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Très bien. Nous l'avons déjà fait auparavant. Ce serait bien d'établir une limite quant au nombre de pages que les mémoires peuvent contenir. C'est ce que nous avions fait pour le PTP, vous vous en souvenez?
Mme Tracey Ramsey: La limite pourrait être de cinq pages.
Le président: Nous allons ajouter « cinq pages », et nous voulons que les mémoires soient présentés d'ici la fin de juillet.
(La motion est adoptée.)
Le président: Nous pouvons maintenant passer à la réunion. Elle comprend trois parties. Cinq témoins comparaîtront dans la première, et quatre témoins dans chacune des deux autres. Bien entendu, tous les témoins pourront présenter un exposé de cinq minutes. Le temps dont les députés disposeront pour poser des questions variera, mais nous allons essayer d'avoir le plus de discussions possible. Il est très important que les exposés des témoins soient brefs et que leur durée ne dépasse pas cinq minutes. Nous pourrons ensuite passer aux discussions.
Sans plus tarder, je crois que nous allons commencer. Nous accueillons M. Sean Donnelly.
Sean, c'est vous qui commencez si vous le pouvez. Vous représentez ArcelorMittal Dofasco. Allez-y, monsieur.
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Je suis le président-directeur général d'ArcelorMittal Dofasco à Hamilton, en Ontario, qui compte 5 000 employés.
Tout d'abord, je vous remercie de me donner l'occasion de présenter le point de vue des exploitations canadiennes d'ArcelorMittal, et pas seulement de celles de Hamilton, sur l'impact qu'ont les tarifs douaniers sur les affaires, les entreprises et les travailleurs canadiens. Je vais vous parler un peu des activités d'ArcelorMittal au Canada en général.
ArcelorMittal est le plus important fabricant d'acier au Canada. Il en expédie plus de six millions de tonnes métriques par année et il emploie plus de 8 000 personnes dans sept secteurs dans 15 installations différentes en Ontario, au Québec et au Nunavut. À Hamilton, ArcelorMittal Dofasco, dont je suis le président-directeur général, est le plus grand producteur d'acier laminé à plat au Canada. Chaque année, il en expédie plus de quatre millions de tonnes métriques à des clients du Canada, des États-Unis et du Mexique à partir de ses installations de Hamilton, en Ontario. À Montréal, ArcelorMittal Produits longs est le plus important producteur de produits longs. Il en expédie plus de 1,8 million de tonnes métriques aux trois pays membres de l'ALENA chaque année.
ArcelorMittal Tubular Products, à Woodstock, en Ontario, expédie plus de 120 000 tonnes métriques de produits tubulaires vers ces mêmes pays également. Globalement, ArcelorMittal Dofasco, ArcelorMittal Produits longs et ArcelorMittal Tubular Products expédient près de 30 % de leur production totale aux États-Unis, à des clients des secteurs de l'automobile, de la construction, de la fabrication générale, de l'énergie et de l'emballage de produits de consommation. Il s'agit de plus de 1,7 million de tonnes métriques d'acier. ArcelorMittal a aussi d'importantes exploitations sidérurgiques aux États-Unis et au Mexique, et ces installations expédient des produits au Canada également.
Je vais vous parler un peu de l'industrie sidérurgique. C'est une industrie à très forte prédominance de capital. Entre 2016 et 2018, les exploitations sidérurgiques canadiennes d'ArcelorMittal auront dépensé environ 1,7 milliard de dollars en immobilisations et en entretien pour soutenir leurs activités. Nos projets d'immobilisations stratégiques, actuels et prévus, sont menacés compte tenu du contexte commercial actuel. On parle de plus de 750 millions de dollars d'investissements canadiens dans des projets que l'on prévoit actuellement terminer autour de 2020-2021.
Pour que nous puissions continuer à investir, nos actionnaires doivent voir que les rendements sont adéquats, ce qui est évidemment difficile étant donné la concurrence à laquelle nous faisons face aux États-Unis. Dans le contexte actuel, le rendement des investissements est influencé par deux principaux facteurs de risque. Évidemment, il y a l'article 232 de la loi américaine et nos représailles tarifaires, et l'objectif doit être d'éliminer les tarifs douaniers entre les deux pays de façon permanente.
Ensuite, il y a les importations à bas prix. Nous devons pouvoir mener nos activités dans un environnement concurrentiel sans distorsion. Il est essentiel que le Canada riposte aux menaces d'importations déloyales de produits détournés.
Je vais vous en dire un peu plus sur l'article 232. Comme nous le savons tous, le 1er juin, les États-Unis ont imposé des tarifs punitifs sur l'importation de certains produits d'acier et d'aluminium canadiens, à des taux de 25 et 10 % respectivement. Le gouvernement canadien a proposé, en guise de représailles, l'imposition de tarifs douaniers sur l'acier et l'aluminium et d'autres produits à partir du 1er juillet.
Dans son processus de rétorsion, l'objectif du gouvernement du Canada doit être de prendre des mesures proportionnées. Il doit également encourager les principaux intervenants de l'industrie au Canada et aux États-Unis à exercer des pressions supplémentaires sur l'administration américaine pour qu'elle élimine les tarifs imposés en vertu de l'article 232. Comment pouvons-nous le faire? Nous recommandons au gouvernement canadien d'appliquer les droits de douane de 25 % sur des produits de l'acier inscrits dans la liste du tableau 1 le 1er juillet, avec des exclusions avant ou après sur des bases très limitées et vérifiables. Des exemptions initiales devraient être envisagées seulement si aucune production canadienne n'existe ou s'il y a un besoin de transfert frontalier entre entreprises pour appuyer les activités au Canada. Après l'entrée en vigueur des droits de douane, des exclusions ne devraient être envisagées que dans le cadre d'un processus d'exclusion et uniquement lorsqu'un produit inclus ne peut raisonnablement pas être obtenu au pays ou importé d'un autre pays que les États-Unis. Tout processus de ce genre doit être mené de façon transparente et en consultation avec les producteurs et utilisateurs d'acier canadiens, ce qui est très similaire au processus suivi par les États-Unis à l'heure actuelle.
Cette approche appuie une voie à suivre pour l'élimination permanente des droits de douane tout en faisant ce qui suit: premièrement, réduire la position concurrentielle défavorable des producteurs d'acier canadiens qui résulte de l'imposition de droits de douane de 25 % sur l'acier canadien par les États-Unis; deuxièmement, fournir des occasions de remplacer des produits de l'acier américains par des produits de l'acier canadiens; troisièmement, veiller à ce que les prix de l'acier canadien ne soient pas artificiellement comprimés en raison des droits de douane imposés au Canada — même avec les droits imposés à titre de représailles par le Canada, les prix de l'acier canadien seront toujours inférieurs aux prix du marché de l'acier américain, ce qui est avantageux pour les consommateurs —; quatrièmement, cela fera en sorte que des entreprises sidérurgiques américaines doivent payer des droits de douane sur les expéditions canadiennes; et, cinquièmement, en réaction aux tarifs douaniers, les clients du secteur sidérurgique des deux côtés de la frontière continuent à exercer des pressions sur le gouvernement américain pour l'élimination complète des droits de douane imposés en vertu de l'article 232, ou l'élimination de façon réciproque des droits de douane, par exemple, dans le secteur de l'automobile.
À l'heure actuelle, les droits de 25 % que les États-Unis imposent sur les expéditions canadiennes d'acier sont partagés par les producteurs d'acier canadiens et leurs clients américains selon les conditions commerciales. Les droits de 25 % imposés par le Canada par rapport aux États-Unis créeraient une dynamique commerciale similaire: les coûts seraient partagés entre l'industrie sidérurgique américaine et les clients canadiens. L'harmonisation des politiques sur les droits de douane peut contribuer à un retour à la table de négociations pour la conclusion d'une entente sur l'ALENA solide, juste et efficace.
Si des tarifs douaniers de 25 % ne sont pas appliqués de façon stricte, nous estimons que l'influence du Canada s'affaiblira davantage et que l'application des droits de 25 % imposés par les États-Unis se prolongera.
En ce qui concerne les importations, nous avons observé une augmentation des importations à bas prix au Canada détournées des États-Unis depuis l'imposition des mesures commerciales concernant le dumping en 2015 et en 2016. Nous avons réagi récemment avec des mesures concernant l'acier laminé à froid contre la Chine, la Corée du Sud et le Vietnam, et nous envisageons de prendre d'autres mesures concernant des actions antidumping. Toutefois, les droits sur tous les produits de l'acier que les États-Unis ont imposés au monde entier en vertu de l'article 232 posent un risque important pour l'importation à bas prix de tout produit de l'acier détourné vers le Canada de tout pays.
Nous avons déjà eu une manifestation de cela dans le marché puisque le Canada est actuellement le marché de l'acier le plus ouvert dans le monde. Si le gouvernement ne prend pas des mesures de protection, nous nous attendons à ce que ces importations continuent de perturber le marché. L'Union européenne a annoncé ses mesures de protection, qui entreront en vigueur au cours des prochaines semaines. Nous saluons les mesures du gouvernement concernant la modernisation des recours commerciaux et les modifications réglementaires, l'augmentation des ressources versées à l'ASFC, l'harmonisation de notre régime de commercialisation avec celui des États-Unis, et l'examen du mécanisme de protection. Cette période sans précédent requiert la prise de mesures sans précédent, et le gouvernement doit maintenant commencer à établir des mesures de protection pour réduire les risques pour le secteur de l'acier au Canada. Ensemble, les répercussions financières qu'ont les tarifs imposés en vertu de l'article 232 sur les exploitations sidérurgiques canadiennes et les importations à bas prix se chiffrent en millions — beaucoup de millions — de dollars. Si la situation se prolonge, ces répercussions pourraient se traduire par une réduction de la production, la fermeture de secteurs d'activités, ce qui aura des conséquences sur plus de 1 000 emplois directs et plus de 4 000 emplois indirects en Ontario et au Québec et des répercussions importantes sur des projets actuels et les investissements dans les installations. Avant l'imposition des tarifs en vertu de l'article 232 et la pénétration des importations, ArcelorMittal Dofasco était l'une des entreprises qui réussissaient le mieux sur le plan financier en Amérique du Nord. Ce n'est plus le cas.
Pour conclure, je dirais qu'il est essentiel que le gouvernement prenne certaines mesures. Premièrement, il doit prendre des mesures de rétorsion rigoureuses contre les États-Unis, non pas parce que nous sommes en faveur de l'imposition de tarifs douaniers, mais pour favoriser l'élimination de tels tarifs de part et d'autre et le libre accès aux marchés américain et canadien. Deuxièmement, il doit prendre des mesures de protection pour l'acier afin que le marché canadien de l'acier soit compétitif et qu'il n'y ait pas de distorsions.
Je vous remercie de votre temps. Je suis prêt à répondre à vos questions, que ce soit maintenant ou après, Mark.
Je vais vous donner un aperçu de l'Association des fabricants de pièces d'automobile. Elle représente plus de 230 entreprises, 95 % de la production indépendante de pièces d'automobile au Canada, 96 000 employés au pays, 42 500 aux États-Unis et 43 800 au Mexique. Nous sommes ici pour parler des droits de douane imposés sur l'acier et l'aluminium en vertu de l'article 232, mais je vais aussi parler de ce qui menace les secteurs de l'automobile et des pièces d'automobile.
La menace se fonde sur les pouvoirs conférés par la Trade Expansion Act de 1962 par laquelle le Congrès a accordé au président le pouvoir d'imposer des tarifs douaniers pour des raisons liées à la sécurité nationale. Les définitions sont générales. Je crois qu'il est important de ne pas oublier que le pouvoir peut être abrogé par le Congrès. Pour ce qui est de la question de savoir si le Congrès aura le courage de le faire, c'est une autre histoire. Son application et son utilisation peuvent être contestées devant un tribunal du commerce international, et des entités commerciales peuvent certainement le faire devant des cours de district aux États-Unis, où nous pouvons demander une injonction. Bon nombre d'entre nous examinent cette option si les choses en arrivent là.
L'acier et l'aluminium sont des éléments indispensables dans la fabrication des composantes mécaniques et structurales d'une voiture. Les quantités requises d'acier inoxydable et d'autres aciers spécialisés utilisés dans l'outillage automobile ne sont pas disponibles au Canada. Cela dit, les achats d'acier pour les pièces canadiennes sont dirigés par les équipementiers, et le volet de la production des pièces au Canada utilise essentiellement de l'acier canadien et américain. Sur le plan pratique, nous ne représentons pas une menace pour l'industrie sidérurgique américaine et les intérêts de l'industrie sidérurgique.
L'utilisation de tactiques non conventionnelles de négociation constitue le principal problème. Je sais que j'énonce une évidence, mais les membres de l'administration américaine mélangent l'article 232 avec l'ALENA, et ne semblent pas privilégier les constructeurs d'automobiles ou les fournisseurs de pièces américains. En fait, ils nuisent aux trois grands de Detroit et aux principaux fabricants de pièces des États-Unis. Ils parlent directement de ce que constituent, selon eux, le passé, le présent et l'avenir des travailleurs de l'automobile. Il semble que leur doctrine consiste à perturber les choses tout en freinant la concurrence dans l'intérêt de leurs perspectives d'investissement. J'étais censé rencontrer Larry Kudlow à la Maison-Blanche il y a deux semaines, mais puisqu'il a eu une crise cardiaque le jour précédent, j'ai rencontré des membres de son personnel. Ils m'ont dit que nous passerons à travers cette crise, mais tout est lié. Ils ne cachent pas le fait qu'ils combinent les choses; ils vous le disent directement. Maintenant, bien entendu, il faut que notre réaction soit axée sur le Canada, mais je crois que nous ne pouvons pas être assez naïfs pour penser qu'ils suivront cette voie parce que nous disons que c'est ce qu'ils devraient faire.
