rassembler les fonds nécessaires pour une exposition itinérante sur le M.S. St. Louis, exposition qui sera bientôt présentée au Musée canadien de la guerre.
    À l'avenir, je pense que les partenariats et la collaboration seront la meilleure façon de procéder, et pas seulement pour nous, mais pour tous les musées canadiens. Chacun a ses propres problèmes. Je pense que la question de l'entreposage est un problème qui touche probablement tous les musées du pays. C'en est un pour nous en tout cas. Il n'y a que les musées maritimes qui ont des navires dans l'eau, une situation qui donne lieu à des problèmes qu'on ne voit nulle part ailleurs. Notre S.S. Acadia a 104 ans. C'est un site historique national, mais cette reconnaissance ne s'accompagne d'aucun financement particulier. C'est vraiment tout un défi.
     Dans le secteur riverain, nous avons des échanges avec le NCSM Sackville du Fonds de commémoration de la marine canadienne. Le navire vient périodiquement mouiller à côté de nous. Je sais qu'ils veulent discuter des scénarios possibles concernant les besoins de nos bâtiments respectifs. Je crois que ce serait formidable s'il y avait une sorte de forum où nous pourrions communiquer avec de possibles partenaires nationaux et d'autres intervenants de l'industrie afin de mettre au point des projets ponctuels de ce type.
    Je vais m'arrêter ici.

  (1040)  

[Français]

     Je vous remercie.
    Les gens du musée de Vancouver pourraient-ils répondre à cette question?

[Traduction]

    Très rapidement, la distribution d'argent n'est pas la solution. Je veux dire, oui, les musées cherchent du financement, mais il faut créer de vrais partenariats avec le gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral a un savoir-faire dans la gestion des collections et il peut fournir des ressources. Tous les musées doivent acquérir de la maturité en ce qui concerne la gestion des collections. Le nôtre fait partie de ceux-là. Comme Duncan l'a dit, nous devons mûrir.
    Le gouvernement fédéral a des occasions formidables de s'investir auprès des musées, de relater des faits historiques et d'amorcer des dialogues au sujet d'enjeux importants à l'échelle du pays.
     En ce qui concerne notre musée, deux choses méritent d'être soulignées. Bien entendu, il y a le St. Roch et les questions de souveraineté qu'il évoque. Il s'agit du premier navire à avoir fait le trajet d'ouest en est, puis autour de l'Amérique du Nord. Notre musée aborde des enjeux de souveraineté, mais aussi des thèmes autochtones et des questions qui concernent la réconciliation. J'ai parlé du sanctuaire du baleinier, qui est aussi un lieu historique national, soit dit en passant. Nous ne recevons pas de financement pour le St. Roch, et nous n'en avons pas non plus pour le lieu historique national du Site-du-Sanctuaire-du-Baleinier.
    Il y a quelques scénarios ici qui, je le crois, constituent des occasions pour le gouvernement fédéral de s'associer aux musées afin de relater des faits historiques et d'alimenter le dialogue sur des sujets qui sont chers aux Canadiens, comme le passage du Nord-Ouest, la souveraineté et les questions autochtones.
    Merci.
    Merci.
    La sonnerie retentit. De toute manière, nous sommes à court de temps.
    Je remercie nos témoins de leurs exposés d'aujourd'hui. Ils nous ont été très utiles.
    La séance est levée.
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