Le commerce canadien continue de prendre de l'expansion et, parfois, sans que certains détails soient pris en compte, à notre avis, ce qui nuit à l'industrie de l'automobile dans une période où nous sommes menacés concernant l'ALENA. L'expédition des automobiles et des pièces coûte cher. Ce qui fonctionne sur papier ne fonctionne pas toujours dans la réalité. Nous avons maintenant des discussions sur une attaque hâtive pour la ratification du PTP et nous avons d'autres discussions où l'on parle du niveau de contenu dans le secteur automobile. Ce sont les mêmes niveaux quant au contenu que les Américains nous demandent d'augmenter et au sujet desquels ils exercent des pressions sur nous avec l'article 232. Les droits de douane de 25 % imposés sur les automobiles et les pièces en vertu de l'article 232 provoqueront ce que nous aimons appeler un « tsunami économique ». Dans l'industrie, les marges sont faibles et une augmentation du prix de 25 % paralyserait immédiatement les activités. Une voiture qui vaut 32 000 $ — un prix moyen ici — serait immédiatement invendable à environ 40 000 $.
Le premier client n'est pas le client américain, n'est pas le dernier client; c'est le concessionnaire, et les concessionnaires n'accepteront pas de livraisons d'inventaires qui les feront plonger. Si les concessionnaires américains ne prennent pas de livraison de voitures construites au Canada par des constructeurs américains, ces constructeurs américains retarderont la production. Ils ne peuvent mettre qu'un nombre limité de voitures. Lorsqu'ils le feront, ils cesseront d'acheter auprès de fournisseurs de pièces d'automobiles canadiens, et ces derniers cesseront d'acheter des résines et de l'acier inoxydable auprès de sources américaines. Il y aura une paralysie immédiate et des répercussions immédiates sur la capitalisation boursière des sociétés ouvertes et les sociétés fermées seront durement touchées.
La stabilité économique de l'Ontario est menacée, mais il en est de même pour celle du Michigan, de l'Ohio, de l'Indiana, de la Pennsylvanie, du Kentucky, de l'Alabama et de New York. À elles seules, les mesures feront en sorte que ces régions plongeront en récession.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je vous remercie beaucoup de nous avoir invités à comparaître aujourd'hui. Je suis très heureux d'être ici au nom des hommes et des femmes qui travaillent pour le concessionnaire de voitures neuves et de camions neufs dans votre localité. La Corporation des associations de détaillants d'automobiles représente plus de 3 200 concessionnaires. Nous employons plus de 150 000 Canadiens, et l'an dernier, nos membres ont vendu plus de 115 milliards de dollars en marchandises.
À notre avis, il n'y a pas de plus grande menace à la santé de l'économie canadienne que l'incertitude commerciale qui plane sur le Canada et les États-Unis, et plus précisément le tarif de 25 % sur le secteur de l'automobile que menace d'imposer le président américain. Permettez-moi de le dire sans détour: les importantes répercussions négatives qu'entraînent les tarifs sur l'acier et les représailles sur le secteur de la vente au détail d'automobiles sont minimes comparativement au gigantesque ralentissement économique qui se produira si nous sommes assujettis à un tarif de 25 %, ou si nous allons jusqu'à perdre l'ALENA.
Pendant la crise financière mondiale de 2008-2009, le marché canadien de l'automobile a été réduit à 1,4 million d'automobiles. À titre de comparaison, l'an dernier, ce marché représentait 2 millions d'automobiles. Maintenant, à notre avis, les effets de la situation économique de 2008-2009 ne seraient rien comparativement à ce que nos membres et l'économie canadienne devront affronter si un tarif de 25 % est imposé sur nos voitures à la suite de représailles. À cause de cette menace, la Banque TD a publié un rapport économique spécial la semaine dernière — et je suis certain que vous l'avez lu — sur le scénario des tarifs applicables au secteur de l'automobile. En résumé, des exportations de l'ordre de 74 milliards de dollars pourraient être touchées. La banque estime qu'environ 160 000 emplois nets seront perdus. Pour nos concessionnaires, nous estimons que cela pourrait représenter de 25 000 à 30 000 personnes, et manifestement, il pourrait y avoir des répercussions négatives sur le dollar canadien.
L'une des choses que nous faisons, c'est que nous collaborons étroitement avec nos homologues américains de la National Automobile Dealers Association, afin de souligner les effets négatifs de telles mesures commerciales punitives aux États-Unis et de nous épargner à tous ce que nous considérons comme étant un conflit destructeur. Les représentants de la NADA rencontrent actuellement les législateurs américains, en compagnie des représentants des secteurs de la fabrication et de l'approvisionnement, afin de présenter à l'administration américaine un message commercial qui tient compte des consommateurs. Nous avons besoin de la presse pour revenir à la table des négociations et signer l'ALENA, car il faut éviter, presque à tout prix, une guerre commerciale avec les États-Unis dans le secteur automobile. Cela permettra d'éviter aux deux côtés de la frontière de vivre un conflit destructeur.
J'aimerais maintenant donner la parole, si vous me le permettez, monsieur le président, à l'un de nos membres, Bob Verwey, d'Owasco, à Whitby, si cela ne va pas à l'encontre de votre procédure.
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Dank je wel. Je suis très honoré de vous parler aujourd'hui. Je suis un peu nerveux, car je suis le petit grand gars ici. Toutefois, à titre de Canadien, je veux vous remercier d'être tous ici et de nous aider à résoudre cette situation.
Owasco est une entreprise familiale. Nous avons trois concessionnaires automobiles, un centre de carrosserie, un concessionnaire de véhicules récréatifs et une entreprise de location de véhicules récréatifs, qui emploient au total 220 personnes. Je suis l'ancien président de la Trillium Automobile Dealers Association, et nous sommes actifs au sein de la CADA et du chapitre ontarien de l'Association des commerçants de véhicules récréatifs.
Ma famille et moi-même avons tout risqué pour investir plus de 30 millions de dollars dans deux nouvelles installations. Le premier magasin nous permet d'agrandir notre entreprise, car nous construisons un nouveau magasin de voitures Audi de 41 000 pieds carrés d'une valeur de 15 millions de dollars. Aujourd'hui, nos constructeurs m'ont dit que nous étions chanceux de bâtir cet édifice maintenant, car nous avons pu acheter notre acier avant l'imposition des tarifs. En effet, le prix de l'acier a fluctué de 20 %, ce qui a immobilisé de nombreux projets. Nous ne pouvons même pas établir le prix des nouveaux travaux.
De plus, nous avons récemment acheté un terrain de 41 acres à Clarington, sur lequel nous agrandissons notre entreprise de véhicules récréatifs par l'entremise de l'investissement de 15 millions de dollars supplémentaires dans un tout nouveau magasin. Nous espérons employer 50 personnes supplémentaires. Nos plans d'agrandissement pour l'avenir prévoient quatre nouveaux magasins sur ce site, mais nous avons dû suspendre ce projet en raison de l'augmentation du prix et de l'instabilité économique causée par ces tarifs.
Il y a plusieurs années, de nombreuses remorques et caravanes motorisées étaient fabriquées au Canada, mais aujourd'hui, plus de 95 % de cette production est effectuée aux États-Unis. Même si ces véhicules motorisés sont assemblés aux États-Unis, près de la moitié de l'aluminium et de l'acier utilisés dans ces véhicules est importée du Canada. Étant donné l'incertitude actuelle, certains fabricants de caravanes motorisées ont déjà mis en oeuvre une augmentation de prix de l'ordre de 10 % pour contrer les tarifs, et on nous a avertis qu'il y aura d'autres augmentations. Ce sera catastrophique non seulement pour notre entreprise, mais également pour l'ensemble de l'industrie.
Cette situation aura des répercussions nationales. Plus de 2 millions — environ 15 % — de ménages canadiens possèdent des véhicules récréatifs. Ils devraient toutefois en acheter davantage. En effet, en 2017, l'industrie des véhicules motorisés a appuyé 66 000 emplois, avec 6,1 milliards de dollars en dépenses totales et 3,4 milliards de dollars en ventes et en entretien de véhicules récréatifs. Ces tarifs auront aussi des répercussions plus générales sur l'industrie des services, notamment sur notre industrie du tourisme. Par exemple, notre service de location de caravanes motorisées fournit des emplois d'été à 10 étudiants de niveau collégial ou universitaire. Notre parc de véhicules de location comprend plus de 90 véhicules, avec des réservations combinées pour 5 000 nuits et des déplacements de l'ordre d'un million de kilomètres chaque saison. La plupart de ces gens — 65 % de nos clients — viennent de l'extérieur du pays. Vous pouvez imaginer les dollars que cela injecte dans l'industrie du tourisme. À cause des tarifs, nous devrons augmenter le prix de nos unités de façon importante, ce qui diminuera notre compétitivité sur la scène mondiale du tourisme. Les gens iront ailleurs; ils ne visiteront pas le Canada.
Nous sommes des gens d'affaires, et nous prenons des risques calculés. C'est ce qui permet à notre pays d'avancer. Si notre économie ralentit en raison de ces tarifs, non seulement cela compromettra la viabilité de notre entreprise, mais nous n'aurons également aucune pension. Cela aura aussi de terribles répercussions sur les emplois actuels et sur les emplois futurs potentiels. Aujourd'hui, lorsque je regarde par ma fenêtre, je vois des métallurgistes, des charpentiers et des plombiers qui s'affairent à construire le nouveau magasin de voitures Audi. Ces tarifs créeront un effet domino qui réduira les occasions de travail pour les gens qui exercent tous ces métiers. Nos vendeurs vendront moins. Les gens voyageront moins. Notre secteur des services en souffrira. Contrairement au ralentissement temporaire qui s'est produit lorsque les Maple Leafs ont joué dans les séries et que nos salles d'exposition ont été très tranquilles pendant un soir, ces tarifs créeront un ralentissement à long terme. Nous devons corriger cette situation pour protéger le gagne-pain des membres de ma famille personnelle et des membres de ma famille professionnelle, c'est-à-dire mes collègues.
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Je vous remercie beaucoup de nous donner l'occasion de vous parler aujourd'hui.
Au Canada, le Syndicat des Métallos représente 225 000 membres actifs. Nous sommes le syndicat principal des secteurs de l'acier et de l'aluminium, et nous représentons des dizaines de milliers de membres dans ces secteurs à l'échelle du pays.
À titre de syndicat international qui représente des travailleurs du Canada et des États-Unis depuis 76 ans, le Syndicat des Métallos s'oppose fermement au décret présidentiel du 31 mai visant les tarifs de l'article 232 de 25 % sur l'acier et de 10 % sur l'aluminium. Notre conseil exécutif international condamne cette décision, en soulignant l'absurdité de qualifier le Canada de menace à la sécurité.
Le Canada et les États-Unis doivent conjuguer leurs efforts pour résoudre le réel problème du dumping de l'acier et de l'aluminium, dont le Canada n'est pas responsable. Le Canada doit fournir un soutien immédiat aux travailleurs et aux intervenants de l'industrie qui seront touchés. Le gouvernement doit également renforcer la capacité du Canada de corriger les pratiques commerciales prédatrices et inéquitables, et il doit utiliser des mesures politiques nationales pour veiller à assurer la santé à long terme des industries canadiennes de l'acier et de l'aluminium.
Chaque année, les industries canadiennes de l'acier et de l'aluminium envoient environ 16 milliards de dollars en produits aux États-Unis. Cela représente 90 % de toutes les exportations d'acier. Nos exportations aux États-Unis représentent plus du deux tiers des revenus totaux de l'industrie de l'aluminium. Au moins 22 000 personnes au Canada sont directement employées dans l'industrie de l'acier, et 100 000 autres personnes ont un emploi indirect dans cette industrie. L'industrie de l'aluminium emploie directement 15 300 travailleurs, et 41 000 autres travailleurs indirectement.
On a estimé que 45 % de l'industrie de l'acier fera face à des répercussions directes et immédiates. En effet, l'acier est habituellement commandé selon un cycle de six semaines, et nous observerons probablement les répercussions des tarifs très bientôt. Nous craignons que l'industrie canadienne ait déjà subi un préjudice attribuable au mois de retard dans l'imposition des tarifs par le gouvernement canadien. Nous aimerions également souligner que les tarifs auront des répercussions importantes sur certaines collectivités qui dépendent particulièrement de l'acier et de l'aluminium, notamment Hamilton, en Ontario ou Alma, au Québec. Le Syndicat des Métallos croit que ces tarifs nuiront non seulement aux travailleurs canadiens, mais aussi aux travailleurs américains.
Notre syndicat demande l'adoption de mesures rapides et complètes, afin de réduire les répercussions sur ces secteurs.
Tout d'abord, nous appuyons les contre-mesures annoncées par le gouvernement fédéral et nous croyons qu'elles doivent être complètes et immédiates. Aucune exemption ne devrait être accordée. C'est particulièrement important pour protéger les produits fabriqués au Canada et pour favoriser le marché national. Tous les revenus découlant des tarifs qui serviront à contrer ces mesures doivent être versés à l'industrie la plus touchée par les tarifs de l'article 232.
Au-delà des contre-mesures initiales, le gouvernement doit offrir des mesures de soutien complètes aux industries de l'acier et de l'aluminium, c'est-à-dire des soutiens semblables à ceux offerts aux travailleurs de l'industrie du bois d'oeuvre, ainsi qu'à ceux récemment offerts par le gouvernement du Québec pour appuyer son industrie de l'aluminium. Ces mesures doivent réduire les pertes d'emplois autant que possible, et offrir notamment un soutien immédiat aux industries sous forme de prêts, de garantie de prêts ou d'occasions élargies sur le marché national. Nous recommandons également d'offrir des soutiens aux travailleurs par l'entremise de l'assurance-emploi et d'EDSC.
Le Canada doit s'attaquer au noeud du problème qui touche les travailleurs nord-américains de l'acier et de l'aluminium, c'est-à-dire les importations à bon marché de produits à prix faussés à partir de pays qui utilisent des pratiques commerciales illégales et prédatrices. Par exemple, de mauvais joueurs internationaux, par exemple la Chine, stimulent leur industrie de l'acier à l'aide de la surproduction de produits qui encombrent le marché international. Cette situation est aggravée par la main-d'oeuvre à bon marché et les piètres règlements environnementaux qui, combinés à la manipulation des devises, font diminuer artificiellement le prix de l'acier.
Nous appuyons les récentes mesures visant à prévenir le recours à d'autres pays pour contourner des tarifs précédemment imposés, en plus des mesures visant le transbordement et le contournement commercial. On devrait accorder au mouvement syndical le droit de présenter des plaintes commerciales. Nous sommes également reconnaissants au gouvernement d'avoir augmenté le budget de l'Agence des services frontaliers du Canada pour que l'organisme puisse repérer et empêcher l'acier d'encombrer le marché canadien, mais d'autres mesures doivent être prises.
L'imposition de ces tarifs provoquera une augmentation des produits détournés sur nos côtes. Afin de protéger notre marché national, le gouvernement doit mettre en oeuvre des mesures de protection conformes aux exigences de l'OMC pour protéger les produits nationaux très vulnérables.
Enfin, le Canada doit utiliser des mesures stratégiques nationales pour réagir aux prix faussés qui découleront des piètres conditions liées à la main-d'oeuvre, aux droits de la personne et aux pratiques environnementales, y compris, mais sans s'y limiter, les droits compensateurs.
Je vous remercie de nous avoir donné l'occasion de comparaître aujourd'hui. J'ai hâte de répondre à vos questions.
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Il y a longtemps que nous parlons du dumping effectué par divers pays, et pas seulement par la Chine. Notre syndicat a été très proactif. Aux États-Unis, à titre de syndicat représentant les travailleurs et les collectivités, nous avons le droit de présenter des plaintes. Nous n'avons pas accès à cela ici. Nous venons récemment d'obtenir un certain accès.
Ce n'est pas nouveau pour moi. En effet, la Chine n'a pas soudainement élargi sa production à plus d'un milliard de tonnes. Cette situation dure depuis un certain temps, mais les gens n'ont pas porté attention à cela. Maintenant, en raison de la gravité de la situation actuelle, puisque le Canada fait face à des pressions énormes et que nous serons attaqués par des tarifs de 25 % et de 10 %, tout le monde soulève ce point. Mais le dumping nous préoccupe depuis un certain temps.
Nous sommes en train de subir cette situation. En effet, en Saskatchewan, des tuyaux sont arrivés d'un autre pays, en passant directement à côté de l'une de nos installations. Entretemps, ce type de tuyau est produit en Saskatchewan, et c'est un produit local.
Je conviens qu'il s'agit d'une situation mondiale dans laquelle les pays doivent collaborer et sévir contre les tricheurs, mais il ne faut pas blâmer le Canada. En effet, le tricheur, ce n'est pas le Canada. On ne peut pas avoir un meilleur voisin que le Canada, surtout en ce qui concerne nos antécédents en matière d'automobiles ou d'industrie de l'acier des dernières décennies.
Vous avez raison. Nous devons adopter des lois qui protégeront les intérêts de nos travailleurs et de nos collectivités, ainsi que ceux des industries que nous représentons. Il reste beaucoup de travail à faire à cet égard, mais vous avez raison lorsque vous dites qu'il doit s'agir d'un effort collectif. Mais dans les faits, nous parlons du dumping depuis un certain temps.
C'est ce qui était troublant la semaine dernière parce que, je pense, M. Ross a très bien expliqué que la cible n'est pas le Canada et qu'on ne nous considère pas comme la cause du problème de sécurité. Cependant, ils essaient depuis un certain temps d'obtenir la collaboration du monde entier à la résolution du problème plus important du dumping chinois. Même la menace de ces mesures commence à toucher les gens sur le terrain.
Monsieur Verwey, je vous interroge d'abord, parce que je vous suis reconnaissant d'être le plus petit parmi les grands et de représenter une entreprise sur le terrain. Vous êtes celui qui prend les risques. Je sens que ça peut déraper très rapidement — l'incertitude, les effets de retombée. Quels effets percevez-vous déjà? Vous en avez mentionné dans votre exposé. Que devrait faire maintenant le gouvernement?
Sur les tarifs sur l'automobile, comme mon collègue l'a dit, M. Ross a déclaré que si nous avions agi plus tôt... et je sais que la a dit ici, la semaine dernière, qu'elle a assisté à la rencontre de M. Trump et de , il y a un an, en Italie, où la question a été soulevée, mais il a fallu toute une année avant qu'on s'en occupe. Si on nous menace maintenant d'imposer des tarifs sur l'automobile, pouvons-nous attendre une année avant de réagir?
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Je ne connais pas ce que vous faites aussi bien que je connais mon entreprise. Je sais seulement que je suis dans les affaires, parce que, pendant la récession, en 1992, j'ai acheté une entreprise pour 3 $, et nous lui avons fait atteindre sa taille d'aujourd'hui. Nous avons survécu à la période difficile de 2008.
Encore une fois, je souligne que l'argent que nous avons risqué, à mon âge, c'était ridicule, mais nous l'avons refait. Si la baisse est forte, je suis dans le pétrin. Ma maison, ma famille, tout est en jeu. On ne peut pas rester indifférent. En plus, je suis responsable de 220 vies, 220 familles, y compris les parents et les enfants. Mes décisions en tiennent compte. Je dois en assumer la responsabilité et vous des vôtres.
Je suis sûr que Trump a un caractère d'ours, et nous ne devrions pas trop le pousser. Il commencera à grogner. Il ne faut pas le prendre à la légère. Nous savons comment il agit.
Votre manière d'exploiter votre entreprise... Je sais que, dans mon cas, si nos efforts n'aboutissent pas, nous devons parfois changer d'équipe, mais je ne sais pas. Je ne vous demande que d'agir discrètement. 220 personnes comptent sur nos bonnes décisions. Je ne peux pas me permettre de les mettre à pied. Ils ont acquis des maisons, des voitures, des bateaux, des véhicules de plaisance, espérons-le. Ils comptent sur nous et nous sur vous. Donc...
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Il importe, à ce sujet, de distinguer la politique nationale de la politique étrangère. Je pense que le gouvernement suit une excellente politique étrangère. Nous devons cesser de prétendre que nos interlocuteurs sont rationnels. Ils enferment des enfants dans des cages à la frontière. Les discussions sur les tarifs de l'automobile sont plutôt étranges.
Sur le plan national, cependant, je pense que le gouvernement doit se préparer à l'imposition probable de ces tarifs par un joueur irrationnel et il devrait calculer le temps qu'il lui faudrait pour mener un combat victorieux, soit dans un tribunal de district des États-Unis, soit dans un tribunal de commerce extérieur, et commencer à travailler à rebours à partir de l'impact que subira l'industrie. Il est sûr que, du point de vue opérationnel, il faut vraiment une période très courte avant que tout ne s'immobilise. Ensuite, il faut déterminer les priorités. Le gouvernement doit réfléchir à la possibilité de soutenir des fabricants américains d'automobiles, de pièces et de matériaux au Canada contre les mesures du gouvernement américain. Ces entreprises emploient des Canadiens, des dizaines de milliers.
C'est un beau gâchis qu'on ferait mieux d'éviter en concluant un accord de libre-échange nord-américain. Je pense que les impératifs de la politique étrangère et la politique nationale convergent vers un retour aux négociations sur l'ALENA. Il est sûr que, relativement à l'automobile, l'industrie canadienne, ou, du moins, la partie que je représente a reconnu que les conditions proposées étaient acceptables. Faisons donc ce que nous pouvons faire et finissons-en.
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Merci beaucoup. Quel honneur que d'être invité à cette séance très spéciale et très importante!
Je représente Sault Ste. Marie. La circonscription compte deux grands producteurs d'acier très bien connus, Algoma Steel et Tenaris Algoma Tubes, lequel a des usines à Sault Ste. Marie et à Calgary.
Notre situation est particulière, puisque environ 60 % des exportations d'Algoma Steel sont destinées aux États-Unis. Je tiens à remercier mes collègues Randy et Tracey ainsi que d'autres. Dans les 10 derniers mois, nous sommes allés ensemble à Washington à deux reprises, pour défendre le dossier, dans ce que les médias ont qualifié d'« opération charme ».
Algoma est l'exemple parfait d'intégration de l'ALENA et l'explication de son si bon fonctionnement. L'acier fabriqué à Sault Ste. Marie est produit à partir de charbon et de fer extraits dans quatre États, transportés par le réseau, franchissant le pont, livrés par les ports. Cet acier retourne dans la chaîne logistique pour devenir des automobiles, être transformé encore, produire des moyens de défense.
Ken, Sean, comment ces tarifs vont-ils nuire aux États-Unis et aux travailleurs américains. Dans le Washington Post d'aujourd'hui, on parle des premières mises à pied aux États-Unis à cause des tarifs frappant l'acier. Une entreprise qui y fabrique des clous vient de perdre 60 employés. Elle devrait fermer dans peut-être quelques mois.
Parlez des effets négatifs de ces tarifs pour les Américains.
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Comme je l'ai dit plus tôt, un grand nombre des compagnies avec lesquelles nous traitons ne voient pas les choses uniquement du point de vue canadien. Elles ont des activités des deux côtés de la frontière, alors il ne fait aucun doute qu'il y aura un effet.
Dans l'industrie automobile, certaines pièces sont fabriquées au Canada, car il n'y a pas les installations nécessaires aux États-Unis, alors il y aura une incidence sur l'industrie automobile. Compte tenu de l'intégration et des échanges transfrontaliers quotidiens d'une valeur de 1 milliard de dollars, il est certain qu'il y aura des répercussions sur les travailleurs américains.
On a dit plus tôt qu'il ne faut pas réveiller l'ours. Eh bien, je peux vous dire que si on ne réveille pas l'ours, il va manger notre repas. C'est exactement ce qui nous attend. Il faut certes adopter la ligne dure en ce qui concerne les tarifs. Nous sommes une nation souveraine. Nous sommes fiers du travail que nous accomplissons, de nos employeurs et de nos collectivités, qu'il s'agisse de Sault Ste. Marie ou d'autres, qui ont une longue histoire. Il ne faut pas punir notre meilleur voisin. Ce n'est pas la chose à faire. Il faut négocier avec respect et dignité. C'est ce qu'il faut faire. Nous traitons avec de nombreuses personnes, et lorsqu'il s'agit de négociations collectives, il ne faut pas faire de l'intimidation. Il faut que les choses soient équitables et justes pour notre pays. Nous avons une longue histoire.
Vous avez raison. Des deux côtés de la frontière, des travailleurs seront touchés, et, dans bien des cas, le consommateur va payer beaucoup plus cher.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie également les membres du Comité de nous avoir invités et de nous permettre de nous adresser à eux, ce matin.
Au nom des plus de 3 millions de membres du Congrès du travail du Canada, j'aimerais remercier le Comité de cette occasion de présenter nos points de vue et notre opinion sur les tarifs et leurs répercussions, non seulement sur les commerces canadiens, mais aussi sur les travailleurs et les travailleuses et leurs communautés.
[Traduction]
Le CTC réunit des syndicats nationaux et internationaux, les fédérations de travailleurs provinciales et territoriales et plus d'une centaine de conseils du travail. Les employés représentés par des syndicats affiliés au CTC proviennent de pratiquement tous les secteurs de l'économie canadienne, de toutes les professions et de toutes les régions du pays.
Les syndicats canadiens appuient les mesures qu'a prises le gouvernement du Canada jusqu'à maintenant contre les tarifs américains injustifiés et non fondés sur l'acier et l'aluminium. L'attitude agressive et provocatrice de M. Trump à l'égard du Canada est totalement injustifiée compte tenu des pratiques commerciales équitables entre les deux pays. Les syndicats canadiens ont demandé au gouvernement fédéral de mettre en place un groupe de travail d'intervention rapide composé de représentants des industries et des travailleurs chargé d'élaborer des mesures visant à soutenir les travailleurs, les entreprises et les collectivités.
Les travaux de ce groupe de travail compléteraient ceux des comités fédéraux de surveillance des échanges commerciaux visant l'acier et l'aluminium ainsi que les mesures prises par les provinces.
Dans le cadre de ce travail conjoint, nous recommandons une évaluation complète des répercussions sur les emplois afin d'orienter les mesures d'aide qui devront être mises en place pour les industries et les travailleurs. Nous avons déterminé trois situations importantes pour lesquelles des mesures gouvernementales seront nécessaires.
Premièrement, les producteurs canadiens perdront temporairement des clients américains. Nous encourageons le gouvernement fédéral à envisager l'adoption de diverses mesures de soutien, notamment des garanties de prêts pour les petites et moyennes entreprises, afin de les aider à tenir le coup, et des politiques visant à accorder la priorité à l'utilisation d'acier et d'aluminium canadiens dans le cadre de projets énergétiques réalisés au Canada. Cela permettrait au gouvernement d'atteindre l'objectif déclaré de développer le secteur des ressources énergétiques canadien d'une manière respectueuse de l'environnement.
Deuxièmement, les producteurs et les fabricants canadiens devront faire face au surplus d'acier et d'aluminium détourné du marché américain. Pour s'attaquer à ce problème, le Tribunal canadien du commerce extérieur et l'Agence des services frontaliers du Canada pourraient prendre des mesures à l'égard du détournement des courants commerciaux engendré par les mesures américaines. En outre, il faudrait consacrer des sommes additionnelles pour les agents frontaliers et les inspections afin de s'assurer que le marché canadien ne soit pas inondé de produits qui font l'objet de dumping. Nous accueillons favorablement les récentes modifications réglementaires effectuées par le gouvernement en ce qui concerne les enquêtes anticontournement, les procédures sur la portée et les distorsions de prix ainsi que le financement annoncé récemment pour l'embauche de nouveaux agents. Nous avons hâte de travailler avec le gouvernement à la mise en oeuvre de ces changements.
Enfin, l'industrie de l'acier compte 22 000 emplois directs au Canada. Dans le secteur de l'aluminium, il s'agit de près de 10 000 emplois directs, principalement en Colombie-Britannique et au Québec, et les chaînes d'approvisionnement dans les industries connexes comptent plus de 100 000 travailleurs, comme on l'a mentionné plus tôt. Les mesures de soutien pour les travailleurs devraient tenir compte du fait qu'il y a des répercussions non seulement sur les emplois directs dans ces industries, mais aussi sur les emplois dans les industries connexes et dans les petites collectivités. Nous recommandons de s'inspirer des mesures qui ont été élaborées pour le secteur du bois-d'oeuvre, comme mon collègue l'a mentionné plus tôt; de travailler avec les provinces pour obtenir des investissements supplémentaires pour la formation, afin de permettre aux travailleurs touchés de se perfectionner, et pour offrir une aide au revenu; de prolonger les prestations d'assurance-emploi pour les travailleurs dans les régions touchées; et de prolonger également les programmes de travail partagé et d'adaptation en vue de minimiser les pertes d'emplois lorsqu'il y a un ralentissement temporaire des activités, de sorte que les employeurs puissent continuer d'exploiter leur entreprise.
Pour conclure, je dirai que nous sommes reconnaissants au Comité de prendre le temps d'écouter nos points de vue au sujet de ce dossier important. Nous nous réjouissons à l'idée de travailler avec le gouvernement fédéral pour veiller à limiter les pertes d'emplois et les conséquences négatives pour les collectivités attribuables à cette menace économique grave.
Merci.
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L'Association canadienne des producteurs d'acier est bien entendu la porte-parole de l'industrie de l'acier du Canada, dont la valeur est évaluée à 15 milliards de dollars. Comme on l'a mentionné plus tôt, l'industrie de l'acier compte environ 23 000 emplois directs, qui appuient 100 000 autres emplois indirects.
Le 1er juin 2018, les États-Unis ont imposé des tarifs punitifs sur les importations de certains produits d'acier et d'aluminium canadiens, à des taux s'élevant à 25 % et 10 % respectivement. Il s'agit là de mesures commerciales unilatérales et illégales adoptées par les États-Unis, qui constituent une menace inacceptable et immédiate pour les investissements et l'emploi dans le secteur sidérurgique canadien. Les entreprises membres de l'Association appuient fortement les tarifs que le gouvernement du Canada a l'intention d'imposer sur les importations d'acier, d'aluminium et d'autres produits provenant des États-Unis, qui représentent la valeur totale des exportations canadiennes en 2017 touchées par les mesures prises par les États-Unis. Nous estimons qu'il s'agit d'une réponse appropriée et proportionnelle aux mesures prises par l'administration américaine et qui est essentielle pour soutenir les entreprises et les travailleurs de l'acier au Canada.
Les membres de l'Association canadienne des producteurs d'acier s'entendent pour dire que les produits qui figurent dans le tableau 1, publié dans l'avis d'intention, devraient faire l'objet de tarifs de l'ordre de 25 % lorsque les tarifs entreront en vigueur. On devrait envisager des exemptions initiales seulement si aucune production canadienne n'existe ou s'il y a un besoin précis de transfert transfrontalier d'un produit spécialisé pour appuyer les activités au Canada. Après l'entrée en vigueur, si on détermine, dans le cadre d'un processus d'exclusion, qu'un certain produit ne peut pas être raisonnablement obtenu au pays ou importé d'un autre pays que les États-Unis, alors, à ce moment-là uniquement on pourrait envisager d'accorder une exemption. Un tel processus devrait être effectué de façon transparente et en consultation avec les producteurs canadiens d'acier.
Je tiens à souligner que le processus établi aux États-Unis pour obtenir une exemption au titre de l'article 232 est un processus public et est fondé sur une description complète et factuelle du produit en question, de ses caractéristiques et des quantités visées. En outre, toute entreprise ou particulier aux États-Unis peut s'opposer à la demande d'exemption dans les 30 jours suivant la publication dans le registre fédéral en ligne. Le processus est entièrement public.
Les producteurs d'acier canadiens ont tout intérêt à ce que les demandes valables d'exemption soient acceptées et ne souhaitent pas que les activités économiques importantes soient perturbées, mais puisque des produits d'acier canadiens sont assujettis à des tarifs américains, ils sont d'avis que des tarifs équivalents devraient être imposés à des produits d'acier américains importés au Canada. Toute mesure moindre ne constituerait pas une véritable réponse réciproque et ne respecterait pas l'engagement qu'a pris le gouvernement du Canada de soutenir entièrement les travailleurs de l'acier et de l'aluminium.
Nous comprenons que, malheureusement, l'imposition de tarifs implique une éventuelle augmentation des coûts ou une modification des chaînes d'approvisionnement en acier. Nous avons travaillé sans relâche, et nous continuerons de le faire, pour démontrer à l'administration américaine la nécessité d'une exemption complète pour les produits canadiens au titre de l'article 232 pour maintenir des échanges commerciaux bénéfiques pour les deux pays et pour préserver les chaînes d'approvisionnement bien intégrées, qui sont essentielles. Nous encourageons les consommateurs d'acier au Canada à entreprendre des démarches similaires auprès des États-Unis, en faisant valoir les avantages pour les deux pays d'un commerce libre et ouvert en Amérique du Nord.
Grâce à une approche digne d'une véritable équipe Canada, nous espérons pouvoir non seulement convaincre les États-Unis d'exempter le Canada des tarifs sur l'acier et l'aluminium, mais aussi de les dissuader d'appliquer l'article 232 aux importations canadiennes de véhicules et de pièces d'automobile. L'Association estime également que les producteurs d'acier américains qui se sont prononcés en faveur des mesures visant le Canada, dans le contexte de l'article 232, ne devraient pas pouvoir bénéficier d'exemptions aux mesures prises par le Canada. De toute évidence, des entreprises étrangères qui ont continuellement choisi d'agir contre les intérêts du Canada ne devraient pas pouvoir obtenir d'exemption à n'importe quelle des mesures prises par le gouvernement canadien.
L'industrie sidérurgique canadienne se trouve aujourd'hui en situation de grand désavantage concurrentiel aux États-Unis en raison des tarifs. Le fait d'être exclus d'une manière artificielle de notre plus important marché d'exportation tout en travaillant avec le gouvernement à l'élaboration de mesures appropriées, notamment des mesures de protection pour éviter que notre marché soit inondé par l'acier détourné du marché américain, signifie qu'il faudra porter une plus grande attention au marché intérieur pour nous assurer de pouvoir continuer de vendre nos produits et d'employer des Canadiens. Les exemptions du tableau 1 signifient que des producteurs américains continueront d'avoir accès au marché canadien, mais qu'il s'agira d'un accès injuste et nuisible, car ces producteurs sont à l'abri de la concurrence dans leur propre marché grâce à l'article 232.
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Bonjour, honorables membres du Comité.
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'exprimer aujourd'hui au sujet des tarifs imposés à l'industrie canadienne de l'acier au titre de l'article 232.
Evraz est le principal producteur nord-américain de tuyaux de grand diamètre. Il emploie plus de 2 100 personnes en Saskatchewan et en Alberta. Nous avons récemment effectué un investissement de 270 millions de dollars à Regina dans des technologies de pointe pour la fabrication d'acier et de pipelines de qualité et sécuritaires. Nous sommes également en train d'investir 30 millions de dollars dans la production de tubages et de tuyaux hautement résistants à Red Deer. Nous employons également plus de 1 500 personnes aux États-Unis et nous sommes le plus important producteur d'acier à rail en Amérique du Nord ainsi que le seul producteur de plaques d'acier dans l'Ouest de l'Amérique du Nord.
Notre entreprise est extrêmement intégrée entre le Canada et les États-Unis. Nous fournissons de l'acier à rail produit au Colorado au CN et au CP. Nous fournissons aussi au Canada de l'acier produit aux États-Unis pour la production de tuyaux, et, de façon plus importante, pour la production de pipelines au Canada destinés à des exploitants canadiens et américains. En effet, nous expédions à Camrose des plaques d'acier produites à Portland, qui servent ensuite à fabriquer des pipelines pour les États-Unis et le Canada.
Les mesures prises par les États-Unis ont des répercussions importantes et immédiates sur nous et nos clients américains. Notre production de tuyaux de grand diamètre est étroitement liée à la réalisation de projets. Les tarifs imposés en vertu de l'article 232 pourraient retarder des projets aux États-Unis et occasionner des pertes d'emplois dans les secteurs de la construction et de l'énergie. En ce qui nous concerne, ces tarifs font en sorte que nous hésitons à expédier de grandes quantités de tuyaux destinés à la réalisation de projets de pipelines aux États-Unis, sans parler des retards dans l'annonce des produits exclus. Par conséquent, nous sommes aux prises avec des problèmes sur le plan des fonds de roulement, des perturbations de nos activités, des excédents de tuyaux et des revenus qui ne sont pas au rendez-vous.
Nous continuerons de faire valoir auprès de l'administration et des législateurs américains l'importance de l'acier canadien pour l'économie américaine. Ce qui est plus important encore sans doute, ce sont les liens profonds qui unissent le Canada et les États-Unis, les deux pays ayant lutté côte à côte contre l'oppression et pour la liberté partout dans le monde. Nous demandons au gouvernement de continuer de défendre vivement les intérêts de l'industrie canadienne de la sidérurgie tout en travaillant à un accord sur une version modernisée de l'ALENA.
Au cours des 18 derniers mois, le gouvernement a appuyé l'industrie de l'acier. Compte tenu des tarifs imposés en vertu de l'article 232, nous nous empressons de travailler en étroite collaboration avec le gouvernement, et il nous faudra continuer de travailler en étroite collaboration et d'unir nos efforts pour aider nos travailleurs à tenir le coup à court terme ainsi qu'à long terme.
En plus de prendre des mesures pour assurer un accès libre et juste au marché américain, le gouvernement devrait envisager d'agir de façon importante pour favoriser la viabilité du marché intérieur de l'acier. Les importations de tuyaux pour le secteur de l'énergie qui auraient dû être destinées au marché américain ont bondi de 70 % en 2017 et ont augmenté d'un autre 18 % en 2018, sans pour autant qu'il y ait eu un accroissement des activités de forage. En même temps, le coût des matières premières au Canada a considérablement augmenté en raison d'une hausse des activités des fabricants d'acier américains. On n'observe pas cette situation chez nos concurrents à l'étranger. Ces augmentations importantes d'importations de tuyaux détournées du marché américain, du prix des matières premières et de la fermeture du marché américain auront de grandes répercussions sur les activités au Canada.
Comme le l'a annoncé, une étude sur des mesures de protection est en cours. Nous savons que l'adoption de telles mesures est très sérieuse, mais nous sommes dans une situation sérieuse, car le marché intérieur est inondé d'importations à faible prix et il existe des obstacles importants à l'accès au marché américain. Des mesures énergiques sont nécessaires.
Enfin, les mesures commerciales adoptées par les États-Unis mettent en évidence l'importance du marché de l'énergie au Canada, compte tenu de la construction de pipelines qui engendre une croissance de l'exploration pétrolière et gazière et des emplois dans le secteur de la production, qui sont des emplois permanents et bien rémunérés pour la classe moyenne. Il est essentiel pour le secteur de l'énergie canadien de construire des installations pour l'exportation de gaz naturel liquéfié. Nous sommes prêts à construire ces pipelines et ces tuyaux à partir d'acier recyclé afin que l'empreinte carbone du Canada soit la plus petite au monde.
Je suis convaincu que nous pourrons continuer à créer des emplois spécialisés et bien rémunérés pour la classe moyenne si les États-Unis et le Canada peuvent revenir au commerce stable et intégré de l'acier. Nous pouvons investir considérablement au Canada et aux États-Unis, et nous le ferons.
Je suis prêt à répondre à vos questions.
Je vous remercie.
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Je tiens à remercier Dean Allison de son invitation, ainsi que le Comité permanent de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui au nom de Janco Steel. Je vais parler des récents tarifs américains sur l'acier et de leur incidence sur notre entreprise et sur l'industrie canadienne de l'acier dans son ensemble. Nous proposons également une solution viable et un plan visant l'indemnisation d'entreprises comme Janco Steel qui sont lésées par ces tarifs.
Janco est un centre de services de l'industrie de l'acier qui est situé dans la ville canadienne de l'acier, à savoir Hamilton, en Ontario. Nous fournissons de l'acier au carbone laminé à plat à une grande variété de clients et d'industries qui achètent ce produit auprès des aciéries canadiennes. C'est une entreprise familiale de 30 ans qui emploie aujourd'hui plus de 180 personnes.
Notre opération s'est développée au fil des années pour atteindre ce chiffre de 180 employés, avec des ventes et un développement considérables aux États-Unis. Les tonnes vendues chez nos voisins ont augmenté de 270 % depuis 2014, et représentent désormais 30 % des activités de Janco Steel. Inutile de dire que les tarifs ont engendré des problèmes très difficiles pour notre entreprise.
Des négociations et des discussions importantes ont dû avoir lieu pour déterminer comment le coût tarifaire additionnel sera payé sur les commandes existantes. Certains clients ont accepté d'assumer une partie du tarif, tandis que d'autres ont refusé de payer quoi que ce soit. Il y en a qui ont annulé leurs commandes chez nous. Dans certains cas, Janco paie la totalité des coûts tarifaires pour préserver les relations avec les clients qui nous ont pris des années à bâtir. Nous avons également été contraints d'annuler certaines de nos commandes et de retarder le passage de nouvelles commandes dans nos aciéries canadiennes.
Il reste que si nos clients américains achètent leur matériel auprès d'un fournisseur américain, ils ne seraient pas touchés. Cela fait partie du programme du président Trump et menace directement les activités de Janco Steel et la santé de l'industrie canadienne de l'acier.
À plus long terme, nous sommes très préoccupés par nos affaires aux États-Unis. La plupart des clients américains ne sont actuellement pas disposés à passer des commandes ou à s'engager dans des engagements commerciaux à long terme en raison des tarifs. Chaque jour, nous constatons que nous ne sommes plus compétitifs par rapport aux centres de services américains de l'industrie de l'acier. Nos clients américains s'approvisionnent maintenant sur leur marché local afin d'obtenir une plus grande certitude en matière de coûts. Plus Janco reste non concurrentiel longtemps aux États-Unis, plus les dommages à notre entreprise seront permanents. Nous avons besoin d'un plan immédiat pour rester compétitifs. Sans l'aide de notre gouvernement, ces ventes américaines essentielles seront perdues.
Une solution immédiate serait de conclure l'accord de l'ALENA. Nous comprenons que tout le monde travaille d'arrache-pied et qu'un accord réussi nous permettrait de reprendre nos activités habituelles. Mais voici notre problème.
Nos affaires aux États-Unis ont chuté de 60 % en juin par rapport aux mois d'avril et de mai de cette année. Cette baisse des ventes deviendra permanente à moins d'obtenir de l'aide. En conséquence directe, nous avons gelé toute embauche, et suspendu notre initiative d'embaucher de nombreux étudiants pour l'été. Dans le pire des scénarios, nous devrons envisager des licenciements pour la première fois dans l'histoire de notre entreprise.
Un autre problème de taille est notre liquidité. Nous devons payer notre courtier en douane dans un délai de cinq à six jours ouvrables afin qu'il puisse remettre le paiement au gouvernement américain en huit jours. Nous avons déjà engagé des paiements tarifaires de plus de 330 000 $ au cours des 18 premiers jours de juin. Étant donné que les clients ne paient pas leurs factures avant 50 à 60 jours, nous devrons verser entre 670 000 et 800 000 $ au gouvernement des États-Unis avant que nos comptes débiteurs ne soient encaissés par notre entreprise. C'est très difficile à gérer, mais voici un plan.
Al Schutten, propriétaire et président de Janco Steel, propose que le gouvernement canadien mette en place la possible solution à court terme suivante. Le Canada impose un tarif sur les importations d'acier américaines à partir du 1er juillet. Les fonds recueillis devraient immédiatement être mis à la disposition d'entreprises comme Janco Steel qui expédient de l'acier vers les États-Unis et qui doivent payer les tarifs américains illégaux sur l'acier. Ces entreprises canadiennes devraient alors avoir droit à un versement équivalant à 50 % des paiements tarifaires qu'elles ont dû verser au gouvernement américain.
Cela aiderait énormément Janco et d'autres entreprises sidérurgiques à rester compétitives, à conserver leurs activités aux États-Unis et leurs emplois, et à minimiser la perte à long terme du marché américain. Cela contribuerait également à atténuer, dans une certaine mesure, les problèmes de trésorerie que nous rencontrons.
Nous sommes conscients du bon travail que et d'autres ont accompli jusqu'à présent pour contester les tarifs illégaux conformément à l'article 232, et nous espérons que la demande qu'ils ont soumise à l'Organisation mondiale du commerce, ou OMC, sera acceptée. Nous demandons également que, lorsque les États-Unis seront tenus de rembourser les fonds tarifaires qu'ils ont perçus, l'argent serve à rétablir la santé financière des sociétés sidérurgiques canadiennes attribuable à leurs paiements tarifaires vérifiés. L'argent serait également partagé avec tous les clients américains qui ont aidé en assumant une partie du fardeau des paiements tarifaires.
Le succès du modèle opérationnel de Janco Steel repose sur une frontière commerciale ouverte avec les États-Unis. Si ces tarifs restent en vigueur pendant encore longtemps, notre modèle d'affaires actuel ne fonctionnera tout simplement pas. Sans l'aide de notre gouvernement, nous serons forcés de prendre des décisions très difficiles — des décisions auxquelles nous n'avions même pas songé ou que nous n'avions pas envisagées il y a un mois.
Je vous remercie encore de m'avoir donné cette occasion de vous parler. Merci aux représentants du gouvernement qui travaillent fort pour trouver une solution.
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Encore une fois, je remercie les témoins d'être avec nous.
Je trouve que c'est surréaliste. Nous sommes tous assis tranquillement autour de la table, mais le fait est que nous traversons une crise très grave. C'est un peu comme la grenouille dans le chaudron. Si elle saute dans l'eau bouillante, elle en sortira d'un coup, mais j'ai l'impression que nous sommes en train de bouillir jusqu'à la mort, et qu'il va y avoir des conséquences très désastreuses d'ici les deux ou trois prochaines semaines, ou le mois prochain.
Monsieur Young, si je vous ai invités, vous et tous les autres témoins, c'est pour en parler. Je ne sais pas si les gens comprennent vraiment ou saisissent — ma question s'adresse à vous tous, mais je vais vous la poser, monsieur Young — à quel point il est difficile d'acquérir de nouveaux clients. En réalité, cela prend des années, et si vous changez de clients, cela cause des problèmes dans la chaîne d'approvisionnement. Il y a beaucoup de choses à prendre en compte, parce que vos clients s'attendent à de la qualité. Il ne suffit pas de délaisser un fournisseur américain au profit d'un fournisseur canadien. Un tas de choses doivent être prises en compte.
Vous l'avez mentionné brièvement, mais peut-être pourriez-vous nous parler davantage de la complexité attribuable à l'incertitude, au fait de ne pas connaître le plan ni de savoir combien de temps il faudra subventionner les tarifs. Comment diable pouvez-vous fonctionner et planifier l'avenir quand tout est aussi déconcertant?
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Tout à fait. Je vais essayer de répondre en deux temps.
Vous avez d'abord demandé combien de temps il faut pour acquérir des clients américains. Nous avons eu un partenariat formidable avec Dofasco, et avec nos trois aciéries, mais ArcelorMittal Dofasco a joué un rôle important dans notre croissance. Comme Sean l'a mentionné, cela affecte notre collectivité. Je suis un de ses clients qui doit composer avec la situation. Depuis 2014, nous avons vraiment atteint cette croissance de 270 %, comme je l'ai dit, mais il suffit de ne pas être concurrentiel quelques fois dans une soumission pour commencer à perdre du terrain.
Nous sommes de grands fournisseurs pour l'industrie du véhicule récréatif. Nous avons entendu quelqu'un en parler aujourd'hui. C'est une industrie à très faible marge. Nous avons une grande part de marché dans ce secteur. Nous avons investi dans Janco Steel. Nous avons installé quatre lasers au cours des deux dernières années et demie. Nous avons commencé à faire des pièces, mais ce sera perdu parce que les clients iront ailleurs très bientôt.
L'incertitude dont vous parlez, Dean, c'est que si nous connaissions les règles et savions qu'elles dureront pour la prochaine année, nous pourrions peut-être prendre une bonne décision commerciale, mais pour l'instant, la dernière chose que nous voulons faire est licencier les gens. Nous avons traversé la crise financière de 2008-2009 sans mettre à pied aucun travailleur. En fait, nous avons pris de l'expansion en 2010. Notre plus forte croissance a été réalisée entre 2010 et aujourd'hui. Ce sont des dizaines de millions de dollars en capital que nous avons réinvestis dans notre entreprise, mais nous ne connaissons plus les règles.
Je peux vous dire que c'est réel lorsque je dis que nous devrons prendre une décision concernant la mise à pied d'employés. Je ne le dis pas en l'air pour faire de l'effet. Nous allons devoir le faire, mais nous ne voulons pas en arriver là.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous souhaite la bienvenue à tous et vous remercie d'être avec nous aujourd'hui.
J'ai une question à vous poser, monsieur Rousseau.
Vous avez dit que les tarifs sur l'acier et sur l'aluminium pourraient toucher directement les chaînes d'approvisionnement et les travailleurs.
Comme vous le savez, je viens du Québec. À Alma, il y a plusieurs entreprises de production d'aluminium. Dans ma circonscription, au Nord de Montréal, la compagnie Raufoss transforme de l'aluminium, qui est exporté non seulement aux États-Unis, mais également dans d'autres pays.
Vous avez parlé des mesures temporaires qu'on devrait offrir en cas de mises à pied. J'aimerais que vous m'en parliez un peu plus. Vous avez dit qu'il faudrait aider les travailleurs à acquérir d'autres compétences. Comment pourrait-on améliorer la situation? Je pense aux travailleurs de Raufoss, à Boisbriand. Cette entreprise vient d'investir et a doublé sa production de jantes d'aluminium.
:
Merci, monsieur le président.
Je vous remercie beaucoup d'être ici aujourd'hui.
Je comprends la complexité de la situation. En tant que membre substitut du Comité, je vois qu'il nous faut vraiment nous concentrer sur les solutions. Vous nous avez fait part de plusieurs possibilités. J'ai cru comprendre que les décisions que nous prenons ont des conséquences sur toute l'économie canadienne et non pas seulement sur un secteur. Cela a un effet d'entraînement partout au pays.
Ce que je tente de bien comprendre — et vous en avez donné quelques exemples —, ce sont les mesures que nous devons étudier et mettre en place pour protéger les entreprises et les travailleurs. C'est vraiment là que le gouvernement doit mettre ses efforts, à court terme comme à long terme.
Monsieur Winkler, vous avez fait des commentaires de façon très généreuse, et vous avez mentionné qu'il fallait des mesures significatives. Selon vous, lesquelles de ces mesures devraient explorer de façon prioritaire le gouvernement du Canada, les provinces, les territoires, bref tous les partenaires concernés?
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Je ne pense pas que nous vivons la situation depuis vraiment assez longtemps pour penser davantage aux solutions possibles. Ce qui est vraiment important, c'est d'avoir quelque chose dans le compte rendu, de rassembler des gens pour discuter de mesures comme celles que nous avons proposées. Nous ne disons aucunement que nous savons à quoi nous en tenir, mais n'oubliez pas que vous écoutez le représentant d'une entreprise qui est sur place, qui devra faire face à vos concitoyens, qui devront se trouver du travail ailleurs — et ce n'est pas une menace.
Je ne sais pas quelle autre tournure les événements pourraient prendre. Je sais que lorsque nous écoutons les gens d'Evraz et d'ArcelorMittal, cela ne revient pas à dire qu'il faut donner de l'argent à Janco Steel. Ce qu'il faut, c'est donner l'argent à toute notre industrie, en procédant à une vérification des paiements tarifaires. Nous ne demandons pas de subventions. Nous demandons plutôt qu'on nous maintienne à flot jusqu'à ce que, peut-être, des personnes plus posées l'emportent. Nous pourrions ainsi résister dans une certaine mesure à l'intimidation exercée par M. Trump sur notre industrie et notre pays.
J'ai entendu l'expression « Équipe Canada » à quelques reprises aujourd'hui, et je m'en suis grandement réjoui. Maintenons notre industrie à flot, trouvons des façons de déterminer comment utiliser l'argent et faisons des paiements vérifiés. Faisons tout cela en tant qu'équipe et trouvons un moyen de survivre jusqu'à ce que les choses changent.
Je pense que l'ALENA sera négocié. Je crois que toutes les personnes assises à la table pensent que quelque chose — peut-être pas à trois — se produira dans le dossier de l'ALENA, mais à quel moment? D'ici là, un tort absolument irréparable aura été causé, pas seulement à notre entreprise, mais à l'ensemble de l'industrie.
En plus des mesures qui doivent être mises en place pour assurer la viabilité de l'industrie et des entreprises, il faut aussi des mesures spécifiques pour les travailleurs et les travailleuses. Je pense notamment à l'assurance-emploi.
Il existe actuellement des ententes sur le travail partagé, dont la période maximale est de 38 semaines. Nous voudrions que cela soit porté à 76 semaines, par exemple. Cela laisserait plus de temps. Ensuite, on pourrait allonger de 20 semaines l'admissibilité à l'assurance-emploi. On pourrait aussi instaurer un soutien à la mobilité des travailleurs et des travailleuses. Quand ceux-ci doivent se déplacer pour aller trouver un autre emploi, ils ont besoin d'aide. Il pourrait donc y avoir des allocations qui garantiraient cette mobilité. On pourrait aussi donner la priorité au perfectionnement des compétences des travailleurs et des travailleuses.
On pourrait donc mettre en place ces mesures.
[Traduction]
Depuis de nombreuses années, Dofasco a un excellent slogan: « Notre produit, c'est l'acier. Notre force, ce sont les gens. » Quand nous abordons la question, assurons-nous de ne pas affaiblir notre force d'un iota. C'est notre point de vue.
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Vous allez sans aucun doute en perdre, ce qui signifie que vous devrez faire des mises à pied. Par conséquent, vous allez commander moins d'acier, et nos aciéries seront également touchées. On commence ainsi à voir la réaction en chaîne attribuable aux mises à pied.
L'une des choses que je trouve frustrantes, ce sont les problèmes auxquels nous nous heurtons ici, alors que la Chine pratique le dumping d'acier, et qui existent depuis un certain temps, et les Américains ont demandé notre aide. Nous pourrions avoir dit à M. Ross qu'il a raison, que nous devons remédier à la situation, et nous ne serions probablement pas où nous en sommes aujourd'hui. Nous serions comme l'Australie, qui est exemptée sans devoir respecter de quota. Nous sommes dans la situation actuelle à défaut d'avoir procédé ainsi.
Je regarde la situation sous divers angles. Du point de vue du consommateur, nous pouvons dire que si nous recourons à des représailles tarifaires, mes fabricants des Prairies, Bourgault et des entreprises semblables, commenceront à payer l'acier beaucoup plus cher. Leurs clients sont des agriculteurs. La semaine dernière, nous nous sommes rendus à une exposition de produits agricoles, et on entendait des choses comme: « Je pense que je vais garder ma foreuse. » Les tarifs ont déjà des répercussions. La réaction en chaîne a déjà commencé, et cela remonte au secteur de l'acier au Canada.
Comment pouvons-nous composer avec la situation? Comment pouvons-nous aller de l'avant? Il doit forcément encore y avoir un moyen de contraindre les États-Unis à nous respecter et de leur dire que leur décision d'imposer des droits aura des répercussions sans avoir cet ensemble de réactions en chaîne. Les gens du Congrès du travail du Canada ont parlé à des employés ainsi qu'à d'autres intervenants. Tout cela serait excellent si les coffres n'étaient pas vides, mais nous avons un gouvernement qui dépense sans compter depuis deux ans, et nous devons maintenant trouver des recettes pour pouvoir prendre ce genre de mesures, mais à quel endroit pourrons-nous les trouver?
J'aime votre idée de droits compensateurs. Si nous imposons des droits de 25 % sur un montant d'environ 16 milliards, il y aura peut-être 2, 3 ou 4 milliards dans les coffres. Cet argent ne devrait pas faire partie des recettes générales; il devrait être versé aux personnes les plus touchées.
Monsieur Young, je suis juste curieux. Si la situation se poursuit pendant six ou huit mois — il faut maintenant penser aux élections de mi-mandat —, à quoi ressemblera votre entreprise au mois de novembre ou de décembre?
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Merci beaucoup. C'est un honneur de travailler avec Steve et à essayer de corriger l'ALENA.
Je suis Jerry Dias, président national d'Unifor, le plus grand syndicat dans le secteur privé au Canada. Je suis accompagné d'Angelo DiCaro, le directeur intérimaire de notre département de recherche et notre analyste principal des politiques en matière de commerce international.
Au nom d'Unifor, je tiens à remercier le président, les vice-présidents et les membres du Comité de nous avoir invités à comparaître et d'avoir pris des dispositions pour que nous puissions témoigner par vidéoconférence. J'ai cinq minutes, alors je vais commencer immédiatement.
Les attaques commerciales des États-Unis contre le Canada sont claires et constituent une menace pour l'économie nationale. Une guerre commerciale avec les États-Unis n'est pas imminente. Elle a déjà été déclenchée. Le mois dernier, j'étais à Moncton, au Nouveau-Brunswick. J'ai fait un discours devant nos membres, y compris ceux qui travaillent dans des usines de bois d'oeuvre résineux et de papier de pâte mécanique. J'ai abordé le fait que l'administration Trump a imposé des droits de douane de sécurité nationale sur l'acier et l'aluminium et que le Canada était dans la mire. J'ai expliqué dans mon discours comment les 16 milliards de dollars en droits de douane représentent environ 40 000 emplois en métallurgie au Canada, et c'est sans compter les retombées. Cela inclut des milliers de membres d'Unifor qui travaillent dans des alumineries et des installations sidérurgiques au Canada et au Québec.
J'ai dit qu'il était temps de se défendre, de répliquer, que le Canada ne se laisserait plus marcher sur les pieds. Mais comme je faisais valoir mon point de vue, je me suis rendu compte que je parlais à des travailleurs qui étaient déjà la proie de cette bataille. Je suis content de voir que des conditions économiques solides ont aidé nos producteurs de bois d'oeuvre résineux à rester à flot malgré les droits de douane des États-Unis. Le problème, c'est que ce litige n'est pas près de se régler.
C'est différent pour notre industrie du papier journal, qui est confrontée à des perspectives économiques beaucoup plus difficiles. Ces producteurs sont frappés de droits à l'exportation de plus de 30 % dans certains cas. Nous surveillons de près la situation aux usines à Corner Brook, à Trois-Rivières, à Port Alberni, à Powell River et à Crofton. Ces usines sont au bord de la faillite et les pertes d'emplois semblent être imminentes, mais il n'y a pas de programme de soutien fédéral bonifié pour ces usines, contrairement à ce qu'on a vu pour le bois d'oeuvre.
Ce n'est que peu de temps après mon retour de Moncton que j'ai appris que Trump lançait une enquête sur la sécurité nationale dans l'importation d'automobiles et des pièces. Notre industrie de l'automobile emploie directement 120 000 personnes au Canada. Environ 95 % des produits que nous exportons sont destinés aux États-Unis. Les deux tiers de toutes les importations d'automobiles proviennent des États-Unis également. Nos chaînes d'approvisionnement sont étroitement liées. Il va sans dire que tout droit de douane élevé sur les automobiles et les pièces ne sera avantageux pour personne.
La façon dont le Canada réagit à ces menaces commerciales est extrêmement importante. Personne ne veut voir cette guerre commerciale s'envenimer davantage, mais les États-Unis ne nous ont laissé aucun autre choix que de répliquer. Unifor appuie les contre-mesures proposées par le gouvernement fédéral. Le problème, c'est que l'imposition de droits de douane sur les produits américains ne gardera pas les usines en opération ou ne maintiendra pas les emplois de nos travailleurs. Le moment est venu pour le gouvernement d'intervenir pour aider nos industries clés à affronter la tempête. Il faut intervenir rapidement pour élaborer et mettre en oeuvre une stratégie d'atténuation, un peu comme ce qui a été fait pour l'industrie du bois d'oeuvre. Le gouvernement du Québec a déjà offert jusqu'à 100 millions de dollars pour renforcer les secteurs de l'acier et de l'aluminium. Nous devons saisir cette occasion pour réinvestir dans nos milieux de travail et dans l'infrastructure sociale afin de contribuer à nos efforts de diversification des échanges commerciaux.
Nous devons conserver les emplois des travailleurs qualifiés et éviter des mises à pied permanentes. Nous devons le faire par l'entremise d'un programme de travail partagé amélioré et d'autres mesures. Les programmes de financement social comme le régime d'assurance-médicaments donneraient à notre économie un avantage concurrentiel progressif. Les aides financières, dont les garanties de prêt, peuvent aider les installations à rester à flot et à moderniser les processus de production. Ces avenues pourraient être examinées.
En faisant preuve de créativité, nous pourrions garantir ces nouveaux investissements qui génèrent des revenus au moyen des contre-tarifs proposés, que nous évaluons à près de 2 milliards de dollars. Ce ne sont là que quelques idées. Nous avons hâte d'en entendre d'autres.
N'attendons pas les bras croisés. Le Canada ne sera pas une victime dans cette ridicule guerre commerciale. Nous ne permettrons pas que cela se produise.
Merci beaucoup. Nous avons bien hâte d'entendre vos questions.
Puisque j'ai la parole, je tiens à vous dire que vous faites de l'excellent travail, Tracey, dans le dossier du commerce. Merci.
Bonjour, mesdames et messieurs. Je voudrais vous remercier de l'invitation de participer à l'étude de ce comité.
Le Groupe ADF a été fondé par mon grand-père en 1956 en tant qu'atelier de forgeron. Aujourd'hui, ADF est un intervenant clé dans la fabrication d'éléments en acier de construction au Canada et aux États-Unis. L'entreprise exploite une installation à la fine pointe de la technologie située à Terrebonne, au Québec, qui compte plus de 500 employés. Nous exploitons également une installation à Great Falls, dans le Montana, qui a été entièrement construite en 2013. Elle compte actuellement près de 200 employés.
De nombreux importants projets d'aménagement ont été réalisés par ADF, tels que les tours un et quatre du World Trade Center à New York. Nous avons construit plus d'une dizaine de gratte-ciel à New York. Plus récemment, nous avons participé à la construction du nouveau pont Champlain à Montréal, et nous travaillons actuellement à des projets d'aéroport d'envergure à l'aéroport LaGuardia, à New York, et à l'aéroport de Salt Lake City. Comme vous pouvez le voir à partir de la liste de projets, les revenus du Groupe ADF proviennent en grande partie des États-Unis — environ 80 %. Il va sans dire que les derniers mois ont été difficiles pour notre usine de Terrebonne. Ces dernières semaines ont ébranlé tout le marché américain, principalement en raison des nouveaux droits de douane imposés et de toutes les incertitudes les entourant.
La première fois que nous avons entendu parler des droits de douane, c'était en mars, lorsque le premier gazouilli du président Trump a été affiché annonçant l'intention du gouvernement américain d'imposer un droit de douane de 25 % sur l'acier et 10 % sur l'aluminium. À ce moment-là, ADF était en train de terminer des négociations pour trois grands contrats avec les États-Unis, pour un total évalué à plusieurs centaines de millions de dollars. Ces projets auraient créé presque 100 nouveaux emplois directs à notre installation de Terrebonne. Dans les jours qui ont suivi l'annonce, nous avons perdu ces trois contrats, dont l'un est soudainement devenu un projet visé par la Buy American Act. Nous avons vite compris que les clients américains avaient maintenant peur de faire des affaires avec les entreprises canadiennes.
Après ce revirement de situation, nous devions agir rapidement pour nous préparer pour l'avenir, si bien qu'entre les mois de mars et de mai, nous avons mis en oeuvre un plan, en fermant notre bureau de vente en Floride et en relocalisant le personnel, en réduisant notre effectif et en laissant partir 75 employés, dont 50 travaillaient à notre installation à Terrebonne. Plus récemment, nous avons été approuvés pour mettre en oeuvre un programme de travail partagé avec le gouvernement canadien pour plus de 160 travailleurs d'ADF afin de sauver leurs emplois. Leurs heures sont actuellement réduites à moins de 20 heures par semaine de travail.
Avant que cette politique commerciale entre en vigueur, nous avons obtenu deux nouveaux contrats aux États-Unis, dont l'un était la construction d'un immeuble important sur la côte Est et qui nécessitait plus de 14 000 tonnes d'acier. Dans ce cas précis, la majorité de l'acier a été achetée d'usines d'acier en Allemagne et en Grande-Bretagne, et de plus petites quantités ont été achetées aux États-Unis. Si les droits de douane canadiens sont mis en oeuvre à la suite de la politique commerciale américaine, le Groupe ADF devra accuser un recul d'au moins 500 000 dollars américains pour l'acier brut seulement. Les aciéries aux États-Unis ont augmenté leurs prix de plus de 25 % depuis mars 2018, et cette nouvelle imposition de droits de notre gouvernement canadien pourrait nuire considérablement à des entreprises comme ADF.
À l'heure actuelle, la majorité des fournisseurs d'acier du Groupe ADF sont des usines américaines. Malheureusement, les usines canadiennes n'arrivent pas à suivre la cadence pour suffire à la demande dans l'acier de construction et n'ont souvent pas les poutres en H dont nous avons besoin dans la majorité de nos projets. Il va sans dire que si les usines canadiennes étaient en mesure de nous fournir le bon type de produit et les quantités appropriées, nous comblerions tous nos besoins en acier en nous approvisionnant au pays.
Pour terminer, j'aimerais tous vous remercier d'avoir pris le temps de mieux comprendre la réalité actuelle d'un fabricant d'acier de construction. Nous espérons que tout ira pour le mieux dans le cadre des négociations à venir. C'est une période déterminante pour le Canada et tous nos partenaires commerciaux. J'espère vous avoir éclairé un peu sur la situation actuelle. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions. Merci.
Bonjour, monsieur le président et mesdames et messieurs les membres du Comité.
Merci de m'avoir invité à comparaître au nom des 90 000 manufacturiers et exportateurs du Canada et de nos 2 500 membres directs pour discuter des droits de douane que les États-Unis ont imposés sur l'acier et l'aluminium canadiens.
Je veux remercier tous les membres du Comité d'avoir organisé ces séances, qui sont cruciales en cette période difficile. Le secteur manufacturier est le plus important secteur commercial au pays, représentant 11 % du PIB, 67 % des exportations et 1,7 million d'employés qui occupent des postes bien rémunérés et hautement qualifiés dans presque toutes les collectivités au pays.
Dans le cadre de l'ALENA, notre industrie a passé les 25 dernières années à bâtir un marché nord-américain commun. Le secteur manufacturier est profondément intégré dans l'ensemble du continent et dépend des chaînes d'approvisionnement complexes au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Des perturbations dans l'un de ces trois pays risquent de rompre l'équilibre de l'écosystème manufacturier nord-américain, et je vais être bien franc avec vous: nous sommes extrêmement inquiets à l'heure actuelle. Les droits de douane actuels sur l'acier et l'aluminium, les droits de douane futurs proposés sur les automobiles et le risque d'une guerre commerciale mondiale représentent de graves menaces pour le secteur manufacturier canadien et pour l'ensemble de l'économie canadienne. Les Manufacturiers et exportateurs du Canada ont décidé de réagir à la situation, comme nous le faisons toujours, en collaborant de façon constructive avec le gouvernement, en offrant des solutions pratiques et en vous communiquant directement les points de vue des fabricants au pays.
Nous appuyons les représailles tarifaires du gouvernement. Elles ont été engagées en réponse à la prémisse absurde et insultante sur laquelle s'est fondée l'administration américaine pour imposer des droits de douane sur l'acier et l'aluminium au Canada. Je dirais que les fabricants appuient les représailles tarifaires également et en comprennent la nécessité politique. Cependant, ils sont énormément inquiets que les représailles tarifaires canadiennes auront des répercussions importantes sur leur entreprise, surtout si cette bataille commerciale se prolonge ou s'intensifie. Ils en souffriront — c'est indéniable; reste maintenant à déterminer comment nous pouvons atténuer ces répercussions.
C'est ce dont j'aimerais vous parler aujourd'hui.
Les Manufacturiers et exportateurs du Canada ont réagi à la consultation du gouvernement du 15 juin après avoir sollicité l'avis de leurs membres pendant plus de deux semaines. Nous avons eu un taux de réponse élevé, ce qui nous indique que les préoccupations sont très vives. Nous aimerions formuler au Comité les cinq recommandations clés qui sont ressorties de cet exercice.
Premièrement, nous devrions nous concentrer à nouveau sur la renégociation de l'ALENA et sur la conclusion de l'accord. Il est extrêmement important que le gouvernement redouble d'efforts en ce qui concerne l'ALENA et essaie de conclure un accord le plus rapidement possible. L'instabilité entourant l'ALENA est une véritable menace pour le secteur manufacturier et pour l'ensemble de l'économie canadienne, tandis que la bataille commerciale entourant les droits de douane est une distraction qui vise à nous faire perdre l'objectif de vue. Le gouvernement a raison de dire que les droits de douane et les négociations de l'ALENA sont deux questions distinctes, car c'est vrai, mais l'administration américaine ne s'en soucie manifestement pas et intensifie les pressions sur le Canada et sur l'ALENA en imposant des droits de douane. Le gouvernement ne devrait pas tomber dans le piège et se lancer dans une guerre tarifaire. Notre priorité devrait être de conclure l'ALENA le plus rapidement possible.
J'aimerais également ajouter que le mémoire initial des Manufacturiers et exportateurs du Canada dans le cadre des négociations de l'ALENA expliquait en détail les principes que nous estimons que les négociateurs de l'ALENA devraient suivre pour veiller à appuyer un secteur manufacturier intégré. Citons entre autres, premièrement, de ne pas nuire à l'économie et au secteur manufacturier intégré, deuxièmement, de moderniser l'accord pour améliorer le secteur manufacturier et de le rendre plus concurrentiel à l'échelle mondiale, troisièmement, d'élargir l'accord et de couvrir les secteurs exclus et, quatrièmement, de coopérer avec les États-Unis et le Mexique dans le cadre de nos échanges commerciaux avec des tiers pays.
Deuxièmement, nous recommandons aux négociateurs canadiens d'exclure les importations du secteur manufacturier et les représailles tarifaires. La liste actuelle des représailles tarifaires comprend un éventail d'intrants de fabrication qui ne sont pas facilement accessibles à partir des sources canadiennes. Par conséquent, l'application des droits de douane pénaliserait doublement les fabricants canadiens en raison du coût des droits de douane américains sur les intrants et des représailles tarifaires imposées par le Canada. Par conséquent, les mesures de représailles du gouvernement doivent exclure le plus possible les intrants de fabrication pour éviter des répercussions désastreuses sur l'industrie et pour minimiser les perturbations dans les chaînes d'approvisionnement intégrées des fabricants.
Troisièmement, nous recommandons de mettre en place des mesures de protection pour protéger le marché intérieur contre le dumping de tiers pays. Les droits de douane américains présentent non seulement une menace économique importante pour les producteurs d'acier et d'aluminium canadiens et pour les fabricants en général, mais pourraient aussi perturber les échanges commerciaux mondiaux de ces produits primaires. En raison de la proximité du Canada avec les États-Unis et de la taille de notre marché intérieur, l'acier initialement destiné aux États-Unis pourrait plutôt faire l'objet de dumping sur le marché canadien par les exportateurs. Pour nous protéger contre cette situation, le gouvernement canadien devrait mettre immédiatement en place des mesures de protection pour veiller à ce que le Canada ne devienne pas un lieu de dumping pour l'acier et l'aluminium provenant d'autres pays.
Quatrièmement, nous recommandons d'établir un fonds de secours d'urgence pour les industries en difficulté. Le gouvernement fédéral devrait offrir immédiatement des indemnités financières aux entreprises canadiennes qui sont touchées par ces droits de douane. Ces indemnités devraient inclure du soutien financier direct, des exonérations de paie et de taxes et du soutien pour la formation des employés. Ces fonds devraient être structurés de manière à respecter les règles commerciales pour veiller à ce que les produits canadiens continuent d'être exportés vers les marchés mondiaux.
Cinquièmement, il faut réinvestir les recettes douanières dans des programmes de soutien aux investissements en général. Si le différend commercial avec les États-Unis perdure pendant un certain temps, les entreprises continueront d'éviter d'investir au Canada. Le Canada devrait songer à utiliser les droits perçus pour appuyer l'investissement des entreprises, possiblement par l'intermédiaire d'une aide directe aux investissements, peut-être avec des fonds de contrepartie du secteur privé — afin d'atténuer les risques associés à l'adoption de technologies —, ou par l'intermédiaire de changements au code des impôts afin de favoriser les investissements. Il pourrait notamment mettre à jour des règles relatives à la déduction pour amortissement accéléré en fonction des changements récemment portés aux États-Unis ou, de façon plus générale, réduire le taux d'imposition des sociétés.
En résumé, nous devons reprendre les négociations de l'ALENA pour conclure un accord le plus tôt possible. Mieux vaut un ALENA imparfait qu'aucun accord et une guerre commerciale avec notre plus important partenaire commercial. S'il choisit d'imposer des représailles, le Canada se doit de cibler ces mesures avec prudence et limiter les répercussions sur l'économie intégrée. En outre, nous sommes d'avis que des mécanismes de protection s'imposent afin de limiter le dumping d'acier et d'aluminium sur le marché canadien. Enfin, nous estimons que le gouvernement doit prendre des mesures pour appuyer les entreprises qui pourraient être en difficulté et pour mettre en place des mesures d'aide plus larges et plus étoffées pour stimuler les investissements et favoriser la compétitivité en cette période d'incertitude.
Nous espérons que nos observations sauront guider le gouvernement alors que vous vous apprêtez à prendre des décisions sur de possibles représailles. Bien que nous comprenions la nécessité des mesures de représailles, sur le plan politique, nous pensons que le Canada se doit d'agir avec la plus grande prudence afin de ne pas nuire davantage au secteur manufacturier, son secteur le plus tributaire du commerce.
Merci. Je suis maintenant prêt pour la discussion.
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Monsieur le président, membres du Comité, madame la greffière, témoins, bonjour. Je remercie le Comité de l'occasion de comparaître aujourd'hui pour discuter de cet important enjeu. Je m'appelle Robert Dimitrieff. Je suis président de Patriot Forge, le plus important producteur d'acier forgé à frappe libre au Canada. Notre entreprise est une réussite canadienne qui a connu des débuts modestes et qui emploie maintenant plus de 250 Canadiens dans ses usines de Brantford et de Paris, en Ontario.
Je tiens à souligner d'entrée de jeu que ces droits ont des répercussions extrêmement négatives sur notre entreprise. Sans aide du gouvernement du Canada, notre entreprise devra fermer ses portes quelques mois après la date du 1er juillet. Nous n'aurons tout simplement pas les moyens de poursuivre nos activités.
Nous nous spécialisons depuis 1976 dans la production de composantes d'acier spécialisé et d'alliages métalliques de haute qualité vendues sur les marchés mondiaux. Nous sommes un fournisseur essentiel pour le secteur de la production d'électricité, le secteur pétrolier et gazier, l'énergie nucléaire, les infrastructures, l'aérospatiale et, en particulier, le secteur militaire. Fondée par mon père il y a 40 ans, notre entreprise est en croissance continue depuis. Nous avons connu une expansion rapide en dépit du ralentissement dans le secteur pétrolier et gazier. Pour satisfaire à la demande croissante, nous avons investi 65 millions de dollars dans notre usine de Brantford en 2015, dont 10 millions de dollars sous forme de prêt obtenu dans le cadre du programme de développement économique de FedDev Ontario. Nous sommes très reconnaissants de l'appui du gouvernement fédéral et du fait qu'il reconnaisse le rôle de Patriot Forge en tant que chef de file novateur du marché et de moteur économique important pour le sud-ouest de l'Ontario.
Actuellement, nos activités sont gravement menacées des deux côtés de la frontière canadienne. Les mesures tarifaires imposées à l'acier importé aux États-Unis rendent déjà difficile le maintien des activités de Patriot Forge, qui expédie 90 % de sa production aux États-Unis. Cela comprend les contrats pour les pièces spécialisées vendues au département de la Défense des États-Unis par l'intermédiaire de la Corporation commerciale canadienne. Au cours des deux prochaines semaines, nous devons exporter aux États-Unis pour plus d'un million de dollars de produits, qui seront visés par des droits de 25 %. Depuis l'entrée en vigueur de ces droits, nous payons la différence pour nos clients américains afin d'éviter de les perdre au profit de nos concurrents américains. Cette solution n'est toutefois pas durable, évidemment. Certains clients américains se demandent déjà s'ils ne devraient pas plutôt s'approvisionner aux États-Unis.
Au Canada, les représailles proposées aux droits imposés par les États-Unis sur l'acier et l'aluminium ne feront qu'accentuer les pressions sur les activités de Patriot Forge ainsi que les risques financiers. Étant donné les normes de fabrication extrêmement élevées de nos clients, nous devons nous approvisionner auprès d'aciéristes spécialisés aux États-Unis pour obtenir l'alliage d'acier de qualité dont nous avons besoin pour notre production. Le Canada ne compte qu'un seul producteur d'acier spécialisé actuellement, mais il n'a pas la capacité de production ni la capacité technique nécessaire pour satisfaire à nos exigences, de sorte que nous sommes obligés d'acheter notre matière première aux États-Unis. Des droits canadiens de 25 % sur l'acier brut et les alliages métalliques des États-Unis empêcheront notre entreprise de rivaliser avec ses concurrents américains.
Permettez-moi de vous donner un aperçu des répercussions financières. Selon les prévisions que nous avons faites au cours de la dernière semaine, on estime que sans un allégement tarifaire du gouvernement canadien, les dépenses tarifaires moyennes de notre entreprise s'élèveront à 682 000 $ canadiens par mois à compter du 1er juillet pour l'importation de matières premières des États-Unis. Nous n'avons pas les moyens d'assumer ces coûts. Cela aura des conséquences désastreuses sur la situation financière et la viabilité de notre entreprise et sur son rôle d'employeur local.
Compte tenu de ses importantes contraintes, nous examinons toutes les options pour réduire nos dépenses et repositionner nos produits ailleurs qu'aux États-Unis, mais cela prendra du temps. Nous pouvons corriger le tir, mais ce ne sera pas facile et nous ne pourrons y arriver sans l'aide du gouvernement canadien. Nous demandons au ministère des Finances du Canada de nous accorder un allégement tarifaire afin d'éliminer la menace imminente qui pèse sur notre entreprise, pour que nous puissions nous concentrer à adapter notre stratégie à la nouvelle réalité commerciale. Avec une date d'entrée en vigueur fixée au 1er juillet, nous ne pourrons nous en sortir sans une aide de gouvernementale quelconque pour atténuer les effets considérables des représailles canadiennes.
Je ne saurais trop insister sur ce point. Sans mesures d'atténuation des effets des représailles canadiennes, nous ne pourrons nous adapter et nous devrons cesser nos activités. Patriot Forge emploie actuellement 250 Canadiens en Ontario. Nous ne voulons pas devenir les premières victimes économiques d'une guerre commerciale.
Je vous remercie de l'occasion de témoigner. Je demande respectueusement aux membres de ce comité et à tous les membres du gouvernement fédéral de nous aider à trouver une solution à la grave situation dans laquelle nous nous trouvons.
Merci, monsieur le président. C'est avec plaisir que je répondrai aux questions.
Merci beaucoup aux témoins. Merci, monsieur Dimitrieff.
La semaine dernière, lorsque nous avons évoqué la tenue de cette réunion, plus de 60 entreprises ont communiqué avec nous dans les 24 heures pour demander à comparaître.
Dire que nous ne sommes pas en situation de crise serait le plus grand euphémisme de l'année. Nous avons entendu des exemples probants de deux dirigeants d'entreprise aujourd'hui. J'ai fait une liste. Franke Kindred est un fabricant préoccupé par l'augmentation du coût de l'acier inoxydable qui n'est pas offert au Canada. Pour faire un rapprochement avec le point que vous avez soulevé, monsieur Dimitrieff, 100 Canadiens qui travaillent à l'usine de Midland risquent de perdre leur emploi. Il y a d'autres fabricants, comme Red Deer Iron Works qui emploie 225 Canadiens qui fabriquent des produits sur mesure pour l'industrie pétrolière; Walters Group, de Hamilton, qui fabrique des produits d'acier de construction que l'on retrouve dans l'édifice de l'Ouest du Parlement; IMT Defence, qui a des installations à Ingersoll et à Port Colborne; RAM Industries... La liste est longue. Ce ne sont que quelques exemples.
Comme vous l'avez mentionné, monsieur Dimitrieff, le problème est le tort irréparable que causeront les droits à l'importation imposés pour l'acier de spécialité dont vous avez besoin. J'aimerais avoir vos observations sur la recherche de nouveaux clients et de nouveaux marchés dans un contexte où, concrètement, deux, trois ou quatre semaines sont nettement insuffisantes pour opérer une transition, tandis qu'il faut des années dans votre industrie pour trouver des débouchés. Si vous perdez ces clients, vous ne les retrouverez jamais, car ils s'approvisionneront ailleurs. Parlez-nous de cet enjeu.
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Comme nous l'avons dit dans notre déclaration préliminaire, lorsqu'on regarde les contre-mesures présentées par le gouvernement... Pour nous préparer à la consultation, nous avons fait quelques calculs rapides. On parle de 2 milliards de dollars qui seraient générés, alors c'est beaucoup d'argent.
Une des réussites dont nous avons été témoins, c'est la mise en place rapide du plan d'action sur le bois d'oeuvre, qui se voulait en grande partie un plan d'atténuation. La différence avec ce plan, c'est que l'argent ne provenait pas d'une nouvelle source de revenus.
Nous avons l'occasion ici de songer à notre approche. Les conséquences en matière d'emploi — et nos chiffres montrent que plus de 40 000 emplois seront directement touchés par les tarifs imposés par les États-Unis — seront beaucoup plus importantes que ce que nous avons vu jusqu'à maintenant. Nous pensons à de meilleures initiatives de travail partagé et à d'autres suppléments de l'assurance-emploi. Toutes ces mesures sont envisagées dans le cadre du plan sur le bois d'oeuvre, mais je crois que nous devrions aussi en tenir compte ici. L'élément important — et le Québec a agi rapidement à cet égard —, c'est de tenter de maintenir les activités dans ces installations. On peut utiliser l'argent pour réinvestir; c'est une bonne chose. On peut utiliser l'argent pour offrir des garanties d'emprunt, ce qui est aussi une bonne mesure.
En plus de cela, et comme nous l'avons dit dans notre déclaration préliminaire, il faut penser aux autres avantages concurrentiels possibles par l'entremise de programmes sociaux plus larges. Si vous demandez l'avis d'un fabricant, il vous dira que notre système de santé représente un énorme avantage et nous permet d'économiser de l'argent en ce qui a trait au commerce transfrontalier. Il est maintenant temps d'aller de l'avant avec un nouveau régime d'assurance-médicaments, qui inciterait les travailleurs qualifiés à rester au Canada et qui allégerait le fardeau financier. Ce sont quelques-unes de nos idées, et ces 2 milliards de dollars pourraient nous aider; ils pourraient être utilisés à bon escient.
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Tout d'abord, ce serait dévastateur pour toute l'industrie.
Aucune usine d'assemblage canadienne ne survivra à ces droits de douane de 25 %, parce que presque tout ce que nous fabriquons est destiné aux États-Unis. Il est impossible de dire que les effets seront marginaux, parce que ce sera tout le contraire.
La question est donc: que faire? Nous devons répliquer. Je comprends que cela inquiète certains témoins. Au bout du compte, je regarde ce que font les États-Unis. Lorsqu'ils ont imposé des droits de douane sur le bois d'oeuvre, nous n'avons rien fait et ils ont maintenant un effet dévastateur sur l'industrie. Lorsqu'ils ont imposé des droits de douane sur le papier, nous n'avons rien fait. Lorsqu'ils ont attaqué notre secteur aérospatial — et la question a été réglée par les tribunaux américains, ce qui est surprenant et encourageant —, nous n'avons pas répliqué. Aujourd'hui, c'est l'acier, l'aluminium, les voitures et les pièces automobiles. Nous n'avons rien fait et cela n'a pas changé le cours des événements avec Trump. En fait, comme nous n'avons pas réagi au début, cela nous a placés dans une situation de vulnérabilité en ce qui a trait à l'imposition de tarifs supplémentaires.
Aujourd'hui, nous sommes dans cette situation et nous devons nous battre. Nous n'avons pas le choix. Nous ne pouvons pas laisser les États-Unis continuer de nous imposer tous ces tarifs. Cela semble ridicule — et ce l'est —, mais nous allons devoir imposer des mesures tout aussi punitives que celles imposées par les États-Unis.
Qu'est-ce que je peux dire à nos membres qui subiront les contrecoups de ces tarifs? Il faudra veiller à ce que le gouvernement fédéral mette en place d'importants programmes dès aujourd'hui pour assurer notre survie, non seulement à court terme, mais aussi à long terme. Nous ne pouvons pas laisser mourir la principale industrie du Canada. C'est une industrie de 80 milliards de dollars par année. Si l'on pense aux emplois directs et indirects, on parle de la perte d'environ un demi-million d'emplois.
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Non. Comme on l'a dit plus tôt, le gouvernement du Québec a investi 100 millions de dollars pour le secteur de l'acier et de l'aluminium uniquement. Je ne sais pas quel serait le montant exact. Ce serait très élevé, toutefois, si l'on pense à l'ensemble du Canada et aux conséquences directes de ces tarifs. C'est bien de dire que nous allons aider les entreprises et leurs employés par l'entremise du travail partagé et d'autres choses du genre. Je m'inquiète plus du fait que les entreprises ne seront plus là dans quelques mois et qu'il n'y aura plus d'employés à aider par le travail partagé.
Il pourrait y avoir d'importants effets négatifs à court terme. Le problème, c'est l'effet d'entraînement. Prenons un fournisseur de pièces automobiles, par exemple. S'il a des marges de 5 % et que tout d'un coup, les pièces qui reviennent coûtent 10 % de plus, il subira une perte de 5 % sur tout ce qu'il fabrique au Canada. Pendant combien de temps pourra-t-il exploiter son entreprise? Combien d'argent devra-t-il avoir en banque pour supporter tout cela?
Ensuite, si le fournisseur de pièces automobiles ferme ses portes, qu'arrivera-t-il au suivant? Il y a toujours un suivant, alors il faudrait songer sérieusement aux fournisseurs de deuxième et de troisième échelon, les plus petits fournisseurs de l'industrie, et à leur situation. Les plus grands fournisseurs ont une plus grande marge de manoeuvre en ce qui a trait au prix et ont un peu plus de poids, mais les petites entreprises n'ont pas cette souplesse et tenteront d'absorber les coûts, mais elles ne pourront pas le faire très longtemps.
Alors, nous n'aurons plus à nous soucier du travail partagé et de tout le reste, parce qu'il n'y aura plus d'entreprises à sauver. Je crois qu'il faut se pencher là-dessus immédiatement, parce que les effets commenceront à se faire sentir au cours de l'été.
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Je vous remercie pour votre présentation et vos excellentes idées.
Mathew, vous avez dit que la fabrication représentait environ 11 % du PIB. On estime que la contribution d'Algoma Steel, un fabricant de Sault Ste. Marie, au PIB local est de l'ordre de 40 %. C'est une seule entreprise. On ne tient même pas compte de Tenaris, alors c'est important. À Sault Ste. Marie, c'est une industrie très importante, tout comme ce l'est dans d'autres villes de l'aluminium et de l'acier où les collectivités sont plus petites. Si une personne perd son emploi, elle ne peut pas en trouver un autre à 20 minutes de chez elle; il est donc essentiel d'offrir un soutien adéquat alors qu'on impose ces tarifs inacceptables.
Je suis d'accord avec vous: la meilleure solution sera une entente en vertu de l'ALENA, mais dans l'intervalle, on nous donné de très bonnes idées pour aider les travailleurs par l'entremise du travail partagé. Certains ont aussi parlé d'une intervention rapide. D'autres ont suggéré que le gouvernement investisse dans les installations de fabrication et les modernise par l'entremise du FIS prévu dans le budget de 2018.
Croyez-vous que ce soit une bonne idée? Croyez-vous que les entreprises devraient aussi songer au financement de 50 ¢ et à l'investissement dans la fabrication?
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Voici le problème: nous avons appuyé le FIS. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec le et son cabinet. C'est un excellent programme, mais il faut un temps fou pour obtenir des fonds.
Lorsqu'on parle de situations d'urgence à court terme, comme celle que nous vivons aujourd'hui, il faut une intervention immédiate, et non une intervention possible dans 18 mois ou dans deux ans; vous remarquerez que j'ai utilisé le mot « possible ». Depuis l'annonce du programme, nous avons entendu parler des nombreuses entreprises qui en ont profité. Il leur a fallu environ un an et demi avant d'obtenir des fonds, mais nous avons aussi entendu parler d'entreprises qui ont attendu un an et demi pour se faire dire non à la fin du processus. Cela ne fonctionnera pas.
C'est pourquoi nous voulons que ce soit intégré aux mesures fiscales. Nous ne voulons pas de programmes de subventions où les entreprises doivent faire des demandes particulières. Il faut que les mesures se fondent sur les résultats: si vous investissez, vous obtenez x. C'est clair; c'est simple. Les petites et les grandes entreprises, tout le monde peut faire une demande par l'entremise du code fiscal. C'est beaucoup plus facile ainsi, et on n'a pas affaire à un bureaucrate qui ne comprend pas l'industrie et ses difficultés, et qui prend la décision finale, ce qui est souvent le cas dans le cadre de ces programmes.
Encore une fois, ces programmes sont excellents, mais pas pour ce type de situation.
Je crois qu'on peut investir dans la technologie et prendre d'autres mesures pour que nos industries et nos joueurs soient plus concurrentiels avec les exploitants américains. Patriot le fait déjà. Nous n'avons pas fait de demande de financement par l'entremise de ce programme, même si nous savons qu'il existe et que nous y avons songé pour l'avenir.
C'est donc une bonne idée, mais dans ce cas-ci, la menace est grave et imminente. Pour l'instant, je ne demande même pas de fonds supplémentaires. Ce que je demande, c'est qu'on ne m'impose pas de tarifs sans m'avertir. Un avis de quatre semaines ne compte pas vraiment. Mon problème, c'est que je ne me rendrai pas au point où ces investissements pourront m'aider, parce qu'il y a maintenant cet obstacle non naturel qui a été érigé en raison des actions du gouvernement et je n'ai pas pu apporter les changements nécessaires, parce qu'il faut beaucoup de temps pour changer les choses dans mon domaine.
C'est un problème immédiat et fondamental. Ce qui arrivera le 1er juillet est un problème immédiat. Je suppose que la situation pourrait changer d'ici dimanche, mais je vais supposer que ce qui a été annoncé arrivera. Par l'entremise des médias, la nous a dit qu'il fallait espérer le meilleur et nous préparer au pire. Eh bien, je me prépare au pire, et ce ne sera pas beau. J'ai besoin d'aide... maintenant.
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Oui. Je tâcherai d'être très bref.
J'ai bien écouté M. Dimitrieff, et nous avons entendu d'autres témoins aujourd'hui parler de ces tarifs. Les contre-tarifs feront beaucoup de tort à certaines personnes. Je comprends l'importance des représailles, mais je tiens à souligner qu'il y a peut-être une autre solution que nous pourrions envisager.
Si nous voyons les choses selon le point de vue des Américains, point de vue que j'essaie de comprendre, leur problème semble être le dumping de l'acier chinois à long terme. Nous avons appris la semaine dernière, lorsque la était ici, que le gouvernement était au courant de cette intervention tarifaire l'année dernière. Une réunion de haut niveau avait été organisée en Italie entre le et M. Trump. Ils étaient donc au courant. Il n'y avait pourtant rien dans le budget. Il ne semblait pas y avoir de plan. On m'a quelque peu critiqué pour avoir demandé à la ministre de nous expliquer quel était le plan pour l'industrie automobile; nous ne pouvons pas rester là à ne rien faire. Nous devons agir.
Monsieur Dimitrieff, compte tenu de ce que M. Ross a dit — à savoir que s'ils avaient pris cette mesure plus tôt, cela aurait empêché la crise —, pensez-vous qu'il y ait une autre mesure que nous devrions prendre en ce moment? Ne devrions-nous pas examiner, de concert avec les Américains...? À ce qu'il paraît, ils sont à la recherche de partenaires mondiaux pour assurer la réussite de cette intervention tarifaire. Ne devrions-nous pas revenir à la charge et proposer de collaborer avec eux dans le cadre de cette intervention en tenant compte du tableau d'ensemble dans l'espoir que nous puissions ainsi régler tous nos problèmes immédiats ou nous approcher d'une solution à l'égard de l'ALENA?
Parmi tous les témoins que nous avons entendus, vous êtes celui dont la situation semble être la plus grave.
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Merci, messieurs Hoback et Wilson.
Voilà qui conclut cette partie.
Nous avons dépassé un peu le temps alloué, mais nous avons pu nous rattraper grâce aux efforts des députés et, bien sûr, des témoins.
Je tiens à remercier le personnel technique de nous avoir remis sur la bonne voie.
Cette réunion a été organisée à très court préavis, et je remercie les témoins d'avoir changé leur emploi du temps pour venir ici sans tarder.
Bon nombre d'entre vous travaillent dans le milieu des affaires et représentent beaucoup d'employés. Nous avons entendu le point de vue non seulement de votre bureau, mais aussi des gens qui travaillent aux ateliers et des consommateurs. Ce fut une réunion très productive.
Beaucoup de témoins n'ont pas pu se présenter, mais ils nous feront parvenir leur mémoire. J'encourage les députés à communiquer avec tout intervenant pertinent afin d'obtenir leurs mémoires d'ici la fin de juillet. Nous poursuivrons cette étude, et nous irons de l'avant.
Au revoir, tout le monde. La séance est levée.